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N ° 3 7 6 f é v r i e r2 0 1 0 - 4 , 6 0 € - 7 F Ss l<strong>en</strong>ceé c o l o g i e • a l t e r n a t i v e s • n o n - v i o l e n c e


les ori<strong>en</strong>tations <strong>en</strong> recherche et développem<strong>en</strong>t sont dev<strong>en</strong>ues des ori<strong>en</strong>tationspolitiques, et que les décisions de développer les nanotechnologies,mais aussi d'autres hyper-technologies (biotechnologies, Iter,neurotechnologies), s'impos<strong>en</strong>t <strong>en</strong> appar<strong>en</strong>ce d'elles-mêmes. Il va de soidepuis l'époque nucléaire, la Big Sci<strong>en</strong>ce et la création du Commissariat àl'énergie atomique, que la raison d'Etat est <strong>en</strong>gagée à travers ces ori<strong>en</strong>tations,et qu'elle n'est pas discutable, autrem<strong>en</strong>t que de manière purem<strong>en</strong>tformelle et cosmétique.Y a-t-il une porte de sortie, et comm<strong>en</strong>t agir ?La véritable asymétrie <strong>en</strong>tre le pouvoir et les sans-pouvoirs n'est pastant d'ordre militaro-pol<strong>ici</strong>er que d'ordre idéologico-intellectuel. C'esttout sauf une révélation, mais il importe d'<strong>en</strong> tirer les conséqu<strong>en</strong>ces : restaurerl'esprit critique, la culture, la mémoire historique dans les cerclesréfractaires ; restaurer une opinion publique par l'<strong>en</strong>quête critique et l'<strong>en</strong>quête-action,telles que les ont pratiquées par exemple les partisans duLKP <strong>en</strong> Guadeloupe (cf Le Monde diplomatique, novembre 2009). Dupoint de vue théorique et historique, cela suppose un retour <strong>en</strong> arrièrepour pr<strong>en</strong>dre au sérieux la critique luddite qui s'est exprimée <strong>en</strong> actes <strong>en</strong>Angleterre et dans toute l'Europe depuis le début du dix-neuvième siècle(cf La révolte luddite, K. Sale, éditions L'Echappée). ■> Pièces et Main d'œuvre, site de bricolage pour la construction d'unesprit critique, c/o Les Bas Côtés, 59, rue Nicolas-Chorier, 38000Gr<strong>en</strong>oble, www.piecesetmaindoeuvre.comDernier ouvrage paru :A la recherche du nouvel <strong>en</strong>nemi - 2001-2025 : rudim<strong>en</strong>ts d'histoire contemporaine(Editions l'Echappée, octobre 2009)sommaireédito / dossier du moisLes murs, médias alternatifs 4 à 21douche froide à Cop<strong>en</strong>hagueMobilisation à poursuivre<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec Cyrielle d<strong>en</strong> Hartigh 36roue libreEntre deux Altertours,c'est <strong>en</strong>core l'Altertourde Josiane Coelho et Dominique Béroule 37nucléaireQuand une écureille bloque les trains<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec Cécile Lecomte 39portraits s<strong>en</strong>siblesBrésil : le mouvem<strong>en</strong>t des sans-terrefête ses 25 ansde Bertille Darragon 40musiqueImbert Imbert, débat debout<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec Imbert Imbert 42b r è v e s22 alternatives22 du vert dansles oreilles24 <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t24 éducation25 climat26 société26 Bidoche27 Id<strong>en</strong>tité, un papier28 nord/sud28 politique29 femmes29 Sexisme mis à nu30 nucléaire30 Les effets secondairesdu CERN31 énergie31 Mauvaises infossur les lampesfluocompactes32 décroissance32 santé33 ag<strong>en</strong>da34 annonces43 courrier44 livresver de nouveaux points de diffusion de larevue <strong>en</strong> Ile-de-France (librairies, magasinset épiceries bio, c<strong>en</strong>tres de ressources,cafés associatifs, cinémas d'artet d'essai...). Le stage se fera à distancesur place (et non à Lyon), et serait d'unedurée de six semaines (du 1 er avril au 15mai 2010).La revue mettra à disposition du ou dela stagiaire, un fichier d'adresses etcoordonnées à réactualiser et à démarcher.Une rémunération de ce stage est<strong>en</strong>visageable, notamm<strong>en</strong>t dans le cadred'une conv<strong>en</strong>tion d'EMT (Evaluation <strong>en</strong>milieu de travail) signée avec S!l<strong>en</strong>ce<strong>en</strong>tre le stagiaire et le Pôle Emploi. Lapriorité sera donnée aux départem<strong>en</strong>tsVal-de-Marne et Essonne, le numérod'été étant consacré aux alternativesdans ces deux départem<strong>en</strong>ts.Pour <strong>en</strong> savoir plus sur cette offre destage, contactez dès que possibleS!l<strong>en</strong>ce par courrier postal, par téléphone(le mardi et le jeudi de préfér<strong>en</strong>ce :04 78 39 55 33) ou par courriel (viason site internet www.revuesil<strong>en</strong>ce.net),merci !ParisRecherche logem<strong>en</strong>tAfin de réaliser les reportages du numérod'été, <strong>en</strong> Essonne et Seine-et-Marne,Sil<strong>en</strong>ce cherche un prêt de chambre surParis (pour un couple) <strong>en</strong>tre le 10 et le19 février 2010.ErratumSuite à une mauvaise manipulationinformatique, l'affiche illustrant lamarche mondiale des femmes (n°375,p37) n'a ri<strong>en</strong> à voir avec cette marche.Prochain dossierElu-es face à la question du g<strong>en</strong>reV<strong>en</strong>ez nous voirles 18 et 19 février !Vous pouvez v<strong>en</strong>ir discuter avec nous lors des expéditionsde la revue. Cela se passe un jeudi de 15 h à 20 het c'est suivi par un repas pris <strong>en</strong>semble offert parSil<strong>en</strong>ce. Cela se poursuit le v<strong>en</strong>dredi de 10 h à 18 h etle repas de midi vous est offert. Le nouveau numérovous est aussi offert. Prochaines expéditions : 18 et 19février, 18 et 19 mars, 15 et 16 avril…Les prochaines réunions du comité de rédaction se ti<strong>en</strong>dront à 10 h lessamedis 30 janvier (pour le numéro de mars), 20 février (pour le numérod'avril), 24 avril (pour le numéro de juin)…Vous pouvez proposer des articles à ce comité de rédaction jusqu'au mercrediqui le précède, avant 16 h. Vous pouvez proposer des informationsdestinées aux pages brèves jusqu'au mercredi qui le suit, avant 12 h.Les infos cont<strong>en</strong>ues dans ce numéro ont été arrêtées le 6 janvier 2010.S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20103


Les murs, médias alternatifsLes contre-écrituresdes peuplesL’histoire des inscriptionsurbaines est presque aussilongue que celle des villes.La retracer est une tâchecomplexe car ces formesd’expression, dont le seulpoint commun est d’avoirpour support les murs del’espace public, apparaiss<strong>en</strong>tà différ<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>droits et àdiffér<strong>en</strong>tes époques, pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tdes formes et des esthétiquestrès variées, sont issuesd’int<strong>en</strong>tionnalités parfoiscontradictoires…COMME LE SIGNALE ARMANDO PETRUCCI,PIONNIER DANS LES ÉTUDES SUR CE DOMAINE, LESvilles sont depuis toujours chargées d’ "écrituresexposées" — les écritures affichées dans l’espacepublic et destinées à être vues par le plus grandnombre —, à caractère informatif, politique ousacré. A côté de ces écritures off<strong>ici</strong>elles, les mursvoi<strong>en</strong>t aussi naître les premières "contre-écritures",marques des peuples et de leur volonté de s’exprimer,de façon politique ou non. On rec<strong>en</strong>se parexemple de nombreux graffitis dans des villesantiques grecques et romaines, au message politique,humoristique, érotique ou personnel.Il convi<strong>en</strong>t aussi, avant d’aller plus loin, de différ<strong>en</strong>cierdeux façons principales d’utiliser lesmurs : la peinture et l’écriture, ou plus précisém<strong>en</strong>t,les fresques artistiques d’une part, les graffitis et collagesde l’autre. Les fresques, dont la réalisation estplus longue, sont faites pour durer, rester visible leplus longtemps possible et donc pér<strong>en</strong>niser un message.La démarche, on le compr<strong>en</strong>d, est tout autreque celle du graffiti ou du collage, qui sont éphémères,souv<strong>en</strong>t faits dans l’urg<strong>en</strong>ce pour transmettrequelque chose avant d’être effacés.Les muralistesLe premier mouvem<strong>en</strong>t de fresques muralesapparaît lors de la révolution mexicaine qui débute<strong>en</strong> 1910. A travers des peintures monum<strong>en</strong>tales,repr<strong>en</strong>ant des élém<strong>en</strong>ts de l’histoire et des cultureslocales, l’art devi<strong>en</strong>t politique par son cont<strong>en</strong>umais aussi par son emplacem<strong>en</strong>t physique : il setrouve dans la rue ou dans des bâtim<strong>en</strong>ts publics,au service de tous. Siqueiros, Orozco ou RiveraMichel B.sont les précurseurs de différ<strong>en</strong>ts mouvem<strong>en</strong>ts demuralisme qui