De ce fait, certains comités se sont essoufflésmais il subsiste des li<strong>en</strong>s informels<strong>en</strong>tre leurs membres, permettant <strong>en</strong>corel’émerg<strong>en</strong>ce de projets. C’est le caspar exemple du comité “Colibri 21”, nésuite à l’organisation d’une confér<strong>en</strong>ce dePierre Rabhi à Dijon. Une AMAP a étécréée <strong>en</strong> 2005. Deux ans plus tard,constatant de fortes diverg<strong>en</strong>ces et t<strong>en</strong>sions,les membres du comité ont décidécollectivem<strong>en</strong>t de pr<strong>en</strong>dre du recul. Unmois plus tard, certains d’<strong>en</strong>tre eux sesont retrouvés dans un collectif associatifpour organiser un forum sur l’agricultureet les alternatives locales… prolongem<strong>en</strong>tinatt<strong>en</strong>du de la confér<strong>en</strong>ce quatre ans auparavant.Le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’impuissance sedissipe quand on compr<strong>en</strong>d que les changem<strong>en</strong>tsess<strong>en</strong>tiels ne sont pas les plusspectaculaires… mais ceux inspirés par laconsci<strong>en</strong>ce que ce que nous avons à faireest là où nous nous trouvons. C’est semersans chercher à maîtriser quand et comm<strong>en</strong>tcela va pousser.La force fragiledes colibrisFace à la puissance des moy<strong>en</strong>s médiatiquesau service d’une logique socialedestructrice, celles et ceux qui choisiss<strong>en</strong>td’<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> insurrection pour pr<strong>en</strong>dre soinde la vie sur Terre ne peuv<strong>en</strong>t plus se permettrede rester isolés. Le colibri tout seulface à l’inc<strong>en</strong>die va y laisser des plumes.Le défi collectif est à relever, d’abord à unniveau local, pour relier celles et ceux qui,à travers une grande diversité d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tsspécialisés, se retrouv<strong>en</strong>t dans uneLes sujets dont les politiquesne parl<strong>en</strong>t pasMichel Jarru <strong>en</strong> a dressé une longue liste, sur un ton désabusé.Mais est-ce surpr<strong>en</strong>ant ? Les politiques n’exist<strong>en</strong>t que s’ils suscit<strong>en</strong>t l’adhésiond’un grand nombre de g<strong>en</strong>s, leur but est de séduire une majorité. Sinon, ils sontmarginalisés et leurs propos sont décrédibilisés. C’est la limite de la démocratiepar vote majoritaire. Dans ce système, par principe, les minorités ne peuv<strong>en</strong>tavoir raison, donc elles ne sont pas réellem<strong>en</strong>t écoutées. Arrêtons donc d’att<strong>en</strong>dredes politiques l’audace d’introduire des idées nouvelles ou radicales dansle débat public. C’est à la société civile de s’organiser et se mobiliser pour avoirles moy<strong>en</strong>s de le faire. Le cas des OGM <strong>en</strong> est un bel exemple.Et pourquoi att<strong>en</strong>dons-nous cela des politiques ? Cela ti<strong>en</strong>t peut-être à unecroyance sur l’évolution des sociétés humaines : l’économie et la technologiesont souv<strong>en</strong>t considérées, depuis le 19 e siècle, comme un moteur important del’histoire. En réaction, on revalorise l’interv<strong>en</strong>tion de la politique, capable dedonner de nouvelles règles et ori<strong>en</strong>tations à la société. Mais on redécouvre aujourd’hui,confrontés à l’impuissance politique, que la culture d’une sociétén’est pas qu’un sous-produit des systèmes économiques et politiques, mais“qu’elle est simultaném<strong>en</strong>t et d’abord l’élém<strong>en</strong>t structurant fondam<strong>en</strong>tal de toute société,la base même de ce qui fait société.”Comme le dit J.