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Synthèse - la Plate-Forme pour le Commerce Équitable

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CARTOGRAPHIE ET ANALYSE DES ETUDES D’IMPACT DU COMMERCE EQUITABLESYNTHESEUne étude à l’initiative de <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-forme <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>Réalisée par Isabel<strong>le</strong> Vagneron et Solveig Roquigny – CIRAD / UMR MOISA


Pour citer : Vagneron, I. et S. Roquigny, 2010. Cartographie et analyse des études d’impact ducommerce équitab<strong>le</strong> – Note de synthèse, Paris : PFCE, 20 p.Couverture : crédits photos © Max Have<strong>la</strong>ar France


SOMMAIRERésumé.…………………………………………………………………………… p. 1I. Présentation généra<strong>le</strong> des études d’impact du commerce équitab<strong>le</strong>………… p. 3II. Les méthodologies utilisées dans <strong>le</strong>s études d’impact………………………… p. 6III. Les impacts du commerce équitab<strong>le</strong>…………………………………………. p. 101. Les effets sur <strong>le</strong>s producteurs et <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong>………………………………… p. 112. Les effets sur <strong>le</strong>s organisations…………………………………….………… p. 143. Les effets d’entrainement du commerce équitab<strong>le</strong>………………………….. p. 16Conclusion.…………………………………………….…………………………. p. 18


RÉSUMÉL’étude « cartographie et analyse des études d’impact du commerce équitab<strong>le</strong> (commerceéquitab<strong>le</strong>) » a été commanditée par <strong>la</strong> PFCE, dans <strong>le</strong> cadre de son dispositif d’étudesconcerté, réuni en septembre 2008. Le but de cette étude est d’effectuer un état des lieux, <strong>le</strong>plus exhaustif possib<strong>le</strong>, des études d’impact existantes sur <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> au Sud etd’en réaliser <strong>la</strong> synthèse, en termes d’approches méthodologiques et de résultats. Ce travaildoit répondre à deux objectifs de <strong>la</strong> P<strong>la</strong>teforme Française du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : (i)orienter <strong>le</strong>s prochaines études d’impact du commerce équitab<strong>le</strong> ; (ii) améliorer <strong>le</strong>s pratiquesdes acteurs du commerce équitab<strong>le</strong>.L’analyse porte sur 77 études 1 effectuées entre 1998 et 2009. El<strong>le</strong>s ont été sé<strong>le</strong>ctionnées sur<strong>la</strong> base du critère suivant : el<strong>le</strong>s ont <strong>pour</strong> objectif explicite d’évaluer l’impact du commerceéquitab<strong>le</strong> au Sud. Les travaux portant sur <strong>le</strong>s effets du commerce équitab<strong>le</strong> au Nord(organisations du commerce équitab<strong>le</strong>, consommateurs, etc.) ne font pas partie des termesde référence de notre étude. Cette revue de <strong>la</strong> littérature a fait l’objet d’un travail connexe :l’é<strong>la</strong>boration d’une base de données multicritère et actualisab<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> permet, <strong>pour</strong> chacunedes études recensées, de caractériser rapidement l’initiative considérée (<strong>le</strong> pays, <strong>le</strong> secteurd’activité, <strong>le</strong> produit, <strong>le</strong> type de filière équitab<strong>le</strong>, etc.) et de renseigner l’approcheméthodologique employée et <strong>le</strong>s effets observés.La cartographie du commerce équitab<strong>le</strong> révè<strong>le</strong> une surconcentration des études, à <strong>la</strong> foisgéographique et sectoriel<strong>le</strong> : 74 % des études portent sur <strong>la</strong> région <strong>la</strong>tino-américaine etcaribéenne et 92 % sur <strong>le</strong>s filières alimentaires. Les produits majoritairement étudiés sont,dans cet ordre : <strong>le</strong> café, produit phare du commerce équitab<strong>le</strong> (47 % des études) ; <strong>la</strong> banane(13 %) et <strong>le</strong> cacao (9 %). L’artisanat ne représente que 4 % des études d’impact du commerceéquitab<strong>le</strong>. La majorité des études d’impact se revendiquent du champ économique ettravail<strong>le</strong>nt au niveau micro-économique. 88 % des travaux recensés évaluent <strong>le</strong>s effets ducommerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s producteurs et/ou <strong>le</strong>urs organisations. Force est de constaterune grande diversité des approches méthodologiques mobilisées. El<strong>le</strong>s sont souvent d’ail<strong>le</strong>urs1 Nous avons d’abord recensé un échantillon de 139 travaux. Nous avons ensuite sé<strong>le</strong>ctionné 77 études de cetéchantillon, dans un souci de gain de temps et d’efficacité. Nous avons en effet supprimé l’ensemb<strong>le</strong> des études de typetransversal et/ou s’appuyant uniquement sur des données provenant d’autres études (revues de <strong>la</strong> littérature, synthèsesd’études de cas, artic<strong>le</strong>s théoriques, etc.), car el<strong>le</strong>s sont souvent très généralistes et peuvent faire redondance avec <strong>le</strong>sétudes de cas sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s el<strong>le</strong>s s’appuient dans <strong>la</strong> mesure où ces dernières font aussi l’objet d’artic<strong>le</strong>s séparés.- 1 -


