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21.07.2015 Views

Du vert dans les oreillesChristian GuérinQuandla vannerierencontrela poésie...D.R.Si bon nombre d’artisans sont aujourd'huicomplètement déconnectés de la matière qu'ilstransforment, Christian Guérin n'envisage pas sonmétier sans une connaissance, un respect et unemaîtrise profonde de cette matière première.CE VANNIER DE LESCOUËT-GOUAREC,PETIT VILLAGE AU CENTRE DE LA BRETAGNE, PRODUITainsi sur quelques hectares la totalité de l'osier qu'iltransforme dans son petit atelier. Produire sembled'ailleurs être un mot bien restrictif, tant la passionde Christian est visible et touchante. Pendantquelques jours, l'osiériculteur nous a emmené à ladécouverte de son intrigant petit monde, teintéd'une poésie émouvante."Salix fragilis, Alba vitellina,Purpurea, Viminalis..."Cela se passera probablement comme cela sivous rendez visite à Christian : après avoir passéquelques minutes dans l'atelier de vannerie, l'artisanvous conduira avec impatience à la découvertede ses parcelles, qui résonneront d'un seul coup demultiples noms latins et autres sonorités plus lointaines.Car Christian cultive en effet près de 50variétés d'osier et de saules. Et il y en a tant quel’osiériculteur a lui-même parfois du mal à s'yretrouver : "J'avais importé des osiers du Pays deGalles, au pif car c'était en anglais... J'ai commandéceux dont les noms sonnaient bien à mes oreilles etje me suis retrouvé avec des trucs qui ne servent àrien. Mais je voulais tester d'autres espèces pour lavannerie ou le paysagisme car trop peu de producteursfont ce travail en France".A voir Christian présenter ses osiers, on comprendvite l'importance de la passion qu'il voue àcette plante : chaque variété possède à ses yeux sespropriétés, ses couleurs mais aussi ses usages (pourla vannerie, l'ornement extérieur, la fabrication demeubles...). Une partie de sa récolte d'osier estalors revendue à des paysagistes et à d'autres osiériculteursfrançais. Les produits transformés sont,eux, vendus à toute une diversité de clients : "desparticuliers, des boulangers mais j'ai aussi travaillépour un poissonnier, une décoratrice d'intérieurou des professionnels du spectacle sur un bateaude 9 mètres de long en osier".Une autoformation"Je ne concevais pas de faire mon métier sansproduire ma matière. C'est ce qui m'a intéressé audépart : mon père est agriculteur et faisait sespaniers pour la ferme. L'idée, au départ, a donc étéd'apprendre ce que mon père faisait, produire mamatière et éventuellement la revendre à d'autresvanniers. J'ai ensuite appris tout seul d'autres techniqueset manières de faire en rencontrant des vanniers,en lisant des bouquins et surtout en faisant.Ça m'a toujours plu de faire ça, mais je ne pensaispas en faire un métier. Et par les hasards de la vie,par le fait de m'être retrouvé au chômage, etc... Jeme suis dit, finalement est-ce que ça ne vaut pas lecoup d'en faire une activité ?".Christian est désormais totalement à l'aise dansson nouveau métier, même s'il reste difficile d'envivre à temps complet. Il a donc fait le choix deconserver un mi-temps à l'extérieur, ce qui luiassure une certaine stabilité financière. Il gère relativementbien la conjugaison de ses deux activités,mais aimerait, évidemment, pouvoir un jour vivrepleinement de l'osier. Le vannier reste optimiste :"Ici, les marchés locaux se développent et les gens,finalement, reviennent au panier à provision. Ça sevend de plus en plus". Comme quoi, le développementdes circuits courts alimentaires profite sansdoute à plus de monde qu'on ne l'imagine...Goulven Maréchal & Alexis Lis ■■ Christian Guérin, Le Guernic,22570 Lescouët-Gouarec,tél. : 02 96 24 20 67.Vous pouvez écouter l'entretieneffectué sur ce lieu surwww.duvertdanslesoreilles.fr.S!lence n°379 mai 20102 9