-P. Worms dans la préface du livre Les Créatifs culturels <strong>en</strong>France (éditions Yves Michel), la société civile, porteuse de la culture d’une société,représ<strong>en</strong>te donc “un levier de changem<strong>en</strong>t porteur d’av<strong>en</strong>ir pour l’humanité,car assis sur une autre logique, l’outil d’une création sociale nouvelle”. C’est ce qu<strong>en</strong>ous appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les études sociologiques au sujet des “créatifs culturels”. Cettefraction du monde occid<strong>en</strong>tal (17 % <strong>en</strong> France) se reconnaît dans un <strong>en</strong>semblecohér<strong>en</strong>t de valeurs <strong>en</strong> rupture avec le modèle dominant… et constitue la têtedu peloton des évolutions culturelles <strong>en</strong> cours, sans toutefois former un “groupe”cohér<strong>en</strong>t, isolé du reste de la société. Eh oui, nous ne sommes pas si minoritairesque nous le croyons !même démarche transversale et globale.C’est ce qui explique aussi l’apparition d<strong>en</strong>ombreux projets collectifs et groupes informels“décroissance”. Ce défi collectifest aussi national ; parmi d’autres initiatives,le MAPIC se veut un outil pour savoirpr<strong>en</strong>dre de la hauteur par rapport àson contexte local, à travers un réseau desolidarité, de partage d’expéri<strong>en</strong>ces. Laprochaine assemblée générale, les 13 et14 octobre 2007, à Avignon, va donner lecoup d’<strong>en</strong>voi à une Fédération des comitéslocaux, mettant <strong>en</strong> acte l’aspiration àun mouvem<strong>en</strong>t émergeant de sa base.Actuellem<strong>en</strong>t, le MAPIC compte une c<strong>en</strong>tained’adhér<strong>en</strong>ts réunis <strong>en</strong> une vingtainede comités locaux. Après les élections, lechantier perman<strong>en</strong>t de l’autoconstructionhumaine et sociale continue !Alain Aubry, Gaston Jouffroy, ChristianLagasse, Juli<strong>en</strong> Lassauque, ThomasMarshall, Lucie Piro,membres du comitéde liaison du MAPIC ■MAPIC, Lebat, 82110 Cazès-Mond<strong>en</strong>ard,tél : 05 63 04 79 83, www.appel-consci<strong>en</strong>ces.org.DRLe Festival de la Terre à La Rochelle : des curieux sont regroupés autour d’un bacavec des plantes aromatiques et des “mauvaises herbes” utiles.SILENCE N°350 Octobre 200746
E T A T S - U N I SDettepréoccupante28 198 000 000 000 $ soit28 000 milliards de dollars,c’était le montant de la dette desEtats-Unis au 1 er janvier 2007,une dette qui a grossi de 2178milliards <strong>en</strong> un an. Un niveau quidépasse depuis longtemps celuiatteint lors de la crise de 1929et qui fait que de nombreuxéconomistes craign<strong>en</strong>tun effondrem<strong>en</strong>t similaire.I S L A N D EPousséeécologisteLes élections législatives du 13mai 2007, <strong>en</strong> Islande, ont étémarqué par une forte progressionde la liste Gauche verte qui estpassée de 8,8% des voix <strong>en</strong> 2003à 14,3% après avoir m<strong>en</strong>é lacampagne contre les projetsindustriels que sont les projets debarrage hydroélectrique deKarahnjukar et de fonderie d’aluminiumqui le justifie. Ces deuxprojets situés au milieu desréserves naturelles de l’est del’Ile provoque un int<strong>en</strong>se débatdans un pays qui n’a pas besoinde nouveaux rev<strong>en</strong>us : l’Islandea le niveau de vie le plus élevéau monde après la Norvège.I T A L I EL’extrêmedroiteaime SarkozyPour les élections itali<strong>en</strong>ne du 27et 28 mai 2007, le parti Alleanzanazionale, parti post-fasciste itali<strong>en</strong>,a réalisé une affiche où l’onvoit <strong>en</strong> gros plan NicolasSarkozy, avec le slogan “Victoirede