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Les murs, médias alternatifsD.R.á 1. Les pintadas, les unes sur les autres, form<strong>en</strong>t un palimpsesteoù l’on peut suivre le dialogue <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts partis. Ici« no más continuismo », dont on ne voit plus la signature, et<strong>en</strong>-dessous : « la forestación da trabajo a mucho g<strong>en</strong>te », signépar la brigade Palo y palo de la liste 15 du Partido Colorado.industrialisée, et parce qu’elle fait confiance auxétudes réalisées qui affirm<strong>en</strong>t un très faible risquede pollution. La mobilisation arg<strong>en</strong>tine est vécuecomme une ingér<strong>en</strong>ce politique, une atteinte à lasouveraineté nationale.Un espace de dialogue inéditJe travaille sur les différ<strong>en</strong>tes formes d’inscriptionsmurales de Montevideo ; le thème des papeleras,tel qu’il s’est manifesté sur les murs de la ville,me sert alors d’exemple pour décrire différ<strong>en</strong>tesmodalités d’expression (formes, langages, imaginaires)du politique dans l’Uruguay contemporain.Il permet d’<strong>en</strong>visager les murs comme un espacede communication particulièrem<strong>en</strong>t riche où secôtoi<strong>en</strong>t des organisations de tous bords, <strong>en</strong> un dialoguequ’on ne trouvera dans aucun autre média.Sur les murs donc, quelques voix s’élèv<strong>en</strong>tcontre les papeleras, mettant <strong>en</strong> exergue des préoccupations<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales (liées à la pollutiondu fleuve et au développem<strong>en</strong>t de la productiond’eucalyptus qui alim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’usine) ainsi que desrev<strong>en</strong>dications anti-impérialistes. Secteurs organiséset individus s’exprim<strong>en</strong>t, arborant différ<strong>en</strong>tsdiscours militants (des plus institutionnels au plusalternatifs), des répertoires symboliques forts etmobilisés parfois à des fins contraires.Pintadas, graffitis, murales et pochoirs 2 ontdonc été utilisés pour dénoncer les usines de celluloseet, quelquefois, pour les sout<strong>en</strong>ir. Ces différ<strong>en</strong>tesformes d’inscriptions — textes, images, ouconjonction des deux —, témoign<strong>en</strong>t de l’occupationparticulière et très prégnante de l’espacepublic à Montevideo. Une campagne spontanée,émanant de différ<strong>en</strong>tes sphères sociales et politiques,a ainsi permis de rompre certains tabous etde souligner quelques-uns des nombreux paradoxespesant sur l’histoire des papeleras.Des argum<strong>en</strong>ts surtout écologistes“2006, cellulose : le chemin vers la pollution del’eau, de la terre et de la vie”, (voir photo 7), les pintadasqui condamn<strong>en</strong>t les papeleras port<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> premierlieu, un argum<strong>en</strong>t écologique 3 . Elles sontsignées par des organisations politiques de lagauche radicale qui, bi<strong>en</strong> que membres de la coalitiongouvernem<strong>en</strong>tale 4 , n’hésit<strong>en</strong>t pas à marquerleur désaccord avec les décisions c<strong>en</strong>trales. La pintadasert parfois à convoquer le peuple à des actes,des réunions ou des manifestations (il y <strong>en</strong> auraquelques-unes contre les papeleras, mais ellesauront mobilisé peu de monde) et dans certainsquartiers, des collectifs se cré<strong>en</strong>t, t<strong>en</strong>tant d’ouvrirD.R.le débat : "samedi 12, assemblée ouverte. Thème :usines de cellulose. Non aux usines de la mort. Oui àla vie". On retrouve les mêmes mots, "la cellulosec'est la mort", accompagnant un arbre d’eucalyptus<strong>en</strong>sanglanté, sur une fresque sauvage 5 signée parSoalon, un des nombreux artistes de rue deMontevideo (voir photo 2). Le langage politique,toujours symbolique et souv<strong>en</strong>t empreint depathos, fonde son discours sur l’évocation de la vieet de la mort, des items récurr<strong>en</strong>ts qui r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>taux <strong>en</strong>jeux les plus profonds ou transc<strong>en</strong>dants dudébat <strong>en</strong> question. Les murales peuv<strong>en</strong>t être individuelsou collectifs, plus ou moins organisés et off<strong>ici</strong>els: sur la photo n° 3, une autre fresque réaliséepar une association sur un des murs qui bord<strong>en</strong>t lePalais législatif, zone d’ordinaire occupée par lespintadas partisanes. Les différ<strong>en</strong>ts g<strong>en</strong>res d’inscriptionsse confond<strong>en</strong>t parfois et se relai<strong>en</strong>t sur lesmêmes murs, exprimant sous diverses formes lesmêmes préoccupations. Sur la fresque, les dessins<strong>en</strong>fantins et colorés contrast<strong>en</strong>t avec les textes quiles lég<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, tristes prédictions sur un ton plusdirect que celui des brigades 6 : "elle contamine, laplanète s’extermine", "la Finlande ne contrôle nidioxines ni furannes", "pêche artisanale morte", "maladie,cancer, malformations, allergies", "monoculture :appauvrissem<strong>en</strong>t du sol", etc.Pour rev<strong>en</strong>ir aux pintadas, le seul groupe politiqueorganisé s’étant manifesté sur les murs <strong>en</strong>faveur des usines est un secteur d’extrême droite(une branche du partido colorado). Un de sesá 2. Fresque “sauvage” réalisée <strong>en</strong>2008 par Soalon, un des nombreuxartistes de rue de Montevideo. "Lacelulosa es muerte".4. Le gouvernem<strong>en</strong>t de TabaréVázquez représ<strong>en</strong>te le partiEncu<strong>en</strong>tro Progresista-Fr<strong>en</strong>teAmplio, un front qui réunit luimêmede nombreux partis et courantsidéologiques, de la gauche laplus radicale à la plus modérée.En dehors des élections présid<strong>en</strong>tielles,chaque groupe possède sespropres listes et représ<strong>en</strong>tants etinflue plus ou moins dans lesdécisions gouvernem<strong>en</strong>tales.5. Voir introduction du dossier.6. Les personnes chargées de faire lespintadas sont organisées <strong>en</strong> brigades,chaque parti politique <strong>en</strong>compte une ou plusieurs selon sesgroupem<strong>en</strong>ts internes.7. Mandinga veut dire "diable" ou"démons" dans plusieurs régionsd’Amérique latine.8.Pour le mom<strong>en</strong>t, ce traité n’a pasabouti. Ce type de traités commerciaux,tout comme le conflit dontnous parlons, contribue à la fragilitédu Mercosur, l’alliance économiqueet politique de la régionsud-américaine <strong>en</strong>tre l’Arg<strong>en</strong>tine, leBrésil, l’Uruguay et le Paraguay.à 3. Fresque associative dont la signatureétait recouverte par une pintada. Elle alongtemps occupé trois murs prochesdu palais législatif.D.R.

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