21.07.2015 Views

téléchargement en PDF ici. - Silence

téléchargement en PDF ici. - Silence

téléchargement en PDF ici. - Silence

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

CultureAndré BucherQuand un agriculteur bio devi<strong>en</strong>tun écrivain reconnu, il pousse des livres pleinsde grands espaces et de relations chaleureuses.André Bucher est né <strong>en</strong> 1946 àMulhouse. Son père, chef de gare,aime jardiner et lui transmet cetamour. Alors qu'il est reçu à l'école normale,il préfère s'ori<strong>en</strong>ter vers une formationde techn<strong>ici</strong><strong>en</strong> supérieur. Il vit diff<strong>ici</strong>lem<strong>en</strong>tson passage à l'armée et se metalors à voyager. Il comm<strong>en</strong>ce à écrire etpublie deux recueils de poésie et unroman à 22 ans. Le premier roman sev<strong>en</strong>d à 3000 exemplaires ce qui pourraitlui ouvrir la porte d'une carrière littéraire.Mais nous sommes <strong>en</strong> 1968 et c'estl'époque des remises <strong>en</strong> cause. Il laissetout tomber pour se lancer dans uneav<strong>en</strong>ture communautaire, exerçant différ<strong>en</strong>tsmétiers comme bucheron, berger,ouvrier agricole, avant de découvrir cequi sera sa passion : l'agriculture biologiquequ'il pratique depuis 1970.Forte personnalitéde l'écologieA l'époque, dans cette région demoy<strong>en</strong>ne montagne, à la limite de laDrôme et des Alpes-de-Haute-Prov<strong>en</strong>ce,<strong>en</strong> haut de la vallée du Jabron, les exploitationsagricoles sont à l'abandon. Elles sev<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t alors pour presque ri<strong>en</strong> et c'estune bénédiction pour des jeunes qui ontpeu d'arg<strong>en</strong>t (1). Les remises <strong>en</strong> causesont nombreuses et l'agriculture biologique,plus respectueuse de la nature, quidemande plus de travail et plus d'att<strong>en</strong>tiondevi<strong>en</strong>t un fil conducteur pour son<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t. "La bio n'est pas une fin <strong>en</strong>soi, mais elle s'impose dans mon universet part<strong>ici</strong>pe d'une manière d'être".La communauté s'installe à Montfroc,à 1100 m d'altitude. Elle connaît des fluctuations,mais se mainti<strong>en</strong>t assez longtemps.P<strong>en</strong>dant ce temps, André Bucher apart<strong>ici</strong>pé à différ<strong>en</strong>ts mouvem<strong>en</strong>ts dont laplantation de 20 000 arbres.André Bucher va militer pour la bio<strong>en</strong> part<strong>ici</strong>pant à la mise <strong>en</strong> place desstructures professionnelles, aidant lesjeunes à franchir le pas, liant les contactavec les anci<strong>en</strong>nes générations (2). Ilsiège au conseil mun<strong>ici</strong>pal à partir de1978. En 1983, il lance la foire biologiquede Montfroc qui, d'année <strong>en</strong> année, malgrél'isolem<strong>en</strong>t, devi<strong>en</strong>t la plus grandefoire écolo de tout le sud-est de la France.Il part<strong>ici</strong>pe aux luttes syndicales auxcôtés de ce qui est dev<strong>en</strong>u la Confédérationpaysanne, n'hésitant pas à occuperdes terres abandonnées selon le principede "la terre à ceux qui la travaill<strong>en</strong>t".Lorsque le projet communautaires'achève, <strong>en</strong> 1989, André Bucher décidede se relancer dans l'écriture.Confirmationd'un écrivainIl ne r<strong>en</strong>once pas à l'agriculture biopour autant. Il jette des idées sur lespapiers qui pass<strong>en</strong>t, les stocke dans deschemises, les remet au propre, et p<strong>en</strong>dantles longues soirées d'hiver, la nuit, il semet à écrire. Exercice solitaire et diff<strong>ici</strong>le.Des notes <strong>en</strong> vrac, il passe à un premiertexte écrit à la main où s'ordonn<strong>en</strong>t leschapitres, il les repr<strong>en</strong>d <strong>en</strong>suite à lamachine à écrire, lit les textes à voixhaute pour <strong>en</strong> chercher la meilleure lisibilitéet quand <strong>en</strong>fin