Habitat groupéEn plus de l’aspect communautaire, les logem<strong>en</strong>tsconstruits par La Ciguë doiv<strong>en</strong>t aussirépondre aux principes de la coopérative sur l’écologieet la facilitation du li<strong>en</strong> social. Salles communes,panneaux solaires, local à vélo, bassin derécupération de l’eau de pluie, chauffage à pelletsde bois, on cherche le bi<strong>en</strong> vivre et l’économie desressources. Et quand <strong>en</strong> séance de commission l’architectedemande quelles normes il faut rechercher: Minergie Eco ? Minergie P ? "Les normes ?",répond Sébasti<strong>en</strong>, "Pourquoi ne pas chercher àaller au-delà ? Pourquoi ne pas dev<strong>en</strong>ir pionnier ?"Embûches administrativesLa part<strong>ici</strong>pation des étudiants permet d’abattreun certain nombre de barrières traditionnelles, dese laisser aller à la création et à l’imagination. Maisle principe progressiste d’une coopérative de logem<strong>en</strong>tmode « étudiant » reste peu conv<strong>en</strong>tionnel.A cause de cela, La Ciguë doit régulièrem<strong>en</strong>t faireface à des difficultés dans ses relations avec unepolitique administrative du logem<strong>en</strong>t guère adaptéeà son fonctionnem<strong>en</strong>t. La liberté de La Ciguë setermine là où comm<strong>en</strong>ce celle du droit. Et celui dulogem<strong>en</strong>t se montre adapté au modèle de la familletraditionnelle mais pas aux colocations éphémères.La différ<strong>en</strong>ce, c’est que les coopérateurs ser<strong>en</strong>ouvell<strong>en</strong>t fréquemm<strong>en</strong>t au sein de La Ciguë. Unhabitant reste <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne <strong>en</strong>tre deux ou trois ans,sur une durée maximum de cinq ans. En conséqu<strong>en</strong>ce,chaque habitant dispose d’un contrat debail portant sur sa chambre et non sur l’appartem<strong>en</strong>tlui-même. Une complication qui occasionnedes coûts administratifs plus nombreux et qui necorrespond<strong>en</strong>t pas aux barèmes standards de laville qui définiss<strong>en</strong>t le cadre légal des régies. Lacoopérative est pourtant dép<strong>en</strong>dante de ce cadreadministratif, de par les subv<strong>en</strong>tions qu’elle tire dela ville et du canton pour ses logem<strong>en</strong>ts subv<strong>en</strong>tionnéset les droits de superf<strong>ici</strong>e de ses logem<strong>en</strong>ts.A cela s’ajout<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core d’autres complications,notamm<strong>en</strong>t dans les cas de retards de loyers et lespossibilités pour y faire face.Reste que, à bi<strong>en</strong>tôt 25 ans d’exist<strong>en</strong>ce, lemodèle a largem<strong>en</strong>t démontré sa viabilité et a faitle bonheur de nombreuses générations d’étudiants,leur offrant une belle possibilité de se loger avecdes loyers stables et bon marché… dans uneambiance décontractée et conviviale.Vinc<strong>en</strong>t Gerber ■Pour commander un anci<strong>en</strong> numéroCochez le(s) numéro(s) désiré(s).Faites le total (4,60 € l'exemplaire).Ajouter les frais de port (2 € pour un ex.,3 € pour 2 ex., 4 € pour 3 ex. et plus).Indiquez le total de votre règlem<strong>en</strong>t :Seuls ces numéros sont disponibles.Ils sont à commander àSil<strong>en</strong>ce, 9 rue Dum<strong>en</strong>ge, 69317 Lyon Cedex 09.Numéros régionaux■ 325 Nord-Pas-de-Calais■ 331 Ariège et Hautes-Pyrénées■ 337 Paris■ 348 C<strong>en</strong>tre■ 353 Haute-Garonne et Gers■ 359 Seine Saint-D<strong>en</strong>is■ 364 Savoies■ 370 Nièvre et Saône-et-Loire■ 375 Gard et LozèreVOS COORDONNÉESMERCI D’ÉCRIREEN MAJUSCULESNom :Prénom :■ 355 ■ 356 ■ 357 ■ 360 ■ 361 ■ 362Adresse :■ 363 ■ 365 ■ 366 ■ 368 ■ 369 ■ 371Code Postal :Ville :Ne faites qu'un seul chèque si vous vous abonnezégalem<strong>en</strong>t… voir <strong>en</strong> page 47. Chèque à l'ordre de Sil<strong>en</strong>ce.3 6 S!l<strong>en</strong>ce n°379 mai 2010■ 372 ■ 373 ■ 374 ■ 376 ■ 377 ■ 378Le détail des sommaires est consultable sur : www.revuesil<strong>en</strong>ce.net
DéboulonneursAu tribunaldes flagrantsdélires…publ<strong>ici</strong>tairesà Yvan Gradis lors d'une action des Déboulonneurs.Sébasto YseulcLe collectif des déboulonneurs n'a cessé d'agir contre l'invasion publ<strong>ici</strong>taire depuis2005, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t par des actions de barbouillage de panneaux publ<strong>ici</strong>tairesdans l'espace public. Deux d'<strong>en</strong>tre eux passai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> procès le 12 mars 2010 à Parisdans ce qui fut un mom<strong>en</strong>t privilégié de débat démocratique.VENDREDI 12 MARS 2010, PALAIS DE JUSTICEDE PARIS, C'EST LE PROCÈS DE DEUX DÉBOULONNEURSparisi<strong>en</strong>s, Arthur Lutz et Yvan Gradis, suite au barbouillagede 6 panneaux publ<strong>ici</strong>taires sur lesChamps-Elysées le 26 janvier 2008.L'ambiance du tribunal bénéf<strong>ici</strong>e de l'accueilbi<strong>en</strong>veillant d'un juge clairem<strong>en</strong>t disposé à écouterles