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UrbanismeDepuis longtemps, les villes onttendance à concentrer le logementsocial dans quelques zones biendensifiées. Même si ceci permet aux servicessociaux d’apporter des aides de manière“efficace” moins éparpillée, et malgréle fait que ce regroupement permetpeut-être dans certains cas aux démunisde mieux organiser leur vie associative etaux communautés culturelles défavoriséesd’établir des centres de culture forts,cela pose aussi beaucoup de problèmes.En gros, densification plus concentrationdes logements sociaux = ghettos avecregroupement dans les mêmes écoles desenfants des familles des milieux socioéconomiquesles plus fragiles et doncavec les plus de difficultés financières, leniveau d’éducation le plus bas, et tous lesproblèmes que ceci entraîne pour cesRaser les banlieues?Un récent article (1) a raison de souligner le faitque c’est plus la pauvreté que la densité del’habitat qui rend ces endroits parfois difficilesà vivre et que la destruction représenteun gaspillage considérable d’énergie.Il me semble toutefois qu’il y a bien d’autresfacteurs à considérer dans les décisionsde détruire ou pas selon les urbanistes queje connais et suivant mon expérience d’enfantdu ghetto d’une ville moyenne des Etats-Unis.enfants... et pour les écoles qu’ils fréquentent.Les habitants de ces quartiers subissentla délinquance de ceux qui, dans leurpauvreté, cherchent des façons pour s’ensortir, ils subissent les dégradations desrévoltés, ils subissent les rackets et la loidu silence de ceux qui parviennent à ycréer leur propre domination sur lesdominés. Les enfants finissent par imiterdes comportements de ces dominateursafin de survivre et de se faire intégrer dansce microcosme... comportements qui leurnuiront à l’extérieur.DRL’immeuble “V6” à Vaux-en Velin, Rhône.Mixité socialeet qualité de vieSi démolition il y a, il faudrait, lorsdes reconstructions, une loi très contraignantequi stipule que chaque rue dechaque quartier de chaque ville de chaqueagglomération doit porter sa part de logementssociaux afin de créer une véritablesociété mixte sans possibilité d’y échapperpar le paiement d’amendes ou autressubterfuges des classes dominantes qui neveulent pas vivre avec les “autres.” Sinon,on ne fera que reproduire l’exclusion.Une deuxième considération, c’estque ces ensembles ont tendance à êtrepeu écologiques dans leur conception etgestion (vide-ordures sans tri, isolationmurs et fenêtres minimale, chauffageélectrique parfois, pas de récupérationdes eaux de pluie, absence de gaz de ville,aucune utilisation de l’énergie solaire passiveni de chauffe-eau solaire...) ce qui nefait qu’empirer la pauvreté. Toute futureconstruction devrait être aux normesHQE au minimum et PassivHaus (voirpage 34 du numéro 346 également) depréférence.Troisièmement, les sociologues ontconstaté que les gens finissent par trouver“beau” et “agréable” l’environnement deleur enfance et que ces grands ensemblesles programment donc pour préférer lebéton à la verdure. Mieux vaudrait déconditionnerles gens par la constructiond’ensembles moins gigantesques avec verdureet un soin de l’esthétique bien plusdéveloppé.SILENCE N°350 Octobre 200737Un quatrième aspect qui est à évoquer,c’est que les urbanistes ont constatéque des caractéristiques de certainsgrands ensembles facilitent les dégradations: un accès à trop d’appartements àpartir d’une seule entrée conduit à l’anonymat,l’absence d’appartements avec desjardins “privés” et des fenêtres qui donnentsur l’environnement au rez-dechausséegénère une attitude d’indifférenceenvers le traitement de l’environnementimmédiat par des passants, l’absencede zones commerciales réduit le passagedes piétons et donc la surveillance dece qui se passe dans la rue, et une multitudede passerelles en hauteur et de structureslabyrinthiques donnent une possibilitéaux délinquants de fuir facilementsans être interpellés. Il s’agit de sensibiliserarchitectes, urbanistes et décideurs aufait qu’il ne suffit pas de dépenser : il fautaussi réfléchir afin d’éviter ces pièges.Enfin, après tout cet effort à faire surl’urbanisme, la pauvreté demeure, biensûr, mais sans que l’urbanisme contribueà l’exacerber, et avec une intégration géographiquequi faciliterait moins d’inégalitésociale devant la carte scolaire, uneémulation des comportements de réussite(même si l’on peut se poser bien des questionssur ce que c’est la réussite...), et unesociété qui n’évacue pas, mais entoure sesmembres en difficulté.Gregg West ■(1) Voir S!lence n° 346 “Faut-il raser les banlieues ?”,de Michel Bernard.