OGMF R A N C E20 000hectaresde trop !Alors que les sem<strong>en</strong>ciers annonçai<strong>en</strong>tau printemps un objectifde 50 000 hectares d’OGM <strong>en</strong>France, le gouvernem<strong>en</strong>t n’<strong>en</strong>a rec<strong>en</strong>sé qu’<strong>en</strong>viron19 800 hectares. Selon le ministèrede l’Agriculture, deuxdépartem<strong>en</strong>ts, la Haute-Garonneet le Tarn-et-Garonne dépass<strong>en</strong>tles 2000 hectares. Les OGM sontsurtout conc<strong>en</strong>trés dans le sudouestde la France : Aquitaine,Midi-Pyrénées, Poitou-Char<strong>en</strong>tes,mais aussi Rhône-alpes et régionC<strong>en</strong>tre. En 2006, il n’y avaitqu’<strong>en</strong>viron 5000 hectares.Le gouvernem<strong>en</strong>tcherche à éviterle débatAprès un été où les OGMet les fauchages ont <strong>en</strong>coreoccupé largem<strong>en</strong>t les médias,le gouvernem<strong>en</strong>t essaie d’allumerdes contre-feux. Jean-LouisBorloo a annoncé qu’une loiserait soumise au Parlem<strong>en</strong>t,oubliant de dire qu’il y étaitobligé par la directive 2001/18de l’Union europé<strong>en</strong>ne, au risquede devoir poursuivre à payerd’importantes am<strong>en</strong>des.Il a égalem<strong>en</strong>t annoncé la créationd’une haute autorité sur lesOGM… sans doute pour remplacerla commission mise <strong>en</strong> placeprécédemm<strong>en</strong>t et totalem<strong>en</strong>t discréditéedu fait de ses li<strong>en</strong>s avecles sem<strong>en</strong>ciers. Au vu des problèmesde contamination actuelset de l’impossibilité de la coexist<strong>en</strong>ceavec d’autres cultures, seulela position du moratoire seraitune réponse appropriée permettant<strong>en</strong>fin d’ouvrir un débat <strong>en</strong>trepartisans (peu) et opposants(86 % de la population selonles sondages).Les régionsdemand<strong>en</strong>tun moratoireDans le cadre de la préparationdu Gr<strong>en</strong>elle de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,Jean-Jacques Queyranne, présid<strong>en</strong>tde la région Rhône-Alpes etcoordinateur de l’association desrégions de France, a annoncéle 3 septembre que les régionsdemand<strong>en</strong>t une quinzaine demesures… dont un moratoiresur les cultures d’OGM <strong>en</strong>plein champ.L’OGM, L’ADN et l’huissier(Conte moral)Quand vous êtes mal<strong>en</strong>contreusem<strong>en</strong>t arrêtés volontairem<strong>en</strong>t versMarmande dans un champ rempli d’OGM, pas forcem<strong>en</strong>t destomates, on vous déplace au tribunal <strong>en</strong> voiture bleue et on vous colletrois mois de sursis. Bon… c’est cher pour du maïs mais on ne fait pasde pop corn sans faucher…On peut aussi vous garder dans une luxueuse g<strong>en</strong>darmerie où un sci<strong>en</strong>tifiquevous <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d l’ADN, votre intime de vous-même, pour le donnerà regarder à Nicolas Sarkozy ou à un autre criminel du siècle, commeGeorges Bush, celui qui a congelé ses bébés <strong>en</strong> Irak. On peut aussi vousjuger comme ces “deux violeurs <strong>en</strong> série”B<strong>en</strong>jamin Deceunink ouBernard Coquelle et vous demander 500 € <strong>en</strong> repassant par la casedépart : Guantanamo ?Aussi on peut, comme c’est arrivé à Chantal Gascuel et PatriceGoutagny, deux truands notoires de La Confédération Paysanne <strong>en</strong>Auvergne, être auditionné par un juge qui voudrait vous coller « uneassociation de malfaiteurs » parce que vous vous prom<strong>en</strong>ez le dimanche<strong>en</strong> famille dans le milieu des champs de Biogemma. Certes une famillede 400, ça pr<strong>en</strong>d de la place pour le déjeuner ! Surtout le Parrain…On peut à la rigueur se constituer <strong>en</strong> un collectif nommé “Alerte OGM”et comme Nicol-Timoléon, le guerrier créole, un des personnages deChamoiseau <strong>en</strong>granger toutes les preuves qui vi<strong>en</strong>dront condamnerles véritables malfaiteurs dans quelques années.Enfin on peut comme c’est arrivé à Franck et Monique, des faucheursfauchés, de la célébrissime butte de Nonette se voir réclamer 5000misérables euros par les huissiers de Limagrain.On peut