21.07.2015 Views

téléchargement en PDF ici. - Silence

téléchargement en PDF ici. - Silence

téléchargement en PDF ici. - Silence

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

S!l<strong>en</strong>ceN°330Décembre20054 €6 FSLe micro-créditcontre les femmes?Illich, écoleet décroissanceDes <strong>en</strong>treprisessolidaires


SommaireDes <strong>en</strong>treprisesalternatives et solidairesDossier29Nord / SudLe micro-créditcontre les femmes?d’Hedwige Peemans-Poullet31D’Illich à la décroissanceLe droit d’appr<strong>en</strong>dre37d’Isabelle St<strong>en</strong>gerIncohér<strong>en</strong>cesA la recherchedu temps perdude Bruno GuilleminIncohér<strong>en</strong>cesLe courage38de s’<strong>en</strong>fuirde Gilles SardinBrèves18 Alternatives22 Environnem<strong>en</strong>t24 Nucléaire25 Energies26 Paix26 Sociétéd’Alban Labouret et Aymeric MercierAteliers de la BergeretteDes déchets pourla décroissanceCannelle et pim<strong>en</strong>tAlternativesà la politique du kärcherPain bioLa TartineEurosylvaDe discrets sylviculteursLa Montagne vivraLa lutte continue27 Santé28 Femmes30 Nord/Sud36 Politique39 Courriers43 Annonces45 LivresVUde l’intérieur...Dev<strong>en</strong>ez actif dans la revueAssembléegénérale de S!l<strong>en</strong>ceNotez-<strong>en</strong> la date dès maint<strong>en</strong>ant : ce sera lesamedi 22 avril 2006 (de 10 h à 18h). Cetteréunion est ouverte à tous nos lecteurs… maisseuls les membres de l’association (une vingtaineactuellem<strong>en</strong>t) peuv<strong>en</strong>t voter. Ne peuv<strong>en</strong>têtre membres de l’association que des personnesactives dans la réalisation de la revue.Associationde juristesNous recevons régulièrem<strong>en</strong>t des demandesd’aides juridiques. Non seulem<strong>en</strong>t, nous nesommes pas capables d’y répondre. On nousdemande par exemple comm<strong>en</strong>t répondre àdes problèmes de permis de construire pourdes maisons <strong>en</strong> autoconstruction, pour desproblèmes de scolarisation pour des par<strong>en</strong>tsqui refus<strong>en</strong>t les vaccinations… Nos lecteursont-ils <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler d’une association dejuristes qui pourrait répondre à ce g<strong>en</strong>re dedemandes ? Sinon, des juristes pourrai<strong>en</strong>t-ils<strong>en</strong>visager de la créer ?Numéros régionaux• Proposez vos reportages. Nous réalisonsles numéros régionaux au rythme de deux paran. Il nous faut donc plus de quinze ans pourfaire le tour de la France. Cela ne signifie paspour autant que l’on ne passe pas des reportagessur les autres régions. N’hésitez pas ànous <strong>en</strong> proposer sur les initiatives que vousconnaissez. Les articles passeront dans lesnuméros intermédiaires.Envoyez une infoBulletin d’abonnem<strong>en</strong>t page 47• Au Sud du Sud de Midi-Pyrénées. Nousavons eu tellem<strong>en</strong>t de bons contacts <strong>en</strong> Ariègeet Hautes-Pyrénées que nous avons finalem<strong>en</strong>tchoisi pour le prochain numéro de ne parlerque de ces deux départem<strong>en</strong>ts. Pour la Haute-Garonne et le Gers, c’est reporté à uneautre fois.• Alternatives à Paris. Pour le numéro d’été2006, nous devrions prés<strong>en</strong>ter les alternativesdans la capitale… et uniquem<strong>en</strong>t dans lacapitale (pas l’Ile-de-France !). Si vous désireznous aider à concevoir ce numéro, nouspouvons vous <strong>en</strong>voyer un courrier avec lesexplications pour la recherche des reportages.Ecrivez-nous ou téléphonez-nous (de préfér<strong>en</strong>cele mercredi au 04 78 39 55 33).• Alternatives sur la Côte-d’Azur. Pour l<strong>en</strong>uméro de janvier 2007, ce devrait être autour du Var et des Alpes-Maritimes. Mêmemessage : si vous désirez nous aider à concevoirce numéro, écrivez-nous ou téléphoneznous(de préfér<strong>en</strong>ce le mercrediau 04 78 39 55 33).Les infos de cette revue sont largem<strong>en</strong>t alim<strong>en</strong>tées par les <strong>en</strong>vois des lecteurs et lectrices. Cela passe pardes tracts, des coupures de presse, des lettres manuscrites, des r<strong>en</strong>vois sur des sites internet…Vous pouvez égalem<strong>en</strong>t proposer articles ou dossiers, mais <strong>en</strong> prévoyant de longs délais. Quelques précautionsà pr<strong>en</strong>dre :• Délais de parution. Nous indiquons <strong>en</strong> bas de cette page, les délais pour recevoir des informations pourles numéros à v<strong>en</strong>ir. De nombreuses informations ne sont pas reprises dans la revue parce qu’elles nousparvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t trop tardivem<strong>en</strong>t. Pour être sûr des délais, <strong>en</strong>voyez vos informations deux mois à l’avance.• Anonyme. Nous ne publions aucun texte dont nous ne connaissons pas l’auteur. Inutile donc de nous<strong>en</strong>voyer des messages anonymes… même si certains sont fort intéressants.• Courriel ? Nous n’<strong>en</strong> communiquons pas pour ne pas être <strong>en</strong>vahi par des messages non soll<strong>ici</strong>tés…mais nous <strong>en</strong> avons pour notre travail interne.• En chantier. Sous réserve, les prochains dossiers seront consacrés à alternatives <strong>en</strong> Ariège et Hautes-Pyrénées (janvier), faire un média alternatif(février), nucléaire <strong>en</strong> héritage (mars), terre, terroir,territoires (avril) Françafrique (mai)…Pour les lecteurs et lectrices qui veul<strong>en</strong>t part<strong>ici</strong>per aux réunions du comité de lecture :comité de lectureclôture des brèves(réunion dans les locaux deS!l<strong>en</strong>ce à Lyon).Janvier N° 331 :mercredi 23 novembre à 12hFévrier N° 332 : samedi 17 décembre à 14hmercredi 4 janvier à 12hMars N° 333 : samedi 28 janvier à 14hmercredi 1 er février à 12hLes infos cont<strong>en</strong>ues dans ce numéro ont été arrêtées au 26 octobre 2005.SILENCE N°3302Décembre 2005• En agglomération lyonnaise, si vous voulez nous aiderdans la réalisation de la revue, une perman<strong>en</strong>ce d’accueil estassurée le mercredi de 18 h à 21 h pour vous accueillir. Sivous souhaitez plus particulièrem<strong>en</strong>t vous investir dans larédaction, il est possible de lire les textes qui seront discutéslors des comités de lecture annoncés ci-dessous <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ant àla perman<strong>en</strong>ce du mercredi qui précède.• De plus loin, il est égalem<strong>en</strong>t possible de sout<strong>en</strong>ir la revue<strong>en</strong> étant plus éloigné : <strong>en</strong> nous <strong>en</strong>voyant des infos, <strong>en</strong> rejoignantnotre réseau de bénévoles pour t<strong>en</strong>ir des stands etmême pour certaines tâches déc<strong>en</strong>tralisables.• Correcteur, correctrice. Notre principal correcteur bénévoleactuel, Raymond Vignal souhaiterait voir son travailallégé. Nous cherchons donc une personne disposant d’uneboîte aux lettres électronique, de temps, et d’une bonnecapacité à corriger les textes pour un nombre de signesà définir chaque mois (quelques heures donc). Contacterla rédaction, le mercredi au 04 78 39 55 33.


LE MOIS DE LASSERPEEditorialREPAStiré du sacSil<strong>en</strong>ce flirte avec le REPAS, Réseau d’échanges et de pratiquesalternatives et solidaires, depuis fort longtemps etnous avions décidé <strong>en</strong> septembre 2004 de faire un tourd’horizon des associations et <strong>en</strong>treprises adhér<strong>en</strong>tes à ce réseau (1).Nous avons publié de nombreux reportages depuis cette date etnous vous <strong>en</strong> livrons <strong>en</strong>core quelques-uns dans ce numéro… (2)Disons-le, nous avons été doublem<strong>en</strong>t surpris par cette <strong>en</strong>quête :d’une part par la variété des alternatives développées au sein de ceréseau et par les limites de chacun face à ces possibilités alternatives.Car toutes les démarches prés<strong>en</strong>tées repos<strong>en</strong>t sur un équilibre<strong>en</strong>tre alternatives et compromis. De même que nous nous exprimionssur nos incohér<strong>en</strong>ces individuelles (3), nous découvrons<strong>ici</strong> que les difficultés sont les mêmes au niveau collectif.D’où la richesse du compagnonnage mis <strong>en</strong> place par le REPAS.Ce compagnonnage, <strong>en</strong> fonction des <strong>en</strong>vies de chacun des jeunesqui y postule, permet d’aller dans différ<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>treprises pourpr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce des choix qui y ont été faits.Nous ne pouvons que vous inciter à faire de vos <strong>en</strong>vies d’alternatives,un projet qui compr<strong>en</strong>ne aussi votre mode de travail : <strong>en</strong>plongeant la main dans le sac du REPAS, vous pouvez déjà<strong>en</strong> déguster de nombreuses recettes.Michel Bernard ■(1) Nous avons bénéf<strong>ici</strong>é pour cela de l’aide précieuse de deux stagiairesAlban Labouret et Aymeric Mercier intéressés eux-mêmes par ce réseaudans le cadre d’une formation <strong>en</strong> philosophie et développem<strong>en</strong>t durable.(2) Il <strong>en</strong> restera <strong>en</strong>core quelques-uns pour les mois à v<strong>en</strong>ir.(3) Voir un début de débat dans le numéro 327 et dans ce numéro.SILENCE N°330 Décembre 20053


Les Ateliers de la BergeretteDes déchets pourla décroissanceHervé Joncheray/BergeretteAire d’arrivage des objets.


A quoi ressemblera la déchetterie du vingt-et-unième siècle ?Avec la pénurie prévisible d’énergies, de matières premières, notre sociétéde consommation pourra-t-elle se cont<strong>en</strong>ter de produits recyclables,c<strong>en</strong>tres d’<strong>en</strong>fouissem<strong>en</strong>t et autres incinérateurs ?déplaise aux t<strong>en</strong>ants de cesgrands projets qui mobilis<strong>en</strong>tN’<strong>en</strong>les fonds publics et la matièregrise de nos ingénieurs, la déchetterie du21e siècle ressemblera probablem<strong>en</strong>tbeaucoup plus à l’alternative expérim<strong>en</strong>téedepuis plus de vingt ans par une associationautogestionnaire du Beauvaisis :les Ateliers de la Bergerette.Une déchetterie <strong>en</strong> avance sur sonépoque… A première vue ce n’est pas évid<strong>en</strong>t.Lorsque nous arrivons aux Ateliersde la Bergerette, qui sont installés dans unanci<strong>en</strong> corps de ferme au cœur d’un quartierrésid<strong>en</strong>tiel de Beauvais, nous sommesfrappés par l’originalité du lieu. Sommesnousarrivés dans une brocante, un videgr<strong>en</strong>ier? Est-ce le repaire d’un ferrailleurou une exposition perman<strong>en</strong>te des compressionsdu sculpteur César ?La caverne d’Ali BabaEntre la montagne de métaux ferreuxet la b<strong>en</strong>ne à papier recyclé, plusieurs personness’affair<strong>en</strong>t à décharger un camiond’<strong>en</strong>combrants devant l’<strong>en</strong>trée d’unimm<strong>en</strong>se hangar : un canapé, une vieilletélé, un carton rempli de livres… Nouspénétrons dans la caverne d’Ali Baba : unlabyrinthe creusé dans des montagnesd’objets <strong>en</strong>tassés jusqu’au plafond. Nouscroisons d’abord Karine, qui est <strong>en</strong> trainde sélectionner et de nettoyer des lampes,lustres et appliques <strong>en</strong> tout g<strong>en</strong>re. Elles’occupe de l’atelier “luminaire”. Nousnous faufilons <strong>en</strong>tre de vieux meubles.Un virage à gauche, un virage à droite.Nous nous laissons guider par la musiquequi vi<strong>en</strong>t du fond du hangar, traversonsdes étagères de jouets et arrivons aumilieu de l’atelier “livres, revues, disqueset jouets”. Après que son responsabl<strong>en</strong>ous ait expliqué sympathiquem<strong>en</strong>t lefonctionnem<strong>en</strong>t de cet atelier, nous t<strong>en</strong>tonsde rebrousser chemin. Cette fois,c’est Georges Brass<strong>en</strong>s qui chante à tuetêteet nous conduit, au travers d’unemontagne de fripes, jusqu’à l’atelier“quincaillerie” de Christian. Celui-cinous montre fièrem<strong>en</strong>t les objets fabriquéspar les <strong>en</strong>fants de l’institut médicopédagogique,qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t lui r<strong>en</strong>dre visitechaque mercredi. Il est <strong>en</strong> train de trierdes vis, boulons et écrous, qu’il regroupe<strong>en</strong> lots dans des vieux pots de confiture.Plus loin, nous restons ébahis devant lestonnes de matériel hi-fi, de téléviseurs etd’ordinateurs, dont beaucoup fonctionn<strong>en</strong>t<strong>en</strong>core ou n’ont besoin que d’unepetite réparation. Mais leurs propriétairesles abandonn<strong>en</strong>t aux Ateliers de laBergerette car ils sont démodés, dépassésou tout simplem<strong>en</strong>t par ce que leur réparationcoûterait plus cher que le mêmeobjet neuf importé de Taïwan. Il y a <strong>ici</strong> dequoi équiper des c<strong>en</strong>taines de foyers… Uncoup de klaxon nous sort de notre rêveriepostindustrielle : c’est l’heure du déjeuner.Le repas est pris collectivem<strong>en</strong>tautour d’une grande table dans la pièceprincipale de la ferme. L’ambiance estconviviale. On discute de tout et de ri<strong>en</strong>.Certains parl<strong>en</strong>t boulot. Eti<strong>en</strong>ne partageles soucis qu’il a dans sa relation avec laCommunauté d’agglomération du Beauvaisis.Les Ateliers de la Bergerette sontleur prestataire depuis vingt ans. Ils ontfortem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>sibilisé la collectivité dansla gestion des déchets. Mais suite à unappel d’offre c’est une multinationale quiest choisie face au groupem<strong>en</strong>t qu’avai<strong>en</strong>tconstitué les Ateliers de la Bergerette etEmmaüs. Multinationale qui s’est finalem<strong>en</strong>tdésistée. Les Ateliers se retrouv<strong>en</strong>tdonc à la table des négociations avec lesélus et les techn<strong>ici</strong><strong>en</strong>s de la “CAB”.Il pleut très fort. Un homme très âgédéambule sous son parapluie à la recherched’un interlocuteur qui pourraitlui trouver une pièce d’occasion pour untaille-haie. Il est accueilli, tout comme lefacteur qui vi<strong>en</strong>t d’arriver, dans la grandepièce à vivre, où on lui sert une chicorée.Nous faisons à nouveau la visite, comm<strong>en</strong>téecette fois, du hangar dans lequelse trouv<strong>en</strong>t les quinze ateliers de réemploi.Puis nous découvrons le Recycl’àbrac, le magasin des Ateliers. Les consommateursque nous sommes, retrouv<strong>en</strong>tleurs repères. Il y a des rayons, des étagères,des prix affichés. Un magasin normal,dans lequel on trouve de tout, maisd’occasion et à des prix défiant touteconcurr<strong>en</strong>ce. Jérome, notre guide, admetd’ailleurs que ce n’est pas par convictionque la plupart des cli<strong>en</strong>ts vi<strong>en</strong>t à la recyclerie,mais plutôt “pour faire de bonnesaffaires”. C’est pourquoi les Ateliers mett<strong>en</strong>t<strong>en</strong> place des supports d’informationet de s<strong>en</strong>sibilisation au sein même dumagasin.Collecter, valoriser,rev<strong>en</strong>dre et s<strong>en</strong>sibiliserL’objectif premier des Ateliers de laBergerette est d’ailleurs bi<strong>en</strong> de s<strong>en</strong>sibiliserles particuliers et les collectivités aurespect de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, notamm<strong>en</strong>tpar la prise de consci<strong>en</strong>ce “des problèmesposés par la gestion des déchets ménagers,dans la perspective d’un moindre gaspillage”.Partant du principe que les ressourcesnaturelles sont limitées, lesAteliers de la Bergerette pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t lecontre-pied de la logique consumériste <strong>en</strong>prônant bi<strong>en</strong>-sûr le recyclage, mais surtoutla sobriété et le réemploi.Concrètem<strong>en</strong>t, les Ateliers de laBergerette ont mis <strong>en</strong> œuvre le concept derecyclerie autour de quatre activités complém<strong>en</strong>taireset indissociables.Tout d’abord, la collecte, par apportvolontaire ou <strong>en</strong>lèvem<strong>en</strong>t à dom<strong>ici</strong>le d’<strong>en</strong>combrantsménagers ou de “déchetsindustriels banals”, qui est dite “adaptée”ou “séparative”. Il s’agit de préserver aumaximum l’état des déchets collectés afinde favoriser leur valorisation par réemploi.En deuxième, les objets collectéssont valorisés : triés, nettoyés et, dans lamesure du possible, réparés. Les objetsqui ne sont pas réutilisables sont démontés,dépollués et triés par matières premièrespour être valorisés dans les filièreslocales de recyclage conv<strong>en</strong>tionnel. Entroisième, les objets “réemployables” sontmis <strong>en</strong> v<strong>en</strong>te dans le Recycl’à brac, magasinqui constitue l’aboutissem<strong>en</strong>t de lafilière mise <strong>en</strong> place par l’association.Ainsi, <strong>en</strong> 2002, 72% des 700 tonnes dedéchets collectés ont été valorisés, soitpar réemploi, soit par recyclage <strong>en</strong> dehorsde la structure. Le magasin représ<strong>en</strong>te lestrois quarts des recettes de la Bergerette,ce qui lui permet, avec d’autres ressourcestelles que la v<strong>en</strong>te de matières premièresou les collectes à dom<strong>ici</strong>le, de s’autofinancer: les subv<strong>en</strong>tions représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tmoins de 5% du budget de l’association.La quatrième activité, l’information etla s<strong>en</strong>sibilisation, est c<strong>en</strong>trale et doit êtrevue comme la vocation des Ateliers. Eneffet, comme l’explique Jérome “c’est à lasource qu’il faut agir”, <strong>en</strong> produisant moinset mieux, “mais les industriels ne ferontri<strong>en</strong>, tant qu’il n’y aura pas de lois contraignantes”.Les salariés qui, comme Jérome,SILENCE N°3305Décembre 2005


Les Ateliers de la BergeretteHervé Joncheray/BergeretteS<strong>en</strong>sibilisation à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.Alban LabouretCollecte des <strong>en</strong>combrants.partag<strong>en</strong>t les convictions écologistes fondatricesde l’association, se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t parfoisdécouragés dans leur travail. “Nous nesommes qu’une goutte d’eau dans le système”dit Eric. Admettant que les m<strong>en</strong>talitésévolu<strong>en</strong>t et que les médias les aid<strong>en</strong>tde plus <strong>en</strong> plus dans leur travail de s<strong>en</strong>sibilisation,il déplore aussi que ceux-ci,sous la pression des annonceurs, pouss<strong>en</strong>t<strong>en</strong> même temps de plus <strong>en</strong> plus à laconsommation.La mondialisation est vue comme unfrein au changem<strong>en</strong>t des comportem<strong>en</strong>tsde consommation. Comm<strong>en</strong>t inciter auréemploi, alors que le marché est inondépar des bi<strong>en</strong>s neufs, sans cesse r<strong>en</strong>ouveléset très bon marché, issus des industriesdélocalisées ? Il y a ainsi un déséquilibre<strong>en</strong>tre l’offre et la demande de produitsd’occasion qui peut mettre <strong>en</strong> péril l’activitédes Ateliers de la Bergerette. A preuve,les fripes qui étai<strong>en</strong>t rev<strong>en</strong>dues, il y aquelques années à <strong>en</strong>viron 0,20€ le kilo,sont aujourd’hui données aux grossistes“et <strong>en</strong>core nous sommes heureux qu’ellespart<strong>en</strong>t gratuitem<strong>en</strong>t !” ironise Eric. Pasfacile de responsabiliser les consommateursface au dumping de l’économiemondialisée !L’activité de recyclerie permet d’appuyerpar l’expérim<strong>en</strong>tation d’une alternativeconcrète un discours de s<strong>en</strong>sibilisationà l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Si on pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong>compte l’intérêt général, créer une activitébasée sur le réemploi n’a aucun s<strong>en</strong>ssans un discours de s<strong>en</strong>sibilisation permettantde changer les comportem<strong>en</strong>ts.Le recyclage sans réduction de la consommationpourrait même, par l’<strong>en</strong>tremise del’effet rebond, avoir des conséqu<strong>en</strong>cescontraires à celles recherchées. Gestiondes déchets et discours anti-consuméristesont donc intimem<strong>en</strong>t liés. Nous sommes<strong>ici</strong> très loin du discours développem<strong>en</strong>tdurable des <strong>en</strong>treprises de recyclage classiques,qui, <strong>en</strong> prônant la réduction desdéchets à la source, aurai<strong>en</strong>t peur de scierla branche sur laquelle elles sont assises.“Il ne s’agit pas seulem<strong>en</strong>t de ramasser pourrev<strong>en</strong>dre”, résume Eti<strong>en</strong>ne, un des fondateursde l’association, “c’est l‘éducation quipermettra d’arriver au but politique de larecyclerie : la décroissance !”.Les Ateliers de la Bergerette ont doncmis <strong>en</strong> place un dispositif très étoffé permettantla s<strong>en</strong>sibilisation et l’informationde publics variés. Les <strong>en</strong>fants toutd’abord, pour lesquels ont été créées desanimations scolaires <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avecdes réseaux d’éducation à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tcomme Ecole et nature ou Graine(1). La malle RouleTaBoule par exempleest un kit pédagogique permettant deconstruire une démarche de s<strong>en</strong>sibilisationà la gestion des déchets et à laconsommation responsable pour les<strong>en</strong>fants à partir du CE2. Les Ateliers propos<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t des animations sousforme d’ateliers de fabrication de papierrecyclé, de sorties sur le terrain pourcompr<strong>en</strong>dre l’impact de l’activité humainesur le fonctionnem<strong>en</strong>t des écosystèmes,de visites de la recyclerie.Sandrine, qui est responsable de l’activité“S<strong>en</strong>sibilisation et information”,regrette cep<strong>en</strong>dant que beaucoup d’<strong>en</strong>seignantsne s’impliqu<strong>en</strong>t pas suffisamm<strong>en</strong>tdans ces animations. Il est <strong>en</strong> effet nécessaireque l’<strong>en</strong>seignant soit motivé pourfaire suivre l’animation par des actionsconcrètes, comme la mise <strong>en</strong> place du trides déchets dans la classe.Les actions d’information et de s<strong>en</strong>sibilisations’adress<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t à d’autrespublics. Les Ateliers de la Bergerette réalis<strong>en</strong>tpar exemple des animations sur laréduction de la consommation d’énergiedestinées à des adultes <strong>en</strong> insertion, unatelier de fabrication de papier recycléavec une association de mal-voyants etintervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dans de nombreux colloquespour expliquer le fonctionnem<strong>en</strong>tet les principes de la recyclerie.Par ailleurs, les Ateliers de la Bergeretteorganis<strong>en</strong>t ou part<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t à d<strong>en</strong>ombreuses manifestations auprès dugrand public, afin “de susciter desréflexions et de fournir des outils pour lechangem<strong>en</strong>t des comportem<strong>en</strong>ts et uneconsommation plus responsable”. Ainsi, ilspart<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t à au moins une action d’<strong>en</strong>vergurepar an : la construction à Beauvaisde la pyramide de Tout<strong>en</strong>karton <strong>en</strong>papier et carton de récupération, déménagem<strong>en</strong>tde tous les Ateliers p<strong>en</strong>dant troisjours sur la place de l’Hôtel-de-Ville deBeauvais, invitation d’artistes plast<strong>ici</strong><strong>en</strong>spour qu’ils cré<strong>en</strong>t à partir des matériauxtrouvés dans la recyclerie, actions de nettoyagede lieux pollués, etc.Enfin, l’association a ouvert dans seslocaux depuis 2003 un “Espace Info énergie”<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec l’Ademe (2), afinde fournir au grand public des informationssur les économies d’énergies, lesénergies r<strong>en</strong>ouvelables et l’écoconstruction.La volonté d’influ<strong>en</strong>cer les politiquesest un des objectifs fondateurs desAteliers de la Bergerette. Les statuts prévoyai<strong>en</strong>td’ailleurs, dès la création de l’association,“l’interv<strong>en</strong>tion auprès des collectivitéslocales pour qu’elles assum<strong>en</strong>t larécupération et le recyclage dans la perspectived’un moindre gaspillage”. Part<strong>en</strong>air<strong>en</strong>aturel des collectivités qui leur sous-trait<strong>en</strong>tla collecte des <strong>en</strong>combrants, lesAteliers de la Bergerette n’ont cessédepuis vingt ans d’y promouvoir un discours<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taliste. Les collectivitésont aujourd’hui hérité de la “compét<strong>en</strong>cedéchets” et reçoiv<strong>en</strong>t à ce titre desfonds d’Eco-emballages (3) destinés à las<strong>en</strong>sibilisation. Ainsi elles soll<strong>ici</strong>t<strong>en</strong>t lesAteliers pour les aider à concevoir desoutils de s<strong>en</strong>sibilisation, des animationsou pour former leurs animateurs ou“ambassadeurs du tri”. Mais leur implicationreste faible et elles se cont<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t sou-(1) Graine, Groupem<strong>en</strong>t régional d’animation et d’informationà la nature et à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>Picardie, 33, rue des Victimes-de-Comportet, 02000Merlieux, tél : 03 23 80 03 03 et Réseau école et nature,espace République, 20, rue de la République,34000 Montpellier,tél : 04 67 06 18 70, site :http:// www.ecole-et-nature.org(2) Ademe-Picardie, Ag<strong>en</strong>ce de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et dela maîtrise de l’énergie, 67, av<strong>en</strong>ue d’Italie, immeubleApotika, 80094 Ami<strong>en</strong>s cedex 03, tél : 03 22 45 18 90ou Ademe, 2, square Lafayette, BP 406, 49004 Angerscedex 01, tél : 02 41 20 41 20, http://www.ademe.fr(3) Eco-emballages, est une <strong>en</strong>treprise privée, créée àl’initiative d’industriels de la grande distribution, quia pour principal objectif de percevoir une contribu-SILENCE N°3306Décembre 2005


v<strong>en</strong>t de sous-traiter cette prérogative ausecteur associatif <strong>en</strong> s’auto-évaluant par laquantité d’animations subv<strong>en</strong>tionnées. Deplus, comme l’explique Eti<strong>en</strong>ne, leur collaborationavec les collectivités locales doitfaire face à des rétic<strong>en</strong>ces au niveau desélus <strong>en</strong> raison de l’originalité des Ateliers,notamm<strong>en</strong>t dans leur mode de fonctionnem<strong>en</strong>tautogestionnaire et égalitaire et dansleur discours anti-consumériste.Insertion durableet autogestionLes Ateliers de la Bergerette peuv<strong>en</strong>têtre vus comme une structure d’insertionpar l’emploi. Mais ils rest<strong>en</strong>t très prud<strong>en</strong>tset critiques face aux dispositifs d’insertionet aux emplois aidés. Ces derniers sont <strong>en</strong>nombre très limité et lorsque l’associationy a recours, c’est uniquem<strong>en</strong>t dans l’optiquede les pér<strong>en</strong>niser. Cette approchecorrespond à une volonté d’indép<strong>en</strong>dancepar rapport aux subv<strong>en</strong>tions, au refus dela précarisation de l’emploi, mais surtoutà une volonté de professionnaliser l’activitéde récupération et recyclage. Et cetteprofessionnalisation passe principalem<strong>en</strong>tpar la viabilité économique de lastructure et par la pér<strong>en</strong>nisation desemplois. Il n’y a jamais eu de lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>taux Ateliers.Chacun des 17 perman<strong>en</strong>ts de l’associationest responsable d’un atelier spécifique(ateliers de valorisation commepetit électroménager, ameublem<strong>en</strong>t,cycles, TV/bureautique, matières premières,mais aussi animation, comptabilité,etc.) et doit aussi s’impliquer dans desactivités communes. Ce “tronc commun”occupe les perman<strong>en</strong>ts à mi-temps. Ilcompr<strong>en</strong>d les activités d’accueil, de collecte,des tâches administratives ou degestion, le ménage.Le principe de partage du temps detravail <strong>en</strong>tre ateliers et “tronc commun”,principe posé dès la création de l’association,favorise la professionnalisation parle développem<strong>en</strong>t de compét<strong>en</strong>ces spécifiques.Il vise aussi la responsabilisationdes salariés et leur autonomie : chacungère son atelier et son temps comme ill’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d. Les Ateliers de la Bergerettefonctionn<strong>en</strong>t sans hiérarchie et chaquesalarié perçoit le même salaire (Smic+12%). Que l’on soit administrateur bénévoleou salarié, les décisions sont prises<strong>en</strong> conseil d’administration selon le principe“une personne égale une voix”.Ainsi, de par leur nombre, ce sont lessalariés qui dirig<strong>en</strong>t l’association.Sandrine apprécie l’égalité <strong>en</strong>tre desperman<strong>en</strong>ts de compét<strong>en</strong>ces, d’âges,d’origines sociales et d’expéri<strong>en</strong>ces trèsvariées. De même, la pluriactivité et l’alternance<strong>en</strong>tre travail <strong>en</strong> extérieur et <strong>en</strong>intérieur, le travail seul, <strong>en</strong> groupe, <strong>en</strong>interne ou au contact du public apporteune diversité extrêmem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>richissante.“C’est le côté très humain des Ateliers”,résume-t-elle.Bi<strong>en</strong> sûr, l’autogestion a ses limites.Avant de travailler aux Ateliers, Sandrin<strong>en</strong>’avait comme expéri<strong>en</strong>ce qu’un stage dehuit mois dans une <strong>en</strong>treprise multinationaledu secteur industriel, extrêmem<strong>en</strong>thiérarchisée et organisée. Passée à l’autreextrême, elle trouve l’autogestion parfoisusante : “L’autogestion a un côté bordel,du fait que chacun soit responsable de sonactivité et travaille dans son coin, du faitque je n’ai personne au-dessus de moi pourme motiver lorsque c’est nécessaire, du faitque, dans mon domaine de responsabilité, jesois arrivée à mon seuil de compét<strong>en</strong>ce etque je n’ai personne pour m’aider à progresser”.Elle avoue ainsi être passée par desphases d’euphorie et des phases de démotivationtotale. Mais les projets communspermett<strong>en</strong>t de motiver l’équipe, “tout lemonde s’y met de bon cœur, dans l’improvisation,même s’il manque parfois des personnespour coordonner et organiser <strong>en</strong>amont”. Comme le dit Eti<strong>en</strong>ne, “l’autodisciplinefait qu’il n’y a que des problèmes”,mais les Ateliers fonctionn<strong>en</strong>t depuisvingt ans sans patron et sans hiérarchie et,“miraculeusem<strong>en</strong>t, ça se remet <strong>en</strong> route tousles matins”.Le bilan du stage d’Amandine, quis’est “immergée” aux Ateliers de la Bergerettedans le cadre du compagnonnagedu réseau Repas, est accessible à tous surle tableau d’affichage de la salle à manger.Elle y résume les richesses et les limitesdu fonctionnem<strong>en</strong>t autogéré de l’association.Outre la responsabilisation et l’autonomie,l’autogestion <strong>en</strong>seigne la confiance<strong>en</strong> ses idées, <strong>en</strong> soi, <strong>en</strong> ses collègues.Elle permet d’agir et de travailler pour ungroupe et pour des valeurs partagées.Mais, selon Amandine, l‘autogestionamène aussi une certaine l<strong>en</strong>teur dans laprise de décisions et dans leur application,ainsi qu’une difficulté à évaluer sontravail. Elle p<strong>en</strong>se qu’il manque auxAteliers un organe de réflexion, d’évaluationpour parler des problèmes ou dest<strong>en</strong>sions qui peuv<strong>en</strong>t apparaître : “Ilmanque une réflexion commune pourconstruire une vision commune”.Ces limites, inhér<strong>en</strong>tes à l’autogestion,sont aussi le fait du nombre de perman<strong>en</strong>tsqui n’a cessé d’augm<strong>en</strong>ter depuisvingt ans. Les Ateliers de la Bergerette onttion financière (<strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, 2 c<strong>en</strong>times par emballage<strong>en</strong> 2000-2002) de la part des <strong>en</strong>treprises qui v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tdes produits emballés à destination des ménages.Cette écotaxe est <strong>en</strong>suite reversée aux collectivitéspour les aider dans la mise <strong>en</strong> place du tri sélectif surleur territoire. On reconnaît les produits qui sont l’objetde cette écotaxe par un “point vert”, qui ne veutcep<strong>en</strong>dant pas dire que le produit est recyclable. Iln’incite pas non plus à réduire le volume des emballages.Eco-emballages, 44, av<strong>en</strong>ue Georges-Pompidou,BP 306, 92302 Levallois-Perret cedex, tél : 01 4089 99 99, http://www.ecoemballages.fr Visite lors d’une journée portes ouvertes..Hervé Joncheray/BergeretteSILENCE N°3307Décembre 2005


Les Ateliers de la Bergerettedonc dû intégrer à ce qu’ils appell<strong>en</strong>t laRoc — réunion de l’organe de concertation— un système de délégation sur certainssujets comme la gestion du planningcollectif. Ce système a permis d’améliorerle fonctionnem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> créant une dynamiquede projet et <strong>en</strong> permettant un suiviplus efficace des actions et cela visiblem<strong>en</strong>tsans remettre <strong>en</strong> cause l’abs<strong>en</strong>ce dehiérarchie. Selon Eti<strong>en</strong>ne, il n’y a jamaiseu de volonté de prise de pouvoir.De l’humanitaireà l’écologieLes racines de cette alternative solidaireet écologiste, qui voit off<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>tle jour <strong>en</strong> 1984, remont<strong>en</strong>t aux années60. Ses futurs fondateurs pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t goût àl’organisation de projets collectifs chez lesEclaireurs Scouts. C’est à cette époquequ’ils pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>ce qu’il existe untiers-monde et qu’ils constitu<strong>en</strong>t àBeauvais un comité de jeunes contre lafaim dans le monde. Mais ils pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>taussi consci<strong>en</strong>ce de l’exist<strong>en</strong>ce de cequ’on appellera plus tard le quart-mondeet choisiss<strong>en</strong>t de ne pas limiter leur actionà l’humanitaire. Eti<strong>en</strong>ne, qui était à l’originede ces projets, confie qu’il ne s’estpas s<strong>en</strong>ti concerné par les événem<strong>en</strong>ts demai 68 : “Lorsqu’<strong>en</strong> 68 je traversais lesbidonvilles de Nanterre pour me r<strong>en</strong>dre à lafac de sociologie où j’étudiais, c’est l’actionqui me motivait et non pas Marx !”. Desactions pour le dépannage de famillespauvres vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ainsi s’ajouter auxactions m<strong>en</strong>ées par ces jeunes Beauvaisi<strong>en</strong>s,qui cré<strong>en</strong>t l’Association dejeunes pour l’<strong>en</strong>traide et le développem<strong>en</strong>t(Ajed). Ils mett<strong>en</strong>t ainsi <strong>en</strong> place, <strong>en</strong>collaboration avec les assistantes sociales,un système de prêt pour les familles <strong>en</strong>difficulté. Ils cré<strong>en</strong>t aussi des bibliothèquesde rues dans les quartierspauvres.Au début des années 70, la sortie durapport du Club de Rome et la campagneprésid<strong>en</strong>tielle de l’écologiste et tiers-mondisteR<strong>en</strong>é Dumont infléchiss<strong>en</strong>t l’actionde l’Ajed. Ils s’install<strong>en</strong>t à la ferme de laBergerette et pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une ori<strong>en</strong>tationrésolum<strong>en</strong>t écologiste tout <strong>en</strong> continuantleurs actions <strong>en</strong> faveur des “tiers etquarts-mondes”. Une r<strong>en</strong>contre avec descompagnons d’Emmaüs leur donne l’idéede financer leurs actions par des activitésde récupération.Au début des années 80, l’Ajed subitde plein fouet une crise du bénévolat etune forte démotivation. C’est alors qu’ilsse mobilis<strong>en</strong>t et rep<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t complètem<strong>en</strong>tleur projet. L’activité de récupération, quin’était jusque-là qu’un moy<strong>en</strong> de financerleurs actions sociales et humanitaires,devi<strong>en</strong>t un but <strong>en</strong> soi. L’objectif de l’associationsera la s<strong>en</strong>sibilisation à l’écologieet la lutte contre le gaspillage. Et de ladémotivation des bénévoles de l’Ajedvi<strong>en</strong>t aussi la motivation de professionnaliserleur activité. Le recours au bénévolatdu temps de l’Ajed aura permis de financerl’acquisition de la ferme et ainsi delancer les Ateliers de la Bergerette <strong>en</strong>1984 avec un solide capital de départ.L’autogestion était déjà le mode de fonctionnem<strong>en</strong>tde l’Ajed et s’impose naturellem<strong>en</strong>tau mom<strong>en</strong>t de la création desAteliers de la Bergerette.De l’expéri<strong>en</strong>ceà l’exemplaireEn 1997, l’arrivée d’une nouvellegénération de perman<strong>en</strong>ts fait pr<strong>en</strong>dre unnouveau virage à l’association. Ces nouveauxv<strong>en</strong>us aid<strong>en</strong>t à mieux conceptualiserl’activité des Ateliers, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>introduisant l’idée de réemploi, se distinguantdu recyclage et <strong>en</strong> inscrivant leursvaleurs <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales dans l’objectifde la décroissance. La recherche d’unemeilleure qualité dans l’activité des Ate -liers devi<strong>en</strong>t à l’ordre du jour à partir de2000. L’idée est, comme l’exprime Eti<strong>en</strong>ne“de passer d’une recyclerie expérim<strong>en</strong>tale àune recyclerie exemplaire”.Face aux soll<strong>ici</strong>tations d’élus souhaitantmettre <strong>en</strong> place le même type derecycleries dans leurs circonscriptions etface à un fonctionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> autogestionqui devi<strong>en</strong>t complexe au delà de dix perman<strong>en</strong>ts,les Ateliers choisiss<strong>en</strong>t de limiterleur croissance et de favoriser la créationd’autres structures de ce type. En bonautogestionnaire, Eti<strong>en</strong>ne n’aime pasl’idée d’essaimage, car les ruches sont hiérarchiséeset que c’est une reine qui commandela construction d’une nouvelleruche. Il préfère parler de constitutionsde réseaux et d’accompagnem<strong>en</strong>t de porteursde projets.Ainsi, la r<strong>en</strong>contre avec un universitairequébécois à l’origine du concept de“ressourcerie” aboutit <strong>en</strong> septembre 2000à la création du réseau des Recycleries &ressourceries (4). L’objectif est de fédérerun <strong>en</strong>semble de structures spécialiséesdans le réemploi au sein d’un groupem<strong>en</strong>tprofessionnel et de promouvoir cette activité.Le concept de Recycleries & ressourceriesest déposé et chaque nouvel adhér<strong>en</strong>ts’<strong>en</strong>gage à respecter une charte. Las<strong>en</strong>sibilisation est toujours l’objectif c<strong>en</strong>trald’une recyclerie, qui se donne commemoy<strong>en</strong>s la collecte, la valorisation et laHervé Joncheray/BergeretteChantier de bénévoles : démontage des ferreux.rev<strong>en</strong>te de déchets valorisés. Le réseaucomptait neuf membres <strong>en</strong> France à sacréation. Aujourd’hui ils sont une vingtainede structures à y adhérer, associationsou régies.La région Picardie a financé des personnes,dans le cadre des emplois-jeunes,afin qu’elles se form<strong>en</strong>t au métier de“valoriste <strong>en</strong> réemploi” p<strong>en</strong>dant plusieursmois au sein des Ateliers de la Bergerette.Elle a <strong>en</strong>suite confié à un de ces jeunes lacréation d’une recyclerie couplée à unedéchetterie, selon les principes de la chartedu réseau des Recycleries & ressourceries.De même, les Ateliers de la Bergerettepart<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t activem<strong>en</strong>t au Réseaud’échange et de pratiques alternatives etsolidaires (Repas) et à son système decompagnonnage. Ainsi, des anci<strong>en</strong>s desAteliers et de Champs libres (5) vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tde créer avec un anci<strong>en</strong> compagnonRepas une recyclerie <strong>en</strong> Limousin (6).Alternatifs à bi<strong>en</strong>des égardsAlternatifs, les Ateliers de la Berge -rette le sont à bi<strong>en</strong> des égards. Alternatifsdans leur modèle économique, puisqu’ils’agit d’une association à but non lucratifopérant dans un secteur de plus <strong>en</strong> plusconsidéré comme un eldorado par lesgrands groupes industriels. Alternatifsdans leur modèle de “développem<strong>en</strong>t”,puisqu’ils p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t avoir atteint, avec dixseptpersonnes salariées, leur taille maximale.Alternatifs dans leur vision de laconcurr<strong>en</strong>ce, puisqu’ils serai<strong>en</strong>t prêts àpartager leurs “territoires” avec d’autres etvont même jusqu’à tout mettre <strong>en</strong> œuvre(5) Voir S!l<strong>en</strong>ce N°265/266.(6) Association “Le monde allant vers...”, 2, rue desMaquisards, BP 14, 87120 Eymoutiers, tél : 05 55 6423 11.SILENCE N°3308Décembre 2005


pour aider d’autres structures à s’installer.Alternatifs dans leur fonctionnem<strong>en</strong>tinterne, puisqu’ils n’utilis<strong>en</strong>t les emploisaidés que pour les pér<strong>en</strong>niser, puisqu’ilsn’ont aucune hiérarchie et se vers<strong>en</strong>t dessalaires égaux et volontairem<strong>en</strong>t limités.Alternatifs dans leur interface avec le systèmedominant, qu’ils cherch<strong>en</strong>t avant toutà subvertir tout <strong>en</strong> restant indép<strong>en</strong>dants.La vision de la problématique desdéchets qu’offre les Ateliers de la Bergeretteconstitue-t-elle aussi une alternativecrédible ?Notre société de consommation produittoujours plus de déchets : d’après leCniid (7), un Français produit <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne550 kg de déchets par an et la France,tous secteurs confondus, produit chaqueannée 650 millions de tonnes de déchets,avec une croissance annuelle de 2% decette quantité. Or, 80% de ces déchets —donc des matières premières et de l’énergiequi ont été nécessaire à leur production— finiss<strong>en</strong>t soit <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tres d’<strong>en</strong>fouissem<strong>en</strong>t,soit <strong>en</strong> incinérateurs, créant desurcroît des problèmes écologiques et desanté publique. Le recyclage représ<strong>en</strong>teseulem<strong>en</strong>t 8% des traitem<strong>en</strong>ts réservés àces déchets. Et même si ce taux de recyclagedevait augm<strong>en</strong>ter, il faut pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>compte les matières premières et l’énergiequi seront nécessaires à la fabrication d<strong>en</strong>ouveaux bi<strong>en</strong>s de consommation à partirde ces matières recyclables. L’<strong>en</strong>tropie(8) générée par notre mode de développem<strong>en</strong>test donc extraordinairem<strong>en</strong>t élevée.Et face à la raréfaction des ressourcesnaturelles, qui devi<strong>en</strong>t prégnante aujourd’hui,accepter de continuer à produireautant d’<strong>en</strong>tropie revi<strong>en</strong>t à courir au su<strong>ici</strong>de.Il n’y a pas d’autre solution que deréduire drastiquem<strong>en</strong>t notre consommation(et ainsi réduire la production dedéchets à la source) et de prolonger ladurée de vie des bi<strong>en</strong>s consommés.Espérons que le réseau des Recy cleries& ressourceries saura favoriser l’éclosionde nombreuses alternatives allantdans le s<strong>en</strong>s des Ateliers de la Bergerette,car <strong>en</strong> axant leur action sur la réductionde la consommation, sur la lutte contre legaspillage et <strong>en</strong> favorisant le réemploi,ceux-ci ont su construire une vraie alternative,préfigurant non seulem<strong>en</strong>t ladéchetterie, mais peut-être aussi le supermarchédu 21 e siècle !Alban Labouret et Aymeric Mercier ■Les Ateliers de la Bergerette, 8, rue de la Bergerette,60000 Beauvais, tél : 03 44 48 26 74,http://bergerette.chez.tiscali.fr(7) Cniid, C<strong>en</strong>tre national d’information indép<strong>en</strong>dantesur les déchets, 21, rue Alexandre-Dumas, 75011Paris, tél : 01 55 78 28 60, http://www.cniid.org.(8) L’<strong>en</strong>tropie mesure le désordre, l’usure par oppositionà l’élaboration du monde par le vivant.Rions un peuDes déchets pour la croissanceAux antipodes de la démarche de s<strong>en</strong>sibilisation desRecycleries & ressourceries, le parcours pédagogique duc<strong>en</strong>tre de tri de Rillieux-la-Pape, <strong>en</strong> périphérie de Lyon, inciteles jeunes consommateurs à générer toujours plus de déchets,mais à mieux les trier, pour le bonheur des actionnairesde la multinationale Véolia et de la grande distribution.Le c<strong>en</strong>tre de tri de Rillieux-la-pape, exploité par la soxiété Onyx,filiale de Véolia (ex-Viv<strong>en</strong>di <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t), traite, à raison de 500tonnes par semaine, le cont<strong>en</strong>u d’une grande partie des poubelles vertesdu Grand Lyon : prospectus, journaux et emballages ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t.Il propose un “parcours pédagogique”, sout<strong>en</strong>u par le Grand Lyon, larégion Rhône-Alpes et l’Ademe, qui prés<strong>en</strong>te le fonctionnem<strong>en</strong>t de l’usine,à l’abri de vitres protégeant du bruit des machines et de l’odeur desdéchets. La responsable de production, dans une t<strong>en</strong>ue de travail impeccablecontrastant avec les conditions de travail des “trieurs”, a pourmission de s<strong>en</strong>sibiliser les citoy<strong>en</strong>s et <strong>en</strong> particulier les <strong>en</strong>fants, au trides déchets recyclables. Une série d’outils didactiques prés<strong>en</strong>te l’intérêtdu recyclage des déchets au travers de la problématique de la raréfactiondes ressources naturelles et des utilisations possibles des matièresrecyclées. Jusque là, tout va bi<strong>en</strong>.Mais le clou de l’exposition arrive et nous dévoile la vrai raison d’êtrede la pédagogie d’Onyx. Un coffre de voiture ouvert, dans lequel sontjetés pêle-mêle des d<strong>en</strong>rées alim<strong>en</strong>taires non emballées et devant lequels’étale une grosse flaque de lait : pour que nous puissions faire noscourses <strong>en</strong> voiture au supermarché, il est indisp<strong>en</strong>sable que les produitssoi<strong>en</strong>t emballés. Aucun autre mode de consommation que la grandedistribution n’est bi<strong>en</strong> sûr prés<strong>en</strong>té. Et pour cause ! Le fond de commercede ce c<strong>en</strong>tre de tri vi<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t de la grande distribution :journaux gratuits financés par des publ<strong>ici</strong>tés pour des produits v<strong>en</strong>dus<strong>en</strong> grande distribution et prospectus publ<strong>ici</strong>taires de grandes surfacesconstitu<strong>en</strong>t 45% des déchets. L’autre moitié de ces déchets sont lesemballages qui n’ont souv<strong>en</strong>t d’autre justification que le transport, lestockage, la manut<strong>en</strong>tion et la prés<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> linéaire : bref, la grandedistribution. Il est donc évid<strong>en</strong>t que Onyx, à moins d’avoir une stratégiede décroissance, n’a aucun intérêt à inciter les jeunes consommateursà des modes de consommation plus responsables : circuits courts et produitslocaux, produits <strong>en</strong> vrac ou peu emballés, emballages réutilisablesou consignés...L’autre message passé pour inciter les <strong>en</strong>fants à dev<strong>en</strong>ir des citoy<strong>en</strong>sresponsables concerne la qualité du tri : la responsable de productiondéplore une proportion de 28 à 40% de “refus”, c’est-à-dire de déchetsnon triables. Ces déchets non triables sont ceux qui sont emballés dansdes sacs plastiques (pour des question de sécurité), les cartons trop gros(qui bloquerai<strong>en</strong>t les chaînes de tri automatisées) ou <strong>en</strong>core les pots deyaourt ou cont<strong>en</strong>ant des corps gras, dont le recyclage n’est pas r<strong>en</strong>table.Ces “refus” diminu<strong>en</strong>t d’autant le tonnage facturable <strong>en</strong> sortie d’usine.Il s’agit donc clairem<strong>en</strong>t d’inciter les consommateurs-trieurs à améliorerla r<strong>en</strong>tabilité du c<strong>en</strong>tre de tri Onyx.En résumé, être un “citoy<strong>en</strong> éco-responsable” <strong>ici</strong> c’est pr<strong>en</strong>dre sa voiture,aller au supermarché avec le tract promotionnel qu’on a trouvé danssa boîte aux lettres, acheter des produits sur-emballés puis, après lesavoir consommés, mettre l’emballage et le tract dans la poubelle verte,qui partiront au c<strong>en</strong>tre de tri afin d’être recyclés. Et tout ça, comme ledisait la responsable de production d’Onyx aux <strong>en</strong>fants, “pour économiserle pétrole dont nous avons besoin pour continuer à utiliser nos voitures”(sic). Et la boucle est bouclée ! A.L et A.M.SILENCE N°3309Décembre 2005