il estime qu'il <strong>en</strong> a finiavec les ratures, il saisie le tout à l'ordinateur,avec l'aide de sa femme qui maîtrisemieux la machine.Les manuscrits sont <strong>en</strong>voyés aux éditeurs.Longtemps sans succès. Inévitablem<strong>en</strong>t,une lettre arrive deux moisaprès l'<strong>en</strong>voi, cela ne correspond pas à lapolitique de la maison. Il appr<strong>en</strong>d queGallimard reçoit 1800 manuscrits parmois et que quelques-uns seulem<strong>en</strong>tseront lus. Un seul éditeur, Bourgois, luirépond par une grande lettre argum<strong>en</strong>téesoulignant qualités et défauts du manuscrit<strong>en</strong>voyé et lui donnant des <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>ts,mais lui disant ne publier que destraductions. C'est une période de doute,mais il continue à écrire.Un jour, il r<strong>en</strong>contre un copain à lasortie d'une librairie à Buis-les-Baronnies.Coïncid<strong>en</strong>ce, ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d'acheter lemême livre. Ils <strong>en</strong> débatt<strong>en</strong>t. L'ami luiparle alors d'une anci<strong>en</strong>ne collaboratriced'Actes Sud qui a une maison de campagneun peu plus au sud. Celle-ci vi<strong>en</strong>tde lancer sa propre maison d'édition.André Bucher se r<strong>en</strong>d à l'adresse indiquéeet laisse une lettre dans la boîte auxlettres. Quelques semaines plus tard, ilreçoit une réponse : Sabine Wespieser luiJacques Le<strong>en</strong>hardtAndré Bucher.demande de lui <strong>en</strong>voyer un manuscrit. Il<strong>en</strong>voie alors celui qu'il vi<strong>en</strong>t de finir : sonneuvième manuscrit ! Dans les quinzejours qui suiv<strong>en</strong>t, elle l'appelle pour luidire qu'elle est d'accord pour le publier.Premiers succèsLe livre sort <strong>en</strong> septembre 2003, aumilieu du flot de romans qui sort traditionnellem<strong>en</strong>tà cette date (3). Chaqueannée, les libraires sélectionn<strong>en</strong>t quatrelivres dans quatre catégories différ<strong>en</strong>tes. Ilest choisi dans la catégorie des "premiersromans" (4). Cela le lance sous le feu desmédias. En un mois, le premier tirage de3000 exemplaires est épuisé. Les articlesde presse se succèd<strong>en</strong>t. Les journalistesvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le r<strong>en</strong>contrer dans sa montagne.Il est invité un peu partout.Son premier livre, Le pays qui vi<strong>en</strong>t deloin, raconte l'histoire d'un jeune fugueurqui <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ant se réfugier chez ses grandspar<strong>en</strong>ts,va se trouver face à face avec sonpère dans des circonstances exceptionnelles.L'occasion d'aller à la r<strong>en</strong>contrel'un de l'autre et de découvrir la vie de lacampagne, de s'interroger sur les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tsdans une famille, d'aborder audétour des pages les questions qui travers<strong>en</strong>taujourd'hui le monde rural (parexemple : est-il bi<strong>en</strong> normal de protégerles loups plutôt que les derniers agriculteurs? comm<strong>en</strong>t faire pour que les jeunespuiss<strong>en</strong>t s'installer à la campagne). AndréBucher cadre son roman dans sa propre(1) Aujourd'hui, après des années où le pétrole à basprix a permis de voyager de plus <strong>en</strong> plus loin, les propriétésse v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t très cher… pour les touristes quivi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de toute l'Europe, r<strong>en</strong>dant quasi-impossiblel'installation d'un jeune agriculteur.(2) Sur les 150 exploitations agricoles du canton,40 sont <strong>en</strong> bio.(3) En septembre 2003, il est sorti 650 romans dont350 d'auteurs français dont 82 premiers romans.(4) Même si on l'a vu, ce n'est pas vraim<strong>en</strong>t un premierroman : il a déjà publié <strong>en</strong> 1968.SILENCE N°318/31971Janvier 2005

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!