peu explicitées. Deux cadres d’analyse de référence ont cependant été développésrécemment : <strong>la</strong> méthodologie d’AVSF/FLO/MH (voir Eberhart, 2007) d’une part, <strong>le</strong>s méthodesquantitatives d’analyse d’impact, basées sur des tests statistiques (voir Ruben et Al. 2008),d’autre part. Les premières études sont basées majoritairement sur des approchesqualitatives et statiques tandis que des études plus récentes (encore rares, au demeurant)tentent d’analyser <strong>le</strong>s effets du commerce équitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> temps. Depuis 2006, <strong>le</strong>s critèrespris en compte par <strong>le</strong>s études sont de plus en plus diversifiés et originaux (intérêt, parexemp<strong>le</strong>, <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s p<strong>la</strong>ntations, <strong>le</strong>s ouvriers agrico<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s femmes, <strong>le</strong>s externalités ducommerce équitab<strong>le</strong> ou effets d’entraînement, etc.)Les effets du commerce équitab<strong>le</strong> <strong>le</strong>s plus renseignés (par plus de 50 % des études de notreéchantillon) portent sur <strong>le</strong>s critères suivants : <strong>le</strong> prix et <strong>le</strong> revenu au niveau des producteurs,l’accès au marché et <strong>le</strong>s services (techniques, sociaux) des organisations à <strong>le</strong>urs membres. Ildemeure cependant, à ce jour, de nombreuses zones d’ombre : <strong>le</strong>s effets du commerceéquitab<strong>le</strong> sur des groupes bénéficiaires plus particulièrement défavorisés (exemp<strong>le</strong> desartisans, des femmes ou des ouvriers agrico<strong>le</strong>s), sur l’environnement, sur <strong>la</strong> légitimité desorganisations de producteurs et <strong>le</strong> développement de <strong>le</strong>urs réseaux institutionnels, ou encore<strong>le</strong>s effets d’entraînement du commerce équitab<strong>le</strong>, sont encore très faib<strong>le</strong>ment documentés.Les effets <strong>le</strong>s plus positifs concernent <strong>le</strong> différentiel de prix en faveur des produits équitab<strong>le</strong>s,<strong>le</strong>s revenus des producteurs/travail<strong>le</strong>urs affiliés au commerce équitab<strong>le</strong>, et <strong>la</strong> sécurisation desrevenus. Des effets plus mitigés ou controversés concernent l’amélioration de <strong>la</strong> situationéconomique et socia<strong>le</strong> des femmes, <strong>la</strong> gouvernance des organisations de producteurs, et <strong>le</strong>seffets d’entraînement du commerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s migrations en zones rura<strong>le</strong>s. Cetteabsence d’effet marqué peut venir du fait que ces critères sont globa<strong>le</strong>ment peu étudiés. Uneffet non attendu, enfin, porte sur <strong>le</strong>s inégalités. En favorisant un groupe de bénéficiaires, <strong>le</strong>commerce équitab<strong>le</strong> peut être source de conflits, voire exacerber des inégalités existantes,que ce soit au niveau micro-local entre producteurs (entre hommes et femmes ; entreproducteurs et travail<strong>le</strong>urs ; entre ouvriers permanents et ouvriers temporaires), au niveaude <strong>la</strong> communauté é<strong>la</strong>rgie (« inégalités horizonta<strong>le</strong>s ») ou encore au niveau de <strong>la</strong> filière(« inégalités vertica<strong>le</strong>s »).Une des recommandations majeures de ce rapport est de conduire de manière plussystématique des études sur <strong>le</strong>s popu<strong>la</strong>tions bénéficiaires encore sous-représentées et, par làmême, de mieux tenir compte des tensions existantes au niveau local.- 2 -


I. PRESENTATION GENERALE DES ETUDES D’IMPACT DUCOMMERCE EQUITABLEL’Amérique Centra<strong>le</strong> et du Sud est très <strong>la</strong>rgement représentée dans <strong>le</strong>s études d’impact ducommerce équitab<strong>le</strong>, avec 64% des études (Figure 1). L’Afrique est assez bien représentée,malgré un déséquilibre marqué entre l’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Enfin, l’Asie fait l’objetde trois études seu<strong>le</strong>ment, dont une dans <strong>le</strong> secteur de l’artisanat. Cette répartitiongéographique des études reflète assez bien <strong>la</strong> répartition géographique actuel<strong>le</strong> desorganisations de producteurs certifiées par FLO.Transversa<strong>le</strong>1%Asie4%Caraibe10%Afrique21%Amérique duSud32%AmériqueCentra<strong>le</strong>32%Figure 1 – Les études d'impact par zone géographique (Source : <strong>le</strong>s auteurs, 2010)L’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s producteurs et <strong>le</strong>urs organisations est très peuétudié dans <strong>le</strong>s filières non agrico<strong>le</strong>s. Malgré son ancrage historique dans <strong>le</strong> mouvement ducommerce équitab<strong>le</strong>, l’artisanat reste sous représenté. En effet, 92% des études portent surdes filières alimentaires et près de <strong>la</strong> moitié sur <strong>la</strong> filière café (Figures 2 et 3).nonalimentaires8%artisanat4%coton2%thés5%autres9%canne àsucre4%café47%alimentaires92%fruits &légumes7%cacao9%Figure 2 – Les études d'impact par type de produitbanane13%Figure 3 – Les études d’impact par produit- 3 -