Sarkozy, changeons l’Europe”.Ce qui signifie que l’extrême-droiteitali<strong>en</strong>ne le juge plus intéressantque le déjà très droitierBerlusconi !JeanChesneauxNé <strong>en</strong> 1922, arrêté avec destracts pacifistes par la Gestapo,plus jeune agrégé d’histoire <strong>en</strong>1945, spécialiste de l’Ori<strong>en</strong>t,militant au parti communistejusqu’à mai 1968, JeanChesneaux rejoindra la mouvanceécologiste lors de la lutte despaysans du Larzac dans lesannées 1970. Il publie alors deslivres critiques sur la société deconsommation : De la modernité<strong>en</strong> 1983, Modernité-monde <strong>en</strong>1984. Il se lie d’amitié avecFrançois Partant (voir Sil<strong>en</strong>cede septembre) et comm<strong>en</strong>ceà publier de nombreux textescritiques sur la notion dedéveloppem<strong>en</strong>t… dont certainsdans Sil<strong>en</strong>ce. Il publie un livresur le colonialisme de la France<strong>en</strong> Océanie : La France dansle Pacifique. De Bougainville àMoruroa, 1992 et <strong>en</strong>core Tahitiaprès la bombe : quel av<strong>en</strong>ir pourla Polynésie, 1995. De 1997à 2004, il est présid<strong>en</strong>t deGre<strong>en</strong>peace-France. Puis ilrejoint le conseil sci<strong>en</strong>tifiqued’Attac où il anime le groupeDRPolitiqueJean Chesneauxde travail “Ecologie et société”…jusqu’à sa mort le 23 juilletdernier, à 85 ans.P A R I SAltermondialismeet écologieLa revue Actuel Marx, dans lecadre d’un colloque internationalsur l’altermondialisme et l’anticapitalisme,organise le jeudi4 octobre à l’Université deParis X Nanterre, bâtim<strong>en</strong>t L,salle 420, une journée d’étudessur le thème “altermondialismeet écologie” avec trois atelierssuccessifs : à 10 h : Quellealternative au capitalisme ? Bi<strong>en</strong>commun, gratuité, propriétécollective dans une perspectiveécologique (avec Daniel Tanuro,Michael Löwy, Pedro Ivo Batista,Joel Kovel) ; à 14 h :Altermondialisme et écologie :les converg<strong>en</strong>ces possibles (avecG<strong>en</strong>eviève Azam, FrançoisChesnais, Philippe Mühlstein,Patrick Farbiaz) ; à 16 h : Anticapitalismeou décroissance ?(avec Frieder Otto Wolf, BernardGuibert, Jean-Marie Harribey,Augustin Raymundo VàsquezGarcia). Actuel Marx, 19, boulevarddu Midi, 92000 Nanterre,fax : 01 46 95 03 51.Gr<strong>en</strong>elle et contre-Gr<strong>en</strong>ellede l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ?■ Questions gênantes. Le gouvernem<strong>en</strong>t a lancé le principe d’un“Gr<strong>en</strong>elle de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t” pour la fin octobre. Mais comm<strong>en</strong>téviter les questions gênantes ? Tout d’abord, il s’est vite dit dansles ministères que ce processus déboucherait sur des propositions…et qu’<strong>en</strong>suite ce serait le gouvernem<strong>en</strong>t qui les repr<strong>en</strong>drait ou non.Ensuite, pour éviter d’avoir trop de dossiers brûlants, le gouvernem<strong>en</strong>ta soigneusem<strong>en</strong>t mêlé à des organisations reconnues (France-Nature-Environnem<strong>en</strong>t, Gre<strong>en</strong>peace, les Amis de la Terre, le WWF),d’autres inconnues du milieu écologiste comme Ecologie sans frontière(aucun perman<strong>en</strong>t, aucune revue, aucun local comme le révèle leCanard <strong>en</strong>chaîné du 11 juillet 2007) ou contrôlées de toutes piècescomme la fondation Nicolas Hulot ou Good Planet lancé <strong>en</strong> 2005 parYann Arthus Bertrand. Le Réseau Sortir du nucléaire qui fédère800 associations et qui a organisé la plus grosse manifestation de ruep<strong>en</strong>dant les réc<strong>en</strong>tes élections (plus de 60 000 personnes), a