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Premier juillet : l'école est-elle réellement finie

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Le tableau suivant rend compte, pour lesélèves qui ont déclaré avoir finalement travaillé, de lanature des activités menées. Globalement, il apparaîtque les supports de travail les plus fréquents sont lescours (cahiers, livres...) de l'année précédente ; eneffet, 68% des élèves en moyenne (et plus encore dansles seules classes de 6ème et 5ème) y ont recours,dans le but manif<strong>est</strong>e de réviser ce qui a été vu avantd'aborder une nouv<strong>elle</strong> année. Les cahiers de vacancesremplissent également dans une large mesure cettefonction et eux aussi connaissent un grand succèsauprès des élèves et de leur famille. Enfin, les autr<strong>est</strong>ypes d'activités sont nettement plus marginaux :15,5% des élèves ont utilisé des logiciels éducatifs(pratique néanmoins plus fréquente chez les plusjeunes), 10% environ ont bénéficié de cours particuliers(pratique plus courante cette fois dans les niveauxles plus élevés).Tableau 2 :Types d'activités scolaires menéesdurant les vacances (en %)5ème 4ème 3ème totalCours particuliers 5,9 12,5 11,8 9,5Cahiers de vacances 68,2 53,1 58,8 61,0Révisions 69,4 71,9 60,8 68,0Logiciels éducatifs 21,2 10,9 11,8 15,5Stages 1,2 1,6 0,0 1,0Quels sont les élèves qui travaillent ?Pour répondre à cette qu<strong>est</strong>ion, des modèlesmultivariés ont été <strong>est</strong>imés de manière à évaluer lacontribution de chaque caractéristique des élèves àl'explication de la décision finale de travailler pendantles vacances scolaires. S'agissant d'expliquer unesituation qualitative ne prenant que deux modalités(travail ou inactivité), les modèles sont de formelogistique.Au niveau de l'origine de la demande, lesrésultats sont contrastés. La demande des familles <strong>est</strong>dépendante du niveau scolaire effectif des élèves :plus ce niveau <strong>est</strong> élevé, moins les familles demandentà leur enfant de travailler. En revanche, la demandedes élèves dépend, <strong>elle</strong>, non pas de leur niveauscolaire effectif, mais de la représentation qu'ils s'enfont. Ce constat n'<strong>est</strong> a priori pas surprenant puisqueles parents ne disposent que du niveau de réussite quel'établissement leur communique (les notes). Ce quisurprend davantage, c'<strong>est</strong> que la perception de leurniveau par les élèves joue dans le sens opposé à celuiattendu : en effet, les élèves souhaitent d'autant plustravailler qu'ils perçoivent leur niveau élevé 1 . Lademande <strong>est</strong> liée en outre à la situation sociale desfamilles. A nouveau, ce facteur intervient de façoncontraire selon qu'il s'agit de l'élève ou de sa famille.Dans le premier cas, on observe que les élèves issusde milieu social favorisé (les deux parents sontcadres) sont, en moyenne et toutes choses égales parailleurs, moins demandeurs que les autres. Dans lesecond, il apparaît à l'inverse que lorsque les deuxparents sont cadres, la demande de la famille <strong>est</strong> plusvive. Enfin, on note que, pour les élèves de 3ème, lademande, quel que soit son type, <strong>est</strong> systématiquementplus faible que c<strong>elle</strong> des élèves des autresclasses.L'explication du travail effectif des élèvesmêle évidemment ces différents aspects. On vérifietout d'abord que la décision finale de travailler <strong>est</strong>plus dépendante du souhait des parents que de celuide l'élève. En moyenne, la probabilité de travaillerpendant les vacances <strong>est</strong> plus élevée de 38% quandles parents ont souhaité que leur enfant travaille. Onconstate en outre que la décision de travailler dépendfinalement davantage du