naîtront au fil du 20 e siècle dansdivers quartiers du monde, de Chicago à Belfast ouà Dakar. Sous des formes et dans des buts différ<strong>en</strong>ts,il s’agit dans tous les cas de luttes esthétiques: peindre sur les murs pour donner forme àdes rev<strong>en</strong>dications et les faire durer, qu’elles soi<strong>en</strong>tpolitiques, culturelles ou id<strong>en</strong>titaires.En parallèle, les murs sont appropriés par lespartis et les organisations politiques, qui se serv<strong>en</strong>tprincipalem<strong>en</strong>t d’affiches. En Amérique latine, ontrouve aussi beaucoup de pintadas : des sloganspolitiques, peints à même le mur, signés par des"brigades" et répétés le plus possible dans la ville.Certaines brigades ont parfois recours à un langagecréatif et s<strong>en</strong>sible, resserrant les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre art etpropagande, comme dans le Chili des années 1960.Poétique et politiqueS’il a toujours existé, le graffiti se développeaussi davantage au 20 e siècle et se décline sous différ<strong>en</strong>tesformes. C’est le plus informel des modesd’expression mural : anonyme et rapide, il est lemoins contrôlable et permet de laisser une tracedans la ville <strong>en</strong> limitant les risques. L’émerg<strong>en</strong>ced’un premier "mouvem<strong>en</strong>t" de graffitis date de mai68, sur les murs du quartier latin. Graffitis etaffiches poético-politiques, ces inscriptions fleuriss<strong>en</strong>t<strong>en</strong> fait, à cette époque, dans bi<strong>en</strong> des <strong>en</strong>droitsdu monde, témoignant du besoin d’exprimer desidées nouvelles et de nouvelles conceptions dupolitique. La production parisi<strong>en</strong>ne a fait anthologie: chargée de s<strong>en</strong>s et d’une certaine qualité littéraire,elle est, comme nous le disions pour laá Le cours Juli<strong>en</strong> à Marseille : collaboration<strong>en</strong>tre graffeurs et boutiques.S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20105


Les murs, médias alternatifsá À Paris6 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010peinture, un phénomène à la fois social, politiqueet esthétique. Un processus relativem<strong>en</strong>t procheapparaît dans les années 1980 <strong>en</strong> Amérique latine,à la sortie des dictatures militaires, avec les graffitisdits "ing<strong>en</strong>iosos", ingénieux, ou "de ley<strong>en</strong>da".Poétiques et humoristiques, ils sont aussi des critiquescinglantes du contexte social et politique.Au même titre que le rock’n’roll, le punk etd’autres formes de la contre-culture post-dictatoriale,ils sont subversifs au-delà de leur cont<strong>en</strong>u,brisant par leur abondance les codes de "bonne utilisation"de la ville et sont témoins de la réappropriationde la parole après les années de sil<strong>en</strong>ceimposé par les militaires.Un art clandestinLe graff, ou graffiti hip hop, représ<strong>en</strong>te un autregrand mouvem<strong>en</strong>t de graffitis, et pr<strong>en</strong>d originedans une banlieue de New York à la fin des années1960. Au croisem<strong>en</strong>t du texte et de l’image, lesgraffs sont le plus souv<strong>en</strong>t des signatures au lettragestylisé et haut <strong>en</strong> couleurs, parfois accompagnésde paysages et de personnages. Son corollaireest le tag, la signature de l’auteur, tracée au feutreou à la bombe sur la fresque ou répétée le plus largem<strong>en</strong>tpossible dans la ville. Ce type d’inscriptiona longtemps été associé à la culture hip hop et à larev<strong>en</strong>dication d’une id<strong>en</strong>tité de ghetto, maisaujourd’hui elle dépasse largem<strong>en</strong>t ces cadres. Legraff s’est diffusé dans le monde <strong>en</strong>tier, les "pièces"ont pénétré depuis bi<strong>en</strong> longtemps les galeriesd’arts tout <strong>en</strong> persistant dans la rue comme pratiqueclandestine. Le tag, souv<strong>en</strong>t associé à un actede vandalisme, rompt avec l’ordre urbain, graphiqueet esthétique, et provoque le rejet. Selon lesvilles, on voit apparaître la mise <strong>en</strong> place de dispositifsde nettoyage extrêmem<strong>en</strong>t coûteux.Depuis, beaucoup d’autres formes ont apparu ouse sont développées, de façon globale (grâce à internetnotamm<strong>en</strong>t, qui permet la diffusion libre de photographieset des échanges d’expéri<strong>en</strong>ces). Lespochoirs, collages, stickers, sont autant de manièresChristophe Lhommede marquer l’espace public, que ce soit à des fins politiques,artistiques ou, plus simplem<strong>en</strong>t, expressives.A côté des inscriptions légales (signalétique etpubl<strong>ici</strong>té principalem<strong>en</strong>t), les inscriptions muralessont donc de divers ordres : des plus créatives etrecherchées — qui port<strong>en</strong>t un message universel,aux plus simples et triviales expositions de soi ;avec ou sans finalité artistique. Parler des murscomme médias c’est alors pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte desformes d’expressions "sauvages", c’est-à-dire illégales,mais aussi bi<strong>en</strong> d’autres, acceptées de fait oulégitimées par leur aspect esthétique et qui mainti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tun autre rapport à la loi et aux institutions.Selon les pays, l’utilisation des murs estassociée aux jeunes et aux marginaux d’une part, etde l’autre aux secteurs politiques les plus radicauxet donc subversifs (de droite comme de gauche).Les inscriptions murales donn<strong>en</strong>t alors lieu à desréactions différ<strong>en</strong>tes : interdiction, répression eteffacem<strong>en</strong>t ou, quand les perceptions chang<strong>en</strong>t,acceptation, institutionnalisation, <strong>en</strong>trée dans laculture, l’économie de l’art ou du tourisme. Le plussouv<strong>en</strong>t, les limites sont floues et les relations <strong>en</strong>trele pouvoir et les auteurs, pour le moins ambiguës.La plus ou moins grande tolérance aux inscriptionsmurales nous ramène à Petrucci, qui formule unequestion c<strong>en</strong>trale : celle du "Dominus" qui régitl’espace graphique ou, <strong>en</strong> d’autres termes, la lutteperman<strong>en</strong>te pour le droit et la légitimité de l’utilisationde l’espace public pour s’adresser à sesconcitoy<strong>en</strong>s. Les murs, aux quatre coins du monde,ont toujours quelque chose à dire, <strong>en</strong> plus, contreou à côté de ce que le pouvoir affiche.Les murs, aux quatre coins du monde,ont toujours quelque chose à dire.Un média alternatif ?L’apparition successive des médias alternatifs,d’une manière plus générale, suit de près celle desautres médias. En effet, la presse alternative, lesradios libres, télévisions associatives, pages webindép<strong>en</strong>dantes, etc., exist<strong>en</strong>t pour dire ce que lesmédias de masse, commerciaux, ne dis<strong>en</strong>t pas(parce que cela va à l’<strong>en</strong>contre de leurs intérêts ouplus simplem<strong>en</strong>t parce que ça ne fait pas v<strong>en</strong>dre).Lorsque le peuple s’approprie une technique, ill’utilise pour passer son message, notamm<strong>en</strong>tquand celui-ci ne correspond pas à la p<strong>en</strong>sée dominante.Avec pour volonté première de communiquer,les médias alternatifs vont à contre-courantdes systèmes médiatiques publics et privés, ils critiqu<strong>en</strong>tun état de faits tout <strong>en</strong> étant un moy<strong>en</strong>d’action politique : celle d’informer, d’intéresser,d’être l'exemple d’autres manières de faire et depercevoir le monde, une parole capable de sortirdes cadres d’une p<strong>en</strong>sée imposée comme la seulepossible. Les médias alternatifs sont désintéressés :ils transmett<strong>en</strong>t une information sans but lucratifet sont <strong>en</strong> cela une réaction à la commercialisationà outrance et à la marchandisation des idées. Ils


