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Service à la personne : l’apport <strong>de</strong> la diversité culturelle 1<strong>Ilda</strong> <strong>Ilse</strong> IlamaDoctorante Université Montpellier II, CREGORATER IUT PerpignanSophia Belghiti-MahutMaître <strong>de</strong> Conférences-Univ MontpII-IUT Bésier, CREGORAlain BrioleProfesseur <strong>de</strong>s Universités Montpellier 3, CREGORCoordonnées : CREGOR-Université Montpellier 2-Bât 19-Case Courrier 28.Place Eugène Bataillon-Montpellier, 34095, ce<strong>de</strong>x 5.E.mail : ildailseilama@hotmail.frRésuméCe papier s’intéresse aux facteurs <strong>de</strong> motivation au travail <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à domicile dans le secteur<strong>de</strong>s services à la personne. Certaines travaux montrent que les emplois sont sujets à <strong>de</strong>sconditions <strong>de</strong> travail peu attractives, le secteur souffre d’une image négative (Cerc, 2008). Eton constate que la « la qualité globale <strong>de</strong>s emplois est très médiocre » (Devetter, Jany-Catriceet Ribault, 2009).Il est question alors, à travers une étu<strong>de</strong> exploratoire, d’i<strong>de</strong>ntifier les facteurs <strong>de</strong> motivation autravail <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à domicile. Les résultats font ressortir une diversité <strong>de</strong> facteurs qui motive lesai<strong>de</strong>s à domicile dans leur travail : le « contact humain », les « relations avec les personnes »dont elles s’occupent, et toute une série d’éléments relationnels qui relèvent du « care ».Mots-clésDiversité, Motivation au travail, <strong>Services</strong> à la personne.1Adaptation <strong>de</strong>s Sixièmes Rencontres Internationales <strong>de</strong> la diversisité. (Re) connaître la (les) diversité (s).30 septembre et 1 er octobre 2010. Manifestation organisée par l’IAE <strong>de</strong> CORTE.1


les contrats à durée déterminée sont faibles. Toutefois les réalités empiriques viennentocculter cette apparente sécurité <strong>de</strong> l’emploi, car, en référence à d’autres activités trèsféminisés comme le commerce, l’hôtellerie-restauration ou le secteur <strong>de</strong> la propreté (Maruani,2006 ; Angeloff, 2000) le secteur <strong>de</strong>s services à la personne ne fait aucune exception. Cetteabsence <strong>de</strong> sécurité se traduit également par une rotation fréquente du personnel. Par ailleurs,<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail qui cumulent les pénibilités industrielles et tertiaires, viennentsoutenir l’hypothèse <strong>de</strong> la médiocrité <strong>de</strong>s emplois dans ce secteur (Devetter, Jany-Catrice,Ribault, 2009). Les résultats <strong>de</strong>s enquêtes statistiques vont dans le même sens pour montrerque les ai<strong>de</strong>s à domicile cumulent les contraintes <strong>de</strong> type industriel et <strong>de</strong> tertiaire (Volkoff etGollac, 2007). Aux contraintes posturales ou l’exposition aux produits toxiques amplementréguliers dans <strong>de</strong>s métiers ouvriers, et présents chez les ai<strong>de</strong>s à domicile et employés <strong>de</strong>maison, s’ajoutent les contraintes relationnelles et la forte instabilité du travail, typique <strong>de</strong>smétiers <strong>de</strong> services. Au niveau <strong>de</strong>s contraintes physiques, plus <strong>de</strong> 57% <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à domicilesont en position <strong>de</strong>bout plus <strong>de</strong> dix heures par jour, près <strong>de</strong> la moitié travaillent régulièrementà genoux. Les auteurs <strong>de</strong> cette première étu<strong>de</strong> soutiennent aussi que les métiers d’ai<strong>de</strong>s àdomicile sont peu reconnus et dévalorisés (Devetter, Jany-Catrice, Ribault, 2009).Une secon<strong>de</strong> étu<strong>de</strong> réalisée (Contassot et Maurage, 2008) montre que la rémunération et lesconditions <strong>de</strong> travail représentent les éléments les plus importants pour les ai<strong>de</strong>s à domicile.L’étu<strong>de</strong> montre que les ai<strong>de</strong>s