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Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002 201Peu avant la publication <strong>de</strong> cet article dans notre revue, nous avons appris le décès prématuré <strong>de</strong>Madame Christine Geur<strong>de</strong>n. Nous voudrions ici lui rendre hommage pour ses qualités d'enseignante et<strong>de</strong> formatrice d'adultes, sa passion pour l'éducation scientifique <strong>de</strong>s jeunes élèves, son dynamisme et sesqualités humaines. Elle était pour nous une collaboratrice <strong>de</strong> premier plan.INITIATION À UNE PÉDAGOGIE ACTIVE DE L’ÉVEILSCIENTIFIQUEANALYSE D’UNE DÉMARCHE D’OBSERVATION ENFORMATION CONTINUÉE D’ENSEIGNANTSChristine Geur<strong>de</strong>n, Marianne Hanck,enseignantes détachées au Conseil <strong>de</strong> l’Enseignement <strong>de</strong>s Communes et <strong>de</strong>s ProvincesBerna<strong>de</strong>tte Giot,chercheur au Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong>Guy Bouxin,maître-assistant en sciences à la Haute Ecole <strong>de</strong> Namur1. Les enseignants <strong>de</strong> l’écolefondamentale et les sciencesCes <strong>de</strong>rnières années ont vu sedévelopper un intérêt nouveau pourles sciences dans l’enseignementfondamental et pour un renouveaupédagogique en la matière. Dans lamise en place <strong>de</strong> ces changements,un <strong>de</strong>s problèmes majeurs est ladistance parfois considérable entreles compétences qu’on voudraitdévelopper chez les élèves et lebagage scientifique effectivementmobilisable par les enseignants. Tantau niveau <strong>de</strong>s connaissances que duressenti, les grands domaines <strong>de</strong> lascience comme la biologie, laphysique, l’astronomie, la chimie, ...pour n’en citer que quelques-uns,effraient et découragent un grandnombre d’enseignants du fondamentaldès qu’on s’écarte <strong>de</strong>s quelquescontenus abordés traditionnellementdans les classes.Le développement <strong>de</strong> l’éveilscientifique dans l’enseignementfondamental implique doncnécessairement l’adaptation <strong>de</strong> laformation initiale et continuée <strong>de</strong>senseignants. Dans le contexte actuel,il ne s’agit pas seulement d’unesensibilisation à <strong>de</strong> nouvellesInitiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002 203proposer <strong>de</strong>s moyens pour yparvenir, d’encourager le développement<strong>de</strong> stratégies pour faire évoluerles conceptions et les savoirs, <strong>de</strong>donner <strong>de</strong>s occasions d’exploiter lesidées nouvelles, <strong>de</strong> maintenir uneatmosphère <strong>de</strong> classe propice à ladiscussion et à la coopération, ...Abor<strong>de</strong>r les savoirs et lescompétences dans une perspectivesocioconstructiviste suppose eneffet, qu’une part du contrôle <strong>de</strong>l’activité revienne aux apprenants, etbeaucoup d’enseignants s’inquiètent<strong>de</strong> la manière dont ils peuventpréserver pour eux-mêmes une autrepart <strong>de</strong> contrôle qui leur permette <strong>de</strong>poser <strong>de</strong>s balises et d’assurer le bondéroulement et l’aboutissement <strong>de</strong>sactivités. La nécessité <strong>de</strong> ne pouvoirtout maîtriser dans ce typed’approche peut renforcer lesentiment d’insécurité et lesrésistances.Dans ce contexte, différents auteursont proposé <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> travailparticulièrement intéressantes pourla formation continuée <strong>de</strong>sprofessionnels <strong>de</strong> l’enseignement.Radford (1998) a mis l’accent sur larelation entre la théorie et la pratique(concrétiser <strong>de</strong>s concepts et <strong>de</strong>ssujets scientifiques). Son programmefait expérimenter aux enseignants<strong>de</strong>s réformes <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>sd’enseignement et d’apprentissageen leur proposant d’abord <strong>de</strong> vivreeux-mêmes <strong>de</strong>s expériences etd’apprendre « comme <strong>de</strong>sscientifiques ». Ils sont ensuiteinvités à débattre avec les formateurs<strong>de</strong> « journaux d’étu<strong>de</strong> » 1 qu’ilsrédigent pendant l’expérience. Enfin,ils sont encouragés à tester avecleurs élèves diverses techniques. Àchaque moment <strong>de</strong> la formation, letravail en petits groupes etl’apprentissage coopératif sont misen valeur. Pour l’auteur, ceprogramme semble avoir eu <strong>de</strong>sretombées très positives : les enseignantsont découvert l’importance <strong>de</strong>vivre <strong>de</strong>s expériences et <strong>de</strong> lesanalyser ; ils ont travaillé les liensentre théorie et pratique et ontapporté <strong>de</strong>s changements dans leurenseignement. Ceux-ci ont eu àleur tour <strong>de</strong>s effets positifs sur lesélèves qui ont obtenu <strong>de</strong> meilleursrésultats, ont développé <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>splus favorables aux sciences etont découvert l’intérêt <strong>de</strong> lacollaboration dans <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong>travail.Une autre piste intéressante estsuggérée par Appleton et Asoko(1996). Ces <strong>de</strong>rniers analysentcomment, après une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>formation, un enseignant introduitdans sa classe <strong>de</strong>s activitésimpliquant une vue constructiviste<strong>de</strong> l’apprentissage en sciences. Cetterecherche met en lumière lesdifficultés que peut engendrer lamise en oeuvre <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong>pédagogie. La formation visait1Les participants étaient invités à noter leursobservations quotidiennes et le déroulement <strong>de</strong>sexpériences dans un journal discuté chaque jouravec les formateurs. Ceux-ci avaient ainsil’occasion <strong>de</strong> poser <strong>de</strong>s questions écritessusceptibles d’encourager l’approfondissement<strong>de</strong>s observations et <strong>de</strong> la réflexion, et d’assurer<strong>de</strong>s connexions avec d’autres concepts.Initiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