Cannelle et pim<strong>en</strong>tAlternativesà la politique du kärcherUn collectif de femmes de cultures diverses, à l’origine d’une activitéde traiteur <strong>en</strong> banlieue lyonnaise, mont<strong>en</strong>t les associations Cannelleet pim<strong>en</strong>t et Cannelle solidarité. Entre création d’emplois solidaires,échanges culturels et <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t bénévole dans l’émancipation des femmes,ce collectif créé du li<strong>en</strong> social dans son quartier.Alban LabouretUne partie de l’équipe de Cannelle et pim<strong>en</strong>t (de g à dr) : Françoise, Louisa, Amina, Eugénie, Juliette, Abla et Amandine.Le quartier de la Thibaude àVaulx-<strong>en</strong>-Velin semble paisible.Immeubles relativem<strong>en</strong>t réc<strong>en</strong>ts,espaces arborés, jardins potagers familiaux,le voisinage du local de Cannelle etpim<strong>en</strong>t semble bi<strong>en</strong> loin des effrayants clichésqui peupl<strong>en</strong>t l’imaginaire des citadinsdu c<strong>en</strong>tre-ville à propos de Vaulx-<strong>en</strong>-Velin, où se sont déroulées il y a quelquesannées de viol<strong>en</strong>tes émeutes. Il n’y a ri<strong>en</strong><strong>ici</strong> qui donne <strong>en</strong>vie de passer le kärcher. Yaurait-il donc des alternatives à la résignationet au tout sécuritaire ? Les activitésm<strong>en</strong>ées par le collectif de femmes decultures diverses, à l’origine de Cannelle etpim<strong>en</strong>t, font sans aucun doute partie deces alternatives.Gastronomie etéchanges culturelsEn 1993, trois femmes d’origineréunionnaise et algéri<strong>en</strong>ne, prépar<strong>en</strong>t ungrand buffet pour le c<strong>en</strong>tre social duGrand Vire. Les plats qu’elles propos<strong>en</strong>t,adaptés de leurs cultures gastronomiquesrespectives, r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t un grand succès.Conquise, la directrice du c<strong>en</strong>tre socialleur demande d’organiser un repas poursoixante-dix personnes. C’est l’occasionde faire de nouveaux émules, car deuxjours après, les instits travaillant dans lequartier leur demand<strong>en</strong>t d’organiser desrepas m<strong>en</strong>suels faisant la promotion desspécialités culinaires des différ<strong>en</strong>ts pays.Petit à petit, elles se mett<strong>en</strong>t à organiserde nombreux repas et buffets. En 1995, àl’occasion d’un r<strong>en</strong>contre sportive organiséepar la communauté arméni<strong>en</strong>ne, ellespass<strong>en</strong>t à l’échelon supérieur <strong>en</strong> préparantmille repas <strong>en</strong> un week-<strong>en</strong>d ! L’Opacdu Grand Lyon est prés<strong>en</strong>t et apprécieparticulièrem<strong>en</strong>t l’activité mêlant repasconviviaux et échanges interculturels,que ces femmes organis<strong>en</strong>t dans le cadredu c<strong>en</strong>tre social.En 1997, le collectif Cannelle etpim<strong>en</strong>t se constitue <strong>en</strong> association. Cellecireçoit le souti<strong>en</strong> de l’Opac, qui met à sadisposition un local tout équipé et adaptéaux normes, et permettant ainsi le lancem<strong>en</strong>td’une activité de traiteur au cœurdu quartier. Le c<strong>en</strong>tre social confirmeaussi son souti<strong>en</strong> <strong>en</strong> fournissant une gestionnaire.En 1998, Cannelle et pim<strong>en</strong>tcrée son premier contrat emploi solidaritépour une période de deux ans. Les li<strong>en</strong>sque l’association <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t avec le c<strong>en</strong>tresocial lui permett<strong>en</strong>t de recruter de nouvellesfemmes du quartier et de diversifier<strong>en</strong>core les cultures représ<strong>en</strong>tées dansl’équipe : Togo, Tunisie, Asie, Irak.L’association compte aujourd’hui neufsalariées. En 2002, elles organis<strong>en</strong>t dessoirées thématiques culturelles quiaccueill<strong>en</strong>t jusqu’à cinq c<strong>en</strong>ts personneset reçoiv<strong>en</strong>t des mains de Guy Hascoët,l’éphémère secrétaire d’Etat à l’économiesolidaire, le premier prix de l’initiative <strong>en</strong>économie solidaire.Cannelle et pim<strong>en</strong>t a égalem<strong>en</strong>t lancéune activité de v<strong>en</strong>te à emporter, afin derépondre à la forte demande des <strong>en</strong>seignantset des employés des <strong>en</strong>treprises<strong>en</strong>vironnantes, qui n’ont ni cantines, nirestaurants à proximité. Abla, une desfondatrices de l’association, explique quebi<strong>en</strong> qu’elle soit marginale, cette activitéest importante « car elle est créatrice deli<strong>en</strong>s ». L’association projette d’ouvrir unepetite terrasse devant le magasin au piedde l’immeuble, afin que leurs cli<strong>en</strong>ts puiss<strong>en</strong>tdéjeuner sur place, et ainsi contribuerun peu plus à faire connaître leurculture et à ouvrir le quartier sur l’extérieur.SILENCE N°33010Décembre 2005


Cannelle et Pim<strong>en</strong>tEmancipationféminine et solidaritéEn parallèle à cette association à vocationéconomique, le collectif s’investitbénévolem<strong>en</strong>t dans l’association Cannellesolidarité, qui a une vocation culturelle etsociale. L’aspect commercial dev<strong>en</strong>antprédominant à Cannelle et pim<strong>en</strong>t, c’est larecherche de convivialité qui a motivé lacréation de cette nouvelle association.Cannelle solidarité bénéf<strong>ici</strong>e des savoirfaireet des moy<strong>en</strong>s logistiques deCannelle et pim<strong>en</strong>t, et les met au servicedes causes que le collectif juge importantes,avant tout l’émancipation desfemmes et l’animation du quartier.Cannelle solidarité, qui bénéf<strong>ici</strong>e duconcours d’Amina, une animatrice salariéeà plein-temps, organise ainsi de nombreusesactivités : le mardi, des repas multiculturelsauxquels part<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t lesfemmes du quartier, mais qui sont aussil’occasion d’organiser des r<strong>en</strong>contres avecd’autres quartiers ; le mercredi, des atelierscuisine pour les <strong>en</strong>fants qui peuv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>suite t<strong>en</strong>ir des stands lors des fêtes dequartier ; le jeudi des ateliers de prév<strong>en</strong>tionsur la santé. Ponctuellem<strong>en</strong>t, Cannellesolidarité organise aussi des sorties etaccompagne des femmes <strong>en</strong> difficultéparce qu’elles sont sans papiers ou sansemploi. A l’automne 2005 ont débuté descours d’initiation au français.Amina fait connaître ces activités <strong>en</strong>allant à la r<strong>en</strong>contre des femmes p<strong>en</strong>dantle marché ou à la sortie des écoles. Elleexplique que celles-ci sont très demandeusesde ce g<strong>en</strong>re d’activités conviviales,car elles leur permett<strong>en</strong>t de sortir de chezelles et de pratiquer le français, unelangue qui est indisp<strong>en</strong>sable pour pouvoiréchanger <strong>en</strong>tre personnes issues de culturestrès diversifiées. Elle souhaite avanttout « donner confiance à des femmes immigrées», <strong>en</strong> perte de repères. Pour elle, leRéalisation d’un buffet sucré / salé.principal problème des femmes issues del’immigration est de pouvoir sortir dechez elles. S’il est relativem<strong>en</strong>t facile deles faire v<strong>en</strong>ir aux animations qui se pass<strong>en</strong>tau pied de leur immeuble, sortir duquartier reste un défi, ne serait-ce quepour visiter une fois dans leur vie le VieuxLyon. Abla confie même que les repas thématiquesque Cannelle solidarité a organisésdans le quartier étai<strong>en</strong>t pour certainesfemmes, déjà âgées, leur première fêtedepuis vingt ans ! Au cours de ces repas,auxquels assist<strong>en</strong>t toutes les communautéset toutes les générations, des femmescuisin<strong>en</strong>t les plats de leurs différ<strong>en</strong>ts paysd’origine, des jeunes garçons font lesvigiles, des jeunes filles ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le bar etles jardins familiaux fourniss<strong>en</strong>t les finesherbes et la m<strong>en</strong>the.Après les émeutes qui ont secouéVaulx-<strong>en</strong>-Velin, les femmes du collectifont cherché « à pr<strong>en</strong>dre les jeunes <strong>en</strong>mains ». Elles les ont accompagnés dansla création d’un snack auquel Cannelle etpim<strong>en</strong>t livrait des plats. « Maint<strong>en</strong>ant, il ya trois snacks et moins de voitures brûlées »affirme Abla. Ces jeunes ont aujourd’huiacheté un hangar et ont de nombreuxprojets, comme la création d’un « hammamtraiteur ». Mais l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t desactrices de Cannelle solidarité ne se limitepas à leur quartier. Elles prêt<strong>en</strong>t aussi leurconcours à des causes internationales quileur sont chères, comme par exemplerécemm<strong>en</strong>t un concert de souti<strong>en</strong> àFlor<strong>en</strong>ce Aub<strong>en</strong>as ou des événem<strong>en</strong>tsorganisés <strong>en</strong> souti<strong>en</strong> aux victimes desséismes d’Algérie ou de Bam <strong>en</strong> Iran.L’écologie, même si ce n‘était pas leursouci premier, fait maint<strong>en</strong>ant partie despréoccupations du collectif. Après avoirorganisé ponctuellem<strong>en</strong>t certains repasbasés sur des produits biologiques, dontelle dit qu’ « ils sont de meilleure qualité »,Abla aimerait pouvoir am<strong>en</strong>er Cannelle etpim<strong>en</strong>t à ne « faire que du bio ». Bi<strong>en</strong> queson activité économique soit aujourd’huisur des rails et qu’il se soit déjà énormém<strong>en</strong>t<strong>en</strong>gagé au sein de sa communauté,le collectif ne manque pas d’idées pourl’av<strong>en</strong>ir. Et notamm<strong>en</strong>t celle de faire despetits : Abla considère qu’à dix salariés,Cannelle et pim<strong>en</strong>t aura atteint sa taillelimite. Elle aimerait pouvoir conseiller,comme elle a déjà eu l’occasion de le faire,d’autres collectifs qui voudrai<strong>en</strong>t s’installerpour lancer une activité similaire.Alternativeset exclusionEn Amérique Latine, <strong>en</strong> Amérique duNord, <strong>en</strong> Asie, les exclus du systèmedominant s’organis<strong>en</strong>t pour faire face àl’incapacité de leurs Etats à corriger leseffets destructeurs du progrès capitaliste.Et ils mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> œuvre des alternativesqui, à plus ou moins grande échelle, suscit<strong>en</strong>tla réflexion sur la nature du li<strong>en</strong>social et la finalité des échanges économiques.En France, la construction d’alternativesau système socioéconomiquedominant n’est pas, comme pourrait lepercevoir un lecteur de S!l<strong>en</strong>ce, uniquem<strong>en</strong>tle fait de citoy<strong>en</strong>s <strong>en</strong>gagés issus desmouvem<strong>en</strong>ts écologistes ou autogestionnaires; pas uniquem<strong>en</strong>t l’initiative deceux qui, par convictions, choisiss<strong>en</strong>t des’écarter des s<strong>en</strong>tiers battus de la sociétéindustrielle pour expérim<strong>en</strong>ter d’autresfaçons de travailler, d’échanger, de vivre.L’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t du collectif Cannelle etpim<strong>en</strong>t l’illustre bi<strong>en</strong> et apporte deuxgrands <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts. En premier lieu,qu’il est possible d’imaginer des alternativesqui, comme dans les pays anéantispar la mondialisation néolibérale, naiss<strong>en</strong>tau cœur des zones d’exclusion. Faceà la croissance des inégalités au seinmême des pays industrialisés, l’espoirqu’amène ce constat est imm<strong>en</strong>se. Endeuxième lieu, ce collectif montre quel’idéologie n’est pas l’unique moteur del’initiative. Des valeurs fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>thumanistes, le partage, l’ouverturevers l’autre, la convivialité, la volonté des’émanciper des aliénations socioéconomiqueset culturelles, peuv<strong>en</strong>t elles aussiêtre fondatrices d’alternatives allant dansle même s<strong>en</strong>s que celles basées sur unecroyance idéologique ou spirituelle. Uneraison de plus, s’il <strong>en</strong> fallait, pour appuyernos stratégies de changem<strong>en</strong>t social surl’exemplarité d’actions citoy<strong>en</strong>nes« micro-collectives », bi<strong>en</strong> plus que surde grands discours.Alban Labouret et Aymeric Mercier ■Cannelle et pim<strong>en</strong>t, traiteur “Cuisine du monde”,4 chemin Drevet, 69120 Vaulx-<strong>en</strong>-Velin,tél : 04 78 82 02 07.SILENCE N°33011Décembre 2005


Pain bioLa TartineComm<strong>en</strong>t, à partir du produit de baseque constitue notre pain quotidi<strong>en</strong>, une modestestructure militante autogérée t<strong>en</strong>te de construireune filière plus écologique et plus équitable.Le peuple réclame un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tplus sain et une économieplus équitable ? Donnez-lui dupain ! La Tartine est une boulangeriecoopérative autogérée implantée sur lesrives du lac d’Annecy, à Doussard <strong>en</strong>Haute-Savoie. A l’origine de cette alternative,<strong>en</strong> 1983, deux amis militants dansles milieux écologistes, souhait<strong>en</strong>t créerleur emploi <strong>en</strong> se ménageant du tempslibre pour leurs activités bénévoles. Al’instar de l’<strong>en</strong>semble des membres duRéseau d’échanges et de pratiques alternativeset solidaires, auquel ils part<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t,leur philosophie laisse une place prédominanteà l’action. Cette « culture dufaire » sa traduit par la volonté d’agir ausein d’une filière qu’ils estim<strong>en</strong>t être auc<strong>en</strong>tre des <strong>en</strong>jeux écologiques et sociauxde notre société : l’agriculture biologique.Mais ne souhaitant pas dev<strong>en</strong>ir paysans,ils choisiss<strong>en</strong>t de s’investir dans « la boulangerie,un métier simple au sein de lafilière agriculture biologique ».Aucun des deux fondateurs de laTartine ne connaît ce métier. Seul XavierAsselin, qui a aujourd’hui quitté la coopérative(pour vivre l’autonomie et la simpl<strong>ici</strong>tévolontaire <strong>en</strong> s’installant avec sayourte sur un petit terrain agricole), estattiré par la boulangerie. Leur idée dedépart est de faire du pain biologique unproduit d’alim<strong>en</strong>tation quotidi<strong>en</strong>ne, unproduit de base, qu’ils ambitionn<strong>en</strong>t de« démocratiser pour faire se développerl’agriculture biologique ».Ils démarr<strong>en</strong>t donc sans emprunts etavec un faible investissem<strong>en</strong>t de départ(30 000 F), mais dans une région dont l<strong>en</strong>iveau de vie moy<strong>en</strong> relativem<strong>en</strong>t élevé seprête bi<strong>en</strong> à la commercialisation de painbio. Dès le départ, ils font des choix radi-(1) Le levain pur est fabriqué à partir de farine complèteet d’eau de source. Après ferm<strong>en</strong>tation, ce produitnoble et millénaire prédigère les amidons de lafarine et r<strong>en</strong>d assimilables tous les élém<strong>en</strong>ts du grainde blé. Il permet de faire lever la pâte. Aujourd’hui,pour la plupart, les pains sont « levés » à la levure deboulanger, qui ne leur procure pas la mêmedigestibilité.(2) Minoterie Pichard, chemin du Moulin, 04350Malijai, tél : 04 92 34 01 04.(3) Nature & progrès, 68, boulevard Gambetta, 30700Uzès, tél : 04 66 03 23 40.(4) GPL : Gaz propane liquéfié.caux sur les modes de production qui ontun impact décisif sur la qualité du produitet sur leur façon de travailler : leur painsera au levain pur (1), cuit au feu de boiset, <strong>en</strong> dehors du pétrin mécanique, tout leprocessus de fabrication est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>tmanuel : « nous ne voulions pas nous passerdu travail musculaire » expliqueEti<strong>en</strong>ne Manipoud, un des fondateurs deLa Tartine.L’écologie étant au cœur de leurdémarche, ils choisiss<strong>en</strong>t de s’associeravec la minoterie Pichard (2). Le minotiersélectionne sa matière première, lescéréales, auprès de divers agriculteursafin de fournir à ses cli<strong>en</strong>ts, les boulangers,des farines de qualité homogène. Al’époque, l’association Nature & progrès(3) a mis <strong>en</strong> place une démarche visant àfaire passer des minotiers à une production100% biologique. La minoteriePichard est une des rares à avoir acceptécette démarche, qui impliquait notamm<strong>en</strong>tde se plier aux exig<strong>en</strong>ces de transpar<strong>en</strong>ceet de contrôle liés au cahier descharges de Nature & progrès. Elle s’estainsi séparée de ses cli<strong>en</strong>ts et fournisseurshabituels pour passer à une production100% biologique.L’ori<strong>en</strong>tation résolum<strong>en</strong>t écologiquede La Tartine s’est aussi traduite dans laconstruction de son fournil : autoconstructionà base de matériaux de récupération,isolation <strong>en</strong> ouate de cellulose,éclairage basse consommation… Mêmeleur four est auto-construit, ce qui a permisde diviser par dix son coût par rapportà un four du marché et les r<strong>en</strong>d totalem<strong>en</strong>tautonomes dans la maint<strong>en</strong>ance.« Tout faire soi-même avec un maximum dematériaux de récupération s’inscrit dansune démarche globale de recherche d’indép<strong>en</strong>dance,de maîtrise des matériaux et doncde maîtrise de notre outil de production »précise Eti<strong>en</strong>ne. Autre point fort de cefour auto-construit, il fonctionne exclusivem<strong>en</strong>tavec des déchets de bois récupérésde l’industrie. Au départ livrée dansdes sacs <strong>en</strong> papier non réutilisables, lafarine est aujourd’hui livrée <strong>en</strong> vrac etstockée dans des silos à l’arrière du fournil.Deux fourgons servant à la livraisondes pains fonctionn<strong>en</strong>t au GPL (4) et, afinAlban LabouretLes pains façonnés, prêts pour l’<strong>en</strong>fournem<strong>en</strong>t.d’éviter de faire voyager les pains, LaTartine essaie de relocaliser au maximumsa cli<strong>en</strong>tèle.Pour ce faire, La Tartine a mis <strong>en</strong> placeun point de v<strong>en</strong>te directem<strong>en</strong>t au sein dufournil. Il pr<strong>en</strong>d de plus <strong>en</strong> plus d’importance.Cela a <strong>en</strong> outre l’avantage de créerun li<strong>en</strong> et des échanges avec les cli<strong>en</strong>tsqui les <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t et qui compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tainsi leur façon de travailler. Les autrespoints de v<strong>en</strong>te de La Tartine sont constituéspar des magasins ou coopérativesbiologiques, ainsi que par une prés<strong>en</strong>cedeux fois par semaine sur des marchéslocaux.Démocratiserle pain bioFidèle à son objectif initial de démocratiserle pain biologique, « la Tartine aaccepté de diffuser dans des supermarchés,malgré l’iniquité commerciale de ce type dedistribution ». La Tartine travaille doncavec trois moy<strong>en</strong>nes surfaces locales,mais aux dires d’Eti<strong>en</strong>ne, sans faire deconcessions : « il faut être prêt à partir dujour au l<strong>en</strong>demain d’un supermarché ».Cette posture semble leur conférer uneposition de force dans des relations avecdes acheteurs, dont on sait qu’ils ont l’habituded’écraser leurs fournisseurs.Bi<strong>en</strong> consci<strong>en</strong>ts de l’iniquité du systèmede grande distribution, les boulangersde La Tartine aimerai<strong>en</strong>t pouvoir mettre<strong>en</strong> place des filières complètem<strong>en</strong>t équitables.Mais beaucoup d’acteurs de cesfilières sont complètem<strong>en</strong>t opposés à latranspar<strong>en</strong>ce des marges. « La transpar<strong>en</strong>cedes filières bio reste à créer, c’est le dernierblocage écologique ». Pour illustrercette affirmation, Eti<strong>en</strong>ne explique comm<strong>en</strong>tLa Tartine s’était constitué, grâceaux conditions de paiem<strong>en</strong>t que demandaitle minotier, une trésorerie importante.Au départ, les coopérateurs de LaTartine ont choisi de placer cette trésore-SILENCE N°33012Décembre 2005


associations, construisons nos maisons,trouvons du temps pour jardiner… ».L’objectif de La Tartine n’est donc pas desatisfaire des actionnaires invisibles, maisdes coopérateurs associés. Ceux-ci estim<strong>en</strong>tqu’il s’agit d’un choix militant. Ilsconsidèr<strong>en</strong>t leur <strong>en</strong>treprise comme unecoopérative de travail, basée sur desvaleurs communes concernant l’écologiebi<strong>en</strong> sûr, mais aussi la notion de travail :pas de hiérarchie, des décisions cons<strong>en</strong>suelles,une diminution importante dutemps de travail.Au nombre de quatre depuis unedizaine d’années et bi<strong>en</strong> qu’il y ait beaucoupde demandes insatisfaites, les coopérateursde La Tartine ont décidé qu’ilsavai<strong>en</strong>t atteint leur taille limite. Cettevolonté de limiter leur croissance s’expliqued’abord par le fait qu’ils estim<strong>en</strong>tavoir acquis un niveau de confort raisonnable: confort dans les conditions de travail,mais aussi confort matériel. La rémunérationà laquelle ils ont accédé aujourd’huiest considérée comme satisfaisante.Ils ont donc décidé de la bloquer et de l’indexersur l’indice Insee. Les profits qu’ilsfont sont dorénavant répercutés sur leursprix de v<strong>en</strong>te, ce qui leur permet de limiterl’inflation des prix de leurs pains. Là<strong>en</strong>core, il s’agit selon Eti<strong>en</strong>ne, d’un choixmilitant, « car l’inflation est le résultat d’unsystème basé sur des profits inéquitables ».rie dans des Sicav (5). Après avoir m<strong>en</strong>éune réflexion sur ce choix initial, ils ontdécidé de v<strong>en</strong>dre leurs Sicav et de payer leminotier au comptant, <strong>en</strong> lui demandantde répercuter ces conditions auprès desagriculteurs auprès desquels celui-ci sefournissait <strong>en</strong> céréales. Mais ils admett<strong>en</strong>tne pas pouvoir vérifier si le minotier le faitvraim<strong>en</strong>t, la transpar<strong>en</strong>ce restant toujoursun tabou au sein de la filière. « C’est dommage,ajoute Eti<strong>en</strong>ne, l’équité devrait être lecheval de bataille de la bio ! ».Un travail collectifLe statut choisi pour La Tartine est lasociété <strong>en</strong> nom collectif, avec quatre associésà parts égales. Ce choix est lié à lavolonté de ne pas limiter la responsabilitéde chaque associé à son investissem<strong>en</strong>t.C’est donc selon eux, le choix de la responsabilité,pour éviter les comportem<strong>en</strong>tsd’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs irresponsables quifont faillite et peuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite remonterune société sous le nom d’un proche. Lesquatre associés se répartiss<strong>en</strong>t un travailconstitué de trois jours de production parsemaine, de la prés<strong>en</strong>ce sur des marchés lemardi et le samedi et de tâches collectivestelles que la gestion et les livraisons. “Lesjournées de production sont de 12 heuresbi<strong>en</strong> tassées » ! Chacun fait son pain « deA à Z ». Les coopérateurs comptabilis<strong>en</strong>tle pain que chacun fabrique et se répartiss<strong>en</strong>tles bénéfices <strong>en</strong> fonction de la productionréalisée. Cela leur apporte beaucoupde souplesse au niveau du temps detravail et des rev<strong>en</strong>us souhaités. Ils ontainsi une production équival<strong>en</strong>te à uneboulangerie de quartier classique, maisfont vivre quatre personnes. En outre,cette organisation du travail répond à leurobjectif initial de se libérer du temps pourdes activités militantes ou domestiques :« nous militons souv<strong>en</strong>t dans les mêmes(5) Société d’investissem<strong>en</strong>t à capital variable (placem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> bourse).Alban LabouretLes pains cuits sont démoulés à la sortie du four.Multiplier plutôtque croîtreL’autre raison de la volonté des associésde La Tartine de ne plus croître est,avou<strong>en</strong>t-ils, leur incapacité à faire <strong>en</strong>trerdes jeunes dans l’<strong>en</strong>treprise. L’<strong>en</strong>treprise aété construite p<strong>en</strong>dant plusieurs années àleur mesure et « peut paraître sclérosantepour des jeunes qui ont plein d’idées ». Lesjeunes ont <strong>en</strong> effet besoin de mettre leurcréativité à l’œuvre <strong>en</strong> t<strong>en</strong>tant plein d’expéri<strong>en</strong>cesque les coopérateurs de LaTartine ont déjà t<strong>en</strong>tées et ne veul<strong>en</strong>t plust<strong>en</strong>ter. La Tartine préfère ainsi voir beaucoupde petites boulangeries s’installer etest d’ailleurs prête à les accompagner.Dans cet esprit d’essaimage, La Tartinepart<strong>ici</strong>pe activem<strong>en</strong>t au compagnonnagedu Repas. Elle a ainsi reçu cinq compagnons<strong>en</strong> immersion. Eti<strong>en</strong>ne estime quela jeunesse et la vision critique que peuv<strong>en</strong>tapporter les compagnons sont très<strong>en</strong>richissantes. L’échange qui se construitavec les compagnons permet de « dépasserun système de p<strong>en</strong>sée et des valeurs qui peuv<strong>en</strong>têtre vieillissants ». Espérons que LaTartine, qui reste très modeste par rapportà son expéri<strong>en</strong>ce, saura transmettre à cesjeunes le goût d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre différemm<strong>en</strong>t.Car que ce soit dans les filières del’agriculture biologique, ou dans les alternatives<strong>en</strong> général, il reste beaucoup depain sur la planche pour construire unmonde écologiquem<strong>en</strong>t et socialem<strong>en</strong>tdurable.Alban Labouret et Aymeric Mercier ■Boulangerie La Tartine, 955, route de La Ravoire,74210 Doussard, tél : 04 50 44 39 65.SILENCE N°33013Décembre 2005


EurosylvaDe discrets sylviculteursDiscrète. Les animateurs du Réseaud’échanges et de pratiques alternativeset solidaires (Repas) nousavai<strong>en</strong>t prév<strong>en</strong>us : il n’était pas sûrqu’Eurosylva accepte d’être le sujet d’unreportage dans S!l<strong>en</strong>ce. Et ChantalHirschauer, la dynamique gérante d’Eu -rosylva, qui a finalem<strong>en</strong>t accepté de nousr<strong>en</strong>contrer, comm<strong>en</strong>ce effectivem<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong><strong>en</strong> nous prév<strong>en</strong>ant qu’il n’est pasdans les usages de l’<strong>en</strong>treprise de communiquerà l’extérieur. Eurosylva est une<strong>en</strong>treprise discrète.Discrète de par son métier, la sylviculture,qui se pratique au cœur des forêts.Là où les bûcherons abatt<strong>en</strong>t et débard<strong>en</strong>t,là où le temps qui passe, la météo etles animaux sauvages font leur œuvre,parfois destructrice, les employés d’Eu -rosylva se préoccup<strong>en</strong>t de la longévité, dela santé et de la beauté de nos forêts, partout<strong>en</strong> France. Reboisem<strong>en</strong>t, élagage,éclaircissem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de plantations,balivage (1), inv<strong>en</strong>taires, comptages…toutes ces tâches souv<strong>en</strong>t invisibles à l’œildu simple prom<strong>en</strong>eur sont au cœur dumétier de cette petite <strong>en</strong>treprise basée <strong>en</strong>Aveyron. Ces chantiers lui sont confiéspar des propriétaires, des experts forestiersou des groupem<strong>en</strong>ts forestiers, qui serepos<strong>en</strong>t sur l’expéri<strong>en</strong>ce tr<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire et del’exig<strong>en</strong>ce de qualité d’Eurosylva. Uneexpéri<strong>en</strong>ce qui fait qu’aujourd’hui, lerésultat de son mode de gestion sylvicoleest souv<strong>en</strong>t citée <strong>en</strong> exemple. Cette gestion,qui vise à trouver un équilibre <strong>en</strong>trele souci de productivité imposé par l’industrieforestière et les contraintes <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>talessur le long terme, reposeaussi sur la capacité des collaborateursd’Eurosylva à faire leurs les soucis despropriétaires forestiers. Côté écologie,cette gestion aboutit à des évid<strong>en</strong>ces,comme le refus d’utiliser des traitem<strong>en</strong>tschimiques ou comme l’introduction progressivede techniques d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> nouvellescomme la taille douce. Mais ellemène égalem<strong>en</strong>t à des positions qui pourrai<strong>en</strong>tparaître beaucoup moins évid<strong>en</strong>tesaux yeux d’écologistes tels que les lecteursde S!l<strong>en</strong>ce. Comme par exemple lefait de n’être pas systématiquem<strong>en</strong>t opposésaux chasseurs, qui peuv<strong>en</strong>t avoir unrôle bénéfique pour les écosystèmesforestiers, de régulateur des espèces animalessylvestres. Ou <strong>en</strong>core comme le faitd’affirmer que les forêts de résineux, quiont connu un fort développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>France au cours du vingtième siècle, nesont pas forcém<strong>en</strong>t nocives pour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tsi elles sont bi<strong>en</strong> conduites. Ils’agit <strong>en</strong> effet pour Eurosylva, d’éviter lesmonocultures appauvrissantes, de réfléchiravec d’autres part<strong>en</strong>aires aux changem<strong>en</strong>tsclimatiques <strong>en</strong> cours qui auront unimpact certain sur l’<strong>en</strong>semble des peuplem<strong>en</strong>tsforestiers et donc de diversifier lesess<strong>en</strong>ces.Née de la mouvancecommunautaireDiscrète aussi peut-être de par sonhistoire. Une histoire qui a comm<strong>en</strong>cédans les années soixante-dix avec unecommunauté clandestine hébergeantdans la forêt aveyronnaise des anti-franquisteset des <strong>en</strong>fants des Républicainsespagnols. Une communauté donc trèsmarquée politiquem<strong>en</strong>t par la gauchelibertaire et autogestionnaire. Cette communauté,dev<strong>en</strong>ue communauté de travail,a un jour r<strong>en</strong>contré un donneurd’ordre et ce fut le début de l’av<strong>en</strong>ture quia conduit à ce qu’est Eurosylva aujourd’hui.De cette histoire, les employésd’Eurosylva rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t un héritage :l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t social, l’autogestion, le travailà temps choisi, l’égalité de salaires etl’esprit communautaire. Car, selon ChantalHirschauer, « Eurosylva est aujourd’hui<strong>en</strong>core une communauté de travail ».(1) Le balivage consiste à sélectionner et à marquerles arbres à épargner lors d’une coupe.DRPlantation.SILENCE N°33014Décembre 2005


Discrète <strong>en</strong>fin, et c’est la vraie raisonavancée par sa gérante, car le plus importantà Eurosylva est son fonctionnem<strong>en</strong>tinterne. « Eurosylva est une <strong>en</strong>trepriseconstituée de personnes autonomes et responsables,capables de vivre <strong>en</strong> collectivitéle temps d’un chantier ». C’est une vraieprofession de foi et tout le reste <strong>en</strong> découle.Bi<strong>en</strong> que le statut de Sarl ne reflète pasles fondem<strong>en</strong>ts autogestionnaires de l’<strong>en</strong>treprise— un statut de Cuma (2) de servicesaurait été plus proche de leur fonctionnem<strong>en</strong>tinterne, mais risquait dedécrédibiliser l’<strong>en</strong>treprise à l’extérieur —Eurosylva a su rester cohér<strong>en</strong>te avec sesidéaux. Il n’y a effectivem<strong>en</strong>t aucune hiérarchie,pas de chefs d’équipes, ce qui permetune distribution égalitaire dessalaires, mais implique aussi une augm<strong>en</strong>tationdes responsabilités de chacun. Il ya, dans l’<strong>en</strong>treprise, deux assembléesgénérales par an auxquelles part<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>tles quatorze salariés. Et « chaque salariéest rémunéré à l’heure et non à la tâche —ce qui exclut l’obsession du r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t ».Faire perdurerl’esprit alternatifDiscrète donc, mais pas repliée surelle-même, car malgré son <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tpolitique et éthique, Eurosylva doit gérerses relations externes au quotidi<strong>en</strong>comme n’importe quelle <strong>en</strong>treprise classique,avec les collectivités locales, avecles administrations, avec le marché et sescontraintes. « C’est diff<strong>ici</strong>le, confieChantal Hirschauer, de garder cet espritface au marché. La spontanéité ne va pasvers ça ! » Le réseau Repas, auquelEurosylva est historiquem<strong>en</strong>t liée, carMichel Besson (3), un des fondateurs duréseau était aussi à l’origine du « groupebois », est d’un grand r<strong>en</strong>fort pour partagersur la difficulté à faire perdurer unesprit alternatif tout <strong>en</strong> gérant ses relationsavec le système dominant.La difficulté pour l’av<strong>en</strong>ir d’Eurosylvasera de faire perdurer cet esprit alternatif.Comme l’explique sa gérante, « c’est une<strong>en</strong>treprise fragile, sans gros patrimoine,mais basée sur des g<strong>en</strong>s avec une histoire ».Or, on ne fait pas carrière au-delà de l’âge(2) Cuma, Coopératives d’utilisation de matériel agricole,apparti<strong>en</strong>t à la famille des coopératives de servicequi mett<strong>en</strong>t à disposition de leurs sociétaires lesmoy<strong>en</strong>s nécessaires à leurs exploitations.(3) Michel Besson est égalem<strong>en</strong>t un des fondateurs dela coopérative Andines et de l’association de commerceéquitable Minga. Lire « Construire des alternativesau commerce équitable », S!l<strong>en</strong>ce N°325-326.DRDRElagage.de quarante ans dans ce métier physiquem<strong>en</strong>téprouvant qu’est la sylviculture. Il ya donc un mom<strong>en</strong>t où il faut passer lamain. Au bout de cinq à sept ans de chantier,les sylviculteurs doiv<strong>en</strong>t évoluer versd’autres activités. Eurosylva essaie d’accompagnercette évolution par des investissem<strong>en</strong>tsdans la formation, comme parexemple cette formation à la taille douceet à l’élagage, qui permettra à une personnede créer une nouvelle activité à la r<strong>en</strong>trée.L’investissem<strong>en</strong>t dans un atelier demaint<strong>en</strong>ance du matériel a égalem<strong>en</strong>t permisà un des salariés de pér<strong>en</strong>niser sonemploi. De même, l’investissem<strong>en</strong>t dansune scie mobile est à l’origine d’une nouvelleactivité auprès des forêts paysannes,offrant du même coup à un anci<strong>en</strong> salariéqui avait connu des problèmes de santé,la possibilité de maint<strong>en</strong>ir son emploi.Chantal Hirschauer ainsi qu’un autre deScierie mobile.ses camarades, tous deux anci<strong>en</strong>s sylviculteurs,ont évolué vers des postes administratifs.Mais beaucoup d’anci<strong>en</strong>s ontaussi créé leur propre <strong>en</strong>treprise aprèsleur passage à Eurosylva, que ce soit dansla sylviculture, l’agriculture ou le débardageà cheval.Pour la relève, les recrutem<strong>en</strong>ts sefont par cooptation, sur la base d’unimportant réseau relationnel qui s’estconstruit au cours des tr<strong>en</strong>te annéesd’exist<strong>en</strong>ce de cette communauté de travail.Ce sont d’ailleurs souv<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>fantsdes premiers sylviculteurs qui sontembauchés aujourd’hui. Et les idéauxpolitiques de l’<strong>en</strong>treprise sont mis <strong>en</strong>avant dès le premier <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de recrutem<strong>en</strong>t.Le réseau Repas, avec lequelEurosylva partage nombre de valeurséthiques et politiques, constitue égalem<strong>en</strong>tun vivier de recrutem<strong>en</strong>t.Gageons que cette alternative pourraperdurer, afin que les personnes qui laconstitu<strong>en</strong>t, la font vivre et écriv<strong>en</strong>t auquotidi<strong>en</strong> son histoire exceptionnelle,puiss<strong>en</strong>t continuer à expérim<strong>en</strong>terd’autres façons de vivre, de travailler et des’impliquer dans la société. Mais sur l’av<strong>en</strong>iraussi, Eurosylva sait rester discrète :c’est l’action qui importe. Et ChantalHirschauer de conclure « <strong>ici</strong>, on ne parlepas de ce qu’on ne fait pas ».Alban Labouret et Aymeric Mercier ■Eurosylva, anci<strong>en</strong>ne mairie, 12320 Saint-Cypri<strong>en</strong>sur-Dourdou,tél : 05 65 69 80 55,courriel : eurosylva@wanadoo.frSILENCE N°33015Décembre 2005


La Montagne vivraLa lutte continue !L’association autogérée La Montagne vivraaccueille des jeunes <strong>en</strong> difficulté. Part<strong>ici</strong>pante duRéseau d’échanges et de pratiques alternativeset solidaires, elle voit dans la subversion du« travail social » une manière d’expérim<strong>en</strong>terdes alternatives à la réinsertion par le travail.En 1981, dans le « quartier dela Montagne » à Cormeilles-<strong>en</strong>-Parisis, le ministère de la déf<strong>en</strong>sedécide de se retirer d’un institut médicopédagogique(IMP), dont il est le principalbailleur de fonds. Cette décision provoquela fermeture de l’IMP ainsi que lelic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>t de tous ses salariés. Ceux-ci,rejoints par des sympathisants, militantset syndicalistes, <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t illégalem<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>uit dans les locaux de l’IMP et organis<strong>en</strong>tson occupation pour bloquer le processusde fermeture <strong>en</strong> cours. Afin dedénoncer l’aberration de cette décisiondes pouvoirs publics et de montrer le rôleque l’institut doit continuer de jouer, lesoccupants vont au bout de leur logique,créant l’association La montagne vivra etmettant <strong>en</strong> place un « accueil sauvage » dejeunes <strong>en</strong> difficultés rejetés de tous lesfoyers.L’héritage de la lutteMême si La Montagne vivra est sout<strong>en</strong>uede toutes parts — elle reçoit notamm<strong>en</strong>tune aide logistique de Robert Hue,alors maire de Montigny — le fait d’êtresous la m<strong>en</strong>ace perman<strong>en</strong>te d’une expulsionimmin<strong>en</strong>te sape le moral des occupants.Pour faire face à l’usure du mouvem<strong>en</strong>t,ceux-ci organis<strong>en</strong>t de nombreusesactions, comme l’occupation <strong>en</strong> continude la perman<strong>en</strong>ce électorale de ValéryGiscard d’Estaing ou l’<strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t dudirecteur de la Ddass. Mais c’est surtout<strong>en</strong> donnant du s<strong>en</strong>s à leur action que lesoccupants ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le coup. Comme le ditFarid, un des occupants, il s’agissait de« donner du s<strong>en</strong>s à sa vie, de se battre pourun combat qui a du s<strong>en</strong>s » : ils lutt<strong>en</strong>tcontre le capitalisme et inscriv<strong>en</strong>t leurmouvem<strong>en</strong>t syndical dans une réflexionsur la notion de travail.Chacun, qu’il soit salarié, syndicaliste,militant, se retrouve au même niveau,part<strong>ici</strong>pe aux prises de décisions collectiveset est force de proposition. Bref, c’estun fonctionnem<strong>en</strong>t véritablem<strong>en</strong>t autogestionnairequi se met <strong>en</strong> place et celu<strong>ici</strong>a égalem<strong>en</strong>t un impact sur l’approchedu travail social réalisé dans le cadre de« l’accueil sauvage ».Le 22 juin 1981, après neuf mois delutte, c’est la victoire. Le conseil généraldu Val-d’Oise accepte de financer la structurequi, dès le mois d’octobre, ouvre unservice d’accueil d’urg<strong>en</strong>ce (Sau) ayantpour vocation la prise <strong>en</strong> charge desjeunes placés par la justice. Le Sauaccueille ainsi « des jeunes de 13 à 21 ans<strong>en</strong> rupture avec leur <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et lesori<strong>en</strong>te dans un délai de deux mois vers desstructures d’accueil (foyer, internat, c<strong>en</strong>tred’hébergem<strong>en</strong>t…) ». En 1982, La Monta -gne vivra met <strong>en</strong> place sur ses fondspropres un Tremplin jeunes travailleurs.Cette initiative est <strong>en</strong>suite financée par leconseil général du Val-d’Oise. Elle pr<strong>en</strong>dle nom d’Espace jeunes travailleurs ets’inscrit dans le cahier des charges nationaldes Ateliers de pédagogie personnalisée.L’APP La Montagne Vivra répartit son activité<strong>en</strong> quatre ateliers : un atelier d’alphabétisation,un autre “illettrisme”, le troisièmedit de “remise à niveau” et un dernierqui concerne la bureautique.Le travail d’”urg<strong>en</strong>tiste” est complétépar celui d’”aiguilleur”. Même si ces activitéssont aujourd’hui institutionnaliséeset financées par de nombreux bailleurs defonds (l’Etat, les collectivités locales, leministère de la justice, le fonds socialeuropé<strong>en</strong>), La Montagne vivra reste l’héritièrede la culture alternative et subversiveissue des neuf mois de lutte qui l’ontvue naître.Autogestionet militantismeL’autogestion, qui s’était naturellem<strong>en</strong>timposée p<strong>en</strong>dant l’occupation, esttoujours à la base de l’organisation interneactuelle. Il n’y a donc pas de hiérarchieAlban Labouretà La Montagne vivra, chacun devant« mettre la main à la pâte dans un objectifcommun ». Cep<strong>en</strong>dant, le principe d’égalitédonnant à chaque personne une voix aconnu une certaine inflexion au cours del’histoire de la structure, car « le débatinterne était parfois pipé par des nouveauxv<strong>en</strong>us qui n’avai<strong>en</strong>t pas la culture » de l’association.Un salarié, pour dev<strong>en</strong>ir associé,doit <strong>en</strong> exprimer la volonté, mais doitaussi être « parrainé » par deux associés.Ainsi, certains ne devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t jamais associés,d’autres ne le souhait<strong>en</strong>t qu’au boutde plusieurs années. Sur les tr<strong>en</strong>te salariéstravaillant à La Montagne vivra, vingt etun part<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t au projet d’autogestion.Mais ce mode d’accès au statut d’associés,qui est de fait une forme de cooptation,peut instaurer un certain clivage <strong>en</strong>tresalariés associés et non associés etremettre <strong>en</strong> cause l’abs<strong>en</strong>ce réelle de hiérarchie.Comme le confie un desemployés, « les salariés ne font qu’exécuterles décisions des associés ».Mais ce clivage semble avant toutdép<strong>en</strong>dre du niveau d’implication volontairede chacun des salariés dans unestructure atypique qui est plus qu’unsimple employeur. Chacun fait tr<strong>en</strong>tecinqheures de travail hebdomadaire et est<strong>en</strong>suite libre de s’impliquer bénévolem<strong>en</strong>tdans la vie de l’association : assembléesgénérales, commissions de réflexion,organisation d’événem<strong>en</strong>ts conviviaux,part<strong>ici</strong>pation au journal interne Le petitmontagnard… Il s’agit pour chacun de sepositionner <strong>en</strong>tre collectif et individuel.Le collectif s’implique égalem<strong>en</strong>t dans desactions <strong>en</strong> relation avec l’extérieur. Ainsi,il apporte un souti<strong>en</strong> financier aux lic<strong>en</strong>ciésd’une usine Lustucru qui se sont organisésdans un collectif autogéré ayantpour objectif la reprise de l’<strong>en</strong>treprise parses salariés : ce collectif s’est dénomméLustucru vivra ! La montagne vivra part<strong>ici</strong>-SILENCE N°33016Décembre 2005


