Marie Clem’sMarie Clem’sConditionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> barquettes.Progressivem<strong>en</strong>t, le réseau de diffusioncouvre le sud-est de la France et ilfaut r<strong>en</strong>oncer à distribuer directem<strong>en</strong>t. Lerecours à des grossistes fait que la distributiontouche alors toute la France etmême quelques magasins à l'étranger(Grande-Bretagne et Italie).La structure grossit toujours avec untaux de croissance important. A partir de2000, le marché r<strong>en</strong>contre la concurr<strong>en</strong>cev<strong>en</strong>ue notamm<strong>en</strong>t d'Allemagne et si lastructure continue de grossir, c'est à unrythme bi<strong>en</strong> moindre. En 2004, les effectifssont montés à 23 salariés, r<strong>en</strong>dant lebâtim<strong>en</strong>t trop exiguë et la constructiond'un nouveau bâtim<strong>en</strong>t est actuellem<strong>en</strong>t àl'étude.La situation n'est pas stabilisée pourautant d'autant plus qu'il est très diff<strong>ici</strong>lede prévoir d'une année sur l'autre quelsera le résultat de l'exercice. Joël Pichon,aujourd'hui directeur de la SCOP p<strong>en</strong>sequ'il est toujours nécessaire de prévoirune croissance pour disposer d'une certainemarge de manœuvre. Car prévoirl'équilibre, c'est pr<strong>en</strong>dre le risque d'unaccid<strong>en</strong>t de parcours (casse d'une machinecoûteuse par exemple). Le projet d<strong>en</strong>ouveau bâtim<strong>en</strong>t intègre une nouvelleorganisation pour améliorer la productivitéet donc mieux assurer la pér<strong>en</strong>nitéde l'<strong>en</strong>treprise.Emballage des produits.Partage des rev<strong>en</strong>usEn amont de l'<strong>en</strong>treprise, la culturedu soja est assurée par une coopérative dela Drôme et par trois agriculteurs desAlpes-de-Haute-Prov<strong>en</strong>ce, départem<strong>en</strong>tqui comm<strong>en</strong>ce à quelques kilomètres deSéderon. C'est tout à fait local. De mêmepour les légumes qui serv<strong>en</strong>t aux produitstransformés. Tous les salariés ont étéembauchés sur place et Tofoulie pèse unpoids certain dans le haut de la vallée, à800 m d'altitude.Le statut particulier de la SCOP permetaux salariés d'<strong>en</strong>trer dans le capital dela structure. Cela lui permet de part<strong>ici</strong>peraux décisions selon le principe d'une personne= une voix cher aux coopératives,quelle que soit la somme am<strong>en</strong>ée. Lescadres sont élus par l'<strong>en</strong>semble des salariés.Lorsqu'il y a du bénéfice, celui-ci estréparti <strong>en</strong> trois : une prime de fin d'annéepour les salariés, une autre pour augm<strong>en</strong>terles fonds propres, <strong>en</strong>fin, la dernière estredistribué sous forme de divid<strong>en</strong>des auxporteurs de parts… donc pour une bonnepart <strong>en</strong>core aux salariés.La SCOP au début classée <strong>en</strong> SARL(société anonyme à responsabilité limitée)est passée par la suite <strong>en</strong> SA (sociétéanonyme), ce qui lui a permis de faire<strong>en</strong>trer du capital extérieur sous forme detitres part<strong>ici</strong>patifs.Industriepeu polluanteLa production de tofu et de galettesn'est guère polluante et dans les ateliersde fabrication flotte une bonne odeur d<strong>en</strong>ourriture.De ce qui sort comme "déchet" dansl'usine, on a les restes du soja broyé <strong>en</strong>début de chaîne, restes riches <strong>en</strong> fibresqui sont récupérés pour l'alim<strong>en</strong>tationanimale et le "petit lait" qui part pour lemom<strong>en</strong>t dans une installation d'épuration,faute de lui avoir trouvé un débouché.Après traitem<strong>en</strong>t, il est épandu dansles champs car riche <strong>en</strong> azote et peut servird'<strong>en</strong>grais.Le bâtim<strong>en</strong>t existant a permis à l'<strong>en</strong>treprised'appliquer les normes