II. LES METHODOLOGIES UTILISEES DANS LES ETUDESD’IMPACTL’une des principa<strong>le</strong>s caractéristiques des études d’impact du commerce équitab<strong>le</strong> résidedans <strong>la</strong> multiplicité des méthodes d’analyse employées, ce qui rend tout exercice degénéralisation diffici<strong>le</strong> sinon péril<strong>le</strong>ux, et empêche toute tentative de comparaison spatiotemporel<strong>le</strong>.Cette hétérogénéité s’exprime aussi bien en termes de niveaux d’analyse, de méthodologiesde col<strong>le</strong>cte retenues, de cadres conceptuels et théoriques mobilisés. Les études peuventprivilégier une démarche participative ou non, utiliser un groupe témoin ou employer uneapproche comparative, ou encore centrer <strong>le</strong>ur analyse sur des critères très spécifiques(participation des femmes, droits de l’homme, conflits communautaires).Figure 7 – Répartition des études d'impact du commerce équitab<strong>le</strong> par champ disciplinaireLes études portant sur l’impact du commerce équitab<strong>le</strong> révè<strong>le</strong>nt un déséquilibre marqué entermes d’approches disciplinaires au sein des sciences socia<strong>le</strong>s. En effet, 83% des étudesd’impact du commerce équitab<strong>le</strong> s’inscrivent en économie 2 tandis que <strong>le</strong>s analyses re<strong>le</strong>vantde <strong>la</strong> sociologie et de l’anthropologie ne représentent que 7% et 8% respectivement (Figure7).La quasi-totalité des études analysent <strong>le</strong>s effets du commerce équitab<strong>le</strong> à un niveau trèsmicro (producteurs, ouvriers, ménages, etc.). Quelques rares études portant sur <strong>le</strong>s filières sepositionnent à un niveau d’analyse méso. A notre connaissance, il n’existe, à ce jour, aucuneétude d’impact effectuée à un niveau plus global (ou macro).2 Sous l’appel<strong>la</strong>tion ‘économie’, nous considérons l’ensemb<strong>le</strong> des travaux re<strong>le</strong>vant des scienceséconomiques ainsi que <strong>le</strong>s études mobilisant des approches dites socio ou agro-économiques. Poursimplifier l’analyse, nous avons éga<strong>le</strong>ment considéré sous <strong>la</strong> même appel<strong>la</strong>tion <strong>le</strong>s sciences degestion.- 6 -


Les trois-quarts des études choisissent de travail<strong>le</strong>r sur <strong>la</strong> base de deux unités d’analyse aumoins. Parmi <strong>le</strong>s unités d’analyse <strong>le</strong>s plus fréquemment étudiées, figurent en tête <strong>le</strong>producteur et l’organisation (Figures 8a et 8b).Figure 8a - Principa<strong>le</strong>s unités d’analyse retenues par <strong>le</strong>s études d’impactFigure 8b – Principa<strong>le</strong>s unités d’analyse retenues par <strong>le</strong>s études d’impact en fonction des critèresd’étude (Source : <strong>le</strong>s auteurs, 2010)Les autres unités d’analyse <strong>le</strong>s plus communément utilisées sont : <strong>le</strong> ménage (8/77) et <strong>la</strong>filière (6/77). Les ouvriers (3/77), <strong>le</strong>s femmes (2/77) ou encore <strong>la</strong> communauté (2/77)demeurent des c<strong>la</strong>sses de bénéficiaires du commerce équitab<strong>le</strong> encore très peu étudiées.Les analyses d’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sont toutes des études de cas, basées sur untravail préliminaire de terrain et d’enquêtes (à deux exceptions près). Les méthodologies decol<strong>le</strong>cte et d’analyse ne sont pas toujours très explicites (définies par 50 études sur 77).L’échantillonnage n’est que très rarement justifié. Quand il est mentionné (par 34 études sur77), il est très variab<strong>le</strong> d’une étude à l’autre. La majeure partie des études ont toutefois choiside travail<strong>le</strong>r sur un échantillon significatif statistiquement (25/34). A partir de 100observations (19/34), <strong>le</strong>s travaux intègrent une dimension statistique. Les grands- 7 -