Les murs, médias alternatifsÖ À MarseilleMichel B.permett<strong>en</strong>t la visibilité de points de vue minoritaires,niés par les médias de masse.Par ailleurs, certains médias sont plus diff<strong>ici</strong>lem<strong>en</strong>tappropriables et peuv<strong>en</strong>t faire l’objet demonopoles (radio, TV, presse à grand tirage), laissantpeu d'espaces pour les expéri<strong>en</strong>ces alternatives.Le graffiti, la pintada ou d'autres interv<strong>en</strong>tionsurbaines sont par contre beaucoup plusdiff<strong>ici</strong>les à contrôler, au même titre que les fanzines,les tracts ou la parole directe. Ils sont peuonéreux, ne demand<strong>en</strong>t pas de grand savoir-fairetechnique ni beaucoup de matériel ; <strong>en</strong>fin, l’anonymatet la rapidité protège leurs auteurs. On compr<strong>en</strong>dque c’est un excell<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> d’échapper à lac<strong>en</strong>sure ou de la défier ouvertem<strong>en</strong>t.Ainsi, les murs sont parfois le support de discoursalternatifs et le réceptacle de pratiques alternativesde réappropriation de l’espace public. Ondit souv<strong>en</strong>t que les graffitis ou les fresques sont "leslettres des exclus", un dernier recours quand onn’a pas de place ailleurs. On peut égalem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>serque peindre ou écrire sur les murs est un choixdélibéré d’interv<strong>en</strong>ir dans la ville, de s’adresser aupassant, d’avoir un impact particulier <strong>en</strong> occupantactivem<strong>en</strong>t un espace commun.Ecrire ou peindre sur les murs peut être, selonle contexte, un jeu, une voie "pratique" d’expressionindividuelle ou collective, une action politiqueparfois risquée.Les murs, objets de rechercheCe dossier prés<strong>en</strong>te des recherches m<strong>en</strong>éesdans des pays et des contextes différ<strong>en</strong>ts, mais tousparl<strong>en</strong>t de murs qui reflèt<strong>en</strong>t des positions politiqueset transmett<strong>en</strong>t des messages différ<strong>en</strong>ts deceux des médias dominants. Nous observons desexpressions murales qui, avec divers niveaux d’institutionnalisationet de légitimité, sont toutes spontanées,dans le s<strong>en</strong>s où elles ne sont ni descommandes de l’Etat, ni d’<strong>en</strong>treprises privées, et nesont donc pas financés par eux. Les murs sontalors la voie par laquelle le peuple s’adresse aupeuple, des façons de pr<strong>en</strong>dre place face à et dansla société. Nos travaux port<strong>en</strong>t un regard sur desmurs dont le discours ou la prés<strong>en</strong>ce sont politiques,qui utilis<strong>en</strong>t un langage s<strong>en</strong>sible, symbolique,mobilis<strong>en</strong>t la mémoire et part<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t activem<strong>en</strong>tà la construction des imaginaires locaux, à lare-signification des paysages.Selon nos points de vue, nous observons lecont<strong>en</strong>u de ces inscriptions, les interrogeons parfois<strong>en</strong> tant que pratique (d’écriture ou de lecture)mais c’est avant tout leur rôle dans la société, lesmurs dans leur contexte, qui nous intéress<strong>en</strong>t. Eneffet, les "explosions" et le surgissem<strong>en</strong>t de nouvellesformes d’inscriptions murales reflèt<strong>en</strong>t etaccompagn<strong>en</strong>t toujours des mouvem<strong>en</strong>ts politiques,sociaux ou culturels. Elles sont ainsi aucœur d’<strong>en</strong>jeux de pouvoir, multiples, que nousvous prés<strong>en</strong>tons <strong>ici</strong>.Ainsi, les fresques d’Irlande du Nord et du Paysbasque part<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t, de manière active, aux conflitsqui agit<strong>en</strong>t ces terres, rejouant la guerre sur lesmurs à coup de symboles et de propagande nationaliste,<strong>en</strong> s’inscrivant physiquem<strong>en</strong>t sur des territoires<strong>en</strong> dispute pour se les approprier. Comme <strong>en</strong>Sardaigne, les fresques murales construis<strong>en</strong>t desimaginaires de lutte, devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les monum<strong>en</strong>tsdu peuple, des lieux de mémoires informels <strong>en</strong>voie de patrimonialisation. En effet, les mursd'Orgosolo correspond<strong>en</strong>t à une lutte esthétique,un art militant : un phénomène né des écrits del’urg<strong>en</strong>ce et de l’affichage de la parole contestataire,<strong>en</strong>suite dev<strong>en</strong>us tradition. L’exemple uruguay<strong>en</strong>montre comm<strong>en</strong>t un même sujet de la vie politiqueéveille toute une série de formes d’inscriptionsmurales, la mise <strong>en</strong> scène de différ<strong>en</strong>ts discoursminoritaires, niés par les médias de masse. AMontevideo, les murs étant des zones d’expressionlibre, ils sont propices aux dialogues et à l’émerg<strong>en</strong>ced’une parole créative. Un article à paraîtreultérieurem<strong>en</strong>t revi<strong>en</strong>dra vers Lyon, dans les ruesde la Croix-Rousse, explorant la concurr<strong>en</strong>ce graphiquequi s’y joue <strong>en</strong>tre différ<strong>en</strong>ts acteurs des écrituresurbaines (afficheurs, graffeurs, mun<strong>ici</strong>palité),à travers des points de vue de militants sur la figurede l'affichage libre comme patrimoine culturel mis<strong>en</strong> exergue, <strong>en</strong> tant que réponse aux attaques jud<strong>ici</strong>airesde la mun<strong>ici</strong>palité.Mimmo PuccarelliAriela Epstein ■La lutte des signes40 ans d'autocollants politiquesZvonimir NovakLes éditions libertaires2009 - 204 p. - 30 €Les autocollants permett<strong>en</strong>td'exprimer, souv<strong>en</strong>t de manièreartistique, <strong>en</strong> petit, des slogansde lutte. Eux aussi sont prés<strong>en</strong>tssur les murs. Ce livre <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>teune multitude dans desdomaines variés : anarchistes,trotskistes, maoïstes, alternatifs,écologistes, collectifs de lutte,communistes, socialistes… Lelivre, fort bi<strong>en</strong> illustré, est agrém<strong>en</strong>téd'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s avec des graphistes.Passionnant. FV.à À Lyon


Les murs, médias alternatifsMimmo Pucciarelliá Rue du Mail, Lyon 4 erMimmo Pucciarelliá Montée de la Grande-Côte, Lyon 1 ertion de l'habitat, on constate aussi une conc<strong>en</strong>trationd'alternatives sociales et, par conséqu<strong>en</strong>t, une"conc<strong>en</strong>tration" de graffeurs.Le sociologue que tu es peut-il évaluer,à partir du cont<strong>en</strong>u de ces murs, une évolutiondans l'expression et les rev<strong>en</strong>dications ?Le métier de sociologue consiste à restituer lephénomène qu'il observe au travers d’un "rapport",d’un mémoire ou d’une thèse. Il suffit de passerquelques minutes à lire, admirer, observer avec uneonce de curiosité l'<strong>en</strong>semble des images que, grâceà Jean-Marc Bonnard, nous mettons <strong>en</strong> lignechaque jour sur le site de l'Atelier de création libertaire,pour s'apercevoir que cette parole quelquepeu "sauvage", parfois titubante et très souv<strong>en</strong>t poélitiquem<strong>en</strong>tcorrecte, est <strong>en</strong> constante évolution. Si,par le passé, on pouvait lire des slogans parlant"d'insoumission civile et militaire", depuis quelquesmois et surtout depuis l'affaire dite de Tarnac, onutilise, par exemple, souv<strong>en</strong>t le mot "insurrection",parfois d’ailleurs avec un seul "r". Mais aussi cetautre, tout neuf et tout joli, qui nous incite à agiravec tout notre corps et tous nos s<strong>en</strong>s : "émeutetoi".Cela parle à l'âme plus qu'au militant guidé parles idéologies révolutionnaires d'il y a une vingtained'années. Quant aux rev<strong>en</strong>dications, elles suiv<strong>en</strong>tnaturellem<strong>en</strong>t ce qui se passe, aussi bi<strong>en</strong> dans lemonde <strong>en</strong>tier que dans l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t immédiatdu grapheur. C'est ainsi que l'on peut passer parMimmo Pucciarellides messages comme "Nous ne payerons pas votrecrise", à ce cri mural adressé à une partie de lapopulation, réelle ou imaginaire : "Bobo hors de laCroix-Rousse". Mais, <strong>en</strong> même temps, on mainti<strong>en</strong>ttoujours vivant l'esprit des canuts, quand on rappelleaux passants, <strong>en</strong> ce début d'année 2000, "Lescanuts sont toujours là", phrase signée par cesdésormais inévitables @ cerclés.Ces écrits sont-ils <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec des mouvem<strong>en</strong>tssociaux ou relèv<strong>en</strong>t-t-ils de la révolteindividuelle ?En réalité, c'est un mélange. Comme je le disaisplus haut, ces mots qui font parler les murs fontréfér<strong>en</strong>ce aux luttes et mouvem<strong>en</strong>ts sociaux, maisexprim<strong>en</strong>t aussi des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts personnels. "Pourma maman", a écrit une bombe anonyme p<strong>en</strong>santà la personne qui lui a donné la vie, "à toi ma sœurque j'aime" a <strong>en</strong>core gravé, dans un petit passageproche du c<strong>en</strong>tre-ville, une personne qui veutexprimer publiquem<strong>en</strong>t ses s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. Des messagesqui, lus distraitem<strong>en</strong>t, peuv<strong>en</strong>t semblerl'œuvre de tel ou tel individu n'ayant