étésoigneusem<strong>en</strong>t écarté pour ne pas parler du nucléaire, de mêmeque des groupes comme Agir pour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t quia mis <strong>en</strong> avant des sujets gênants : les OGM, les autoroutes,les téléphones portables… Gre<strong>en</strong>peace a mis<strong>en</strong> avant comme préalable à l’ouverture des discussionsl’amnistie de militants condamnés dans la luttecontre les OGM (José Bové, Jean-Emile Sanchez,Gilles Lemaire…). France-Nature <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ta demandé <strong>en</strong> préalable un moratoire sur les OGM,le nucléaire (et donc sur l’EPR) et les autoroutes.Elle demande égalem<strong>en</strong>t une politique agricole incitantà la baisse des pest<strong>ici</strong>des et faisant la promotionde l’agriculture biologique.■ Pour un Gre<strong>en</strong>-elle de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Agir pour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ta lancé une campagne d’interpellation du gouvernem<strong>en</strong>t sur les sujetsà pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte avant le Gr<strong>en</strong>elle pour aborder les questions écologiques: quatre moratoires sont demandés : sur les OGM, sur l’EPR,sur le programme autoroutier, sur l’incinération ; mais qu’égalem<strong>en</strong>tsoi<strong>en</strong>t ouverts les dossiers sur les points noirs du bruit, l’utilisationdes pest<strong>ici</strong>des, la biodiversité et les corridors biologiques, la téléphoniemobile et son interdiction pour les <strong>en</strong>fants, la baisse des valeurs d’expositionaux ant<strong>en</strong>nes-relais, la restriction de la publ<strong>ici</strong>té, l’interdictionde la publ<strong>ici</strong>té pour les produits qui pouss<strong>en</strong>t à la consommationd’énergie, etc. Le docum<strong>en</strong>t est disponible auprès de Agir pour l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,97, rue Pelleport, 75020 Paris, tél : 01 40 31 02 37.■ Lyon : Contre-Gr<strong>en</strong>elle de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Alors que se préparele “Gr<strong>en</strong>elle de l’écologie”, l’association Casseurs de Pub et sa revueLa décroissance ont lancé un contre-Gr<strong>en</strong>elle de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t quise ti<strong>en</strong>dra à Lyon, le samedi 6 octobre, salle Victor-Hugo, 33, rueBossuet (Lyon 6 e ). Au programme, le matin : critique de la politiquespectacle et de l’écologie-alibi (avec Bruno Clém<strong>en</strong>tin et Sophie DivryLa Décroissance, Paul Ariès, Francine Bavay Alter Ekolo, G<strong>en</strong>evièveAzam Attac, Bernard Guibert Les Verts, R<strong>en</strong>é Balme…) ; l’aprèsmidi: les dossiers interdits à Gr<strong>en</strong>elle : les autoroutes (Juli<strong>en</strong>Milanesi), l’irradiation des alim<strong>en</strong>ts (Véronique Gallais,Action <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t), le nucléaire (Roland Desbordes,CRII-Rad), la normalisation au service de la grandeindustrie (Nelly Pégault, Nature&Progrès), les OGM(Jean-Dami<strong>en</strong> Terreaux, Confédération paysanne),l’idéologie des prix bas (Yann Fiévet, Action consommation),la grande distribution (Christian Jacquiau)et prés<strong>en</strong>tation de manière de réagir avec la désobéissancecivique (François Vaillant, Alternatives nonviol<strong>en</strong>tes)et l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t politique (Vinc<strong>en</strong>t Cheynet, LaDécroissance). R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts : www.contre-gr<strong>en</strong>elle.org.Casseurs de pubSILENCE N°350 Octobre 200747