motivations politiques des prév<strong>en</strong>us et àpr<strong>en</strong>dre le temps du débat. La salle est comble avecdes sympathisant-e-s v<strong>en</strong>us de toute la France. Sixcomparant-e-s volontaires demand<strong>en</strong>t à être jugés<strong>en</strong> même temps, pour avoir eux aussi part<strong>ici</strong>pé aubarbouillage. Leur demande est acceptée par lejuge. Cette décision constitue <strong>en</strong> soi une démarcherare et une avancée intéressante dans la reconnaissancede la logique de la désobéissance civile, quiconsiste à vouloir assumer solidairem<strong>en</strong>t ses actes.Chacun des 8 inculpés peut alors détailler ses motivations,Yvan Gradis sort même de sous sa vesteune affiche de 2m 2 d'un fast food pour illustrer la"vérole" dont selon lui la France est atteinte.Debout, l'honneurPremier témoin, le sénateur (Vert) JacquesMuller témoigne des blocages de la vie politiquepar les m<strong>en</strong>ées des groupes de pression économique,à comm<strong>en</strong>cer par les afficheurs. Devant ceblocage désespérant, il est nécessaire que la sociétécivile se fasse le relais des politiques par des actionscitoy<strong>en</strong>nes de pression démocratique. Pour lui, lesDéboulonneurs sont "l'honneur de la société". Leprofesseur Claude Got, deuxième témoin, relate cequ’il a vécu <strong>en</strong> quarante ans de carrière dans lescabinets ministériels, à savoir le l<strong>en</strong>t et savant grignotage,par les publ<strong>ici</strong>taires, des lois ou projets delois c<strong>en</strong>sés protéger la santé publique (tabac,alcool, vitesse, alim<strong>en</strong>tation). Enfin Hervé Kempf,écrivain, journaliste sci<strong>en</strong>tifique et spécialiste del’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, relie la logique publ<strong>ici</strong>taire à lacrise écologique actuelle et à la surconsommation,aux effets désastreux pour la planète et <strong>en</strong> termesd'inégalités.Le juge ayant laissé aux témoins la possibilitéde s'exprimer largem<strong>en</strong>t, il propose de décaler lasuite de l'audi<strong>en</strong>ce à la semaine suivante.Shakespeare, actes II et IIIUne semaine plus tard, même lieu, mêmesacteurs. Madame la procureure <strong>en</strong>tame son réquisitoire<strong>en</strong> citant Shakespeare, estimant que ce procès,représ<strong>en</strong>te "beaucoup de bruit pour ri<strong>en</strong>". Elledénonce un dévoiem<strong>en</strong>t de la procédure juridiquetransformée par les Déboulonneurs <strong>en</strong> "tribune"pour leurs idées. William Bourdon, l'avocat de ladéf<strong>en</strong>se, est d'accord pour parler de dévoiem<strong>en</strong>t…mais <strong>en</strong> un s<strong>en</strong>s opposé : celui des pouvoirspublics qui ne ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas leurs promesses, neprotèg<strong>en</strong>t pas les citoy<strong>en</strong>s et cèd<strong>en</strong>t aux pressionsdes lobbies de l'affichage depuis trop d'années.Pour lui, les Déboulonneurs sont des dissid<strong>en</strong>ts.Au final, la procureure requiert 100 jours am<strong>en</strong>desà 30 €pour Yvan Gradis ainsi que 30 jours am<strong>en</strong>deà 10 €pour Arthur Lutz. Elle demande, par contre,la relaxe pour les six comparants volontaires,déçus et étonnés de cette différ<strong>en</strong>ce de traitem<strong>en</strong>tface aux mêmes actes. Mais on sait que l'isolem<strong>en</strong>tdes m<strong>en</strong>eurs a toujours fait partie des stratégies dupouvoir. Le procès est largem<strong>en</strong>t couvert par lesmédias 1 .Le délibéré a lieu le 2 avril : relaxe pour tout lemonde, au nom de la "liberté d'expression" ! Unpremière dans l'histoire du collectif et une avancéeintéressante dans la reconnaissance de la logiquede la désobéissance civile. Yvan Gradis l'a échappébelle : chacun-e sait <strong>en</strong> effet que "si à 50 ans on n'apas de relaxe, on a raté sa vie" ! 2 André Croutant ■Vous avez ditDéboulonneurs ?Leur stratégie : la désobéissancecivile non-viol<strong>en</strong>te, assuméeet à visage découvert, par lebarbouillage de panneauxpubl<strong>ici</strong>taires. Leur objectif :créer le débat public sur laquestion des nuisances de lapubl<strong>ici</strong>té, de la liberté de réception,et impulser un changem<strong>en</strong>tde loi limitant la taille des panneauxpubl<strong>ici</strong>taires dans l'espacepublic à 50x70cm, ainsi queleur nombre. Des collectifs sesont développés dans de nombreusesvilles et continu<strong>en</strong>t àagir à Paris, Rou<strong>en</strong>, Tours, Lille,Lyon… et les procès ne leurfont même pas peur !Pour les contacter : Collectifdes Déboulonneurs, 24 rueLouis Blanc, 75010 Paris.www.deboulonneurs.org.1. France 3, Le Canard Enchaîné,Libération, Media Part, le Parisi<strong>en</strong>,L'humanité, Le NouvelObservateur, France Inter…2. Le 13 février 2009, sur France 2,Jacques Séguéla, magnat de lapubl<strong>ici</strong>té, affirmait : " Si à cinquanteans, on n'a pas une Rolex,on a quand même raté sa vie !"S!l<strong>en</strong>ce n°379 mai 20103 7