échantillons, supérieurs à 300 observations, sont plus rares (3/34) et sont liés à une analyseéconométrique.Il existe, à ce jour, deux méthodologies d’analyse de référence, c<strong>la</strong>irement explicitées : d’unepart, <strong>la</strong> méthodologie d’AVSF/FLO/MH (10/50), d’autre part, l’analyse d’impact reposant surdes méthodes d’évaluation quantitatives ou économétriques (11/50). Entre ces deux pô<strong>le</strong>s,une multiplicité d’approches, de cadres théoriques ou conceptuels sont mobilisés. Parmi <strong>le</strong>splus récurrents se trouvent <strong>le</strong> cadre conceptuel du ‘sustainab<strong>le</strong> livelihood’ (5/50), l’approchedes ‘Global Value Chain’ (5/50), et enfin l’approche filière (3/50).54% des études traitent l’impact du commerce équitab<strong>le</strong> en général, 5% se concentrentuniquement sur <strong>le</strong>s impacts économiques, tandis que <strong>le</strong>s 40% d’études restantes tententd’intégrer un ou deux critères spécifiques ou « focus ». Ils portent par exemp<strong>le</strong> sur une« micro-unité d’analyse » (<strong>le</strong>s femmes ou <strong>le</strong>s ouvriers temporaires), sur un effet bienspécifique (exemp<strong>le</strong> de <strong>la</strong> mortalité infanti<strong>le</strong> ou du respect des droits de l’homme) ou encoresur des effets d’entraînement qui dépassent <strong>le</strong> projet de commerce équitab<strong>le</strong> évalué et sesbénéficiaires circonscrits.Les études sont re<strong>la</strong>tivement bien équilibrées entre <strong>le</strong>s approches quantitatives etqualitatives : un tiers des études sont exclusivement qualitatives, un tiers uniquementquantitatives, et <strong>le</strong> tiers restant sont des études dites fondées sur une approche à <strong>la</strong> foisqualitative et quantitative.Dix sept études seu<strong>le</strong>ment s’appuient sur une démarche dite participative (Figure 9),approche privilégiée par <strong>le</strong>s champs sociologique et anthropologique. Quelques rares étudesen économie mobilisent cette approche ; <strong>la</strong> majorité d’entre el<strong>le</strong>s sont basées sur <strong>la</strong>méthodologie de référence d’AVSF/FLO/MH.sociologieéconomieouinonnranthropologie0% 20% 40% 60% 80% 100%Figure 9 – Mobilisation d’une approche participative par champ disciplinaire (Source : <strong>le</strong>s auteurs, 2010)- 8 -


Un grand nombre d’études, enfin, intègrent au moins dans l’analyse une dimensioncomparative. Dans <strong>la</strong> majorité des cas, <strong>la</strong> comparaison repose sur <strong>le</strong>s différences observéesentre <strong>la</strong> situation « avec » <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> et <strong>la</strong> situation observée « sans » <strong>le</strong>commerce équitab<strong>le</strong>, (c’est-à-dire avec <strong>le</strong> secteur conventionnel, situation de référence). Lacomparaison peut éga<strong>le</strong>ment porter sur des différences entre <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> et unautre système de certification tel que l’agriculture biologique par exemp<strong>le</strong>. En général, defaçon à comparer des éléments comparab<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s auteurs privilégient des approchescomparatives portant sur <strong>le</strong> même produit, entre différents acteurs par exemp<strong>le</strong>.LES METHODOLOGIES D’ANALYSE D’IMPACT DU COMMERCE EQUITABLE : QUE RETENIR ?Malgré un ancrage fort dans <strong>le</strong>s disciplines économiques, <strong>le</strong>s études d’impactdu commerce équitab<strong>le</strong> sont caractérisées par une très grande diversité desoutils et méthodes d’analyse.La quasi-totalité des études d’impact du commerce équitab<strong>le</strong> privilégie uneapproche « micro ».88 % des études choisissent comme unité d’analyse <strong>le</strong> producteur et/ou sonorganisation.Les ouvriers (fixes ou temporaires) et <strong>le</strong>s femmes demeurent une catégoriede bénéficiaires attendus encore sous-explorée.La majorité des études se base sur des données primaires provenantd’enquêtes de terrain.La méthodologie d’analyse est souvent peu explicite, à l’exception desétudes basées sur <strong>la</strong> méthodologie développée par AVSF/FLO/MH et desétudes utilisant des méthodes économétriques. Peu d’études mobilisent une approche participative (17/77).La majorité des études intègrent une dimension comparative bien qu’el<strong>le</strong>ssoient peu nombreuses à recourir à l’utilisation d’un groupe de contrô<strong>le</strong>.- 9 -


1. Les effets sur <strong>le</strong>s producteurs et <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong>…………………………………………………….……...Comme attendu, <strong>le</strong>s résultats <strong>le</strong>s plus positifs et <strong>le</strong>s plus tangib<strong>le</strong>s du commerce équitab<strong>le</strong>sur <strong>le</strong>s producteurs s’expriment en termes de prix et de revenus (Figure 12). Il permet desécuriser <strong>le</strong>s revenus des producteurs et favorise l’investissement et l’accès au crédit desménages affiliés. Le commerce équitab<strong>le</strong> a un impact légèrement plus mitigé en termesd’amélioration des conditions de vie et de travail. Cet impact est d’ail<strong>le</strong>urs plus positif chez<strong>le</strong>s ouvriers des p<strong>la</strong>ntations que chez <strong>le</strong>s producteurs.L’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> développement social des bénéficiaires, en termesd’amélioration de l’estime de soi, de reconnaissance socia<strong>le</strong> et d’identification au groupe estinégal et s’opère indirectement.Les études montrent en outre que l’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s connaissances et<strong>la</strong> participation des producteurs aux processus de décisions est encore très limité.Enfin, <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> contribue à améliorer indirectement <strong>la</strong> qualité des produits. Demême, il favorise <strong>le</strong>s bonnes pratiques agrico<strong>le</strong>s, en facilitant l’adoption de <strong>la</strong> certificationbiologique notamment.Figure 12 – Ensemb<strong>le</strong> des impacts positifs du commerce équitab<strong>le</strong> au niveau individuel(Source : <strong>le</strong>s auteurs, 2010)Les études qui mettent explicitement l’accent sur <strong>le</strong>s questions de genre témoignent desituations très contrastées en matière d’amélioration de <strong>la</strong> situation économique et socia<strong>le</strong>des femmes.- 11 -