à domicile ne sont pas très satisfaits du climat social au sein <strong>de</strong>l’entreprise, <strong>de</strong> la reconnaissance <strong>de</strong> leur travail et <strong>de</strong>s possibilités d’évolutionprofessionnelle.La troisième étu<strong>de</strong> part d’un constat. En 2007, Pléia<strong>de</strong>s <strong>Emploi</strong> <strong>Services</strong> Hérault a remarquéque les Organisme Agréés <strong>de</strong> Service à la Personne (OASP) étaient face à <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong>recrutement et <strong>de</strong> pérennisation <strong>de</strong>s emplois. Dans ce contexte, les auteurs <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> ontjugé indispensable d’apporter un éclairage sur les conditions d’emploi et <strong>de</strong>professionnalisation <strong>de</strong>s intervenants à domicile dans l’Hérault. L’étu<strong>de</strong> montre « unetransmission imparfaite <strong>de</strong>s informations. En effet, les résultats révèlent un manque <strong>de</strong> suivi<strong>de</strong> soutien <strong>de</strong>s intervenants, une insuffisance du temps <strong>de</strong>s rencontres. L’étu<strong>de</strong> a égalementrévélé l’insuffisance du temps <strong>de</strong> travail et l’importance <strong>de</strong>s déplacements, près <strong>de</strong> 30% <strong>de</strong>spersonnes ayant démissionné ont donné comme raison l’insuffisance du volume horaire oubien une trop gran<strong>de</strong> instabilité horaire. 84% disent n’avoir jamais suivi <strong>de</strong> formation dansleur emploi.Ces éléments sur la qualité <strong>de</strong> l’emploi <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à domicile attisent notre curiosité. On se<strong>de</strong>man<strong>de</strong> comment les salariés peuvent continuer à travailler dans un tel environnement. Si laqualité <strong>de</strong> l’emploi est aussi peu satisfaisante pour les salariés qu’est-ce qui tout <strong>de</strong> même lesmotive dans ce travail ? Répondre à cette question revient à présenter d’abord les théories <strong>de</strong>la motivation et leurs limites puis les résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> exploratoire qui peuvent permettred’élargir le champ <strong>de</strong> la réflexion.5


2. Diversité <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> motivation au travail : approches théoriques etrésultats d’une étu<strong>de</strong> exploratoireLes théories <strong>de</strong> motivation relèvent toutes du même paradigme : quelle que soit la dimensionprivilégiée elles restent inscrites dans le cadre d’une rationalité procédurale (March et Simon,1958).2.1. Diverses approches théoriques <strong>de</strong> la motivation au travailLes définitions <strong>de</strong> la motivation au travail sont multiples. Elles révèlent certains aspects, liésau contenu, aux antécé<strong>de</strong>nts ou aux conséquences <strong>de</strong> la motivation <strong>de</strong>s personnes au travail.En général la définition <strong>de</strong> Vallerand et Thill (1993) est souvent citée dans les ouvrages <strong>de</strong>gestion <strong>de</strong>s ressources humaines. Pour Vallerand et Thill (1993), « le concept <strong>de</strong> motivationreprésente le construit hypothétique utilisé, afin <strong>de</strong> décrire les forces internes et/ou externeproduisant le déclenchement, la direction, l’intensité et persistance du comportement ».Kanfer (1990) rassemble <strong>de</strong>s théories <strong>de</strong> la motivation dans un paradigme se rapportant auxbesoins, mobiles et valeurs <strong>de</strong> l’individu. Ces théories mettent l’accent sur l’être humain parsa personnalité, ses dispositions, ses traits <strong>de</strong> caractère stables et ses valeurs qui sont àl’origine <strong>de</strong> son comportement. Ces théories rassemblent d’abord les théories dites <strong>de</strong> contenu(Campbell et al., 1970). Elles s’intéressent, comme le nom l’indique, au contenu <strong>de</strong> lamotivation c’est-à-dire à l’ensemble <strong>de</strong>s facteurs qui incitent l’individu à agir <strong>de</strong> telle ou tellefaçon. Elles