se faire garder comme José Bové qui ferait mieux de fairewouah à bord d’un deltaplane au-dessus d’une tribu africaine commeson confrère Nicolas Hulot qui remporte, lui au moins des suffrages,au lieu de neutraliser 2000 tonnes d’OGM <strong>en</strong> se faisant tirer dessus !En matière d’OGM, achetez tranquille, citoy<strong>en</strong>s, même l’UMP est contremaint<strong>en</strong>ant, on peut donc continuer à fréqu<strong>en</strong>ter les supermarchés,ils sont si jolis et si bi<strong>en</strong> éclairés… <strong>en</strong> ces temps d’obscurs d<strong>en</strong>tistes.Christophe GobyFaucheurs■ Ardèche : destruction nocturne. Un agriculteur de Lussasa retrouvé son champ de maïs OGM, 1,7 ha, <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t détruitle 9 août au matin. L’action n’a pas été rev<strong>en</strong>diquée. Une affichettelaissée sur place comportait la citation du chef indi<strong>en</strong> Sitting Bull :“La terre n’apparti<strong>en</strong>t pas à l’homme, c’est l’homme qui apparti<strong>en</strong>tà la terre”.■ Ariège : manifestations pro-OGM. <strong>en</strong>viron 250 agriculteursont manifesté à Saverdun,le 11 août, pour protester contre la t<strong>en</strong>ued’une réunion des Faucheurs volontaires. Pro et antisont restés à distance. Une banderole côté prodisait : “Faucher est illégal, cultiver est légal”.Certes. Mais la loi ne représ<strong>en</strong>te pas toujoursl’intérêt général et seule la désobéissance peut lafaire changer. Rappelons que plus de 4 Françaissur 5 sont contre la culture des OGM, et quec’est égalem<strong>en</strong>t le cas de 2 agriculteurs sur 3.■ Hérault : deuxième passage. Les faucheursvolontaires avai<strong>en</strong>t symboliquem<strong>en</strong>t arraché un piedde maïs le 5 août dernier dans un champ de Murviel-lès-Béziers. Le 16 août, le propriétaire du champ de deux hectaresa constaté que son champ avait été <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t piétiné.■ Eure-et-Loir : soixante personnes convoquées. Le samedi18 août, une soixantaine de faucheurs volontaires ont détruit uneparcelle de maïs OGM à Janville puis ont r<strong>en</strong>du publics leurs noms.La parcelle apparti<strong>en</strong>t à Monsanto. Ils ont été convoqués àla g<strong>en</strong>darmerie pour d’év<strong>en</strong>tuelles poursuites. Dans les soixante, oncomptait au moins cinq militants déjà condamnés dont DominiquePlancke, conseiller régional Vert du Nord-Pas-de-Calais.Les faucheurs ont dénoncé le projet de Gr<strong>en</strong>elle de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tqui ne fait pas des OGM un sujet de discussion.P-E WeckJacques Boutault, maire du 2 e arrondissem<strong>en</strong>t de Paris, souti<strong>en</strong>t GillesLemaire, m<strong>en</strong>acé d’expulsion après une condamnation pour fauchage OGM.P Y R É N É E S -A T L A N T I Q U E SParcelles biosabotéesAvec le financem<strong>en</strong>t de la régionAquitaine, les organisations del’agriculture biologique avai<strong>en</strong>tmis <strong>en</strong> place deux parcelles expérim<strong>en</strong>talesavec de nombreusesvariétés de maïs bio pour pouvoir<strong>en</strong>suite mesurer une év<strong>en</strong>tuellepollution par les poll<strong>en</strong>s de maïsOGM. Fin juillet, l’agriculteurchez qui se font les expérim<strong>en</strong>tations,a découvert qu’un produitherb<strong>ici</strong>de a été déversé sur lesparcelles tuant les plants de maïs.A I NChamp broyéLes Faucheurs volontaires ont étédevancés à Faramans dans l’Ain.Fin juillet, ils ont découvert quela parcelle d’essais de Monsantoavait été détruite avant la floraisondu maïs. Il s’avère que c’estla firme elle-même qui a procédéà la destruction de l’essai. Onpeut se demander pourquoi ?SILENCE N°350 Octobre 200740
