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... Autre passage <strong>en</strong>core moins connuAdam est mort à la sortie de l’Ed<strong>en</strong> et Eve est effondrée.Alors Dieu lui dit :“ Je vais te donner un autre Adam aussi beau que le premier... Seulem<strong>en</strong>t voilà,pour le créer, j’ai besoin que tu me donnesune de tes côtes.- Une côte ? ... Je ne pourrais pas l’avoir pour une natte ?”Merci, mais c’est trop !Nous aussi, nous sommes capablesd’inv<strong>en</strong>ter des critères. Allons, les filles,peaufinons une nouvelle beauté masculine!Eux aussi sont des paysages, monts etvallées, forêts et sources...Si nous réussissons à convaincre noshommes qu’ils sont beaux sans avoir besoind’exhiber des muscles, ils serontmieux dans leur peau.Hommes et femmes se modèl<strong>en</strong>t mutuellem<strong>en</strong>t.Les hommes ont conquis le droitd’exprimer de mille façons leur admirationpour les femmes.Et nous, aurons-nous assez de générositéet de tranquille assurance pour dir<strong>en</strong>otre admiration pour les hommes qui sebatt<strong>en</strong>t avec nous pour un mondemeilleur ?Ils cherch<strong>en</strong>t leur dignité ailleurs quedans les attributs masculins, orgueil desmachos ; c’est bi<strong>en</strong>, mais ce n’est pas uneraison pour traiter maint<strong>en</strong>ant par le méprisces attributs !Des rôles différ<strong>en</strong>ts,une égale dignitéJ’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds : l’admiration c’est bi<strong>en</strong>beau mais c’est kikiparle <strong>en</strong> public et kikifaitle ménage ?Si la femme est surchargée de travail,ce n’est pas forcém<strong>en</strong>t de la faute de soncompagnon. La machine économiques’emballe et nous affole tous.Il y a aussi, ne le nions pas, desfemmes insatiables à qui tout est dû.Je voudrais que mes jeunes sœurs dis<strong>en</strong>tà leur compagnon “mais non, je neveux pas de richesses, mais non, je n’aipas besoin que tu fasses des prouesses. Tues beau dans ta faiblesse comme dans taforce.” Qu’elles valoris<strong>en</strong>t le travail accompliet qu’elles valoris<strong>en</strong>t aussi le repos.Voilà une bonne <strong>en</strong>trée dans la décroissance!Cela ne désamorce pas <strong>en</strong>core les rev<strong>en</strong>dicationssur le partage des tâchesmais l’éclairage change.DRC’est normal que nous ne fassions pasles mêmes choses : nous sommes différ<strong>en</strong>tsquant aux forces, aux rythmes, etc.Il n’est pas sûr que nous soyons autantlésées que le dis<strong>en</strong>t les féministes rev<strong>en</strong>dicatrices: peu de femmes au cœurdes c<strong>en</strong>trales, au marteau piqueur, à la déchetterie...Merci Messieurs de pr<strong>en</strong>dreles travaux les plus pénibles mais ce n’estpas juste que vous y laissiez la santé : c’estaussi notre souci de vous <strong>en</strong> libérer !Autrem<strong>en</strong>t, c’est plutôt lui qui pr<strong>en</strong>dla parole <strong>en</strong> public ? Merci de m’épargnerce stress, je préfère coller les <strong>en</strong>veloppes.C’est lui qui conduit la valse ?Comme c’est reposant et dynamisant dese caler sur son rythme !La plupart des femmes sont commemoi et les hommes non plus ne dispos<strong>en</strong>tpas à tout mom<strong>en</strong>t de l’énergie qu’il fautpour impulser, coordonner, représ<strong>en</strong>terun grand mouvem<strong>en</strong>t. Nous préféronsalors l’arrière plan : nuancer, ajuster,transmettre, rapprocher...La “parité” laisse intacte la conc<strong>en</strong>trationdes pouvoirs. Et il faudrait que lesfemmes boug<strong>en</strong>t pour <strong>en</strong>trer dans ce jeu ?Après l’effet de nouveauté (toute relative),on s’apercevra que le pouvoirconc<strong>en</strong>tré a sur elles les mêmes effets ravageurs.Je préfère me bouger pour qu’onaccède tous de plein droit à la dignité,qu’on soit dans l’ombre ou sous les projecteurs.Il y a, pour des raisons à la fois biologiqueset culturelles, moins de femmesque d’hommes capables d’assurer le premierrôle ? Ce n’est pas un drame tantque la situation reste fluide et contrôlée.Pourquoi alors est-ce vécu par certainescomme une frustration ? Parce quel’arg<strong>en</strong>t et les honneurs vont à ceux quiguid<strong>en</strong>t, alors que les seconds rôles, quidemand<strong>en</strong>t autant de tal<strong>en</strong>t, sont sousévalués.C’est l’ inégalité des salaires etdes honneurs qui aiguillonne la compétitionet fausse tout !Cassons la rivalité !La frustration, c’est le nerf du capitalisme.Pactisons au lieu de rivaliser,mieux : pr<strong>en</strong>ons fait et cause pour lecamp “adverse”! Je parie que tu as cru,lecteur, lectrice, que le titre “générositémasculine” était du second degré. Ehbi<strong>en</strong> non ! Je p<strong>en</strong>se que les femmes doiv<strong>en</strong>treconnaître ce que leur donn<strong>en</strong>t leshommes. Il n’est pas question de direqu’ils sont parfaits (le sommes- nous ?)mais simplem<strong>en</strong>t de se souv<strong>en</strong>ir qu’on aplus de chances d’être perfectible quandon est aimé. C’est à la fois notre plaisir etnotre responsabilité.Françoise Chanial ■13SILENCE N°350 N°349 Septembre Octobre 2007