Du vert dans les oreillesChristian GuérinQuandla vannerier<strong>en</strong>contrela poésie...D.R.Si bon nombre d’artisans sont aujourd'huicomplètem<strong>en</strong>t déconnectés de la matière qu'ilstransform<strong>en</strong>t, Christian Guérin n'<strong>en</strong>visage pas sonmétier sans une connaissance, un respect et unemaîtrise profonde de cette matière première.CE VANNIER DE LESCOUËT-GOUAREC,PETIT VILLAGE AU CENTRE DE LA BRETAGNE, PRODUITainsi sur quelques hectares la totalité de l'osier qu'iltransforme dans son petit atelier. Produire sembled'ailleurs être un mot bi<strong>en</strong> restrictif, tant la passionde Christian est visible et touchante. P<strong>en</strong>dantquelques jours, l'osiériculteur nous a emm<strong>en</strong>é à ladécouverte de son intrigant petit monde, teintéd'une poésie émouvante."Salix fragilis, Alba vitellina,Purpurea, Viminalis..."Cela se passera probablem<strong>en</strong>t comme cela sivous r<strong>en</strong>dez visite à Christian : après avoir passéquelques minutes dans l'atelier de vannerie, l'artisanvous conduira avec impati<strong>en</strong>ce à la découvertede ses parcelles, qui résonneront d'un seul coup demultiples noms latins et autres sonorités plus lointaines.Car Christian cultive <strong>en</strong> effet près de 50variétés d'osier et de saules. Et il y <strong>en</strong> a tant quel’osiériculteur a lui-même parfois du mal à s'yretrouver : "J'avais importé des osiers du Pays deGalles, au pif car c'était <strong>en</strong> anglais... J'ai commandéceux dont les noms sonnai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> à mes oreilles etje me suis retrouvé avec des trucs qui ne serv<strong>en</strong>t àri<strong>en</strong>. Mais je voulais tester d'autres espèces pour lavannerie ou le paysagisme car trop peu de producteursfont ce travail <strong>en</strong> France".A voir Christian prés<strong>en</strong>ter ses osiers, on compr<strong>en</strong>dvite l'importance de la passion qu'il voue àcette plante : chaque variété possède à ses yeux sespropriétés, ses couleurs mais aussi ses usages (pourla vannerie, l'ornem<strong>en</strong>t extérieur, la fabrication demeubles...). Une partie de sa récolte d'osier estalors rev<strong>en</strong>due à des paysagistes et à d'autres osiériculteursfrançais. Les produits transformés sont,eux, v<strong>en</strong>dus à toute une diversité de cli<strong>en</strong>ts : "desparticuliers, des boulangers mais j'ai aussi travaillépour un poissonnier, une décoratrice d'intérieurou des professionnels du spectacle sur un bateaude 9 mètres de long <strong>en</strong> osier".Une autoformation"Je ne concevais pas de faire mon métier sansproduire ma matière. C'est ce qui m'a intéressé audépart : mon père est agriculteur et faisait sespaniers pour la ferme. L'idée, au départ, a donc étéd'appr<strong>en</strong>dre ce que mon père faisait, produire mamatière et év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t la rev<strong>en</strong>dre à d'autresvanniers. J'ai <strong>en</strong>suite appris tout seul d'autres techniqueset manières de faire <strong>en</strong> r<strong>en</strong>contrant des vanniers,<strong>en</strong> lisant des bouquins et surtout <strong>en</strong> faisant.Ça m'a toujours plu de faire ça, mais je ne p<strong>en</strong>saispas <strong>en</strong> faire un métier. Et par les hasards de la vie,par le fait de m'être retrouvé au chômage, etc... Jeme suis dit, finalem<strong>en</strong>t est-ce que ça ne vaut pas lecoup d'<strong>en</strong> faire une activité ?".Christian est désormais totalem<strong>en</strong>t à l'aise dansson nouveau métier, même s'il reste diff<strong>ici</strong>le d'<strong>en</strong>vivre à temps complet. Il a donc fait le choix deconserver un mi-temps à l'extérieur, ce qui luiassure une certaine stabilité financière. Il gère relativem<strong>en</strong>tbi<strong>en</strong> la conjugaison de ses deux activités,mais aimerait, évidemm<strong>en</strong>t, pouvoir un jour vivrepleinem<strong>en</strong>t de l'osier. Le vannier reste optimiste :"Ici, les marchés locaux se développ<strong>en</strong>t et les g<strong>en</strong>s,finalem<strong>en</strong>t, revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au panier à provision. Ça sev<strong>en</strong>d de plus <strong>en</strong> plus". Comme quoi, le développem<strong>en</strong>tdes circuits courts alim<strong>en</strong>taires profite sansdoute à plus de monde qu'on ne l'imagine...Goulv<strong>en</strong> Maréchal & Alexis Lis ■■ Christian Guérin, Le Guernic,22570 Lescouët-Gouarec,tél. : 02 96 24 20 67.Vous pouvez écouter l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>effectué sur ce lieu surwww.duvertdanslesoreilles.fr.S!l<strong>en</strong>ce n°379 mai 20102 9

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