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Les nouveaux horizons paysansDepuis trois ans, les activités se sontdéveloppées, au sein de groupes de travail:Céréales et boulange, Variétés potagères,Maïs population, International. Lesmembres de ces groupes se réunissentrégulièrement, souvent lors de rencontresstudieuses et festives sur la ferme d’unadhérent. Chacun apporte son expérience,ses variétés et ses questions qui fontavancer une recherche participative. Deschercheurs de l’INRA participent à certainsgroupes de travail, de façon officielleou par intérêt personnel, notammentsur les céréales.Car l’un des objectifs du Réseau est deconstruire en partenariat avec ces chercheursdes schémas de gestion de la biodiversité,de sélection et de création variétalenouveaux. Aujourd’hui, pour échangerou commercialiser une semence ouun plant, il faut que la variété soit inscritesur un catalogue officiel. Or, en plus ducoût prohibitif de l’inscription (plus de6000 € la première année pour une céréale),les critères de description d’une variété,soit distinction, homogénéité, stabilité(1) Plantes incapables de se reproduire et stérilisantmême la reproduction des plantes voisines.(2) Pétition disponible sur le site du Réseau semencespaysannes.(3) “Libérons la Diversité” Actes disponibles sur lesite du Réseau semences paysannes.(DHS) et la Valeur agronomique et technologique(VAT), sont adaptés uniquementaux variétés des firmes semencièresdestinées à l’industrie agricole et agro-alimentaire.Les adhérents du Réseausemences paysannes veulent des variétésqui justement ne sont pas homogènes nistables, et donc ont un grand potentield’adaptabilité à leurs terroirs. Ils ne veulentpas que leurs semences et plantssoient jugés sur leur valeur agronomiqueen condition de culture chimique, ni surleur valeur technologique en transformationindustrielle. Le Réseau œuvre donc àproposer de nouveaux critères pour identifierles variétés issues de sélection paysanne.Avoir un espacede libertéTous ces efforts sur le développementde la biodiversité cultivée et la sélectionvariétale à la ferme ne serviraient à riensans une modification de la réglementationsur les semences. Aussi le Réseau travaille-t-ilen France et au niveau internationalcontre la confiscation du vivant parles brevets, les plantes “terminator” (1) etl’interdiction des échanges de semencespaysannes. Il a lancé une pétition (2) quidemande la création d’une liste de variétésadaptées à l’agriculture biologique et àla conservation de la biodiversité. A quoisert de créer des variétés intéressantespour les agrobiologistes s’ils ne peuvents’en procurer autrement que sous le manteau?L’inscription sur cette liste des variétésde ceux qui conservent, sélectionnentet diffusent cette biodiversité retrouvéedoit être libre et gratuite, avec des critèresd’inscription adaptés aux particularités deces variétés. Enfin, parce que vouloir inscriretoute la biodiversité cultivée reviendraità lui interdire de se développer, leRéseau semences paysannes demande unespace de liberté totale pour des échangesde quantités limitées de plants et semencespaysannes, dans le respect desprécautions sanitaires élémentaires. Aprèsplusieurs voyages de paysans en Europede l’Est, en Afrique et Amérique du Sud, ila réuni fin 2005 avec la CNDSF un colloqueinternational sur les droits des paysanset les semences (3). Pour que le paysanretrouve son droit inaliénable à reproduireet échanger librement sa semence etses plants.Cécile Rousseau ■Nature et Progrès.Réseau Semences Paysannes, Cazalens, 81600 Brens,tél : 05 63 41 72 86, www.semencespaysannes.org.DRCécile Rousseau en reportage au Mali.18SILENCE N°345 Avril 2007