Par ail<strong>le</strong>urs, force est de constater que <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> n’est pas imperméab<strong>le</strong> auxinégalités. Les différentes catégories de bénéficiaires ont en effet un accès différencié aucommerce équitab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s catégories socia<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus défavorisées doit faire l’objet d’étudesplus ciblées, afin de distinguer <strong>le</strong>s effets attribuab<strong>le</strong>s au commerce équitab<strong>le</strong> de ceux généréspar l’adoption d’autres programmes environnementaux (certification biologique, RainforestAlliance, Forest Garden Product, etc.). (femmes, ouvriers temporaires) bénéficiant moinsc<strong>la</strong>irement des effets positifs escomptés du commerce équitab<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong>s filières artisana<strong>le</strong>s,<strong>la</strong> situation est différente dans <strong>la</strong> mesure où <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> fournit du travail à cescatégories socia<strong>le</strong>s défavorisées (femmes, etc.) qui n’en auraient pas, par ail<strong>le</strong>urs.Enfin, <strong>la</strong> question de l’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sur l’environnementGloba<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s résultats positifs observés au niveau des producteurs et de <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>ssont étroitement liés à plusieurs facteurs tels que :• Le niveau des cours mondiaux des produits conventionnels au moment de l’étude (entermes d’effet prix)• Les capacités des organisations à se positionner sur <strong>le</strong> marché équitab<strong>le</strong> et aux règ<strong>le</strong>sde distribution en interne (en termes de sécurisation des revenus, d’amélioration desventes, d’égalité d’accès au marché commerce équitab<strong>le</strong>, etc.)• Le niveau de connaissances des producteurs : un faib<strong>le</strong> niveau de connaissance desprincipes et du fonctionnement du commerce équitab<strong>le</strong> peut entraîner une sousestimationde <strong>la</strong> part des bénéficiaires des effets positifs perçus (Ruben et Al. 2008)• Le nombre d’années d’affiliation des producteurs au commerce équitab<strong>le</strong>.- 12 -


L’IMPACT DU COMMERCE EQUITABLE SUR LES PRODUCTEURS ET LEUR FAMILLE : QUE RETENIR ?Figure 13 – Principaux effets positifs du commerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s producteurs et <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s(Source : <strong>le</strong>s auteurs, 2010).Comme attendu, <strong>le</strong>s résultats <strong>le</strong>s plus positifs et <strong>le</strong>s plus tangib<strong>le</strong>s du commerceéquitab<strong>le</strong> s’expriment en termes de prix et de revenus. Ces derniers se traduisentlogiquement par une sécurisation accrue des revenus.28 études révè<strong>le</strong>nt un impact positif du commerce équitab<strong>le</strong> en termesd’investissements productifs de <strong>la</strong> part des producteurs et ménages.28 études révè<strong>le</strong>nt un impact positif du commerce équitab<strong>le</strong> sur l’accès aucrédit des producteurs affiliés.26 études montrent que <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> contribue à améliorer <strong>la</strong>qualité des produits.19 études sur 32 (soit 60 %) montrent que <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> peut générerdes inégalités au niveau local, voire exacerber des inégalités déjà existantes.Les études témoignent de situations très contrastées en matière d’améliorationde <strong>la</strong> situation économique et socia<strong>le</strong> des femmes. Les ouvriers agrico<strong>le</strong>s temporaires forment <strong>la</strong> catégorie socia<strong>le</strong> qui bénéficie <strong>le</strong>moins des effets positifs escomptés du commerce équitab<strong>le</strong>.La question de l’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sur l’environnement doit fairel’objet d’études plus ciblées, afin de distinguer <strong>le</strong>s effets attribuab<strong>le</strong>s au commerceéquitab<strong>le</strong> de ceux générés par l’adoption de <strong>la</strong> certification biologique.- 13 -


2. Les effets sur <strong>le</strong>s organisations…………………………………………………….……...Les résultats au niveau des producteurs sont particulièrement diffici<strong>le</strong>s à généraliser car ilsdépendent étroitement du contexte. L’impact du commerce équitab<strong>le</strong> au niveau desorganisations de producteurs, en termes de structuration et de renforcement de <strong>le</strong>urscapacités organisationnel<strong>le</strong>s, est <strong>la</strong>rgement reconnu. Les études sont globa<strong>le</strong>ment pluspositives et <strong>le</strong>s résultats moins controversés.Figure 14 – Ensemb<strong>le</strong> des impacts positifs du commerce équitab<strong>le</strong> au niveau des organisations deproducteurs (Source : <strong>le</strong>s auteurs, 2010)Le commerce équitab<strong>le</strong> a un impact positif sur l’accès des organisations de producteurs auxmarchés internationaux, sur <strong>le</strong>urs connaissances des marchés et <strong>le</strong>urs services commerciaux.Il favorise indirectement <strong>la</strong> capacitation (empowerment) des ces dernières, en renforçant<strong>le</strong>urs capacités organisationnel<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>ur viabilité économique et financière.Le commerce équitab<strong>le</strong> a éga<strong>le</strong>ment un impact positif sur <strong>le</strong>s services fournis parl’organisation de producteurs à ses membres. Son impact <strong>le</strong> plus visib<strong>le</strong> en termes de servicesréside dans l’appui technique. Viennent ensuite <strong>le</strong>s services sociaux, plus particulièrement àtravers <strong>la</strong> prime de développement, qui permettent d’améliorer l’éducation et <strong>la</strong> santé de<strong>le</strong>urs membres et de <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s. Certaines organisations du commerce équitab<strong>le</strong> offrentdes services financiers à <strong>le</strong>urs membres, dans un contexte où <strong>le</strong>s institutions financières sesont souvent complètement désengagées du secteur agrico<strong>le</strong>. Le commerce équitab<strong>le</strong>, enfin,encourage <strong>le</strong>s organisations à innover, à diversifier <strong>le</strong>ur offre de produits et services, et àintégrer des activités de transformation et de conditionnement, voire même de distribution(marchés locaux essentiel<strong>le</strong>ment). L’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>la</strong> structuration desorganisations en termes de réseau institutionnel et d’accroissement de <strong>la</strong> légitimité desorganisations est globa<strong>le</strong>ment positif. En revanche, l’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>la</strong>gouvernance des organisations de producteurs semb<strong>le</strong> quant à lui beaucoup plus mitigé.- 14 -


