SociétéTéléopérateursUn métierdangereuxIls sont jeunes et font de laprospection commerciale partéléphone. Ils se font rabrouerpar des personnes excédées d’êtredérangées pour de la publ<strong>ici</strong>té.Une étude de l’université Lyon-1,portant sur 2130 salariés dusecteur (72 % de femmes)montre que 36 % souffr<strong>en</strong>t d’unétat de détresse psychologique et20 % pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des anxiolytiquesou des antidépresseurs.Le nombre d’arrêts de travaildans cette profession estsupérieur à la moy<strong>en</strong>ne :60 % des salariés ont au moinsun arrêt de travail dans l’annéeprécéd<strong>en</strong>te. Peu de chancesque ces personnes cherch<strong>en</strong>tà travailler plus !Informatiqueet dép<strong>en</strong>dancevolontaireDes collectifs d’associationspubli<strong>en</strong>t de l’information sur lesrisques que nous font courir l’informatisationde plus <strong>en</strong> plusd’activités : carte vitale pour lasanté, vote électronique, puçagedes animaux et bi<strong>en</strong>tôt des<strong>en</strong>fants, surveillance par Internet,caméras de vidéo-surveillance…Là où cela devi<strong>en</strong>t surréaliste,c’est lorsque l’on cherche à r<strong>en</strong>contrerces collectifs… qui, pourla plupart, ne communiqu<strong>en</strong>t quepar Internet. Schizophrénie assuréesur le site des “Big BrotherAwards” qui vous averti qu’avantde les contacter, il faut avoirconsci<strong>en</strong>ce que le courriel passepar différ<strong>en</strong>ts serveurs où il peutdonc être lu ! Mais le site nedonne aucun autre moy<strong>en</strong> decorrespondre ! Les auteurs deces sites devrai<strong>en</strong>t relire le texted’Eti<strong>en</strong>ne de la Boétie intituléDiscours de la servitude volontaire,datant de 1576, aujourd’huidisponible sur Internet ! En résumé: pour qu’un tyran domine unpeuple, il faut que le peupleaccepte d’être dominé.■ Acis Vipi, 9, route deToulouse, 31180 Castelmaurou.■ Souriez, vous êtes filmés,http://souriez.info■ Big Brother Awards,http://bigbrotherawards.eu.orgP A R I SCrise du logem<strong>en</strong>tLa mairie de Paris a passé unaccord avec le Crédit Mutuel etCIC, propriétaires de l’immeubleoccupé par le Ministère de lacrise du logem<strong>en</strong>t : l’immeubleracheté accueillera prochainem<strong>en</strong>t21 logem<strong>en</strong>ts sociaux.Europe d’extrême-sudAprès avoir r<strong>en</strong>forcé p<strong>en</strong>dant des années la surveillance de nos côtesméditerrané<strong>en</strong>nes pour éviter d’être <strong>en</strong>vahie par “toute la misèredu monde”, l’Europe est maint<strong>en</strong>ant abordée sur son flanc : les bateauxde réfugiés arriv<strong>en</strong>t aux îles Canaries qui, bi<strong>en</strong> qu’espagnoles, sont aularge du Maroc. Frontex, l’ag<strong>en</strong>ce europé<strong>en</strong>ne chargée de “la coopérationinternationale au niveau des frontières” a mis <strong>en</strong> place avec laFrance, l’Italie, l’Espagne et le Luxembourg, une flotte de 116 navires,27 hélicoptères et21 avions qui patrouill<strong>en</strong>t,off<strong>ici</strong>ellem<strong>en</strong>t pour aiderles bateaux <strong>en</strong> perdition,dans les eaux internationales…jusqu’au largedu Sénégal. Comme quoi,l’Europe s’est s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>tagrandie versle Sud.DRLa carte Orange est une carte associéeà un coupon (au même formatqu’un ticket de métro) sur lequel ily a une bande magnétique. Le coupon estvalable une semaine ou un mois. Quandon monte dans le métro, le RER ou lebus, le composteur lit le numéro <strong>en</strong>registrésur la bande magnétique du coupon.Il est donc possible de retracer le cheminparcouru par une carte Orange, de pointde compostage <strong>en</strong> point de compostage.Mais il y a des limites :• L’usager sait quand le numéro de sacarte est lu : quand il met lui-même soncoupon dans le composteur.