Femmes fauchant l’herbe.Marie-Joëlle-PouillonNavdanya, semences bio en IndeVandana Shiva est maintenant bienconnue en Europe pour ses principauxcombats : défense de la souverainetéalimentaire, procès gagnéscontre les multinationales brevetant desvariétés de plantes volées à son pays (rizbasmati, neem et une variété de blé), luttecontre l’implantation de cultures OGM,défense des petits paysans indiens ruinéset acculés au suicide — 40 000 depuis1997 —, sauvegarde de la biodiversité del’Inde, et la création de Diverse women fordiversity (soutien aux mouvements desfemmes). Et, depuis quelques années,elle se mobilise contre la privatisation del’eau : action contre un grand projet dedétournement des eaux du Gange, fortsoutien à la lutte menée depuis 2000 parun groupe de femmes contre une usineCoca-cola implantée au Kérala — maintenantfermée — qui privait d’eau les populationslocales.Elle a vendu ses propres terres pouracheter les premiers acres (1) qui lui ontpermis de créer Navdanya (2) en 1987.Depuis lors, elle a aussi écrit nombred’ouvrages dont certains au titre percutant,tel que Seed dictatorship and food fascism(“Dictature sur les semences et fascismesur l’alimentation”).Pleine d’admiration pour cette femmeextraordinaire, j’avais très envie d’allervoir sur place comment fonctionnait cetteassociation. Ainsi, fin juillet 2006, aprèsun séjour dans une ferme biologique deDharamsala (3), je fais halte à Dehra Dun,ville industrielle et très polluée, au pieddes collines himalayennes. Un courtvoyage en bus et me voilà au milieu de lacampagne, légèrement perplexe car aucunebâtisse n’est en vue, devant un panneauquelque peu défraîchi indiquantd’une flèche la direction de Navdanya. Jetraverse un beau verger de manguiers(600 arbres, 9 variétés) et suis reçue par leDr Kadamsingh, spécialiste des sols.L’agriculture bio,une réponseà la pauvretéUne dizaine de femmes des fermesavoisinantes sont en train de faucher del’herbe fraîche pour leurs vaches.Navdanya fait ainsi des échanges de servicesavec quelques-unes des 300 fermesen culture biologique des environs —95 % du nombre total —, avec lesquellesl’association est en relation constante. Jefais connaissance avec l’une des quatorze(1) 1 acre = 0,4 ha.(2) Navdanya signifie “neuf semences”. Une traditionconsiste pour chaque famille à planter neuf grainesdans un pot le premier jour de l’année. Neuf jours plustard, on compare les résultats et on choisit de planterdans les champs celles qui ont le mieux poussé.(3) Pour les personnes intéressées, la ferme bio deDharamsala accueille avec plaisir des bénévoles occidentauxconnaissant l’agriculture biologique et/oubiodynamique.19SILENCE N°345 Avril 2007salariées du lieu, la plus ancienne qui,bien qu’illettrée, est une grande spécialistede la récolte et de la conservation dessemences. Navdanya emploie une centainede personnes dans tout le pays : chercheurs,coordinateurs, ouvriers agricoles,personnel administratif, employés desdeux unités de transformation des produits,des boutiques bio et deux slow foodcafés à Delhi. Et un grand nombre debénévoles vient leur prêter main forte.Des formations gratuites sont organiséespour les paysans membres de l’association(200 000 actuellement dans quinzeEtats de l’Inde), des conseillers sont àleur disposition et une aide est fournie àceux qui souhaitent passer du conventionnelau biologique. Les semences leursont remises gratuitement — pour 1 kgdonné ils doivent en restituer 1,5 kg —.Les revenus des paysans qui optent pourla bio sont multipliés par trois et mêmepar cinq parfois, tant la productivité augmente.En cela, l’agriculture biologique,tout en étant une forme d’agriculturenon-violente, est une réponse à la pauvretédans les campagnes.Au total, 300 000 personnes sontvenues se former ici à ce jour et l’objectifest d’atteindre le million dans les cinq ansà venir. Et Bija Vidyapeeth (Educationpour une citoyenneté de la Terre), créé ausein de Navdanya, assure chaque annéeun cycle de formation de portée internationaleen environnement, culture nonviolente,alimentation et autres sujets

Femmes fauchant l’herbe.Marie-Joëlle-PouillonNavdanya, sem<strong>en</strong>ces bio <strong>en</strong> IndeVandana Shiva est maint<strong>en</strong>ant bi<strong>en</strong>connue <strong>en</strong> Europe pour ses principauxcombats : déf<strong>en</strong>se de la souverainetéalim<strong>en</strong>taire, procès gagnéscontre les multinationales brevetant desvariétés de plantes volées à son pays (rizbasmati, neem et une variété de blé), luttecontre l’implantation de cultures OGM,déf<strong>en</strong>se des petits paysans indi<strong>en</strong>s ruinéset acculés au su<strong>ici</strong>de — 40 000 depuis1997 —, sauvegarde de la biodiversité del’Inde, et la création de Diverse wom<strong>en</strong> fordiversity (souti<strong>en</strong> aux mouvem<strong>en</strong>ts desfemmes). Et, depuis quelques années,elle se mobilise contre la privatisation