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LivresL E L I V R E D U M O I SPesticidesRévélationssur un scandalefrançaisFabrice Nicolinoet François VeilleretteEd. Fayard2007 - 386 p. - 20€Fabrice Nicolino, journaliste et enquêteur sur les questions d’environnement,et François Veillerette, président du Mouvement pour ledroit et le respect des générations futures, unissent leurs talents danscet ouvrage pour raconter l’histoire des pesticides depuis 1913 et lesattaques contre la vigne, jusqu’à la commercialisation à outrance après1945, la distribution des pulvérisateurs, le précédent du DDT et la lenteprise de conscience des problèmes que leurs usages font courir à lasanté de la nature, la composition de l’eau, les conséquences sur la flore,la faune et en bout de chaîne alimentaire les dégâts faits aux humains.Les pesticides, prévus pour tuer les ravageurs des récoltes et intensifierl’agriculture, ont des effets qui ont été longtemps niés car les conséquences— comme pour d’autres poisons comme l’amiante ou la radioactivité— n’apparaissent que lentement. Dans un style très facile à lire,les auteurs nous retracent la prise de conscience et la progression desconnaissances. Des connaissances bien tardives : ce n’est que dans lesannées 80 que sont lancés les premiers cris d’alarme et dans les années90 que sortent les premiers bilans scientifiques solidement argumentés…Alors qu’il est déjà trop tard pour les nappes phréatiques touchéespar de multiples molécules, que commencent à apparaître les malformationschez les enfants d’agriculteurs… En août 2006, le dernier rapportde l’Ifen, institut public, donne les chiffres suivants : 96% des coursd’eau et 61% des eaux souterraines contiennent au moins un pesticide.Difficile de faire pire ! Au moins 500 molécules sont commercialiséesaujourd’hui. Selon un rapport officiel, au moins 9% de la populationfrançaise, soit 5 millions de personnes, a déjà bu de l’eau présentantun taux de pesticides supérieur aux normes autorisées. Et l’on ne se polluepas qu’ainsi : on retrouve évidemment les pesticides dans nos aliments,mais également dans la pluie. Des mesures dans les brouillardsont donné des chiffres affolants : jusqu’à 140 fois ce que l’on tolèredans l’eau. Vous mettez des pesticides dans votre jardin ? Vous lesretrouvez emmenés par le vent ou les chaussures un peu partout dansla maison. Mais alors, pourquoi ce retard pour en limiter l’usage ?Les auteurs montrent une ignorance au départ, puis un manque demesures sérieuses, puis, et c’est là que cela devient anormal, un blocageau niveau des techniciens et des politiques. Il existe en ce domaine unlobby industriel dont les intérêts sont puissants. Comme dans le domainedu tabac hier ou du téléphone portable aujourd’hui, ils manipulent lesétudes, en commanditent de faussement scientifiques, sèment letrouble… Jusqu’à ce que des scientifiques réputés comme le professeurBelpomme, Gilles-Eric Séralini… commencent à crier. Fabrice Nicolinoet François Veillerette montrent comment les commissions parlementairesont du mal à prendre en considération les preuves accumulées.Les auteurs font au passage le procès de l’Inra, Institut national dela recherche agronomique, l’occasion une nouvelle fois de dénoncerune recherche complètement orientée par le système marchand et quel’on retrouve dans d’autres domaines qui ont permis l’essor de ces moléculestoxiques… tout comme de masquer pendant longtemps leursconséquences sur l’environnement. Un tour de l’autre côté del’Atlantique nous montre les liens entre les pesticides et les armes chimiques.Et tout cela débouche sur le concept trompeur “d’agricultureraisonnée” (Farre) dernière offensive de communication d’un lobby(UIPP) qui entend s’exprimer par la publicité, par le syndicalisme(merci la FNSEA)… Les auteurs font le lien avec d’autres domaines :ce sont les mêmes firmes qui aujourd’hui s’intéressent au développementdes OGM ! Le dernier chapitre nous ouvre aux alternatives à traversl’histoire récente de l’interdiction de publicité pour le purin d’ortie.Les auteurs nous présentent alors les démarches d’André Pochon (agriculturedurable par la rotation des cultures), Pierre Rabhi (agro écologie),Dominique Guillet (Kokopelli) et même José Bové et le maintiende la paysannerie. Cela se lit comme un roman policier…Mais malheureusement, les victimes, c’est nous ! MB.HomeworkMaisonsà construireLloyd KahnEd. Parenthèses (Marseille)2006 - 258 p. - 32€L’auteur, Lloyd Kahn résume30 années passées à voyagerdans le monde des constructeurs.Au fil de ces 258 pages, il nousfait partager l’enthousiasme defemmes et d’hommes qu’il a rencontréset qui ont construit deleurs mains leur habitat.Ce livre surprend par la richessede ses illustrations : pas moins de1300 photos, croquis et dessinstechniques. Ces portraits, témoignageset entretiens, nous invitentà partager la vie de ces “pionniers”de la construction, des personnesqui, seules, en famille ouentre amis, prouvent que l’on peutconcevoir et construire son lieu devie avec un esprit léger. Certainsbâtisseurs se sont inspirés d’unpremier livre de l’auteur sur cesujet, “Shelter” (traduisons par“abri”) publié en 1973.Ce qui relie toutes ces expériencesd’auto-construction est un curieuxmélange d’efficacité, d’écologieet d’art.Un soucis d’efficacité puisque lestravaux présentés dans “maisonsà construire” sont mis en œuvreavec une économie de moyens :récupérations de matériaux,détournement d’objets, un outillagede base. Ici, pas de bureauxd’études, mais du temps, de l’entraideet des dons pour un résultatsimple mais étonnant. Nous obtenonsainsi une architecture pleined’astuces, fonctionnelle et peuonéreuse.L’écologie est un des fils conducteursde ce livre, car la motivationde ces constructeurs est d’habiterun lieu en lien avec la nature,dans un souci d’autonomie.Les matériaux décrits sont pourla plupart naturels : sable, pierre,terre, paille, bois, papier. Quelquesrares exemples d’utilisation dematériaux issus de l’industriecomme le “rastra block” (déchetsde polystyrènes recyclés)sont présentés, le souci premierest le recyclage.La notion d’empreinte écologiqueest abordée à travers des habitatsnomades ou des constructions detailles réduites. Par contre desexemples d’habitats urbainset collectifs sont pratiquementabsents de ce livre. Les voyages deLloyd Kahn nous emmènentà travers les Etats-Unis et leCanada essentiellement, d’autrestypes d’habitats traditionnelsou alternatifs construitsailleurs sont abordés (Europe,Afrique, Asie).Quant à l’art, il est partoutprésent que ce soit dans laconception du bâtiment, la miseen forme des matériaux ou lesdétails de finitions. Un chapitreétonnant est consacré à des“maisons œuvres d’art” élaboréesen bouteilles, ou biendes maisons entièrementpeintes et sculptées.Toutes ces expériences deconstructions s’inspirent fortementdes mouvements alternatifsaméricains des années 60 et 70.C’est un grand vent de liberté quisouffle sur les toits de ces “maisonsà construire” et donnel’envie de commencer dès demainà bâtir son abri. PF.SILENCE N°345 Avril 200756

LivresL E L I V R E D U M O I SPest<strong>ici</strong>desRévélationssur un scandalefrançaisFabrice Nicolinoet François VeilleretteEd. Fayard2007 - 386 p. - 20€Fabrice Nicolino, journaliste et <strong>en</strong>quêteur sur les questions d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,et François Veillerette, présid<strong>en</strong>t du Mouvem<strong>en</strong>t pour ledroit et le respect des générations futures, uniss<strong>en</strong>t leurs tal<strong>en</strong>ts danscet ouvrage pour raconter l’histoire des pest<strong>ici</strong>des depuis 1913 et lesattaques contre la vigne, jusqu’à la commercialisation à outrance après1945, la distribution des pulvérisateurs, le précéd<strong>en</strong>t du DDT et la l<strong>en</strong>teprise de consci<strong>en</strong>ce des problèmes que leurs usages font courir à lasanté de la nature, la composition de l’eau, les conséqu<strong>en</strong>ces sur la flore,la faune et <strong>en</strong> bout de chaîne alim<strong>en</strong>taire les dégâts faits aux humains.Les pest<strong>ici</strong>des, prévus pour tuer les ravageurs des récoltes et int<strong>en</strong>sifierl’agriculture, ont des effets