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ALTERNATivEs ÉcoNomiquEs - Alternatives Economiques

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Jouez le jeu pour les J.O. ICIO se voient imposer toute une sériede conditions contractuelles, maisaucune ne concerne les droits des travailleurs.D’où la revendication d’Ethiquesur l’étiquette et de Play Fair d’incluredans ces contrats une clause derespect des normes fondamentales dutravail telles qu’énoncées par l’Organisationinternationale du travail (OIT).Des progrès sensiblesPour appuyer ses demandes, PlayFair 2008 a publié en avril dernier unrapport (1) dans lequel il montre combienl’industrie des vêtements et deschaussures de sport est lucrative : entre2004 et 2007, les bénéfices bruts deNike, Adidas et Puma ont augmentérespectivement de 52 %, 68 % et 14 %.Cette industrie est caractérisée égalementpar sa très grande concentration :le marché des chaussures de sport estLa part des chaussuresde sport Nike fabriquéesdans des pays où laliberté d’association existeest passée de 52 % à38 % entre 1998 et 2005dominé à 60 % par deux entreprises,Nike et Adidas. Par contraste, les salairesque touchent les travailleurs qui fabriquentles chaussures, vêtements etautres équipements sportifs restentdésespérément bas, même si les salaireschinois ont augmenté rapidement cesdernières années, comme d’ailleurs lesprix des biens et des services.Interpellées depuis les années 90 pardes ONG et des associations de consommateurssur la question des droits destravailleurs, les grandes marques desport ont été forcées de réagir. Prises aupiège de leur image, elles ont mis en placedes actions pour améliorer leurs pratiquessociales. En 2004, à l’occasion des jeuxOlympiques d’Athènes, Play Fair leuravait d’ailleurs déjà demandé d’adopterdes mesures concrètes.Où en sont-elles aujourd’hui ? Dansson récent rapport, Play Fair relève desprogrès et note que « les initiatives afférentesà la responsabilité sociale desentreprises ont connu un essor exponentieldepuis 2004 ». De fait, toutes lesgrandes marques se sont dotées depuisde codes de conduite. Leur applicationest vérifiée par des audits, plus ou moinsnombreux selon les entreprises. Ellesont également progressé sur le cheminde la transparence : Adidas, Puma, NikePlus haut, plus fort… plus cherLes jeux Olympiques dePékin sont une occasion enor pour les marques desport de s’offrir une campagnede marketing en directiondu (très prisé) marchéchinois. La médaille del’investissement marketingrevient à Adidas. La marque ainvesti entre 80 et 100 millionsde dollars pour être partenaireofficiel des Jeux deet Reebok rendent publique la liste deleurs sites de production et donnentde nombreuses informations dans leurrapport annuel. Avec une exception :la marque Fila, montrée du doigt pourson inaction et son manque de transparence.C’est « la pire », selon un autrerapport publié par Oxfam International: « Offside ! Labour Rights andSportswear Production in Asia ». Deleur côté, Adidas, Nike et Puma ontrejoint la Fair Labor Association (FLA),qui lutte contre les mauvaises conditionsde travail dans les sweatshops.La FLA a notamment organisé desformations sur les droits des travailleursà l’attention des directions de ses entreprisesmembres. Les marques Pumaet Umbro ont, quant à elles, organisédans plusieurs pays d’Asie des formationsdestinées aux travailleurs sur lethème de la liberté d’association.Beijing. Organisateurs, bénévoleset équipes chinoisesseront ainsi habillés par lamarque aux trois bandes. Deplus, Adidas est partenaire duComité national olympiqueet sportif français (CNOSF),contrat pour lequel la firme adépensé 23 millions d’euros.Elle sponsorise ainsi lesé q u i p e s o l y m p i q u e s d eFrance, d’Australie, de Belgique,de Chine, d’Allemagne etdu Royaume-Uni. Comme rienn’est trop beau pour dorerson image, Adidas sera égalementsponsor d’athlètes à titreindividuel. L’équipementierne s’est pas arrêté en si bonchemin : il a signé un contratde sponsoring pour les JO deLondres 2012, pour lequel il aversé plus de 200 millions dedollars. 5Limites et contradictionsCes actions rencontrent néanmoinsde nombreuses limites et certaines deces grandes marques le reconnaissent.C’est le cas notamment des audits sociaux.En particulier en Chine. En effet,d’après les ONG et les syndicats hongkongais,qui occupent un poste d’observationprivilégié pour suivre la réalitéd’un pays toujours privé de libertéd’expression et d’association (2), lafalsification des données relatives autravail reste un sport très courant dansl’empire du Milieu. De toute façon, cesaudits sont loin de couvrir l’ensembledes sous-traitants d’une entreprise. Parexemple, alors que Nike compte 180 soustraitantsen Chine, seuls 22 audits surles salaires et les heures de travail ontété menés en 2007, ainsi que 21 auditsportant sur les questions de santé, sécuritéet environnement. Certainesentreprises, dont Nike et Reebok, ontcherché à limiter ces problèmes enmettant en place des initiatives innovantes: des enveloppes dont les timbresont été prépayés sont données auxouvriers pour qu’ils puissent envoyerleurs plaintes, des numéros de téléphonegratuits ont été installés, des interviewsd’ouvriers sont réalisées à l’extérieurde l’enceinte de l’usine.Mais les grandes marques ne sontpas à une contradiction près. Le rapportd’Oxfam International se fait l’écho deplusieurs cas où elles ont stoppé leurscommandes à des usines asiatiquesdans lesquelles les travailleurs avaientétabli des syndicats. Puma a ainsi rompuses relations commerciales en 2005avec l’usine Lian Thaï en Thaïlande.Nike s’est également distinguée enIndonésie où elle a arrêté ses commandesà l’usine PT Doson en 2002. Unedécision qui n’est pas sans lien, d’aprèsla SPN Union (le syndicat local), avecla campagne menée alors pour demeilleurs salaires. Parallèlement, lesmarques continuent à déplacer la fabricationde leurs produits vers despays ou des zones franches d’exportationoù il est interdit de former dessyndicats. Ainsi, la part des chaussuresde sport Nike fabriquées dans des paysoù la liberté d’association existe estpassée de 52 % à 38 % entre 1998 et2005. Ce mouvement s’est amplifiédepuis la fin de l’accord multifibre, le1 er janvier 2005. Cet accord organisaitla production textile au niveau mondialen imposant des quotas d’exportationsà certains pays, dont la Chine. Ces quotasayant disparu, la production seconcentre désormais vers les pays oùla main-d’œuvre est la moins chère : leVietnam, les zones franches du Bangladeshet la Chine.(1) « Surmonter les obstacles. Mesures pour améliorerles salaires et les conditions de travail dans l’industriemondiale des vêtements et chaussures de sport ».(2) En Chine, un syndicat ne peut opérer légalementque s’il est affilié à l’All-China Federation of TradeUnions (ACFTU), contrôlée par le Parti communistechinois.nº 270 bis juin 2008 ALTERNatives Économiques I

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