3Ton thon flinguéquestions à...François Chartier,Animateur de la campagne pêcheà Gre<strong>en</strong>peaceSil<strong>en</strong>ce : Les océans — 71% de la surface terrestre — sonttouchés de manière peu visible à nos yeux par les activitéshumaines. Quels sont les impacts écologiques de la surpêche,des extractions de ressources dans les fondsmarins, et des rejets de notre société industrialisée ?François Chartier : Les impacts des activités humaines sur lesocéans, pès<strong>en</strong>t avant tout sur la biodiversité, avec des conséqu<strong>en</strong>cessur les équilibres des écosystèmes, le risque, à terme, estd’avoir des océans vides de toute vie.Cep<strong>en</strong>dant, on considère que la principale m<strong>en</strong>ace est la surpêche.La pêche est une activité de cueillette sur des ressourcessauvages, mais qui est pratiquée de manière industrielle.Aujourd’hui, ce sont 80 % des espèces commerciales qui sont, soitpleinem<strong>en</strong>t exploitées, soit surexploitées. Les signaux sont aurouge pour pratiquem<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>semble des grands prédateurs :requin, thon, morue… Celons certains sci<strong>en</strong>tifiques, le risque estla fin de toutes espèces de qualité commerciale au tournant de lamoitié du 21 e siècle.Vous m<strong>en</strong>ez une campagne sur la situation spécifique duthon rouge, espèce <strong>en</strong> voie d'extinction parmi d'autres.Quelle est la situation et comm<strong>en</strong>t pouvons-nous agir ?En focalisant l'att<strong>en</strong>tion du public sur la protection d'uneseule espèce, les pêcheurs vont aller pêcher d'autresespèces. Ne risque-t-on pas de déplacer le problème ?Le cas du thon rouge est emblématique de la surexploitationdes ressources de la mer. Alors qu’il est pêché depuis plus de 7millénaires, il est aujourd’hui <strong>en</strong> voie de disparition. On estimequ’il ne reste que 15 % de la population dite d’origine.En quelques déc<strong>en</strong>nies, avec le développem<strong>en</strong>t d’une pêcheindustrielle, on a assisté à l’emballem<strong>en</strong>t de cette pêche. A coupde subv<strong>en</strong>tions, les Etats méditerrané<strong>en</strong>s ont généré une surcapacité,<strong>en</strong>traînant une surpêche et une pêche illégale massive. Parailleurs, les intérêts économiques à court terme ont surdéterminéla gestion ; les quotas ont toujours été largem<strong>en</strong>t au-dessus desrecommandations sci<strong>en</strong>tifiques et n’ont jamais été respectés.Le marché étant majoritairem<strong>en</strong>t au Japon, éviter le thon rougeest surtout un moy<strong>en</strong> de créer un rapport de force politique, depart<strong>ici</strong>per à la prise de consci<strong>en</strong>ce. C’est une démarche qui contribueà am<strong>en</strong>er l’industrie, la grande distribution, les restaurateurs àpr<strong>en</strong>dre position. C’est aussi une question de cohér<strong>en</strong>ce : si l’espèceest m<strong>en</strong>acée peut-on continuer à la manger à ce rythme ?Il faut adopter un moratoire jusqu’à ce que sa gouvernancesoit fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t revue : création de réserves marines sur leszones de reproduction du thon rouge <strong>en</strong> Méditerranée, respectdes recommandations sci<strong>en</strong>tifiques et réduction de la surcapacité.Il y a trop de bateaux, et c’est le seul moy<strong>en</strong> d’imaginer mettre finà la pêche illégale.Le mois de Lasserpequoi de neuf ?Groupes locauxVous êtes nombreux, nombreuses à nous demandercomm<strong>en</strong>t nous aider à distance. Vous pouvez déjàlancer un appel