probablem<strong>en</strong>tpas d'autres moy<strong>en</strong>s de faire savoir ce qu'il a"dans la tête" ou bi<strong>en</strong> dans le cœur. Mais, lorsqu’onva à la chasse de ces messages, lorsqu'on les collecteet qu’on les met bout à bout, on peut les lireautrem<strong>en</strong>t. Ce lot quotidi<strong>en</strong> de mots, d'images, decouleurs représ<strong>en</strong>te <strong>en</strong> fait un <strong>en</strong>chevêtrem<strong>en</strong>t d'interpellationsqui sont étalées sur ce fabuleux supportqu’offre la ville, à peu de frais, à nos poètes,rebelles, mais aussi à l'étudiant amoureux ou à lajeune personne qui fait la caricature d'un ami.Les murs, dans l'imaginaire de nos acteurs,sont à la fois un espace public où informer, interpellerles autres, mais aussi un espace singulier,individuel où exprimer ses s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. Et l'<strong>en</strong>semble,c'est un livre ouvert sur la vie, à la Croix-Rousse comme ailleurs.Propos recueillis par Michel Bernard etGuillaume Gamblin. ■á Les Pénélopes effac<strong>en</strong>t le jour,ce que d'autres écriv<strong>en</strong>t la nuit■ Ma Croix-Rousse alternative.Pour voir la richesse des p<strong>en</strong>tesde la Croix-Rousse, les photos deMimmo Pucciarelli sont exposéessur :http://www.atelierdecreationlibertaire.com/croix-rousse-alternative/S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20109


Les murs, médias alternatifsÖ 1 : Affiche produite <strong>en</strong> 1969 dans l’atelier de création du « Circolo Giovanile » d’Orgosolo à l’occasionde la manifestation pour la libération des pâturages de la localité de Pratobello, occupé par lesmilitaires de l’OTAN pour y créer une base militaire. Texte écrit : des <strong>en</strong>grais et pas de balles...Hélène DegrandpréL’affichagede la parolecontestataireLe casdes muralesd’Orgosolo(Sardaigne)Orgosolo est un village situé dans la partie montagneuse dunord de la Sardaigne, où s’est développée une pratique toute àfait singulière de peinture murale qui a fait du mur, <strong>en</strong> premierlieu, un média alternatif et, <strong>en</strong>suite, le support du récithistorique de la communauté qui habite ce territoire.1. Voir illustrations n° 1, 2 et 3.à 2 : Orgosolo, Rue Liguria.L : 2,4 m. H : 2, 6 m. Peintureréalisée par Francesco del Casino<strong>en</strong> 1976. La peinture reproduitune des affiches–phares de la luttede Pratobello.IL EST DIFFICILE D’EXPLIQUER LES ORIGINESDE CE PHÉNOMÈNE ; PLUSIEURS ÉLÉMENTS SONTinterv<strong>en</strong>us dans sa naissance et son évolution.Réalisées pour la plupart dans les années 70 et 80,ces peintures viv<strong>en</strong>t de l’héritage d’un fort militantismede contestation qui avait animé le village aucours des années 1968 et 1970, durant lesquellesl’activisme de certains habitants avait donné naissanceau "Circolo Giovanile d’Orgosolo".Hélène DegrandpréOuvert grâce à l’initiative des jeunes intellectuelsdu village, le groupe réunissait au départ despersonnes appart<strong>en</strong>ant aussi bi<strong>en</strong> au parti de laDémocratie chréti<strong>en</strong>ne qu’au parti communiste.Quelques mois plus tard, suite à la scission <strong>en</strong>treles membres des deux différ<strong>en</strong>ts partis, l'association,initialem<strong>en</strong>t à but culturel, acc<strong>en</strong>tue sa natureactiviste et devi<strong>en</strong>t un collectif militant gauchistedont la finalité est de s<strong>en</strong>sibiliser les habitants àdiverses causes, antimilitaristes pour certaines,anticapitalistes pour d'autres, ou bi<strong>en</strong> critiques<strong>en</strong>vers la politique de c<strong>en</strong>tralisation m<strong>en</strong>ée par legouvernem<strong>en</strong>t itali<strong>en</strong>.C’est dans les locaux de son siège que, grâce àla part<strong>ici</strong>pation active du professeur de dessin del’école d’Orgosolo, Francesco Del Casino, serontproduites toutes les affiches de contestation et derev<strong>en</strong>dication qui décoreront les murs du villagep<strong>en</strong>dant des années et qui seront <strong>en</strong>suite traduites<strong>en</strong> peintures murales.L’héritage et la mémoire de ces trois annéesd’activité du Circolo Giovanile d’Orgosolo alim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tla s<strong>en</strong>sibilité qui fut à la base de la réalisationde toutes les peintures murales du village à partirde 1970 et ce, p<strong>en</strong>dant vingt ans 1 .Questions sociales <strong>en</strong> peintureEn 1975, dans le cadre d’un projet éducatif, cemême professeur propose à ses élèves de fêter le


Les murs, médias alternatifsHélène DegrandpréHélène Degrandpréá 3 : Orgosolo, Corso Repubblica, L : 1,7 m H : 2, 4 m.Peinture réalisée <strong>en</strong> 1978 par Francesco del Casino. Écrit :Adjoint au Ministre des Transport, M. Bagnino, poursuivi pourles infractions suivantes : att<strong>en</strong>tat contre le droit à l’étude, pourla t<strong>en</strong>tative d’<strong>en</strong>fermer 150 personnes dans un bus, abs<strong>en</strong>ce continueaux assemblées générales des étudiants.30 e anniversaire de la libération du fascisme <strong>en</strong>Italie, <strong>en</strong> réalisant une recherche sur les résistantsde la région, <strong>en</strong> les peignant sur papier, puiscomme peintures murales 2 . On passe ainsi des premierstravaux réalisés par les mains inexpertesd’élèves à des œuvres plus élaborées.Il s’agissait au départ de reproduire des événem<strong>en</strong>tsde la vie quotidi<strong>en</strong>ne locale mais les thèmesvont <strong>en</strong>suite bi<strong>en</strong> au-delà : événem<strong>en</strong>ts de Pratobello(lutte contre l'installation d'un camp del'Otan sur des pâturages) vécus personnellem<strong>en</strong>tpar la population, problèmes du chômage, luttepour l’émancipation des femmes, guerre d’Espagne,coup d’état chili<strong>en</strong>, problèmes liés à la vie pastorale,rev<strong>en</strong>dications des étudiants pourl’application effective du droit aux études sans<strong>en</strong>traves, jusqu’aux événem<strong>en</strong>ts plus réc<strong>en</strong>tscomme la guerre du Golfe, la destruction des toursjumelles de New York, les manifestations contre leG8 de Gênes 3 , la guerre <strong>en</strong> Irak.Aujourd’hui le village compte près de 250 peinturesmurales qui s’inspir<strong>en</strong>t presque toutes de thématiquespolitiques. La majorité d'<strong>en</strong>tre elles sontle fait de Francesco Del Casino, avec la collaborationconstante, au cours des années, des élèves del’école. Suite à l’expéri<strong>en</strong>ce d’Orgosolo, le muralismeest dev<strong>en</strong>u une pratique diffuse dans toutel’île, où plus de soixante-dix villages prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t despeintures murales, pour un total de presque millepeintures 4 sur tout le territoire de l’île.Cette diffusion a <strong>en</strong>traîné un changem<strong>en</strong>t dansle statut de ces peintures, qui étai<strong>en</strong>t au départnées pour afficher un malaise politique et social, etsont <strong>en</strong>suite dev<strong>en</strong>ues un composant fondam<strong>en</strong>taldes politiques de réaménagem<strong>en</strong>t urbain, le pointfort des programmes culturels des différ<strong>en</strong>tesmun<strong>ici</strong>palités. Elle représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un importantattrait touristique 5-6 au niveau national et international,surtout pour les villages situés à l'intérieurde l'île, qui ne peuv<strong>en</strong>t pas offrir les avantages dela mer aux vacanciers.