Il apparaît c<strong>la</strong>irement que l’un des facteurs clé de <strong>la</strong> réussite du commerce équitab<strong>le</strong> auniveau des organisations de producteurs passe par l’accompagnement concomitant deprogrammes subventionnés d’appui à ces organisations. Ils sont mis en p<strong>la</strong>ce par des ONGet/ou des opérateurs commerciaux spécialisés du commerce équitab<strong>le</strong>. Le commerceéquitab<strong>le</strong> joue en fait <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de « catalyseur », en facilitant <strong>la</strong> venue de projets connexes.Un autre facteur de succès réside dans <strong>le</strong>s résultats des organisations. Plus ces dernières sontperformantes, plus <strong>le</strong>s effets du commerce équitab<strong>le</strong> au niveau col<strong>le</strong>ctif et individuel sontpositifs et diversifiés. Ces résultats dépendent étroitement du poids du commerce équitab<strong>le</strong>au niveau local.L’IMPACT DU COMMERCE EQUITABLE SUR LES ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS : QUE RETENIR ?Figure 14 – Principaux effets positifs du commerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s organisations de producteurs(Source : <strong>le</strong>s auteurs, 2010).La moitié des études de <strong>la</strong> base de données (39 études) révè<strong>le</strong> un impact positifdu commerce équitab<strong>le</strong> sur l’accès au marché des organisations et l’appuitechnique que ces organisations proposent à <strong>le</strong>urs membres.32 études montrent un impact positif du commerce équitab<strong>le</strong> en termes deservices sociaux offerts par <strong>le</strong>s organisations.28 études révè<strong>le</strong>nt un impact positif du commerce équitab<strong>le</strong> en termes decapacitation des organisations de producteurs.L’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>la</strong> structure des organisations est moinsdocumenté : <strong>le</strong>s impacts positifs <strong>le</strong>s plus mentionnés sont l’impact en termesde réseau institutionnel (19 études), l’impact sur <strong>la</strong> légitimité desorganisations (18 études).L’impact du commerce équitab<strong>le</strong> en termes de gouvernance des organisationssemb<strong>le</strong> quant à lui plus mitigé.- 15 -


3. Les effets d’entrainement du commerce équitab<strong>le</strong>…………………………………………………….……...Le commerce équitab<strong>le</strong> peut éga<strong>le</strong>ment, sous certaines conditions, avoir un impact au-delàdes producteurs et de <strong>le</strong>urs organisations, et générer des effets d’entraînement au niveau de<strong>la</strong> communauté. Il s’agit de <strong>la</strong> catégorie de critères <strong>la</strong> moins documentée.Figure 15 – Ensemb<strong>le</strong> des effets d’entraînement du commerce équitab<strong>le</strong> (Source : <strong>le</strong>s auteurs, 2010)Le commerce équitab<strong>le</strong> peut avoir un effet positif sur <strong>le</strong> développement économique etsocial au niveau de <strong>la</strong> communauté, à travers l’utilisation de <strong>la</strong> prime de développementprincipa<strong>le</strong>ment. Notons que l’impact de <strong>la</strong> prime est étroitement lié aux capacités desorganisations à gérer son utilisation dans <strong>le</strong> cadre d’une structure démocratique. Il peutgénérer un effet prix positif au niveau local, dans des zones où <strong>la</strong> compétitivité estparticulièrement exacerbée.Le commerce équitab<strong>le</strong> peut éga<strong>le</strong>ment avoir un effet positif sur l’emploi local, en termesd’opportunités d’emploi.L’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sur l’exode rural et <strong>le</strong>s migrations est beaucoup pluscontroversé. Au regard de notre échantillon, il est extrêmement diffici<strong>le</strong> de conclure enfaveur du commerce équitab<strong>le</strong> comme outil de régu<strong>la</strong>tion des marchés internationaux.De <strong>la</strong> même manière que <strong>pour</strong> <strong>le</strong> critère précédent, il s’agit d’un effet très peu documenté et<strong>pour</strong> <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s avis sont très partagés. Enfin, <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> ne parvient pas àrenverser <strong>le</strong>s inégalités, que ce soit au niveau local (inégalités horizonta<strong>le</strong>s) ou international(inégalités vertica<strong>le</strong>s), et contribue même parfois à <strong>le</strong>s exacerber.- 16 -