d'hygièneeuropé<strong>en</strong>ne. Les produits d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> sontautant que possible, issu des filières écologiques(produits sanitaires Ecover). Siles emballages extérieurs sont <strong>en</strong> grandepartie <strong>en</strong> carton, les barquettes de misesous vide sont, par nécessité, <strong>en</strong> plastique.Et à part quelques conditionnem<strong>en</strong>tspour des restaurateurs et des transformateurs,l'ess<strong>en</strong>tiel de la production sefait dans des barquettes de 2 x 100 g dufait de la nécessité de consommer vite unproduit une fois qu'il est à l'air libre.Marie Clem’sLe tofu après précipitation.Les normes europé<strong>en</strong>nes sont <strong>en</strong> traind'évoluer : alors qu'<strong>en</strong> France on <strong>en</strong> est<strong>en</strong>core à des normes qui définiss<strong>en</strong>t lesmoy<strong>en</strong>s utilisables, l'Europe donne uneobligation de résultat. Il serait donc intéressant,dans l'optique d'un prochain bâtim<strong>en</strong>t,de voir s'il n'est pas possible deréfléchir à utiliser un conditionnem<strong>en</strong>tplus écologique.Productionsde TofoulieLa gamme des produits frais proposéepar Tofoulie s'est étoffée avec les années :tofu nature, tofu parfumé (basilic, olives,herbe, fumée de hêtre…), galettes de tofu(mélange avec céréales et légumes, 10 variétés),nems au tofu (riz, tofu et légumes, cinqvariétés), <strong>en</strong>fin panisse, une préparationprov<strong>en</strong>çale à base de pois chiches.Malgré une croissance rapide,Tofoulie a su respecter ses <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tsinitiaux : évidemm<strong>en</strong>t des produits bio,mais aussi un capital contrôlé par les salariés,des fournisseurs locaux et uneimplantation locale (1).Michel Bernard nSCOP Tofoulie, Saint-Pierre,26560 Séderon ,tél : 04 75 28 55 05(1) Une usine dans la vallée du Rhône aurait sansdoute des coûts moindres au niveau du transport.Cela a été <strong>en</strong>visagé un mom<strong>en</strong>t, puis refusé par lessalariés.SILENCE N°318/31924Janvier 2005
Un homme à l’écoutedes ressourcesLe varroa, une sorte de tique, détruit les essaimsd’abeille. Maurice Chaudière développe uneméthode qui permet de gérer l’invasion.AbeillesLes jeunes tiques sont pressées detrouver du couvain pour se reproduire(elles se reproduis<strong>en</strong>t exclusivem<strong>en</strong>t surle couvain). Je pr<strong>en</strong>ds un cadre de ladeuxième moitié où il y a des œufs frais.Les varroas vont v<strong>en</strong>ir se faire <strong>en</strong>fermerdans ce couvain. Dix jours après j’<strong>en</strong>lèvele couvain et je pr<strong>en</strong>ds tous les parasitesd’un seul coup. Je les mets au congélateurou dans le four solaire pour les détruire.Mais il n’y a toujours pas de reine. Jepr<strong>en</strong>ds donc la reine de la deuxième moitiéet la mets dans le premier groupe puisje procède de la même façon de l’autrecôté r<strong>en</strong>du orphelin».Olivier Martin, apiculteur dans larégion des Vans (Ardèche), utilise cettetechnique et double ainsi son cheptelchaque année sans aucun pest<strong>ici</strong>de.Cette technique repose sur une bonneconnaissance de la biologie des abeilles etdes varroas. Et s’il ne prét<strong>en</strong>d pas éradiquerce parasite il veut par ces opérationsexécutées chaque année l’éliminer etaccroître la résistance des abeilles.DRDans le catalogue de l’associationKokopelli, j’avais été intriguée parune belle ruche <strong>en</strong> terre peu commune.Ainsi j’ai souhaité r<strong>en</strong>contrer sonauteur pour <strong>en</strong> savoir davantage. MauriceChaudière, tout à la fois poète, philosophe,écrivain, arboriculteur et sculpteur,amoureux des abeilles m’a racontéses av<strong>en</strong>tures et, de terre <strong>en</strong> bois, m’aexpliqué comm<strong>en</strong>t on peut lutter contrele varroa sans produits chimiques.Professeur d’arts plastiques, <strong>en</strong>treautres activités exercées, il a depuis toujoursété intéressé par le rapport <strong>en</strong>tre laforme et la fonction. Déjà tout petit, ilétait fasciné par le travail des femmeskabyles qui utilisai<strong>en</strong>t la terre pour fabriquerles objets usuels.