á 4 : Orgosolo, angle rue Congiargiu et rue Gramsci. L : 7,30 mH : 3 m. Peinture réalisé par Francesco Del Casino et ses élèves<strong>en</strong> 1975 <strong>en</strong> honneur du partisan Congiargiu à l’occasion du projetpédagogique de recherche sur les partisans de la région pour lacélébration des 30 ans de la libération itali<strong>en</strong>ne (25 avril 1945).Une forme de résistanceContrairem<strong>en</strong>t aux fresques des autres villages,les murales d'Orgosolo ont une spécif<strong>ici</strong>té issue deleurs origines : elles sont toutes accompagnées pardes écrits, affichés dans l'espace du dessin. Il s’agit,pour la plupart, de messages concernant desdébats locaux ou des événem<strong>en</strong>ts de politiqu<strong>en</strong>ationale et souv<strong>en</strong>t de critiques aux représ<strong>en</strong>tantsdu gouvernem<strong>en</strong>t itali<strong>en</strong>. Le choix des thèmessemble indiquer que ces écrits r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t à une culturepolitique partagée, et que tous les auteurs deces écrits partag<strong>en</strong>t un espace de repères sociaux etpolitiques.Il faut aussi relever que dans le tiers des peintures,la politique du gouvernem<strong>en</strong>t itali<strong>en</strong> estremise <strong>en</strong> cause. Le thème le plus récurr<strong>en</strong>t est <strong>en</strong>effet la dénonciation des acteurs politiques, certainesévoquant clairem<strong>en</strong>t les thèmes de l’incompét<strong>en</strong>ceet de l’inégalité. Il est remarquable que desfresques protestataires, nées dans un cadre rural etréalisées par des amateurs, se cristallis<strong>en</strong>t ainsiautour de l’<strong>en</strong>jeu institutionnel.La simpl<strong>ici</strong>té graphique des écrits revi<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>tdans le choix de rédaction avec des formeslangagières simples, un vocabulaire repérable, desmots qui revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t (popolo, lotta, sostegno, compagni7 ), et un répertoire des figures qui r<strong>en</strong>force lamise <strong>en</strong> scène de l’action visée par l’acte d’écriture :poings, mains, uniformes, symboles appart<strong>en</strong>antau monde des bergers.On peut observer des phrases qui se répèt<strong>en</strong>t(souv<strong>en</strong>t, par exemple, l’exhortation adressée auxfemmes, hommes, bergers et ouvriers, à être solidaireset unis dans la même lutte), avec un vocabulairequi semble appart<strong>en</strong>ir à un système culturelprécis et faire référ<strong>en</strong>ce à des périodes historiquesexpl<strong>ici</strong>tes. On vérifie <strong>ici</strong> ce que suggérait LeonardSmith 8 à propos des graffitis réalisés par les mutinsfrançais <strong>en</strong> 1917 : "le socialisme fournit un langagede protestation déjà constitué".2. Voir illustrations n° 4 et 5.3. Voir illustration n° 6.4. Voir la carte de l'île, illustrationn° 7.5. Voir les photographies 10 et 11p.13.6. A ce sujet, voir Satta, G. (2001)Turisti a Orgosolo. Napoli :Liguori. Et Satta, G. (2002)“Maiali per i turisti” in V.Siniscalchi (sous la direction de)Framm<strong>en</strong>ti di economie.Cos<strong>en</strong>za : Pellegrini, pp.127-157.7. En français : peuple, lutte, souti<strong>en</strong>,camarades.8. L. Smith, Beetwe<strong>en</strong> Mutiny andObedi<strong>en</strong>ce. The case of Fr<strong>en</strong>chFifth Infantry Division duringWorld War I, Princeton, PrincetonUniversity Press, 1991, cit . p. 193"Socialism , I would suggest, provideda language of protest alreadyin place".à 5 : Orgosolo, Corso Repubblica.L : 1 , 10 m H : 1,70 mPeinture réalisée <strong>en</strong> 1975 par lesélèves de l’école secondaired’Orgosolo dans le cadre du projetéducatif de commémoration de lalibération de l’Italie du fascisme.Écrit : Fascisme =torture, guerre,prison, faim.Hélène DegrandpréS!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20101 1


Les murs, médias alternatifsOn peint comme on écrit, dansla nécessité de communiquersur des faits d'actualité.Hélène Degrandpréá 6 : Orgosolo, Corso RepubblicaL : 7, 4 m H : 4 mPeinture réalisée <strong>en</strong> 2001 par desjeunes (Gio, Vale, Feli) <strong>en</strong> hommageà Carlo Giuliani, le jeune militantmort au cours des émeutes du contreG8 de Gênes.9. Tous les <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s cités, initialem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> itali<strong>en</strong>, ont été traduits <strong>en</strong>français pour <strong>en</strong> faciliter la lectureau public francophone.10. Voir illustration n° 8.à 8 : Orgosolo, Corso Repubblica(ex- Mairie) L : 3 m. H : 7 m.Peinture réalisée par Francesco DelCasino <strong>en</strong> 1976 et restaurée <strong>en</strong> 1984,<strong>en</strong> mémoire des luttes pour la libérationdes pâturages de Pratobello etdu parc du G<strong>en</strong>narg<strong>en</strong>tu. Texteécrits : Ce qui se passe à Pratobello,contre l’élevage et l’agriculture, estune provocation d’ordre coloniale. Ilfaut remonter à la période du fascismepour retrouver un événem<strong>en</strong>tpareil. Pour cette raison je me s<strong>en</strong>ssolidaire avec les bergers et lesagriculteurs d’Orgosolo qui résist<strong>en</strong>tavec courage et si je n’était pas <strong>en</strong>mauvais conditions de santé, je seraisparmi eux. Texte du télégramme del’intellectuel et homme politiqueEmilio Lussu, juillet 1969.1 2 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010Hélène DegrandpréDans les peintures plus anci<strong>en</strong>nes, il s’agit pourla plupart d’écrits de dénonciation et de rev<strong>en</strong>dicationpolitiques — on trouve alors des phrases tellesque : "Femmes unies dans la lutte", "On veut des<strong>en</strong>grais, pas des balles", ou <strong>en</strong>core "Le mom<strong>en</strong>t estv<strong>en</strong>u, peuples, d’<strong>en</strong> finir avec les abus. R<strong>en</strong>versonsles mauvaises coutumes, r<strong>en</strong>versons l’arrogance".Ces énoncés apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t au g<strong>en</strong>re plusgénéral du slogan.Il s’agit de peintures murales à fort discourspolitique. C’était une période de grande ferveurmilitante, le but étant de donner un messagerapide, compréh<strong>en</strong>sible par les habitants du village,et c<strong>en</strong>sé les stimuler à pr<strong>en</strong>dre position où às’impliquer dans un débat.La prés<strong>en</strong>ce de ces écrits dans les muralestémoigne de leur appart<strong>en</strong>ance au domaine vasteet varié des pratiques contestataires : <strong>en</strong> dessinantet <strong>en</strong> écrivant sur le mur, on manifeste, on conteste,on refuse, on s’oppose, on critique, on se rebelle,on fait une action politique, on montre une autrefaçon de p<strong>en</strong>ser et, comme le dit un des habitantsdu village dans son récit : "Les murales réalisés audébut étai<strong>en</strong>t purem<strong>en</strong>t politiques, on avait le désir demontrer à travers les murales et les écrits, qu’il y avaitune autre façon de p<strong>en</strong>ser" 9 .Union contre une base de l'OTANLe prototype de ces murales est un objet defabrication tout à fait scriptural : les affiches. Pourcompr<strong>en</strong>dre cette constatation, on pr<strong>en</strong>dra <strong>en</strong>exemple une peinture représ<strong>en</strong>tative de ce phénomène10 , celle qui illustre la lutte de Pratobello etqui se trouve sur la façade de l’ex-mairied’Orgosolo, dans la rue Corso Republica ; elle estcommuném<strong>en</strong>t appelée "le mural de Pratobello".Cette lutte, qui a été l'un des combats les plusimportants contre ceux que les militants duCircolo Giovanile affrontai<strong>en</strong>t, a impliqué tous leshabitants du village qui, sur l’impulsion desmembres du Circolo, ont occupé les pâturages dela zone de Pratobello où les militaires de l’OTANvoulai<strong>en</strong>t installer leur base militaire. La grandepart<strong>ici</strong>pation populaire à cette manifestation aalors obligé les militaires à abandonner leur projetainsi que les territoires de Pratobello, et le Circoloa remporté la sympathie et l'accord de tout le village.Les membres du Circolo Giovanile s’étai<strong>en</strong>torganisés pour l’appel à l’action <strong>en</strong> se servant d’affichesvisant à s<strong>en</strong>sibiliser les habitants sur "l’affairePratobello". Elles étai<strong>en</strong>t dessinées par le professeurde dessin Francesco Del Casino, et produitesà l’aide d’une polycopieuse. Les productions, untemps affichées sur tous les murs du village, ont étéfidèlem<strong>en</strong>t reproduites dans la peinture murale.Dans cette peinture, la paternité des affichespar rapport aux murales est évid<strong>en</strong>te. Cette relationexplique d’une part leur aspect précéd<strong>en</strong>t sousforme d’affiches, et d’autre part le fait qu'il n'y aqu'à Orgosolo que les murales prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de l’écriture,car dans les autres villages, la réalisation despeintures ne se rattache pas à un antécéd<strong>en</strong>t d’écriturede ce g<strong>en</strong>re. Cette prov<strong>en</strong>ance de l’affiche estd'ailleurs confirmée par Francesco Del Casino, quiaffirme à plusieurs reprises dans ses témoignagesque les antécéd<strong>en</strong>ts des murales sont bi<strong>en</strong> lesaffiches produits par le Circolo: "Les antécéd<strong>en</strong>ts despeintures murales sont ces affiches réalisées dans lesà 7 : Il y a plus de soixante-dix villages <strong>en</strong> Sardaigne qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tdes peintures murales, la plupart se trouv<strong>en</strong>t dans les régionsde Cagliari et Nuoro. On trouve <strong>ici</strong> une cartegéographique de l’île avec les principauxvillages concernés par le phénomène.