tentent <strong>de</strong> répondre à la question « qu’est-ce qui motive les gens à travailler ? »(Rojot et Bergmann, 1989), pour déterminer ces facteurs qui poussent les individus à agir.March et Simon (1974), soutiennent qu’il y a <strong>de</strong>s distinctions nécessaires à opérer entre <strong>de</strong>uxtypes <strong>de</strong> décisions prises par les employés. Face à son emploi l’employé choisit : <strong>de</strong> quitterl’organisation, ou <strong>de</strong> rester dans l’organisation et produire ou encore rester dans l’organisationet ne pas produire. En rapport avec la question <strong>de</strong>s raisons pour lesquelles les employésrestent dans leur emploi, March et Simon (1974) précisent que « la motivation à la productionémane d’un état présent ou prévu <strong>de</strong> mécontentement et <strong>de</strong> la perception d’un enchaînementdirect entre la production individuelle et un nouveau sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> satisfaction ». Pour ces auteurs,les éléments qui encouragent le salarié à rester dans l’organisation et <strong>de</strong> produire ou à seconformer aux exigences <strong>de</strong> la hiérarchie <strong>de</strong> l’organisation se construisent certainement dansune théorie <strong>de</strong> l’influence. March et Simon (1974), précisent que <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s empiriques <strong>de</strong>smotivations individuelles <strong>de</strong> rester dans l’organisation et participer à son développement onttendance à i<strong>de</strong>ntifier : <strong>de</strong>s facteurs relatifs aux objectifs <strong>de</strong>s individus ; <strong>de</strong>s facteurs en relationavec les prévisions <strong>de</strong>s conséquences et les facteurs relatifs à la totalité <strong>de</strong>s choix tels qu’ilssont perçu au moment <strong>de</strong> la décision.Même si la perspective s’en trouve élargie la question <strong>de</strong> la motivation reste prise dans leparadigme <strong>de</strong> l’individualisme méthodologique et <strong>de</strong> ses références issues <strong>de</strong> la philosophielibérale quoi considère la satisfaction comme exclusivement déterminée par la réalisation <strong>de</strong>besoins ou d’aspirations individuels, égoïstes.Or chez Smith (1776) lui-même, le rapport à autrui s’intègre dans la réalisation du projetindividuel, social par nature et <strong>de</strong> ce fait altruiste l’individu accor<strong>de</strong> du prix au bonheur <strong>de</strong> sonprochain (Rojot, 2002).On peut voir là un point d’articulation possible <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> la motivation à la théorie du« care » (Laugier et Paperman, 2004), par où pourrait se dépasser la rationalité purementinstrumentale qui impacte sous une autre forme l’activité du service à la personne :privilégiant logiquement la technicité <strong>de</strong>s emplois, elle occulte, voir stigmatise la dimensionrelationnelle <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> à domicile, contribuant ainsi à leur dévalorisation.6


Après avoir i<strong>de</strong>ntifié les facteurs <strong>de</strong> motivation énoncés par March et Simon (1974), qu’enest-il <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à domicile ? Cette question est une annonce <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> exploratoireque nous vous présentons maintenant.2. 2. Résultat <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> exploratoire2. 2.1. Présentation <strong>de</strong> l’échantillon et technique <strong>de</strong> recueil d’informationCette étu<strong>de</strong> exploratoire s’est faite au près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux associations <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> à domicile àMontpellier. La première association (A) fait partie d’un grand groupement d’associationsmutualisées d’économie sociale à Montpellier. La secon<strong>de</strong> association (B) est une associationnationale, la majorité <strong>de</strong>s salariés interrogés sont prestataires. Des entretiens individuels semidirectifsd’une durée moyenne <strong>de</strong> 