204 Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002d’abord à augmenter la confiance<strong>de</strong>s participants dans leurcompréhension <strong>de</strong>s sciences, par unepédagogie constructiviste centrée surla compréhension <strong>de</strong> processus et <strong>de</strong>concepts propres aux sciences.Ensuite, une manière <strong>de</strong> travailleravec les enfants est proposée auxparticipants ainsi que <strong>de</strong>s activités àdévelopper dans les classes. Si leprogramme <strong>de</strong> formation s’avèreprometteur, il subsiste cependant <strong>de</strong>sdifficultés au moment <strong>de</strong> la mise enoeuvre <strong>de</strong> l’acquis sur le terrain :l’influence insidieuse <strong>de</strong> certainesreprésentations qu’ont les enseignantsà propos <strong>de</strong> l’apprentissage,la difficulté <strong>de</strong> faire place à la foisaux contenus et aux démarchesscientifiques, le manque <strong>de</strong> clartédans les buts poursuivis qu’ils soientcognitifs ou procéduraux, lanécessité <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>r les élèves tout enleur laissant une marge d’autonomie,la gestion <strong>de</strong>s contradictions entre cequi était prévu et les résultatsobtenus.Sur base <strong>de</strong> ce qui précè<strong>de</strong>, on nepeut qu’encourager l'intégration d’aumoins quatre éléments dans lesformations continuées en éveilscientifique 1 :1 - Des activités scientifiques danslesquelles les participants sontdirectement impliqués sur base<strong>de</strong> défis posés au niveau adulte.Cette approche leur permet <strong>de</strong>cerner un problème, <strong>de</strong> se poser<strong>de</strong>s questions et d’en débattre1B. Giot, N. Paris (1998), pp. 11-14.avec d’autres personnes, <strong>de</strong>formuler <strong>de</strong>s hypothèses,d’observer, <strong>de</strong> prévoir et <strong>de</strong>réaliser une expériencescientifique, <strong>de</strong> rechercher <strong>de</strong> ladocumentation, <strong>de</strong> concevoirune synthèse, <strong>de</strong> communiquer<strong>de</strong>s résultats, ... bref <strong>de</strong> vivreactivement et positivement <strong>de</strong>sdémarches scientifiques. C’estl’occasion <strong>de</strong> faire le bilan <strong>de</strong>ses compétences et <strong>de</strong> sesreprésentations, <strong>de</strong> situer,d’analyser et d’approfondir lesliens entre contenus etdémarches, <strong>de</strong> se constituer unpremier fichier <strong>de</strong> références.2 - Une démarche réflexive sur ledéfi vécu en formation et lapréparation du transfert <strong>de</strong>l’acquis dans les classes,notamment par la suggestion etla construction d’activités àtester avec les élèves. Quelsliens existe-t-il en effet entre lesdéfis vécus par les participantsen tant qu’adultes en formationet ceux qu’ils proposeront auxenfants dans leurs classesrespectives ? Le passage <strong>de</strong>suns aux autres ne va pas <strong>de</strong> soi.Il implique une analyse <strong>de</strong> sespropres représentations et <strong>de</strong>leur évolution ainsi qu’uneréflexion métacognitive surles démarches d’apprentissagevécues personnellement enformation. La réflexion doitporter aussi sur la complexité<strong>de</strong>s contenus scientifiques abordésainsi que sur la pertinence<strong>de</strong>s choix méthodologiques etInitiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002 205<strong>de</strong>s démarches d’évaluation.Cette prise <strong>de</strong> recul peutgran<strong>de</strong>ment favoriser une transposition<strong>de</strong> l’acquis au niveau<strong>de</strong>s enfants, transposition quidoit tenir compte <strong>de</strong> leursreprésentations propres et dudéveloppement <strong>de</strong> leurs capacitéscognitives.3 - Une méthodologie en rapportavec la situation d’adultes enformation et en particulier uneattention constante aux attenteset questions <strong>de</strong>s participants,<strong>de</strong>s occasions d’essayer <strong>de</strong>sactivités en classe entre lesjournées <strong>de</strong> formation, une miseà disposition d’une documentationet <strong>de</strong> références diversifiées,la possibilité <strong>de</strong> débats etd’échanges entre collègues,formule dont on a souligné àplusieurs reprises le rôle positifdans la transformation <strong>de</strong>sreprésentations et la construction<strong>de</strong>s compétences nouvelles.4 - La nécessité d’un suivi après laformation et l’organisation <strong>de</strong>rencontres centrées sur la miseen commun <strong>de</strong>s essais etl’évaluation formative <strong>de</strong>sacquis.Un module <strong>de</strong> formation a étéconstruit sur cette base, proposé àdifférents publics et évalué selon <strong>de</strong>smodalités propres à chaque situation.Il s’est concrétisé <strong>de</strong> la manièresuivante :Objectifs : “ Mettre les participantsen situation <strong>de</strong>s’approprier <strong>de</strong>s démarchespédagogiques, <strong>de</strong> découvrircertains contenus scientifiqueset <strong>de</strong> transférer les acquis dansleur classe, afin d’amener lesélèves à construire leurssavoirs dans l’approche <strong>de</strong>ssciences <strong>de</strong> la nature(pédagogie constructiviste) ”Déroulement :Trois journées étaientconsacrées :- le matin : à une activitéd’éveil scientifique ciblant uncontenu et un ensemble<strong>de</strong> démarches particulières,comme le montre le tableausuivant :Démarches Contenus Défis proposés aux participantsObservation Les lichens Un organisme est proposé à l’observation :il s’agit d’en déterminer la nature et lescaractéristiques.RecherchedocumentaireExpérimentationLe vivant et le nonvivantLe principed’Archimè<strong>de</strong>Des explorateurs <strong>de</strong> l’espace ramènentsur terre une “ chose ” inconnue. Sur quelscritères se fon<strong>de</strong>r pour déterminer si cette“ chose ” est vivante ou non ?Quelle masse <strong>de</strong> sable peut-on mettredans un récipient donné avant qu’il necoule ?Initiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


206 Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002- l’après-midi : à une analysedu vécu en formation tantau niveau <strong>de</strong>s démarchesscientifiques que <strong>de</strong> laméthodologie.Quatre groupes <strong>de</strong> questionspeuvent être ainsi abordées,visant la structuration <strong>de</strong>sapprentissages métacognitifs :1. “ Quels savoirs nouveaux ai-je acquis durant l’activité d’éveilscientifique qui m’a été proposée ? ”2. “ En quoi l’approche suggérée était-elle “ scientifique ” ? Quellesdémarches ont été suivies ? ”3. “ Comment ai-je appris ces contenus et ces démarches ? Qu’est-ce quia favorisé mon apprentissage ? Qu’est-ce qui l’a freiné ? ”4. “ Qu’est-ce que j’en dégage pour ma classe ? Quels points essentielsvais-je retenir pour mon travail d’enseignant ? Quels outils nouveaux aijemaintenant à ma disposition ? ”Une quatrième journée estconsacrée à la synthèse <strong>de</strong>l’acquis et à la construction, enpetits groupes, d’activitésscientifiques à mener dans lesclasses.L’analyse présentée dans cet articleest consacrée à une <strong>de</strong>s séquencesd’activités planifiées pendant lasession <strong>de</strong> formation : l’observationd’un organisme vivant. Notreobjectif est <strong>de</strong> montrer commentchaque étape <strong>de</strong> l’activité contribue àenrichir les représentations <strong>de</strong>sparticipants et leurs mo<strong>de</strong>sd’approche <strong>de</strong> l’objet d’étu<strong>de</strong>,comment les interactions entreparticipants permettent <strong>de</strong> progresserdans les savoirs, comment latransformation progressive <strong>de</strong>s notationsen schémas organisés permetl’élaboration <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong>concepts,... en d’autres motscomment se met en place unprocessus favorisant la constructionactive d’un savoir scientifique. Parune meilleure compréhension <strong>de</strong> ceprocessus, l’enseignant peutmodifier une part <strong>de</strong> ses représentationset tenter à son tour <strong>de</strong> fairevivre à ses élèves <strong>de</strong>s expériencesscientifiques renouvelées.2. Description <strong>de</strong> la séquence <strong>de</strong>formation2.1. Objectifs et critères <strong>de</strong> réussiteComme nous l’avons précisé plushaut, la journée <strong>de</strong> formationdévolue à l’observation étaitorganisée en <strong>de</strong>ux temps : d’uneInitiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002 207part, une activité scientifique vécuepar les participants sur base d’undéfi posé au niveau adulte, d’autrepart, une analyse du vécu enformation et une réflexion sur lesimplications pour l’éveil scientifiqueen classe. C’est la première partie <strong>de</strong>la journée qui retient ici notreattention. Elle avait pour objectifsspécifiques :- <strong>de</strong> mettre en oeuvre <strong>de</strong>sdémarches <strong>de</strong> recherche;- d’i<strong>de</strong>ntifier les éléments constitutifsd’un organisme donné(ici, un lichen);- <strong>de</strong> comprendre comment le passagedu <strong>de</strong>ssin au schéma peutcontribuer à l’amélioration <strong>de</strong>l’observation et à l’approfondissement<strong>de</strong>s connaissances.L’ensemble <strong>de</strong>s activités proposéesaux participants constituait uneséquence d’apprentissage dont lescritères <strong>de</strong> réussite étaient préciséssur base- <strong>de</strong> la représentation schématisée<strong>de</strong> l'organisme, enfonction <strong>de</strong>s normes habituellementutilisées en la matière;- <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s organismesvivants (algue et champignon)constituant le lichen.On notera que tout au long <strong>de</strong>l’activité, <strong>de</strong>s moments étaientprévus pour consulter la documentationou interroger une personneressource 1 . Nous reviendrons surl’importance <strong>de</strong> ces démarches quiamenaient <strong>de</strong>s informations utiles etprogressives en relation avecl’avancement <strong>de</strong>s participants dansla construction <strong>de</strong> leurs nouveauxsavoirs. Il n’a pas paru pertinent <strong>de</strong>fournir <strong>de</strong>s documents relatifs auxlichens avant que le schéma final nesoit déjà en bonne voie <strong>de</strong>réalisation, <strong>de</strong> manière à éviterqu’une représentation existant dansun <strong>de</strong>s ouvrages ne soit recopiéetelle quelle sans être construite etintégrée dans une démarchepersonnelle.2.2. Déroulement <strong>de</strong> la séquence2.2.1. Présentation <strong>de</strong> la situationproblèmeAprès avoir rappelé les objectifsgénéraux <strong>de</strong> la journée et expliquéles raisons d’une mise en situationd’apprentissage au niveau adulte, lesformatrices ont proposé la situationproblématique suivante :« Des échantillons d’unorganisme particulier vont vousêtre distribués. Il s’agira pourvous <strong>de</strong> répondre aux questionssuivantes :- Qu'est-ce que c'est ?- Quelle est la nature <strong>de</strong> cetorganisme ? »1En l’occurrence G. Bouxin, agrégé <strong>de</strong>l’enseignement secondaire supérieur enbotanique et co-signataire du présent article.Initiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