qui ont été longtemps niés car les conséqu<strong>en</strong>ces— comme pour d’autres poisons comme l’amiante ou la radioactivité— n’apparaiss<strong>en</strong>t que l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t. Dans un style très facile à lire,les auteurs nous retrac<strong>en</strong>t la prise de consci<strong>en</strong>ce et la progression desconnaissances. Des connaissances bi<strong>en</strong> tardives : ce n’est que dans lesannées 80 que sont lancés les premiers cris d’alarme et dans les années90 que sort<strong>en</strong>t les premiers bilans sci<strong>en</strong>tifiques solidem<strong>en</strong>t argum<strong>en</strong>tés…Alors qu’il est déjà trop tard pour les nappes phréatiques touchéespar de multiples molécules, que comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à apparaître les malformationschez les <strong>en</strong>fants d’agriculteurs… En août 2006, le dernier rapportde l’If<strong>en</strong>, institut public, donne les chiffres suivants : 96% des coursd’eau et 61% des eaux souterraines conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au moins un pest<strong>ici</strong>de.Diff<strong>ici</strong>le de faire pire ! Au moins 500 molécules sont commercialiséesaujourd’hui. Selon un rapport off<strong>ici</strong>el, au moins 9% de la populationfrançaise, soit 5 millions de personnes, a déjà bu de l’eau prés<strong>en</strong>tantun taux de pest<strong>ici</strong>des supérieur aux normes autorisées. Et l’on ne se polluepas qu’ainsi : on retrouve évidemm<strong>en</strong>t les pest<strong>ici</strong>des dans nos alim<strong>en</strong>ts,mais égalem<strong>en</strong>t dans la pluie. Des mesures dans les brouillardsont donné des chiffres affolants : jusqu’à 140 fois ce que l’on tolèredans l’eau. Vous mettez des pest<strong>ici</strong>des dans votre jardin ? Vous lesretrouvez emm<strong>en</strong>és par le v<strong>en</strong>t ou les chaussures un peu partout dansla maison. Mais alors, pourquoi ce retard pour <strong>en</strong> limiter l’usage ?Les auteurs montr<strong>en</strong>t une ignorance au départ, puis un manque demesures sérieuses, puis, et c’est là que cela devi<strong>en</strong>t anormal, un blocageau niveau des techn<strong>ici</strong><strong>en</strong>s et des politiques. Il existe <strong>en</strong> ce domaine unlobby industriel dont les intérêts sont puissants. Comme dans le domainedu tabac hier ou du téléphone portable aujourd’hui, ils manipul<strong>en</strong>t lesétudes, <strong>en</strong> commandit<strong>en</strong>t de faussem<strong>en</strong>t sci<strong>en</strong>tifiques, sèm<strong>en</strong>t letrouble… Jusqu’à ce que des sci<strong>en</strong>tifiques réputés comme le professeurBelpomme, Gilles-Eric Séralini… comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à crier. Fabrice Nicolinoet François Veillerette montr<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>t les commissions parlem<strong>en</strong>tairesont du mal à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> considération les preuves accumulées.Les auteurs font au passage le procès de l’Inra, Institut national dela recherche agronomique, l’occasion une nouvelle fois de dénoncerune recherche complètem<strong>en</strong>t ori<strong>en</strong>tée par le système marchand et quel’on retrouve dans d’autres domaines qui ont permis l’essor de ces moléculestoxiques… tout comme de masquer p<strong>en</strong>dant longtemps leursconséqu<strong>en</strong>ces sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Un tour de l’autre côté del’Atlantique nous montre les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre les pest<strong>ici</strong>des et les armes chimiques.Et tout cela débouche sur le concept trompeur “d’agricultureraisonnée” (Farre) dernière off<strong>en</strong>sive de communication d’un lobby(UIPP) qui <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d s’exprimer par la publ<strong>ici</strong>té, par le syndicalisme(merci la FNSEA)… Les auteurs font le li<strong>en</strong> avec d’autres domaines :ce sont les mêmes firmes qui aujourd’hui