dans la revue pour mettre <strong>en</strong> placeun groupe local. Celui-ci peut <strong>en</strong>suite développerde multiples activités : prés<strong>en</strong>ter la revue dans différ<strong>en</strong>tesmanifestations, festivals, fêtes, sous formede stands ou de v<strong>en</strong>tes à la criée ; organiser desdébats autour des thèmes de la revue (év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> invitant les auteur-e-s) ; trouver despoints de v<strong>en</strong>te, de nouveaux abonné-e-s ; développerdes activités selon les <strong>en</strong>vies de chacun-e…Vo<strong>ici</strong> les groupes locaux qui exist<strong>en</strong>t déjà :> Lyon. sil<strong>en</strong>celyon@gmail.com ou Clém<strong>en</strong>ce,tél. : 04 78 28 07 83.> Indre-et-Loire. Zazu Ferrandon, zazu@neuf.fr.> Est-Puy-de-Dôme. Jean-Marc Pineau, Marette,63290 Paslières, pineau.jeanmarc@wanadoo.fr.> Paris. Mireille Oria, 52 bis, boulevard Richard-L<strong>en</strong>oir, 75011 Paris, tél. : 01 43 57 20 83.> Drôme. Patr<strong>ici</strong>a et Michel Aubart,obarm@laposte.net, tél. : 06 84 51 26 30.> Bretagne. Alexis Robert, La Guette <strong>en</strong> Beauvais,35380 Paimpont, tél. : 02 99 07 87 83.> Besançon. Martine Lionnet, La Croix de Pierre,70130 La Vernotte, tél. : 03 84 78 01 19(pas de rappel pour les téléphones portables).> Saint-Brieuc. Patrice Chevallier, 6, rue de laPaix 22190 Plérin, tél. : 02 96 79 91 19,kazharchoad@gmail.com.Groupes <strong>en</strong> constitution :> Ariège et sud Haute-Garonne. Cherche deslecteurs pour démarrer un groupe : tél. : 05 6104 92 67, jeanclaude.geoffroy@orange.fr.> Val-de-Marne. Vous pouvez pr<strong>en</strong>dre contactavec groupesil<strong>en</strong>ce94@voila.fr et/ou 06 24 7981 30. Une première réunion se teindra <strong>en</strong> juin.R<strong>en</strong>contre des Ami-e-s de S!l<strong>en</strong>ceLes r<strong>en</strong>contres des Ami-e-s de Sil<strong>en</strong>ce se déroulerontà La Grée, près de Châteaubriant (Loire-Atlantique), au sud de R<strong>en</strong>nes, du mercredi 28juillet au mercredi 4 août, avec la possibilité depart<strong>ici</strong>per à la semaine de préparation à partirdu 21 juillet. Inscription avant le 21 juin.Informations supplém<strong>en</strong>taires et bulletin d'inscriptionsur le site : http://amisil<strong>en</strong>ce.apinc.orgou téléphoner au 03 44 63 16 55 ou au 04 7353 96 31.La Posteet les déchets d'emballageLa Poste <strong>en</strong>visage de demander aux revues de passersous emballage plastique ou <strong>en</strong>veloppe papier(alors nous <strong>en</strong>voyons pour le mom<strong>en</strong>t sous bandeau).Mais il ne s'agit pour eux que de se simplifierla vie et jusqu'à preuve du contraire, il n'y apas de loi pour nous obliger à cela. Comme noussavons que d'autres revues ont le même problème(et que cela coûte cher), vo<strong>ici</strong> la réponse que nousleur avons faite début avril 2010 : "Nous avonsl'habitude d'<strong>en</strong>voyer nos revues depuis près de 30ans avec un bandeau de papier recyclé d'un format1/2 A4 (soit quatre fois moins de papier qu'avecune <strong>en</strong>veloppe). Le gouvernem<strong>en</strong>t, depuis leGr<strong>en</strong>elle de l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, a déclaré à plusieursreprises qu'il fallait que les <strong>en</strong>treprises innov<strong>en</strong>tpour aller vers une diminution de la production dedéchets, <strong>en</strong> particulier dans le domaine des emballages.Nous sommes pour aller dans ce s<strong>en</strong>s. Sivous souhaitez que nous changions notre moded'expédition, nous vous demandons de nous indiquerune méthode qui n'utilise pas de film plastique(non recyclable, très polluant, gaspillant dupétrole pour ri<strong>en</strong>) et qui consomme moins depapier qu'actuellem<strong>en</strong>t".2 S!l<strong>en</strong>ce n°379 mai 2010