LES EFFETS D’ENTRAINEMENT DU COMMERCE EQUITABLE : QUE RETENIr ?Les effets d’entraînement du commerce équitab<strong>le</strong> sont re<strong>la</strong>tivement peuétudiés.Parmi eux, l’effet <strong>le</strong> plus renseigné (28 études) et <strong>le</strong> plus positif du commerceéquitab<strong>le</strong> porte sur <strong>le</strong> développement local et <strong>la</strong> mise en œuvre de projetscommunautaires.15 études démontrent que <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> a un impact positif surl’emploi local, en termes de sa<strong>la</strong>ires et/ou d’opportunités d’emploi.11 études montrent que <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> peut se traduire au niveaulocal par des externalités prix positives.L’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s migrations et l’exode rural est pluscontroversé. 2/3 des études lui reconnaissent cependant un impact positif enmatière de réduction de l’exode rural et/ou du nombre de migrants parménages enquêtés.3 études sur 6 voient dans <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> un instrument efficace derégu<strong>la</strong>tion de marché.Sur 17 études, aucune ne mesure un effet strictement positif du commerceéquitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s inégalités horizonta<strong>le</strong>s (au niveau local) ou vertica<strong>le</strong>s (au niveau de<strong>la</strong> filière).- 17 -


CONCLUSIONLes trois tab<strong>le</strong>aux qui suivent présentent de manière synthétique l’ensemb<strong>le</strong> des résultats del’étude, par grand type d’effets. Ils renseignent <strong>pour</strong> chaque critère et sous-critère : <strong>le</strong> tauxde couverture (c’est-à-dire <strong>le</strong> nombre d’études qui ont observé <strong>le</strong> critère considéré sur <strong>le</strong>total des études de l’échantillon), indicateur du degré de renseignement sur l’effet considéré,<strong>la</strong> part des études qui concluent en faveur d’un effet positif, ainsi que <strong>la</strong> part de cel<strong>le</strong>s qui ontarbitré dans <strong>le</strong> sens opposé. La part des études qui ne parviennent pas à conclure et/ou nevoient aucun effet s’obtient en soustrayant au total des effets (100%) <strong>la</strong> somme des effetspositifs et négatifs. Plus cette différence est importante, plus <strong>le</strong> résultat est considéré comme‘mitigé’ et plus il est diffici<strong>le</strong> de tirer des conclusions à son sujet.Tab<strong>le</strong>au 1 – Récapitu<strong>la</strong>tif des effets sur <strong>le</strong>s producteursEffetspositifsEffetsnégatifsTaux decouvertureProductionBien être monétaire etnon monétaireVulnérabilitéEpargne &investissementEmpowermentVolumes 64% 4% 33%Productivité (travail) 55% 9% 14%Qualité 96% 0% 37%Diversification 43% 37% 39%BPA 83% 3% 38%Certifications 92% 0% 34%Revenu total 64% 4% 74%Evolution 67% 7% 20%Ventes 91% 0% 30%Prix 85% 2% 71%Inégalités 13% 59% 42%Conditions vie/travail 65% 0% 45%Risque 62% 10% 28%Sécurisation revenus 86% 0% 47%Sécurité alimentaire 53% 12% 22%Sécurité foncière 50% 0% 8%Accès crédit 85% 0% 45%Investissement Productif 88% 3% 43%Investissement Non Productif 91% 0% 29%Connaissances 45% 21% 43%Reconnaissance/Auto-estime 95% 0% 26%Identification au groupe 71% 14% 37%Participation/Décision 71% 12% 22%Genre 32% 18% 37%Réseau 100% 0% 12%- 18 -


64 % des études évaluant l’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> revenu des producteurs etde <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s concluent en faveur d’un effet positif. Il s’agit d’un résultat significatif sil’on considère qu’il s’agit d’un des critères <strong>le</strong>s plus regardés dans <strong>la</strong> littérature sur l’impactdu commerce équitab<strong>le</strong> au Sud (74 % des études recensées intègrent en effet ce critère).Par ail<strong>le</strong>urs, même si certains types d’effets sont renseignés dans un nombre plus limitéd’études, il convient de souligner l’impact très positif du commerce équitab<strong>le</strong> sur :• La qualité des produits (effet positif souligné dans 96 % des études qui mentionnentcet effet)• Les ventes (effet positif souligné dans 91% des études qui mentionnent cet effet)• Les investissements non productifs comme <strong>le</strong>s dépenses de santé, d’éducation ou<strong>pour</strong> améliorer <strong>la</strong> qualité du logement, etc. (effet positif souligné dans 91 % desétudes qui mentionnent cet effet).Le principal effet négatif mentionné au niveau des producteurs concerne <strong>le</strong>s inégalités. Eneffet, environ 60 % des études traitant du thème des inégalités au niveau local (42 % desétudes de notre échantillon total) montrent que <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> tend à <strong>le</strong>s exacerber.Cet effet pervers du commerce équitab<strong>le</strong> est donc à prendre au sérieux.Tab<strong>le</strong>au 2 – Récapitu<strong>la</strong>tif des effets sur <strong>le</strong>s organisations de producteursStructureActivitésRésultatsEffetspositifsEffetsnégatifsTaux decouvertureGouvernance 48% 13% 30%Représentation politique 86% 5% 28%Légitimité 67% 15% 36%Réseau instit 79% 13% 32%Appui technique 95% 0% 54%Services financiers 90% 0% 38%Services commercialisation 86% 9% 29%Services sociaux 82% 8% 51%Gestion des ressources naturel<strong>le</strong>s 81% 0% 28%Nvl<strong>le</strong>s activités / innovation 100% 0% 29%Nvx débouchés / accès au marché 85% 4% 61%Connaissance/info marché 86% 7% 37%Capacitation (empowerment) 82% 9% 45%Viabilité économique et financière 85% 8% 34%Re<strong>la</strong>tions de long terme 93% 0% 36%Les études analysant plus spécifiquement l’impact du commerce équitab<strong>le</strong> au niveau desorganisations de producteurs sont beaucoup plus consensuel<strong>le</strong>s sur <strong>la</strong> capacité du commerceéquitab<strong>le</strong> à générer des effets positifs. Il ressort très nettement de <strong>la</strong> figure précédente que<strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> permet un renforcement des capacités organisationnel<strong>le</strong>s, ce qui setraduit en premier lieu par une amélioration des services dispensés par <strong>le</strong>s organisations deproducteurs du commerce équitab<strong>le</strong> à <strong>le</strong>urs membres, en termes notamment d’appuitechnique, de services sociaux et financiers. Le commerce équitab<strong>le</strong> favorise en outre l’accès- 19 -