1 heure, ont été réalisés, auprès <strong>de</strong> 18 ai<strong>de</strong>s. L’échantillonest composée principalement <strong>de</strong> femmes (à 99%) et l’âge moyen <strong>de</strong>s interviewés est <strong>de</strong> 38,5ans.L’analyse <strong>de</strong> contenu d’exploration a été retenue comme option d’analyse <strong>de</strong>s discours <strong>de</strong>s 18personnes constituant l’échantillon, sans hypothèses préalables. On a simplement cherché àétablir une sorte d’inventaire <strong>de</strong>s diverses opinions exprimées ou <strong>de</strong>s arguments utilisés.2.2.2. Diversité <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> motivation <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à domicile.Cette partie a pour objectif d’exposer les résultats relatifs à la diversité <strong>de</strong>s facteurs quicaractérisent la motivation <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à domicile. Nous nous sommes basés sur la théorie <strong>de</strong>contenue <strong>de</strong> (Campbell et al., 1990), comme son nom l’indique cette théorie s’intéresse aucontenu <strong>de</strong> la motivation, c’est-à-dire aux facteurs qui poussent les gens à agir <strong>de</strong> telle ou tellemanière. A un certain moment <strong>de</strong>s entretiens la question « qu’est-ce qui vous motive àtravailler » a été posée <strong>de</strong> manière précise à chaque interviewé. Nous présentons ici lesdifférentes motivations <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à domiciles.Le « care » :Tous les auteurs soutiennent qu’il n’est pas évi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> traduire le terme « care » en français.C’est un verbe qui signifie à la fois « s’occuper <strong>de</strong> », « faire attention », « prendre soin <strong>de</strong> »,se « soucier <strong>de</strong> », et une nominalisation dont la traduction française est « soin »,« sollicitu<strong>de</strong> », « souci d’autrui ». Néanmoins, chacune <strong>de</strong> ces expressions ne fournit pas ladéfinition complète du « care » (Paturel, 2008). « A la fois réponse pratique à <strong>de</strong>s besoinsspécifiques qui sont toujours ceux d’autres singuliers (qu’ils soient proches ou non), activitésnécessaires au maintien <strong>de</strong>s personnes qu’elles soient dépendantes ou autonomes, travailaccompli tout autant dans la sphère privée que dans le public, engagement à ne pas traiterquiconque comme partie négligeable, sensibilité aux détails situations vécu » (Paperman,Laugier, 2007). Le « care » se développe dans la volonté <strong>de</strong> faire valoir l’attention aux autres« singuliers », aux détails <strong>de</strong> la vie humaine enracinée dans l’expérience vécue (Paturel,2008). En rapport avec tous ces éléments, les interviewés disent que ce qui les motive c’estqu’ils aiment ai<strong>de</strong>r les personnes âgées. Leur attrait pour l’ai<strong>de</strong> aux autres nous fait penser au« care ». La dimension culturelle est un élément à prendre en compte dans ces facteurs <strong>de</strong>motivation « care », car ce qui motive certains interviewés en l’occurrence ceux d’origine noneuropéenne, telle que nous l’avons remarqué, c’est <strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong>s personnes âgées et lefaire en pensant à leur grand-parents : ai<strong>de</strong>r les personnes âgées c’est se souvenir <strong>de</strong>s« anciens » et combler le manque lié à cette absence.7


Interviewé 1 : « C’est comme un peu une activité bénévole, bénévole dans le sens que tu fais quelque chose <strong>de</strong> bienpour quelqu’un». Interviewé 3 : « J’aime bien ai<strong>de</strong>r les personnes âgées ». Interviewé 14 : « J’aime bien ai<strong>de</strong>r lespersonnes, ai<strong>de</strong>r les gens c’est s’ai<strong>de</strong>r sois même aussi ». Interviewé 15 : « Ma motivation c’est <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r, c’estvrai que ce travail là nous permet <strong>de</strong> leur apporter notre ai<strong>de</strong> au départ on est là pour ça tout en ayant en ce qu’ilgar<strong>de</strong> leur autonomie le peu d’autonomie