niveau perçu par l'élève quede son niveau effectif ; <strong>elle</strong> <strong>est</strong> plus faible pour lesélèves de 3ème et pour les enfants dont la mère <strong>est</strong>inactive. En revanche, on n'observe plus d'effet socialdu fait de l'opposition entre les souhaits des parentset ceux des enfants dans les familles où les deuxparents sont cadres.1 Le niveau scolaire perçu par l'élève dérive du jugement que cedernier porte sur sa situation scolaire. Il dépend positivement duniveau scolaire académique mais il <strong>est</strong> également socialement etsexu<strong>elle</strong>ment biaisé. Toutes choses égales par ailleurs, etnotamment à niveau scolaire donné, les élèves de milieu favorisétendent à se sur<strong>est</strong>imer, alors que les filles, <strong>elle</strong>s, ont une nettetendance à se sous-<strong>est</strong>imer.2


L'évolution des connaissances scolairesentre juin et septembreTableau 3 :Différence entre les notes aux t<strong>est</strong>sd'évaluation de septembre et de juinselon la discipline et la classeTableau 4 :VariablesRéférenceInfluence de l'activité scolaire durantles congés sur les écarts de réussiteentre juin et septembre (N=257)Active6ème ß5ème5ème ß4ème4ème ß3èmeTotalMaths 0,20 0,60 -0,03 0,20Français 1,50 2,80 0,01 1,40Hist-géo. nd 0,20 -0,20 0,00LV1 -1,60 1,10 4,50 1,20Total 0,40 1,40 0,70 0,80Deux constats peuvent être faits au regard desrésultats. Le premier <strong>est</strong> que, en moyenne et toutesdisciplines confondues, les élèves ont plutôt tendanceà améliorer leurs notes entre juin et septembre ; lesecond <strong>est</strong> qu'il existe une forte variété de situationsindividu<strong>elle</strong>s au-delà de cette tendance, qui se manif<strong>est</strong>epar le fait que certains élèves oublient une partiede leurs connaissances (ils obtiennent des notesinférieures en septembre) et d'autres, au contraire, lesrenforcent.Sur le premier plan, on peut constater que c'<strong>est</strong>entre la 5ème et la 4ème que la consolidation desconnaissances <strong>est</strong> la plus forte durant les congés d'été.Dans la transition 6ème-5ème et 4ème-3ème enrevanche, dans certaines disciplines, les élèves ontapparemment oublié certaines de leurs connaissanceset obtiennent des notes nettement moins élevées enseptembre.Dans les trois niveaux d'enseignement, onobserve par ailleurs une certaine stabilité des connaissancesdans les différentes disciplines, si ce n'<strong>est</strong> enLV1 où, manif<strong>est</strong>ement, la mobilisation des connaissancesparaît dépendre du niveau : il <strong>est</strong> possible derecourir à une interprétation pédagogique de cerésultat en remarquant que c'<strong>est</strong> au tout début del'apprentissage que les élèves semblent avoir le plusde difficultés à conserver les connaissances acquisesalors qu'en fin de collège, les élèves disposeraientd'une base de connaissances suffisante pour en assurerle maintien, voire l'amélioration pendant les congés.Moyenne t<strong>est</strong> juin -0,22 ***QuatrièmeCinquièmeTroisième-0,94 ***-0,46 ***Garçons Filles -0,19 nsA l'heure en retard scolaire -0,87 ***Parents actifs noncadresdeux actifs cadrespère actif cadremère active cadremère au foyer0,78 ***-0,19 ns0,76 ***0,17 nsn'a pas travaillé a travaillé 0,51 ***Constante 3,20R² en % 33,3ns non significatif * p