des organisations de producteurs aux marchés internationaux. Les partenariats privilégiés etde long terme établis avec des organisations spécialisées du commerce équitab<strong>le</strong> permettentaux organisations de producteurs d’acquérir non seu<strong>le</strong>ment des informations de marché plusfiab<strong>le</strong>s mais éga<strong>le</strong>ment une meil<strong>le</strong>ure connaissance du fonctionnement global de ce dernier.Ce<strong>la</strong> contribue à accroître <strong>le</strong>ur niveau de capacitation (empowerment) et <strong>le</strong>ur pouvoir denégociation vis-à-vis d’autres acteurs du secteur conventionnel. Enfin, si <strong>le</strong>s organisations deproducteurs du commerce équitab<strong>le</strong> bénéficient d’une plus grande légitimité vis-à-vis de<strong>le</strong>urs membres et d’autres acteurs impliqués dans <strong>le</strong> secteur (autres organisations deproducteurs, pouvoirs publiques, etc.), des problèmes de gouvernance perdurent au sein desorganisations de producteurs du commerce équitab<strong>le</strong>. Les principes de gouvernancedémocratique, transparente et participative demeurent diffici<strong>le</strong>s à mettre en pratique au seindes organisations de producteurs du commerce équitab<strong>le</strong>, et se heurtent principa<strong>le</strong>ment auproblème d’inégalités des genres.Tab<strong>le</strong>au 3 – Récapitu<strong>la</strong>tif des effets en termes d’externalitésExternalitésEffetspositifsEffetsnégatifsTaux decouverturePrix locaux 92% 0% 16%Emploi local 83% 6% 24%Développement local / projets 61% 21% 37%Migrations 67% 0% 16%Régu<strong>la</strong>tion 50% 0% 8%Inégalités 0% 71% 22%Les effets d’entraînement ou externalités sont globa<strong>le</strong>ment moins renseignés dans <strong>la</strong>littérature sur l’impact du commerce équitab<strong>le</strong> et sont donc plus diffici<strong>le</strong>ment interprétab<strong>le</strong>s.Néanmoins, il ressort de l’analyse deux effets positifs principaux : <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong>favorise <strong>le</strong> développement de projets socio-environnementaux communautaires (à travers <strong>la</strong>prime du commerce équitab<strong>le</strong>) et contribue à dynamiser l’emploi local (emploisadministratifs au niveau de l’organisation de producteurs, emplois techniques dans <strong>le</strong>sstations de transformation et de conditionnement, etc.). Les bienfaits supposés du commerceéquitab<strong>le</strong> en matière de réduction de l’exode rural ou du maintien de l’activité agrico<strong>le</strong> enzones rura<strong>le</strong>s sont plus mitigés du fait de <strong>la</strong> rareté des études sur <strong>le</strong> thème. Enfin, <strong>le</strong>commerce équitab<strong>le</strong> peut, dans certains cas, exacerber <strong>le</strong>s inégalités au niveau local enfavorisant des groupes au détriment d’autres ou via l’accaparement des bénéfices ducommerce équitab<strong>le</strong> par une minorité de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion loca<strong>le</strong>. Ces résultats corroborent ceuxtrouvés au niveau des inégalités loca<strong>le</strong>s entre producteurs et soulignent <strong>le</strong> besoin de mieuxcomprendre l’impact du commerce équitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s inégalités.La moitié des études sur <strong>le</strong>s effets d’entraînement voient un impact positif du commerceéquitab<strong>le</strong> en matière de régu<strong>la</strong>tion des marchés. Or <strong>la</strong> totalité des études portant sur cecritère ne représente que 8 % de notre échantillon. Il est donc diffici<strong>le</strong> de conclure sur cetaspect.- 20 -


Une étude financée par <strong>le</strong> Ministère des Affaires Etrangères et Européennes dans <strong>le</strong> cadre d’un dispositifconcerté d’études d’impact du commerce équitab<strong>le</strong> animé par <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>et soutenu par l’Agence Française de Développement.- Août 2010 -

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