qui leur reste il faut essayer <strong>de</strong> les stimuler ». Interviewé 18 : « Ce qui memotive c’est que j’ai l’occasion justement <strong>de</strong> m’occuper <strong>de</strong> quelqu’un, <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s, d’invalidé, <strong>de</strong> gravement mala<strong>de</strong>jusqu’au bout ». Entretien 19 : « Ça me plait bien <strong>de</strong> m’occuper <strong>de</strong>s personnes âgées parce que c’est <strong>de</strong>s personnesnécessiteuses, vu leur âge, vu leur problème à l’âge qu’ils ont ».Interviewé 1 : « Dans ma culture, je viens <strong>de</strong> l’Afrique centrale, on est habitué à vivre en famille, j’ai toujours étéhabitué à être avec mes grands parents. Ils me manquent et ça me motive d’être avec les personnes âgées, <strong>de</strong>m’occuper d’eux, car ils rappellent un peu les miens ». Interviewé 12 : « J’ai été élevé par mes grands parents, ça memotive aussi d’être avec les personnes âgées car mes grands parents me manquent. Je ne dis pas qu’ils remplacentmes grands parents, mais je m’occupe d’eux comme si c’était mes grands parents ». Interviewé 10 : « Je n’ai pas eul’occasion <strong>de</strong> connaître mes grands parents donc ce travail me permet <strong>de</strong> me rapprocher <strong>de</strong>s personnes âgées, c’estcomme si je rattrapais le temps perdu ».Dans leur discours, les interviewés précisent aussi être motivé par le contact humain et lerelationnel.Le contact humain et le relationnel :Les interviewés disent être motivés par le contact avec les personnes âgées, les relations qu’ilsentretiennent entre elles. Ils sont aussi motivés par la communication et l’écoute accordée auxbénéficiaires.Interviewé 1 : « (…) y a le contact humain et moi j’aime le contact humain ». Interviewé 2 : « C’est le contacthumain, c’est humain, (…) y a un service, et y a la qualité humaine et y a le contact humain ». Interviewé 3 : « C’estsurtout tout ce contact qu’il y a entre moi et les personnes que j’aime ». Interviewé 11 : « J’ai besoin d’humain, <strong>de</strong>contact donc c’est ça ma première motivation ». Interviewé 15 : « Alors la motivation je me suis rendue compte quetoujours j’ai besoin d’aller vers les gens ». Interviewé 2 : « je m’entends supers bien avec les personnes âgées, (…) ».Interviewé 13 : « Après c’est vrai que le relationnel avec les gens oui ça j’aime bien, j’aime bien parler avec eux, çapapote beaucoup ». Interviewé 15 : « Ma motivation c’est <strong>de</strong> communiquer, avec les personnes âgées d’être à leurécoute ».Le comportement et la culture <strong>de</strong>s personnes âgées agissent <strong>de</strong> façon positive sur lamotivation <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à domicile.La gentillesse, connaissance <strong>de</strong>s personnes âgées :Interviewé 1 : « y a les personnes âgées je trouve qu’elles sont intéressantes dans leur petite bulle elles sont trèsintéressantes elles te racontent les histoires d’avant, les techniques. Exemple un monsieur il me racontait commenton tapait le journal, l’encre qu’ils utilisaient, les personnes âgées ont toujours <strong>de</strong>s histoires intéressantes (…) jepréfère ce travail là à un autre travail d’étudiant ». Interviewé 4 : « ça motive aussi, ça motive <strong>de</strong> travailler avec lesgens qui sont gentils qui râlent pas ». Interviewé 11 : « ha oui les moments que j’aime bien aussi avec les personnesâgées c’est quand elles commencent à parler, à raconter, (…), elles ont <strong>de</strong>s connaissances sur montpellier,montpellier dans les années 20 c’était comme ça, dans les années 30 ».Dans un <strong>de</strong> ses ouvrages, Thévenet (2004) énonce le plaisir <strong>de</strong> travailler <strong>de</strong>s salariés. Onretrouve ce même plaisir dans le discours <strong>de</strong>s interviewés comme facteur <strong>de</strong> motivation autravail.Plaisir <strong>de</strong> travailler:Ici les interviewés soutiennent que ce qui les motive c’est d’évoluer, ils ne veulent pas finirleur carrière en étant simplement auxiliaire <strong>de</strong> vie ou ai<strong>de</strong> ménagère. Ils évoquent aussi lebien-être au travail et la réalisation personnelle.8