del’eau : action contre un grand projet dedétournem<strong>en</strong>t des eaux du Gange, fortsouti<strong>en</strong> à la lutte m<strong>en</strong>ée depuis 2000 parun groupe de femmes contre une usineCoca-cola implantée au Kérala — maint<strong>en</strong>antfermée — qui privait d’eau les populationslocales.Elle a v<strong>en</strong>du ses propres terres pouracheter les premiers acres (1) qui lui ontpermis de créer Navdanya (2) <strong>en</strong> 1987.Depuis lors, elle a aussi écrit nombred’ouvrages dont certains au titre percutant,tel que Seed dictatorship and food fascism(“Dictature sur les sem<strong>en</strong>ces et fascismesur l’alim<strong>en</strong>tation”).Pleine d’admiration pour cette femmeextraordinaire, j’avais très <strong>en</strong>vie d’allervoir sur place comm<strong>en</strong>t fonctionnait cetteassociation. Ainsi, fin juillet 2006, aprèsun séjour dans une ferme biologique deDharamsala (3), je fais halte à Dehra Dun,ville industrielle et très polluée, au pieddes collines himalay<strong>en</strong>nes. Un courtvoyage <strong>en</strong> bus et me voilà au milieu de lacampagne, légèrem<strong>en</strong>t perplexe car aucunebâtisse n’est <strong>en</strong> vue, devant un panneauquelque peu défraîchi indiquantd’une flèche la direction de Navdanya. Jetraverse un beau verger de manguiers(600 arbres, 9 variétés) et suis reçue par leDr Kadamsingh, spécialiste des sols.L’agriculture bio,une réponseà la pauvretéUne dizaine de femmes des fermesavoisinantes sont <strong>en</strong> train de faucher del’herbe fraîche pour leurs vaches.Navdanya fait ainsi des échanges de servicesavec quelques-unes des 300 fermes<strong>en</strong> culture biologique des <strong>en</strong>virons —95 % du nombre total —, avec lesquellesl’association est <strong>en</strong> relation constante. Jefais connaissance avec l’une des quatorze(1) 1 acre = 0,4 ha.(2) Navdanya signifie “neuf sem<strong>en</strong>ces”. Une traditionconsiste pour chaque famille à planter neuf grainesdans un pot le premier jour de l’année. Neuf jours plustard, on compare les résultats et on choisit de planterdans les champs celles qui ont le mieux poussé.(3) Pour les personnes intéressées, la ferme bio deDharamsala accueille avec plaisir des bénévoles occid<strong>en</strong>tauxconnaissant l’agriculture biologique et/oubiodynamique.19SILENCE N°345 Avril 2007salariées du lieu, la plus anci<strong>en</strong>ne qui,bi<strong>en</strong> qu’illettrée, est une grande spécialistede la récolte et de la conservation dessem<strong>en</strong>ces. Navdanya emploie une c<strong>en</strong>tainede personnes dans tout le pays : chercheurs,coordinateurs, ouvriers agricoles,personnel administratif, employés desdeux unités de transformation des produits,des boutiques bio et deux slow foodcafés à Delhi. Et un grand nombre debénévoles vi<strong>en</strong>t leur prêter main forte.Des formations gratuites sont organiséespour les paysans membres de l’association(200 000 actuellem<strong>en</strong>t dans quinzeEtats de l’Inde), des conseillers sont àleur disposition et une aide est fournie àceux qui souhait<strong>en</strong>t passer du conv<strong>en</strong>tionnelau biologique. Les sem<strong>en</strong>ces leursont remises gratuitem<strong>en</strong>t — pour 1 kgdonné ils doiv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> restituer 1,5 kg —.Les rev<strong>en</strong>us des paysans qui opt<strong>en</strong>t pourla bio sont multipliés par trois et mêmepar cinq parfois, tant la productivité augm<strong>en</strong>te.En cela, l’agriculture biologique,tout <strong>en</strong> étant une forme d’agricultur<strong>en</strong>on-viol<strong>en</strong>te, est une réponse à la pauvretédans les campagnes.Au total, 300 000 personnes sontv<strong>en</strong>ues se former <strong>ici</strong> à ce jour et l’objectifest d’atteindre le million dans les cinq ansà v<strong>en</strong>ir. Et Bija Vidyapeeth (Educationpour une citoy<strong>en</strong>neté de la Terre), créé ausein de Navdanya, assure chaque annéeun cycle de formation de portée internationale<strong>en</strong> <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, culture nonviol<strong>en</strong>te,alim<strong>en</strong>tation et autres sujets

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