Maraîchage bio et travail coopératifSur le perrondes ailleursFrançois Blanchard fut mus<strong>ici</strong><strong>en</strong> (1)et Karine Foussier, responsable,militante, présid<strong>en</strong>te ou perman<strong>en</strong>terégionale au sein de la MRJC(Mouvem<strong>en</strong>t rural de la jeunesse chréti<strong>en</strong>ne),<strong>en</strong> Poitou-Char<strong>en</strong>tes. Ils sontinstallés sur la propriété des aïeux deFrançois, à 14 km de Chinon, depuis1999 pour celui-ci, un peu plus récemm<strong>en</strong>tpour elle. Après une formation agricoleet un travail sur la propriété avec lesouvriers, François démarre <strong>en</strong> 2003, surtrois hectares seulem<strong>en</strong>t, une productiond’un vin bio. Ici, les v<strong>en</strong>danges sont collectives,les travaux quasi-exclusivem<strong>en</strong>tmanuels ; et rapidem<strong>en</strong>t des g<strong>en</strong>s pass<strong>en</strong>t,vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ou s’install<strong>en</strong>t.Des échanges, des trocs, des coups demain se développ<strong>en</strong>t. Pour les v<strong>en</strong>danges2005, Lucy Carolan et Richard Glynnsont là pour un mois. Ces deux photographesde Darlington (Grande-Bretagne), travaillant avec de vieux appareilset des techniquespremières, profiteront deleur séjour pour photographierla vigne, les outils, lanature et l’équipe de v<strong>en</strong>dangeurs.Ce travail feral’objet d’une exposition(maraîchage bio, travailcoopératif) dans un restaurantbio et végétari<strong>en</strong> avecgalerie et atelier dans leur ville. En avril2006, François et Karine sont invités làbaspour parler de ce qu’ils font et visiterune ferme bio avec un café <strong>en</strong> son sein.Matthieu Barbaroux“Tout cequ’on rechercheailleurs, onl’a peut-être <strong>ici</strong>”dira François lors d’un tourdu domaine.Des arts au-delà du vinIl y a une énergie volontaire, un parfumde rêve, une att<strong>en</strong>tion, une s<strong>en</strong>sibilité,une ouverture <strong>ici</strong>. Ainsi, c’est le souv<strong>en</strong>irde l’ébulliomètre de son grand-père,ce vieil instrum<strong>en</strong>t à mesurer le degré duvin qui danse <strong>en</strong>core devantles yeux de François etl’am<strong>en</strong>a à repr<strong>en</strong>dre lesvignes. A y ajouter d’autreschoses aussi comme les artsqui sont rapidem<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>usaccompagner les métiers duvin.Le bénévolat interdit(assimilé au travail au noir,à la concurr<strong>en</strong>ce déloyale dans le milieumarchand), l’association Grum’Eau d’Terreoffre, via un cahier d’émargem<strong>en</strong>t à remplirpar les bénévoles, l’assurance de responsabilitécivile et off<strong>ici</strong>alise malgré toutce système collectif, cet échange autourdu faire. Une conv<strong>en</strong>tion de part<strong>en</strong>ariatlie l’association au producteur de vin etm<strong>en</strong>tionne comme objet la découverte etla pratique des v<strong>en</strong>danges à l’anci<strong>en</strong>ne(foulage du raisin au pied, égrappageavec égrappoire <strong>en</strong> osier, tri à la main,vieux pressoir…).Cette volonté d’un travail doux et soignése trouve <strong>en</strong>core r<strong>en</strong>forcée par l’investissem<strong>en</strong>tdes g<strong>en</strong>s et des ami-e-s curieux,passionnés ou volontaires. Desuite, des activités différ<strong>en</strong>tes voi<strong>en</strong>t lejour comme cet atelier de fabrication debarrière de gâtine ou tel groupe ayantchoisi l’appr<strong>en</strong>tissage des techniques etsavoir-faire anci<strong>en</strong>s. Et des projets suiv<strong>en</strong>t.On imagine une salle café-concertafin que l’artistique de qualité s’épanouisse<strong>en</strong> milieu rural, un parcours pédagogiquesur les vertus des plantes ou les insectes,un jardin bio et table d’hôte oùl’hôte est acteur et non passif, un marchébuissonnier des produits bio mais ausside la presse alternative, des arts et artisanats…Alors François et Karine réaliserontilsce rêve : imaginer <strong>en</strong>semble un lieu dedécouverte des tal<strong>en</strong>ts, un espace de r<strong>en</strong>contreet d’<strong>en</strong>traide où les g<strong>en</strong>s trouv<strong>en</strong>tdes réponses, des questions et dessavoirs ? Mais… allez-y voir !Matthieu Barbaroux ■François Blanchard et Karine Foussier,Château du Perron, 37120 Lémeré, tél : 02 47 95 7526, www.francois-blanchard.com.Association Grum’Eau d’Terre, La Forge à fer,79200 La Peyratte.(1) Joueur de basse, improvisation jazz, styleBernard Lubat ou André Minvielle.Matthieu BarbarouxSILENCE N°350 Octobre 200741