Interviewé 3 : « J’avoue que j’aime ça, (…) ». Interviewé 12 : « Ma motivation c’est que je me sens bien dans montravail, il m’épanouie ». Interviewé 14 : « vous savez quand on sort d’une journée et ou on ai<strong>de</strong> les gens on est fier,on se dit aujourd’hui on a réalisé quelque chose aujourd’hui dans notre vie » Interviewé 19 : « c’est aussi quelquechose qui me plait parce que si non je le ferais mal ». Interviewé 17 : « Moi ma motivation c’est pour moi-même c’estpour ma personne avant tout c’est quelque chose que je fais pour moi ».Le fait d’être utile au travail motive certains interviewés.Utilité au travail :Interviewé 5 : « (…) je me sens bien dans ce travail je me sens utile, j’ai l’impression d’être utile aux personnes ».Interviewé 11 : « se sentir utile (…) c’est ce côté même indispensable, (…). Je me sens indispensable, c’est un petitpeu comme si je faisais du bénévolat sans être payé en fait, y a ce côté-là social ou je me retrouve aussi, (…) ».Interviewé 12 : « ma motivation c’est que quand même <strong>de</strong> me rendre utile d’avoir une utilité ».D’autres interviewés sont motivés par l’effet stimulant du travail.Travail stimulant :Interviewé 4 : « c’est stimulant ce travail et puis y a pas <strong>de</strong> routine donc moi j’ai trouvé mon compte dans cetravail ». Interviewé 5 : « c’est stimulant ce travail ». Interviewé 18 : « Ce qui me motive (…) et d’être utile voila ».Une autre motivation est celle <strong>de</strong> faire carrière et d’évoluer dans le secteur <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> àdomicile. Plusieurs interviewés ont répondu qu’ils envisagent évoluer, ne pas terminer leurcarrière en tant que auxiliaire <strong>de</strong> vie ou bien ai<strong>de</strong> ménagère, mais <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir soit responsable<strong>de</strong> secteur ou bien ai<strong>de</strong> soignante.Evolution <strong>de</strong> carrière :Interviewé 2 : « J’adore, je ne me vois pas faire autre chose (…) j’aimerais bien aller plus loin j’aimerai bien faireai<strong>de</strong> soignante je n’aimerais pas rester auxiliaire <strong>de</strong> vie, j’aimerais faire ai<strong>de</strong> soignante, ça j’aimerais bien parceque je vois les ai<strong>de</strong>s soignantes ce qu’elles font et j’aime ». Interviewé 8 : « (…) je souhaitais travailler dans lesanitaire, le sociale. En fait mon projet c’est <strong>de</strong> préparer le concours d’ai<strong>de</strong> soignant (…) ». Interviewé 11 : « J’aienvie d’accé<strong>de</strong>r à un poste d’adjoint <strong>de</strong> secteur ». Interviewé 17 : « Ma motivation c’est pour être ai<strong>de</strong> soignante ».Des motivations financières ressortent, quoique <strong>de</strong> manière marginale, aussi du discours <strong>de</strong>sinterviewés.Motivation financière :Interviewé 6 : « ma motivation c’est <strong>de</strong> subvenir à mes besoins, à mes besoins du quotidien ». Interviewé 7 : « C’estl’aspect alimentaire qui me motive, c’est un boulot alimentaire ». Interviewé 10 : « Dans un premier temps je fais cetravail parce qu’il m’ai<strong>de</strong> financièrement (motivation financière), je suis étudiante il faut que je vive, que jeparvienne à subvenir à mes besoins ». Interviewé 11 : « Ma motivation bon déjà <strong>de</strong> travailler, d’avoir un salaire ».Interviewé 16 : « Moi tant que j’ai ça je travaille, je n’ai pas <strong>de</strong> préférence, je le fais pour gagner ma vie, tant que jetravaille y a un salaire ». Interviewé 19 : « Ce travail je le fais pour financer les étu<strong>de</strong>s ». Interviewé 20 : « C’estpour <strong>de</strong>s raisons financières, je suis étudiante, je n’ai pas <strong>de</strong> bourse alors, voila c’est rien que ça ».Toutefois certains interviewé font ce travail par défaut, ils n’ont pas eu le choix.Motivation par défaut :Interviewé 3 : « Je suis venue, je n’ai pas trouvé dans mon secteur, j’ai commencé avec ça et je me retrouve encoretoujours ici (…). J’ai été obligé <strong>de</strong> faire une formation puisque je me suis intéressée aux personnes âgées ». Interviewé4 : « Quand je suis arrivée ici en France j’ai pas pensé à faire ça, (…) mes motivations j’ai cherché un travail et voilaheureux que je suis avec <strong>de</strong>s gentils ». Interviewé 13 : « Si vous voulez <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z moi toutes les nanas que je connais9