• Le numéro d’une carte Orange ne peutêtre lu qu’aux points de compostage, oupar un contrôleur équipé d’un lecteur decarte portatif.• Les coupons étant valables p<strong>en</strong>dant aumaximum un mois, il n’est possible depister le coupon d’une carte Orange quep<strong>en</strong>dant au maximum un mois (ce qui estdéjà long). Ensuite l’usager va acheter unautre coupon pour le mois suivant, doncavec un autre numéro.• Il n’est pas nécessaire de donner unequelconque information personnellepour acheter une carte Orange.Le passe Navigo est une carte danslaquelle est insérée une puce RFID, systèmequi permet que la carte soit lue à distance.Pour valider le passe Navigo il suffitde l’approcher de la machine à composter,cette machine lit le numéro de lapuce et fait un « ting » pour informerl’usager que son passe est validé. Il n’estpas nécessaire de sortir son passe de sapoche ou de son sac : les machines à composterarriv<strong>en</strong>t à lire les passes Navigojusqu’à une distance d’<strong>en</strong>viron 10 cm.Contrôles à distanceMais le passe Navigo n’est pas r<strong>en</strong>ouvelétous les mois. Il est associé à uncompte à la RATP, et régulièrem<strong>en</strong>t il faut« recharger son passe Navigo », c’est-àdirequ’on paie pour une nouvelle période,ce qui valide le compte associé aupasse. Le passe (et donc la puce qu’ilconti<strong>en</strong>t) n’étant pas changé, il est techniquem<strong>en</strong>tpossible de retracer le cheminparcouru par un passe p<strong>en</strong>dant beaucoupplus longtemps.De plus, pour avoir un passe il fautdonner beaucoup d’informations personnelles: sexe, nom, prénom, date de naissance,adresse postale complète, photo,DRSILENCE N°350 Octobre 200738
ContrôlePasse Navigo et vie privéeDepuis plusieurs mois la RATP, à Paris, fait une forte pressionsur ses abonnés pour qu’ils pass<strong>en</strong>t de la carte Orange au passe Navigo (1).Ce passage pourrait sembler anodin, mais il y a des différ<strong>en</strong>ces techniques<strong>en</strong>tre ces deux systèmes d’abonnem<strong>en</strong>t.Passe DécouverteAlors que nous bouclons cet article, débutseptembre, la RATP annonce le lancem<strong>en</strong>t d’unpasse Découverte fonctionnant comme le passeNavigo, mais non nominatif… pour un coût annuelsupplém<strong>en</strong>taire de 5 euros. Il semble que cela soitsuite à une réaction de la CNIL, Commission nationaleinformatique et liberté, que la RATP aitmis <strong>en</strong> place cette nouvelle formule.signature et, facultatif, téléphone fixe, téléphoneportable, courriel. La prés<strong>en</strong>tationdu formulaire permet de compr<strong>en</strong>drequ’il va faire l’objet d’une saisie informatiqueautomatisée. La photo est scannéeet imprimée sur le passe.Une puce RFID étant lisible par toutesorte de lecteurs, techniquem<strong>en</strong>t, ri<strong>en</strong>n’empêcherait de faire des détecteurs capablesde lire les passes Navigo à plusieursmètres de distance.Donc il est techniquem<strong>en</strong>t possible desuivre le chemin d’un passe Navigo p<strong>en</strong>dantdes durées beaucoup plus longuesqu’un mois, avec des points d’<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>tqui ne sont pas nécessairem<strong>en</strong>t lespoints de compostage et d’associer toutcela immédiatem<strong>en</strong>t à l’id<strong>en</strong>tité, l’adresseet la photo du porteur du passe.La RATP