En France, un moratoire immédiat s’impose, la France a sout<strong>en</strong>u l’interdictiondu commerce international à la Cites*, elle reconnaît donc l’urg<strong>en</strong>ce,il faut donc qu’elle adopte un moratoire unilatéral. Il y a <strong>en</strong> effetun risque de délocalisation — pas des navires, ils sont trop spécialisés —mais de certains acteurs économiques, <strong>en</strong> particulier vers d’autres thonsdes eaux tropicales : albacore et thon obèse. Mais <strong>en</strong> mettant l’acc<strong>en</strong>t surune pêcherie, on peut faire évoluer la gouvernance dans le cadre desorganisations régionales de pêche (ORP) pour avoir un effet de levier.Par ailleurs, le thon rouge semble plutôt incarner l’état de nos océansplus que d’occulter les <strong>en</strong>jeux sur les autres espèces. La prise deconsci<strong>en</strong>ce autour du thon rouge, est surtout une opportunité pour créerdes précéd<strong>en</strong>ts pour une pêche durable.Vous prônez la création de "réserves marines".En quoi cela consiste-t-il et comm<strong>en</strong>t cette idée avance-t-elle ?Les réserves marines sont des zones totalem<strong>en</strong>t fermées à la pêche. Ellessont non seulem<strong>en</strong>t des outils de protection, mais aussi et surtout des outils degestion de la pêche. En 2006, lorsque nous avons sorti un rapport pour la créationd’un réseau de réserves marines sur 40% de nos océans, nous passionspour des extraterrestres. Aujourd’hui, l’idée fait son chemin et est reprise. Maisavec moins de 1 % des océans protégés le chemin est <strong>en</strong>core long…En France le Gr<strong>en</strong>elle de la mer a permis une avancée significative –au moins sur le papier — avec un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de 20 % d’aires marinesprotégées d’<strong>ici</strong> 2020, sur l’<strong>en</strong>semble du domaine maritime sous juridictionfrançaise, dont 50 % <strong>en</strong> réserves marines. ■> Gre<strong>en</strong>peace, 22, rue des Rasselins, 75020 paris, tél. : 01 44 64 02 02,www.gre<strong>en</strong>peace.org.*Conv<strong>en</strong>tion sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvagesm<strong>en</strong>acées d'extinction.Bénévolat à S!l<strong>en</strong>ceLes associations sont incitées à valoriser lesheures de bénévolat dans la comptabilité, cequi provoque une augm<strong>en</strong>tation du chiffred'affaires. Même si ceci est surtout intéressantpour les associations qui cherch<strong>en</strong>t dessubv<strong>en</strong>tions (S!l<strong>en</strong>ce n'<strong>en</strong> a aucune), nousnous sommes prêtés à l'exercice <strong>en</strong> 2009.Résultat, pour faire la revue que vous avez<strong>en</strong>tre les mains, il nous a fallu 10173heures de travail (sans compter le maquettiste,l'imprimeur, le façonnier) soit 925heures par numéro. Les heures salariéesreprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t 53 % de ce total.Rectificatifs> Thérèse Rabatel. Suite à une erreur deversion, l'interview de l'adjointe au mairede Lyon, a été publiée (n°377) sans sescorrections. Concernant le nombre desélu/es à la Communauté urbaine du GrandLyon : "il y avait 40 élues sur 155 <strong>en</strong> 2001et actuellem<strong>en</strong>t plus que 35". Le journalinterne de la commune est bi<strong>en</strong> Reflets, etLyon citoy<strong>en</strong> celui diffusé dans la ville, etles