DRpe aussi au Réseau d’échanges et de pratiquesalternatives et solidaires (Repas),notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> accueillant des compagnons,qui apport<strong>en</strong>t, selon la coordinatrice,« un regard extérieur, une remise <strong>en</strong>cause » forts utiles à l’association.Parmi les organes de décision de LaMontagne vivra, il y a l’assemblée généralem<strong>en</strong>suelle, dont le principal rôle est deviser les comptes et qui accueille aussi desadhér<strong>en</strong>ts extérieurs non salariés. Lesdécisions sont prises par vote à bulletinsecret et selon François, un des salariés,« les membres du conseil d’administrationsont noyés dans la masse par le principe unepersonne égale une voix ». Le « staff »,autre organe de prise de décision, seréunit toutes les semaines et est composéde la coordinatrice de La Montagne vivra,une fonction perman<strong>en</strong>te, ainsi que dedeux salariés-associés qui sont r<strong>en</strong>ouveléstous les trois mois. Le staff est <strong>en</strong> chargede la gestion et des relations extérieures.Il doit parfois pr<strong>en</strong>dre des décisionsrapides, mais reste obligé d’<strong>en</strong> référer aucollectif qui le contrôle. Cette directiontournante peut parfois poser des problèmesdans les rapports avec l’extérieur,notamm<strong>en</strong>t avec les bailleurs de fonds quine voi<strong>en</strong>t pas toujours ce mode de fonctionnem<strong>en</strong>td’un bon œil. L’abs<strong>en</strong>ce dedirection perman<strong>en</strong>te peut égalem<strong>en</strong>tposer un problème aux usagers, maisreprés<strong>en</strong>te aussi certainem<strong>en</strong>t un exempleutile pour ces personnes <strong>en</strong> difficulté.La croissance de La Montagne vivra ar<strong>en</strong>du nécessaire la création de quatrestructures intermédiaires, composéesd’associés et qui se répartiss<strong>en</strong>t les tâchesde gestion. Le budget, constitué de multiplessubv<strong>en</strong>tions, est lui aussi croissantet devi<strong>en</strong>t diff<strong>ici</strong>le à gérer <strong>en</strong> autogestion.Selon un des associés, cela impliquerapeut-être de réfléchir à la mise <strong>en</strong> placed’une stratégie d’essaimage.Une alternativeau travail socialPour François, un éducateur qui aaccepté de diviser son salaire par deuxpour rejoindre La Montagne vivra, l’espritd’accueil, la manière d’être <strong>en</strong>semble et lefonctionnem<strong>en</strong>t autogestionnaire <strong>en</strong>richiss<strong>en</strong>tle travail social. Il confie quelorsqu’il fait la connaissance de cettestructure atypique, c’est la première foisqu’il voit des travailleurs sociaux s’occupervraim<strong>en</strong>t de quelqu’un. Même si selonlui, l’autogestion n’est pas vue par leséducateurs comme une idéologie, ellesubvertit le travail social. Le « principe decircularité » qui est appliqué <strong>ici</strong> impliquede pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte toutes les relationsde la personne avec son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,dans une approche systémique. La personneprise <strong>en</strong> charge est traitée commeun individu, sans qu’aucune hiérarchie nes’instaure avec l’éducateur. C’est unevision du « vivre <strong>en</strong>semble » héritée de ceque François appelle le « constructivismeradical », qui prône que « toute personnepeut avoir voix au chapitre ». C’est unevision amorale — et non pas, immorale— du monde, au nom de laquelle « il n’ya pas de bonne manière de vivre » et supposantdonc que « chaque vision du mondeest valable ». C’est pourquoi, chaque éducateurdoit faire abstraction de ses idées etde sa propre vision du monde. Cette posture,comme le rappelle l’affiche du filmHarry, un ami qui vous veut du bi<strong>en</strong>, bi<strong>en</strong><strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce dans l’espace servant debureaux à La Montagne vivra, impliquepour le travailleur social de ne pas vouloirfaire le bi<strong>en</strong> d’autrui contre son gré : « onest parfois repris par des réflexes paternalistes,avoue François, mais le collectif permetd’éviter cela ».Si ses « usagers » sont l’objet d’uneatt<strong>en</strong>tion hors du commun dans ce typede structure — les éducateurs définiss<strong>en</strong>t<strong>en</strong> réunion une stratégie adaptée à chaquejeune pris <strong>en</strong> charge, qui est reçu par dixpersonnes au sein de l’institut — LaMontagne vivra est animée de principesqui exclu<strong>en</strong>t de travailler avec des individusqui n’<strong>en</strong> ont pas <strong>en</strong>vie. Ainsi, l’évaluationdu travail qui est fait avec les usagersse base sur l’implication de ces derniers,qui part<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t à la constructiondes objectifs de l’accompagnem<strong>en</strong>t fournipar la structure. Mais les éducateurs souhaiterai<strong>en</strong>tpouvoir associer davantage lesusagers, par exemple au sein d’assembléesd’usagers.Pour Anne-Marie Fréaud, la coordinatricede La Montagne vivra, leur actiondoit être l’objet d’un questionnem<strong>en</strong>t perman<strong>en</strong>t.Et notamm<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> reliant cetteaction à la question de la réinsertion et dutravail : « Faut-il réinsérer ces personnesdans le système capitaliste qui n’a pas voulud’eux ? », demande-t-elle. « Nous manquonsd’outils économiques » pour répondreconcrètem<strong>en</strong>t à cette question,p<strong>en</strong>se cette anci<strong>en</strong>ne syndicaliste qui arejoint la structure p<strong>en</strong>dant l’occupationde 1981. Elle imagine une sorte de pépinière,« un lieu où l’on pourrait faire del’économique pur pour aider ces personnes àlancer leur activité », mais sans <strong>en</strong>trerdans la logique de l’artisanat précise-telle.En effet, si La Montagne vivra peut setarguer d’avoir mis <strong>en</strong> œuvre une formealternative de « travail social », la questionde trouver une alternative à lalogique de réinsertion par le travail reste<strong>en</strong>tière.La Montagne vivra est l’héritière deson passé : l’occupation de 1981 est vuecomme un véritable patrimoine, unepreuve que l’utopie peut faire avancer lesg<strong>en</strong>s. En montrant qu’on peut trouverune cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre ses idées et ses actesconcrets, <strong>en</strong> essayant d’expliquer parl’exemple aux jeunes <strong>en</strong> difficulté quel’important dans la vie est « d’appréh<strong>en</strong>derl’autre comme on aimerait être appréh<strong>en</strong>dépar les autres », La Montagne vivra est lapreuve que nous avons le droit à l’utopie.Y compris l’utopie de trouver des alternativesà la réinsertion sociale par le travail.La lutte continue !Alban Labouret et Aymeric Mercier ■La montagne vivra, 18, rue Thibault-Chabrand,95240 Cormeilles-<strong>en</strong>-Parisis, tél : 01 34 50 63 08.SILENCE N°33017Décembre 2005


DR DRAlternativesI L E - D E - F R A N C ER<strong>en</strong>contresEcolieuxL’association Ecolieux Ile-de-France anime, le dernier v<strong>en</strong>dredide chaque mois, une r<strong>en</strong>contreouverte à tous, au café “Le Pèretranquille”, 16, rue Pierre-Lescot, à Paris 1er (M° Châteletou Rambuteau), de 19h30 à22h30. Soirée conviviale avecpartage d’idées, d’infos, <strong>en</strong> relationavec les écolieux et l’écologie.R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : EIDF, 30,rue Maurice-Thorez, 92000Nanterre, tél : 01 47 21 19 05(Yves) ou 01 42 06 36 98(Sylviane).F I N I S T È R ESauver leKarrek V<strong>en</strong>Alors que les pêcheurs sont<strong>en</strong> crise du fait de l’augm<strong>en</strong>tationrapide du prix du carburant,il ne reste pratiquem<strong>en</strong>tplus aucun bateau professionnelà voile. Le Karrek V<strong>en</strong> est un desderniers thoniers à voile <strong>en</strong> étatde naviguer. Stationné àDouarn<strong>en</strong>ez, il a été utilisé jusqu’<strong>en</strong>2002. Une complète rénovationétant nécessaire, une associationa vu le jour pour collecterdes fonds et faire la promotionde ce bateau à voile. Pour <strong>en</strong>savoir plus : Société des amiset marins du Karrek V<strong>en</strong>, c/oMatthieu Durafour, Le Bourg,71740 Châteauneuf ou DZ3669, 2, cité de Kerdoussal29350 Moëlan-sur-Mer.MontagneVerteDepuis 1997, Corinne Grumberg,psychosociologue de formation,anime des émissions de radio surRadio-Enghi<strong>en</strong> (98.0 MHz). Elley a interviewé de nombreuses personnalitésdes médecines alternatives,de la psychothérapie, del’écologie… Pour disposer de saliberté au sein de la radio, ellecommercialise les émissions déjàréalisées (plus de 80) et les proposeà d’autres radios locales. Lecatalogue des émissions est disponiblesur internet ou par courrier: Montagneverte.info, BP 5,66703 Argelès-sur-Mer, tél : 0873 85 11 74, www.montagneverte.info.C Ô T E - D ’ O RLes Doigtsqui rêv<strong>en</strong>tDepuis 1994, l’association LesDoigts qui rêv<strong>en</strong>t édite des livreset des jeux tactiles. Ces outils,réalisés avec l’aide d’un atelierd’insertion professionnelle, permett<strong>en</strong>tà l’<strong>en</strong>fant de développerd’autres s<strong>en</strong>s que la vue. Ils permett<strong>en</strong>tde créer des ponts <strong>en</strong>trevoyants et non-voyants et l’associationassure des interv<strong>en</strong>tionssur ce thème. Les Doigts quirêv<strong>en</strong>t, BP93, 11 bis, rue desNovalles, 21240 Talant.P A S - D E - C A L A I SGuidealternatifUn petit guide alternatif duBéthunois vi<strong>en</strong>t d’être édité.D’une vingtaine de pages demiformat,il donne des conseilssimples et quelques adresseslocales. Il publie <strong>en</strong> particulier uncal<strong>en</strong>drier des fruits et légumesde la région pour acheter aumaximum au bon mom<strong>en</strong>t. Il estdisponible gratuitem<strong>en</strong>t contrel’<strong>en</strong>voi d’une <strong>en</strong>veloppe à 0,82 €à son adresse. Il suffit de l’<strong>en</strong>voyerà : Stéphane Charlier, 40,rue de Bellonnet, 62400Béthune, tél : 06 19 59 04 97.Quilit-QuilitQuilit-Quilit est une bouquinerieoù se retrouv<strong>en</strong>t, depuis 2002,ceux “qui lis<strong>en</strong>t, qui lis<strong>en</strong>t”.Amandine Hubert y prés<strong>en</strong>tebeaucoup de petits éditeurs.SILENCE N°330 Décembre 200518DRDRDRDRPrix Nobel alternatifLes prix Nobel alternatifs ont été lancés <strong>en</strong> 1980 par Jakob vonUexküll, un philatéliste suédois qui a créé un fonds <strong>en</strong> rev<strong>en</strong>dant sacollection de timbres. Il a été très investi dans la création des Verts auniveau europé<strong>en</strong> et a siégé un temps comme député europé<strong>en</strong>.En 2005, le prix Nobel alternatif a été remis le 29 septembre àFrancesco Toledo (Mexique), des accessits ont été égalem<strong>en</strong>t remisà Maude Barlow et Tony Clarke (Canada), Ir<strong>en</strong>e Fernandez (Malaisie)et à l’organisation First People of the Kalahari (Botswana).Francesco Toledo, né <strong>en</strong> 1940à Oaxaca, au Mexique, a fait desétudes d’art, puis est dev<strong>en</strong>u unartiste reconnu avant de retournerdans son pays où il a consacré sonénergie à promouvoir le mainti<strong>en</strong>des cultures locales et la cohésiondes communautés indigènes. Il anotamm<strong>en</strong>t rev<strong>en</strong>diqué l’importancedu respect de la nature et de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tdans la démarche artistique et architecturale, faisant le li<strong>en</strong><strong>en</strong>tre les savoirs ancestraux et les préoccupations contemporaines <strong>en</strong>architecture écologique, <strong>en</strong>tre connaissance des plantes et agriculturebiologique.Maude Barlow et Tony Clarke sontdeux militants qui ont lancé desbatailles jud<strong>ici</strong>aires contre les t<strong>en</strong>tativesde privatisation de l’eau parles multinationales <strong>en</strong> Amérique duNord. Maude Barlow, 58 ans, estl’une des représ<strong>en</strong>tantes auprès dugouvernem<strong>en</strong>t de la coordination desmouvem<strong>en</strong>ts de femmes au Canada.Tony Clarke, <strong>en</strong>seignant sur les questionssociales et éthiques à l’université de Chicago, dans les années 70,est l’un des fondateurs d’Action Canada Network, actuellem<strong>en</strong>t le plusgros réseau d’associations citoy<strong>en</strong>nes du pays. Ils se sont retrouvésà travailler <strong>en</strong>semble sur la question des bi<strong>en</strong>s communs p<strong>en</strong>dantles Forums sociaux de Porto Allegre, avant d’<strong>en</strong>gager la batailleau Canada.Ir<strong>en</strong>e Fernandez, née <strong>en</strong> 1946, institutrice,a comm<strong>en</strong>cé à militer aumouvem<strong>en</strong>t de la jeunesse chréti<strong>en</strong>nedont elle est dev<strong>en</strong>ue la représ<strong>en</strong>tanteau niveau international. Elle apart<strong>ici</strong>pé à la mise <strong>en</strong> place de syndicatsouvriers dans le domaine dutextile, mais égalem<strong>en</strong>t dans ledomaine de l’agriculture, des prostituées,des domestiques. Elle a aidéà la mise <strong>en</strong> place d’associations d’aides aux victimes du Sida. Elle aanimé une campagne nationale contre les viol<strong>en</strong>ces faites aux femmes,campagne qui s’est achevée par l’adoption par la Malaisie d’une loiprotégeant les femmes. Elle a <strong>en</strong>suite rejoint le réseau internationalpour l’abolition des pest<strong>ici</strong>des et dénonce les conséqu<strong>en</strong>ces pour lasanté chez les ouvriers agricoles. Elle a égalem<strong>en</strong>t dénoncé les mauvaisesconditions des travailleurs immigrés, ce qui a provoqué la colèredes grands propriétaires et lui a valu de faire un an de prison <strong>en</strong> 2003pour “diffusion de fausses nouvelles”.First People of the Kalaharidéf<strong>en</strong>d les droits des Bushm<strong>en</strong>contre les invasions des compagniesminières qui à plusieurs reprises ontessayé de les expulser de réservesconvoitées pour la richesse de leurssous-sols. Depuis 1997, le gouvernem<strong>en</strong>tdu Botswana ne reconnaît plusles accords précéd<strong>en</strong>ts et souti<strong>en</strong>tles firmes internationales. Environ4000 Bushm<strong>en</strong> ont été ainsi déplacéset l’association First People ofthe Kalahari mène des actions nonviol<strong>en</strong>tespour la reconnaissance deses droits. La situation sur le terrain est t<strong>en</strong>due et aucun représ<strong>en</strong>tantn’a pu v<strong>en</strong>ir retirer son prix car le 24 septembre, 21 représ<strong>en</strong>tants del’association ont été arrêtés.


Il est possible de lire, d’acheter,d’échanger, de v<strong>en</strong>dre. C’est aussiun salon de thé (avec une tr<strong>en</strong>tainede variétés) avec groupe delecture “quilit-lira”, un lieu d’expositionde peinture et de photoset parfois de concerts.Quilit-quilit, 68, place Jules-S<strong>en</strong>is, 62400 Béthune,tél : 03 21 68 30 80.F I N I S T È R ELa Fermeautrem<strong>en</strong>tLa Ferme autrem<strong>en</strong>t est un lieude vie collectif qui sous formeassociative a acheté un premierterrain, chaque famille ou individuétant invité à acheter son propreterrain à proximité. Les activitéscollectives se développ<strong>en</strong>t sur leterrain associatif. Des chantiersfestifs sont organisés pour faireavancer le projet et aider à l’installationde nouveaux habitants.Des ateliers sont <strong>en</strong> place : poterie,chaussures, vannerie, couture.Les vêtem<strong>en</strong>ts <strong>ici</strong> produits port<strong>en</strong>tune étiquette “garanti sansnucléaire”, la machine à coudrefonctionnant au solaire. Pour <strong>en</strong>savoir plus : Ferme Autrem<strong>en</strong>t,Beuzec, 29120 Plomeur,tél : 06 84 15 68 25.C Ô T E S - D ’ A R M O RL’Appel d’airsL’Appel d’airs est un lieu dédiéaux musiques actuelles. Il aouvert fin 2004 à l’initiative detreize amoureux du spectacleP A R I SLaRôtisserieLa Rôtisserie est un restaurantassociatif dans le 10 earrondissem<strong>en</strong>t de Paris quifonctionne depuis 1995. Ellepropose des repas à petitsprix. En journée, <strong>en</strong> dehors desheures de restauration, elleprête ses salles à de nombreusesassociations de solidaritéou socioculturelles. Unesoixantaine d’associations ysont dom<strong>ici</strong>liées. Le propriétaireayant mis le lieu <strong>en</strong> v<strong>en</strong>te(75 000 € ), les associationsessai<strong>en</strong>t de trouver le financem<strong>en</strong>tnécessaire pour acheterles lieux. Les deux tiers de lasomme ont été trouvés et un appel est lancé pour élargir la part<strong>ici</strong>pationfinancière. Dons à : Brassage, 239, rue Lafayette, 75010 Paris.vivant qui ont investi <strong>en</strong>semblepour trouver les fonds nécessaires.Parmi eux, des membresd’associations (telles que leFestival des Tertres, les Sonsd’Automne, les Voisins dePaniers), des artistes (Nid deCoucou, Monsieur Ogh), maisaussi un techn<strong>ici</strong><strong>en</strong> du son, unrestaurateur, un étalagiste et uninfirmier. Ils ont récupéré uneanci<strong>en</strong>ne discothèque poury prés<strong>en</strong>ter des spectacles et yaccueillir des artistes <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce.L’appel d’Airs, Bel air, 22510Trébry, tél : 02 96 67 27 70.DRM O R B I H A NEcodisEcodis est une société qui commercialisepar correspondancediffér<strong>en</strong>ts objets définis commeayant “un écobilan favorable” :issus de matières premières naturelles,biologiques, r<strong>en</strong>ouvelables,avec une production artisanale,une gestion sociale de l’<strong>en</strong>treprise,des objets et surtout desjouets durables, pédagogiques,majoritairem<strong>en</strong>t faits à la main,proches de nous (beaucoup vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>td’Allemagne). On trouve surtoutdes idées de cadeaux… etquelques objets fort discutablescomme des petites voitures pourles <strong>en</strong>fants, fuss<strong>en</strong>t-elles <strong>en</strong> bois(pédagogique ?). Ecodis, zone deKerboulard, 56250 Saint-Nolff,tél : 02 97 48 40 59.I L E - E T - V I L A I N ERoulotinfoRoulotinfo est une bibliothèqueitinérante qui prés<strong>en</strong>te des ouvragessur différ<strong>en</strong>tes questions :économie solidaire, faune et flore,ressources naturelles, santé, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,développem<strong>en</strong>tdurable, non-viol<strong>en</strong>ce, relationsnord-sud, habitat écologique,agriculture, alim<strong>en</strong>tation, biodiversité,climat, nucléaire, déchets,OGM, pollutions, commerce équitable,éco-citoy<strong>en</strong>neté, énergiesalternatives… La bibliothèque estinstallée dans une roulotte tiréepar deux chevaux de trait et sedéplace, dans une premier temps,dans un rayon de 30 km autourde Montreuil-le-Gast. Elle espèrefaciliter la circulation de l’informationet favoriser la mise <strong>en</strong>relation des personnes. Elle part<strong>ici</strong>peégalem<strong>en</strong>t à des fêtes localeset se déplace à la demande dansles écoles et les collèges. Pour <strong>en</strong>savoir plus : Roulotinfo, Bel Air,35520 Montreuil-le-Gast,tél : 02 99 66 90 08.SILENCE N°330 Décembre 200519AlternativesRions un peuL O I R E -A T L A N T I Q U EHabitatécologiqueurbainregroupéMettez-vous à l’Heur, Habitatécologique urbain groupé. Un projetest <strong>en</strong> cours de discussionspour étudier l’équilibre espacesprivés, espaces communs, partagedu matériel, de l’échange et del’<strong>en</strong>traide, construction au maximumécologique, <strong>en</strong> partie oubeaucoup <strong>en</strong> autoconstruction, <strong>en</strong>zone urbaine (Nantes ou agglomération)<strong>en</strong> suivant l’idée deséco-cités. R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : R<strong>en</strong>o,tél : 02 51 82 36 80.O R L É A N SLe Chi<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tLe Chi<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t est un collectifautogéré qui a pris <strong>en</strong> charge lagestion d’un petit immeuble detrois étages pour un total de 200m2. Ce lieu accueille différ<strong>en</strong>tesassociations locales (libertaires,Attac, Artisans du monde, Amisdu monde diplomatique, AMAP,Pour sortir une fois pour toute de l’automobile, comm<strong>en</strong>çons parsupprimer l’auto de notre langage, c’est un exercice marrant,accessibles à tou-te-s les... vélodidactes ! Ainsi nous devi<strong>en</strong>dronsplus vélonomes, <strong>en</strong> véloconstruisant nos maisons, <strong>en</strong> véloproduisantnos légumes car pour nous déplacer moins, il faut t<strong>en</strong>dre à la vélosuffisance; de temps <strong>en</strong> temps nous ferons un peu de vélostop pourpr<strong>en</strong>dre des vacances dans des lieux vélogérés ; tous ces gestesdevi<strong>en</strong>dront vite vélomatiques même s’ils surpr<strong>en</strong>dront un temps lesvélochtones de nos campagnes. Les véloroutes seront vélorisés auxpiétons et aux ânes. Dans le monde artistique, pas mal de changem<strong>en</strong>tsaussi : les auteur-e-s écriront des vélobiographies, signerontdes vélographes et les dessinateurs feront plein de véloportraits !C’est la vélorution. DFSu Hyun


Heol/BaronnetAlternativescollectif Non à la guerre…),un c<strong>en</strong>tre de docum<strong>en</strong>tation,des salles de réunions et un barassociatif où se déroul<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>ombreuses soirées-débats.Le Chi<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, 259, rue deBourgogne, 45000 Orléans,tél : 02 38 53 62 75.D O R D O G N EEcoc<strong>en</strong>tredu PérigordL’écoc<strong>en</strong>tre du Périgord proposetout au long de l’année des stagesliés à la construction écologiqueet dispose pour cela d’un<strong>en</strong>semble de petites maisons réaliséesselon un large panel detechniques. L’écoc<strong>en</strong>tre peut égalem<strong>en</strong>torganiser un stage sur unthème de votre choix à conditionde réunir au minimum six personnespartantes pour ce stage.R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t : Ecoc<strong>en</strong>tredu Périgord, Froidefon, 24450Saint-Pierre-de-Frugie,tél : 05 53 52 59 50.V I E N N EHabiteret vivreautrem<strong>en</strong>tACEVE, Association cantonaleVouillé <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, L’organise à la salle des fêtes deQuinçay (ouest de Poitiers), lev<strong>en</strong>dredi 2 décembre à 20h30,une confér<strong>en</strong>ce-débat animée parPatrick Baronnet, de l’associationHéol-La maison autonome.ACEVE, Christian P<strong>en</strong>icaud,19, rue Roger-Daudin, 86190Chire-<strong>en</strong>-Montreuil,tél : 05 49 51 48 13.DRB A Y O N N EEki-libreDepuis l’été 2005, Eki-libre estouvert à Bayonne. Cette boutiqueinter-associative propose des produitsdu commerce équitable, dela docum<strong>en</strong>tation sur le milieuassociatif local, un espacepalabre pour échanger et se r<strong>en</strong>contrer.Ce lieu a vu le jour àl’initiative de deux associations :l’Aspal, Association de solidaritéavec les peuples d’Amérique latine,et Afrikakolore. Depuis, on ytrouve égalem<strong>en</strong>t un point derecyclage de cartouches informatiquesgéré par Cartouch’ecoet de l’EhKa cola, le soda basque.Eki libre, 11, rue Tour-de-Sault,64100 Bayonne,tél : 05 59 59 54 27.T O U L O U S EEpicerieambulanteCaroline Lopez a mis <strong>en</strong> placeune association pour animer unprojet d’épicerie ambulante prés<strong>en</strong>tesur les marchés de Toulouseet dans certains festivals de larégion. Cette épicerie ambulant<strong>en</strong>e proposerait pas de produitsfrais, mais des produits biologiques(farines, l<strong>en</strong>tilles, pois,huiles, condim<strong>en</strong>ts, fruits secs,miels, confitures, infusions, sirops,herbes et épices), des produits ducommerce équitable, des produits<strong>en</strong> vrac (céréales, sucre, gomazio),des ust<strong>en</strong>siles de cuisine, desproduits d’hygiène domestiquebiodégradables. L’épicerie ambulanteserait égalem<strong>en</strong>t un lieud’information, d’abord sur lesproduits v<strong>en</strong>dus, mais aussi surles moy<strong>en</strong>s de se fournir <strong>en</strong> produitsfrais biologiques directem<strong>en</strong>tchez les producteurs ou parles Amap. Un système d’empruntpermettrait égalem<strong>en</strong>t de fairecirculer livres et films docum<strong>en</strong>taires.Elle cherche à faire grossirson réseau pour r<strong>en</strong>dre le projetviable. Epicerie ambulante,Caroline Lopez, 40, rue Kruger,31200 Toulouse,tél : 05 61 13 39 04.P Y R É N É E S -O R I E N T A L E SLa PeyraladeYounaï et Véro ont construit unemaison bioclimatique à 45 mn demarche du village, au milieu d’unMédiasvaste site naturel. Il n’y a pasd’accès pour les véhicules àmoteur. Ils se propos<strong>en</strong>t d’accueillird’autres personnes pourcréer un lieu de vie collectif sansvoitures, développant la simpl<strong>ici</strong>tévolontaire, l’autonomie convivialeet joviale. Travail complice avecdes ânes, construction terre,SILENCE N°330 Décembre 200520DR■ L’Hermine vagabonde. Publié par Bretagne vivante, cette revuetrimestrielle pour les <strong>en</strong>fants à partir de huit ans est un régal. Ellepublie dans son numéro d’automne (n°30) un excell<strong>en</strong>t dossier surl’énergie solaire. Hermine vagabonde, Bretagne vivante, BP 63121Brest cedex 3, tél : 02 98 49 07 18.■ Origines contrôlées,Taktikollectif, 20, rue Montaigne,31200 Toulouse, tél : 05 34 40 8070. En octobre 2004, se t<strong>en</strong>ait àToulouse un festival portant ce nomabordant les questions liées au mainti<strong>en</strong>du colonialisme aujourd’hui.En att<strong>en</strong>dant de nouvelles actionsdans ce domaine, un premier numérosur le sujet.■ Le Ravi, La Tchatche, 18, ruedes Héros, 13001 Marseille,tél : 04 91 08 78 77. Depuis deuxans, ce m<strong>en</strong>suel indép<strong>en</strong>dant diffuse dela contre-information sur la régionProv<strong>en</strong>ce-Alpes-Côte-d’Azur. 24 pagespour une belle maquette et une flopéede dessinateurs et de signatures.Investigation dans les sous-sols de lapolitique locale, actualité sociale,et sélection culturelle.■ Ecrire et éditer, Cosa-Calcre, 8, rue Latran, 75005 Paris. Cetterevue qui explique aux auteurs comm<strong>en</strong>t ne pas se faire avoir par leséditeurs a failli disparaître à la suite d’un procès. Restructurée, ellereparaît sous une forme plus sobre et plus militante. Indisp<strong>en</strong>sable sivous avez des <strong>en</strong>vies d’écriture.■ Le Mouton fièvreux, c/o Les Troismondes, 10, rue de Strasbourg,53000 Laval. Après quelques numérosd’essai avec surtout des articles reprisdans d’autres revues, une véritableéquipe de rédaction s’est mise <strong>en</strong>place pour lancer cette fois un véritabletrimestriel de contre-informationdans le départem<strong>en</strong>t de la May<strong>en</strong>ne.Premier numéro fort agréable.■ Fumigène, Maison des associations,10-18 Grand-Parc, 14200Hérouville-Saint-Clair. Cette revue de“littérature de rue” née <strong>en</strong> 1999 selance <strong>en</strong> kiosque avec comme dossierannoncé “Désobéir”, soit le mêmethème que S!l<strong>en</strong>ce pour le mêmemois ! Revue surtout sur les nouveauxg<strong>en</strong>res musicaux… complété par d’utilesprés<strong>en</strong>tations des combats sociaux.arbres fruitiers, connaissance desplantes sauvages, etc. Younaïet Véro, La Peyralade, 66500Mosset, tél : 06 63 45 61 69.A V E Y R O NL’AmaranteL’Amarante est un restaurantbio-végétari<strong>en</strong> qui est né à Rodezaprès l’élan du rassemblem<strong>en</strong>tLarzac 2003. Christiane Rocagel,dite Kinou, est membre du collectifdes Faucheurs volontaires, diffuseS!l<strong>en</strong>ce, les docum<strong>en</strong>ts de laCRII-Rad et du Réseau Sortir dunucléaire et fait la promotion del’accouchem<strong>en</strong>t à dom<strong>ici</strong>le. Lerestaurant est ouvert du mardi


Fêtes, foires, salons(le signe ✽ indique que S!l<strong>en</strong>ce est prés<strong>en</strong>t)■ Gr<strong>en</strong>oble : 6 e Naturissima. 26 novembre au 4 décembre à Alpexpo,160 exposants, thème de l’année : l’éco-habitat. Du 26 au 28, trois jours sur lestransports propres et les mobilités douces. Du 2 au 4 décembre, trois jours surles énergies r<strong>en</strong>ouvelables. Saem Alpexpo, av<strong>en</strong>ue d’Innsbruck, BP 2408,38034 Gr<strong>en</strong>oble cedex 2, tél : 04 76 39 66 00.■ Lot-et-Garonne : 10 e fête de l’arbre. 26 et 27 novembre, domaine deBarolle, à Montesquieu. 40 exposants. Conservatoire végétal régional, domainede Barolle, 47130 Montesquieu, tél : 05 53 47 29 14.■ Marseille : 23 e forum des solidarités Nord-Sud. 1er au 3 décembre, au ParcChanot, hall 3, 100 exposants dont 80 % d’associations. Thème de l’année :la microfinance. Guilde europé<strong>en</strong>ne du Raid, 11, rue de Vaugirard, 75006Paris, tél : 01 43 26 97 52.■ Haute-Savoie : Natureva. 2 au 4 décembre au Parc des expositions de laRoche-sur-Foron. 200 exposants. Bio, santé, éco-habitat, énergies r<strong>en</strong>ouvelables,tourisme vert et éthique, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t… Rochexpo, Le Pyramide, 210, rueIngénieur-Sansoube, BP 18, 74801 La Roche-sur-Foron cedex,tél : 04 50 03 03 37.✽ Ardèche : Sous la glace, les braises. Du 2 au 4 décembre, r<strong>en</strong>contres hivernalesau château de Liviers, atelier et représ<strong>en</strong>tation du théâtre de l’Opprimé,avec Julian Boal, balade et veillée contes, forum associatif, scène ouverte musicaleet poétique, espace de discussions, marché paysan et artisanal, castagnade…Frapna-Ardèche, Le Village, 07200 Saint-Eti<strong>en</strong>ne-de-Fontbellon,tél : 04 75 93 41 45.■ Montpellier : 6 e Bio-harmonies. 9 au 12 décembre, parc des expositions.200 exposants : bio, habitat sain, médecine douce, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, santé, r<strong>en</strong>ouvelables,artisanat… Thème de l’année : le commerce équitable. 60 confér<strong>en</strong>ces.Goral, 126, impasse Juv<strong>en</strong>ale, 30900 Nîmes, tél : 04 66 62 07 16.■ Pau : 10 e Asphodèle. 9 au 11 décembre. Parc des expositions dePau. Utovie, Jean-Marc Carité, 40320 Bats, tél : 05 58 79 17 93.■ Aude : 2 e marché bio de Noël. 11 décembre àVillemoustoussou. 50 exposants <strong>en</strong> bio. Nature et progrès, mairie,BP 46, 11190 Couiza, tél : 04 68 20C 94 75.■ Drôme : 3 e Aladia. 16 au 18 décembre au parc des expositionsde Val<strong>en</strong>ce. 150 exposants avec fort secteur santé et développem<strong>en</strong>tpersonnel, bio, r<strong>en</strong>ouvelables, habitat sain, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t… GlobalPartner, 3, place Carnot, 26100 Romans, tél : 08 73 63 64 35.■ Ardèche : foire bio de Quint<strong>en</strong>as. 18 décembre, à la salle polyval<strong>en</strong>tede Quint<strong>en</strong>as (près d’Annonay). Bio, artisans, associations,économie solidaire, confér<strong>en</strong>ce de Lylian Le Goff, médecin nutritionniste.Agri Bio Ardèche, 4, av<strong>en</strong>ue de l’Europe-Unie, BP 421, 07004 Privascedex, tél : 04 75 64 82 96.AlternativesMesini, chercheure sur le sujet…UPC, 3, rue Gaultier-de-Biauzat,63000 Clermont-Ferrand, tél :04 73 31 14 05.L Y O NLe Basde lainede ProustL’association Peuple et culture alancé son premier café-lecture <strong>en</strong>Auvergne <strong>en</strong> 1997. D’autres sesont développés depuis et, à l’initiativede Christophe Chigot, unvi<strong>en</strong>t de s’ouvrir à Lyon : Le Basde laine de Proust, 2, rueCamille-Jourdan, 69001 Lyon.Les Inatt<strong>en</strong>dusLa 5 e édition du festival du cinémaindép<strong>en</strong>dant Les Inatt<strong>en</strong>dusse ti<strong>en</strong>dra dans le 7e arrondissem<strong>en</strong>tde Lyon du 23 au 29 janvier2006. Le but est de montrer desfilms et vidéos réalisés <strong>en</strong> dehorsdes circuits commerciaux. Desavant-premières se ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dantle trimestre qui précède :vidéos expérim<strong>en</strong>tales sur lethème de la musique le samedi3 décembre à 20h30 à LaMarquise, 20, quai Augagneur ;vidéos sur le thème de la lumièrele v<strong>en</strong>dredi 9 décembre à 19 h et21 h à La Boulangerie du Prado,69, rue Sébasti<strong>en</strong>-Gryphe ; desprojections sont aussi programmésdans les établissem<strong>en</strong>ts universitairesdu quartier (Lyon II,ENS…). Ce festival est organiséavec d’autres structures ayant lesmêmes buts : C<strong>en</strong>t Soleil(Orléans), Le petit café duCarrefour (Bourgogne), Sanscanal fixe (Tours), Vidéorème(Roubaix). Les Inatt<strong>en</strong>dus, BP1117, 69202 Lyon cedex 01,tél : 04 78 61 71 18.Toutesles couleursToutes les couleurs est un restaurantbio qui a ouvert <strong>en</strong> octobre2005 et qui propose des petitsdéjeuners et un repas le jeudimidi avec des produits bio locaux,de saison ou issus du commerceéquitable. Le restaurant est nonfumeuret existe pour le mom<strong>en</strong>t<strong>en</strong> accueil dans un autre restaurant<strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant de voler de sespropres ailes. Toutes les couleurs,chez Caracala, 44, rue Serg<strong>en</strong>t-Blandan, 69001 Lyon.au samedi. L’Amarante, 5 bis,rue de Bonald, 12000 Rodez,tél : 05 65 68 50 72.P R O V E N C E -A L P E S - C Ô T ED ’ A Z U RGuide de laconsommationresponsableet solidaireL’ Ag<strong>en</strong>ce prov<strong>en</strong>çale de l’économiealternative et solidaire,Apeas, avec de très nombreuxpart<strong>en</strong>aires, vi<strong>en</strong>t d’éditer unguide de la consommation responsableet solidaire (titre critiquable!) qui prés<strong>en</strong>te un grandnombre d’initiatives de la région :crèches par<strong>en</strong>tales, tourisme,commerce équitable, Amap, jardinssolidaires, marchés paysans,magasins bio, habitat écologique,énergies r<strong>en</strong>ouvelables, recyclage,transports alternatifs, médias…A commander contre 8 € àApeas, 46 rue de Village, 13006Marseille, tél : 04 91 99 02 40.C L E R M O N T -F E R R A N DUniversitépopulaireet citoy<strong>en</strong>neL’Université populaire et citoy<strong>en</strong>nede Clermont-Ferrand organisede multiples débats et formationstout au long de l’année. Entreautres : mardi 6 décembre, atelierautoconstruction et écovillagesà 20 h à l’adresse de l’UPC ;v<strong>en</strong>dredi 9 décembre, à 18 h,salle Jean-Richepin 1, confér<strong>en</strong>cesur le c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de la loi deséparation de l’Eglise et de l’Etatsuivie à 20h30, salle La Comédia,Corum Saint-Jean, rue Gaultierde-Biauzat,de la projection dufilm L’école <strong>en</strong> campagne deChristian Tran, suivi d’un débatavec le réalisateur, un représ<strong>en</strong>tantdu diocèse, un de la Liguedes droits de l’homme… ; jeudi15 décembre, à 20 h au locald’AC ! 77 bis, av<strong>en</strong>ue Edouard-Michelin, soirée écovillage etdroit paysan face aux réglem<strong>en</strong>tationsanimé par BéatriceG A R DConstruire sa remorque à véloAla suite d’une expéri<strong>en</strong>ce heureuse p<strong>en</strong>dant les r<strong>en</strong>contres desAmi- e-s de Sil<strong>en</strong>ce de l’été dernier, une association a vu le jourpour promouvoir, <strong>en</strong>tre autres, l’autoconstruction de remorques à véloà partir de matériaux de récupération. Des stages sont proposés à partirde janvier 2006, pour une ou deux personnes à la fois, à prix négociable.Une étape sur la route de la décroissance. Les amis de Fabrice O,24 a, rue de la Garrigue, 30000 Nîmes ou Laur<strong>en</strong>t Rump, 18, ruedu Puits-Couchoux, 30000 Nîmes, tél : 04 66 21 92 81.Fabrice prés<strong>en</strong>te sa remorque de cycliste, r<strong>en</strong>contres des Ami(e)s de S!l<strong>en</strong>ce 2005.Bruno GuilleminSILENCE N°330 Décembre 200521