Les murs, médias alternatifsannées 68, 69 et 70, et qui ont été effectuées avec unetechnique assez rudim<strong>en</strong>taire, similaire à la sérigraphie".L'affiche pour l'urg<strong>en</strong>ce,la peinture pour durerSi les murales repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le format et les écritsdes affiches politiques, il <strong>en</strong> va de même pour lesmodalités de réalisation : on peint comme on écrit,dans la nécessité de communiquer sur des faitsd'actualité.Dans plus d’un récit, l’affichage de ces actesd’écriture semble dicté par l’urg<strong>en</strong>ce : "Ces affichesétai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite placardées p<strong>en</strong>dant la nuit sur les murs,afin que l’information puisse interpeller immédiatem<strong>en</strong>ttout passant. Ensuite le passage de l’affiche, qui pouvaitfacilem<strong>en</strong>t se détériorer, à la peinture sur mur, a étépresque obligé". Comme l'explique cet extrait d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>,l’urg<strong>en</strong>ce de ces écrits, est d'abord d’ordre temporel: le témoin souligne la nécessité d’agir dans lanuit, de réaliser une affiche et de l’exposer dans lesplus brefs délais, pour la faire lire le plus tôt possible,à tout passant. La deuxième cause de cette urg<strong>en</strong>cesemble être liée à une exig<strong>en</strong>ce d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t dansl’information, un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t que les membres duCircolo Giovanile d’Orgosolo s’étai<strong>en</strong>t imposé.L’affichage de ces actes d’écriture 11 était unefaçon d’agir, et on agissait dans l’urg<strong>en</strong>ce.Francesco Del Casino, a évoqué au cours des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>sle fait que, parfois, la nécessité de donner uneinformation était pour eux tellem<strong>en</strong>t urg<strong>en</strong>te qu’iln’y avait même pas le temps de faire une affiche :dans ce cas, un article de journal traitant d’un sujetprécis était affiché au mur.L’idée première de cette action d’affichage, délibérém<strong>en</strong>tliée à l’actualité, était de répondre aucoup par coup aux événem<strong>en</strong>ts, comme le dit unanci<strong>en</strong> membre du Circolo dans ses mémoires : "Acette époque, tout était mis au mur, tout était public,nos affiches étai<strong>en</strong>t un peu comme les journauxmuraux des chinois, les tatzupao je p<strong>en</strong>se, voilà onavait pris l’inspiration un peu de ça aussi".La fonction et la durée des peintures murales,et non seulem<strong>en</strong>t leurs thèmes, sembl<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>tancrées dans l’actualité — un autre anci<strong>en</strong>membre du Circolo souligne à ce propos l’inutilitéde conserver les murales une fois l’urg<strong>en</strong>ce passée,comme si l’action devait continuellem<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>ouveler: "Les murales sont comme des affiches politiques,leur durée est liée à un mom<strong>en</strong>t précis d’actualité, iln'est pas important de le conserver une fois que l’urg<strong>en</strong>ceest passée".Ces énoncés sont des slogans qui fonctionn<strong>en</strong>tdans une situation particulière au niveau de ladénotation, mais qui continu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> même temps àfaire référ<strong>en</strong>ce aujourd'hui. De cette façon, le slogand’une lutte locale dépasse les frontières deproximité pour se lier à un mouvem<strong>en</strong>t plus large,ce qui était d’ailleurs l’ambition du CircoloGiovanile et qui motivait la diffusion 12 et la lectured’ouvrages, textes, témoignages, docum<strong>en</strong>tationsd’autres mouvem<strong>en</strong>ts militants.C'est dans ce s<strong>en</strong>s qu'il faut égalem<strong>en</strong>t lire laréc<strong>en</strong>te apparition d'une peinture murale faisantréfér<strong>en</strong>ce à la lutte du Larzac 13 , à côté de celle dePratobello. Réalisée à l'occasion des 40 ans deá 9 : Orgosolo, Corso Repubblica. L : 1, 70 m H : 2 m. Peinture<strong>en</strong> hommage à la lutte du Larzac, réalisée par Tristan Favre,Vinc<strong>en</strong>t Leclerc et Christine Tel<strong>en</strong> <strong>en</strong> juin 2009 à l’occasion àl'occasion des célébrations pour les 40 ans de Pratobelloá 10 : août 2007 . Orgosolo, Corso Repubblica. Les touristes sepr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> photo devant une fresque représ<strong>en</strong>tant la Sardaigneet situant le village d’Orgosolo dans l’île.á 11 : juin 2009, Orgosolo, Corso Repubblica. Un groupe detouristes français se promène dans le rue du village et pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong>photo la fresque <strong>en</strong> mémoire de la révolution française de 1789.Pratobello, le 19 juin 2009, cette fresque reproduitce qui fut l'affiche-phare d'une autre lutte antimilitariste,qui <strong>en</strong> France a "fait histoire", celle ducausse au-dessus de Millau.Hélène DegrandpréHélène DegrandpréHélène DegrandpréFrancesca CozzolinoEquipe Anthropologie de l'écriture,HAC-EHESS Paris. ■Pour <strong>en</strong> savoir plus■ Barnoux, Y., Murales de laSardaigne, Collectif des éditeursindép<strong>en</strong>dants, Paris, 2001■ Bragaglia, M. (sous la directionde) Storia della Sardegna. VillanovaMonteleone : Soter, 1995■ Chatel, F. et Popper, F., L’artpublic: peintures murales contemporaines,peintures murales traditionnelles.Damase, Paris, 1981■ Calvet L. J., La production révolutionnaire,slogan, affiches, chansons,Payot, Paris, 1976■ Circolo Giovanile di Orgosolo, Salotta de Pratobello. Orgosolo:Ouvrage polycopié, 1969■ Cozzolino, F., "Les murs ont laparole : Sardaigne", Le Tigre, n° 1,1997, pp. 50-55■ Cozzolino, F., "Les peinturesmurales d’Orgosolo. Un exemple deprise de parole", in A. MubiBrigh<strong>en</strong>ti, The wall and the city / Ilmuro e la città / Le mur et la ville,ProfessionalDreamers, Tr<strong>en</strong>to, 2009■ Fra<strong>en</strong>kel B., Les affiches de Mai :l’atelier populaire des Beaux Arts, in"68, une histoire collective, (1962 -1981)", sous la direction de P.Artières et M. Zancarini-Fournel, LaDécouverte, Paris, 2008■ Fra<strong>en</strong>kel B., "Actes d’écriture :quand écrire c’est faire", in Langageet société, n° 121-122, sept-déc2007, pp. 101-112■ Mannironi, R. (1994) Arte muralein Sardegna. Cagliari : Incaspisano.■ Merlini, P., "Un progetto di tutelaper i dipinti", La Nuova Sardegna,12 octobre 2006■ Muggianu, P., Orgosolo 68–70, iltri<strong>en</strong>nio rivoluzionario. Nuoro :Studio Stampa, 1998■ Le Lannou, M., Pâtres et paysansde la Sardaigne, Arrault, Tours,1941 En itali<strong>en</strong> : Pastori e contadinidi Sardegna, trad. par M. Brigaglia,Ed. de La Torre, 2006■ Rubanu, P. et G. Fistrale, Muralespolit<strong>ici</strong> della Sardegna. Bols<strong>en</strong>a :Massari, 1998■ Satta, G., Turisti a Orgosolo.Napoli : Liguori, 2001■ Satta, G., "Maiali per i turisti" inV. Siniscalchi (sous la direction de)Framm<strong>en</strong>ti di economie. Cos<strong>en</strong>za :Pellegrini, 2002, pp. 127-15711. Voir B. Fra<strong>en</strong>kel, "Actes d’écriture: quand écrire c’est faire", inLangage et société, n° 121-122,sept.-déc. 2007, pp. 101-112.12. Le Circolo Giovanile d’Orogosoloétait équipé d’une bibliothèquecompr<strong>en</strong>ant des ouvrages degroupes militants nationaux etinternationaux, et ils étai<strong>en</strong>tabonnés à la plupart des revuesgauchistes existantes.13. Voir illustration n° 9.S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20101 3


Les murs, médias alternatifsPolyphonie sur les mursde MontevideoLes images dont nousparlerons <strong>ici</strong> ont été prises àMontevideo, <strong>en</strong> 2007, àl’apogée d’un conflit <strong>en</strong>trel’Arg<strong>en</strong>tine et l’Uruguay àpropos de l’installationd’usines de pâtes à papier.Elles sont le reflet d’un aspecttrès rarem<strong>en</strong>t abordé dansl’histoire de ce litige : celuides quelques secteursuruguay<strong>en</strong>s mobilisés contrel’implantation de ces usines,pour qui les murs auront étél’unique espace de visibilité etde communication "massive".á L’usine de Botnia se trouve à FrayB<strong>en</strong>tos1. Papeleras veut dire "usine depapier". Les usines dont il estquestion fabriqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> réalité dela cellulose, mais la population etles médias utilis<strong>en</strong>t ce terme, pluscourant que celui de pasteras("usine de pâte à papier"), quiserait plus approprié. Nous garderons<strong>ici</strong> son appellation populaire.2. Pour des définitions des différ<strong>en</strong>tstypes d’inscriptions murales, voirintroduction du dossier.3. Il faut préciser que la résistancecontre les usines est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tm<strong>en</strong>ée par quelques ONGécologistes, <strong>en</strong> particulier les organisationsGuayubirá et Motvides,mais travaillant surtout dans lazone côtière, elles n’eur<strong>en</strong>t aucunevisibilité dans la capitale.TOUT COMMENCE EN 2003, LORSQUEL’URUGUAY AUTORISE DEUX ENTREPRISES EUROpé<strong>en</strong>nes(la finlandaise Botnia, et l’espagnole Ence)à construire des usines sur les berges ori<strong>en</strong>tales dufleuve Uruguay, frontière naturelle <strong>en</strong>tre les deuxpays (voir carte). Les Arg<strong>en</strong>tins se mobilis<strong>en</strong>timmédiatem<strong>en</strong>t, notamm<strong>en</strong>t dans la ville côtièrede Gualeguaychú, et dénonc<strong>en</strong>t des risques écologiquespour le fleuve ainsi que leurs possiblesconséqu<strong>en</strong>ces sur le tourisme, secteur clé de l’économielocale. Des assemblées d’habitants s’organis<strong>en</strong>tdonc du côté arg<strong>en</strong>tin et coup<strong>en</strong>t le