s’intéress<strong>en</strong>t au développem<strong>en</strong>tdes OGM ! Le dernier chapitre nous ouvre aux alternatives à traversl’histoire réc<strong>en</strong>te de l’interdiction de publ<strong>ici</strong>té pour le purin d’ortie.Les auteurs nous prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t alors les démarches d’André Pochon (agriculturedurable par la rotation des cultures), Pierre Rabhi (agro écologie),Dominique Guillet (Kokopelli) et même José Bové et le mainti<strong>en</strong>de la paysannerie. Cela se lit comme un roman pol<strong>ici</strong>er…Mais malheureusem<strong>en</strong>t, les victimes, c’est nous ! MB.HomeworkMaisonsà construireLloyd KahnEd. Par<strong>en</strong>thèses (Marseille)2006 - 258 p. - 32€L’auteur, Lloyd Kahn résume30 années passées à voyagerdans le monde des constructeurs.Au fil de ces 258 pages, il nousfait partager l’<strong>en</strong>thousiasme defemmes et d’hommes qu’il a r<strong>en</strong>contréset qui ont construit deleurs mains leur habitat.Ce livre surpr<strong>en</strong>d par la richessede ses illustrations : pas moins de1300 photos, croquis et dessinstechniques. Ces portraits, témoignageset <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, nous invit<strong>en</strong>tà partager la vie de ces “pionniers”de la construction, des personnesqui, seules, <strong>en</strong> famille ou<strong>en</strong>tre amis, prouv<strong>en</strong>t que l’on peutconcevoir et construire son lieu devie avec un esprit léger. Certainsbâtisseurs se sont inspirés d’unpremier livre de l’auteur sur cesujet, “Shelter” (traduisons par“abri”) publié <strong>en</strong> 1973.Ce qui relie toutes ces expéri<strong>en</strong>cesd’auto-construction est un curieuxmélange d’efficacité, d’écologieet d’art.Un soucis d’efficacité puisque lestravaux prés<strong>en</strong>tés dans “maisonsà construire” sont mis <strong>en</strong> œuvreavec une économie de moy<strong>en</strong>s :récupérations de matériaux,détournem<strong>en</strong>t d’objets, un outillagede base. Ici, pas de bureauxd’études, mais du temps, de l’<strong>en</strong>traideet des dons pour un résultatsimple mais étonnant. Nous obt<strong>en</strong>onsainsi une architecture pleined’astuces, fonctionnelle et peuonéreuse.L’écologie est un des fils conducteursde ce livre, car la motivationde ces constructeurs est d’habiterun lieu <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec la nature,dans un souci d’autonomie.Les matériaux décrits sont pourla plupart naturels : sable, pierre,terre, paille, bois, papier. Quelquesrares exemples d’utilisation dematériaux issus de l’industriecomme le “rastra block” (déchetsde polystyrènes recyclés)sont prés<strong>en</strong>tés, le souci premierest le recyclage.La notion d’empreinte écologiqueest abordée à travers des habitatsnomades ou des constructions detailles réduites. Par contre desexemples d’habitats urbainset collectifs sont pratiquem<strong>en</strong>tabs<strong>en</strong>ts de ce livre. Les voyages deLloyd Kahn nous emmèn<strong>en</strong>tà travers les Etats-Unis et leCanada ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t, d’autrestypes d’habitats traditionnelsou alternatifs construitsailleurs sont abordés (Europe,Afrique, Asie).Quant à l’art, il est partoutprés<strong>en</strong>t que ce soit dans laconception du bâtim<strong>en</strong>t, la mise<strong>en</strong> forme des matériaux ou lesdétails de finitions. Un chapitreétonnant est consacré à des“maisons œuvres d’art” élaborées<strong>en</strong> bouteilles, ou bi<strong>en</strong>des maisons <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>tpeintes et sculptées.Toutes ces expéri<strong>en</strong>ces deconstructions s’inspir<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>tdes mouvem<strong>en</strong>ts alternatifsaméricains des années 60 et 70.C’est un grand v<strong>en</strong>t de liberté quisouffle sur les toits de ces “maisonsà construire” et donnel’<strong>en</strong>vie de comm<strong>en</strong>cer dès demainà bâtir son abri. PF.SILENCE N°345 Avril 200756

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