DREnvironnem<strong>en</strong>tIncinération■ Jura suisse :stocks de dioxine. Apartir des années 50,les usines chimiquesde Sandoz, Ciba-Geigy à Bâle, ont eu à se débarrasserde très gênants déchetschimiques dont du PCB et descomposants riches <strong>en</strong> dioxine.Une décharge est alors ouverte<strong>en</strong> souterrain à Bonfol, au-dessusdu Doubs, avec donc risque depollution à terme de ce coursd’eau avant son <strong>en</strong>trée <strong>en</strong> France.En 2000, Gre<strong>en</strong>peace avait montrépar des analyses que des produitschimiques suintai<strong>en</strong>t de ladécharge. Gre<strong>en</strong>peace avait alorsobt<strong>en</strong>u que cess<strong>en</strong>t les stockageset que soit mis <strong>en</strong> place un pland’assainissem<strong>en</strong>t. Mais les industrielsrechign<strong>en</strong>t à payer. Leministre jurassi<strong>en</strong> de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tLaur<strong>en</strong>t Schaffter estmonté au créneau début octobrepour demander qu’un plan derécupération soit mis <strong>en</strong> placerapidem<strong>en</strong>t concernant 38 moléculesparticulièrem<strong>en</strong>t dangereuses.■ Loiret : remise <strong>en</strong> route del’incinérateur de Gi<strong>en</strong>. Enjuillet, l’incinérateur d’Arrabloy,près de Gi<strong>en</strong>, est arrêté suite àune analyse relevant des taux dedioxine élevé dans les œufs detrois poulaillers proches de l’usine.Le 22 septembre, le comitédépartem<strong>en</strong>tal d’hygiène a autoriséle redémarrage de l’incinérateursuite à l’avis de l’Ag<strong>en</strong>cefrançaise de sécurité sanitaire desalim<strong>en</strong>ts (Afssa) qui estime queri<strong>en</strong> ne permet d’affirmer qu’il yait un li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre l’incinérateur etla pollution à la dioxine ! (LeMonde, 29 septembre 2005)Transports■ Retour au navire à voile ?Actuellem<strong>en</strong>t, une tonne transportéep<strong>en</strong>dant un km sur un avionmoy<strong>en</strong> courrier consomme 1000 gde pétrole, 400 g sur un véhiculeutilitaire de moins de troistonnes, 380 g sur un poids lourd,80 g sur une péniche fluviale, 11 gsur un train de marchandises auminimum 9 g, sur un bateaumotorisé <strong>en</strong> mer 3 g. Avec le prixdu pétrole qui s’<strong>en</strong>vole, le carburantcomptant pour un tiers duprix du transport aéri<strong>en</strong>, on peutp<strong>en</strong>ser que l’on aura un retourrapide vers les bateaux… maisavec une limite qui est la capacitéde production des bateaux, productiondéjà actuellem<strong>en</strong>t complètem<strong>en</strong>tsaturée. Les progrès dela voile <strong>en</strong> compétition sportivedevrai<strong>en</strong>t inciter à p<strong>en</strong>ser à descargos à voiles. (source : La vieaprès le pétrole, éd. Autrem<strong>en</strong>t).■ Canada : baisse de l’usagedes voitures. La hausse du pétrolecomm<strong>en</strong>ce à avoir des retombéespositives. Un sondage réaliséau Canada et r<strong>en</strong>du public dans leToronto Star le 19 septembreindique que 35 % des Canadi<strong>en</strong>sont restreint leurs déplacem<strong>en</strong>ts<strong>en</strong> voiture, 12 % s’essayant aucovoiturage. Les femmes sontdeux fois plus nombreuses que leshommes à avoir modifié leurconduite.■ Belgique : pour une forêttranquille. Un sondage réalisé ducôté wallon de la Belgique (ceuxqui parl<strong>en</strong>t français) indique que88 % sont pour l’interdiction desmotos, quads et autres 4x4 dansles forêts. (Imagine, septembre2005)■ Paris : la Petite Reine.Société de livraison de marchandisespar triporteurs avec aideélectrique, la société La PetiteReine, lancée <strong>en</strong> 2003 avec lesouti<strong>en</strong> de la mairie, connaît unvéritable succès. Elle compteaujourd’hui 16 chauffeurs et 19véhicules contre quatre initialem<strong>en</strong>t.Elle assure <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne15 000 livraisons par mois. En2004, 156 000 km ont été parcourussoit 43 tonnes de pétroleéconomisées. Ce qui fait son succès: sa rapidité. La Petite Reine,place du Louvre, parking Saint-Germain-l’Auxerrois, 75001Paris, tél : 01 42 96 51 80.■ Paris veut son Vélo’v. Aprèsle succès du système de locationde vélos à Lyon, dénommé Vélo’v,D<strong>en</strong>is Baupin, adjoint Vert auxdéplacem<strong>en</strong>ts à Paris, a annoncéla mise <strong>en</strong> place d’une étudepour copier le système dansla capitale.Alsace nature40 propositionsPour ses quarante ans, la fédérationAlsace nature a organisé uncolloque sur ce que pourrait êtrel’Alsace dans 40 ans. Elle <strong>en</strong> atiré une petite brochure prés<strong>en</strong>tant40 propositions pour l’actioncollective dont l’intérêt dépasseDRChangem<strong>en</strong>t climatique■ Les Landes sous les eaux ? L’Ademe a organisé <strong>en</strong> octobreà Bordeaux, une semaine du changem<strong>en</strong>t climatique qui a prés<strong>en</strong>tédes prospectives pour la France : la région la plus m<strong>en</strong>acée parla montée des eaux, du fait de l’ampleur des marées dans l’océanAtlantique, serait la côte <strong>en</strong>tre Biarritz et l’estuaire de la Gironde.Notons au passage que dans les communes m<strong>en</strong>acées, on trouve Blaye,dans l’estuaire, qui a la particularité d’avoir une c<strong>en</strong>trale nucléaire quia déjà été inondée lors des tempêtes de décembre 1999.largem<strong>en</strong>t la région. Cette brochureest diffusée gratuitem<strong>en</strong>t.Alsace nature, 8, rue Adèle-Riton, 67000 Strasbourg,tél : 03 88 37 07 58.L Y O NL’<strong>en</strong>versdu Vélo’vAlors que d’autres villes souhait<strong>en</strong>tmaint<strong>en</strong>ant développer unsystème équival<strong>en</strong>t au Vélo’vlyonnais, ce système de prêt devélos dans la ville (voir S!l<strong>en</strong>c<strong>en</strong>° 329), il convi<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong> soulignerLa dune du Pyla.■ Réchauffem<strong>en</strong>t inéluctable. Même si nous dev<strong>en</strong>ions brutalem<strong>en</strong>tvertueux, le réchauffem<strong>en</strong>t climatique se poursuivrait <strong>en</strong>core longtempscar les émissions de gaz à effet de serre libérés principalem<strong>en</strong>t par lacombustion des énergies fossiles continueront à jouer leur rôle p<strong>en</strong>dantdes déc<strong>en</strong>nies.■ Poissons migrateurs. Une étude britannique a montré que les deuxtiers des espèces de poissons prés<strong>en</strong>ts dans la mer du Nord se sontdéplacés depuis une tr<strong>en</strong>taine d’années <strong>en</strong> direction du nord pourgagner des eaux plus froides. (Panda-Magazine, septembre 2005)■ V<strong>en</strong>danges précoces. En 1950,les v<strong>en</strong>danges à Châteauneuf-du-Papeont comm<strong>en</strong>cé le 5 octobre, puis, avecquelques variations, elles ont comm<strong>en</strong>céde plus <strong>en</strong> plus tôt pour comm<strong>en</strong>cerdébut septembre à partir desannées 90 et même fin août <strong>en</strong> 2003.En cinquante ans, on constate unmois de décalage. (Atlas de la m<strong>en</strong>aceclimatique, éd. Autrem<strong>en</strong>t, 2005)DRle principal inconvéni<strong>en</strong>t : la gestiondu parc de vélos est privé.Concrètem<strong>en</strong>t, elle est confiée àun publ<strong>ici</strong>taire qui <strong>en</strong> échange dela gestion du parc de Vélo’v aobt<strong>en</strong>u l’autorisation de multiplierles panneaux publ<strong>ici</strong>tairesdans la ville. Conséqu<strong>en</strong>ce : desvilles de banlieues qui souhait<strong>en</strong>tvoir ét<strong>en</strong>dre le système se voi<strong>en</strong>tproposer le même accord : despanneaux contre des vélos. Nosélus lyonnais (PS + Verts) lutt<strong>en</strong>tainsi contre la pollution automobile<strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tant la pollutionvisuelle. Autre problème de cetteprivatisation : pour éviter les fraisde personnels, le gérant a choisiune méthode automatisée, avecSILENCE N°330 Décembre 200522


I S È R EIncinération à BourgoinOn incinère à Bourgoin-Jallieu depuis 1985. D’abord un four de38 000 tonnes/an dev<strong>en</strong>u trop petit, puis un second <strong>en</strong> 1995 soit75 000 tonnes/an, augm<strong>en</strong>tation de capacité nécessitée par suite del’augm<strong>en</strong>tation de la surface de collecte. L’usine est relativem<strong>en</strong>tpropre sans toutefois être équipée d’une épuration de la dioxine dans lesfumées. Elle ne fera donc pas partie des installations condamnées parle ministère de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Une étude très complète de l’Insa deLyon concernant les taux de dioxine signale à peine quelques chèvresayant du lait à la limite de l’acceptable. En conclusion : l’incinérateurne pollue pas plus que tout le monde, cette pollution de tout le mondeétant appelée “le bruit de fond”.Fort de ce résultat off<strong>ici</strong>el, le Sitom, Syndicat intercommunal de traitem<strong>en</strong>tdes ordures ménagères, <strong>en</strong>visage un troisième four lorsque troisélém<strong>en</strong>ts intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t :• la directive europé<strong>en</strong>ne qui exige un taux de dioxine inférieur à 0,1ng/m3 dans les fumées pour fin 2005 : les fours <strong>en</strong> service sont <strong>en</strong>tre2,5 et 4,5.• la mise <strong>en</strong> place du tri sélectif dans la région pour bénéf<strong>ici</strong>er du tauxréduit de TVA sur le traitem<strong>en</strong>t des ordures.• la mise <strong>en</strong> place d’une Clis (commission locale d’information et desurveillance).Techniquem<strong>en</strong>t, sans que l’on sache vraim<strong>en</strong>t pourquoi, les fours <strong>en</strong> servic<strong>en</strong>e pourrai<strong>en</strong>t pas satisfaire aux nouvelles normes. Le projet évoluedonc vers la construction de deux nouveaux fours (avec destruction desanci<strong>en</strong>s) d’une capacité totale de 176 000 tonnes/an. Pour r<strong>en</strong>dre cetteévolution crédible, on va collecter les déchets de plus <strong>en</strong> plus loin : dansl’Ain, la Savoie, le Rhône.Dès sa mise <strong>en</strong> place, le tri sélectif permet de réduire la quantité à incinérerde 15%. En 2003, l’usine manque de déchets par suite de l’abs<strong>en</strong>cede tontes de gazon dans les livraisons, le soleil caniculaire s’étantpermis de brûler tout sur place.Les membres associatifs de la Clis refont les comptes et démontr<strong>en</strong>taisém<strong>en</strong>t que l’on ne trouvera jamais 176 000 tonnes à incinérer sur leterritoire surtout si l’organisation plus poussée du tri permet d’atteindre30 à 35% de récupération. Cette position est rejointe par lecommissaire-<strong>en</strong>quêteur qui pose comme “réserve expresse” au projet lalimitation à 100 000 tonnes/an.Le présid<strong>en</strong>t du Sitom a déclaré que le commissaire-<strong>en</strong>quêteur étaitincompét<strong>en</strong>t pour déterminer les besoins à incinérer alors que ce futl’ess<strong>en</strong>tiel de son travail.Le prix de l’usine devrait être de 110 millions d’euros avant les aléasde chantier. Pour éviter d’avoir des annuités trop lourdes qui grèverai<strong>en</strong>tles coûts de la tonne incinérée, le Sitom <strong>en</strong>visage des empruntssur 30 ans. Or, bi<strong>en</strong> avant 30 ans, les fours seront obsolètes, peut-êtreinterdits : nos <strong>en</strong>fants et petits-<strong>en</strong>fants paieront des annuités pour uneinstallation hors service. On fait payer aux générations futures leserreurs d’aujourd’hui.L’élaboration du projet traîne depuis 1999. Tant et si bi<strong>en</strong> que pourl’échéance de la mise aux normes fin 2005, ri<strong>en</strong> n’est prêt. Ni une nouvelleusine conv<strong>en</strong>ablem<strong>en</strong>t dim<strong>en</strong>sionnée, ni l’actuelle avec un traitem<strong>en</strong>tde fumées normalisé, ni un effort pour améliorer le tri. Un chantier<strong>en</strong> route depuis juin va permettre de raccorder provisoi-rem<strong>en</strong>tl’usine actuelle à une installation de traitem<strong>en</strong>t de fumée qui pourraitêtre réutilisée pour la future usine. Surcoût : 5 millions d’euros.Pour terminer, les toutes dernières mesures confirm<strong>en</strong>t la prés<strong>en</strong>ce dedioxine dans les œufs des poulaillers situés à quelques c<strong>en</strong>taines demètres. “Confirm<strong>en</strong>t” parce que fin 2004, un résultat ponctuel donnaitun chiffre analogue : 7,4 ng/kg fin 2004, 6,2 ng/kg <strong>en</strong> juin 2005. Lanorme à ne pas dépasser est de 3 ng.Pour le mom<strong>en</strong>t, le préfet n’a pas délivré d’autorisation pour la capacitéde 176 000 tonnes. Sur place, il est clair que des travaux de géniecivil sont <strong>en</strong>trepris <strong>en</strong> ant<strong>ici</strong>pant une décision administrative. Le Sitompratique la politique du “fait accompli” sans faiblesse.Pour le mom<strong>en</strong>t, le projecteur est mis sur les mesures de dioxine et lestravaux de mise aux normes qui doiv<strong>en</strong>t être achevés fin décembre.L’abandon à terme de l’incinération n’est <strong>en</strong>visagé ni par le Sitom nipar le préfet.Collectif Nord-Isère, place du 11-Novembre-1918,38090 Villefontaine.Alban LabouretEnvironnem<strong>en</strong>tUn parc de velo’v à Lyon.Déchetsdes vélos bourrés d’électronique(surveillance contre le vol) qui<strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce sont lourds.A Gr<strong>en</strong>oble, une autre solutiona été développée <strong>en</strong> privilégiantles rapports humains : des personnessont prés<strong>en</strong>tes dans lesstations (moins nombreuses) pourassurer l’accueil des cyclistes etl’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> du matériel, ce qui estbeaucoup plus humain et ne coûtepas forcém<strong>en</strong>t plus cher.On peut se demander pourquoiun tel service a été privatiséau lieu d’être géré directem<strong>en</strong>tpar la ville.■ Ampoules économes. Les ampoules fluocompactesdites économes consomm<strong>en</strong>t six fois moins d’énergie quecelles à incandesc<strong>en</strong>ce (avec un filam<strong>en</strong>t), et dur<strong>en</strong>t aussiplus longtemps. Actuellem<strong>en</strong>t, elles conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t toutes<strong>en</strong>tre 3 et 5 milligrammes de mercure et ne doiv<strong>en</strong>t pasêtre jetées à la poubelle mais être ram<strong>en</strong>ées à un pointde v<strong>en</strong>te. La collecte se met actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place.■ Une directrice au Cniid. Jocelyn Peyret ayant souhaitéêtre remplacé début octobre, Flor<strong>en</strong>ce Couraud, déjà salariéede l’association, devi<strong>en</strong>t la nouvelle directrice. Le Cniid, C<strong>en</strong>tre nationalindép<strong>en</strong>dant d’information sur les déchets, est une structure qui relaieles rev<strong>en</strong>dications de la coordination pour la réduction des déchets à lasource et anime diverses campagnes <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec ce sujet. JocelynPeyret, lui, rejoint le Réseau Sortir du nucléaire. Cniid, 21, rueAlexandre-Dumas, 75011 Paris, tél : 01 55 78 28 60.■ Interdiction des sacs <strong>en</strong> plastique jetables. L’Assemblée nationalea voté le 10 octobre à l’unanimité l’interdiction des sacs <strong>en</strong> plastiqu<strong>en</strong>on biodégradables au 1 er janvier 2010. Reste à bi<strong>en</strong> définir ce que veutdire biodégradable : les sacs actuellem<strong>en</strong>t dégradables ne sont pas biodégradables,toujours <strong>en</strong> plastique, ils conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des impuretés végétalesqui <strong>en</strong> provoqu<strong>en</strong>t la fragm<strong>en</strong>tation et l’éparpillem<strong>en</strong>t du plastique,ce qui est pire que tout.SILENCE N°330 Décembre 200523


NucléaireSocialistesVers la sortiedu nucléaire ?Les Verts font le forcing du côtédes accords électoraux de 2007pour obt<strong>en</strong>ir des socialistes françaisun <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t à la sortie dunucléaire <strong>en</strong> s’appuyant sur lesaccords qui ont déjà eu lieu <strong>en</strong>Allemagne et <strong>en</strong> Espagne.Laur<strong>en</strong>t Fabius ayant déjà donnéson aval sur cette question, le trèspronucléaire Dominique Strauss-Kahn a été consulté. Le 9 octobre2005, il s’est prononcé pour “unesortie le plus tôt possible [sansfixer] une date couperet qui neti<strong>en</strong>drait pas compte des besoinsimmédiats <strong>en</strong> énergie”. Autantdire qu’il se prononce a minima.Off<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>t, le PS est toujourscontre la construction de l’EPRmais… François Hollande disaitle 15 février 2005 sur Canal + :“Ne laissez pas p<strong>en</strong>ser que (legouvernem<strong>en</strong>t socialiste) a arrêtéle nucléaire ! Les Français vontêtre inquiets. Il va falloir sansdoute garder une large part decette production nucléairepuisque c’est ce qui nous garantitl’indép<strong>en</strong>dance énergétique. Ilfaut maint<strong>en</strong>ir la capacité qu’a laFrance de faire du nucléaire”.Solix, un jeupour NoëlLe Réseau Sortir du nucléairediffuse le jeu Solix qui sur leprincipe d’un damier style jeu del’oie, vous propose des réflexionssur les énergies r<strong>en</strong>ouvelables.Il est disponible contre 39€(port compris) auprès du RéseauSortir du nucléaire, 9, rueDum<strong>en</strong>ge, 69317 Lyon cedex 04.Le débatpublic tournecourt !Il a fallu att<strong>en</strong>dre la décision deconstruire le 69 e réacteurnucléaire français pour qu’une loioblige <strong>en</strong>fin à l’organisation d’undébat public. Mais celui-ci s’estvite révélé peu démocratique. Ladécision de construire l’EPR adéjà été prise par le gouvernem<strong>en</strong>tet le débat ne pouvait pasremettre <strong>en</strong> cause cette décision.Les associations qui ont voulupart<strong>ici</strong>per au débat ont vite butéDRsur de nombreux manques dansles données, celles-ci étant classées“secret déf<strong>en</strong>se” ou “secretindustriel”. Le gouvernem<strong>en</strong>t arefusé l’idée que des experts choisispar les associations puiss<strong>en</strong>t,sous serm<strong>en</strong>t, avoir accès à cesdocum<strong>en</strong>ts. Le Réseau Sortir dunucléaire a reçu de manière anonymeun docum<strong>en</strong>t classé “secretdéf<strong>en</strong>se” qui montre que l’EPRne résisterait pas à un att<strong>en</strong>tat detype de celui du 11 septembre2001. Le Réseau a demandé quece docum<strong>en</strong>t, qu’il possède, puisseêtre r<strong>en</strong>du public. Cela a été refusé.Mi-octobre, les grandes associationset les différ<strong>en</strong>tes fédérationsd’associations ont annoncéleur retrait de ce pseudo-débat.La première réunion qui devait set<strong>en</strong>ir à Cherbourg le 19 octobre atout simplem<strong>en</strong>t été annulée.EPRRassemblem<strong>en</strong>tà CherbourgNotez-le dès maint<strong>en</strong>ant, pour leweek-<strong>en</strong>d de Pâques 2006(15 et 16 avril), un rassemblem<strong>en</strong>tinternational est prévu àCherbourg contre le projet derelance du nucléaire <strong>en</strong> France etcontre le lancem<strong>en</strong>t du nouveauréacteur EPR prévu àFlamanville. Des départs <strong>en</strong> carseront organisés de toute laFrance avec l’appui du RéseauSortir du nucléaire. R<strong>en</strong>dez-vousle samedi 15 avril à 14 h, quaiLawton-Collins. On peut aider dèsmaint<strong>en</strong>ant au niveau local <strong>en</strong>pr<strong>en</strong>ant contact avec le Crilan,10, route d’Etang-Val, 50340Les Pieux, tél : 02 33 52 45 59.Infos sur le site : www.stopepr.org.Fess<strong>en</strong>heim : le tour cycliste 2000.DRLe Nobel qui diviseLe siège de l’AIEA à Vi<strong>en</strong>ne.Le prix Nobel de la paix a été remis à l’AIEA, Ag<strong>en</strong>ce internationalede l’énergie atomique, et à son présid<strong>en</strong>t pour son action contre laprolifération des armes nucléaires. Déjà pour les 40 e et 50 e anniversairesde l’explosion d’Hiroshima et Nagasaki, le Nobel de la paix étaitrev<strong>en</strong>u à des opposants à la bombe atomique, mais les deux fois précéd<strong>en</strong>tesc’était à de grandes associations antinucléaires internationales.Le choix de l’AIEA a soulevé une tempête de protestations du côté desantinucléaires et des pacifistes car si l’AIEA a bi<strong>en</strong> une mission delutte contre la prolifération de l’arme atomique, elle a aussi pour missionde promouvoir “l’atome de la paix”, c’est-à-dire d’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir l’illusionqu’il existerait un nucléaire civil utile. Ses statuts, de 1957, précis<strong>en</strong>tsa mission : “l’Ag<strong>en</strong>ce internationale pour l’énergie atomique(AIEA) a pour but d’accélérer et d’élargir la contribution de l’énergieatomique à la paix, la santé et la prospérité à travers le monde”.L’AIEA est donc une instance qui agit pour la prolifération nucléaire,et non contre.Car non seulem<strong>en</strong>t les c<strong>en</strong>trales nucléaires ne sont pas utiles, sont dangereuses,explos<strong>en</strong>t parfois, produis<strong>en</strong>t des déchets qui vont nous empoisonnerp<strong>en</strong>dant des millénaires… mais tous les pays qui ont off<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>tréussi à faire la bombe atomique l’ont réalisé à partir de combustiblesfabriqués dans des réacteurs dits civils. La France <strong>en</strong> est unbrillant exemple : la première filière de c<strong>en</strong>trales (Saint-Laur<strong>en</strong>t,Bugey, Chinon) arrêtées aujourd’hui ont servi à procurer le plutoniumnécessaire à l’armée. Et si Israël, le Pakistan, l’Inde et sans doutequelques autres ont aujourd’hui la bombe, ils ont tous comm<strong>en</strong>cé parfaire des réacteurs off<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>t pour l’électr<strong>ici</strong>té.F E S S E N H E I MProcèscontre EDFL’<strong>en</strong>quête publique initiale qui aconduit à la mise <strong>en</strong> route <strong>en</strong>1977 des réacteurs de la c<strong>en</strong>tralede Fess<strong>en</strong>heim, <strong>en</strong> Alsace, prévoyaitune durée de vie de 20 ans.En 1997, après vingt ans, EDF aobt<strong>en</strong>u un prolongem<strong>en</strong>t de fonctionnem<strong>en</strong>tde dix ans qui courtdonc jusqu’<strong>en</strong> 2007. Alorsqu’EDF demande une nouvelleprolongation, des associations ontdécidé d’attaquer <strong>en</strong> justice pourvoir si ce prolongem<strong>en</strong>t est légal.Deux associations, Stop-Fess<strong>en</strong>heim et l’association trinationalede protection nucléaire dela population autour deFess<strong>en</strong>heim (France-Suisse-Allemagne) espère ainsi provoquerun débat d’experts sur lesrisques que l’on pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> continuantà faire fonctionner desmatériels de plus <strong>en</strong> plus radioactifset de plus <strong>en</strong> plus fragilisés.Fess<strong>en</strong>heim est aujourd’hui lac<strong>en</strong>trale nucléaire la plus anci<strong>en</strong>ne<strong>en</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t et les incid<strong>en</strong>tsse multipli<strong>en</strong>t. Le dernier <strong>en</strong>date, le 14 octobre, a nécessitél’évacuation de 183 personnesprés<strong>en</strong>tes dans le réacteur n°1,suite à une brusque montée de laradioactivité dans l’air. Au moinsquatre salariés ont inhalé despoussières radioactives.C’est Corinne Lepage, anci<strong>en</strong>neministre de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t etanci<strong>en</strong>ne avocate des opposants àSuperphénix, qui devrait m<strong>en</strong>er cedossier. Pour financer cettedémarche, un appel internationalà souti<strong>en</strong> financier est <strong>en</strong> cours.En France, on peut faire un donà : Stop-Fess<strong>en</strong>heim, C. Zerr, 3,Kalbach-le-Haut, 68140 Munster.SILENCE N°330 Décembre 200524


EnergiesAppel aux économies d’énergieIl ne faut pas désespérer : le gouvernem<strong>en</strong>t Bush semble <strong>en</strong>fin pr<strong>en</strong>dreconsci<strong>en</strong>ce que la planète est limitée ! Début octobre, le gouvernem<strong>en</strong>tfédéral a <strong>en</strong> effet publié un docum<strong>en</strong>t <strong>en</strong> anglais et <strong>en</strong> espagnolprés<strong>en</strong>tant des “dizaines de recettes faciles et souv<strong>en</strong>t relativem<strong>en</strong>t peuchères” pour économiser l’énergie. La campagne a égalem<strong>en</strong>t été reprisedans les radios et les télévisions. Avec une consommation <strong>en</strong>tre deuxet trois fois celle des Europé<strong>en</strong>s, les Etats-Uni<strong>en</strong>s peuv<strong>en</strong>t effectivem<strong>en</strong>tfaire des progrès.Budget del’ADEME<strong>en</strong> baisseNon seulem<strong>en</strong>t “la maisonbrûle”, mais elle va continuer àbrûler ! Au nom du libéralisme, legouvernem<strong>en</strong>t a <strong>en</strong>core proposédans le budget 2006 une baissedu budget des pompiers del’ADEME, Ag<strong>en</strong>ce de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tpour la maîtrise de l’énergie.Cette baisse qui était déjà del’ordre de 30 % <strong>en</strong> 2005 devraitêtre de 20 % <strong>en</strong> 2006. Ce n’estpas avec de telles pratiques quel’on peut espérer maîtriser l’énergieet répondre aux défis quepose le réchauffem<strong>en</strong>t climatique.Fin du pétrole■ Hausse des prix. Selonl’INSEE, <strong>en</strong> un an, de juillet àjuillet, le prix du carburant pourles automobiles a augm<strong>en</strong>té de16 %, celui des transportsaéri<strong>en</strong>s de 9,2 %, les voyagestouristiques de 16 %. L’inflationserait toutefois de 1,7 %.■ Chute d’avions. Le carburantreprés<strong>en</strong>te <strong>en</strong>viron un tiers ducoût du transport aéri<strong>en</strong>. Lancédans une concurr<strong>en</strong>ce folle du faitde la “concurr<strong>en</strong>ce libre et nonfaussée”, les compagniesaéri<strong>en</strong>nes essai<strong>en</strong>t de ne pas troprépercuter les hausses du pétroleactuelle… d’où la rechercheDRd’économies sur d’autres postescomme l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. Résultat :les accid<strong>en</strong>ts d’avion se multipli<strong>en</strong>t(un par semaine actuellem<strong>en</strong>t).Après les avions, ce sontles compagnies elles-mêmes quitomberont, pour faillite.■ Tickets de rationnem<strong>en</strong>t. Legouvernem<strong>en</strong>t britannique a proposéde mettre <strong>en</strong> place des ticketsde rationnem<strong>en</strong>t pour le carburant,une idée qu’avance égalem<strong>en</strong>tYves Cochet, député Vert.Cette mesure a le mérite demettre tout le monde à égalitéet d’éviter que les plus richescontinu<strong>en</strong>t à gaspiller alors queles plus démunis doiv<strong>en</strong>t se priver.A L L E M A G N EUne c<strong>en</strong>tralesolaire de 10 MWB R E T A G N ELycée Lelykès à Quimper.R<strong>en</strong>ouvelables dans les lycéesDans le cadre de nouvelles formations dans le domaine des énergiesr<strong>en</strong>ouvelables, la région Bretagne vi<strong>en</strong>t d’équiper cinq lycéesde la région de panneaux solaires photovoltaïques, de capteurssolaires thermiques, d’une petite éoli<strong>en</strong>ne et de différ<strong>en</strong>ts matérielsliés aux r<strong>en</strong>ouvelables. Il s’agit pour les élèves <strong>en</strong> préparation debacs technologiques et de BTS d’appr<strong>en</strong>dre les nouvelles possibilitésoffertes par les énergies r<strong>en</strong>ouvelables.Le 30 juin a été inaugurée àMühlhaus<strong>en</strong>, dans le sud del’Allemagne, la plus grande c<strong>en</strong>tralesolaire du monde. Elle a étéréalisée par le groupe Siem<strong>en</strong>set occupe une surface de 25 hectares.Elle bénéf<strong>ici</strong>e d’une politiquegouvernem<strong>en</strong>tale extrêmem<strong>en</strong>tfavorable au rachat du courantprov<strong>en</strong>ant de sources d’énergiesr<strong>en</strong>ouvelables. L’Allemagneest passée <strong>en</strong> tête des capteursphotoélectriques installés(363 MW <strong>en</strong> tout) devant leJapon (280 MW) et les Etats-Unis (90 MW).Eoli<strong>en</strong>nes de plus <strong>en</strong> plus puissantesREpower’s est le nom d’une éoli<strong>en</strong>ne de 5 MW inaugurée au printemps 2005 <strong>en</strong> Allemagne. Elle a étéconnectée au secteur p<strong>en</strong>dant l’été. Avec des pales de 63 m et un pilier de 123 mètres, elle culmine à 186mètres. Elle coûte 6 millions d’euros. Ironie du sort : elle a été installée sur le site nucléaire de Brunsbuttel,au nord de l’Allemagne, vers Hambourg. Le même modèle a été égalem<strong>en</strong>t placé au large de Cuxhav<strong>en</strong> pourun essai <strong>en</strong> offshore (<strong>en</strong> mer). C’est actuellem<strong>en</strong>t le plus gros modèle du monde <strong>en</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t.Mais il existe d’autres projets <strong>en</strong>core plus gigantesques qui vis<strong>en</strong>t le marché de l’offshore. Le groupe néerlandaisPolymarin Composites étudie un prototype de 10 MW, avec des pales de 80 m. La construction est <strong>en</strong>visagéepour 2007.Cette montée <strong>en</strong> puissance demande d’améliorer sans cesse les performances techniques. Pour éviter que lebout des pales n’aille trop vite et se brise, plus les machines sont grosses, moins elles tourn<strong>en</strong>t vite. Ainsi lespales tourn<strong>en</strong>t à 40 tours minute pour les modèles de 0,5 MW, 20 pour les 1,5 MW (les plus installéesactuellem<strong>en</strong>t), plus que 10 pour les 4,5 MW.Les projets se multipli<strong>en</strong>t avec des parcs qui atteign<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant des c<strong>en</strong>taines de MW et dont les productionssont aussi importantes que des c<strong>en</strong>trales thermiques ou nucléaires.CIELESILENCE N°330 Décembre 200525


PaixC A C H E M I R ESolidaritéAprès le tremblem<strong>en</strong>t de terre dudébut octobre, voyant des militairespakistanais coincés sousleurs bâtim<strong>en</strong>ts effondrés, desmilitaires indi<strong>en</strong>s stationnés del’autre côté de la frontière sontv<strong>en</strong>us à leur aide et ont ainsisauvé plusieurs vies. Les deuxpays étant <strong>en</strong> guerre, on peut prévoirla suite : ces militaires serontchangés d’affectation pour ne pascontinuer à fraterniser avec “l’<strong>en</strong>nemi”.Le problème de la guerre,c’est que ceux qui la font ne sontpas ceux qui la décid<strong>en</strong>t.S E R B I ETous objecteurs !La guerre terminée, le gouvernem<strong>en</strong>tserbe a accepté sous la pressioninternationale de mettre <strong>en</strong>place un service civil pour lesobjecteur de consci<strong>en</strong>ce. Celui-cide 13 mois comme le service militaireest <strong>en</strong>tré <strong>en</strong> service début2004. Un an après 55,5% des9000 appelés de l’année ont choisile service civil ! Le gouvernem<strong>en</strong>tserbe est furieux. Pouressayer de ram<strong>en</strong>er des jeunesdans l’armée, il a diminué début2005 le seul temps de servicemilitaire à 7 mois. Comme quoi,une bonne guerre, ça vous rappelleà juste titre à quoi sert l’armée.(Union pacifiste, juillet 2005)DRLimiterles transfertsd’armem<strong>en</strong>tAgir Ici avec le souti<strong>en</strong> duSecours Catholique, du CCFD etde l’Observatoire des transfertsd’armem<strong>en</strong>t, lance de décembre2005 à juillet 2006, une campagnedemandant l’adoption d’untraité juridiquem<strong>en</strong>t contraignantBush dégoût■ 2000 morts, 15220 blessés. C’est le bilan off<strong>ici</strong>el pour l’armée USau 25 octobre. Il faut y ajouter plusieurs c<strong>en</strong>taines de morts pour lesforces alliées (principalem<strong>en</strong>t les Britanniques) et plus de 10 000 mortsiraki<strong>en</strong>s dont de très nombreux pol<strong>ici</strong>ers.■ Justice indép<strong>en</strong>dante. Si la démocratie repose sur une justice indép<strong>en</strong>dante,alors ce n’est pas <strong>en</strong>core ça <strong>en</strong> Irak. Le 15 octobre, jour oùles Iraki<strong>en</strong>s sont appelés à voter pour le projet de constitution, s’ouvrait— quel hasard — le procès de Saddam Hussein.■ Saddam Hussein : procès sans les complices. Le procès qui s’estouvert contre Saddam Hussein le 15 octobre dernier porte sur l’usagede gaz chimiques employés <strong>en</strong> 1982 contre des villages kurdes qui ontfait autour de 5000 morts. Bizarrem<strong>en</strong>t, il manque des complices dansle box des accusés. A cette époque, le régime iraki<strong>en</strong> avait le souti<strong>en</strong>de la France et des Etats-Unis qui ont sans doute fourni les gaz<strong>en</strong> question.■ Objecteurs à l’impôt militaire. Le budget de la déf<strong>en</strong>se des Etats-Unis représ<strong>en</strong>te 47% des dép<strong>en</strong>ses mondiales d’armem<strong>en</strong>t. Comme <strong>en</strong>son temps H<strong>en</strong>ri-David Thoreau, Kevin McKee, Joe Donato et IngeDonato ont refusé de payer une partie de leurs impôts pour protestercontre la politique de leur gouvernem<strong>en</strong>t. Le 1er juillet dernier, ils ont étécondamné à la prison ferme ! Une telle s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce n’avait plus été prononcédans le pays depuis cinquante-cinq ans. Ils ont été condamnés respectivem<strong>en</strong>tà 24, 27 et 6 mois de prison ! (Union pacifiste, octobre 2005)■ Mémés <strong>en</strong> colère. Un mouvem<strong>en</strong>t de désobéissance civile a été lancépar les grands-par<strong>en</strong>ts de soldats <strong>en</strong>voyés <strong>en</strong> Irak. Des grands-mères, de60 à 93 ans, ont été arrêtées alors qu’elles se prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t dans desc<strong>en</strong>tres de recrutem<strong>en</strong>t pour demander à être <strong>en</strong>voyé au front à la placedes jeunes soldats. L’action se développe dans toutes les grandes villesdes Etats-Unis et provoque d’int<strong>en</strong>ses débats à un mom<strong>en</strong>t où la majoritédes Etats-Uni<strong>en</strong>s se prononc<strong>en</strong>t pour le retrait des soldats d’Irak.régulant le commerce des armes.Entre 80 et 90 % des v<strong>en</strong>tesd’armes sont actuellem<strong>en</strong>tcontrôlées par les Etats… sansgénéralem<strong>en</strong>t aucun compte àr<strong>en</strong>dre sauf de rares embargos del’ONU. Cette campagne demandeà chacun de dessiner son visageet de l’<strong>en</strong>voyer p<strong>en</strong>dant le premiersemestre 2006 afin de pouvoirremettre des millions de visageslors d’une réunion de l’ONU àNew-york, prévue <strong>en</strong> juillet 2006,portant sur ce sujet. Agir <strong>ici</strong>,104, rue Oberkampf, 75011Paris, tél : 01 56 98 24 40.Publ<strong>ici</strong>téCollectifs des déboulonneursDepuis la vague d’actions contre les affichages publ<strong>ici</strong>taires de2004, des personnes de la mouvance se sont réunies pour étudierla possibilité de mettre <strong>en</strong> place une campagne de désobéissance civil<strong>en</strong>on-viol<strong>en</strong>te qui se fixe un objectif réaliste pour limiter l’emprise de lapubl<strong>ici</strong>té. Après dix-huit mois de concertation, le collectif des déboulonneursa vu le jour <strong>en</strong> octobre avec comme objectif que la législationconcernant l’affichage associatif à Paris soit appliquée à la publ<strong>ici</strong>técommerciale… à savoir que ne sont autorisées que les affichesde moins de 50 x 70 cm.Comm<strong>en</strong>t faire avancer cette rev<strong>en</strong>dication ? Par des opérations de“barbouillages au grand jour” comme l’a déjà fait à de multiplesreprises Résistance à l’agression publ<strong>ici</strong>taire. Pour cela, un appel estlancé pour que les volontaires se fass<strong>en</strong>t connaître et que puiss<strong>en</strong>t semettre <strong>en</strong> place des collectifs locaux. Ensuite, une journée d’action auralieu publiquem<strong>en</strong>t dans le plus de lieux possible le quatrième v<strong>en</strong>dredide chaque mois (ou par défaut le samedi suivant). Un quatre pagesargum<strong>en</strong>taire est égalem<strong>en</strong>t disponible. Pour <strong>en</strong> savoir plus :Coordination nationale des collectifs des déboulonneurs,24, rue Louis-Blanc, 75010 Paris, deboulonneurs@no-log.orgDRP A R I SRéseau deveille contreles expulsionsAlors que se multipli<strong>en</strong>t les opérationsd’arrestations dans certainsquartiers de Paris, un collectifd’associations a lancé unappel pour mettre <strong>en</strong> place unréseau de veille, quartier parSociétéquartier, chargé d’informer lespersonnes concernées sur leursdroits, de donner l’alerte <strong>en</strong> casde rafle, de témoigner <strong>en</strong> cas derecours juridiques pour non-respectdes lois. On retrouve dans cecollectif le MRAP, la Cimade, laFasti, Alternative libertaire. Pourrejoindre ce réseau :Alternative libertaire, 92 rued’Aubervilliers, 75019 Paris.Rejet desséropositifsUne <strong>en</strong>quête publiée par Sidainfo-service indique que la moitiédes séropositifs r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t desproblèmes de discrimination surleur lieu de travail, un taux quimonte à soixante-dix pour c<strong>en</strong>tdans le milieu médical… avecparfois même des refus de soins !SILENCE N°330 Décembre 200526


David Sterboul■ Souti<strong>en</strong> financier. Afin de sout<strong>en</strong>irles actions de désobéissance civile etde payer les frais de justice qui y sont liés,un appel à solidarité financière a été mis<strong>en</strong> place. On peut faire des dons à l’ordre deConstruire un monde solidaire, 4, place Lu<strong>ici</strong><strong>en</strong>-Grégoire, 12100 Millau, tél : 05 65 59 14 36.■ Belgique : restriction <strong>en</strong> Wallonie. Le ministre wallon de l’agriculture,B<strong>en</strong>oît Lutg<strong>en</strong> a déclaré le 30 septembre dernier qu’il allait proposerla mise <strong>en</strong> place d’une législation qui ferait <strong>en</strong> sorte que “lesconditions pour cultiver des OGM seront telles qu’aucun agriculteurn’osera se lancer dans cette av<strong>en</strong>ture”. Le ministre a indiqué qu’unrisque de pollution irréversible ne pouvant pas être écarté, il fallaitdéterminer les responsabilités. Il a insisté sur l’incompatibilité <strong>en</strong>tre untel risque et la possibilité de promouvoir d’autres formes d’agriculturecomme l’agriculture biologique. Pour <strong>en</strong> savoir plus : Nature etProgrès, 520, rue de Dave, B 5100 Jambes, tél : 08 1/30 36 90.■ Les veuves de l’amiante rejoign<strong>en</strong>t les faucheurs volontaires.L’Andeva, Association nationale de déf<strong>en</strong>se des victimes de l’amiante,estimant que la m<strong>en</strong>ace des OGM et le refus des politiques de pr<strong>en</strong>dredes précautions relèv<strong>en</strong>t du même disfonctionnem<strong>en</strong>t de la démocratieque le dossier amiante, a lancé le 16 septembre dernier, <strong>en</strong> assembléegénérale, un appel pour que les victimes et les familles des victimes del’amiante se joign<strong>en</strong>t aux prochains fauchages d’OGM. ANDEVA, 22,rue des Vignerons, 94686 Vinc<strong>en</strong>nes cedex, tél : 01 41 93 73 87.■ Plainte contre un sem<strong>en</strong>cier. Le 5 octobre, quatre personnes deHaute-Garonne dont un anci<strong>en</strong> élu PS, François Simon, et un élu Vert,Pierre Labeyrie, inculpés pour des fauchages, ont contre-attaqué <strong>en</strong>portant plainte contre la firme Pioneer, pour “mise <strong>en</strong> danger de la vieet du bi<strong>en</strong> d’autrui”. Ils ont fait constater par huissier l’état d’une parcellesur laquelle se trouvai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core des épis de maïs transgéniques,des débris et une quantité importante de graines “propices à la contaminationd’autres parcelles par les oiseaux ou les mulots”.■ Paris : expositionphoto. David Sterboul,photographe qui collaboreoccasionnellem<strong>en</strong>t àSil<strong>en</strong>ce, a suivi deux fauchagesOGM l’été dernier.Ses photos font l’objetd’une exposition “Ladésobéissance civile <strong>en</strong>plein champ” qui se ti<strong>en</strong>tjusqu’au 3 décembre àl’Espace Château-Landon, 31, rue Château-Landon, 75010 Paris.Téléphoneportable■ Condamnation. Dans uneinterview au Journal duDimanche, Eti<strong>en</strong>ne C<strong>en</strong>drier, animateurde l’association Robin destoits décrivait des pratiques peurecommandables des opérateurs.Ayant exagéré sur certains points,il a été condamné pour diffamationà 5000 € de dommages etintérêts au profit de BouyguesTelecom (qui demandait200 000 €). P<strong>en</strong>dant ce temps,l’AFSSE, ag<strong>en</strong>ce française desécurité sanitaire de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tconclut que les téléphones etles ant<strong>en</strong>nes ne prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t guèrede danger… <strong>en</strong> refusant d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dreles sci<strong>en</strong>tifiques qui arriv<strong>en</strong>tà d’autres conclusions. Pourmaint<strong>en</strong>ir la liberté de s’exprimersur le sujet, l’association a besoinde souti<strong>en</strong> : Robin des toits, 55,rue Popincourt, 75011 Paris.■ Faux rapports sci<strong>en</strong>tifiques.Le 12 octobre 2005, dans lecadre d’un débat qui s’est t<strong>en</strong>u auSénat, le présid<strong>en</strong>t de l’Afsse,Ag<strong>en</strong>ce française de sécurité sanitaireet <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale, GuyPaillotin, interrogé sur la partialitéde certains experts soll<strong>ici</strong>téspar l’Ag<strong>en</strong>ce, a indiqué que “l’expertisede l’Afsse sur la téléphoniemobile n’a jamais suivi, ni deprès ni de loin, les règles quel’Afsse s’est fixées à elle-même ;donc, c’est une expertise que jeconsidère, <strong>en</strong> tant que présid<strong>en</strong>tdu conseil d’administration,comme n’existant pas, n’étantpas le fait de l’Afsse, puisqu’ell<strong>en</strong>e correspond pas aux textes quele conseil d’administration a luimêmeadoptés (…)”. Il a indiquéqu’il avait alerté “la directiongénérale de l’Afsse sur le fait queles expertises de l’Afsse net<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t pas devant une expertisejuridique”. Les associations Agirpour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et Priartemdénonçai<strong>en</strong>t le rejet de touteaudi<strong>en</strong>ce de sci<strong>en</strong>tifiques ayantdémontré des dangers des téléphonesportables. La magouilleavait été r<strong>en</strong>due publique <strong>en</strong> juin2005 après la démission du directeursci<strong>en</strong>tifique D<strong>en</strong>is Zmirou, <strong>en</strong>conflit ouvert avec la directricede l’ag<strong>en</strong>ce, Mme From<strong>en</strong>t-Védrin. La sincérité du présid<strong>en</strong>tdevrait provoquer l’annulationdes déclarations rassurantes surla téléphonie mobile.Bizarrem<strong>en</strong>t, les médias qui sontsous perfusion des publ<strong>ici</strong>tés pourles téléphones portables, n’ontpas répercuté cette prise deposition.Des Nobelreconnaiss<strong>en</strong>tl’inefficacitédes vaccinsRéunis à Lyon, le 12 avril 2005,pour la journée des Nobel àBiovision, forum mondial de labiologie, dix prix Nobel prés<strong>en</strong>tsont rappelé de façon insistanteque “ri<strong>en</strong> n’est acquis <strong>en</strong> sci<strong>en</strong>ce,<strong>en</strong> particulier <strong>en</strong> médecine et <strong>en</strong>biologie. Aujourd’hui, les immunologistessont confrontés à deSILENCE N°330 Décembre 200527SantéPrév<strong>en</strong>tion contrela grippe aviairevraies difficultés théoriques,notamm<strong>en</strong>t dans la lutte contrele Sida ou les virus émerg<strong>en</strong>ts detype grippe aviaire”. Selon PeterC. Doherty et Rolf Zinkernagel,colauréats du prix Nobel demédecine <strong>en</strong> 1996 pour leurdécouverte sur la spécif<strong>ici</strong>té desréponses immunitaires cellulaires;“l’époque des grandes victoiresvaccinales est révolue”. Pour lepremier, “l’incapacité de l’organisme,même vacciné, à réagircontre une infection virale <strong>en</strong>moins de cinq jours r<strong>en</strong>d caductout espoir de vaincre ces nouveauxvirus auquel aucun êtrehumain, ni même homini<strong>en</strong> dansun lointain passé ne fut jamaisexposé”. Pour le second “outrele fait que l’hygiène a fragilisénos contemporains <strong>en</strong> les privantdu contact ‘fortifiant’ avec lesvirus et les microbes dès la naissance,notre système humanitaireest incapable de faire preuved’une véritable mémoire.Autrem<strong>en</strong>t dit, est invalidée l’idéede la voie vaccinale dans la luttecontre les nouveaux virus. Cetteabs<strong>en</strong>ce de mémoire immunitaireest la raison pour laquelle nousn’avons jamais de bons vaccins”.(Quotidi<strong>en</strong> du médecin, 8avril 2005, Sci<strong>en</strong>ces etAv<strong>en</strong>ir, juin 2005)Il est annoncé, qu’<strong>en</strong> cas de décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t d’uneépidémie de grippe aviaire, <strong>en</strong> Europe, <strong>en</strong>viron 10 %des grippés peuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> mourir. Ce seront les jeunes <strong>en</strong>fants, lesvieillards <strong>en</strong> premier, les plus faibles.Comme pour une grippe normale, pour éviter la contamination, il fautpr<strong>en</strong>dre des mesures élém<strong>en</strong>taires : se laver soigneusem<strong>en</strong>t les mainsau savon avant de porter quelque chose à sa bouche ou de préparerdes crudités, se couvrir le nez et la bouche lorsque l’on éternue ouque l’on se mouche, utiliser des mouchoirs à usage unique (eh oui !),éviter de se t<strong>en</strong>ir face à quelqu’un d’<strong>en</strong>rhumé… Eviter les lieux oùl’on est <strong>en</strong>tassé (évitez les transports <strong>en</strong> commun : préférez le vélo etla marche !), adoptez les masques que les autorités distribueront sila situation empire.Au niveau de la prév<strong>en</strong>tion, il faut essayer de r<strong>en</strong>forcer ses déf<strong>en</strong>sesimmunitaires. Pour cela, il faut manger le plus diversifié possible,beaucoup de fruits et légumes de bonne qualité, donc le plus possiblebiologiques, manger des crudités, avoir quelques activités physiques(marche régulière, monter des escaliers…) pour provoquer la transpirationet éliminer, boire de l’eau de qualité (<strong>en</strong> variant les eaux minérales),ne pas se stresser (éviter les surcharges de responsabilités,reporter ce qu’il est possible de faire plus tard…), ne pas hésiterà pratiquer des méthodes de relaxation (yoga, gymnastique douce,massages…), développer une p<strong>en</strong>sée positive (p<strong>en</strong>ser à ceux que vousaimez, aux <strong>en</strong>droits où vous aimez vivre…).Ne comptez pas sur les vaccins : les spécialistes estim<strong>en</strong>t qu’il fautau minimum cinq mois pour mettre au point un vaccin après l’apparitiondu virus recombiné… alors que le maximum de malades pourrai<strong>en</strong>têtre atteints <strong>en</strong> seulem<strong>en</strong>t six semaines. Ne pr<strong>en</strong>ez pas un vaccinprév<strong>en</strong>tif réalisé avec un autre virus car comme pour le vaccin dela grippe offert généreusem<strong>en</strong>t chaque année aux personnes âgées,il est un facteur d’affaiblissem<strong>en</strong>t et ne protège que de l’anci<strong>en</strong>virus : les vaccinés sont plus grippés que les autres selon les statistiquesdes Caisses d’allocations maladies !