S’agissant du type d'activité réalisée, onconstate que l'effet positif du travail durant les vacancesse limite à la seule reprise des cours et exercicesde l'année précédente, alors que l'ensemble des autresactivités, qu'il s'agisse des cours particuliers, descahiers de vacances ou du recours à des logicielséducatifs, <strong>est</strong> sans effet sur l'amélioration des notes enseptembre. Si on distingue pour cette activité particulièrede révisions, les conditions dans lesqu<strong>elle</strong>s <strong>elle</strong>s'<strong>est</strong> effectuée (encadrement par les parents ou travailde l'élève seul ou avec des camarades), il apparaîtalors que l'intervention des parents n'<strong>est</strong> pas un facteurd'efficacité du travail réalisé. Ce résultat manif<strong>est</strong>e laspécificité du dispositif d'évaluation mis en place dansl'établissement et, de fait, centré sur les apprentissageseffectivement visés par les enseignants ; on mesureainsi ici l'efficacité du travail pendant les vacances surdes apprentissages scolaires très contextualisés dontles parents ne maîtrisent sans doute pas l'ensemble desexigences (démarches d'apprentissage, type deconnaissances, critères d'évaluation...).ConclusionA l'issue de ces analyses, il <strong>est</strong> utile de rappelerle contexte dans lequel s'<strong>est</strong> déroulée cette étudepour mieux en saisir les conclusions. Il s'agit avanttout d'une opportunité créée par un dispositif d'évaluationspécifique et, de fait, les résultats sont sans aucundoute contextualisés. Cela dit, les constats réaliséssont tout à fait encourageants dans la mesure où ilsvont visiblement à l'encontre de l'opinion couranteselon laqu<strong>elle</strong> les congés scolaires d'été seraienttroplongs et susciteraient chez les élèves un oubli desconnaissances acquises l'année précédente. Ce n'<strong>est</strong> eneffet clairement pas le cas sur l'échantillon étudié : lesélèves, en moyenne, n'oublient pas leurs connaissances; certains les améliorent même entre juin etseptembre, et ce, d'autant plus qu'ils ont travaillédurant l'été.En détaillant ces résultats, on peut rappelerqu'au-delà de cette tendance moyenne, l'évolution desrésultats <strong>est</strong> liée à certaines des caractéristiquesindividu<strong>elle</strong>s des élèves et en particulier à leur milieusocial. Les vacances d'été contribuent notamment àcreuser les écarts de réussite entre les enfants demilieu favorisé et les autres selon un processus quel'étude a clairement mis en évidence : en premier lieu,la décision de travailler pendant les vacances <strong>est</strong> lefait d'élèves qui se considèrent "bons élèves" et cetteperception <strong>est</strong> socialement biaisée ; en second lieu età activité scolaire comparable pendant les congés, lesélèves de milieu favorisé améliorent plus que lesautres le niveau de leurs notes entre juin et septembre.Un tel résultat ne peut manquer de gênerl'institution qui pourrait y répondre au moins parti<strong>elle</strong>menten encourageant des activités scolaires minimalesde révision pendant les vacances. Ceci seraitd'autant plus facilement envisageable s'il se confirmaitque la révision des cours de l'année précédenteconstitue pour l'élève la stratégie la plus payante pouraméliorer ses performances scolaires.Pour en savoir plus...Jarousse J.P., Leroy-Audouin C., Suchaut B.(1998), Les vacances d'été nuisent-<strong>elle</strong>s auxacquisitions scolaires ?Document Irédu, 23 p., 25 F Port comprisRappel des dernières Notes98/1 Les nouv<strong>elle</strong>s pratiques de formation dans les entreprises du B.T.P., en Bourgogne97/6 Les docteurs de l'université et les entreprises : liens et insertion97/5 La mobilisation et la g<strong>est</strong>ion des personnels enseignants dans les pays d'Afrique subsaharienne97/4 Evaluation d'un dispositif pédagogique en lecture au Cours Préparatoire"Les Notes de l'Irédu" <strong>est</strong> une collection à parution irrégulière - Chaque numéro peut être obtenu contre 6 F en timbres auprès du servicedocumentation de l'Irédu (Abonnement 50 F les 10 Notes) - ISSN en coursRetour page documentation4

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