deux pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de mieux <strong>en</strong> mieux <strong>en</strong>compte l'égalité de g<strong>en</strong>re. Elle ajoutait quesa commune "fait aussi beaucoup contreles viol<strong>en</strong>ces conjugales : perman<strong>en</strong>cesd'accueil dans quatre mairies d'arrondissem<strong>en</strong>t,guide, n°39 19 sur les panneauxlumineux...". Elle ne déplore pas "l'incuriedes hommes", mais leur "ignorance desinégalités concrètes de g<strong>en</strong>re". Enfin, ilfaut signaler que l'interview est datée du27 novembre 2009, c'est-à-dire antérieureau vote de la loi contre les viol<strong>en</strong>ces faitesaux femmes, qui a eu lieu <strong>en</strong> février 2010.Avec toutes nos excuses.> Les murs comme médias alternatifs.Si nous connaissions l'auteure de la photode couverture du n°376, nous ignorionsqui était l'auteur de la peinture murale.Jusqu'à un coup de fil d'Allemagne : Jean-Sébasti<strong>en</strong> Philippe nous a expliqué que cegraf a été fait lors d'une fête de quartierp<strong>en</strong>dant laquelle le comité de quartieravait négocié des emplacem<strong>en</strong>ts pour lesgraffeurs.QuestionnaireMerci aux 336 personnes qui ont réponduau questionnaire. Les résultats, on espère,d'<strong>ici</strong> la fin de l'année !sommaireédito / dossier du moisVilles <strong>en</strong> transitionvers le rationnem<strong>en</strong>t 4 à 16<strong>en</strong>cartLe monde éblouissantde Luc Schuit<strong>en</strong>I à VIIIdu vert dans les oreillesChristian Guérin : Quand la vannerier<strong>en</strong>contre la poésie…de Goulv<strong>en</strong> Maréchal & Alexis Lis 29sociétéJournal d'un médecin de campagnede Serge Corrieras 30climatL'imagination non-viol<strong>en</strong>te <strong>en</strong> pays basque<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec Claude et Iban de Bizi ! par G. Gamblin 32habitat groupéLa Ciguë, des colocations d'étudiants<strong>en</strong> mode coopérativede Vinc<strong>en</strong>t Gerber 34déboulonneursAu tribunal des flagrants délires…publ<strong>ici</strong>tairesd'André Croutant 37sud-nordT<strong>en</strong>sions sociales au Sudet perspective mondialede Mathieu Glayre 38biodiversitéLes guérillas jardinièresde Marie Michel 41OGMOn <strong>en</strong> a gros sur la patate !des Dessin'acteurs 48brèves17 femmes17 éducation18 alternatives20 nucléaire21 énergie22 nord/sud22 vélo23 <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tProchain dossierLes frontières de la non-viol<strong>en</strong>ceV<strong>en</strong>ez nous voirles 20 et 21 mai !24 société24 paix24 Bidoche25 politique26 ag<strong>en</strong>da28 annonces42 courrier44 livresVous pouvez v<strong>en</strong>ir discuter avec nous lors des expéditionsde la revue. Cela se passe un jeudi de 15 h à 20 het c'est suivi par un repas pris <strong>en</strong>semble offert parSil<strong>en</strong>ce. Cela se poursuit le v<strong>en</strong>dredi de 10 h à 18 h etle repas de midi vous est offert. Le nouveau numérovous est aussi offert. Prochaines expéditions : 20 et 21mai, 17 et 18 juin, 19 et 20 août…Les prochaines réunions du comité de rédaction se ti<strong>en</strong>dront à 10 h lessamedis 29 mai (pour le numéro d'été), 31 juillet (pour le numéro deseptembre), 28 août (pour le numéro d'octobre)…Vous pouvez proposer des articles à ce comité de rédaction jusqu'au mercrediqui le précède, avant 16 h. Vous pouvez proposer des informationsdestinées aux pages brèves jusqu'au mercredi qui le suit, avant 12 h.Les infos cont<strong>en</strong>ues dans ce numéro ont été arrêtées le 31 mars 2010.S!l<strong>en</strong>ce n°379 mai 2010 3