FemmesPilulescontraceptivescancérigènesSuspectées depuis de longuesannées d’être <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avecl’augm<strong>en</strong>tation des cancersdu sein, les pilulescontraceptives, y compris lesplus réc<strong>en</strong>tes, vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’êtreclassées comme cancérigènespar le CIRC, C<strong>en</strong>treinternational de recherchesur le cancer, organismedép<strong>en</strong>dant de l’OMS,Organisation mondiale de lasanté. Des li<strong>en</strong>s ont été démontrésnon seulem<strong>en</strong>t avec le cancer dusein, mais aussi avec le cancer ducol utérin et avec le cancer dufoie. P<strong>en</strong>dant 40 ans, au nom dela libération, les femmes aurontservi de cobayes aux firmes pharmaceutiques.Et ce n’est pas finicar cette déclaration n’a évidemm<strong>en</strong>tpas fait la une des médiaset les pilules sont toujours <strong>en</strong>v<strong>en</strong>te libre. Rappelons que leCIRC a égalem<strong>en</strong>t classé commecancérigène les traitem<strong>en</strong>ts hormonauxsubstitutifs que desmédecins conseill<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core aumom<strong>en</strong>t de la ménopause.1 er septembre 2005)E T A T S - U N I SFemmescontrela guerreFin juin, des mères de soldatstués <strong>en</strong> Irak ont rejoint l’avocatJohn Bonifaz pour sout<strong>en</strong>ir sadémarche visant à demander auxparlem<strong>en</strong>taires de voter l’impeachm<strong>en</strong>tune mesure prévuepar le Constitution pour démettrele présid<strong>en</strong>t au cas où celui-cipr<strong>en</strong>drait des mesures contre l’intérêtdu pays. Ces mères estim<strong>en</strong>t<strong>en</strong> effet que la guerre <strong>en</strong> Irak nerepose que sur un discours m<strong>en</strong>songeret n’apporte ri<strong>en</strong> auxEtats-Unis.Le 13 juillet, cinq femmes âgéesde 65 à 81 ans, se sont introduitesdans un c<strong>en</strong>tre de recrutem<strong>en</strong>tde l’armée pour dénoncer laprés<strong>en</strong>ce des soldats US <strong>en</strong> Irak.Cette action fait suite à une prés<strong>en</strong>cehebdomadaire depuis ledébut du conflit. Poursuivies <strong>en</strong>justice, le procureur de Tucson(Arizona) a annoncé l’abandondes poursuites le 26 août.Congé par<strong>en</strong>talSexismeordinaireSi 98 % des congés par<strong>en</strong>tauxsont actuellem<strong>en</strong>t pris par lesfemmes, une réforme devrait<strong>en</strong>courager à une meilleurerecherche de parité. Il n’<strong>en</strong> estri<strong>en</strong> : lors de la réc<strong>en</strong>te réformede ce congé (qui cache <strong>en</strong> faitune volonté nataliste de la droite<strong>en</strong> incitant les couples à avoirtrois <strong>en</strong>fants), tous les médias,tous les hommes (et femmes !)politiques ont systématiquem<strong>en</strong>tparlé de ces congés comme s’ilsne concernai<strong>en</strong>t que les femmes !Seule exception trouvée dans lesmédias : la positionde la CSF,Confédérationsyndicale desfamilles, quiparle du partagedu choix<strong>en</strong>tre les deuxpar<strong>en</strong>ts.R E N N E SLes BâtisseusesL’association Les bâtisseuses estnée <strong>en</strong> mars 2005 afin de disposerd’une structure juridique permettantla réalisation de projetscollectifs ou individuels <strong>en</strong> faveurdes femmes et des lesbi<strong>en</strong>nes.Elle a pour but de créer du li<strong>en</strong>social et culturel <strong>en</strong>tre lesfemmes, de promouvoir lessavoirs et compét<strong>en</strong>ces, les créationset expressions des femmesau niveau local, régional ou international,de favoriser une distributionnon-sexiste des métiers etdes activités, de lutter contre lesformes de discriminations socialeset politiques faites aux femmes etaux lesbi<strong>en</strong>nes, notamm<strong>en</strong>t lesexisme, la lesbophobie, le racisme,le classisme, l’âgisme, l’handiphobie…et de développer desréseaux de solidarité.L’association cherche à organiserdes ateliers et des chantiers avecl’idée d’une recherche d’insertionéconomique. L’association estnon-mixte. Les bâtisseuses,MJC La Paillette, 2, ruedu Pré-de-Bris, 35000 R<strong>en</strong>nes,lesbatisseusesasso@yahoo.frMarche mondialedes femmesLa Marche mondiale des femmes qui a coordonné des marches dansde très nombreux pays du monde depuis le 8 mars 2005, s’est terminéele 17 octobre à Ouagadougou (Burkina Faso), alors qu’une journéede solidarité se déroulait p<strong>en</strong>dant ce temps dans toutes les villestraversées. Des actions souv<strong>en</strong>t reliées à l’actualité. A Marseille, prèsde 300 femmes sont v<strong>en</strong>ues au Vieux-Port sout<strong>en</strong>ir les marins de laSNCM. A Chypre, les femmes ont fait une marche de la réunification.En Bolivie et <strong>en</strong> Colombie, elles manifestai<strong>en</strong>t contre les viol<strong>en</strong>ces desguérillas. En Iran, elles manifestai<strong>en</strong>t contre le port du voile, <strong>en</strong>Turquie pour le respect desCi-dessous : arrivée à Ouagadougou.droits humains, dans plusieurspays d’Afrique contrel’impunité des violeurs, dansplusieurs pays d’Amériquec<strong>en</strong>trale, pour la reconnaissancedes droits des femmesindi<strong>en</strong>nes, au Pakistancontre les conditions detravail et les bas salaires…Souti<strong>en</strong> à Marseille.Souti<strong>en</strong> à Téhéran.Souti<strong>en</strong> à Chypre.Souti<strong>en</strong> <strong>en</strong> Colombie.photos : DRSILENCE N°330 Décembre 200528


Nord / SudLe micro-crédit contre les femmes ?Les Nations unies ont proclamé 2005 Année internationale du micro-crédit.Dans une interview donnée dans le numéro d’été de la revue belge Défis Sud,Hedwige Peemans-Poullet, anci<strong>en</strong>ne présid<strong>en</strong>te de l’Université des femmes,donne son avis sur la question. Nous <strong>en</strong> repr<strong>en</strong>ons <strong>ici</strong> de larges extraits.Je suis <strong>en</strong> désaccord avec ceux quiannonc<strong>en</strong>t, a priori, qu’il n’existeplus d’institutions publiques ousociales et incit<strong>en</strong>t à recourir à l’<strong>en</strong>dettem<strong>en</strong>tpour réduire la pauvreté et améliorerl’«empowerm<strong>en</strong>t» des femmes...Faire table rase du passé d’un pays,faire semblant que la pauvreté est un “étatnaturel”, notamm<strong>en</strong>t pour les femmes,me paraît une attitude tout à fait inacceptable.Il faut toujours comm<strong>en</strong>cer par sedemander ce qui r<strong>en</strong>d ces femmes“pauvres”. Il faut réaffirmer la responsabilitépublique dans des domaines commela santé et l’éducation. Il faut faire un diagnostic,pays par pays, de ce qui existe<strong>en</strong>core et reconstruire les services publics.(…) Au Bangladesh, on a fermé desusines de jute, chassé des paysans pauvresde leur terre pour v<strong>en</strong>ir leur dire par lasuite qu’ils peuv<strong>en</strong>t emprunter de l’arg<strong>en</strong>tafin de se lancer dans de la productionartisanale. Mohammed Yunus, présid<strong>en</strong>tde la Grame<strong>en</strong> Bank, s’est fait attribuerdes hectares et des hectares d’étangs poury produire des crevettes et y employerpresqu’exclusivem<strong>en</strong>t des femmes et des<strong>en</strong>fants.Les preuves de réussite du microcréditse fond<strong>en</strong>t <strong>en</strong> général sur des cas individuels.On monte <strong>en</strong> épingle un indép<strong>en</strong>dantqui sort du lot et réussit à monterune petite <strong>en</strong>treprise.Je crois que la plupart du temps, onincite les emprunteurs pot<strong>en</strong>tiels à se lancerdans une production artisanale ou agricolequi intéresse le marché internationalou touristique jusqu’à saturation de cemarché, effondrem<strong>en</strong>t des prix de v<strong>en</strong>te, cequi conduit la personne <strong>en</strong>dettée au cerclev<strong>ici</strong>eux de l’<strong>en</strong>dettem<strong>en</strong>t ou à la faillite.Entre-temps, le business des créanciersaura fonctionné sans désemparer.(…) Tout le monde s’est inspiré dumodèle de Mohammed Yunus. Il a servid’ag<strong>en</strong>t publ<strong>ici</strong>taire pour l’<strong>en</strong>semble dusystème de microcrédit. Je ne nie pas qu’ily ait des nuances. Si on propose le microcréditpour créer une mini-<strong>en</strong>treprise ouacquérir un outil de travail, cela se discuteévidemm<strong>en</strong>t.Mais souv<strong>en</strong>t ces productions sont“téléguidées”. On amène ainsi, parexemple, les femmes à abandonner leuractivité traditionnelle et spontanée pourles ori<strong>en</strong>ter vers une activité économiqueadaptée au marché mondial. On se souvi<strong>en</strong>tde cette opération “flood” <strong>en</strong> Inde,au cours de laquelle on a incité les paysannesà emprunter pour acheter unevache qui fournirait du lait aux villes...Sans parler des déboires des emprunteuses,on sait que celles-ci finissai<strong>en</strong>t pardevoir acheter du lait pour leur propreconsommation....En fait, ces femmes avai<strong>en</strong>t dû abandonnerleur auto-production alim<strong>en</strong>tairepour dev<strong>en</strong>ir des productrices/consommatricessur le marché ! Beaucoup se sontéreintées et ruinées. Très souv<strong>en</strong>t, il s’agitde productions qui chang<strong>en</strong>t les habitudesalim<strong>en</strong>taires des g<strong>en</strong>s : ils doiv<strong>en</strong>tpar exemple cultiver des haricots au lieude cultiver ce qu’ils mang<strong>en</strong>t habituellem<strong>en</strong>t,parce que les haricots peuv<strong>en</strong>t êtrev<strong>en</strong>dus sur le marché international.Au mom<strong>en</strong>t de se lancer dans un projetproductif, je crois qu’il faut s’intéresserà ce qui se faisait avant dans le milieu oùl’on intervi<strong>en</strong>t. Ces femmes, avant,étai<strong>en</strong>t-elles assises à se tourner les pouceset à att<strong>en</strong>dre la v<strong>en</strong>ue du micro-prêteur ?Je préfère des projets qui s’intéress<strong>en</strong>tà l’alim<strong>en</strong> tation traditionnelle et cherch<strong>en</strong>tà échapper à la dép<strong>en</strong>dance desimportations (par exemple du laitNestlé). Il existe, <strong>en</strong> Afrique, des panadespour bébés qui ne sont pas à base de lait.Le dévelop pem<strong>en</strong>t du micro-crédit estrarem<strong>en</strong>t associé aux principes d’autosuffisancealim<strong>en</strong>taire...(…) Cette idéologie est sout<strong>en</strong>ue parle Fonds monétaire international, par laBanque mondiale, et toutes les grandesorga nisations internationales. Leur butest, à mon avis, de permuter l’<strong>en</strong>dettem<strong>en</strong>tdes pays pauvres, de passer de l’<strong>en</strong>dettem<strong>en</strong>tdes Etats à l’<strong>en</strong>dettem<strong>en</strong>t de lapopulation. Ça veut dire que ces populationssont forcées au sil<strong>en</strong>ce et à la résignationparce qu’obligées de survivredans l’<strong>en</strong>dettem<strong>en</strong>t.L’idéologie de départ a toujours étécelle-là : transformer l’informel <strong>en</strong> formel,convertir l’arg<strong>en</strong>t qui circule sans intérêt<strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t qui circule avec des intérêts etram<strong>en</strong>er tout ça dans le secteur de labanque.Je connais des ONG qui font dumicrocrédit de manière très correcte. Leurproblème est de se profiler <strong>en</strong> tant quefacilitateurs et de ne pas s’imposer, de nepas désori<strong>en</strong>ter ce qui appar ti<strong>en</strong>t auxpopulations locales et à leurs traditions.Mais je me méfie du discours surl’«empowerm<strong>en</strong>t» des femmes. Augm<strong>en</strong>terson pouvoir <strong>en</strong> s’<strong>en</strong>dettant ? Au Bangladesh,<strong>en</strong> tout cas, malgré des arméesde programmes de microcrédit, l’oppressiondes femmes n’a pas diminué...Presque chacun d’<strong>en</strong>tre nous fait desemprunts... Les personnes qui emprunt<strong>en</strong>tn’ont aucun pouvoir sur la stabilitéde la monnaie, les prix du marché, lesconditions climatiques, les conflits armés,leurs propres conditions de travail...Mohammed Yunus a reçu des subv<strong>en</strong>tions,des sommes fantastiques de laBanque du Bangladesh et des institutionsinternationales pour lancer son affaire. Ilne doit pas v<strong>en</strong>ir nous raconter son histoirede petits tabourets, de la pauvre petitefemme auprès de qui il est interv<strong>en</strong>ug<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t pour qu’elle puisse acheter sesbambous, faire ses tabourets et gagner unpetit quelque chose. C’est le côté mystificateurde son histoire. Il a reçu des subv<strong>en</strong>tionsénormes. Les institutions bancairessont depuis longtemps <strong>en</strong> train des’y mettre, car la petite somme est toutaussi r<strong>en</strong>table si vous avez beaucoup depauvres.Comme il y a beaucoup plus depauvres que de riches, on peut aussi bi<strong>en</strong>faire fortune avec les petits pauvresqu’avec les gros riches.(…) La création d’intermédiaires esttypiquem<strong>en</strong>t ce qui se passe dans lemicrocrédit. Des prêts informels sansintérêts exist<strong>en</strong>t dans la plupart des pays,avec des coutumes différ<strong>en</strong>tes... Le microcrédits’emploie souv<strong>en</strong>t à les transformer<strong>en</strong> prêts formels. Avant de proposer unmicrocrédit, il faut avoir le couraged’avouer ce que l’on se propose de remplacer.Mohammed Yunus prét<strong>en</strong>dait vouloirremplacer les usuriers mais ses prêtsfiniss<strong>en</strong>t par coûter plus cher que ceuxdes usuriers qu’il dénonçait !Hedwige Peemans-Poullet ■SILENCE N°33029Décembre 2005


Nord/SudHumanitaireGaspillaged’énergieA chaque tremblem<strong>en</strong>t de terreou tsunami, les équipes humanitairess’<strong>en</strong> donn<strong>en</strong>t à cœur joieavec le matériel prêté par l’armée,les avions et les hélicoptères<strong>en</strong> particulier.N’y aura-t-il pas une seule desorganisations “sans frontières”pour dénoncer cette conceptiondu monde : gaspiller de l’arg<strong>en</strong>t àgogo dans des moy<strong>en</strong>s d’armem<strong>en</strong>tqui <strong>ici</strong> se refont une virginité,alors qu’avec beaucoup moinsd’arg<strong>en</strong>t, il serait possible deconstruire des habitations antiséismiquequi résist<strong>en</strong>t pratiquem<strong>en</strong>tà tout : deux jours après letremblem<strong>en</strong>t de terre du 2octobre au Pakistan, un autre atouché Singapour, ville-Etatextrêmem<strong>en</strong>t riche. Là, il y a del’arg<strong>en</strong>t pour construire solide etaucun bâtim<strong>en</strong>t ne s’est effondré,aucune victime n’est à déplorer.Mais ce n’est sans doute pas unhasard si <strong>en</strong> Afrique on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dparler des “humilitaires” : s’intéresseraux pauvres seulem<strong>en</strong>tquand c’est politiquem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>table.R W A N D APlainte contrel’arméefrançaiseLe 16 février 2005, six rescapésdes massacres rwandais de 1994,ont porté plainte contre l’arméefrançaise, estimant que l’opérationTurquoise lancée à l’époque<strong>en</strong>tre le 22 juin et le 22 août1994 par la France théoriquem<strong>en</strong>tsous l’égide de l’ONU, avaitsurtout servi à détruire lespreuves des li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre les génocidaireset la France. Le tribunaln’a ri<strong>en</strong> trouvé de mieux que deconvoquer les plaignants à une<strong>en</strong>trevue du 7 au 9 septembre.Les avocats des plaignantsétai<strong>en</strong>t là pour dire qu’ils n’ontpas les moy<strong>en</strong>s de dép<strong>en</strong>ser 5000euros pour v<strong>en</strong>ir se prés<strong>en</strong>ter à lajustice alors que l’instructionT C H A DPeut-onjuger HissèneHabré ?anci<strong>en</strong> dictateur du Tchad,L’ Hissène Habré, est réfugiédepuis quinze ans au Sénégal. LaBelgique ayant adopté une loi quilui permet de juger les violationsaux droits humains y compris <strong>en</strong>dehors de son territoire, a faitune demande au Sénégal pourobt<strong>en</strong>ir l’extradition d’HissèneHabré. Des organisations nongouvernem<strong>en</strong>talesont lancé unecampagne de lettres adressées auprésid<strong>en</strong>t sénégalais pour luidemander d’accéder à cettedemande. Agir <strong>en</strong>semble pourles droits de l’homme, 16, av<strong>en</strong>ueBerthelot, 69007 Lyon,tél : 04 37 37 10 11.jud<strong>ici</strong>aire n’est même pas ouverte.Les avocats ont rappelé quesi instruction il y a, le juge <strong>en</strong>charge du dossier peut êtream<strong>en</strong>é à se déplacer lui-même.Y a-t-il une chance de voir l’arméefrançaise inculpée ?(Le Monde, 8 octobre 2005)Le voyageextraordinaired’un commercialordinaireVo<strong>ici</strong> sans doute l’un des premiersspectacles sur le commerceéquitable. Mr Candide Cadre,découvre au cours de r<strong>en</strong>contresavec “les autres” les réalités ducommerce international, les droitshumains au travail, le problèmedes intermédiaires, l’exploitationdes <strong>en</strong>fants, la dette des pays <strong>en</strong>voie de développem<strong>en</strong>t et cherchealors des alternatives qu’il va r<strong>en</strong>contrerdans le commerce équitable.Le spectacle a été réalisé<strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec Artisans du monde etle collectif de l’Ethique sur l’étiquette.Le spectacle se joue avecdeux comédi<strong>en</strong>s et un techn<strong>ici</strong><strong>en</strong>qui se déplac<strong>en</strong>t à la demande.Il sera prés<strong>en</strong>té les 25, 26 et 27janvier au Totem, à la MJC deChambéry et cherche d’autreslieux pour lancer des débats. Pour<strong>en</strong> savoir plus : Deblok manivelle,85, rue Croix-d’Or, 73000Chambéry, tél : 04 79 85 21 57.Commerce équitable■ Succès pour le premier salon pour un commerceéquitable. 102 part<strong>ici</strong>pants ont accueilliplus de 10 000 visiteurs pour le premier salonorganisé par le réseau Minga qui <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d se démarquerd’un certain commerce équitable qui ne remettraitpas <strong>en</strong> cause les causes du pillage actuel des marchésinternationaux. Une majorité de stands t<strong>en</strong>us par des boutiquesindép<strong>en</strong>dantes fonctionnant de manière classique, <strong>en</strong> intégranttous les coups, la plate-forme de commerce équitable, les associations desolidarités internationales… et un grand abs<strong>en</strong>t interdit de salon : MaxHavelaar. Pour bi<strong>en</strong> montrer que le commerce équitable doit se pratiquertout au long de la filière, un marché paysan se t<strong>en</strong>ait devant l’<strong>en</strong>tréedu salon, une manière de rappeler que le commerce équitable nepeut passer par le biais des grandes surfaces qui détruis<strong>en</strong>t <strong>ici</strong> lesfilières de commerce et exploit<strong>en</strong>t leurs employés. De nombreux débatsont permis de creuser la notion de commerce équitable, d’<strong>en</strong> relever lesincohér<strong>en</strong>ces. Public et exposants ont été <strong>en</strong>chantés et le salon pourraitêtre pér<strong>en</strong>nisé dès l’année prochaine. Minga, 6, rue Arnold-Géraux,93450 Ile-Saint-D<strong>en</strong>is, tél : 01 48 09 92 53.■ Max Havelaar <strong>en</strong> aveugle ! Dans la tourm<strong>en</strong>te depuis son accord depart<strong>ici</strong>pation avec la multinationale Dagris, Max Havelaar essaie de justifierdans son numéro de Fair(e) Actualités de septembre 2005 :“L’Ex-Compagnie française pour le développem<strong>en</strong>t des textiles née aul<strong>en</strong>demain de la Seconde guerre mondiale, a été l’artisan du développem<strong>en</strong>tdu coton dans la zone subsahéli<strong>en</strong>ne. Elle a inscrit cette culturecomme un outil de développem<strong>en</strong>t dans la polyculture existante sans labouleverser. (…) Lors de la décolonisation, elle s’est ori<strong>en</strong>tée vers unepolitique de coopération. Avec son aide, la production s’est structurée<strong>en</strong> des filières nationales coordonnées par des sociétés liées aux Etats”.Max Havelaar ne connaît malheureusem<strong>en</strong>t pas l’associationSurvie et ses “dossiers noirs de la Françafrique”,sinon, elle saurait que “l’artisan” a surtout aidé des dictaturesà se mettre <strong>en</strong> place pour maint<strong>en</strong>ir le pillage despays où elle est prés<strong>en</strong>te. Selon le regretté François-Xavier Vershave : “[Dagris] a été un outil néocolonialimportant qui a pactisé <strong>en</strong> son temps avec les dictateurs <strong>en</strong> place, auMali, au Sénégal, au Cameroun et au Niger. Dagris, c’est un peucomme la filière cacao, un système de pompage de la r<strong>en</strong>te”. EnAfrique, Dagris est surnommé “l’Elf du coton”.■ Max Havelaar tue les bébés ? Nestlé est la marque le plus boycottée<strong>en</strong> Grande-Bretagne du fait de la campagne m<strong>en</strong>ée depuis desannées par les associations de solidarité internationale qui dénonc<strong>en</strong>t sapolitique de promotion du lait <strong>en</strong> poudre dans les pays du Sud. Cettepromotion est interdite par l’ONU car elle incite les femmes à faire desbiberons avec de l’eau parfois contaminée et par manque d’arg<strong>en</strong>t, lelait est le plus souv<strong>en</strong>t trop dilué. Conséqu<strong>en</strong>ce : de nombreux bébésmeur<strong>en</strong>t. Nestlé vi<strong>en</strong>t de trouver un complice pour essayer de remonterson image de marque désastreuse. La multinationale vi<strong>en</strong>t de lancer <strong>en</strong>Grande-Bretagne un café qui a le label Faitrade Labelling Organisation,FLO, dont est membre Max Havelaar. Après MacDonald’s et la malbouffe,après Dagris et le souti<strong>en</strong> aux dictatures, après les grands magasinsqui ruin<strong>en</strong>t les producteurs <strong>en</strong> leur faisant baisser leurs prix et quiexploit<strong>en</strong>t de manière ignoble leur personnel, vo<strong>ici</strong> Max Havelaar impliquéedans une nouvelle affaire de “blanchim<strong>en</strong>t”.■ Café zapatiste. Pour assurer des débouchésaux coopératives zapatistes du Mexique, <strong>en</strong> v<strong>en</strong>tedirecte, un appel à commandes est de nouveaulancé cette année. Les commandes se pass<strong>en</strong>tmaint<strong>en</strong>ant (avant fin décembre) pour une livraison<strong>en</strong> juin 2006. Le café vi<strong>en</strong>t pour moitié de lacoopérative Mut Vitz, certifiée bio, et pour moitiéde la coopérative Yachil, <strong>en</strong> reconversion bio. Lepaquet de café de 250 g est v<strong>en</strong>du 3 €, avec unminimum de cinq paquets. Commerce équitables’il <strong>en</strong> est : tout le bénéfice va aux producteurs. Chèque à <strong>en</strong>voyer à :CSPCL, 33, rue des Vignoles, 75020 Paris.■ Dijon : Artisans du Monde. Le groupe de Dijon d’Artisans du Mondeorganise du 1 er au 4 décembre, au Cellier de Clairvaux, une v<strong>en</strong>te d’artisanatet de produits alim<strong>en</strong>taires des pays du Sud, une dégustation, unedémonstration de bogolans par une artiste burkinabé, une informationsur les placem<strong>en</strong>ts éthiques… Artisans du monde, 7/9 rue Charrue,21000 Dijon, tél : 03 80 44 97 33.SILENCE N°330 Décembre 200530


Illich, école et décroissanceLe droit d’appr<strong>en</strong>dreIvan Illich dans Une société sans école proposait, dès les années 70,une réflexion radicale sur l’échec de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t à l’école. Cette dernière,outil d’un Etat, peut-elle être p<strong>en</strong>sée aujourd’hui autrem<strong>en</strong>t commeil le suggérait il y a tr<strong>en</strong>te ans ?(1) Les pages citées r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t à l’édition Points Essaisn°117, Paris, Seuil.DRJe me suis replongée dans Une sociétésans école de Ivan Illich (1) quej’avais lu sans doute trop jeune, dutemps que j’étais étudiante, non <strong>en</strong>seignante.Je n’ai pas, à l’époque où je l’ai lu pourla première fois, suivi les réactions ducorps <strong>en</strong>seignant, mais je subodore quel’effet a été un peu analogue à celui produitsur le corps jud<strong>ici</strong>aires par l’analysede la prison proposée par Michel Foucaultdans Surveiller et punir. En effet,dans les deux cas, ce qui est proposé est ladescription d’un échec. La prison, commel’école, aggrave ce qu’elle était c<strong>en</strong>séeaméliorer. La prison crée des délinquants,l’école crée des jeunes séparés de leurscapacités d’appr<strong>en</strong>dre et de compr<strong>en</strong>dre.Qui plus est, avec une redoutable efficacité,ces deux institutions réussiss<strong>en</strong>t à persuaderleurs victimes de ce qu’ils ontmérité leur destin — on vous a donnévotre chance, vous ne l’avez pas saisie. Et<strong>en</strong>fin, dans les deux cas, ce qui est proposéest que cet échec n’<strong>en</strong> est pas véritablem<strong>en</strong>tun.La vraie réussite de la prison, selonMichel Foucault est de binariser lesclasses pauvres, de créer une opposition<strong>en</strong>tre braves g<strong>en</strong>s et délinquants. Les pires<strong>en</strong>nemis des délinquants sont ceux qui seprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t comme ayant su rester honnêtesmalgré toutes les difficultés, et s’indign<strong>en</strong>tsouv<strong>en</strong>t de ce qu’on ne s’intéressepas à eux, mais à ceux qui ont cédé à lat<strong>en</strong>tation et aux facilités. La vraie réussitede l’école pourrait bi<strong>en</strong> être du mêmetype, selon l’analyse d’Illich. Ceux quiéchou<strong>en</strong>t sauront que c’est leur incapacitéqui explique leur destin. “Ni dans leNord, ni dans le Sud, les écoles n’assur<strong>en</strong>tl’égalité. Au contraire, leur exist<strong>en</strong>ce suffit àdécourager les pauvres, à les r<strong>en</strong>dre incapablesde pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> main leur propre éducation.Dans le monde <strong>en</strong>tier, l’école nuit àl’éducation parce qu’on la considère commeseule capable de s’<strong>en</strong> charger” [p.22].Depuis Illich, l’institution scolaire aété critiquée, mais jamais, je p<strong>en</strong>se, aveccette radicalité. Car ce qu’il met <strong>en</strong> questionne peut être “réformé”, que ce soitpar la bonne volonté des <strong>en</strong>seignants, pardes innovations pédagogiques, ou par lat<strong>en</strong>tative d’évaluer non plus l’acquisitiondes matières scolaires comme telles, maisles compét<strong>en</strong>ces qu’elles donn<strong>en</strong>t l’occasiond’acquérir. La bonne volonté de“l’<strong>en</strong>fant au c<strong>en</strong>tre de l’école”, la critiqueconstructiviste de la notion de transmission,la thèse répétée selon laquelle l’appr<strong>en</strong>tissag<strong>en</strong>’est pas reproduction maisrecréation peuv<strong>en</strong>t sembler très radicalesmais elles ne touch<strong>en</strong>t pas à ce qui, pourmoi, est crucial dans les thèses d’Illich : lescandale d’une expropriation, la négationd’un droit fondam<strong>en</strong>tal, le droit d’appr<strong>en</strong>dreet pas seulem<strong>en</strong>t d’appr<strong>en</strong>drequelque chose, mais d’appr<strong>en</strong>dre à quelqu’und’autre : “le droit d’<strong>en</strong>seigner unecompét<strong>en</strong>ce devrait être tout aussi reconnuque celui de la parole” [p. 151]. La questioncruciale n’était pas pour lui une définitiond’un quelconque socle de compét<strong>en</strong>ces,ni non plus d’une “bonne” définitionde l’appr<strong>en</strong>tissage, c’était d’abord etavant tout celle du monopole de l’école,c’est-à-dire des <strong>en</strong>seignants seuls habilitésà instruire. L’école, selon Illich, repose surle postulat que les jeunes êtres humainssont comme des immigrés, de nouveauxv<strong>en</strong>us qui doiv<strong>en</strong>t se soumettre à un processusde naturalisation, un processus quidoit les mettre à l’écart de leur milieunaturel et les faire passer par une matricesociale sous responsabilité de l’Etat, unEtat dont l’<strong>en</strong>seignant accrédité estd’abord le représ<strong>en</strong>tant [p.200-201].Appr<strong>en</strong>dre fonctionnedans les deux s<strong>en</strong>sOn a souv<strong>en</strong>t mis l’acc<strong>en</strong>t sur le faitque l’école, selon Illich, préparait à lasociété de consommation, avec la séparation<strong>en</strong>tre le temps où l’on travaille etcelui où l’on consomme du loisir. Je voudraisplutôt insister sur ce droit fondam<strong>en</strong>tal,qu’il ne cesse de répéter, droit detout humain à appr<strong>en</strong>dre, mais aux deuxs<strong>en</strong>s du terme, à s’instruire mais aussi àtransmettre ce qu’il sait à d’autres.Appr<strong>en</strong>dre fonctionne toujours dans lesdeux s<strong>en</strong>s, et seul celui ou celle qui aappris à quelqu’un d’autre sait qu’il sait, etcela d’un savoir dont nul ne pourra ledéposséder.De ce point de vue, on peut dire quela situation a empiré, et cela de deuxpoints de vue au moins. Dans les années70, il était <strong>en</strong>core possible pour un jeuned’appr<strong>en</strong>dre un métier s’il trouvait un<strong>en</strong>droit où on était intéressé à l’<strong>en</strong>gager età lui transmettre les compét<strong>en</strong>ces nécessaires.Aujourd’hui, on ne peut plus tou-SILENCE N°33031Décembre 2005


Illich, école et décroissancecher un marteau, ou fixer un projecteursans le diplôme adéquat. Et il ne s’agit passimplem<strong>en</strong>t de la situation de l’emploi,c’est-à-dire du vaste choixparmi des diplômés et dessurdiplômés que cette situationdonne aux employeurs.Il s’agit aussi des régulationsétatiques qui ont toujoursplus affirmé la nécessité dediplômes préalables, ce quifait que le plupart des cheminsqui pouvai<strong>en</strong>t permettrede se construire unmétier sans <strong>en</strong> passer parl’institution scolaire sontaujourd’hui interdits.D’autre part, les savoirseux-mêmes ne sembl<strong>en</strong>tplus valoir d’être transmis.Ne parle-t-on pas aujourd’huide leur obsolesc<strong>en</strong>cerapide ? Nul, y compris les <strong>en</strong>seignants,n’est plus désormais habilité à se p<strong>en</strong>sercapable d’instruire quelqu’un d’autre, seulem<strong>en</strong>tà le préparer à ce qu’on appelleune “société de la connaissance”, c’est-àdire,beaucoup plus concrètem<strong>en</strong>t, à unecourse sans fin au r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t, aurecyclage, afin de garder leur désirabilitésur le marché du travail. Quant aux <strong>en</strong>seignants,eux aussi sont, depuis que l’écoleest dev<strong>en</strong>ue matière à réforme pédagogique,aux mains de plus diplômésqu’eux, ceux qui sont seuls habilités àsavoir comm<strong>en</strong>t le savoir doit se transmettre.De fait, on pourrait dire que la pédagogieparfois inspirée d’Illich, dans lamesure où elle exige des <strong>en</strong>seignants unrapport toujours plus compliqué à leursavoir, affirme toujours plus le monopole<strong>en</strong>seignant. Qui oserait aujourd’hui expliquerà un <strong>en</strong>fant les rapports <strong>en</strong>tre additionet multiplication sans avoir été forméà la pédagogie ! J’oserais dire que la leçond’Illich a été reprise dans la vieille ritournelleprogressiste : “avant on croyait (quechacun était capable de transmettre dusavoir), maint<strong>en</strong>ant on sait (qu’il faut unprofessionnel pour cela)”.J’oserai donc dire que le diagnosticd’Ivan Illich est aujourd’hui confirmé,cruellem<strong>en</strong>t confirmé. J’ai souv<strong>en</strong>t utiliséun exemple qu’utilise égalem<strong>en</strong>t Illich,l’appr<strong>en</strong>tissage de la conduite automobile,qui n’est pas simple du tout mais qui,matière <strong>en</strong>core à une transmission oùcelui qui sait conduire se s<strong>en</strong>t habilité àappr<strong>en</strong>dre à conduire, connaît sommetoute assez peu d’échecs. Et j’ai souv<strong>en</strong>tajouté que si l’on confiait à la pédagogie laSi l’on confiaità la pédagogiela question descompét<strong>en</strong>cespropres à lamarche surdeux pieds,une majoritédes humainsmarcherait àquatre pattes.question des compét<strong>en</strong>ces propres à lamarche sur deux pieds et à sa vérification,une majorité des humains marcherait àquatre pattes. Aujourd’hui,une telle proposition ne faitmême plus rire. Mais onpeut dire que le verdict estégalem<strong>en</strong>t éclairci : ce nesont pas les <strong>en</strong>seignants, <strong>en</strong>tant que personnes, quisont <strong>en</strong> cause, ils sontmême désormais parmi lesvictimes les plus remarquablesde l’école, victimesdes mécanismes de définitionmonopolistique del’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t qui, d<strong>en</strong>ature hiérarchique, ontfait des <strong>en</strong>seignants deséternels assistés, jamais à lahauteur, dépourvus de laconfiance <strong>en</strong> leur capacitéd’appr<strong>en</strong>dre à d’autres : exercer ce droitfondam<strong>en</strong>tal, cela se mérite et se vérifiedésormais.Je ne voudrais pour exemple de cettecrise désormais avérée que l’affaire duvoile Je n’ai pas <strong>ici</strong> à <strong>en</strong>trer dans la questiondu bi<strong>en</strong> fondé ou non de l’interdiction.Je veux souligner que le fait mêmeque cette question se pose traduit unautre fait : l’école, la classe ne peuv<strong>en</strong>tplus être p<strong>en</strong>sées comme des lieux dont laforce leur permettrait d’accueillir l’hétérogène,des jeunes v<strong>en</strong>us de tous les milieuxsociaux et culturels, et de les réunir dansune communauté d’appr<strong>en</strong>tissage. C’estbi<strong>en</strong> plutôt un lieu qui a besoin d’être protégé,qui pose le problème de l’exclusionde ce qui s’affirme comme hétérogène.Je voudrais <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ir, maint<strong>en</strong>ant, auxpropositions d’Ivan Illich. Je n’<strong>en</strong> dresseraipas le tableau. Qu’il suffise de dire queces propositions sembl<strong>en</strong>t avoir quelquechose de visionnaire, comme si elles ant<strong>ici</strong>pai<strong>en</strong>tl’Internet qui semble être l’instrum<strong>en</strong>tprivilégié des pratiques de connectionet de partage qu’elles mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong>scène. Il est frappant d’ailleurs qu’IvanIllich donne, dès son époque, un rôle crucialaux ordinateurs, susceptibles deconnecter demandeurs et proposeurs desavoir. Et les moteurs de recherche surInternet font <strong>en</strong> effet exister un gigantesqueréseau d’échange de savoirs, diplômésou non. Ce qui crée des rapportsnouveaux, ce dont peuv<strong>en</strong>t témoigner parexemple les médecins, confrontés aujourd’hui,pour le meilleur et pour le pire, àdes pati<strong>en</strong>ts qui contrôl<strong>en</strong>t et discut<strong>en</strong>ttant leurs diagnostics que leurs prescriptions.DRUne école <strong>en</strong> Chine.Une sociétésans école ?Mais il ne s’agit pas seulem<strong>en</strong>t dedev<strong>en</strong>ir “amateurs” : les possibilités d’auto-formationà l’usage des instrum<strong>en</strong>tsinformatiques mis <strong>en</strong> ligne ont permis àune génération d’amateurs de se passereffectivem<strong>en</strong>t de diplômes et de dev<strong>en</strong>irles producteurs des possibilités derecours au Net qui prolifèr<strong>en</strong>t aujourd’hui.D’une manière ou d’une autre, les<strong>en</strong>seignants ont de fait perdu leur monopole,et s’ils veul<strong>en</strong>t faire valoir l’idéequ’ils resterai<strong>en</strong>t néanmoins les irremplaçablessources d’un esprit critique indisp<strong>en</strong>sableau bon usage d’Internet, leurformation va devoir connaître une transformationdrastique. De ce point de vue,on peut bel et bi<strong>en</strong> comparer la mutationà v<strong>en</strong>ir des régimes de savoir et de transmissionà celle qui a suivi l’inv<strong>en</strong>tion del’imprimerie. Je rappellerai que l’imprimeri<strong>en</strong>’est pas seulem<strong>en</strong>t indissociablede la Réforme protestante, mais aussi dela naissance des sci<strong>en</strong>ces dites moderneset, de manière plus générale, de toutes lessignifications modernes attachées tant auSILENCE N°33032Décembre 2005


plus sélectif, et qui prét<strong>en</strong>drane pas se satisfairede la garantie attachéeaux diplômespublics afin de faire del’(auto)-formation uneressource payante etdonc raréfiée.Illich est un p<strong>en</strong>seurd’avant la mise <strong>en</strong>rareté de l’emploi et ladéfinition active desjeunes comme consommateurspar excell<strong>en</strong>ce.Je ne suis pas sûre que ses propositionspuiss<strong>en</strong>t susciter l’appétit de ceux etcelles dont le premier problème, ce qui lesdésespère, est le composé assez désespérant<strong>en</strong> effet de s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’impuissance,de cynisme, de désintérêt et de rev<strong>en</strong>dicationdu droit à consommer que fabriqu<strong>en</strong>otre société. Le Net prépare sans douteau monde <strong>en</strong> réseau dont nous <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tles futurologues, mais on se préoccupefort peu du type d’appétit, de force,de confiance <strong>en</strong> soi et dans les autres queréclame un tel monde.personnage de l’auteur qu’au publicauquel s’adresse cet auteur.Pourtant, malgré cette dim<strong>en</strong>sionvisionnaire, les propositions d’Ivan Illichportant sur ce qui <strong>en</strong> anglais se disait“Deschooling Society”, ne me convainqu<strong>en</strong>tpas vraim<strong>en</strong>t. Plus précisém<strong>en</strong>t,elles me sembl<strong>en</strong>t présupposer une sociétéréconciliée, dont elles montr<strong>en</strong>t alorsque l’institution scolaire monopolistiqu<strong>en</strong>’y aurait pas sa place.Les exemples que je vi<strong>en</strong>s de citer ontpour trait commun de concerner des personnesse s<strong>en</strong>tant habilitées à chercher cedont elles ont besoin sur le Net, c’est-àdirebénéf<strong>ici</strong>ant d’un rapport positif auxpossibilités de savoir. Or, savoir ce donton a besoin, avoir confiance dans ses possibilitésde le définir et de l’acquérir, c’estprécisém<strong>en</strong>t le trait commun sur lequelnous ne pouvons tabler aujourd’hui, ouplus précisém<strong>en</strong>t qui, si nous tablons surlui, devi<strong>en</strong>dra l’instrum<strong>en</strong>t de la plusimpitoyable des sélections. De fait c’est cechemin sélectif qui pourrait bi<strong>en</strong> m<strong>en</strong>er àla fin de l’école au s<strong>en</strong>s où celle-ci donnaitaccès à des qualifications sur le marchédu travail : on peut prévoir la commercialisationsur le Net d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts programmésdestinés à permettre à ceux quisont “motivés” de construire les compét<strong>en</strong>ces,et aussi les loyautés, demandéespar des sociétés privées. Il s’agira alorsd’une privatisation des voies d’accès à unemploi dev<strong>en</strong>u <strong>en</strong>coreIls ont osé rêverleur proprerêve et ont suaffronter unmonde qui leurassignait undestin desoumission.Recréer un appétitdu possibleC’est pourquoi il me semble qu’ilconvi<strong>en</strong>t <strong>ici</strong> de spéculer, c’est-à-dire det<strong>en</strong>ter de recréer un s<strong>en</strong>s des possibles, unappétit du possible contre la convictiontriste que le diagnostic d’Illich est à cepoint confirmé que la voie qu’il proposaitest bloquée.On accuse souv<strong>en</strong>t la spéculation deproduire des utopies. Mais il y a différ<strong>en</strong>tstypes d’utopies, et je dirais que, aujourd’hui,les idées d’Illich sur l’auto-formation,sont <strong>en</strong> risque de communiquer avecune utopie scolaire m<strong>en</strong>songère, dont lesélèves sav<strong>en</strong>t le caractère m<strong>en</strong>songer.Rappelons-nous de ce qu’Illich disait des“écoles libérées” de son époque : elles“rêv<strong>en</strong>t la ‘pacification’ de la générationnouvelle à l’intérieur d’<strong>en</strong>claves spécialem<strong>en</strong>taménagées, afin de la convaincre depoursuivre les mêmes rêves que ses aînés”[p. 114]. Ces rêves, la génération nouvellesait désormais que la société où ilsviv<strong>en</strong>t les définit comme obsolètes, et ellesait aussi que le “vrai monde”, celui du“dehors”, n’a ri<strong>en</strong> à voir avec les idéauxpédagogiques c<strong>en</strong>sés mettre “au milieu”“l’<strong>en</strong>fant”, avec sa singularité, ses goûts etaptitudes particuliers. Les élèves d’aujourd’huisav<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t que, dansnotre société, ils ne seront pas“au milieu”, ils peuv<strong>en</strong>t, lorsqu’ilssont bi<strong>en</strong> lunés, se plieraux rêves de leurs <strong>en</strong>seignants,accepter d’”autoconstruire”les savoirs demandés,mais ils sav<strong>en</strong>t aussiqu’il s’agit d’un “faire commesi” qui demande leur bonnevolonté, c’est-à-dire leur soumission: malheur à ceux quin’ont pas les moy<strong>en</strong>s culturelset sociaux de savoir qu’il estde leur intérêt de “faire plaisirau prof”, de le rassurer, d’accepterde jouer le jeu dans l’<strong>en</strong>clave desmicro-mondes pédagogiques.Ma spéculation a pour point de départle droit fondam<strong>en</strong>tal affirmé par Illich, ledroit d’appr<strong>en</strong>dre ce que l’on a appris, etil s’agit de le repr<strong>en</strong>dre sur un mode quine communique pas avec une sociétéréconciliée, qui ne suppose pas des élèvesune force sur laquelle, dans le mondeSILENCE N°33033Décembre 2005