pont quirelie les deux pays. Il y aura aussi de fortes mobilisationsdans d’autres villes frontières, ainsi que desmanifestations dans la capitale, sout<strong>en</strong>ues par l’<strong>en</strong>semblede la population comme par son gouvernem<strong>en</strong>t(représ<strong>en</strong>té par Nestor Kirchner, puis par safemme, Cristina Fernández de Kirchner). Malgrécela, Botnia <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d ses travaux <strong>en</strong> 2005 etdébute sa production <strong>en</strong> 2007. Le cont<strong>en</strong>tieuxpr<strong>en</strong>d alors la dim<strong>en</strong>sion d’un véritable conflit géopolitiqueet implique l’interv<strong>en</strong>tion d’instancesinternationales (Cour internationale de justice deLa Haye, tribunal du Mercosur, roi d’Espagne…).Puis, à force de t<strong>en</strong>tatives des deux gouvernem<strong>en</strong>tspour apaiser les t<strong>en</strong>sions, l’affaire finit peu à peupar se tasser, sans pour autant qu’une solutionsatisfaisante n’ait été trouvée. En 2009, les "assembléistes"arg<strong>en</strong>tins mainti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la coupure régulièredu pont, mais les médias et l’opinionpublique se sont désintéressés du débat. Les relationsdiplomatiques repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>treles deux pays voisins.En Uruguay, le processus d’installation desusines avait débuté sous un gouvernem<strong>en</strong>t libéral(celui de Jorge Batlle, du Partido Colorado), etavait d’abord provoqué le rejet de l’opposition,notamm<strong>en</strong>t des syndicats et d’une partie du Fr<strong>en</strong>teAmplio — la coalition de gauche au pouvoirdepuis 2004 —, déployant des argum<strong>en</strong>ts écologisteset antilibéraux. Cep<strong>en</strong>dant, lorsqu’il accèdeau gouvernem<strong>en</strong>t, le présid<strong>en</strong>t Tabaré Vázquez(représ<strong>en</strong>tant du même Fr<strong>en</strong>te Amplio) annonceque les usines seront construites comme prévu.Botnia et Ence représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les plus importantsinvestissem<strong>en</strong>ts financiers de toute l’histoire dupays et sont nécessaires au gouvernem<strong>en</strong>t pourremplir sa principale promesse électorale : la réductionde la pauvreté. Cela justifie, à ses yeux, lacontinuité de certaines politiques économiques etindustrielles, sans soulever de contradictions.Ainsi, le sujet des usines ne devi<strong>en</strong>dra médiatiqueque face à la mobilisation des Arg<strong>en</strong>tins et la coupuredu pont ; le pays se soude alors derrière songouvernem<strong>en</strong>t et déf<strong>en</strong>d largem<strong>en</strong>t l’implantationdes usines étrangères. En effet, le différ<strong>en</strong>d aréveillé un nationalisme passionné dans les deuxpays ; côté uruguay<strong>en</strong>, la population souti<strong>en</strong>t lespapeleras 1 car elles sont prés<strong>en</strong>tées comme uneimportante source d’emplois pour une région peu1 4 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010


Les murs, médias alternatifsD.R.á 1. Les pintadas, les unes sur les autres, form<strong>en</strong>t un palimpsesteoù l’on peut suivre le dialogue <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>ts partis. Ici« no más continuismo », dont on ne voit plus la signature, et<strong>en</strong>-dessous : « la forestación da trabajo a mucho g<strong>en</strong>te », signépar la brigade Palo y palo de la liste 15 du Partido Colorado.industrialisée, et parce qu’elle fait confiance auxétudes réalisées qui affirm<strong>en</strong>t un très faible risquede pollution. La mobilisation arg<strong>en</strong>tine est vécuecomme une ingér<strong>en</strong>ce politique, une atteinte à lasouveraineté nationale.Un espace de dialogue inéditJe travaille sur les différ<strong>en</strong>tes formes d’inscriptionsmurales de Montevideo ; le thème des papeleras,tel qu’il s’est manifesté sur les murs de la ville,me sert alors d’exemple pour décrire différ<strong>en</strong>tesmodalités d’expression (formes, langages, imaginaires)du politique dans l’Uruguay contemporain.Il permet d’<strong>en</strong>visager les murs comme un espacede communication particulièrem<strong>en</strong>t riche où secôtoi<strong>en</strong>t des organisations de tous bords, <strong>en</strong> un dialoguequ’on ne trouvera dans aucun autre média.Sur les murs donc, quelques voix s’élèv<strong>en</strong>tcontre les papeleras, mettant <strong>en</strong> exergue des préoccupations<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales (liées à la pollutiondu fleuve et au développem<strong>en</strong>t de la productiond’eucalyptus qui alim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’usine) ainsi que desrev<strong>en</strong>dications anti-impérialistes. Secteurs organiséset individus s’exprim<strong>en</strong>t, arborant différ<strong>en</strong>tsdiscours militants (des plus institutionnels au plusalternatifs), des répertoires symboliques forts etmobilisés parfois à des fins contraires.Pintadas, graffitis, murales et pochoirs 2 ontdonc été utilisés pour dénoncer les usines de celluloseet, quelquefois, pour les sout<strong>en</strong>ir. Ces différ<strong>en</strong>tesformes d’inscriptions — textes, images, ouconjonction des deux —, témoign<strong>en</strong>t de l’occupationparticulière et très prégnante de l’espacepublic à Montevideo. Une campagne spontanée,émanant de différ<strong>en</strong>tes sphères sociales et politiques,a ainsi permis de rompre certains tabous etde souligner quelques-uns des nombreux paradoxespesant sur l’histoire des papeleras.Des argum<strong>en</strong>ts surtout écologistes“2006, cellulose : le chemin vers la pollution del’eau, de la terre et de la vie”, (voir photo 7), les pintadasqui condamn<strong>en</strong>t les papeleras port<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> premierlieu, un argum<strong>en</strong>t écologique 3 . Elles sontsignées par des organisations politiques de lagauche radicale qui, bi<strong>en</strong> que membres de la coalitiongouvernem<strong>en</strong>tale 4 , n’hésit<strong>en</strong>t pas à marquerleur désaccord avec les décisions c<strong>en</strong>trales. La pintadasert parfois à convoquer le peuple à des actes,des réunions ou des manifestations (il y <strong>en</strong> auraquelques-unes contre les papeleras, mais ellesauront mobilisé peu de monde) et dans certainsquartiers, des collectifs se cré<strong>en</strong>t, t<strong>en</strong>tant d’ouvrirD.R.le débat : "samedi 12, assemblée ouverte. Thème :usines de cellulose. Non aux usines de la mort. Oui àla vie". On retrouve les mêmes mots, "la cellulosec'est la mort", accompagnant un arbre d’eucalyptus<strong>en</strong>sanglanté, sur une fresque sauvage 5 signée parSoalon, un des nombreux artistes de rue deMontevideo (voir photo 2). Le langage politique,toujours symbolique et souv<strong>en</strong>t empreint depathos, fonde son discours sur l’évocation de la vieet de la mort, des items récurr<strong>en</strong>ts qui r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>taux <strong>en</strong>jeux les plus profonds ou transc<strong>en</strong>dants dudébat <strong>en</strong> question. Les murales peuv<strong>en</strong>t être individuelsou collectifs, plus ou moins organisés et off<strong>ici</strong>els: sur la photo n° 3, une autre fresque réaliséepar une association sur un des murs qui bord<strong>en</strong>t lePalais législatif, zone d’ordinaire occupée par lespintadas partisanes. Les différ<strong>en</strong>ts g<strong>en</strong>res d’inscriptionsse confond<strong>en</strong>t parfois et se relai<strong>en</strong>t sur lesmêmes murs, exprimant sous diverses formes lesmêmes préoccupations. Sur la fresque, les dessins<strong>en</strong>fantins et colorés contrast<strong>en</strong>t avec les textes quiles lég<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, tristes prédictions sur un ton plusdirect que celui des brigades 6 : "elle contamine, laplanète s’extermine", "la Finlande ne contrôle nidioxines ni furannes", "pêche artisanale morte", "maladie,cancer, malformations, allergies", "monoculture :appauvrissem<strong>en</strong>t du sol", etc.Pour rev<strong>en</strong>ir aux pintadas, le seul groupe politiqueorganisé s’étant manifesté sur les murs <strong>en</strong>faveur des usines est un secteur d’extrême droite(une branche du partido colorado). Un de sesá 2. Fresque “sauvage” réalisée <strong>en</strong>2008 par Soalon, un des nombreuxartistes de rue de Montevideo. "Lacelulosa es muerte".4. Le gouvernem<strong>en</strong>t de TabaréVázquez représ<strong>en</strong>te le partiEncu<strong>en</strong>tro Progresista-Fr<strong>en</strong>teAmplio, un front qui réunit luimêmede nombreux partis et courantsidéologiques, de la gauche laplus radicale à la plus modérée.En dehors des élections présid<strong>en</strong>tielles,chaque groupe possède sespropres listes et représ<strong>en</strong>tants etinflue plus ou moins dans lesdécisions gouvernem<strong>en</strong>tales.5. Voir introduction du dossier.6. Les personnes chargées de faire lespintadas sont organisées <strong>en</strong> brigades,chaque parti politique <strong>en</strong>compte une ou plusieurs selon sesgroupem<strong>en</strong>ts internes.7. Mandinga veut dire "diable" ou"démons" dans plusieurs régionsd’Amérique latine.8.Pour le mom<strong>en</strong>t, ce traité n’a pasabouti. Ce type de traités commerciaux,tout comme le conflit dontnous parlons, contribue à la fragilitédu Mercosur, l’alliance économiqueet politique de la régionsud-américaine <strong>en</strong>tre l’Arg<strong>en</strong>tine, leBrésil, l’Uruguay et le Paraguay.à 3. Fresque associative dont la signatureétait recouverte par une pintada. Elle alongtemps occupé trois murs prochesdu palais législatif.D.R.