208 Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002Pour répondre à ces questions, lesparticipants sont amenés à mettre enplace <strong>de</strong>s démarches d’observation :« L'observation que vous allezvivre a pour but <strong>de</strong> vous ai<strong>de</strong>r àreprésenter un organisme pouren savoir davantage sur sanature. Pour cela, nousl'observerons <strong>de</strong> plus en plusprès. Ce qu'on vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong><strong>de</strong> représenter est tellementpetit que vous aurez besoind’un matériel spécifique pour leregar<strong>de</strong>r. »Les participants sont ainsiencouragés à regar<strong>de</strong>r attentivementl’objet d’étu<strong>de</strong> et à le <strong>de</strong>ssiner. Maistout d’abord, <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> quatreparticipants sont constitués et chacunreçoit un lichen <strong>de</strong> genre différentainsi que du matériel d'observation(loupes simples, loupes binoculaires,microscope) et du matériel <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin(crayons noirs, <strong>de</strong> couleur, papier).Si l’objectif final <strong>de</strong> l’observation est « d’étiqueter » l’organisme donné, il s’agitdans un premier temps <strong>de</strong> le décrire le plus finement possible et d’en repérerpeu à peu les composants principaux. Ce qui est visé par les formatrices, c’estla dynamique qui se développe au fil <strong>de</strong> l’activité entre le fait d’observer l’objetd’étu<strong>de</strong> (donc <strong>de</strong> repérer et <strong>de</strong> choisir ce qu’on va précisément regar<strong>de</strong>r), lanécessité <strong>de</strong> le représenter par un <strong>de</strong>ssin d’abord, par un schéma ensuite, et lerecueil d’informations qui s’accumulent et se structurent peu à peu via la lecture<strong>de</strong> documents, la consultation d’une personne ressource ou la confrontation<strong>de</strong>s idées au sein <strong>de</strong>s groupes.2.2.2. Appel aux connaissances etreprésentations <strong>de</strong>s participantsDans chaque groupe, les participantsont été invités :- à lister d'abord individuellementleurs connaissances et lesquestions qu’ils se posent àpropos <strong>de</strong>s organismes qu’ilsont sous les yeux;- à confronter ces connaissanceset ces questions avec celles <strong>de</strong>sautres membres du groupe <strong>de</strong>travail.Cette étape du travail est essentielle car elle permet <strong>de</strong> construire <strong>de</strong> nouveauxapprentissages en tenant compte <strong>de</strong>s représentations et <strong>de</strong>s acquis du groupemême s’ils sont instables, incomplets voire erronés.Prendre ces données pour point <strong>de</strong> départ permet <strong>de</strong> confronter entre ellesles connaissances et interrogations <strong>de</strong>s membres du groupe, et d’ancrer lesnouvelles découvertes dans ce qui est déjà connu afin <strong>de</strong> le compléter ou <strong>de</strong> lecorriger.Initiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002 2092.2.3. Présentation <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> travailDes consignes sont données oralementet par écrit aux participants :« Représentez par un <strong>de</strong>ssinpersonnel ce que vous voyez,soit à l'oeil nu, soit enutilisant le matériel d'observation(loupes simples, loupesbinoculaires). Les microscopesserviront plus tard. Présentezune affiche par groupe avec vos<strong>de</strong>ssins, vos annotations, vosquestions. »L’observation commence par ce qui est visible à l’oeil nu : c’est la première« image » que nous avons <strong>de</strong> l’objet d’étu<strong>de</strong> et elle apporte déjà un certainnombre d’informations. L’utilisation <strong>de</strong> loupes simples permet <strong>de</strong> précisercertains détails. Le passage à la loupe binoculaire va changer davantage laperspective : les éléments apparaissent en très gros plan; la vue d’ensemblefait place à l’observation d’une parcelle <strong>de</strong> l’organisme, mais agrandie 30 fois;l’éclairage aidant, l’objet d’étu<strong>de</strong> montre <strong>de</strong>s facettes inattendues. C’est uneréelle surprise pour les participants tant sur le plan scientifique (découverted’éléments nouveaux, meilleure appréhension <strong>de</strong> la structure observée) que surle plan esthétique. L’étonnement et le plaisir <strong>de</strong> la découverte mobilisel’attention d’une autre manière.2.2.4. Première synthèse en grand groupea) Commentaires sur les affichesLa présentation à l’ensemble <strong>de</strong>sparticipants <strong>de</strong>s affiches émanant <strong>de</strong>sgroupes <strong>de</strong> travail met en évi<strong>de</strong>ncedifférents types d’approches :* <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins personnels proposéspar chaque membre <strong>de</strong>s groupes :Exemples :Groupe ALoupe simpleLoupe binoculaireInitiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