Illich, école et décroissanceéminemm<strong>en</strong>t malsain, empoisonnant quiest le nôtre, on ne peut plus compter. Laquestion qui me fait p<strong>en</strong>ser est celle de lafabrique de cette force, au plus loin dumot d’ordre contemporain selon lequel onappr<strong>en</strong>d “seul”, à partir de qui on est.L’école, la classe sont des lieux collectifs,les savoirs qui y sont transmis sont issusde production collective, la force qu’ils’agit de p<strong>en</strong>ser est la force dont peut êtrecapable un collectif.Utopie, dira-t-on, mais utopie qui aeu, dans le passé, un début de réalisation.En 1976 a été publié un numéro de larevue Recherches dû à Anne Querri<strong>en</strong>,sous le titre L’<strong>en</strong>saignem<strong>en</strong>t (2). Alors queles propositions d’Illich m’avai<strong>en</strong>t laisséesun peu froide, ce qu’Anne Querri<strong>en</strong>racontait, l’histoire de l’école mutuelle nem’a jamais quittée, et me permet d’accueilliravec appétit un monde où, <strong>en</strong> toutétat de cause, ce qu’a créé l’imprimerie, ladiffér<strong>en</strong>ciation <strong>en</strong>tre l’auteur qui propose,et le public qui pr<strong>en</strong>d connaissance, etdont, parfois, émergera un nouvel auteur,est vouée à disparaître. Un monde quipose le défi effectivem<strong>en</strong>t politique d’unepratique de l’intellig<strong>en</strong>ce collective qu’aucundispositif technique comme tel nepeut suffire à créer.Une école mutuelleL’école mutuelle, dans la France de laRestauration, au début du dix-neuvièmesiècle, était une école pour pauvres, uninstituteur pour soixante ou quatre-vingtsélèves, ou plus <strong>en</strong>core, et des élèves, quiplus est, de tous les âges. En d’autrestermes, il s’agissait d’un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t “demasse”, doté d’un minimum de moy<strong>en</strong>s,adressé à des <strong>en</strong>fants qu’il s’agissait desortir de la rue et à qui il s’agissait de donnerun savoir minimal conforme à leurclasse sociale : lire, écrire, compter — unsocle de compét<strong>en</strong>ces, comme on diraitaujourd’hui.Bi<strong>en</strong> sûr, pr<strong>en</strong>dre l’exemple d’uneécole sans moy<strong>en</strong>s <strong>en</strong> cette période oùl’on dénonce le sous-financem<strong>en</strong>t scolairepeut sembler politiquem<strong>en</strong>t incorrect.Mais p<strong>en</strong>ser avec Illich, qui affirmait déjàque l’école monopolistique exigerait sanscesse plus de moy<strong>en</strong>s, pour un résultattoujours plus décevant, impose depr<strong>en</strong>dre ce risque. Il ne s’agit pas der<strong>en</strong>oncer à rev<strong>en</strong>diquer, mais de cesser derêver les utopies progressistes d’une écolequi aurait les moy<strong>en</strong>s de respecter“chaque” <strong>en</strong>fant, dans sa merveilleuseparticularité, au sein d’une société où, parla suite, ils devront appr<strong>en</strong>dre les loisimpitoyables de la compétition de chacuncontre tous.L’école mutuelle a été fermée, etd’après un débat parlem<strong>en</strong>taire rapportépar Querri<strong>en</strong>, elle l’a été parce qu’on luireprochait deux choses. D’abord, lesélèves appr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> quelque trois ans lecurriculum prévu pour six. Or, c’étai<strong>en</strong>tdes pauvres, à maint<strong>en</strong>ir hors de la rue, etil n’était pas question de les initier à dessavoirs qui n’étai<strong>en</strong>t pas de leur classe.D’autre part, les élèves appr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t effectivem<strong>en</strong>t,au s<strong>en</strong>s de la compét<strong>en</strong>ce, maisce qu’ils n’appr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t pas était le respectdu savoir. Et Anne Querri<strong>en</strong> remarqueque beaucoup des organisateurs du mouvem<strong>en</strong>touvrier ont <strong>en</strong> effet été issus del’école mutuelle, où ils n’avai<strong>en</strong>t pas seulem<strong>en</strong>tappris à lire, à écrire, à compter,mais aussi à se faire confiance <strong>en</strong> euxmêmeset <strong>en</strong> leurs camarades. En d’autrestermes, pour paraphraser Illich, certainsde ceux qui sont issus des écolesmutuelles ont osé rêver leur propre rêve,non ceux de leurs aînés, et ont su, pourles faire exister, affronter un monde quileur assignait un destin de soumission.Vo<strong>ici</strong> donc une école qui aurait étésupprimée pour cause de réussite ! Onpeut le compr<strong>en</strong>dre si l’on se r<strong>en</strong>d compteque cette réussite t<strong>en</strong>ait à la non soumissionau postulat qui, selon Illich, définitl’école, postulat selon lequel ap -pr<strong>en</strong>dre à quelqu’un exige d’être diplômé.Non soumission involontaire, c’était uneécole pour pauvres, mais non soumissioneffective. Chaque élève, lorsqu’il avaitcompris quelque chose, l’expliquait àd’autres. Dans un article paru <strong>en</strong> 1818dans le journal Le Moniteur, on lit“Chaque élève est toujours à sa vraie place ;les classes se suiv<strong>en</strong>t, se ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t par lamain plutôt qu’elles ne sont séparées. Il y aplus, et dans chaque classe ou sous-division,l’élève est constamm<strong>en</strong>t situé au degré dontil s’est actuellem<strong>en</strong>t montré capable ; de lasorte, l’avantage unique de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tindividuel se trouve conservé et reproduittout <strong>en</strong>tier au sein d’une masse considérable.Chacun est aussi actif et plus actifmême que s’il était tout seul. (…) En dirigeant,ils se r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t compte à eux-mêmes dece qu’ils ont appris, c’est-à-dire exécut<strong>en</strong>tréellem<strong>en</strong>t l’exercice nécessaire pour bi<strong>en</strong>savoir. Tour à tour élèves et répétiteurs, ilsne font que transmettre ce qu’ils ont reçu,indiquer ce qu’ils ont t<strong>en</strong>té eux-mêmes avecsuccès. La portion la plus diff<strong>ici</strong>le, la plusdélicate, la plus ignorée, du rôle de l’instituteur,je veux dire la bonne direction desfacultés, s’accomplit <strong>en</strong> quelque sorte touteseule pour cet exercice toujours régulier,progressif, dans lequel l’att<strong>en</strong>tion des<strong>en</strong>fants est <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ue ; l’émulation, la sympathieimitative s’accroiss<strong>en</strong>t par une classificationplus vraie, qui rapproche mieux lesanalogies et gradue mieux l’échelle à gravir”(cité dans Querri<strong>en</strong>).Il ne s’agit pas de faire de l’écolemutuelle un modèle à suivre, mais bi<strong>en</strong>d’appr<strong>en</strong>dre à partir de cette réussite(2) Une retombée heureuse du colloque Illich est laréédition de ce texte, sous le titre L’<strong>en</strong>sorcellem<strong>en</strong>t scolaire,aux éditions des “Empêcheurs de p<strong>en</strong>ser <strong>en</strong>rond” cet automne 2005.DRUne école buissonnière.SILENCE N°33034Décembre 2005


DRUne école <strong>en</strong> Irak.conting<strong>en</strong>te, puisque produite sans avoirété recherchée, que du contraire : la solidarité<strong>en</strong>tre la force d’appr<strong>en</strong>dre et unedéfinition de la classe affirmant l’hétérogénéitécomme une ressource, noncomme un obstacle ou une difficulté. Cequi signifie que, au lieu de poursuivrel’idéal d’homogénéité correspondant à la“classe d’âge”, le fonctionnem<strong>en</strong>t de l’écolemutuelle a besoin des différ<strong>en</strong>ces pourdonner à chacun l’occasion de donner etde recevoir. Et cela sans le moindre respectpour la pédagogie, pour la bonnemanière d’<strong>en</strong>seigner. L’<strong>en</strong>seignant ne peutêtre partout, ne peut tout contrôler, il doitfaire confiance <strong>en</strong> ce qui seul importe : cemom<strong>en</strong>t où l’on se s<strong>en</strong>t habilité à transmettreà un autre, c’est-à-dire à actualiserune compét<strong>en</strong>ce que nul, par la suite, nepourra mettre <strong>en</strong> question.Pour une classe hétérogène de ceg<strong>en</strong>re, l’échec est diff<strong>ici</strong>le à concevoir, carle fait de “ne pas compr<strong>en</strong>dre” constitueun défi important pour tous, demandantimagination et coopération. Et une telleclasse fait égalem<strong>en</strong>t exister ce qu’Illichdemandait, que la compét<strong>en</strong>ce vérifiablesoit activem<strong>en</strong>t dissociée de la manièredont elle a été acquise. Car le groupehétérogène, s’activant <strong>en</strong> tant qu’hétérogène,est égalem<strong>en</strong>t un groupe opaque àtoute consigne quant à la “bonne manière”d’appr<strong>en</strong>dre. La réussite même dugroupe, la création d’une force qui habiliteceux et celles qui <strong>en</strong> font partie à occupertous les s<strong>en</strong>s du mot “appr<strong>en</strong>ant” setraduit par l’impossibilité d’observer lesindividus sur le mode objectif que permetl’idéal d’homogénéité. Et la dynamiqued’<strong>en</strong>semble, celle d’une classe qui cessed’<strong>en</strong> être une au s<strong>en</strong>s où le terme mêmede classe désigne la conformité à un critèrecommun, s’oppose activem<strong>en</strong>t à la possibilitéd’une évaluation “objective” dechaque individu, c’est-à-dire aussi à lapossibilité de définir un individu abstrait,évaluable isolém<strong>en</strong>t.Il est possible que l’image de l’écolemutuelle livrée par Anne Querri<strong>en</strong> soit unpeu idéalisée, mais cette image me parleet suscite mon appétit. Peut-être cet appétitvi<strong>en</strong>t-il de mes souv<strong>en</strong>irs d’<strong>en</strong>nui profond,<strong>en</strong>nui de bonne élève qui avaitappris à se taire parce que ce <strong>en</strong> quoi elledifférait ne pouvait jouer aucun rôle dansune classe définie par un idéal d’homogénéitédésignant tant ceux et celles quitraîn<strong>en</strong>t que ceux et celles qui vont tropvite comme un problème, un écart àl’idéal. Ennui dont je retrouve le goûtlorsque je lis les instructions pédagogiquesvisant à créer des situations deproblèmes où les élèves travaill<strong>en</strong>t <strong>en</strong>groupe. Là aussi, ceux et celles qui aurontcompris que le problème cache unematière scolaire s’<strong>en</strong>nuieront, et ceux etcelles qui ne trouveront pas le problèmeintéressant lâcheront. Et dans tous les cas,la bonne volonté affichée pour le problèmesera toujours <strong>en</strong> risque d’être factice,correspondant à la fact<strong>ici</strong>té d’un lieu où ilconvi<strong>en</strong>t de faire “comme si”, d’accepterles règles du jeu défini par l’<strong>en</strong>seignant.Proposer l’exemple de l’école mutuelleest, je l’ai souligné, une spéculation,mais c’est aussi une manière de prolongerla p<strong>en</strong>sée d’Ivan Illich là où elle m’a leplus touchée, dans l’affirmation du droitfondam<strong>en</strong>tal de transmettre ce que l’on aappris, droit que nie l’idéal de l’homogénéitésupposée de la classe, droit dont les<strong>en</strong>seignants eux-mêmes, désormais définiscomme soumis aux instructions despédagogues ministériels, sont aujourd’huidépouillés. Et c’est aussi poser le problèmede cet idéal d’homogénéité qui permetune telle expropriation <strong>en</strong> cascade. Nerappelle-t-il pas l’idéal de la “clinique”décrite par Foucault : tous les maladesréunis dans un lieu aseptisé, soumis aumême traitem<strong>en</strong>t, c’est-à-dire r<strong>en</strong>duscomparables de manière à nourrir lesavoir médical ? On rejoint <strong>ici</strong> la thèsed’Illich selon laquelle l’école semble chargéed’un processus de “naturalisation” faisantaccéder les <strong>en</strong>fants au statut de“citoy<strong>en</strong>s”. Le savoir pédagogique seraitalors bel et bi<strong>en</strong> analogue au savoir médical,définissant l’appr<strong>en</strong>tissage à la manièred’une guérison, c’est-à-dire définissantle milieu naturel des <strong>en</strong>fants comme cedont ils doiv<strong>en</strong>t guérir (3).Les définitions contribu<strong>en</strong>t toujours,lorsqu’il s’agit des humains, à produire cequ’elles définiss<strong>en</strong>t. Confrontés au choix<strong>en</strong>tre le “milieu scolaire” et leur milieu devie, bi<strong>en</strong> des élèves aujourd’hui sembl<strong>en</strong>tdev<strong>en</strong>us capables de déchiffrer le caractèrefactice du premier, et son incapacité àt<strong>en</strong>ir ses anci<strong>en</strong>nes promesses méritocratiques— si tu acceptes nos règles lesportes de l’av<strong>en</strong>ir s’ouvriront devant toi.Mais ils sont alors produits par le contrechoixforcé qui leur reste, adhérer à cequ’ils sav<strong>en</strong>t être défini comme “malsain”.Adhérer au désespoir.Isabelle St<strong>en</strong>ger ■Philosophe,chargée de cours à l’Université libre de Bruxelles.Ce texte est extrait du compte-r<strong>en</strong>du du colloqueorganisé par le Grappe, Groupe de réflexion et d’actionpour une politique écologique, “Quel mondevoulons-nous pour demain” de novembre 2004 etdont les actes ont été publiés sous le titre P<strong>en</strong>seret agir avec Ivan Illich, balises pour l’après-développem<strong>en</strong>taux éditions Couleur livres (B-Charleroi)et Chroniques Sociales (F-Lyon).(3) Pour une toute autre conception du rapport <strong>en</strong>treécole et “milieu naturel”, voir Deborah Meier, ThePower of their Ideas, Lessons for America from a SmallSchool in Harlem, Boston, Beacon Press, 1995. Ce livresuscite un appétit quelque peu analogue, quoi quepour d’autres raisons, au récit d’Anne Querri<strong>en</strong>.SILENCE N°33035Décembre 2005


PolitiqueMur du çon“On laisse des g<strong>en</strong>s faucher deschamps OGM sans ri<strong>en</strong> leur faire(…) si on avait écouté les antinucléaires,on n’aurait plus d’électr<strong>ici</strong>té”.Claude Allègre, France-Inter, 24 octobre 2005. Notreanci<strong>en</strong> ministre socialiste est toujoursaussi allègrem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>teur.Les faucheurs sont <strong>en</strong> procès et l<strong>en</strong>ucléaire ne produit que 7 % del’électr<strong>ici</strong>té mondiale. FranceIntox fonctionne bi<strong>en</strong>.Mobilisationcontrel’OMCAprès les échecs des réunionsprécéd<strong>en</strong>tes, l’OMC,Organisation mondiale du commerce,va essayer de continuer samarche <strong>en</strong> avant libérale avecune confér<strong>en</strong>ce mondiale qui seti<strong>en</strong>dra à Hong-Kong du 13 et18 décembre. Le titre est trompeur: “Cycle pour le développem<strong>en</strong>t”.Il s’agit <strong>en</strong> fait d’allégerles protections mises <strong>en</strong> placepar les pays les plus pauvrespour ne pas être trop pillés parles pays dominants. Evidemm<strong>en</strong>tl’OMC communique à l’<strong>en</strong>vers <strong>en</strong>annonçant “un traitem<strong>en</strong>t defaveur” des “pays <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t”: on ne leur ôte pas complètem<strong>en</strong>tleurs possibilités decontrôles douaniers. Pas tout desuite… Mais ils devront accepterl’arrivée des produits agricolesexcéd<strong>en</strong>taires du Nord et produitsgrâce à des subv<strong>en</strong>tions <strong>en</strong>principe pourtant illégales. Ilsdevront quand même payer desdroits sur les brevets… quiapparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t aux multinationales.Bref, l’OMC organise lepillage des plus pauvres pour<strong>en</strong>richir les plus riches.Comme il n’est pas possible d’allermanifester à l’autre bout dumonde, il est quand même possiblede signer les pétitions<strong>en</strong>voyées au gouvernem<strong>en</strong>t françaispour que celui-ci souti<strong>en</strong>neles mécanismes de sauvegarde del’agriculture dans les pays duSud, et que ces derniers puiss<strong>en</strong>ts’exprimer p<strong>en</strong>dant la confér<strong>en</strong>ce.Avec le souti<strong>en</strong> de nombreusesorganisations (ATTAC,Oxfam, confédération paysanne…) une campagne de cartespostales est <strong>en</strong> cours coordonnéepar Agir <strong>ici</strong>, 104, rueOberkampf, 75011 Paris,tél : 01 56 98 24 40.DRR E N N E SPour un locallibertaireDepuis 1984, la Fédération anarchisteest prés<strong>en</strong>te à R<strong>en</strong>nes etouvre un local <strong>en</strong> location Lacommune qui accueille différ<strong>en</strong>tsgroupes libertaires <strong>en</strong> 1996. Afinde diminuer les frais de gestion,les différ<strong>en</strong>ts groupes ont décidédébut 2005 d’acheter des locaux,achat financé par des prêts militantset par un appel à souscription.Les prêts seront rembourséspar les économies de loyer. Pouraider à la souscription, on peut<strong>en</strong>voyer un don à ACL souscription,local La Commune, 9, rueMalakoff, 35000 R<strong>en</strong>nes.P A Y S B A S Q U EProcèsdes DemoLes Demo, un mouvem<strong>en</strong>t nonviol<strong>en</strong>tqui milite pour la reconnaissancedu pays basque, de saculture, de sa langue et pourDécroissance■ Diff<strong>ici</strong>les Etats généraux. Après un colloque et une marche de ladécroissance, une réunion de lancem<strong>en</strong>t des Etats généraux de ladécroissance s’est t<strong>en</strong>ue les 15 et 16 octobre à Lyon. Si l’afflu<strong>en</strong>ce estun succès (la salle de 300 personnes s’est révélée trop petite), laréunion a tourné court devant l’hétérogénéité des personnes prés<strong>en</strong>tes.Entre des militants politiques v<strong>en</strong>us d’organisations comme Ecologielibertaire (une t<strong>en</strong>dance des Verts), d’Ecolo (une structure née d’unedissid<strong>en</strong>ce autour du MEI), des Alternatifs Rouge & Vert (autogestionnaires,héritage du PSU), de No Pasaran (libertaires anti-fascistes), del’Appel pour une insurrection des consci<strong>en</strong>ces (né dans le sillage de lacampagne de Pierre Rabhi <strong>en</strong> 2002), et de nombreuses personnes ayantune démarche de simpl<strong>ici</strong>té volontaire, les débats ont tourné <strong>en</strong> rond.Les “politiques” souhaitai<strong>en</strong>t impulser une nouvelle dim<strong>en</strong>sion à ladécroissance <strong>en</strong> lançant un mouvem<strong>en</strong>t qui coordonne les différ<strong>en</strong>tesinitiatives alors que nombre de personnes <strong>en</strong>gagées dans la simpl<strong>ici</strong>tévolontaire n’ont pas <strong>en</strong>core fait le pas de réfléchir aux limites desdémarches individuelles.Du côté des “politiques”, les positions sont <strong>en</strong> forte opposition <strong>en</strong>treceux qui veul<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ir sur le plan électoral (certains <strong>en</strong> comm<strong>en</strong>çantpar les présid<strong>en</strong>tielles, d’autres les mun<strong>ici</strong>pales), ceux qui veul<strong>en</strong>tune structure forte et ceux qui veul<strong>en</strong>t une simple coordination, avecdes actions concrètes sur le terrain et des démarches plus locales etplus libertaires. Changem<strong>en</strong>t par le haut ou par le bas ? Ces débats ontdéjà traversé les mouvem<strong>en</strong>ts communistes, socialistes et écologistes.■ Saint-Eti<strong>en</strong>ne : repas-débat. Un repas-débat (15 € réservationobligatoire) sur la décroissance, animé par Maryse Masson, se ti<strong>en</strong>drale jeudi 1er décembre à L’<strong>en</strong>droit allant vers, 5, rue Fougerole, 42000Saint-Eti<strong>en</strong>ne, tél : 06 78 92 34 90.■ Nicolas Hulot. La fondation Nicolas Hulot alancé fin mai “Le défi pour la Terre” qui inciteles g<strong>en</strong>s à faire des gestes pour économiser lesressources. Mais selon Nicolas Hulot, il suffitd’arrêter de gaspiller et il ne faut surtout pasremettre <strong>en</strong> cause notre mode de consommation.Les part<strong>en</strong>aires financeurs de la fondationsont EDF, TF1, L’Oréal, Bouygues… Pour fairepasser sa bonne parole, la Fondation diffuse unlivret à trois millions d’exemplaires… dans lesgrands magasins ! En voilà un qui a compriscomm<strong>en</strong>t profiter du créneau.I S R A Ë L - P A L E S T I N ELa France hors-la-loi ?Le gouvernem<strong>en</strong>t israéli<strong>en</strong> a lancé <strong>en</strong> 2001 un appel d’offres pourla création d’une ligne de tramway dans Jérusalem-Est, ligne quirelierait égalem<strong>en</strong>t deux colonies. Cet appel d’offre a été remportépar un consortium dans lequel figure Alstom et Connex une filiale deVeolia <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, deux firmes françaises. Problème : les résolutionsde l’ONU déclar<strong>en</strong>t l’occupation de Jérusalem-Est par Israëlcomme illégales et par conséqu<strong>en</strong>t cette ligne de tramway qui rattacheraitce quartier et deux colonies à Jérusalem-Ouest est illégale.Pour le gouvernem<strong>en</strong>t palestini<strong>en</strong>, Mahmoud Abbas est interv<strong>en</strong>uauprès de Jacques Chirac, le 17 octobre, pour lui demander de fairerespecter la loi. Pour le mom<strong>en</strong>t, aucune réaction.DRl’aide aux prisonniers politiques,avait organisé, avec son équival<strong>en</strong>tcôté espagnol, une actionsymbolique le 19 décembre 2003<strong>en</strong> grimpant sur les murs extérieursde la prison de Poissy, undes manifestants étant habillé <strong>en</strong>Père Noël. Au total 14 personnessont passées <strong>en</strong> procès le 27 septembreà Versailles, la loi punissantceux qui grimp<strong>en</strong>t sur le murdes prisons… y compris dansle mauvais s<strong>en</strong>s ! Le procureura semble-t-il compris le s<strong>en</strong>s symboliquede l’action <strong>en</strong> ne demandantqu’une peine symbolique.Le 18 octobre, ils ont étécondamnés à deux mois de prisonavec sursis. Demo, Kabilotea,64240 Makea.DRSILENCE N°330 Décembre 200536


[In]cohér<strong>en</strong>cesA la recherche du temps perduPour avancer sur le chemin de la cohér<strong>en</strong>ce, il faut disposer de temps.Une matière rare, heureusem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>ouvelable.Bruno GuilleminBruno GuilleminDemander aux lecteurs des témoignagesd’incohér<strong>en</strong>ces, de compromis,de contradictions ? Eh bi<strong>en</strong>, àmon avis, S!l<strong>en</strong>ce ne doit pas manquer dematière ! En effet, à moins de vivre nu aumilieu de la forêt, lavé par la pluie etnourri par les oiseaux du ciel, la vie del’écolo moy<strong>en</strong> n’est qu’une longue suitede choix déchirants.Outre le fait que je l’expérim<strong>en</strong>te quasim<strong>en</strong>ttous les jours, cette opinion estassise <strong>en</strong> particulier sur la réc<strong>en</strong>te réhabilitationd’une maison que je vi<strong>en</strong>s de réaliser.L’affaire démarrait pourtant bi<strong>en</strong> : jerachète un terrain équipé d’un chalet <strong>en</strong>bois, quelle veine du bois, beau, chaleureux,isolant ! Certes. Mais ledit chaletavait subi p<strong>en</strong>dant des années des traitem<strong>en</strong>tsà base de produits anti-bestioles,qui n’avai<strong>en</strong>t sans doute ri<strong>en</strong> de bio (lesproduits, pas les bestioles, quoique…).L’isolation ? Une mince couche de… lainede verre. L’ori<strong>en</strong>tation de la toiture ?est/ouest, où vais-je mettre mes panneauxsolaires ?Bref, j’<strong>en</strong>visage un temps de raser lamaison pour repartir à zéro, solution radicaleà laquelle pour des raisons diverses jer<strong>en</strong>oncerai finalem<strong>en</strong>t.Donc rénovation de l’habitat et ext<strong>en</strong>sion<strong>en</strong> continuité. Là je vais m’éclaterdans l’écologie active ! Bon, je raie d’embléela paille faute de place, mais je vaissans doute me rattraper sur l’isolant.Hélas ma bonne Picardie ignore totalem<strong>en</strong>tlaines de chanvre, de lin ou de mouton.Les fournisseurs locaux ne fontmême pas sur commande. Les producteursquant à eux habit<strong>en</strong>t au diable vauvert,le produit déjà cher au départ arriveraitsur mon chantier à des prix prohibitifs.Construire <strong>en</strong> bois, à deux pas d’uneforêt domaniale de plus de 14 000 ha,paraît simple et logique : la seule scieriequi subsiste est à plus de 40 kilomètres etne fait plus guère que du chêne, matériaubi<strong>en</strong> noble pour mon modeste projet. Jeme rabattrai donc sur du sapin du Nord.Quel Nord ai-je demandé à mon fournisseur? Réponse «?».Même réaction lorsque je demandequelle colle peut bi<strong>en</strong> lier les copeaux quiconstitu<strong>en</strong>t la matière principale de l’OSB,ou triplis, qui va constituer la majeurepartie de mes cloisons.Il faudrait des pages <strong>en</strong>tières, dont jevous disp<strong>en</strong>serai rassurez-vous, pour fairela liste des gaines électriques, tuyauxd’évacuation, tôles de couverture, etc.,dont la composition n’a vraim<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>d’écologique et que, malgré tout, j’ai utilisépour finir cette sacrée baraque dansle délai que je m’étais imparti. Le voilàl’écueil principal, le monstre anti-bio : letemps. S’il est un conseil que je puis donnerà des candidats constructeurs, c’estbi<strong>en</strong> celui de savoir att<strong>en</strong>dre : att<strong>en</strong>drepour, par exemple, grouper des commandesqui réduiront les coûts de transport,att<strong>en</strong>dre pour trouver d’occasematériaux et machines, att<strong>en</strong>dre pourtrouver LA technique ou LA matière quileur permettra de vivre <strong>en</strong> toute bonneconsci<strong>en</strong>ce dans leur nid douillet.Notre av<strong>en</strong>ture à nous est donc loinde la perfection, mais nous avons tout demême le plaisir de vivre dans une maisonconstituée pour une très large part <strong>en</strong>matériaux r<strong>en</strong>ouvelables, à part les fondationsqui sont <strong>en</strong> béton ; nous nous chauffonsess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t au bois, à l’aide d’undispositif fabriqué dans notre Picardie, etl’isolation performante, ainsi que le volumeréduit de l’habitat nous permett<strong>en</strong>t deconsommer peu d’énergie. L’eau de pluiestockée dans une citerne <strong>en</strong> béton alim<strong>en</strong>tesalle de bain et cuisine, les toilettes,elles, sont sèches.Pour terminer je citerai, pour le bénéficede tous les lecteurs <strong>en</strong>ferrés commemoi dans ce labyrinthe de choix cornéli<strong>en</strong>s,cette phrase de Gandhi : “L’amourde la vérité m’a appris la beauté du compromis”.Amitiés incohér<strong>en</strong>tes.Bruno Guillemin ■SILENCE N°33037Décembre 2005


[In]cohér<strong>en</strong>cesLe courage de s’<strong>en</strong>fuirMarche avant, marche arrière, la progressionsur le chemin de la vie est faite de déséquilibres.Adolesc<strong>en</strong>t, je rêvais d’être berger(dans les années 70, c’était cou rant !).Ma grand-mère qui m’a servi sisouv<strong>en</strong>t de modèle dans ce qu’elle avaitde simpl<strong>ici</strong>té et de pragmatisme m’<strong>en</strong> adissuadé : “trop dur, trop de maîtres, tropd’incertitudes”.Un pas <strong>en</strong> arrière : bon, je poursuismes études, on verra après.Un pas de côté : j’héritais de mongrand-père d’un lopin de terre et dequelques lapins. J’étais <strong>en</strong> ce temps-là undes rares collégi<strong>en</strong>s à cultiver un jardin.Cette position décalée m’a valu le respectde mes camarades… et la solitude.Jeune adulte et armé de quelquesdiplômes, je me décidai à travailler dansun laboratoire.Un pas <strong>en</strong> arrière : de l’hôpital à l’industrie,de la pharmacie à la radio-pharmacie…Des moutons au nucléaire, il n’ya donc qu’un pas ? Certes, travailler pourla médecine est louable, mais quellemédecine ?Un pas de côté : travailler autrem<strong>en</strong>t,partager le travail, bousculer la hiérarchie,favoriser la communication, voilàqui a été le maître-mot de ma “carrière”de petit chef. Cette position décalée m’avalu les foudres de mes supérieurs qui,paradoxalem<strong>en</strong>t, appréciai<strong>en</strong>t l’étonnantecapacité de résolution de problème etl’autonomie de mon équipe, mais aussicelle des syndicats qui ne compr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>tpas notre démarche volontaire… et de lasolitude <strong>en</strong>core.Adulte, marié, père de trois <strong>en</strong>fants,salarié de l’industrie, propriétaire d’unevoiture, d’une maison et d’un compte <strong>en</strong>banque, ainsi une vingtaine d’années ontpassé.Un pas <strong>en</strong> arrière : suivre le chemintout tracé de la société est si facile !Dev<strong>en</strong>u formateur (“métier” que j’aime),je parcourais la France <strong>en</strong> auto, <strong>en</strong> avionmême, pour “appr<strong>en</strong>dre” à des laborantinsmédusés à r<strong>en</strong>oncer à leurs mains etleur tête pour se servir d’automates préprogramméspar d’autres.Un pas de côté : pas de télévision, pasde jouets guerriers, pas d’électroménager(ou si peu) à la maison. Un chauffage aubois, une lutte réelle contre le gaspillageet la surconsommation (héritage de magrand-mère). L’idée, au départ, était devivre avec un salaire d’ouvrier, quel quesoit le prix que l’on voulait bi<strong>en</strong> donner àmon travail, de façon à promouvoir lasimpl<strong>ici</strong>té, mais aussi à mettre de côtél’arg<strong>en</strong>t nécessaire à la mise <strong>en</strong> œuvred’un projet utopique : l’autonomie.Cette position décalée nous a valul’incompréh<strong>en</strong>sion de nos amis et par<strong>en</strong>ts,de l’administration et des commerçantsde tous acabits… et la solitude toujours.Jeune marié, écolo-anarchiste atypique(tous les écolo-anarchistes ne lesont-ils pas ?), j’avais fait un vœu : “je travaillevingt ans et j’arrête pour mettre <strong>en</strong>pratique mes idées” (<strong>en</strong>core un héritagede ma grand-mère : “saute de l’avionquand tu veux, mais pr<strong>en</strong>ds le temps defabriquer un parachute”).Un pas <strong>en</strong> arrière : mon épouse a élevénos <strong>en</strong>fants tout <strong>en</strong> continuant ses étudespuis, les <strong>en</strong>fants à l’école, travaillé… sansconviction. Je continuais à travailler moiaussi dans une industrie on ne peut pluspolluante. C’est si facile de jouer l’écolo àmi-temps et de se fondre dans le moule lereste du temps !Un pas de côté : nous nous posions deplus <strong>en</strong> plus de questions sur le grandécart <strong>en</strong>tre nos idées et notre positiondans la société. Nous animions, <strong>en</strong> bénévole,une association d’éducation à lanature et travaillions malgré tout pour lesystème que nous combattions. Alors,nous avons décidé de créer notre propreemploi, étape incontournable selon nouspour accéder l’autonomie.20 ans après donc !Un pas <strong>en</strong> arrière : nous travaillonstoujours, possédons une grosse auto(trois <strong>en</strong>fants, des par<strong>en</strong>ts handicapés,l’achat était justifié), mangeons de laviande une fois par semaine et possédonsun téléphone portable (professionnel) etun four à micro-onde (pour le confort des<strong>en</strong>fants r<strong>en</strong>trant seuls de l’école).Un pas de côté : aujourd’hui noussommes employés de l’association d’éducationà l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t que nous avonscréée (baisse évid<strong>en</strong>te de la rémunérationmais qualité et utilité du travail incomparable).Elle est à deux pas de chez nous(pas besoin d’auto pour s’y r<strong>en</strong>dre) etnous consacrons notre temps, notre énergieet beaucoup de notre arg<strong>en</strong>t (celui qu<strong>en</strong>ous avons mis de côté pour l’”utopie”) àfaire passer un message de respect d’autruiet de la nature auprès des <strong>en</strong>fants etde simpl<strong>ici</strong>té volontaire auprès desadultes. Notre unique véhicule est maint<strong>en</strong>antprofessionnel de par sa capacité àtransporter les <strong>en</strong>fants non accompagnéslors de sorties, le matériel des chantiersou des animations. Le téléphone portableest un outil imposé par la sécurité des<strong>en</strong>fants que nous emm<strong>en</strong>ons dans la nature…(ce qui reste à démontrer !). Comm<strong>en</strong>ous travaillons sur place, l’économie dutemps perdu dans les transports nous permetde couper notre bois et de moudr<strong>en</strong>otre blé, de faire notre pain et notre fromagefrais, de réparer plutôt que d’acheteret de fabriquer nous-mêmes nos outils(pédagogiques surtout).Cette position décalée nous a valul’incompréh<strong>en</strong>sion des autorités (mun<strong>ici</strong>pales<strong>en</strong>tre autres), des t<strong>en</strong>tatives de récupérationpolitique… et la solitude dansl’action souv<strong>en</strong>t.Aujourd’hui ?Un pas <strong>en</strong> arrière : nos <strong>en</strong>fants sontgrands, nos par<strong>en</strong>ts sont âgés, et perturb<strong>en</strong>tsouv<strong>en</strong>t nos vœux de décroissance etde simpl<strong>ici</strong>té volontaire. L’associationfonctionne bi<strong>en</strong>, très bi<strong>en</strong> même, et c’esttant mieux… Mais le résultat est qu<strong>en</strong>ous-mêmes négligeons nos propresconvictions pour répondre à la demandede “nature” d’un public toujours plusnombreux. Nous nous déplaçons parfoisfort loin <strong>en</strong> auto pour faire des animations.Nous devons, pour répondre à lalégislation <strong>en</strong> vigueur, acheter de la nourriture“emballée” pour nourrir les <strong>en</strong>fantslors des séjours que nous organisons, etc.Quelle dérision !Un pas de côté : notre potager fonctionneet la cueillette <strong>en</strong> nature fait l’appoint.Nous élevons quelques poules ettâchons de regrouper localem<strong>en</strong>t lesbonnes volontés pour échanger graines,œufs ou services. Nous organisons desr<strong>en</strong>contres, des fêtes (pommes, concoursde citrouilles, chantier de réhabilitationde mare, etc.). Nous faisons partout lapromotion de l’autonomie et t<strong>en</strong>tons deprouver qu’elle n’est pas impossible…même <strong>en</strong> région parisi<strong>en</strong>ne.Alban labouretSILENCE N°33038Décembre 2005


Cette position décalée nous rapproche<strong>en</strong>fin des nombreuses initiatives qui pouss<strong>en</strong>tcertains d’<strong>en</strong>tre nous à quitter lemonde marchand pour un ailleurs plussupportable. Nous nous s<strong>en</strong>tons moinsseuls… parfois !Et demain ?Le courage de s’<strong>en</strong>fuir.Notre idée est maint<strong>en</strong>ant de quitter laville pour installer <strong>en</strong> campagne notre“utopie”.L’autonomie alim<strong>en</strong>taire ne devrait pasêtre un problème. L’autonomie énergétiquedemandera un investissem<strong>en</strong>t dedépart (que nous avons prévu de longuedate).Décroissance et simpl<strong>ici</strong>té volontaireseront nos objectifs et la promotion dessavoir-faire traditionnels notre raisond’être.Quels pas <strong>en</strong> arrière nous réserve l’av<strong>en</strong>ir ?Notre <strong>en</strong>vie de communiquer sansmaquillage, de faire partager notre expéri<strong>en</strong>cefaite de haut et de bas fera-t-ellevoler <strong>en</strong> éclats notre misanthropie instinctive?Combi<strong>en</strong> <strong>en</strong>core de pas de côté avantd’avancer vraim<strong>en</strong>t ?Contourner les obstacles et vaincre les difficultés,avancer sans viol<strong>en</strong>ce, ni auxdép<strong>en</strong>s des autres, ni contre soi même,impose souv<strong>en</strong>t des compromis et desreculades.Notre parcours est parsemé d’erreurs et decontradictions mais, c’est sûr, nous avançons.Après tout, la marche est le fruit du déséquilibre!Gilles Sardin ■Yvelines.Courrier [in]cohér<strong>en</strong>cesSoyons optimistesPour vivre selon mes valeurs et principes, jevis à la campagne dans un appartem<strong>en</strong>t(anci<strong>en</strong>ne grange aménagée par mon ami, nospar<strong>en</strong>ts, des voisins, des copains et moimême).Nous mangeons <strong>en</strong> grande partie leslégumes du jardin, que nous cultivons selonles méthodes bio (rotation des cultures,compost, fumier…), avec deux personnes de80 ans (ils habit<strong>en</strong>t dans la maison att<strong>en</strong>anteà notre appartem<strong>en</strong>t et partag<strong>en</strong>tnotre eau). Le reste, nous l’achetons principalem<strong>en</strong>tau marché, de préfér<strong>en</strong>ce bio, etmalheureusem<strong>en</strong>t, pour raisons financièreset parce que nous ne savons pas nous passer de pâtes, condim<strong>en</strong>ts etautres produits “modernes”) <strong>en</strong> grandes surfaces.Je fais des conserves, des gâteaux, des confitures, parfois du pain…Bi<strong>en</strong>tôt, nous produirons de la viande car nous élevons un couple d’oies etune lapine qui devrait mettre bas.Quand j’ai la force et le temps, (eh oui… mauvais argum<strong>en</strong>t), je pr<strong>en</strong>dsmon vélo pour aller au marché, à la poste, à la bibliothèque, chez mespar<strong>en</strong>ts (<strong>en</strong>viron 10 km). Mais <strong>en</strong> réalité, nous utilisons ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t lavoiture pour nos déplacem<strong>en</strong>ts car aucun service et divertissem<strong>en</strong>t ne setrouve à moins de 7 km, dans une région de plateaux coupés de vallées.Nous avons, pour couronner le tout, le luxe de posséder deux voitures carnous ne travaillons pas au même <strong>en</strong>droit (et bi<strong>en</strong> sûr à 15 km !).Je regrette aussi de ne pas part<strong>ici</strong>per plus à la vie du village (mais ça vi<strong>en</strong>tpetit à petit) et de ce fait d’effectuer des trajets pour mes loisirs et voirmes amis.Pour m’aider, il faudrait, <strong>en</strong> plus de ma propre volonté, que l’organisationsociale évolue : transports <strong>en</strong> commun, services de proximité, lieux de r<strong>en</strong>contrepour les habitants du village…Mais, je suis optimiste, à force de m’organiser, de faire des compromis,d’avoir la volonté, je part<strong>ici</strong>pererai à la construction d’un monde plus respectueuxdes hommes et de la nature !Post scriptum : j’ai 21 ans, je suis chargée de développem<strong>en</strong>t socioculturelpour une communauté de communes dans l’Aisne et je cherche un fournisseurde textile <strong>en</strong> coton, chanvre biologique pour pouvoir confectionnermes vêtem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> matière bio. Je cherche aussi des contacts avecdes “sil<strong>en</strong>cieux” du départem<strong>en</strong>t. On peut m’écrire : Annick Huet,3, rue des Bergeries, 02200 Ambrief, annick.huet@laposte.netAnnick Huet ■Aisne.Décroissanceet déchets radioactifsQuand on naît six ans après le 8 mai 1945, vos par<strong>en</strong>ts vous parl<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>tdes restrictions, des tickets, un peu des “boches”, vous répét<strong>en</strong>t : “onne jette pas le pain, y’a des <strong>en</strong>fants qui n’<strong>en</strong> ont pas” ou “ça c’est la partdes pauvres”. Vous assimilez tout ça et <strong>en</strong> même tempsvous découvrez votre village : deux épiceries, un huilier,un maréchal-ferrant, un m<strong>en</strong>uisier, la bonne et son curé,une boulangerie, une école primaire, une garderie, une fromagerie, unartisan <strong>en</strong> machines agricoles, des paysans, un vanier, beaucoup de vaches,des mouches, des tas de fumier, des odeurs, des saisons, des hivers froids <strong>en</strong>petite culotte, on tirait sur les chaussettes, les g<strong>en</strong>oux étai<strong>en</strong>t bleus, onportait les habits des aînés. Notre tas d’ordures ne montait pas, aujourd’huion appellerait ça un compost. Les chi<strong>en</strong>s du pays passai<strong>en</strong>t vérifiersi cou<strong>en</strong>nes et os étai<strong>en</strong>t au programme, faut dire qu’ils n’avai<strong>en</strong>t pas degamelles chez eux. Les derniers chevaux, les premiers tracteurs, les premiersemprunts pour les paysans et leurs premiers emmerdem<strong>en</strong>ts.Et puis mes par<strong>en</strong>ts ont déménagé pour la ville voisine. Le “progrès” estarrivé aussi, les vêtem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> nylon (lam<strong>en</strong>table inv<strong>en</strong>tion), les tables et leschaises <strong>en</strong> formica, les écoles filles et les écoles garçons, les ritals, lesmaghrébins, les portugais (personne ne connaissait le racisme, alors ça sepassait bi<strong>en</strong>), les bourgeois, l’évêché, les usines, les ouvriers, la croissance,la télé, la voiture, et là vous connaissez la suite…Aujourd’hui, 45 ans plus tard, ma décroissance accompagne un époussiéragede tout ce qui m’a été inculqué p<strong>en</strong>dant l’<strong>en</strong>fance. Je travaille sept moispar an depuis dix ans, j’utilise des lampes basse-consommation, fais moncompost, mange moins de viande, récupère les eaux de pluie, ai fabriquémon propre poêle à bois à accumulation à tirage inversé (plus besoin defuel), nourriture bio, arrêt du micro-onde, moins de télé, je roule à l’huilevégétale brute et regarde <strong>en</strong> même temps du côté des vélos à assistanceélectrique ou vélomobile. En juillet, j’ai installé des capteurs solaires pourl’eau chaude et le souti<strong>en</strong> au chauffage. Cet hiver, je compte chauffer lamaison à l’huile végétale brute et plus tard je pourrai installer une chaudièreautomatique à plaquettes de bois. Je fais un peu de jardin, j’ai plantédes arbres fruitiers, etc.Voyez, ma décroissance n’est déjà pas si mal. J’<strong>en</strong> suis satisfait et pourtantje me s<strong>en</strong>s mal : à quoi bon s’inquiéter de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t quand les présid<strong>en</strong>tsdes conseils généraux de la Haute-Marne et de la Meuse <strong>en</strong>gag<strong>en</strong>tnos vies pour 400 000 ans (durée de vie des déchets radioactifs).Bure est proche de chez moi, mais il est proche aussi de la région parisi<strong>en</strong>nepar le bassin versant de la Marne, Bure est proche de la Champagne-Ard<strong>en</strong>nes et de la Belgique par le bassin versant de la Meuse… car on saitaujourd’hui que les couches d’argile qui recevront les déhets radioactifs nesont pas étanches. La région de Bure est plus séismique que la région parisi<strong>en</strong>ne(300 séismes <strong>en</strong> vingt ans contre 20), mais la région de Bure esttrès peu peuplée.A un petit élu meusi<strong>en</strong> qui rev<strong>en</strong>diquait auprès de Devidjan, celui-ci luirétorque : “Faites une manif avec 15 000 personnes et on <strong>en</strong> discutera- Mais <strong>en</strong> Meuse, 15 000 personnes, c’est impossible !- Je sais, c’est pour ça qu’on a choisi Bure”.Vous ajoutez à cela le libéralisme mondial, l’AGCS, l’OMC (représ<strong>en</strong>té pardes g<strong>en</strong>s non élus), les pétro-dollars, les Etats-Unis d’Amérique, les paradisfiscaux, l’armem<strong>en</strong>t, etc. Je me s<strong>en</strong>s mal.Bi<strong>en</strong> sûr, je me débats, je vais coller quelques affiches, je part<strong>ici</strong>pe auforum social local, j’aide à la rénovation de la maison de la résistance àBure (avec des Allemands qui se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t concernés eux aussi), mais nosénergies ne représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pas grand chose tant que les médias seront auxmains des marchands de canons.SILENCE N°33039Décembre 2005


