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l'histoire terrible mais inachevée de norodom sihanouk, roi du ...

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Comme fruit <strong>de</strong> l’amitié et <strong>de</strong> la reconnaissance mutuelle <strong>de</strong> nos <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s cultures et <strong>de</strong>s liensvéritables qui unissent nos <strong>de</strong>ux nations, ce projet correspondra peut-être au désir, si souventrencontré, <strong>du</strong> peuple cambodgien d’approcher au mieux <strong>de</strong>s tenants <strong>de</strong> son histoire contemporaine, jele souhaite sincèrement.« Par l’Art, pour l’Humanité », cette aventure artistique et humaine plutôt rare, est ainsi une preuve <strong>de</strong>persévérance et <strong>de</strong> résistance au service <strong>de</strong> l’Histoire et <strong>de</strong> l’Art <strong>du</strong> théâtre dans le mon<strong>de</strong>, <strong>mais</strong> aussi,un acte pour la reconstruction <strong>du</strong> pays, dans l’espoir que le Cambodge retrouve son fabuleux sourireancestral.Georges Bigot, 2011En janvier 2008, revenant d'une tournée à Taïwan où, avec le Théâtre <strong>du</strong> Soleil, nous avions joué LesÉphémères, je me suis ren<strong>du</strong>e pour la première fois au Cambodge pour accompagner ArianeMnouchkine qui dirigeait à Battambang un atelier avec les jeunes élèves majoritairement circassiens<strong>de</strong> l’École <strong>de</strong>s Arts Phare Ponleu Selpak et les acteurs <strong>de</strong> la troupe Kok Thlok. Il s’agissait <strong>de</strong>remonter la pièce d'Hélène Cixous, L'Histoire <strong>terrible</strong> <strong>mais</strong> inachevée <strong>de</strong> Norodom Sihanouk, <strong>roi</strong> <strong>du</strong>Cambodge, créée par le Théâtre <strong>du</strong> Soleil en 1985.Du Cambodge, à cette époque, je ne savais que peu <strong>de</strong> choses, si ce n’est bien évi<strong>de</strong>mment son« histoire <strong>terrible</strong> ». Le projet m'attire car, je le sens, il est travail sur la mémoire, sourced’enseignement et promesse <strong>de</strong> découverte.Lors <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux semaines d’atelier, en présence <strong>de</strong> cinq autres <strong>de</strong> mes compagnons <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong>Soleil (dont Maurice Durozier qui avait joué Pen Nouth à l'époque), et sous l'œil <strong>de</strong> la caméra <strong>de</strong>Catherine Vilpoux, une forte émotion s'empare <strong>de</strong> moi lorsqu’Ariane remet en scène l'entrée <strong>de</strong>Sihanouk avec les acteurs cambodgiens. En quelques minutes, dans la belle salle <strong>de</strong> l'École <strong>de</strong>s Arts,se réaniment <strong>de</strong>vant mes yeux les protagonistes <strong>de</strong>venus légendaires <strong>de</strong> cette épopée, et j'entrevois, parl'imagination, le visage <strong>de</strong>s acteurs qui les avaient incarnés vingt-t<strong>roi</strong>s ans plus tôt sur le plateau <strong>du</strong>Théâtre <strong>du</strong> Soleil.Ma relation avec le Cambodge fut dès lors instinctive, j'avais envie et besoin d'y retourner. Unecorrespondance secrète s’était établie entre les questions qui m'habitaient dans mon propre travail <strong>de</strong>comédienne <strong>du</strong>rant Les Éphémères et ce projet qui cherchait, humblement, par la métaphore <strong>du</strong> théâtreet la force <strong>de</strong> l'écriture d'Hélène Cixous, à rendre au peuple cambodgien, au moins à une partiereprésentative, la mémoire <strong>de</strong> son histoire, <strong>de</strong> ses richesses, <strong>de</strong> sa culture, <strong>de</strong> son i<strong>de</strong>ntité.En juin 2009 Ariane me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> retourner à Battambang pour poursuivre ces ateliers <strong>de</strong>recherches avec Georges Bigot. Je découvre alors la générosité, l'exigence et le magnifiqueengagement <strong>de</strong> l'acteur qui avait incarné Sihanouk en 1985. Notre rencontre est forte et j'ignore à cemoment-là qu'elle sera le début d'une longue et belle collaboration. En octobre, Ariane déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> nousmissionner tous les <strong>de</strong>ux pour mener à bien cette aventure.Je pars alors sur les traces <strong>de</strong> cette histoire avec le Cambodge qui avait commencé pour le Théâtre <strong>du</strong>Soleil il y a 26 ans et qui c<strong>roi</strong>sait aujourd’hui mon profond désir <strong>de</strong> mise en scène. Dans les salles <strong>de</strong>lecture <strong>de</strong> la BnF, je découvre <strong>de</strong>s cartons entiers <strong>de</strong> notes <strong>de</strong> répétitions, <strong>de</strong> photos <strong>du</strong> spectacle,soigneusement collées sur <strong>de</strong> petites plaques en bois et enveloppées dans <strong>du</strong> papier <strong>de</strong> soie. Je lis etrelis la pièce d'Hélène Cixous, et découvre les ouvrages <strong>de</strong> William Shawcross, <strong>de</strong> François Bizot,d'André Malraux, <strong>de</strong> Dane Cuypers, les films <strong>de</strong> Rithy Pahn et <strong>de</strong> Roland Joffé. Je me compose unemémoire <strong>du</strong> Cambodge, et tisse les liens affectifs et poétiques qui m’unissent désor<strong>mais</strong> au royaumekhmer.La réalité <strong>du</strong> terrain viendra par la suite tout ébranler, quand, me retrouvant face au temps redoutable<strong>de</strong> la répétition, aucune certitu<strong>de</strong> n’avait plus lieu d'exister, aucune attente plus lieu d’être satisfaite.Avec un tel projet, et dans un contexte politique toujours aussi ten<strong>du</strong>, le présent fait loi, et c’est sur uneroute fertile <strong>mais</strong> inexplorée, qu’aux côtés <strong>de</strong> Georges, mon précieux aîné, et <strong>de</strong> ces jeunes artistes sisouvent enseignants, je me trouve aujourd’hui engagée.Delphine Cottu, 2011

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