210 Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002Groupe BLoupe simpleLoupe binoculaire* <strong>de</strong>s annotations diverses :- questions plus ou moinsstructurées :« Champignons ? »« Végétal ? »« Est-ce que ce sont <strong>de</strong>smousses ? »«Est-ce que c'est mortou vivant ? »- tentatives d'explication ou <strong>de</strong>justification :« C'est vert, alors c'estun végétal. »- constats :« Il y a <strong>de</strong>s racines. »« On voit comme <strong>de</strong>spetites graines. »Dans cette <strong>de</strong>uxième phase <strong>de</strong> confrontation, la discussion s'engage entre lesenseignants, les formatrices et la personne ressource. La diversité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssinset <strong>de</strong>s objets d’étu<strong>de</strong> représentés est mise en évi<strong>de</strong>nce.Certains sentent, savent confusément qu'il s'agit <strong>de</strong>s mêmes organismes,probablement lichens ou mousses mais sont perplexes face à la variété <strong>de</strong>scouleurs et <strong>de</strong>s formes, à l'absence – à première vue – <strong>de</strong> critères communspermettant <strong>de</strong> déboucher sur un schéma type et sur l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>l'organisme donné.C'est à partir <strong>de</strong> cette discussion que <strong>de</strong>s stratégies d’étu<strong>de</strong> à mettre en placesont précisées. La réflexion <strong>de</strong>s participants rejoint ainsi celle menée par lesformatrices au moment où elles élaboraient le module <strong>de</strong> formation :1. Les outils utilisés jusqu'à présent permettent-ils partiellement ou totalementla résolution <strong>de</strong> la situation problème ?2. Comment construire un concept scientifique à partir d'une démarched'observation ?3. Comment réaliser une représentation schématique, plus simple dans laforme, mais combien plus complexe que le <strong>de</strong>ssin dans sa réalité <strong>de</strong>modèle <strong>de</strong>scriptif ?Initiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002 211b) Du <strong>de</strong>ssin au schémaL’importance du schéma et sescaractéristiques sont expliquées augroupe par la personne ressource :« Le schéma <strong>de</strong>scriptif est unereprésentation simplifiée <strong>de</strong>l’objet d’étu<strong>de</strong> (les élémentsessentiels ne sont pasreprésentés tels qu'on les voit ,mais <strong>de</strong> manière simplifiée,incomplète). C’est un moyen <strong>de</strong>modéliser, <strong>de</strong> généraliser <strong>de</strong>sconnaissances <strong>de</strong> manière à cequ'elles soient compréhensibleset <strong>access</strong>ibles à tous. Il permetune visualisation immédiate <strong>de</strong>séléments essentiels et <strong>de</strong> lastructuration <strong>de</strong> l’ensemble(avantage qu'un texte neprésente pas, du fait <strong>de</strong> salinéarité).Pour expliciter les élémentsqu'on souhaite exposer àtravers le schéma, on est amenéà utiliser <strong>de</strong>s procédésgraphiques et <strong>de</strong>s conventions(langage commun) :• <strong>de</strong>ssiner au crayon, utiliser<strong>de</strong>s couleurs si elles favorisentla compréhension;• faire un trait net et précis;• choisir le plan qui fournit leplus d'indications;• respecter les proportions;• représenter en particulierles détails fournissant <strong>de</strong>séléments <strong>de</strong> réponse à laquestion <strong>de</strong> départ;• ajouter les annotationspertinentes telles que : titre,échelle, agrandissements,noms <strong>de</strong> certains <strong>de</strong>séléments observés, ... »2.2.5. Observation au microscopeMunis <strong>de</strong> ces nouveaux savoirs et<strong>de</strong> ces nouvelles consignes, lesparticipants sont invités à poursuivreleurs observations, cette fois à l’ai<strong>de</strong>d’un microscope. Il leur est <strong>de</strong>mandéune fois <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssiner l’objetobservé, mais avec le souci d'évoluervers une représentation schématique.L’utilisation du microscope exigecependant un certain nombred’informations. Non seulement, ilagrandit les éléments ciblés, maisil entraîne aussi une observationpar transparence. Cela impliquel'obligation d'humidifier les lichens,<strong>de</strong> pratiquer <strong>de</strong>s coupes les plus finespossibles, <strong>de</strong> comprendre les apports<strong>de</strong>s agrandissements autorisés par lesdifférents objectifs. Il est doncnécessaire <strong>de</strong> prévoir un moment aucours duquel ces différents pointssont explicités. Le maniementcorrect du microscope et le repérage<strong>de</strong>s différentes couches à observer<strong>de</strong>man<strong>de</strong> un minimum d’apprentissage,rendu possible par la présence<strong>de</strong>s formatrices et <strong>de</strong> la personneressource qui circulent <strong>de</strong> groupe engroupe.Initiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


212 Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002L'utilisation du microscope va permettre une observation <strong>de</strong>s structuresbiologiques <strong>de</strong> base : les cellules <strong>de</strong>s lichens. Un obstacle supplémentaireapparaît : ce que l'on observe au microscope n'a plus aucune ressemblanceavec l'échantillon observé au binoculaire. Il n’y a pas <strong>de</strong> repères visuels liés àl'observation précé<strong>de</strong>nte du même échantillon : les couleurs sont différentes,certaines parties sont incolores. Seule certitu<strong>de</strong>, c'est bien une coupe <strong>de</strong>l'échantillon représenté précé<strong>de</strong>mment que l'on regar<strong>de</strong>.Cette phase d’observation, plus complexe que les précé<strong>de</strong>ntes, joue un rôledéterminant dans la poursuite <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> l’organismeétudié puisqu’elle permet d’en repérer les cellules constitutives. Les participantssont confrontés au problème <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir mettre en évi<strong>de</strong>nce les élémentspertinents permettant l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux vivants constitutifs <strong>de</strong>s lichens enreprésentant schématiquement la coupe observée.