Courrier [in]cohér<strong>en</strong>cesJ’allais oublier la commission d’experts concernant le“laboratoire” de Bure qui a rédigé un réc<strong>en</strong>t rapport quiva servir de référ<strong>en</strong>ce aux députés qui doiv<strong>en</strong>t se prononcer<strong>en</strong> 2006, alors que le trou n’est pas terminé. Ce rapportn’est que m<strong>en</strong>songes : pas de problème d’étanchéité, pas de problème sismique,irréversibilité, vous pouvez voter sans crainte. On ne pourra pasreprocher aux élus leur vote puisqu’ils se seront fiés au rapport.Tout cela relève de la criminologie ou de la justice, mais là je nesuis pas compét<strong>en</strong>t.Il serait bon que tous ceux et tous les médias indép<strong>en</strong>dants puiss<strong>en</strong>t mettrele paquet sur ce sujet urg<strong>en</strong>t qui essaie de passer <strong>en</strong> catamini et avec arrosagefinancier de l’Andra.Vous pouvez contacter le CEDRA 52, BP17, 52101 Saint-Dizier cedex,tél : 03 25 04 91 41.Dominique Lamotte ■Meuse.Décroissance douceet progressivePour payer, <strong>en</strong>tre autres, votre revue, je travaille… à vélo, aaah ! Je distribuede la publ<strong>ici</strong>té, ouh ! Le reste du temps, je m’occupe de mon petit troupeaude brebis et chèvres, je cultive mon jardin, aaah ! D’abord avec letracteur du voisin, ouh ! Ensuite, avec mon anesse, aaah ! Je récupère leseaux de pluie, re-aaah !, j’ai isolé le dessous du toit, aaah ! En laine deroche, ouh ! Bon, ce n’est pas si nocif que ça ! Dans la maison, on trouved’autres matériaux non sains, ouh ! Mais le nerf de la guerre, c’est l’arg<strong>en</strong>t.L’idée de ce dossier est bi<strong>en</strong>, mais je crois qu’il y a deux types de personnesjouant la décroissance, ceux qui ont une certaine aisance financière,un passé idillico-gauchiste et saisissant la mode décroissance au passage.Et d’autres qui t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de concilier vie de famille et non imposition de sespropres choix aux autres membres du groupe, il s’agit alors d’une décroissanceà contre-courant, douce et progressive, devançant les modes,au rythme de la vie.Dominique Ayral ■Lot.Pas facile à mettre <strong>en</strong> œuvre !Je p<strong>en</strong>se que le fait de posséder tel ou tel objet n’est pas déterminant <strong>en</strong>soi. Posséder un poste de télévision ne signifie pas regarder la télévisiontrois heures par jour ; avoir un lecteur DVD me permet par exemple devisionner des films indi<strong>en</strong>s (ah, le Bollywood, ses chants, ses rythmes, sescouleurs !) que je ne pourrais voir autrem<strong>en</strong>t (sauf une semaine durant surArte, il y a plusieurs mois). Je rêve de posséder un congélateur afin depouvoir commander de la viande bio directem<strong>en</strong>t à son producteur (<strong>en</strong>tremanger du tofu de soja importé et de la viande de terroir, que préférer ?).Non seulem<strong>en</strong>t, j’ai une voiture, mais <strong>en</strong> plus avec la clim’ et je ne saiscombi<strong>en</strong> de chevaux (!). Maigre consolation, elle dispose de deux banquettesarrières (donc de sept places, mais je l’avoue, nous n’utilisons querarem<strong>en</strong>t la troisième banquette).Mon ordinateur, outre le fait qu’il constitue mon principal outil de travail,me permet de commander un grand nombre d’articles “bio” à comm<strong>en</strong>cerpar la livraison hebdomadaire de fruits et légumes par un maraîcher de larégion, des articles de bureau (papier recyclé, sacs portables <strong>en</strong> amidon demaïs, vêtem<strong>en</strong>ts…) diff<strong>ici</strong>les, voire impossibles à trouver dans des magasinsclassiques.Oui, j’ai <strong>en</strong>core une bouteille de chlore sur une étagère, il m’arrive de boirede l’eau <strong>en</strong> bouteille (système D pour prév<strong>en</strong>ir les cystites à répétition), ouij’utilise des lingettes, oui j’effectue la majorité de mes déplacem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>voiture…Ah, la voiture ! J’ai installé mon bureau à dom<strong>ici</strong>le et nous avons choisid’habiter à 100 m du travail de mon conjoint. Je me fais livrer la majoritéde mes achats… et je parcours plus de 30 km par jour <strong>en</strong> voiture !Pourquoi ? Pour emm<strong>en</strong>er les <strong>en</strong>fants à l’école. Alors qu’<strong>en</strong> une demiheurede transports <strong>en</strong> commun et avec un changem<strong>en</strong>t, on y arrive aussi…mais dans quel état de fatigue et de stress pour mes petits bouts de 3 et 6ans ! Pas plus tard que la semaine dernière, il faisait beau et chaud et lavoie rapide (autoroute urbaine) était <strong>en</strong>combrée pour cause d’accid<strong>en</strong>t etde travaux. Qu’à cela ne ti<strong>en</strong>ne, j’irai chercher les <strong>en</strong>fants à vélo le long dufleuve qui traverse Sarrebruck, une piste cyclable a justem<strong>en</strong>t été aménagée.Parfait pour l’aller. Pour le retour, je pourrai monter dans le tramwayavec mon vélo (quoique aux heures de pointe…). Le problème, c’est qu’ilfaut <strong>en</strong>core pr<strong>en</strong>dre le bus <strong>en</strong>suite, que faire alors du vélo ? Bon, OK, j’irai<strong>en</strong> bus ! Mais avec ces fameux bouchons nous nous sommes retrouvés<strong>en</strong>tassés dans un bus surchauffé par le soleil p<strong>en</strong>dant plus d’une bonnedemi-heure… Nous sommes arrivés à la maison avec une bonne heurede retard, les gamins étai<strong>en</strong>t assoiffés et exténués, l’aîné avait <strong>en</strong>core sesdevoirs à faire…Vous voulez un autre exemple ? La foire bio de Rouffach, le week-<strong>en</strong>dde l’Asc<strong>en</strong>sion. L’occasion de faire le stock de tout ce qu’on ne trouve pashabituellem<strong>en</strong>t, de s’acheter des vêtem<strong>en</strong>ts “<strong>en</strong> vrai”, pas sur catalogue,de r<strong>en</strong>contrer des g<strong>en</strong>s, de suivre une ou deux confér<strong>en</strong>ces… Puisque jevi<strong>en</strong>s d’investir dans une nouvelle carte SNCF, allons-y <strong>en</strong> train. Petiteconsultation des horaires et gymnastique sur internet qui ne sait pas calculerle trajet Sarrebruck-Rouffach d’une seule traite. Départ à 10h15, deuxchangem<strong>en</strong>ts et arrivée à 13h05 à la gare, suivi de tr<strong>en</strong>te minutes demarche avec les petites jambes de mes <strong>en</strong>fants et nous sommes à 13h30sur place. Pour le retour, seul horaire possible : 16h45… soit plus de sixheures de trajet pour ne rester que deux heures sur place. Est-ce bi<strong>en</strong>raisonnable ? Surtout avec deux <strong>en</strong>fants…Question ordinateur, je suis plus résignée (je ne devrais peut-être pas), j’accept<strong>en</strong>on seulem<strong>en</strong>t de travailler sur Microsoft, mais <strong>en</strong> plus avec la dernièreversion des log<strong>ici</strong>els. Comme je suis constamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> train d’échangerdes fichiers avec mes cli<strong>en</strong>ts, j’ai besoin de m’assurer de la compatibilitéde nos systèmes. Est-ce que Linux saurait répondre à ces exig<strong>en</strong>ces ? Sioui, je veux bi<strong>en</strong> t<strong>en</strong>ter l’expéri<strong>en</strong>ce… à condition d’être bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>cadrée !Pour terminer : être abonnée à S!l<strong>en</strong>ce, n’est-ce pas déjà un bon début ?Claire Shalayel ■Allemagne.Les écolos pass<strong>en</strong>t aux aveux !La petite liste que vous donnez comme amorce à la question sur noscontradictions m’est très familière : oui, j’ai une voiture, une télé,un ordinateur, etc.Un peu d’optimisme, cette année pour me r<strong>en</strong>dre à mon travail “35h parsemaine”, je me déplace à bicyclette par tous les temps. Bi<strong>en</strong> sûr, medirez-vous, c’est une goutte d’eau, mais quand même…Dans ma tribu (nous sommes cinq), nous consommons un peu bio, nousnous déplaçons <strong>en</strong> voiture… quand le coût ou la distance ne permett<strong>en</strong>tpas les transports <strong>en</strong> commun.Je ne suis pas copain avec EDF et son nucléaire, mais je ne suis pas <strong>en</strong>coreautonome <strong>en</strong> matière d’énergie électrique, même si ma consommationdécroît d’année <strong>en</strong> année.En somme, une personne parfaitem<strong>en</strong>t ordinaire et <strong>en</strong> plus abonnée à unerevue “écolo” !Patrick Michallat ■Rhône.Mon machinà croque monsieurNon seulem<strong>en</strong>t, j’ai la fâcheuse t<strong>en</strong>dance/habitude d’acheter quelques vêtem<strong>en</strong>tsspécifique à La Redoute, mais je continue à les acheter alors mêmeque se précise <strong>en</strong> moi et autour de moi l’urg<strong>en</strong>ce des échanges de proximitécar il <strong>en</strong> va du tissu social, du plaisir de vivre <strong>en</strong>semble.Je n’utilise jamais les bons cadeaux sauf quand ils coïncid<strong>en</strong>t — ce qui estrare — à un besoin réel et actuel. Mais La Redoute ne l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d pas ainsi.Elle vi<strong>en</strong>t de me faire un cadeau inutile, comme une mauvaise mère gaveses <strong>en</strong>fants de n’importe quoi, espérant par là qu’ils ne quitteront jamaisson giron.Et moi qui comm<strong>en</strong>ce à fantasmer devant le gros paquet jamaiscommandé : un sèche-cheveux ? Pas besoin, j’<strong>en</strong> ai un dans le ciel ! un serviceà thé ? Pas besoin non plus… et la convoitise continue.J’ouvre frénétiquem<strong>en</strong>t le colis : une merveille, un machin à croquemonsieur !Mon humeur maussade de ces jours-ci me fait pr<strong>en</strong>dre cet arrivageimpromptu comme un cadeau du ciel. P<strong>en</strong>sez-donc — et je ne plaisantepas — un machin tout jaune, qui ira avec mes assiettes toutes jaunes etma coquotte <strong>en</strong> fonte toute jaune !Me voilà partie pour brancher joyeusem<strong>en</strong>t ce truc alors que je réduis déjàma consommation électrique et me délecte à la lueur des bougies. Me voilàpartie pour acheter du pain de mie et tutti quanti, dont je me passe depuisfort longtemps.Merci à nos bonnes étoiles qui sav<strong>en</strong>t se servir de n’importe quelle situationet relativiser nos absolus pour nous aider à vivre, sans doute avec plusd’humilité.Ce soir, j’appelle une amie : si elle le souhaite, elle vi<strong>en</strong>dra étr<strong>en</strong>ner monmachin jaune.Elisabeth Monnerot ■Pau.SILENCE N°33040Décembre 2005


Faible technologie incorporéeCroyez-vous aux signes ? L’arrivée du numéro de juillet a correspondu àune grosse et définitive panne de mon imprimante. Or que lis-je dans c<strong>en</strong>uméro ? Que nous avons perdu la capacité de p<strong>en</strong>ser puis de rédiger unarticle au stylo, et que l’utilisation de “système à faible technologie incorporée”(Safti) aurait certainem<strong>en</strong>t un impact très positif sur la planète.Cette panne “provid<strong>en</strong>tielle” n’est-elle pas le moy<strong>en</strong> de passer des bonss<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts à la pratique, des “faucons yaca” à l’action proprem<strong>en</strong>t dite ?Sitôt dit, sitôt fait, ordinateur et imprimante sont passés au musée deserreurs anci<strong>en</strong>nes… mais nécessaire à l’évolution.Evidemm<strong>en</strong>t, pour vous c’est déjà moins facile ! Si vous estimez que cettelettre mérite d’être introduite à la rubrique “courrier”, vous êtes obligé(e)de la saisir, ce qui pr<strong>en</strong>d tout de même plus de temps que de la scanner.S’<strong>en</strong>gager vers les Safti, il est donc nécessaire de le remarquer, correspondà un surcroît de travail que la technologie avait gommé. A cela près queles utilisateurs de Safti sont c<strong>en</strong>sés avoir exclus de leurs pratiques lacélèbre maxime “le temps, c’est de l’arg<strong>en</strong>t” qui a fait la fortune du capitalismeet le malheur du reste de l’humanité… et de la planète.Ce qu’il est égalem<strong>en</strong>t nécessaire de remarquer, c’est que l’ori<strong>en</strong>tation versles Safti n’est pas une nouveauté. Voilà près de quarante ans que certainsse sont <strong>en</strong>gagés dans cette voie : les agriculteurs biologiques qui, symboliquem<strong>en</strong>t,préfèr<strong>en</strong>t la binette aux pest<strong>ici</strong>des. Des g<strong>en</strong>s qui, au début, ontprivilégié le temps à la technologie, ont accepté de diminuer la r<strong>en</strong>tabilitéde leurs exploitations pour augm<strong>en</strong>ter la qualité de leurs productions.Sans doute est-ce un comportem<strong>en</strong>t qu’il nous faut généraliser à tous lesdomaines de l’exist<strong>en</strong>ce. Ce qui ne nous empêche pas, comme l’ont fait lesbios, de chercher tous azimuths des moy<strong>en</strong>s à faible technologie incorporéepour nous simplifier la vie. Se simplifier la vie et donner du temps autemps…Un coup d’œil rétrospectif vers les Amérindi<strong>en</strong>s serait <strong>en</strong>richissant. SelonDom<strong>en</strong>ico Buffarini, dans “Le peuple des hommes”, éd. Amrita, 1995, “àquelques rares exceptions près, les tribus indi<strong>en</strong>nes jouissai<strong>en</strong>t d’un niveaude vie élevé : elles pouvai<strong>en</strong>t consacrer beaucoup de temps au jeu, à l’artet à la méditation grâce à l’autosuffisance alim<strong>en</strong>taire. Ceci se caractérisaitaux yeux des observateurs par la joyeuse acceptation de leur mode devie et par la capacité d’utiliser au maximum la moindre ressource”. N’estcepas le modèle à suivre ?Yves Emery ■Côtes-d’Armor.Décroissance et emploi (1)Vo<strong>ici</strong> un petit témoignage. J’ai choisi cette année de n’<strong>en</strong>seigner qu’à troisquarts de temps, soit trois jours par semaineau lieu de quatre. Je comptais que si trois<strong>en</strong>seignants libérai<strong>en</strong>t un quart de leuremploi, un poste (à 75%) serait créé. Bref,je savoure le bonheur d’avoir beaucoup detemps. Se lever le matin <strong>en</strong> se demandantcomm<strong>en</strong>t se faire plaisir simplem<strong>en</strong>t : balade,amis, bibliothèque, café, est fortagréable. Désormais, certaines activitéssont trop onéreuses ; la consommation dulivre et de certains spectacles n’est plus àl’ordre du jour. Consommer moins, avoir dutemps et réfléchir à la réalisation de certainsde mes rêves, dont l’un est de fabriquerdes chaussures, m’apporte grandesatisfaction. Le chemin sera long, accid<strong>en</strong>téet périlleux, mais soyons fous, tout estpossible.Marylin ■Aude.Décroissance et emploi (2)Dans sa tribune « Décroissance et emploi : le couple infernal » (S!l<strong>en</strong>c<strong>en</strong>°328), Patrick Urlacher propose de supprimer les emplois liés aux activitésnuisibles (estimées à 75%), de maint<strong>en</strong>ir dans un premier temps lesalaire des nouveaux « chômeurs », puis d’instaurer un rev<strong>en</strong>u égalitaireuniversel. Finalem<strong>en</strong>t, de dissocier rev<strong>en</strong>u et travail. Je partage cette ori<strong>en</strong>tation.Mais j’imagine diff<strong>ici</strong>lem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>t les personnes conservant unemploi (25% de la population) pourrai<strong>en</strong>t financer le rev<strong>en</strong>u des 75%autres. A moins que ce rev<strong>en</strong>u universel soit très faible (type RMI aujourd’hui).Mais pour un rev<strong>en</strong>u plus déc<strong>en</strong>t, de l’ordre de 600 euros parCourrierexemple, cela me semble diff<strong>ici</strong>le. D’autant plus que, dans une société dedécroissance, l’activité économique ayant régressé, les impôts récoltés sontrelativem<strong>en</strong>t faibles. Plutôt que l’inactivité professionnelle pour la plupartet l’activité rémunérée pour une minorité, n’est-il pas préférable de répartirle travail <strong>en</strong>tre tous ? Serge Latouche rappelle souv<strong>en</strong>t, ainsi queMichel Bernard page 9 du même numéro de S!l<strong>en</strong>ce, qu’il serait possiblede subv<strong>en</strong>ir à nos besoins avec deux heures de travail par jour. La lecturede cet article me laisse la même frustration que la vision du film « Dangertravail » de Pierre Carles, qui montrait des personnes percevant le RMI etheureuses de leur situation, mais sans préciser que la perception du RMIne peut être éternelle d’une part, qu’elle compr<strong>en</strong>d des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tsd’autre part. Je me s<strong>en</strong>s particulièrem<strong>en</strong>t concerné par ces interrogations,puisque je vis (financièrem<strong>en</strong>t du moins !) de la solidarité nationale, et <strong>en</strong>ai quelques scrupules, peut-être parce que « les vieux réflexes ont la peaudure » (page 17).Christophe Gibiat ■Corrèze.S!l<strong>en</strong>ce : ce débat sur l’emploi est extrêmem<strong>en</strong>t diff<strong>ici</strong>le à p<strong>en</strong>ser <strong>en</strong>termes de transition. Toutefois, si l’on allait vers un partage des 25% detravail utile, il semble que la “richesse” ne change <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> : nous auronseffectivem<strong>en</strong>t moins d’arg<strong>en</strong>t pour acheter (le RMI ?), mais beaucoup plusde temps pour s’<strong>en</strong>traider. C’est l’histoire de celui qui a une voiture pouraller travailler et qui travaille pour payer sa voiture.Enfantset décroissance(…) Il n’y a qu’à observer les <strong>en</strong>fants pour nous r<strong>en</strong>dre compte que nousfaisons fausse route <strong>en</strong> voulant toujours plus, aller toujours plus loin, toujoursplus vite. Si on leur <strong>en</strong> laisse le temps, les <strong>en</strong>fants observ<strong>en</strong>t, écout<strong>en</strong>t,admir<strong>en</strong>t, sont curieux. Ils n’ont pas besoin d’aller à l’autre bout dumonde pour s’émerveiller. Mais dès l’âge de trois ans, voire plus tôt quelquefois,ils <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans la spirale infernale : “lèves-toi, il faut pr<strong>en</strong>dre tonpetit déjeuner, vite... tu vas être <strong>en</strong> retard à l’école, allez dis au revoir àmaman.. on jouera plus tard, je dois aller faire les courses...” dans cesconditions, comm<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>t-ils appr<strong>en</strong>dre à jouir du mom<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t et àpr<strong>en</strong>dre leur temps ? Un concept de décroissance ne passe pas, à mon avis,sans l’adaptation de notre rythme d’adulte à celui de l’<strong>en</strong>fant. A quand unnuméro sur les <strong>en</strong>fants ?Laur<strong>en</strong>t Huillard ■IsèreS!l<strong>en</strong>ce : La revue est ouverte à toute proposition de dossiers ou d’articles...Artisans du mondeDans votre rubrique Nord/Sud du numéro 327, Artisans du monde communiquesa décision de ne plus v<strong>en</strong>dre ses produits auprès de la grande distribution.Néanmoins, la fédération ne répond pas <strong>en</strong>core complètem<strong>en</strong>t àcertaines questions. Et comme le service de presse promet des réponsesqui n’arriv<strong>en</strong>t jamais, je me permets d’utiliser S!l<strong>en</strong>ce pour les poser :● Artisans du monde faisant partie de la c<strong>en</strong>trale d’achat“Solidar’monde” dont Max Havelaar est actionnaire et qui prône la distributionde produits “issus du commerce équitable” dans la grande distribution,va-t-elle choisir de quitter Solidar’monde ? Car comm<strong>en</strong>t travailleravec un part<strong>en</strong>aire qui a une stratégie totalem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>te de la vôtre ?Il faudrait qu’Artisans du monde aille au bout de sa logique pourêtre crédible.● La question peut se poser pour la plate-forme du commerce équitable.Quand Artisans du monde dit rejoindre la décision du réseau Minga, il mesemble que l’esprit n’est pas tout à fait le même et Minga ne fait plus partiede la PFCE, me semble-t-il...● Artisans du monde pourrait-elle communiquer le montant des subv<strong>en</strong>tionsperçues (et l’utilisation qui <strong>en</strong> a été faite) du ministère du développem<strong>en</strong>tet év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t de la Communauté europé<strong>en</strong>ne, du fait de sonappart<strong>en</strong>ance à la PFCE ?● Pourquoi la fédération n’a-t-elle pas communiqué plus abondamm<strong>en</strong>tle fait que les “acteurs du commerce équitable” n’ai<strong>en</strong>t pu se mettre d’accordsur le projet de norme Afnor qui était <strong>en</strong> cours ? Cela veut dire,concrètem<strong>en</strong>t, qu’il n’y a toujours pas de norme ni de contrôle indép<strong>en</strong>dantdans ce domaine. Quelle crédibilité peut-on avoir lorsque des intérêts hégé-SILENCE N°33041Décembre 2005


Courriermoniques font que ri<strong>en</strong> n’est possible ? Qui avait peur de quoi ?Répondre à des questions précises, donner de réelles informations est bi<strong>en</strong>plus diff<strong>ici</strong>le que de communiquer sur les bi<strong>en</strong>faits-du-commerce-équitablepour-les-petits-producteurs-du-sud.Dominique Lunault ■Indre-et-loireCommerce équitableIl faut, à mon avis, ne pas se leurrer au sujet du « commerce équitable »,car les marchandises voyag<strong>en</strong>t quand même et de très loin. Le commerceéquitable est « mieux que si c’était pire » mais ce n’est pas la panacée. Iloffre un développem<strong>en</strong>t non durable à cause des pollutions qu’il <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre,mais aussi parce que les transports se font au pétrole et que bi<strong>en</strong>tôt, il n’y<strong>en</strong> aura plus, ou, du moins; avant sa disparition, il devi<strong>en</strong>dra trop cher pourêtre viable.Il faudrait plutôt que les fermiers ou paysans du Sud s’organis<strong>en</strong>t d’abordpour se suffire au maximum. Le commerce, <strong>en</strong> général, empêche cette prisede consci<strong>en</strong>ce et cette réorganisation vitale. Il s’inscrit dans cette logiqueactuelle de croissance infinie et de destruction des ressources. Son petitfrère, équitable, permet de prét<strong>en</strong>dre que ce système économique peut êtreamélioré, corrigé de façon satisfaisante, sans avoir besoin de revoir toutela copie et même le sujet lui-même, le sacro-saint développem<strong>en</strong>t. Le seulcommerce équitable pour tous, c’est le commerce réduit au plus strictminimum, <strong>en</strong>tre des communautés indép<strong>en</strong>dantes au maximum. Il va sansdire que le système capitaliste actuel a vécu : passons à autre chose et vite !Jocelyne Fortin ■Grande Bretagne.Ant<strong>en</strong>nesde téléphonie mobileSuite à plusieurs demandes de r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts sur les actions possiblescontre l’implantation d’ant<strong>en</strong>nes de téléphonie mobile, nous communiquonsle contact de deux associations travaillant sur ce sujet :● Priartem, 9, rue Jean-François-Gerbillon, 75006 Paris,tél : 01 42 22 25 38, site : www.priartem.org● Robin des Toits, 55, rue Popincourt, 75011 Paris,tél : 01 43 55 96 08, site : robindestoits.orgIrréprochable ?J’ai été lectrice de S!l<strong>en</strong>ce depuis 1984 ou 5 et par la suite abonnéep<strong>en</strong>dant de nombreuses années. J’ai sans doute été à l’origine d’autresabonnem<strong>en</strong>ts puisque ce journal me paraissait à l’époque uniqueet nécessaire.Aujourd’hui je peux le lire et même y trouver plaisir et intérêt. Mais aprèsy avoir successivem<strong>en</strong>t trouvé des articles cont<strong>en</strong>ant des accusations infondées,des erreurs grossières et des condamnations vindicatives sur dessujets que je connais un peu (par exemple le réseau Biocoop ou le loup),c’est un journal <strong>en</strong> qui je ne fais plus confiance.Je suis sûre que vous n’avez pas toujours les moy<strong>en</strong>s de vérifier vossources, et que vous publiez ceux à qui vous accordez crédit sans regarderles conséqu<strong>en</strong>ces d’une prose pas toujours non-viol<strong>en</strong>te.Evidemm<strong>en</strong>t cela ne concerne qu’une faible proportion (j’espère !) de larevue. Mais cela discrédite à mon avis l’effet utile qu’aurait le reste de vosarticles. Et je ne me permets plus, alors que je le faisais auparavant, d’affichertelle ou telle page dans le magasin.Croyez-vous que la presse alternative ne se doive pas d’être irréprochable,alors que l’indép<strong>en</strong>dance qu’elle prône lui donne les moy<strong>en</strong>s de nous prés<strong>en</strong>terdes informations non détournées ni tronquées ?J’espère de tout coeur pouvoir un jour changer d’avis.Brigitte Colas ■Alpes-de-Haute-Prov<strong>en</strong>ce.S!l<strong>en</strong>ce : si des informations sont fausses, merci de nous l’indiquer précisém<strong>en</strong>t: ce g<strong>en</strong>re de lettre crée de la susp<strong>ici</strong>on… mais n’apporte aucunélém<strong>en</strong>t concret.Mécont<strong>en</strong>tsJ’ai décidé de ne pas me réabonner à S!l<strong>en</strong>cecar il y a trop de dossiers inintéressant (à mongoût) style “land-art”, “développem<strong>en</strong>t personnel”,etc.Je finis par ne plus lire que les brèves, toujours passionnantes,mais que je retrouve dans d’autres journaux.Pourquoi les actions (le peu qu’il <strong>en</strong> reste) antinucléaires,anti-OGM, etc. se retrouv<strong>en</strong>t-elles pratiquem<strong>en</strong>ttoujours dans les brèves ? Quel “développem<strong>en</strong>tpersonnel” trouveront vos lecteurs dans un monde contaminé ?J’ai l’impression, quand je p<strong>en</strong>se aux vieux numéros, que vous êtes passésd’<strong>en</strong>vies de luttes plus “politiques” (au s<strong>en</strong>s noble du terme) à des chosesun peu trop “new-age” à mon goût.Enfin, à bi<strong>en</strong>tôt peut-être ! (quand même !)Pascal Schlossmacher ■Gard.Pas toujours fiablePas cont<strong>en</strong>tsNon, je n’ai pas oublié de meréabonner, mais il y a des mom<strong>en</strong>tsoù il faut faire des choix. Je n’ai pasle temps de lire votre revue très trèsd<strong>en</strong>se et très fournie. Peut-être pourriezvousr<strong>en</strong>dre la mise <strong>en</strong> page de votre revueplus aérée, plus colorée et plus chaleureuse ?Le monde est-il si noir ?Claude Graton ■Hauts-de-Seine.A ma grande surprise, j’ai oublié de r<strong>en</strong>ouveler mon abonnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tempsvoulu. Le pire est que Sil<strong>en</strong>ce ne m’a pas manqué p<strong>en</strong>dant de longs mois,sinon je me serais aperçu de cet oubli. Si j’analyse, cela pourrait vouloirdire que je ne suis pas assez intéressée par la revue. Il est vrai que j’ytrouve beaucoup trop de “théorie” à mon goût et pas assez de “pratique”et que certaines informations ou déductions ne me paraiss<strong>en</strong>t pas toujoursfiables car pas assez objectives. Mais par esprit militant, je fais un effortpour douze numéros, <strong>en</strong> vous demandant de repr<strong>en</strong>dre au mom<strong>en</strong>t de l’interruption…dès fois que j’aurais manqué quelque article qui m’intéresse.Jacqueline Petroz ■Savoie.Cont<strong>en</strong>ts■ Vivant à Die, votre numéro 318-319 m’a réjouie et confortée après tr<strong>en</strong>teans de cette ambiance bio-végétari<strong>en</strong>ne, culture plante aromatique,Pierre Rabhi, etc. Germaine Bernard, 70 ans.■ Bonne continuation à votre équipe et à votre journal. Quel plaisir devous lire, merci d’être là, là où il faut. Karin Poret-Garnier, Val-d’Oise.■ Grand merci pour la diffusion de cette revue qui véhicule espoir, idées eténergie ! Violaine Mogis, Ille-et-Vilaine.■ Bravo et merci <strong>en</strong>core pour votre revue qui me donne pleins d’énergie(et il <strong>en</strong> faut beaucoup ! Un faucheur volontaire d’OGM, ChristopheSuquet, Haute-Garonne.■ Je ti<strong>en</strong>s à vous remercier d’exister. Depuis deux ans maint<strong>en</strong>ant, je saisque l’information, la vraie, existe grâce à des g<strong>en</strong>s comme vous et ceux quialim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t votre revue. C’est très rassurant et très positif. Cécile Orlovski,Haute-Garonne.■ Bravo pour votre magazine. On <strong>en</strong> appr<strong>en</strong>d des vertes et des pas mûres.Au début, j’avais du mal à trouver le sommeil face à ces temps de méchancetéset d’inégalités. Mais plutôt que de fermer les yeux, j’ai appris àouvrir ma bouche plus souv<strong>en</strong>t ! Carole Favareto, Lot-et-Garonne.■ Je vous remercie pour tout ce que vous faites souffler pour la constructiond’un autre monde possible. Roger Viret, Hérault.■ Vous m’apparaissez chaque jour plus indisp<strong>en</strong>sable. Continuez.Chantal Gehin, Isère.SILENCE N°330 Décembre 200542


■ Merci pour votre journal qui ouvre des f<strong>en</strong>êtres sur un air plus pur etqui crée des li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre ses lecteurs. Sylvie Hascoët, Bouches-du-Rhône.■ Un grand merci pour votre travail. Dans l’<strong>en</strong>semble de la presse actuelle,S!l<strong>en</strong>ce est le seul journal que l’on lit de la première à la dernière pageet dont on ressort avec l’impression d’être réellem<strong>en</strong>t mieux informé !Mélodie Thill, Isère.■ Je suis abonnée depuis quelques mois. Je dévore tous les articles et plusparticulièrem<strong>en</strong>t les “brèves” qui sont très agréables à lire de par leurcont<strong>en</strong>u qui ne pr<strong>en</strong>d que quelques minutes et que l’on peut parcourir <strong>en</strong>att<strong>en</strong>dant le bus, le métro, quel que soit l’<strong>en</strong>droit où on se trouve. Vosarticles sont passionnants et ne peuv<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong>courager les bonnes volontésqui souhait<strong>en</strong>t agir pour un monde meilleur. Françoise Deleau, Essonne.■ Je me réabonne et vous <strong>en</strong>courage à continuer dans le même s<strong>en</strong>s, c’estavec plaisir que je reçois S!l<strong>en</strong>ce chaque mois. Jean-François Petit-Jean,Meurthe-et-Moselle.■ Merci pour vos bouffées d’espoir ! Bravo pour votre travail de dés<strong>en</strong>doctrinem<strong>en</strong>t.Signé : un jeune désobéissant souhaitant développer durablem<strong>en</strong>tsa consci<strong>en</strong>ce et faire décroître la connerie. Lilian Fabrègues,Corrèze.■ Merci pour toutes les informations que vous nous communiquez, lesthèmes que vous abordez sont pertin<strong>en</strong>ts et nous offr<strong>en</strong>t à réfléchir. FannyHoussaye, Alpes-de-Haute-Prov<strong>en</strong>ce.■ Je profite de ce courrier pour vous faire part de mon <strong>en</strong>tière satisfactionet de l’imm<strong>en</strong>se plaisir que j’aià recevoir, à lire et à fairepartager votre revue. Ungrand merci à toute l’équipe! Périne Desmets,Val-de-Marne.■ Mes remerciem<strong>en</strong>ts pourtout ce que vous réalisez.C’est une bouffée d’oxygène.DominiqueLoquais, Loire-Atlantique.■ Un grand merci à toutel’équipe pour votre fabuleuxjournal ! ConstanceVuillemier, Meurthe-et-Moselle.AnnoncesEntraide■ Pyrénées-Atlantiques. Proposonsformation gratuite sur chantier <strong>en</strong> bioconstruction.Le logem<strong>en</strong>t est offert etle stagiaire pourra aborder de trèsnombreuses techniques telles que laconstruction <strong>en</strong> pierre au mortier terre,l’ossature bois, le terre-paille, le torchis,le chaume, le bardeau de bois,le poêle de masse ou <strong>en</strong>core les voûtessarrasines ! Une expéri<strong>en</strong>ce préalable<strong>en</strong> maçonnerie ou charp<strong>en</strong>te peut êtrepréférable. Contacter Mélissa ou Olivier,tél : 06 63 94 31 11ou 05 62 93 74 55.■ Le numéro de S!l<strong>en</strong>ce spécialBretagne est épuisé : je souhaiterais<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> contact avec des personnesayant ce numéro. Brigitte Peuse, L.D.La Gurelais, 35120 Saint-Broladre,tél : 02 99 80 27 65.■ Nous cherchons des contacts avecdes associations de tourisme équitableou des voyageurs indép<strong>en</strong>dantsau départ de la région Paca susceptiblesd’acheminer au Sénégal du petitmatériel pour pouponnière : médicam<strong>en</strong>ts,layettes, chaussures d’<strong>en</strong>fants,serviette de toilettes… Nous assuronsla collecte et la réception se faità Dakar. Merci ! Sylvie,tél : 04 90 58 33 24.■ Etant désormais seule et sans grandsmoy<strong>en</strong>s financiers, je cherche quelqu’unde sérieux pour bricolage, jardinage…<strong>en</strong> échange d’un logem<strong>en</strong>t pour une oudeux personnes, <strong>en</strong>trée indép<strong>en</strong>dantedans une vieille maison située <strong>en</strong> frontde mer, avec beaucoup de pêche àpieds, à 25 km de Vannes. M’appelerau 06 60 26 48 46.■ J’offre à qui <strong>en</strong> fera bon usage plusde dix ans de revues S!l<strong>en</strong>ce. Mecontacter : Marceau Gast, ValbonnetteB1, 33, av<strong>en</strong>ue Malacrida, 13100Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce.■ Hérault. A tous les maraîchers (bio)héraultais, je vous propose une aide,joyeuse et gratuite, pour tous travauxde culture, récolte, v<strong>en</strong>te… <strong>en</strong> échangede 12 m 2 pour poser mon tipi ! A tousles intéressés, appelez vite Anne-Sylvieau 06 14 12 72 81. A bi<strong>en</strong>tôt.Vivre <strong>en</strong>semble■ Tribu vivace, âgée de deux ans, collectifpour la décroissance et le retourà l’autonomie avec plantes sauvages etéco-habitats, pour la sauvegarde de laterre, cherche terrain de préfér<strong>en</strong>cedans le nord du Gard ou le sud del’Ardèche pour concrétiser son projet ets’agrandir aux personnes de même s<strong>en</strong>sibilité.Enfants bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>us afin de réaliserune école alternative non-directivetournée vers l’appr<strong>en</strong>tissage de l’autonomie,par l’autosuffisance et le partagedans le respect de la nature. AlainAuguste, Les Drouilhèdes, 30160Peyremale, tél : 06 19 42 18 69.■ Couple (journaliste secteur paramédicalet artisan métallier) <strong>en</strong>recherche d’un espace de vie dansl’Hérault (habitat + atelier + terrain)cherche part<strong>en</strong>aires (particulier, couple,famille…) pour unir nos forces dans larecherche immobilière et l’investissem<strong>en</strong>tfinancier, afin de créer un lieu devie ori<strong>en</strong>té écologie selon une chartecollective préservant l’autonomie detous et l’indép<strong>en</strong>dance de chaque famille.Didier, tél : 06 27 24 03 85,didier.sicard@free.fr■ Famille franco-allemande, deux<strong>en</strong>fants (3 et 1 an), cherche habitatcommunautaire à ancrage écologiqueet spirituel, proche école différ<strong>en</strong>te ouécole à la maison avec d’autres<strong>en</strong>fants. Famille Krüger, Kapellmattstr.46, D 76532 Bad<strong>en</strong>-Bad<strong>en</strong>, Allemagne.■ Particulier cherche part<strong>en</strong>aire(s)intéressé(s) par la démarche écovillage/écohameaudans le Cantal (15) pourl’achat d’un terrain <strong>en</strong> copropriété.Vous devez impérativem<strong>en</strong>t avoir unprojet de construction de maison dansun esprit alternatif et écologique.Idéalem<strong>en</strong>t, il s’agirait d’un groupem<strong>en</strong>tSILENCE N°330 Décembre 200543


Annoncesde deux à quatre familles et le projet sedéroulerait <strong>en</strong> trois étapes : constructiondes familles et des contours duprojet ; recherche et achat du terrain ;construction de votre projet personnel.La part financière de chacun sera proportionnelleà la superf<strong>ici</strong>e des lots.A titre informatif, ma part personnellesera d’<strong>en</strong>viron 22 000 € et j’ai un projetde maison bioclimatique <strong>en</strong> bottesde paille. Localisation du projet :20 km d’Aurillac maximum. Madémarche s’inscrit dans la recherche desolutions individuelles et collectives auxconséqu<strong>en</strong>ces du “pic de Hubbert”.Projet collectif à discuter (<strong>en</strong>treautres) : éoli<strong>en</strong>ne pour la productionélectrique de deux ou trois maisons,jardin biologique, covoiturage, eauchaudesolaire… Laur<strong>en</strong>t Pacelli,tél : 04 71 47 49 84,laur<strong>en</strong>t.pacelli@wanadoo.fr■ Isère. Je cherche des part<strong>en</strong>airespour l’achat d’une propriété, d’unimmeuble ou autre suggestion (copropriétéou SCI) si possible <strong>en</strong> Isère,même dans Gr<strong>en</strong>oble ou limitrophe(Drôme, Ain…) avec logem<strong>en</strong>ts indép<strong>en</strong>dantset dans un esprit ouvert ettolérant t<strong>en</strong>dant à la décroissance etprotection de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Merci deme téléphoner à Gr<strong>en</strong>oble au06 32 11 28 04, Juliette.■ Sur trois hectares, à 1000 m d’altitude,<strong>en</strong> Ardèche, exposition sud, boisé<strong>en</strong> partie, propose projet de culture sur1/2 hectare <strong>en</strong>viron, maraîchage partraction animale avec mes deux ânes.Sur le lieu, deux habitations donc possibilitéde loger une ou deux personnes,pas d’électr<strong>ici</strong>té, mais bonne expositionpour projet solaire à suivre. Source surle terrain, toute l’année. Je suis prêt àétudier toute proposition dans la bonne<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te quel que soit le temps que chacun(e)voudra partager. Raynald Rasse,Le Grand Adreyt, 07450 Pereyres,tél : 04 75 38 68 72.R<strong>en</strong>contres■ J’ai presque quarante ans et j’ai leprojet de vivre à la campagne (près deVic-Fez<strong>en</strong>sac). Je suis un peu nomade,cela fait que je pars quelques mois <strong>ici</strong>et là pour rev<strong>en</strong>ir après dans ma maison.Je cherche un autre homme quivoudrais partager cette vie avec le respectde l’autre (et l’autre, ce n’est passeulem<strong>en</strong>t moi, mais tout être vivant).Ecrivez-moi : Waldo Catano, route deCondom, 32190 Saint-Jean-Poutge,waldo.catano@elbastion.net.■ Existe-t-il un homme qui désireconstruire une vie à deux sans les clichésétablis : “jeune, belle, soumise,inodore, incolore…”. Si oui, qu’ilpr<strong>en</strong>ne contact avec une femme de49 ans, aimant sortir des s<strong>en</strong>tiersconv<strong>en</strong>tionnels <strong>en</strong> fauteuil roulant etaussi épicuri<strong>en</strong>ne, curieuse de tout,autonome… Pour la suite, contacterle 04 90 70 68 71.■ Homme, 47 ans, affectueux, littéraire,profondém<strong>en</strong>t bio et naturophile,r<strong>en</strong>contrerait femme même esprit pourprojet professionnel et amoureux.Tél : 06 74 47 25 28.■ Réf. 330.01. J’ai un métier intéressant(instit) que j’exerce à mi-temps ;j’ai des activités et des amis agréables,mais la solitude amoureuse me pèsecruellem<strong>en</strong>t. L’état civil dit 50 ans, maisce n’est qu’un état civil ! Sinon, je suis— dans le désordre — idéaliste, s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tale,s<strong>en</strong>suelle, antigaspi, mus<strong>ici</strong><strong>en</strong>ne,créative, sociale… Je cherche l’âmefrère ami-amant avec lequel partagerl’ess<strong>en</strong>tiel. Merci d’écrire à la revuequi transmettra.Recherches■ De retour dans la région Rhône-Alpes après vingt ans d’”exil” parisi<strong>en</strong>,cherche d’une part des adresses devétérinaires biothérapeutes (homéo,phyto, ostéopathes…) de préfér<strong>en</strong>ceproche de Vi<strong>en</strong>ne ou du moins dans larégion ; d’autre part ami(e)s pour partagerrando pédestres, ski de fond,échange jardinage biologique, etc.Merci de m’écrire : Kate Fedy,Le Biez, route de Chez<strong>en</strong>as,42520 Saint-Pierre-de-Bœuf.■ Cherche témoignages de personnesatteintes de psychose, schizophrénie ouToc, se soignant avec une médecinedouce ou guéries. Pour ma sœurCatherine qui se trouve dans une camisolechimique à cause de la médecinetraditionnelle et de ses médicam<strong>en</strong>tstels que Risperdal, Depakote, Nirset,etc. Je cherche d’autres solutions, plushumaines. Marie-Laure,tél : 02 43 34 84 05.■ Cherche un module photovoltaïque48 W 12 V polycristallin, de 985 x 445mm pour pouvoir le fixer sur un supportsur lequel est déjà fixé un moduleLA 361J48 acheté <strong>en</strong> 1992. Fanton,à Saint-Priest (69),tél : 04 78 21 67 99 le soir.■ Je recherche de la terre agricole <strong>en</strong>friches dans les départem<strong>en</strong>ts 47, 32,82 ou région du Sud-Ouest, pour projetde ferme pédagogique à ori<strong>en</strong>tationécologique et biodynamique : s<strong>en</strong>sibilisationà la gestion de l’eau, desdéchets, des énergies r<strong>en</strong>ouvelables,jardinage et élevage <strong>en</strong> biodynamie.J’accepte terre non cultivée <strong>en</strong> bio etj’étudie toutes les nombreuses propositionsque vous allez me faire bi<strong>en</strong> sûrau tél : 06 77 32 05 21.■ Je souhaite créer un circuit de cinémaitinérant autour du film docum<strong>en</strong>taire.Si vous avez une expéri<strong>en</strong>ce analogueou des informations à ce sujet,merci de les faire partager pourque je puisse avancer dans mon projet.Nathalie, tél : 04 75 88 29 25.■ Urg<strong>en</strong>t : bébé à naître <strong>en</strong> décembre.Nous cherchons des couches lavablesd’occasion (ou neuves) pour <strong>en</strong>fant dela naissance à l’âge de la propreté.Merci de contacter Bruno et Christine,au 06 11 77 97 32.■ L’association le P’tit gavroche <strong>en</strong>visagesérieusem<strong>en</strong>t de lancer un Appel àsouscription pour éditer son futur Guidedes médias alternatifs, à paraître courant2006. Il s’agira de recueillir lasomme de 5000 euros, soit 500 souti<strong>en</strong>sde 10 euros ou plus, avant le moisde mars-avril 2006, <strong>en</strong> échange de quoile P’tit gavroche offrira à chaque personnequi a sout<strong>en</strong>u la publication unexemplaire du Guide tout fraîchem<strong>en</strong>tsorti de l’imprimerie, <strong>en</strong> avantpremière! Si vous avez quelque expéri<strong>en</strong>cedans ce type de démarche etd’appel, ou des conseils, suggestions,contacts, souti<strong>en</strong>s ou messages à nouscommuniquer, merci bi<strong>en</strong> de nouscontacter ! Le P’tit gavroche, 9, ruedes Pierres-Plantées, 69001 Lyon, tél :04 78 27 19 49 (demandez Esteban),ptitgavroche@wanadoo.fr.■ Cherchons terrain à acheter <strong>en</strong>Auvergne, pour projet de construction.Si vous avez le même type de projet(toujours <strong>en</strong> Auvergne), n’hésitez pas ànous contacter, ainsi nous croiseronsnos informations. Tél : 04 73 35 88 94ou portable (eh oui, chacun ses incohér<strong>en</strong>ces!) 06 16 22 63 14 (la dom)ou <strong>en</strong>core jeanlouisleleu@wanadoo.frou ladom@ifrance.comEmplois■ Emploi-jeune. La revue “LaGarance voyageuse” recrute, pour remplacerun emploi-jeune <strong>en</strong> congé par<strong>en</strong>tal,un animateur ou une animatricemultimédia <strong>en</strong> CDD de 35 h par semaine,pour un an et trois mois (év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>tprolongeable). Réalisation de lamaquette, gestion du site internet, développem<strong>en</strong>tde produits multimédia, gestionsde listes de discussion, améliorationd’une base de données, part<strong>ici</strong>pationau secrétariat de l’association. Lapersonne doit être intéressée par labotanique, désirer s’investir dans la protectionde la nature, pouvoir bénéf<strong>ici</strong>erdu dispositif “emploi-jeune”. Lieu detravail : Saint-Germain-de-Calberte(Lozère), c’est perdu, mais c’est beau.Salaire : 1436 € brut m<strong>en</strong>suels.Embauche souhaitée <strong>en</strong> décembre.Candidature à adresser uniquem<strong>en</strong>t parcourriel : accueil.garance@wanadoo.fr.■ Personne motivée, aimant cuisiner,cherche travail de maraîchage. Nourrie,logée, avec petit salaire pour quelquemois ou plus. Tél : 04 76 75 27 49.■ Auparavant plombier chauffagiste,je suis actuellem<strong>en</strong>t au chômage. Jevoudrais créer mon <strong>en</strong>treprise artisanaledans le secteur des énergies r<strong>en</strong>ouvelables(solaire, énergies bois…).Passionné égalem<strong>en</strong>t par le travail dubois (possède machines à bois et local),je voudrais dans le même état d’espritécologique créer <strong>en</strong> parallèle l’éconconstructionde cabanes dans lesarbres, petites réalisations <strong>en</strong> bois. Jeme s<strong>en</strong>s un peu seul pour <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dretout cela, mais aussi <strong>en</strong>vie de partagerdes idées autres avec part<strong>en</strong>aire ayantla connaissance du travail du bois(m<strong>en</strong>uisier, charp<strong>en</strong>tier…). Je suisouvert au dialogue, à l’échanged’idées, un projet que j’aimerais développeravec une autre personne.Me contacter : Robert Blouin,Les Placettes, 42140 Viricelles,tél : 04 77 94 27 93 ou 06 10 43 8153, rblouin@wanadoo.frLogem<strong>en</strong>t■ Haute-Normandie. Eco-lieu <strong>en</strong> bordured’un hameau propose la locationd’un demi-hectare de terrain. AnnieAubrun, propriétaire habitant de ce lieude vie et d’appr<strong>en</strong>tissage (dans le respectde la nature, des autres et de soimême)désire r<strong>en</strong>contrer les personnesintéressées avec qui <strong>en</strong>visager le voisinageet l’av<strong>en</strong>ir de ce futur écohameau.Possibilité d’achat par la suite,le terrain pouvant se diviser <strong>en</strong> deuxparcelles constructibles. Prairie arborée,calme, vue sur la vallée. Tous commerceset écoles au village à 1km, airesde loisirs aux <strong>en</strong>virons, 40 km deRou<strong>en</strong>, 15 km de la mer, 1h30 de Paris-Saint-Lazare. Plus d’info sur le sitewww.maison-mia.com, tél : 02 35 5665 53, annie.patrix@tele2.fr■ Gers. J’habite dans une trop grandemaison pour une personne seule. Alorssi vous voulez v<strong>en</strong>ir pour y vivre (<strong>en</strong>payant un petit loyer), on pourrait partagerla maison et le jardin. Je p<strong>en</strong>sequ’il faudrait compter 350 € de loyer +les frais. Je préfère des g<strong>en</strong>s créatifset mangeant végétari<strong>en</strong> au moins cinqjours par semaine, mais cela n’est qu’unsouhait (je mange de la viande assezsouv<strong>en</strong>t, mais préfère les légumes queje cultive <strong>en</strong> partie). Si vous êtes bricoleur,on peut arriver à des accordsponctuels pour réduire le prix <strong>en</strong>échange de certains travaux.Vous pouvez me contacterau 05 62 64 23 59,waldo.catano@elbastion.net.■ Rhône. V<strong>en</strong>dons maison dans copropriétéécolo de trois lots dans ferme <strong>en</strong>pisé cour carrée Mont du Lyonnais àBess<strong>en</strong>ay. Chauffage c<strong>en</strong>tral collectifautomatique bois déchiqueté, épurationdes eaux usées par lit à macrophytes.Lot privatif compr<strong>en</strong>ant : 150 m 2 habitables,cheminées, poutres, parquets +60m 2 caves voûtées + 150 m 2 jardinplain pied + 140 m 2 potager non-att<strong>en</strong>ant.En copropriété : 7000 m 2 de terrain,arbres fruitiers, cour, dép<strong>en</strong>dances,four à pain, granges, chats, etc. Prix :205 000 €. Tél : 06 83 76 59 62après 19h.■ Myrtille et Lune serai<strong>en</strong>t heureusesde trouver un petit nid douillet où ilferait bon vivre avec leurs par<strong>en</strong>ts. Cepourrait être une grange ou une maisonde hameau à restaurer avec un bout deterrain et de l’eau si possible, pourregarder pousser les joyeux haricots !Nos <strong>en</strong>vies pourrai<strong>en</strong>t conduire vers lesdépartem<strong>en</strong>ts suivants : 07, 48, 26, 46,09, 31, 65, 12. David et Nathalie,tél : 04 75 88 29 25.Divers■ V<strong>en</strong>ds seize couches préformées<strong>en</strong> coton bio lavables + deux culottesimperméables lavables avec fermeturevelcro + dix sous-couches pour la nuit,utilisables de la naissance à la marche.Contact : 06 21 04 21 68, prix : 120 €.■ V<strong>en</strong>ds une roulotte <strong>en</strong> bois très bonétat, construite depuis trois ans, 700 kgà vide. Brancard cheval de trait. Trèsbon frein confortable et lumineux.Conçu et idéal pour voyage sur routeavec chevaux. Stable et mobile. Laissermessage au 06 32 02 76 88. Prix :4000 €. A visiter <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-Bretagne(Mellionnec).Gratuites : Les annonces de Sil<strong>en</strong>cesont gratuites pour les abonnés. Ellessont égalem<strong>en</strong>t gratuites pour les offresd’emplois. Pour passer une annonce,joindre le bandeau d’expédition qui<strong>en</strong>toure la revue ou joindre un chèquecorrespondant à un abonnem<strong>en</strong>t.Taille des annonces. Nous vousdemandons de faire le plus concis possible.Au delà de 500 signes, nous nousréservons le droit de faire des coupes.Délais. Les dates de clôture sont indiquées<strong>en</strong> page “Vu de l’intérieur”.Prévoir <strong>en</strong>viron deux mois <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>void’une annonce et sa publication.Dom<strong>ici</strong>liées : Sil<strong>en</strong>ce accepte lesannonces dom<strong>ici</strong>liées à la revue contreune part<strong>ici</strong>pation de 5 € <strong>en</strong> chèque.Pour répondre à une telle annonce,mettre votre réponse dans une <strong>en</strong>veloppe.Ecrire sur cette <strong>en</strong>veloppe aucrayon les référ<strong>en</strong>ces de l’annonce, puismettre cette <strong>en</strong>veloppe dans une autreet <strong>en</strong>voyer le tout à la revue.Sélection : Sil<strong>en</strong>ce se réserve le droitde ne pas publier les annonces quilui déplais<strong>en</strong>t.SILENCE N°330 Décembre 200544


