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Les murs, médias alternatifsÖ 5 : "askatasuna saoirse" : "liberté" <strong>en</strong> basque(askatasuna) et <strong>en</strong> irlandais (saoirse) ;au-dessus : "deux peuples, une lutte",égalem<strong>en</strong>t dans les deux langues.á 6 : "Palestine <strong>en</strong> avant ! Liberté pourles palestini<strong>en</strong>s, boycott des produitsisraéli<strong>en</strong>s"4. "Deux nations, un même combat";"notre combat – votre combat",dans lesquels on ne sait pas forcém<strong>en</strong>tqui établit les termes de lacomparaison.5. Voir Neill Jarman, “PaintingLandscapes : The Place of Muralsin the Symbolic Construction ofUrban Space”, in Symbols inNorthern Ireland, edited by A.Buckley. Belfast : Institute of IrishStudies, Que<strong>en</strong>'s University, 19986. Auteur de nombreux ouvrages, àlire <strong>en</strong>tre autres : Bill Rolston,Drawing Support 2 : Murals ofWar and Peace. Belfast : Beyondthe Pale Publications, 1995 etPolitics and Painting : Murals andConflict in Northern Ireland.Cranbury, NJ : AssociatedUniversity Presses, 19912 0 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010phase du conflit. Au-delà de la lutte pour la réappropriationde l’espace public, elle porta d’autresdynamiques proches du cœur du conflit.Représ<strong>en</strong>tationset guerre des symbolesBi<strong>en</strong> que les peintures murales soi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> appar<strong>en</strong>cetrès diversifiées, les thèmes récurr<strong>en</strong>ts sontassez peu nombreux. Les plus fréqu<strong>en</strong>tes représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tdes événem<strong>en</strong>ts et personnages historiques :par exemple Cuchulainn, personnage mythologique,y fait l’objet de conflits de propriété. Célébrépar les catholiques pour avoir déf<strong>en</strong>du l’Irlandecontre les <strong>en</strong>vahisseurs, il l’est par les unionistespour avoir déf<strong>en</strong>du l’Ulster contre les Irlandais.D’autres peintures expliqu<strong>en</strong>t des événem<strong>en</strong>tsplus réc<strong>en</strong>ts comme le Bloody Sunday, les assassinatsciblés, rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t l’arrêt de la torture ou del’emprisonnem<strong>en</strong>t… Ces référ<strong>en</strong>ces internes à laphase contemporaine du conflit y sont histor<strong>ici</strong>sées,transformées <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ces historiques et culturellespar le style id<strong>en</strong>tique de représ<strong>en</strong>tation etpar la fusion avec d’autres événem<strong>en</strong>ts historiques.Les référ<strong>en</strong>ces culturelles ou religieuses sont nombreuses: traditions, citations, langue, sports,emblèmes, associations de drapeaux et divers symboles.Scènes viol<strong>en</strong>tes, exhibition d’armes,hommes ou femmes <strong>en</strong> armes et m<strong>en</strong>açants, justifiantl’usage de la viol<strong>en</strong>ce et évoquant <strong>en</strong> mêmetemps le contrôle des <strong>en</strong>virons par les paramilitaires.Des représ<strong>en</strong>tations viol<strong>en</strong>tes sont souv<strong>en</strong>tassociées à des mémoriaux <strong>en</strong> l’honneur des combattantsmorts au combat. Enfin, des expressionsde solidarité internationale mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> parallèledivers conflits à travers le monde, expressions de lasimilitude de situations du type "Two nations, onestruggle", ou <strong>en</strong>core "Our struggle – your struggle" 4 .Elles évolu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction de l’actualité ; certaines,comme le Pays basque ou la Palestine, sontAlain MiossecRafaconstamm<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tes. Ces représ<strong>en</strong>tationssitu<strong>en</strong>t le conflit dans le cadre des mouvem<strong>en</strong>ts dedécolonisation, afin de légitimer la lutte et d’<strong>en</strong> justifierles moy<strong>en</strong>s. Si ce rapprochem<strong>en</strong>t est historiquem<strong>en</strong>tacceptable dans le cas de l’Irlande duNord, c’est plus diff<strong>ici</strong>le à valider historiquem<strong>en</strong>tdans le cas du Pays basque. Mais pour fonctionner,le discours nationaliste n’a pas besoin de vérité historique.Fonction communede ces expressionsTout d’abord, au-delà du marquage du territoire,le support mural r<strong>en</strong>d le message et la célébrationperman<strong>en</strong>ts : la rev<strong>en</strong>dication id<strong>en</strong>titair<strong>en</strong>’a plus lieu uniquem<strong>en</strong>t le jour des célébrationshabituelles, mais s’inscrit dans la durée 5 . Elle estintégrée dans le quotidi<strong>en</strong> et banalisée. Ce rappelperpétuel de l’appart<strong>en</strong>ance nationale a un doubleeffet : il r<strong>en</strong>force le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’appart<strong>en</strong>ance à ungroupe et donc la polarisation des communautés,et par conséqu<strong>en</strong>t il r<strong>en</strong>force la structuration verticalede la société (communautés plutôt que classessociales), produisant exclusion et homogénéisationethnique.Ensuite, les peintures murales r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tesles référ<strong>en</strong>ces passées (événem<strong>en</strong>ts historiquesou plus réc<strong>en</strong>ts, personnages historiques oumythologiques, héros, martyrs et combattants), etdans le même temps, histor<strong>ici</strong>s<strong>en</strong>t des événem<strong>en</strong>tsréc<strong>en</strong>ts, pour inscrire la lutte contemporaine dansune logique historique. L’actualité s’inscrit aussitôtdans la mémoire, et est intégrée dans les répertoiresde construction de la mémoire. Le r<strong>en</strong>dreprés<strong>en</strong>tinscrit la logique de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t dans unecontinuité historique : s’<strong>en</strong>gager ou sout<strong>en</strong>ir, c’estrester fidèle aux objectifs des anci<strong>en</strong>s. Ne pas lefaire, c’est bafouer leur mémoire. De plus, par leurnombre, les murals harmonis<strong>en</strong>t les référ<strong>en</strong>ces etproduis<strong>en</strong>t un socle standardisé qui correspondaux objectifs du mouvem<strong>en</strong>t. Ces réservoirs deréfér<strong>en</strong>ces id<strong>en</strong>tificatoires sont r<strong>en</strong>dus visibles etdisponibles à tout mom<strong>en</strong>t pour la mobilisationnationaliste.Ces fonctions font des représ<strong>en</strong>tations muralesbi<strong>en</strong> plus que des instrum<strong>en</strong>ts de propagande.Comme le souligne Bill Rolston 6 dans ses divers travaux,les murals constitu<strong>en</strong>t des "armes déterminantes"dans la guerre de propagande. Elles jou<strong>en</strong>taussi un rôle important dans les dynamiques duconflit.Au cœur de la dynamiquedu conflitCes peintures murales constitu<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>semblechargé d’une fonction de mobilisation à destinationd’une communauté. Elles r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t disponibletoute une palette de référ<strong>en</strong>ces id<strong>en</strong>tificatoires, etconstruis<strong>en</strong>t une représ<strong>en</strong>tation du monde et duconflit, une image m<strong>en</strong>tale qui fait autorité commeunique grille de lecture des rapports sociaux : colonisation,oppression du peuple irlandais ou dupeuple basque, s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’être abandonné pourles unionistes, libération des prisonniers politiques,événem<strong>en</strong>ts fondateurs, culte des héros, racines

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