elles le font parce qu’elles n’ont pas le choix quoi. T’es obligé en quelque sorte. Après c’est obligé que ça <strong>de</strong>vient…c’est un travail comme un autre mais bon ce n’est pas un travail que tout le mon<strong>de</strong> ou que la plupart <strong>de</strong>s gensaimeraient en avoir quoi ».ConclusionNotre démarche <strong>de</strong> recherche a consisté à une brève présentation du secteur <strong>de</strong>s services à lapersonne. Les activités <strong>de</strong> services à la personne étant assez variées (Pétillon, 2009). Nousnous sommes focalisés sur le champ <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> à domicile. Des recherches empiriquessoutiennent que l’emploi dans ce secteur est médiocre (Devetter, Jany-Catrice, Ribault, 2009).Bien d’autres encore révèlent <strong>de</strong>s insatisfactions <strong>de</strong>s salariés sur certaines composantes <strong>de</strong>leur emploi (Contassot et Maurage, 2008 ; Pléia<strong>de</strong>s <strong>Emploi</strong> <strong>Services</strong> Hérault, 2008). Lespremiers résultats <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> révèlent <strong>de</strong>s éléments assez intéressants dans le sens ou, bienque la qualité <strong>de</strong> l’emploi soit médiocre comme le soulignent (Devetter, Jany-Catrice, Ribault,2009), les salariés s’affirment motivés, et motivés surtout par le fait qu’ils aiment ai<strong>de</strong>r lespersonnes âgées et retrouvent une satisfaction et une certaine reconnaissance personnelle à lefaire. Ils sont également sensibles aux relations entretenues avec les personnes âgées et lestemps d’échanges avec elles. Aussi la gentillesse <strong>de</strong>s bénéficiaires <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> ne cesse d’attiserla motivation <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à domiciles envers leur travail. En ce sens les ai<strong>de</strong>s à domicile sesentent utiles au travail et trouvent <strong>de</strong> ce fait leur travail stimulant et cela les motivedavantage. L’évolution dans le secteur <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> à domicile vient corroborer cet inventaire <strong>de</strong>sfacteurs <strong>de</strong> motivation <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à domicile. Très peu ont affirmé être motivé par l’aspectfinancier. La question du « care » et celle <strong>de</strong> la reconnaissance semblent finalement au cœur<strong>de</strong> l’engagement au travail.Bibliographie:Al<strong>de</strong>rfer, C.P. (1969). “An empirical test of a new theory of human needs”, OrganizationalBehavior and Performance, vol. 4 (2), p142-175.Angeloff, T. (2000). Le temps partiel, un marché <strong>de</strong> dupes ? Syros.Bentoglio, G. (2005). Développer l'offre <strong>de</strong> services à la personne, COMMISSARIATGENERAL DU PLAN, 94 pages (collection Les Cahiers du Plan).Bressé, S.(2003) « L’enjeux <strong>de</strong> professionnalisation du secteur <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> à domicile en faveur<strong>de</strong>s personnes âgées », Retraite et société.Campell, J.P. et Pritchard, R.D. (1976). “Motivation theory in industrial and organizationalpsychology”, in, M.D. Dunnette, Hanbook of industrial and Organizational Psychology,Chicago: Rand McNally, p. 63-130.Cerc. (2008). Les services à la personne, rapport n°8, La Documentation française.Commission Européenne. (2001a). Employment In Europe, Luxembourg : Commissioneuropéenne, Direction Générale <strong>de</strong> l’emploi, <strong>de</strong>s affaires sociales et <strong>de</strong> l’égalité <strong>de</strong>s chances.Contassot, P. et Maurage, V. (2008). S’Engager pour la qualité <strong>de</strong> l’emploi d’ai<strong>de</strong> à domicile.Aract/ Ai<strong>de</strong> à domicile/ Pléia<strong>de</strong>s <strong>Emploi</strong> <strong>Services</strong> Hérault/ Réunion débat/, juin, http :www.languedoroussillon. aract.fr, 2008.Conseil National du Patronat Français, (1994). Les services à la personne. <strong>Services</strong> auxconsommateurs et services <strong>de</strong> proximité : <strong>de</strong>s marchés à développer par l’innovation dansl’offre et par le professionnalisme <strong>de</strong>s intervenants, rapport du groupe <strong>de</strong> travail « services àla personne », comité <strong>de</strong> liaison <strong>de</strong>s services, avril.10