À ce niveau intervient un nouvel obstacle qui se traduit chez les instituteurs parcette question : “ Mais qu’est-ce que je dois voir ? ”Observer ne suffit pas. Encore faut-il savoir ce qu’il faut regar<strong>de</strong>r! Nosobservations sont tributaires <strong>de</strong> notre bagage <strong>de</strong> connaissances. Ainsi, lebiologiste verra au premier coup d’œil s’il a sous les yeux une cellule animaleou végétale, là où le néophyte n’apercevra qu’un ensemble indéfini dont lastructure lui échappe en gran<strong>de</strong> partie.Un gui<strong>de</strong> est nécessaire, mais comment diriger l’observation sans tout dire <strong>de</strong>ce qu’il faut regar<strong>de</strong>r ?Les formatrices ont opté pour trois orientations :1. faire distinguer dans la coupe ce qui est important <strong>de</strong> ce qui est <strong>access</strong>oire(par exemple, ne pas confondre les cellules à regar<strong>de</strong>r avec <strong>de</strong>simpuretés diverses subsistant dans les coupes);2. repérer <strong>de</strong>s éléments communs à l’ensemble <strong>de</strong>s organismes observésdans les différents groupes (ainsi, repérer les éléments arrondis et lesfilaments);3. constater l’appartenance <strong>de</strong>s éléments observés à une catégorie repérabledans un document <strong>de</strong> référence par exemple.Les formatrices proposent donc auxparticipants trois nouvelles étapesdans leur démarche <strong>de</strong> recherche :1. Regar<strong>de</strong>r les coupes <strong>de</strong>s autresgroupes et tenter <strong>de</strong> repérer lescaractéristiques communes àtoutes les préparations.2. Tenter <strong>de</strong> représenter schématiquementune coupe par groupe,après avoir confronté les observationset les commentaires.3. Consulter <strong>de</strong>s documents <strong>de</strong>différents niveaux <strong>de</strong> complexitétraitant <strong>de</strong> la classification <strong>de</strong>sespèces et <strong>de</strong>s différences entreorganismes, ou présentant <strong>de</strong>slichens sous différentes formes(photographies, schémas).Initiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002 2132.2.6. Mise en commun et synthèse généraleLes schémas <strong>de</strong>s groupes sont ànouveaux affichés et présentés àl’ensemble <strong>de</strong>s participants, ils sontcommentés et les critères communssont mis en évi<strong>de</strong>nce. Les schémassont analysés par rapport auxnouvelles connaissances sur le plan<strong>de</strong> la représentation graphique, d’unepart, sur le plan du contenuscientifique, d’autre part. Cette fois,les algues (éléments arrondis) et leshyphes (filaments) constituant leslichens sont clairement reconnus.Exemple <strong>de</strong> schéma réalisé par un <strong>de</strong>s groupes :De nouvelles questions sont poséeset <strong>de</strong> nouveaux éléments <strong>de</strong> réponsessont apportés concernant lesfonctions et bénéfices réciproques<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux organismes en symbiose :les supports sur lesquels ils sedéveloppent, leur situationgéographique, leur reproduction, leurutilisation en pharmacologie, leurrôle d’indicateurs <strong>de</strong> pollution <strong>de</strong>l’air, … ainsi que la différence entresymbiose et parasitisme.Cette <strong>de</strong>rnière étape <strong>de</strong> l’activité est un temps <strong>de</strong> synthèse <strong>de</strong>s acquis et untremplin pour la poursuite <strong>de</strong>s recherches. C’est aussi une évaluation <strong>de</strong>l’activité puisque c’est à ce moment que les formatrices peuvent le mieuxpercevoir si et comment les représentations et les savoirs parcellaires du débutont évolué. Les manques et les points restés obscurs sont également repéréset abordés.3. Le point <strong>de</strong> vue du biologisteLe biologiste enseignant regar<strong>de</strong> lespremiers travaux avec une certainecuriosité et remarque rapi<strong>de</strong>ment lesoin apporté au premier <strong>de</strong>ssin.Quelques participants reconnaissentdès le départ qu’il s’agit d’un lichen,sans toutefois trop <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong>. Lesautres, soit ignorent la nature précise<strong>de</strong> l’organisme, soit donnent <strong>de</strong>sinformations incorrectes (mousse,végétal sans plus <strong>de</strong> précision). Lechoix du lichen comme matérield’observation s’est ainsi révéléjudicieux ; en effet, un organismetrop facile à reconnaître auraitdiminué l’intérêt d’une observationapprofondie.Le travail à la loupe s’avère aisé; parcontre l’utilisation du microscope estplus difficile et l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ux composants du lichen <strong>de</strong>man<strong>de</strong>Initiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