argum<strong>en</strong>te que tout cela estfait pour faciliter les statistiques de fréqu<strong>en</strong>tation,et que les données personnelles(lieux et heures de passage) ainsicollectées ne sont pas communiquées àdes tiers et sont effacées au bout de 8jours. C’est certainem<strong>en</strong>t vrai actuellem<strong>en</strong>t.Dérives possiblesEn 1996, Jean-Pierre Chevènem<strong>en</strong>t acréé le STIC, un fichier dans lequel sontinscrites toutes les personnes qui ont été<strong>en</strong> contact avec la police, même si ellesn’ont pas été <strong>en</strong>suite condamnées oupoursuivies (actuellem<strong>en</strong>t 22 millions depersonnes sont fichées). A l’époque leSTIC devait être un fichier utilisé par lespol<strong>ici</strong>ers. Depuis, Nicolas Sarkozy estpassé par là, la loi a été changée, et maint<strong>en</strong>antle STIC est égalem<strong>en</strong>t consultablepar les administrations, notamm<strong>en</strong>t auniveau scolaire ou universitaire (2).Pour <strong>en</strong> rev<strong>en</strong>ir au passe Navigo, imaginonsque dans quelques années ce passesoit très répandu et que tout le monde s’ysoit habitué. Sous prétexte d’améliorer sesstatistiques de fréqu<strong>en</strong>tation et de permettred’adapter <strong>en</strong> temps réel le nombrede trains au nombre de personnes qui att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tsur le quai, la RATP pourrait installerdes détecteurs un peu partout dansles couloirs des stations de métro, à l’<strong>en</strong>tréedes quais, etc.Imaginons maint<strong>en</strong>ant qu’arriv<strong>en</strong>t deslois obligeant la RATP à signaler immédiatem<strong>en</strong>tà la police l’heure, le lieu et les<strong>en</strong>s de passage des personnes figurantsur une liste de personnes recherchées !Imaginons qu’arriv<strong>en</strong>t des lois permettantaux pol<strong>ici</strong>ers d’être équipes delecteurs de passe Navigo portatifs etd’avoir accès <strong>en</strong> temps réel au fichier de laRATP qui permet de retrouver l’id<strong>en</strong>tité etla photo des porteurs des passes (très efficacedans une manifestation parexemple) !Imaginons qu’arrive une loi obligeantla RATP à conserver les données de fréqu<strong>en</strong>tationp<strong>en</strong>dant plus longtemps que 8jours et à fournir ces données à la justice<strong>en</strong> cas de demande (comme c’est déjà lecas pour les téléphones portables, les cartesbleues et les connexions à internet) !Imaginons <strong>en</strong>fin qu’arriv<strong>en</strong>t des loispermettant l’installation de lecteurs depasses dans des lieux publics divers...Et il reste aussi l’év<strong>en</strong>tualité que les fichiersinformatiques de la RATP soi<strong>en</strong>tpiratés et que des petits malins profit<strong>en</strong>tainsi de toutes ces données personnellessans y avoir été invités.Le passe Navigo n’est sans doutequ’un étape pour habituer les g<strong>en</strong>s àtoutes ces pratiques avant d’intégrer latechnologie RFID à la carte d’id<strong>en</strong>tité (3).En conclusion, la technologie RFIDest déjà très peu compatible avec le respectde la vie privée, et le fait d’y associerainsi un fichier informatique regroupantautant d’informations personnelles est révoltant.Michael Herinx ■(1) Il y avait notamm<strong>en</strong>t un stand RATP pour cela ausalon Marjolaine <strong>en</strong> novembre 2006.(2) Confér<strong>en</strong>ce « Société et alim<strong>en</strong>tation sous surveillance: gare à la dérive sécuritaire » lors du salonMarjolaine 2006, interv<strong>en</strong>ant : Gilles Sainati.(3) Voir S!l<strong>en</strong>ce n° 329, p. 7.SILENCE N°350 Octobre 200739