S!l<strong>en</strong>ce ne commercialise pas les livres prés<strong>en</strong>tés dans cette rubrique.So watt ?B<strong>en</strong>jamin Dessus,Hélène GassinEd. L’Aube(84240 La Tour-d’Aigues)2005 - 166 p. - 17 €€B<strong>en</strong>jamin Dessus, spécialiste del’énergie au CNRS, présid<strong>en</strong>t deGlobal Chance, et Hélène Gassin,animatrice de la campagne énergieà Gre<strong>en</strong>peace, propos<strong>en</strong>t <strong>ici</strong>une intéressante réflexion surnotre av<strong>en</strong>ir énergétique face auxquestions liées aux changem<strong>en</strong>tsclimatiques. Les auteurs comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t<strong>en</strong> montrant comm<strong>en</strong>t ledébat sur l’énergie <strong>en</strong> France estfaussé. Par exemple, comm<strong>en</strong>t ons’interroge toujours sur les modesde production et non sur lesbesoins, ce qui change complètem<strong>en</strong>tles données. Ainsi, si l’onveut chauffer une maison, on disposede nombreux moy<strong>en</strong>s plusperformants que le chauffageélectrique… alors que si l’on partsur l’idée de faire une c<strong>en</strong>tral<strong>en</strong>ucléaire, on va devoir trouverdes utilisations à l’électr<strong>ici</strong>té produiteet donc on choisira de gaspiller<strong>en</strong> subv<strong>en</strong>tionnant un chauffageextrêmem<strong>en</strong>t coûteux.Avatar de la communicationnucléocrate : l’indice d’indép<strong>en</strong>danceénergétique serait passé de32% <strong>en</strong> 1970 à 50% aujourd’hui…parce que nous produisonsplus d’électr<strong>ici</strong>té nucléairesur le territoire… C’est oublierque ce n’est possible qu’<strong>en</strong> important100% de l’uranium ! Lesauteurs s’interrog<strong>en</strong>t aussi sur lavaleur des actuels scénarios énergétiquesoff<strong>ici</strong>els. Les prévisionsde consommation vari<strong>en</strong>t d’unfacteur trois… alors que lesnécessités de contrôler nos émissionsde gaz à effet de serredevrai<strong>en</strong>t nous am<strong>en</strong>er à choisirdes scénarios plus économes.Vouloir avoir une énergie peucoûteuse pour favoriser notreéconomie est contradictoire avecla volonté de pousser aux économiesd’énergie : la politique françaiserelève actuellem<strong>en</strong>t de laschizophrénie. Si l’on raisonnecorrectem<strong>en</strong>t, c’est-à-dire avec lavolonté politique de diminuernotre empreinte écologique, nosémissions de gaz à effet de serre,il est évid<strong>en</strong>t que l’on doit privilégierles économies, l’efficacitéénergétique et le recours auxénergies r<strong>en</strong>ouvelables. Ce livre,bi<strong>en</strong> que très technique, a le couragede s’attaquer à ce quicoince : la croyance sci<strong>en</strong>tifique àtrouver des solutions techniques,les problèmes liés à l’étatisme àla française, le jeu des lobbies…Pour changer cela, les auteursappell<strong>en</strong>t à un réveil de la démocratie<strong>en</strong> s’appuyant sur lescitoy<strong>en</strong>s et les élus locaux, <strong>en</strong>s’appuyant sur une démocratievivante, <strong>en</strong> demandant la transpar<strong>en</strong>cesur les données (voir lefaux débat public actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>cours !) : les citoy<strong>en</strong>s et les collectivitéslocales peuv<strong>en</strong>t maîtriserleur énergie et créer descoopératives de production.L’Etat doit, lui, garantir la sécuritéd’approvisionnem<strong>en</strong>t et la solidarité.Cette dernière partie del’ouvrage est la plus novatrice.On regrettera une mise <strong>en</strong> pageoù les <strong>en</strong>cadrés sur plusieurspages nuis<strong>en</strong>t à la lecture. MB.L’ABC dela simpl<strong>ici</strong>tévolontaireDominique BoivertEd. Ecosociété (Montréal)2005 - 160 p. - 12,70 €€L’auteur est membre fondateurdu Réseau québécois pour la simpl<strong>ici</strong>tévolontaire. Depuis plus detr<strong>en</strong>te ans, au sein d’expéri<strong>en</strong>cescommunautaires, il met <strong>en</strong> pratique“comm<strong>en</strong>t vivre mieux <strong>en</strong>consommant moins”. Ce livreextrêmem<strong>en</strong>t facile d’accès proposediffér<strong>en</strong>tes approches : pourquoichoisir ce mode de vie, quile pratique, comm<strong>en</strong>t y arriver…Après un abécédaire, l’auteurpose la question du li<strong>en</strong> social.Alors que la société de consommationconduit à l’individualisme,une société de simpl<strong>ici</strong>té volontairepeut-elle conduire à plus dedémarches collectives ? Le débatest anci<strong>en</strong> : faut-il comm<strong>en</strong>cerpetit pour changer beaucoup ?L’auteur répond que ri<strong>en</strong> n’esttrop petit pour marquer sa différ<strong>en</strong>ceet donc comm<strong>en</strong>cer àchanger. Et qu’est-ce que celachange ? Notre rapport avecl’arg<strong>en</strong>t, notre rapport avec letemps, notre rapport avec l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,notre rapport avecles autres (“vivre simplem<strong>en</strong>tpour que d’autres simplem<strong>en</strong>tpuiss<strong>en</strong>t vivre”), notre rapport àla spiritualité… D’excell<strong>en</strong>tesréflexions, avec de très nombreusesressources ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tquébécoises. MB.Le Togo,de l’esclavageau libéralismemafieuxGilles LabartheEd. Agone(13192 Marseille)2005 - 204 p. - 11 €Au Togo, on retrouve tous les processuschers à la Françafrique. Cepays riche <strong>en</strong> coton, café, cacao,phosphates, pétrole et uranium,pierres précieuses, a tout pourêtre un pays florissant et pourtanttout y est pourri. Ce livreretrace l’histoire de ce pourrissem<strong>en</strong>tqui comm<strong>en</strong>ce par l’exploitationcoloniale, une fausse indép<strong>en</strong>danceavec la mise <strong>en</strong> placede la dictature d’Eyadéma qui vadurer 38 ans, jusqu’aux réc<strong>en</strong>tesélections truquées pour maint<strong>en</strong>irle système <strong>en</strong> place. L’esclavage yremonte à 1530… et se poursuitjusqu’à aujourd’hui, poussant àl’exil ceux qui serai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>tés dedénoncer la situation. Le Togo,sous l’ère Eyadéma, est un modèlede “développem<strong>en</strong>t” : grosprêts pour construire des usinesinutiles, détournem<strong>en</strong>t de fonds etretour après blanchim<strong>en</strong>t vers lesg<strong>en</strong>tils financiers français.LivresP<strong>en</strong>dant le pillage, la dettes’alourdit et ce pays <strong>en</strong>core richedans les années 70 a depuisrejoint les pays les plus pauvres.Le calme est maint<strong>en</strong>u de forcepar des merc<strong>en</strong>aires sous contrôledes réseaux de la Françafrique,que ce soit la gauche deMitterrand ou la droite dePasqua. Au lieu de vouloir continuerà les “aider”, nos politiquesferont-ils le ménage <strong>ici</strong> ? Un livreindisp<strong>en</strong>sable pour mesurer l’hypocrisiede nos débats sur l’aideau développem<strong>en</strong>t. MB.R O M A N SToutes chosesscintillantVéronique OvaldéEd. J’ai Lu2005 - 156 p. - 4 €€Sur une île polaire est installéeune imm<strong>en</strong>se usine de recyclagede produits toxiques. Un accid<strong>en</strong>tprovoque une catastrophe :oiseaux, poissons et jeunes<strong>en</strong>fants meur<strong>en</strong>t… sauf une,Nikko qui survit. C’est l’histoirede cette jeune fille que l’on vasuivre dans un monde où pue lamort, le passage d’un militantécologiste, son rêve de s’<strong>en</strong>fuir,sa r<strong>en</strong>contre avec les ouvriersde l’usine… le tout dans uneambiance glaciale,de nuits etde soleil de minuit.Une constructionlittéraire étrangesur un monde luimêmeétrange etpourtant tellem<strong>en</strong>tvraisemblable.Combi<strong>en</strong> d’usinesdans des zones“désertiques”contribu<strong>en</strong>t à tuerà petit feu les populationslocales ?Belle écriture. FV.L’arbremigrateurFrançois BruneEd. Parangon (Lyon)2005 - 110 p. - 7 €€François Brune, collaborateur duMonde diplomatique et de LaDécroissance aime à aborder lesquestions de société par le biaisde fables. Pr<strong>en</strong>ant le contre-piedde ce que la société de consommationveut nous faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre,il nous propose d’autres itinérairespossibles tel cet homme quiSILENCE N°330 Décembre 200545


Livresdécouvre le plaisird’offrir et qui distribueson arg<strong>en</strong>t oucelui-ci quidécouvre la méditationdevant sonposte télé <strong>en</strong> panne,d’autres vers<strong>en</strong>tdans la folie commecelui qui se met àtourner sans fin surle périphérique parisi<strong>en</strong>ou <strong>en</strong>core l’histoire de cetarbre qui donne son titre à l’ouvragequi va aller vivre <strong>en</strong> villeavant de t<strong>en</strong>ter le retour à lacampagne. Un agréable mom<strong>en</strong>tde lecture agrém<strong>en</strong>té d’un brin dephilosophie subversive. MB.B . D .Où la neig<strong>en</strong>e fondjamaisFerra et SanchezEd. Lions des Neiges(mairie, 74130 Les Houches)2005 - 64 p. - 15 €(+ 5 € de port)Après une manifestation cruellem<strong>en</strong>tréprimée, une des manifestantes,Dolma, choisit de quitterle Tibet sous la botte chinoise.Norbu, qui a assisté aux arrestations,décide de repr<strong>en</strong>dre leflambeau. Quant à Tsawang, lemoine à l’origine de la manifestation,il <strong>en</strong>dure la torture et la prison.Nous suivons le destin de cestrois personnages et découvronsainsi les conditions de vieactuelles au Tibet. BD de grandequalité, préfacée par le DalaïLama, elle est diffusée par l’<strong>en</strong>sembledes associations de souti<strong>en</strong>à la cause tibétaine.Excell<strong>en</strong>t travail de s<strong>en</strong>sibilisation.MB.Galopusauve la TerreMatt KontureEd. L’Association (Paris)2005 - 36 p. - 7 €€Tr<strong>en</strong>te six pages seulem<strong>en</strong>t, maisdu 100% écolo ! Matt Konture,l’un des dessinateurs de la revueécolo Passerelle Eco prés<strong>en</strong>te <strong>en</strong>une ou deux pages de multiplesalternatives disponibles aujourd’huipour être moins pollueurssur notre planète : le frigo africain,la lessive de c<strong>en</strong>dres, lesproduits ménagers non polluants,la cuisson solaire, les économiesd’eau, les toilettes sèches et lecompost de matières fécales, lelombricompost, les systèmesd’échanges locaux, les boissonsà faire soi-même (et donc sansplastique), un Noël alternatif,la climatisation naturelle… Unbon mom<strong>en</strong>t de dét<strong>en</strong>te pour vouset un moy<strong>en</strong> pour diminuer nosincohér<strong>en</strong>ces ! Et puis faites-letraîner dans vos nouvelles toilettessèches, cela donnera desidées aux amis de passage ! MB.E N F A N T SLéocuistot écoloEmmanuelle Figueraset Lionel GoumyEd. Terre Vivante(38710 M<strong>en</strong>s)2005 - 96 p. - 20 €€NOUS A VONS ÉGA LEMENT REÇU■ Un anarchiste de la belle époque, Alain Serg<strong>en</strong>t, éd. Gallimard-Jeunesse,2005, 222p. 12 €€. Né <strong>en</strong> 1879 à Marseille, Alexandre Marius Jacob, après sar<strong>en</strong>contre avec les anarchistes, se lancera dans “reprise individuelle” et devi<strong>en</strong>t“travailleur de la nuit”. Ne s’attaquant qu’aux plus riches et subv<strong>en</strong>tionnant desjournaux anarchistes, il devi<strong>en</strong>dra un cambrioleur émérite jusqu’à son arrestationà Abbeville et fera 25 ans de bagne à Cay<strong>en</strong>ne. Il revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France <strong>en</strong> 1928, aideles républicains espagnols et se su<strong>ici</strong>dera <strong>en</strong> 1954 pour ne pas connaître les affresde la vieillesse. C’est lors de son procès au début du siècle qu’un observateur dansle public le pr<strong>en</strong>dra pour modèle : Maurice Leblanc crée le personnage d’ArsèneLupin. Toute sa vie, il rev<strong>en</strong>diquera le droit pour les pauvres de voler aux riches.Réédition d’une biographie publiée <strong>en</strong> 1950.■ L’Aveyron <strong>en</strong> fleurs, Christian Bernard, éd. du Rouergue (Rodez), 2005,256 p. 43 €. Le départem<strong>en</strong>t de l’Aveyron du fait des variations de sa géographie,accueille un très grand nombre d’espèces végétales. L’auteur a rec<strong>en</strong>sé plus de2000 espèces, soit la moitié de la flore française.■ Guide des salons et manifestations de la bio et de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t 2005,éd. Alterr<strong>en</strong>at Presse (82120 Mansonville), 2005, 370 p. 22 €. Fiches techniquesdes salons à v<strong>en</strong>ir, surtout destiné aux exposants.■ La quête de l’ours, Yves Salingue, éd. du Rouergue (12035 Rodez), 2005,230 p. 36 €. La quête de l’ours dans la vallée de l’Aspe permet de découvrir pleind’autres animaux dans la nature. Récit d’une quête et d’une r<strong>en</strong>contre avecde belles photos des Pyrénées.■ Le vin bio, une démarche, un plaisir, Jean-Marc Carité, éd. La Plage (34200Sète), 2005, 2005, 160 p. 27 €. Fondateur des éditions Utovie dans les années70, Jean-Marc Carité est dev<strong>en</strong>u avec le temps un véritable œnologue bio.Il publie un guide sur ce thème depuis 1984 et propose <strong>ici</strong> d’ajouter au plaisirdes papilles celles de la vue avec cet ouvrage superbem<strong>en</strong>t illustré.■ ABC du z<strong>en</strong>, Armand Saliba et Paul Wagner, éd. Grancher (Paris), 2005,178 p. 20 €. Le z<strong>en</strong> comme méthode pour atteindre la sérénité.■ L’ag<strong>en</strong>da du jardinier 2006, Vinc<strong>en</strong>t Albouy, éd. Terre Vivante (38710M<strong>en</strong>s), 2005, 160 p. 12 €. Conseils et cal<strong>en</strong>drier lunaire pour m<strong>en</strong>er son jardin<strong>en</strong> bio.■ La responsabilité sociale des <strong>en</strong>treprises, Alternatives économiques pratique,2005, 136 p. 9 €. Comm<strong>en</strong>t influer sur les <strong>en</strong>treprises <strong>en</strong> passant des accordsavec eux ? Ce numéro vous explique comm<strong>en</strong>t ne surtout pas <strong>en</strong>visager de changerle monde. A des kilomètres des débats des altermondialistes d’aujourd’hui. D’unecomplaisance que seules les pages de publ<strong>ici</strong>té et les part<strong>en</strong>aires (dont la CFDT !)peuv<strong>en</strong>t expliquer.■ La ferme des Pitaval, Michel Verrier, éd. De Borée (63540 Romagnat),2005, 350 p. 20 €. Gros roman de terroir se situant dans le Pilat, près de Saint-Eti<strong>en</strong>ne. P<strong>en</strong>dant la guerre de 14, un exilé suisse vi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> r<strong>en</strong>fort à une femmedont le mari est au front. Vie campagnarde, jalousies, xénophobie et amour pourun roman honnête, sans plus.■ Mégalomanie urbaine, Mark Douglas Lowes, éd. Ecosociété (Montréal),2005, 180 p. La ville est-elle à son tour dev<strong>en</strong>ue une marchandise ? A partir del’exemple de Vancouver qui construit son image autour d’une course automobile,l’auteur, universitaire à Ottawa, montre les conséqu<strong>en</strong>ces des politiques urbainesqui se concurr<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t pour être des “villes internationales” au détrim<strong>en</strong>t des habitants.La solution passe par une remobilisation citoy<strong>en</strong>ne au niveau local et parl’exercice de la démocratie au niveau des quartiers. Le livre pose d’intéressantesquestions mais il y manque une ouverture à d’autres villes pour constater que cephénomène est malheureusem<strong>en</strong>t fréqu<strong>en</strong>t.■ Notre empreinte écologique, Mathis Wackernagel et William Rees, éd.Ecosociété (Montréal), 2005, 208 p. Cet excell<strong>en</strong>t ouvrage qui a popularisé l’expressiond’empreinte écologique lors de sa sortie <strong>en</strong> 1999 vi<strong>en</strong>t d’être réédité.Toujours aussi indisp<strong>en</strong>sable pour compr<strong>en</strong>dre les bases de la décroissance.Après un petit dialogue pour prés<strong>en</strong>terles choix des ingrédi<strong>en</strong>ts(bio bi<strong>en</strong> sûr) et l’utilité de mangerde saison, ce livre sous-titré“recettes pour la planète” prés<strong>en</strong>tedes recettes que les <strong>en</strong>fantspeuv<strong>en</strong>t expérim<strong>en</strong>ter. FV.Frérot,franginThierry Maricourt etJacques TardiEd. Sarbacane (Paris)2005 - 56 p. - 12,90 €€Le plus jeune part <strong>en</strong> classe d<strong>en</strong>eige, l’autre att<strong>en</strong>d <strong>en</strong> prisonde passer <strong>en</strong> jugem<strong>en</strong>t. Les deuxfrères échang<strong>en</strong>t des courriers surleur mode de vie, leur habitation,leurs colocataires… Superbem<strong>en</strong>tillustré par Jacques Tardi, cettehistoire de Thierry Maricourt estfort agréable à lire, pleine d’humouret d’espoir. FV.SILENCE N°330 Décembre 200546


✉ Courriers :9 rue Dum<strong>en</strong>ge, F 69317 Lyon Cedex 04✆ Comptabilité - Abonnem<strong>en</strong>ts :04 74 07 08 68 mardi 8h30-11h et 13h30-16h04 78 39 55 33 jeudi 10h-12h et 14h-17h✆ Rédaction :04 78 39 55 33 mercredi 10h-12h et 14h-17h✆ Stands, correspondants, dépositaires :04 78 39 55 33 v<strong>en</strong>dredi 10h15-12h15/14h-17h✉ Virem<strong>en</strong>ts bancaires :CCP 550 39 Y LYON✉ Distribution <strong>en</strong> Belgique :Brabant-Ecologie - Route de R<strong>en</strong>ipont, 33B - 1380 Ohain - Tél / fax : 02 633 10 48CCP 000 15 19 365 54✉ Distribution <strong>en</strong> Suisse :Contratom CP 65 - CH 1211 G<strong>en</strong>ève 8tél : (41) 22 740 46 12CCP 17-497696-4Imprimé sur papier 100 % recycléblanchi sans chlore par Atelier 26 - LoriolTél : 04 75 85 51 00Les textes sont sous la responsabilitéde leurs auteurs. Les brèves sont des résumésdes informations que l’on nous communique.La reproduction des textes est autorisée,sauf avis contraire, sous réserve d’<strong>en</strong> indiquerla source et le nom des auteurs(photos et dessins non compris)N° de commission paritaire : 87026N°ISSN 0756-2640Date de parution : 4 e trimestre 2005Tirage : 7 700 exEditeur : Association Sil<strong>en</strong>cePerman<strong>en</strong>ce : le mardi 10h-12h et 14h-17h✆ 04 78 39 55 33Présid<strong>en</strong>t : Xavier SérédineVice-présid<strong>en</strong>t : Jacques CaclinTrésorière : Myriam CognardSecrétaire : Madeleine NutcheyRÉALISATION DE LA REVUEDirectrice de publication :Madeleine NutcheySecrétaires de rédaction :Michel Bernard et Michel JarruGestion et abonnem<strong>en</strong>ts : Michel JarruMaquette et publ<strong>ici</strong>té : Patrice FarineStands, lieux de dépôts : Dorothée FesslerRédaction:Michel Bernard, AlexandreEsteban, Alain-Claude Galtié, R<strong>en</strong>é Hamm,Madeleine Nutchey, Jocelyn Peyret,Vinc<strong>en</strong>t Peyret, Mimmo Pucciarelli,Francis VergierDessinateurs : Lasserpe, Mahl<strong>en</strong>, FarineCorrecteurs : Raymond Vignal,Françoise WeitéPhotographes : Bruno Guillemin, Su Hyun,Hervé Joncheray, Alban labouretEt pour ce numéro : Yvette Bailly,Christiane Bess<strong>en</strong>ay, Flor<strong>en</strong>ce de Luna,Marguerite Descamps, Alban Labouret,Vinc<strong>en</strong>t Martin, Paulette Mazoyer, AymericMercier, Mireille Oria, Hedwige Peemans-Poullet, Pignon sur rue, Reine Rosset, PaulRoullaud, Gilles Sardin, Isabelle St<strong>en</strong>ger,Myriam Travostino, Bernard Valette.Couverture : Hervé Joncheray - Ateliersde la BergeretteAnci<strong>en</strong>s numéros - Seuls les numéros prés<strong>en</strong>tés ci-après sont disponibles. Ils sont à commander uniquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>France. Les frais de port sont de 2 € pour un ex ■ , 3 € pour 2 ex ■ , 4 € pour 3 ex et plus ■ .Numéros régionaux■ 272-273 RhôneCroix-Rousse. La Du<strong>en</strong>de. Le Bastringue.Cabiria. La Gryphe. Bioclima tique. RéseauSanté. Radio-Canut. Hommes viol<strong>en</strong>ts . 6 €■ 285-286 IsèreSuperphénix. Moulin Guitare. 400 couverts.MNEI. Jardin alpin. Lo Parvi. P’tit vélo. Terrevivante. Encre Rage . . . . . . . . . . . . . 6 €■ 291-292 AquitaineTerre de Jor. Champ d’action. Démos. Iskatola.Abbadia. Nola-Nohika. Maison des femmes.Azimuts. Boussac. Utopia. . . . . . . . . . 6 €■ 298-299 Franche-ComtéCirque Plume. Eau secours ! TGV. Jardins deCocagne. La Fraternelle. La Batailleuse.Biolopin. Spirale. Pochon magique. MaisonVoisine. Convivialité . . . . . . . . . . . . . 6 €■ 305-306 Bouches-du-Rhôneet VaucluseCours Juli<strong>en</strong>. Loubatas. Ecoforum. Jardins del’Espérance. Ilotopie. Mille babords, Ballonrouge. CIRA. Longo Maï. GERES. Graines devie. Pic Noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 €■ 312-313 Poitou-Char<strong>en</strong>tesLes maisons de Béruges. Déf<strong>en</strong>se du maraispoitevin. Kvinpetalo, un c<strong>en</strong>tre esperantiste.La Tambouille. Le hameau de la Brousse.Maison du MER 17. . . . . . . . . . . . . 6 €■ 318-319 Drôme / Ardèche.Terre et humanisme. Tofoulie. Le loup. Jeûneet randonnée. La CRII-Rad. Naître à la maison.Jardins solidaires . . . . . . . . . . . . 6 €je règle un total de :NOMPrénomAdresseCode postalVilleFrance : Règlem<strong>en</strong>t à Sil<strong>en</strong>ce,9, rue Dum<strong>en</strong>ge,69317 Lyon cedex 04Bon de commande■ 325-326 Nord-Pas-de-Calais.Des jardins dans la ville. La Maison de lanature et de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Droit au vélo.La Malterie. Laisse ton empreinte. . . . 6 €Autres numéros■ 294 Enfance <strong>en</strong> collectifProstitution. Trucs bioclimatiques . . . . . 4 €■ 300 Nos lecteurs ont du tal<strong>en</strong>t40 pages réalisées par les lecteurs… . . 4 €■ 301 La face cachée des vaccinsCommunauté ? Eoli<strong>en</strong>nes. Indép<strong>en</strong>dance dela Nef . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €■ 304 Toujours sexistes ?Société de frugalité. Auto-déstructuration.Nucléaire : secret déf<strong>en</strong>se. . . . . . . . . . 4 €■ 307 EcocitésCarole Poliquin. Féminisme. Grands corpsd’Etat. Entraide. . . . . . . . . . . . . . . . 4 €■ 310 Nature politique de l’écologieAgribio et circuits courts. Les trois SEL de lavie. Le jeûne de Louis lecoin . . . . . . . . 4 €■ 311 OGM Viol<strong>en</strong>ce marchandeJeûne sortir du nucléaire. SEL : échec économique,réussite sociale. . . . . . . . . . . . 4 €■ 314 Le réseau REPASCroissance/décroissance. SEL : de la monnaieau temps comme mode d’échange. . . . . 4 €■ 315 Décroissance et non-viol<strong>en</strong>ceTransport fluvial. Les restes du festin. OGM :faucheurs volontaires . . . . . . . . . . . . 4 €■ Annuaire de la presse alternative, édition 2004, 8 pages, plus de 400 adresses, 4 € (port compris)Abonnem<strong>en</strong>tAtt<strong>en</strong>tion ! Du fait de la parution de numéros doubles, 12 numéros ne correspond<strong>en</strong>t pas à un an.France métropolitaine■ Découverte 1ère année 6 n° 15 €■ Particulier 12 n° 40 €■ Institution 12 n° 80 €■ Souti<strong>en</strong> 12 n° 50 € et +■ Petit futé 24 n° 65 €■ Groupés par 3 ex 3 x 12 n° 100 €■ Groupés par 5 ex 5 x 12 n° 150 €■ Petit budget 12 n° 25 €Suisse■ Découverte 1ère année 6 n° 25 FS■ Particulier 12 n° 60 FSAutres pays et Dom-tom■ Découverte 1ère année 6 n° 22 €■ Particulier 12 n° 45 €■ Institution 12 n°a 90 €■ Souti<strong>en</strong> 12 n° 50 € et +■ Petit futé 24 n° 70 €■ Petit budget 12 n° 40 €Belgique : Règlem<strong>en</strong>t à Brabant-Ecologie, Route de Rénipont, 33,B - 1380 Ohaintél : 00 32 2 633 10 48CCP OOO 15 19 365 54■ 316 Réflexions fêtesVivre sans nucléaire : après le jeûne. Nord/Sud :les prix du sang. Agriculture bio . . . . . 4 €■ 317 Vivre à la campagnesans voiture ?Nord/Sud : Vaccins et colonialisme. SEL :Analyses internes ou récupération . . . . . 4 €■ 320 Ecologie et culturesalternativesDécroissance : Pétrole et géologie politique.Finances : Imaginer une banque transpar<strong>en</strong>te.Bureautique et économies d’énergie . . . . 4 €■ 323 L’écologie au quotidi<strong>en</strong>Santé : les soins par les abeilles. Décroissance :diminuer notre vouloir d’achat. Constitution :vers une Europe militaire ! . . . . . . . . . . 4 €■ 324 Voyages au pays de chez soiAlternatives : la bio au cœur de l’écologie.Eoli<strong>en</strong> : du v<strong>en</strong>t sur la maison qui brûle.Energies: Une technologie qui tombe pile 4 €■ 327 De nos [in]cohér<strong>en</strong>cesREPAS : les Nouveaux Robinson. Energie :L’éoli<strong>en</strong> détrône le nucléaire . . . . . . . . . 4 €■ 328 Décroissance, social et emploiTéléphone portable : gadget de destructionmassive. Economie alternative : PercheActivités, La Péniche . . . . . . . . . . . . 4 €■ 329 Désobéissance civiqueUne Ecozac à Paris. Wwoof autour de la Terre.La maison de l’Ecologie de Lyon.Téléphone portable (2). . . . . . . . . . . 4 €Suisse : Règlem<strong>en</strong>t à ContratomCP 65 - CH 1211 G<strong>en</strong>ève 8tél : (41) 22 740 46 12CCP 17-497696-4


Le livre du moisDecresc<strong>en</strong>do cantabileJean-Claude Besson-GirardPréface de Serge LatoucheEd. Parangon (Lyon)2005 - 170 p. - 12 €€idée de décroissance fait peur car pour certainsL’ elle apparaît comme une marche arrière. C<strong>en</strong>’est pourtant pas exactem<strong>en</strong>t de cela qu’il s’agit : ladécroissance propose de retrouver la joie de vivre <strong>en</strong>évitant la marchandisation. L’auteur, proche de PierreRabhi, qui a expérim<strong>en</strong>té dans les années 70 et 80une t<strong>en</strong>tative de communauté paysanne, peintre, montre <strong>ici</strong> tout l’intérêtde relier la démarche de l’écologie à celle de l’esthétique, esthétiquereprise dans son s<strong>en</strong>s initial : notre capacité à ress<strong>en</strong>tir.Pour lui les deux démarches sont parallèles : “La crise de l’art correspondraità l’expression de l’angoisse individuelle du sujet humain face àsa propre mort, et la crise écologique serait la manifestation observée,dans la nature elle-même, d’une angoisse collective face à l’év<strong>en</strong>tualitépress<strong>en</strong>tie d’une fin de l’espèce humaine” [p.85].L’auteur montre dès le début de l’ouvrage que l’actuelle société mercantil<strong>en</strong>e peut supporter une démarche faite de s<strong>en</strong>s : “ce n’est n’est pasl’individualisme qui m<strong>en</strong>ace nos sociétés <strong>en</strong>richies, mais bi<strong>en</strong> plutôt lamassification de leurs membres, qui régit leurs comportem<strong>en</strong>ts danstous les domaines, et les fait ressembler à une armée docile et asserviebi<strong>en</strong> plus qu’à un organisme vivant” [p.22].Il faut donc avoir le courage de déserter. Ce qui n’est pas facile :“Accueillir dans notre imaginaire l’idée d’une société de décroissanceimplique d’accepter de perdre des repères connus, au nom d’une nécessitéplus forte que celle de les conserver” [p.23].Et cette nécessité, c’est de mettre fin à un “apartheid planétaire” avecd’un côté de moins <strong>en</strong> moins de riches qui accumul<strong>en</strong>t et, de l’autre,de plus <strong>en</strong> plus de personnes qui sombr<strong>en</strong>t dans la misère.Il va falloir pour cela convaincre un grand nombre de personnes, fautede quoi “il est probable (…) que le début du spectacle de la fin dumonde, diffusé sur tous les écrans de télévision du monde, ne modifieraitpas d’un iota le comportem<strong>en</strong>t passif de téléspectateurs fascinés d’assister<strong>en</strong> direct à leur propre fin” [p.31]. A plusieurs reprises, Jean-ClaudeBesson-Girard insiste sur l’un des premiers buts politiques de la décroissance: se sortir de notre servitude volontaire.De même qu’elle uniformise les idées et les objets, “la civilisation de lacroissance économique sans limite implique un éloignem<strong>en</strong>t ou une caricaturedu s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de nature, réduit à une protection de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tbornée par l’égoïsme et l’ignorance. Elle suppose une séparationd’avec la nature elle-même (…) Le projet imposé de se séparer de lanature, dont pourtant à l’évid<strong>en</strong>ce nous faisons partie, est la caractéristiquede notre civilisation technosci<strong>en</strong>tifique et marchande. La s<strong>en</strong>sibilité,l’émotion qui fait agir ou se révolter, et l’imagination créatrice des<strong>en</strong>s <strong>en</strong> ont été proscrits” [p.27].La décroissance décale le débat <strong>en</strong>tre réactionnaire et progressiste.“L’idée de décroissance ne s’inscrit pas dans ce conflit des idéologies del’histoire. Elle se situe sur le terrain, déterminant l’histoire elle-même,d’un choix anthropologique des relations humaines objectives avec lanature, (…) avec la biosphère. C’est pourquoi, il faut compr<strong>en</strong>dre que ladécroissance n’est que secondairem<strong>en</strong>t reliée à la sphère économique”[p.29]. “L’économie n’a pas de réalité. Elle n’est qu’une réductionmonstrueuse de nos exist<strong>en</strong>ces à un plan comptable. Cette monstruositécache l’horizon tout <strong>en</strong>tier. L’économie n’a pas de réalité et c’est d’elledont devrait dép<strong>en</strong>dre notre vie ? (…) L’économie ne mesure pas lesvraies richesses, elle comptabilise nos pertes d’humanité” [p.82].La décroissance doit revaloriser la valeur de la différ<strong>en</strong>ce. Différ<strong>en</strong>ceque l’on retrouve dans le domaine de l’art, différ<strong>en</strong>ce que cherche àgommer une société de consommation qui a besoin d’uniformité pourimposer ses marchandises. Ce besoin d’uniformité conduit immédiatem<strong>en</strong>tau rejet de la différ<strong>en</strong>ce, donc de l’autre, donc au racisme et aurepli communautaire. La décroissance est donc aussi une lutte contre leracisme et pour l’<strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>t mutuel.La société mercantile uniformise et <strong>en</strong>laidit car la beauté n’est pas uncritère économique (sauf très <strong>en</strong> amont au niveau des designers). Or “Labeauté est le dernier refuge face au déferlem<strong>en</strong>t de la raison utilitaire etsans la beauté, le monde commun n’existe plus (…) La faculté d’adaptationde l’espèce humaine aux pires conditions d’<strong>en</strong>laidissem<strong>en</strong>t de sonbiotope est le signe d’une inversion du regard qui risque de lui être fatale.La croissance économique a <strong>en</strong>laidi le monde. Peu nombreux sontceux qui sembl<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong> soucier. Au point que la laideur a cessé d’êtrevécue comme une réalité à combattre, mais plutôt comme un aspectnormal et parmi d’autres de cette réalité” [p.80-81].Après une longue exploration des oppositions <strong>en</strong>tre une civilisation mercantiledestructrice et la recherche d’une société de décroissance créatrice,l’auteur essaie d’ouvrir des pistes dans le domaine de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tpolitique. Je vous <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>te rapidem<strong>en</strong>t quelques-unes.Selon des détracteurs, aller vers une société de décroissance seraitpr<strong>en</strong>dre le risque d’un écroulem<strong>en</strong>t de la société et donc l’arrivée degrandes viol<strong>en</strong>ces. Jean-Claude Besson-Girard répond à cela : “Il ne fautsurtout pas craindre la viol<strong>en</strong>ce liée à cet abandon pour la simple raisonqu’elle n’aura pas lieu. La viol<strong>en</strong>ce c’est maint<strong>en</strong>ant” [p.127]. Il ne fautpas non plus chercher à avoir un programme politique mais au contraireà ouvrir des voies permettant de redécouvrir ses capacités créatrices.Pour cela, il faut comm<strong>en</strong>cer par démonter le message que t<strong>en</strong>te de fairepasser la publ<strong>ici</strong>té. Il ne faut pas s’inquiéter d’avoir des questions sansréponse (que faire des structures collectives gérées par l’Etat, que fairepour r<strong>en</strong>dre vivables les villes…). Ce qu’il faut arriver à obt<strong>en</strong>ir del’Etat, c’est l’autorisation de faire des “oasis”, des expérim<strong>en</strong>tationssociales.Et là, il raconte sa propre expéri<strong>en</strong>ce communautaire. Alors installédans les Cév<strong>en</strong>nes, il r<strong>en</strong>contre à Paris un responsable du ministère del’agriculture qui lui propose de faire un programme d’étude sur le fonctionnem<strong>en</strong>tde son expéri<strong>en</strong>ce. Surprise : le financem<strong>en</strong>t vi<strong>en</strong>drait duministère de la déf<strong>en</strong>se qui s’intéresserait à ces démarches alternatives.Il refuse évidemm<strong>en</strong>t. Il avait déjà constaté lors d’un voyage <strong>en</strong>Californie que des expéri<strong>en</strong>ces communautaires étai<strong>en</strong>t financées par desmultinationales ! Hasard ou non, deux ans après, l’inspection du travaildébarque sur les lieux et demande à tous d’importantes cotisationssociales, asphyxiant le projet.La décroissance est ce qui peut gêner le plus le système. Pour obt<strong>en</strong>irune autorisation de faire des expérim<strong>en</strong>tations sociales, il compte alorssur ce qui fait <strong>en</strong>core peur aux politiques : l’opinion publique. Il y a doncbeaucoup à creuser du côté du souti<strong>en</strong> que reçoiv<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t lesdésobéissants de tout ordre (faucheurs OGM) qui peuv<strong>en</strong>t gagner labataille de l’opinion. L’art peut aussi aider à faire passer le message…sans avoir recours à un appel au catastrophisme.Ces t<strong>en</strong>tatives sociales doiv<strong>en</strong>t être “non urbaine, reliée à la terre nourr<strong>ici</strong>èreet à des modes de relation non autoritaires, fondés sur la dim<strong>en</strong>sionpoétique du langage et sur une att<strong>en</strong>tion particulière à la communicationnon verbale” [p.141]. Elles doiv<strong>en</strong>t être “an-archique” dans sons<strong>en</strong>s premier : sans pouvoir des uns sur les autres (ce qu’ils distingu<strong>en</strong>tdes théories anarchistes). Elles ne doiv<strong>en</strong>t pas s’appuyer sur les savoirssinon on retombe dans des problèmes de pouvoir. Elles doiv<strong>en</strong>t favoriserla pauvreté ainsi définie “un état de l’être au monde de l’homme qui nemet pas <strong>en</strong> péril sa joie de vivre” [p.142]. C’est cette joie de vivre quidoit être le seule juge de la validité d’une expéri<strong>en</strong>ce. Et ceci l’amène àla recherche de la notion d’harmonie au lieu de celle de progrès.“L’harmonie n’est pas un concept utilitaire (…) elle implique, analogiquem<strong>en</strong>t,une pluralité et une diversité d’élém<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre lesquels interagiss<strong>en</strong>tdes forces, des diverg<strong>en</strong>ces et des mouvem<strong>en</strong>ts conflictuels<strong>en</strong>tre des intérêts contradictoires, mais, et c’est là le point c<strong>en</strong>tral, où lanotion de domination d’un élém<strong>en</strong>t sur tous les autres est exclue, nonpour des raisons morales ou idéologiques, mais parce que cette domination<strong>en</strong>traînerait la disparition de l’<strong>en</strong>semble existant” [p.144].Il termine <strong>en</strong> appelant l’écologie politique à intégrer dans sa réflexionune “érotique de la décroissance”, érotique signifiant <strong>ici</strong> le désir d’unechose que l’on ne peut pratiquer dans l’absolu, vers lequel on t<strong>en</strong>d sanscesse. Faute de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte cela, le risque est celui d’une écologieutilitaire qui ne pourra résoudre les problèmes que dans le cadre actuel,ce qui ne pourra que conduire à un “totalitarisme écologiste justifiantson emprise planétaire au nom de la survie de l’espèce humaine”[p.159]. Et de conclure : “Seule la poésie peut sauver l’Homme dansson être profond, seule la fraternité peut le sauver dans son être socialet politique. La fraternité est le li<strong>en</strong> manquant <strong>en</strong>tre la dim<strong>en</strong>sion poétiqueet la dim<strong>en</strong>sion politique de l’être humain” [p.169].Ce livre, pas toujours évid<strong>en</strong>t à lire, ouvre avec bonheur de très nombreusespistes de réflexion et <strong>en</strong>richira ceux et celles qui espèr<strong>en</strong>t voirprogresser leur réflexion sur ce thème. MB.SILENCE N°330 Décembre 200548

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!