214 Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002une ai<strong>de</strong> certaine venant <strong>de</strong>sformateurs, quelques « coups <strong>de</strong>pouce », notamment en amenant <strong>de</strong>sfragments utiles <strong>de</strong> la préparationmicroscopique dans le champd’observation. Les observations lesplus fines, à l’agrandissement le plusfort (600 x) se sont révélées les plusdifficiles.L’i<strong>de</strong>ntification précise jusqu’àl’espèce, au moyen d’une clé <strong>de</strong>détermination scientifique, est illusoiredans ce genre <strong>de</strong> formation. Ils’agit en effet d’une démarcheparfois longue, qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>patience et concentration en plus <strong>de</strong>l’acquisition d’un vocabulaireapproprié. Pour i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong> manièreplus aisée, il existe <strong>de</strong> bonnesplanches reprenant quelques dizainesd’espèces communes. Les participantsreconnaissent aisément l’uneou l’autre espèce morphologiquementbien typée mais le formateurdoit intervenir immédiatement pourcorriger les erreurs inévitablesproduites par <strong>de</strong>s outils simplifiés etforcément incomplets. Néanmoins,une i<strong>de</strong>ntification correcte apportebeaucoup <strong>de</strong> satisfaction auxparticipants.4. Le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s participantsUne <strong>de</strong>s options méthodologiques <strong>de</strong>la formation était <strong>de</strong> confronter lesenseignants à un défi scientifiqueposé au niveau adulte, c’est-à-diresuffisamment complexe pour lesinterpeller dans leurs savoirs et dansleurs démarches, mais cependant pastrop distant <strong>de</strong>s compétencessupposées acquises par chacunpréalablement à la formation. Lesparticipants pouvaient ainsi éprouverles difficultés liées au questionnementscientifique mais aussi l’intérêtd’un travail <strong>de</strong> groupe, l’engagementdans un processus <strong>de</strong> recherchevéritable, l’interdépendance <strong>de</strong>sdémarches et <strong>de</strong>s contenus, lanécessité d’être à la fois encadrés etlaissés autonomes.Pour les participants, cette démarcheétait assez nouvelle et certainsd’entre eux n’en n’ont pas perçuimmédiatement le bien-fondé. Dans<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s groupes en formation lesformatrices ont proposé troisquestions écrites portant sur lamanière dont les participants avaientvécu cette approche méthodologique.La première question portait sur lesréactions au moment <strong>de</strong> laconfrontation au défi « adulte ». Lesréponses ont mis en évi<strong>de</strong>nce lesmotivations engendrées par ce type<strong>de</strong> démarche : envie <strong>de</strong> savoir,intérêt, plaisir <strong>de</strong> la recherche.C’était l’occasion <strong>de</strong> faire appel à cequ’on connaissait déjà, <strong>de</strong> le partageravec <strong>de</strong>s collègues et <strong>de</strong> leconfronter à d’autres connaissanceset avis. Toutefois, cette manière <strong>de</strong>faire a entraîné également quelquesréactions négatives commel’impression désagréable <strong>de</strong> passavoir « où on va », l’embarras, lesentiment d’être <strong>de</strong>vant un problèmetrop complexe.Initiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002 215La secon<strong>de</strong> question portait surl’évolution <strong>de</strong> ces réactions en cours<strong>de</strong> formation. Cette évolution a étémarquée par le renouvellement <strong>de</strong>l’intérêt et du plaisir <strong>de</strong> la rechercheainsi que par le sentiment d’être plusà l’aise dans les démarchespersonnelles et <strong>de</strong> groupe. Certainsenseignants entrevoyaient déjà lapossibilité <strong>de</strong> transférer l’acquis enclasse. Cependant, six participantssur vingt huit se sont abstenus <strong>de</strong>répondre à la question.Enfin, la troisième question portaitsur les relations possibles entre cevécu d’adulte et le vécu supposé <strong>de</strong>sélèves. Un certain nombre <strong>de</strong>participants ont tenté <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>srapprochements (démarches, difficultés,rigueur,...). D’autres ontinsisté sur la nécessité d’adapterl’activité et les consignes.Cependant, près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>sparticipants, tout en admettantl’existence <strong>de</strong> telles relations, n’ontformulé aucun commentaire.ConclusionNous avons proposé ici quelquespistes <strong>de</strong> réflexion au départ d’uneaction <strong>de</strong> formation visant unchangement <strong>de</strong> pratiques chez lesenseignants du fondamental enmatière d’éveil scientifique.Placer les enseignants en recherche àpartir <strong>de</strong> leurs connaissancesindividuelles, face à une question ouun défi déstabilisant leur permet <strong>de</strong>mieux mesurer les contraintes et lesdifficultés <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> situationmais aussi d’en apprécier davantagetout l’intérêt et les apports tant sur leplan scientifique que pédagogique.L’appropriation progressive <strong>de</strong>l’objet du savoir scientifique (parexemple à travers l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>sinvariants, comme c'est le cas danscet article) permet aux enseignants<strong>de</strong> retrouver une stabilité compromisepar la situation <strong>de</strong> départ.En outre, la dynamique induite parles formatrices permet au groupe <strong>de</strong>se structurer comme une entité à lapoursuite d’une seule tâche. Le rôlesécurisant et enrichissant <strong>de</strong> cegroupe est alors fortement ressentipar les enseignants. La méconnaissance<strong>de</strong>s concepts scientifiques peutêtre relativisée et les contenus oudémarches nouvelles explorées avecmoins d’inquiétu<strong>de</strong>. Les représentationsqu’avaient les enseignants <strong>de</strong>leur image personnelle et professionnelles’en trouvent améliorées.Réfléchir sur les démarches vécuespour les i<strong>de</strong>ntifier et les structurerpermet aux enseignants <strong>de</strong> mieuxcomprendre les stratégies, lesconnaissances et les différentssavoir-faire qu’ils utilisent pouraccomplir la tâche proposée. Ilsclarifient également les difficultésrencontrées et les différentsproblèmes affrontés lors <strong>de</strong> leurapprentissage. En outre, le fait <strong>de</strong>repérer <strong>de</strong>s liens entre les démarchespratiquées dans la situation qu’ilsviennent <strong>de</strong> vivre et celles qu’ilsInitiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