Davoine, L. Erhel, C. et Guergoat-Larivière. (2008). “Monitoring quality in work: EuropeanEmployment Strategy indicators and beyond”, juin, International Labour Review, 2008.Devetter, F-X. ; Janice-Catrice, F. et Ribault, T. (2009). Les services à la personne. LaDécouverte.Dutheil, N. (2001). «Les ai<strong>de</strong>s et les aidants <strong>de</strong>s personnes âgées», novembre, Étu<strong>de</strong>s etrésultats, Drees, 2001Herzberg, F. (1971). Le travail et la nature <strong>de</strong> l’homme, Paris, EME.Herzberg, F. ; Mausner, B. et Sny<strong>de</strong>rman B.B. (1959). “The motivation to work”, New York,John Wiley.Honneth A (2002), La Lutte pour la reconnaissance. Cerf.Kanfer, R. (1990). “Motivation theory and industrial and organizational psychology”, In M.D.Dunette et L.M. Hough (Eds), Handbook of industrial and organizational psychology, PaloAlto, CA: Consulting Psychologists Press, vol. 1. p. 75-170.Lesellier, J-N. (2009). Les services à la personne, comment ça marche ? Wolters Kluwer.Levy-Leboyer, C. (1984). La Crise <strong>de</strong>s motivations, Paris, PUF.March, J.G. et Simon, H.A. (1974). Les Organisations. Traduit par Rouchy, J.C et Prunier G.Préface <strong>de</strong> Crozier M. Organisation et Sciences humaines. Collection dirigées par Filloux,J.C. Dunod.Margalit, A. (1996). La Société décente, Climats.March, J.G. et Simon, H.A. (1958), Organisations, New, York, Wiley ans Sons, traductionfrançaise <strong>de</strong> J.C. Rouchy et G. Prunier, Dunod, 1991.Maruani, M. (2006). Travail et emploi <strong>de</strong>s femmes, la DécouverteMaslow, A. (1943). “A theory of human motivation”, The Psychological Review, vol. 50 (4),1943, p.370-396.Mitchell, T.R. et Daniels, D. (2003). « Motivation ». In W. Borman, D.R. Ilgen, R.J Klimoskiet I.B.Weiner, (Eds), Handbook of psychology: industrial and organizational psychology.Vol. 12, chapitre, pp. 222-254.Paturel, D. (2008). La fonction <strong>de</strong> tiers social en GRH. Une contribution à la gestion <strong>de</strong>spersonnes. Doctorat <strong>de</strong> l’Université Paul Valéry. Montpellier III ; Sciences <strong>de</strong> Gestion.Paperman, P. Laugier, S. Collectif (2006). Le souci <strong>de</strong>s autres. Ethique et Politique du care,EHESS, Paris.Petillon, C. (2009). « Les métiers <strong>de</strong>s services à la personne », L’étudiant.Pin<strong>de</strong>r, C.C. (1984). “Work motivation/theory, issues, and applications”, Glenview, Illinois,Scott, Foresman, 1984.Pléia<strong>de</strong>s <strong>Emploi</strong> <strong>Services</strong> Hérault., « Etu<strong>de</strong> sur les conditions d’emploi <strong>de</strong> services à lapersonne », juin, www.pes34.com/files/file/.../Etu<strong>de</strong>-Conditions-<strong>de</strong>-l--emploi-janvier-2008.pdfPoint, S. (2006). La charte <strong>de</strong> la diversité regards sur le discours <strong>de</strong>s entreprises signataires,Revue management et avenir, 2 (8), 61-85.Porter, L.W.et Lawler, E. (1968). Managerial attitu<strong>de</strong>s and performance, Homewood, ILL.,Irwin.Rojot, J. et Bergamann, A. (1989). Comportement et organisation. Paris, Vuibert Gestion.Rojot, J. (2002). Théorie <strong>de</strong>s organisations. Paris, Eska.Roussel, P. (1996). Rémunération, motivation et satisfaction au travail. Paris, EditionsEconomica.Said, E.W. (2000). Culture et impérialisme. Paris, Editions FayardSmith, A. (1776). Théories <strong>de</strong>s sentiments moraux. Paris, Puf.Steers, R.M. et Porter, L.W.(1991). Motivation and work behavior, New York, McGraw-hill,1991, 5ème édition.11

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