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21.07.2015 Views

Décroissance, côté femmesLa questiondu féminismeFarine

Le plus souvent, dans les activitéssociales et culturelles auxquelleselles participent, les femmes importentles préoccupations qui leur sontaujourd’hui déléguées dans l’espace privé.Il en va de même pour ce qui est majoritairementleurs activités politiques : ellesdeviennent responsables dans les domainesde l’enfance, de l’éducation, de lasanté…Cela se vérifie aussi dans la mouvancede l’objection de croissance : les femmessont plus nombreuses à mettre en routedes ateliers de cuisine, de cosmétique oude santé alternatives que de mécaniqueou de philosophie.Autrefoisle domestique étaitdavantage publicIl se trouve que la colonisation del’espace domestique a été décisive pourl’essor du capitalisme industriel, et celade deux manières : en dévalorisant lesproductions traditionnelles des ménagespar la publicité pour un idéal de vie“bourgeois” (pain blanc et villa de banlieue,etc. etc.) et en promouvant partoutl’avis des experts (médecins, éducateursou services sociaux) contre le bon sens etla transmission familiales. Ce sont surtoutdes activités féminines qui ont étédévalorisées par le capitalisme industrielet les femmes, confinées dans leursfoyers, ont perdu une bonne part de leurinfluence dans l’espace public, celle quepermettaient les activités extérieures (seprocurer chaque jour des produits frais,laver au lavoir), mais aussi la mixité socialeet la domesticité dans les quartiersde pleine ville.Le rapportmasculin-féminindemeure hiérarchiséLa plupart des objecteurs de croissancedénoncent très justement l’illusiondu progressisme qui consiste à concevoirle Progrès comme le sens prédéterminéde l’Histoire. Cependant, la visée d’une sociétéenfin soutenable, humainementet écologiquement, va de pair avec certainsprogrès. En est-il qui concernent les femmes ?Nous devons être conscients que cettevalorisation publique traditionnelle desactivités “féminines” se faisait dans lecadre de la hiérarchie symbolique quiprévaut dans toute l’humanité et estampillecomme supérieur ou préférable cequi est masculin. La plupart de nosconcepts ont un versant féminin et unautre masculin (grand-petit, raide-mou,sec-humide, etc.). Les activités desfemmes étaient autrefois davantage publiquesmais toujours valorisées de façonsubalterne par rapport aux activités masculines.C’est ce qui fait qu’aujourd’huiencore, les femmes les plus aisées et a fortioriles hommes cherchent toujours àéviter les activités domestiques en employantdu personnel de maison ou endéléguant à des entreprises de service. Demême, une place égale des femmes restedifficile à obtenir dans le domaine considérécomme supérieur et célébré commetel, celui des activités symboliques telsque les actes et les représentations religieuses,politiques ou artistiques, les récitshistoriques, la pensée philosophiqueet la recherche scientifique, a fortiorilorsque ces activités concernent des pouvoirspublics : l’industrie, la finance oul’État.Le rôle civilisateur desactivités domestiquesest rabaissépar l’économieLes femmes se trouvent au cœur del’injustice qui permet la prospérité duCapital. À l’échelle de la planète, c’estmajoritairement sur le travail non salariéet peu valorisé des femmes que repose lareproduction d’une force de travail masculineou féminine qui se vend au rabaisdans les entreprises. Les femmes nourrissent,nettoient, reposent…C’est seulement dans les pays oùbeaucoup de femmes sont salariéesqu’une partie de ces tâches est prise encharge par des structures (cantines,crèches, maisons de retraite, etc.) qui,parce qu’elles sont peu “rentables”, peinentà obtenir la part des richesses produitesqui leur permettrait de fonctionnercorrectement. Les soins aux enfants ouaux personnes âgées sont toujours peuvalorisés, à la fois d’avoir toujours été assuméspar les femmes dans un contextesymbolique qui les place en position subalterne(position qu’elles conserventdans le salariat), et du fait que la dominationdes impératifs économiques que lecapitalisme impose par les manipulationspublicitaires nous empêche de penserphilosophiquement et politiquementl’importance civilisatrice de ces tâches.S'appuyersur l’éducationet le partageintergénérationnelCette importance, les objecteurs decroissance sont bien placés pour l’estimerà sa juste mesure : nous savons combienl’éducation de nos enfants est déterminantepour un avenir durable et juste del’humanité, et combien l’école peine àassurer sa mission alors que sévit la pestepublicitaire, basée sur une pensée binaireet la transgression mimée de tous lesinterdits. De plus, l’éducation, c’est bienplus que les apprentissages disciplinairesauxquels la logique consommatrice etclientéliste tend aujourd’hui à réduirel’offre scolaire.SILENCE N°350 Octobre 20075

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