«Les abeilles n’ont pas de ruche, cesont les hommes qui, projetant leurvision, conçoiv<strong>en</strong>t des formes dont elless’accommod<strong>en</strong>t. N’importe quel habitatpeut leur conv<strong>en</strong>ir à condition que levolume soit conv<strong>en</strong>able, qu’il soit abritédu v<strong>en</strong>t, de la pluie et du soleil».Des ruches rondesCes réflexions portant sur la relation<strong>en</strong>tre la forme et la fonction qui déterminel’architecture sont rassemblées dans unlivre sur les différ<strong>en</strong>tes ruches queMaurice Chaudière a faites pour satisfaireles besoins des abeilles et les si<strong>en</strong>s.A chaque fonction va correspondreune forme différ<strong>en</strong>te, selon qu’il s’agissede faire du miel, de produire du poll<strong>en</strong>, defaire des essaims, de tuer le varroa.Lutter contre le varroaLe problème est là : le varroa, unesorte de tique qui tue les abeilles et dontla zone de prolifération s’ét<strong>en</strong>d depuis lesannées 80. Maurice Chaudière a doncconçu des ruches pour lutter contre lui.Maurice Chaudière nous explique :«La ruche <strong>en</strong> terre est posée sur la ruche<strong>en</strong> bois. Les abeilles évolu<strong>en</strong>t dans unpremier temps de haut <strong>en</strong> bas puis latéralem<strong>en</strong>t.Quand toute la colonie est passée<strong>en</strong> bas, la cloche <strong>en</strong> terre est pleine demiel car elles mett<strong>en</strong>t toujours le miel audessusdu couvain.Si la ruche est forte je divise sanschercher la reine. J’écarte et je fais deuxparties. Quatre jours après je visite et ducôté où il n’y a pas la reine il y a de lagelée royale puisque la première réactionest de fabriquer de nouvelles reines.J’<strong>en</strong>lève alors toutes les cellulesroyales c’est-à-dire que je récolte la geléeroyale. J’obti<strong>en</strong>s donc une ruche orphelinesans reine et je la laisse au moins tr<strong>en</strong>tejours sans interv<strong>en</strong>ir. Dans ce délai, laruche ne peut produire une abeille-reine,par contre tous les varroas sont nés etc’est là qu’ils sont vulnérables.Une méthodereconnue et une ruchecommercialisée«Jusqu’à aujourd’hui mon approchede l’apiculture intéressait assez peu. Avecla ruche solaire je passais pour un douxrêveur !». Mais, pour la ruche <strong>en</strong> bois,Maurice Chaudière a publié dans la revuede l’UNAF (Union nationale des apiculteursde France). Il est de plus <strong>en</strong> plussoll<strong>ici</strong>té pour des confér<strong>en</strong>ces, <strong>en</strong> Franceet à l’étranger ainsi que pour des formations,avec Terre et Humanisme parexemple (1), sur l’apiculture <strong>en</strong> général.Ne voulant pas s’occuper de la commercialisationde cette ruche, MauriceChaudière a déposé le modèle et c’est lasociété Ickowitz qui la réalise et la distribue.Maurice Chaudière a d’autres cordes àson violon puisqu’il est à l’initiative de laforêt fruitière de Banne (par greffage desespèces sauvages), animateur bénévole àl’Atelier Maladroit et qu’il organise desfêtes : <strong>en</strong> préparation la célébration desaromates à Jalès. Adepte de la permacultureet de la biodiversité toutes les ressourcessauvages l’intéress<strong>en</strong>t.Sylviane Poul<strong>en</strong>ard nIckowicz ; BP 70, 84502 Bollène cedexL’Atelier Maladroit, Maurice Chaudière,La Sarrasine, 07460 Berrias.A lire : Apiculture alternative, Maurice Chaudière,édition Le Décaèdre, 2003.(1) Voir article page 4.SILENCE N°318/31925Janvier 2005
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