216 Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002auront à encourager chez leursélèves, constitue un facteurimportant <strong>de</strong> changement.Enfin, la conception qu’ont lesformatrices <strong>de</strong> ce qu’est une formation,<strong>de</strong> leur rôle d’accompagnatricedans la découverte <strong>de</strong>s nouveauxsavoirs, ainsi que l’attentionaccordée à chacun durant la sessionsont autant d’éléments vécuspositivement par les enseignants, cequi augmente leur <strong>de</strong>gréd’implication dans les activités.Toutefois, les stratégies pédagogiquesdéveloppées lors <strong>de</strong>s activités<strong>de</strong> formation décrites ici ne suffirontpas à elles seules à changer lespratiques <strong>de</strong> classe. D’autres facteursdoivent être pris en considération,tels que l’image que les enseignantsont <strong>de</strong> leurs pratiques, <strong>de</strong> leur métieret du changement, la dynamique <strong>de</strong>l’équipe pédagogique au sein <strong>de</strong>leurs écoles, l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s chefsd’établissement, les conditions <strong>de</strong>travail et le matériel disponible, ...Enseignants et formatricess’accor<strong>de</strong>nt donc pour soulignerl’importance et la nécessité d’unsuivi dans les classes après laformation. Ce suivi <strong>de</strong>vraitencourager, au niveau individuel, lastructuration <strong>de</strong>s connaissances et ledéveloppement <strong>de</strong>s compétencesnouvellement acquises ainsi que leurapplication dans le contextequotidien. De plus, <strong>de</strong>s dispositifsd’accompagnement appropriéspourraient stimuler, au sein <strong>de</strong>sétablissements, le partage et ladiffusion <strong>de</strong>s informations, etcontribuer ainsi à concrétiser leconcept « d’équipe apprenante » 1 .BibliographieAstolfi, J.P., Darot, E., Ginsburger-Vogel,E., Toussaint, J. (1997). Mots-clés<strong>de</strong> la didactique <strong>de</strong>s sciences.Bruxelles : De Boeck <strong>Université</strong>,Pratiques pédagogiques.Appleton, K., Asoko, H. (1996). A CaseStudy of a Teacher’s Progress towardUsing a Constructive View ofLearning to Inform Teaching inElementary Science. ScienceEducation, 80(2), 165-180.Dennery, M. (1997). Organiser le suivi <strong>de</strong>la formation. Métho<strong>de</strong>s et outils.Paris : ESF.De Vecchi, G. et Carmonia-Magnialdi, N.(1996). Faire construire <strong>de</strong>s savoirs.Paris : Hachette Education.Giot, B., Fameree, N. (2000). Naissanced’un module <strong>de</strong> formation continuéeen éveil scientifique. Implicationpour la formation <strong>de</strong>s formateurs,<strong>Liège</strong> : Service <strong>de</strong> Pédagogieexpérimentale <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> etCentre <strong>de</strong> Formation Enseignement<strong>de</strong> l’UVCB. Rapport d’évaluationinédit.Giot, B., Paris, N. (1998). La place <strong>de</strong>sdisciplines d’éveil dans la formationcontinuée <strong>de</strong>s enseignants. Premièreapproche. <strong>Liège</strong> : Service <strong>de</strong>Pédagogie expérimentale <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong>et Centre <strong>de</strong> FormationEnseignement <strong>de</strong> l’UVCB. Rapportd’évaluation inédit.1M. Dennery (1997).Initiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants


Cahiers du Service <strong>de</strong> Pédagogie expérimentale - <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Liège</strong> - 9-10/2002 217Guichard, J. (1998). Observer pourcomprendre les sciences <strong>de</strong> la vieet <strong>de</strong> la terre. Paris : HachetteEducation.Grangeat, M. (1998). Lev S. Vygotsky(1896-1934) : L’apprentissage par legroupe. In J.C. Ruano-Borbalan,(1998). Eduquer et former. Lesconnaissances et les débats enéducation et en formation. Auxerre :Sciences humaines Editions, janvier,177-183.Monseur, Ch. (1998). L’enseignement <strong>de</strong>ssciences en Communauté française<strong>de</strong> Belgique est-il dans le36e <strong>de</strong>ssous ? Résultats <strong>de</strong> la troisièmeétu<strong>de</strong> internationale enmathématiques et en sciences <strong>de</strong>l’I.E.A. <strong>Liège</strong> : Service <strong>de</strong> Pédagogieexpérimentale <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong>.Nyssen, M.C. (1998). L’enseignement <strong>de</strong>ssciences en Communauté française :Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>scriptive dans l’enseignementfondamental. Rapport final.<strong>Liège</strong> : Service <strong>de</strong> Pédagogieexpérimentale <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong>.Radford, D. (1998). Transferring Theoryinto Practice : A Mo<strong>de</strong>l forProfessional Development forScience Education Reform. Journalof Research in Science Teaching,vol. 35, 1, 73-88.Ramey-Gassert et al. (1996). A QualitativeStudy of Factors InfluencingScience Teaching Self-Efficacity ofElementary Level Teachers. ScienceEducation, 80(3), 283-315.Initiation a une pédagogie active <strong>de</strong> l’éveil scientifiqueAnalyse d’une démarche d’observation en formation continuée d’enseignants

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