Les murs, médias alternatifsÖ 4. “Por la plata baila el mono-cultivo”,graffiti anarchiste sur le mur d’un lycée.à 5. “Botnia se quemó ¡Cosa de Mandinga!”à 6. “Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>idos Botniolandia”. www.elmundoalreves.org.1 6 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010D.R.D.R. D.R.murs dit : "la forestation donne du travail à beaucoupde g<strong>en</strong>s" (au c<strong>en</strong>tre de la photo n° 1). Les mots gard<strong>en</strong>tune consonance écologiste, l’évocation de laforêt évinçant tous les méfaits d’une productionincontrôlée d’eucalyptus. Par ailleurs, le slogansemble répondre à celui d’un autre parti, inscritjuste au-dessus. "Non au continuisme" dénonce <strong>en</strong>effet la continuité des politiques économiquesm<strong>en</strong>ées par les gouvernem<strong>en</strong>ts successifs, notamm<strong>en</strong>t<strong>en</strong> ce qui concerne la sylviculture et lesaccords avec l’étranger. Les brigades jou<strong>en</strong>t ainsiavec les termes, dialogu<strong>en</strong>t sur les mêmes murs,repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ou détourn<strong>en</strong>t d’autres slogans, formantun réseau intertextuel assez complexe.Un pays productif ?Une ambiguïté se trouve par exemple dansl’idée de "pays productif", un des grands slogans dela campagne du Fr<strong>en</strong>te Amplio de 2004, souv<strong>en</strong>trepris dans le débat autour des usines. L’idée deproduction pouvant cont<strong>en</strong>ir des visions contradictoires,il aura été utilisé pour ou contre celles-ci.Alors que, pour le gouvernem<strong>en</strong>t et l’opinionpublique, les usines <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t de plain-pied dans laconstruction du "pays productif ", des appels àmanifestation dis<strong>en</strong>t pourtant : "Non aux fabriquesde cellulose. pour un pays productif" (photo n° 8) prônantune autre forme de production, qui ne reposeraitpas sur l’épuisem<strong>en</strong>t de ressources naturelles.La formule apparaît aussi, ironiquem<strong>en</strong>t, dans ungraffiti anonyme : "Uruguay, pays productif de pollutionet de mort".Au-delà de la pintada, les graffitis et pochoirss’inspir<strong>en</strong>t ainsi les uns des autres, se donn<strong>en</strong>t laréplique et se caricatur<strong>en</strong>t, alim<strong>en</strong>tant la créativitéet les jeux de s<strong>en</strong>s. Les exemples les plus virul<strong>en</strong>tset les plus originaux que j’ai trouvés sont des graffitisanarchistes, des formules courtes : "Botnia biopirates",par exemple, ou des jeux de mots pluscomplexes. "Por la plata baila el monocultivo"(photo n° 4) est tiré d’une expression toute faite :"por la plata baila el mono" (pour de l’arg<strong>en</strong>t, lesinge danse) ; mais le "por la plata" peut aussi secompr<strong>en</strong>dre comme "dans la région de la plata",celle du Rio de la Plata dans lequel se jette le fleuveUruguay, donnant finalem<strong>en</strong>t une phrase poétiquequi dirait : "sur le Rio de la Plata danse la monoculture".Les graffitis us<strong>en</strong>t d’un langage familier etpopulaire, ils sont pétris d’élém<strong>en</strong>ts culturels qu’ilfaut connaître ou appr<strong>en</strong>dre à déchiffrer pour lescompr<strong>en</strong>dre. Sur la photo n° 5, le graffiti annonceque l’usine finlandaise aurait brûlé, et que celaserait lié à une affaire de diables, de mauvaisesprits… "Botnia a brûlé. Affaire de mandinga" 7 , uneannonce fausse bi<strong>en</strong> sûr, qui suinte un humouracide et désabusé, caractéristique des murs deMontevideo.La souveraineté nationale et l’anti-impérialismesont l’autre grand sujet lié à ce conflit et porté surles murs. Là <strong>en</strong>core, des notions polysémiquessont évoquées de façon différ<strong>en</strong>tes, pour ou contreles papeleras. Si l’opinion publique se déf<strong>en</strong>d del’Arg<strong>en</strong>tine et de sa position "agressive", les mursdénonc<strong>en</strong>t plutôt les firmes étrangères occupant leterritoire national à leur unique profit (la celluloseproduite <strong>en</strong> Uruguay est <strong>en</strong>suite <strong>en</strong>voyée <strong>en</strong>


Les murs, médias alternatifsPascal Pragnèreá "Herriak bizi behar du" : Le peuple a besoin de vivrePeintures de guerreIrlande du Nord, Pays basque1. Attrait touristique depuis le développem<strong>en</strong>tdu processus de paix :des Political Tours sont organisés àBelfast, visites guidées des lieuxsymboliques du conflit et tour despeintures murales. Ces PoliticalTours sont possibles <strong>en</strong> plusieurslangues — anglais, français, espagnolet … euskera, langue basque— soulignant ainsi l’intérêt portépar les Basques au conflit <strong>en</strong>Irlande du Nord, intérêt d’ailleursréciproque. On peut trouver lescoordonnées pour ces visites surl’excell<strong>en</strong>t site d’Alain Miossecconsacré aux peintures murales <strong>en</strong>Irlande du Nord : http://muralsirlandedunord.over-blog.com/2. Guillaume d’Orange3. Jacques II1 8 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010On trouve une d<strong>en</strong>sité extraordinaire de peintures muralesdans des zones de conflit. Le support est "naturellem<strong>en</strong>tadapté" à ces situations. Il est visible, peu coûteux et solide.RÉSISTANT, LE SUPPORT MURAL PERMETQU’UN MESSAGE SOIT VU LONGTEMPS, COMPRIS,assimilé et mémorisé. L’auteur peut donc investirdavantage dans l’élaboration de la représ<strong>en</strong>tationartistique, ce qui r<strong>en</strong>force d’autant plus l’efficacitédu message. En revanche, la réalisation demandedu temps, ce qui implique qu’elle ait lieu dans un<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t plutôt sécurisé.Les peintures murales les plus connues sontcelles d’Irlande du Nord, mais il <strong>en</strong> existe aussibeaucoup au Pays basque, où un conflit viol<strong>en</strong>tsubsiste <strong>en</strong>core.Généralem<strong>en</strong>t reléguées au rang de curiosités 1ou de mode d’expression spécifique des communautés,ces représ<strong>en</strong>tations sont bi<strong>en</strong> plus que desimples illustrations ou comm<strong>en</strong>taires de l’actualitédu conflit : elles ont un rôle actif dans les processusde conflit. Elles ont aussi une histoire différ<strong>en</strong>teselon les acteurs qui les ont installées.Domination politique etoccupation de l’espace publicEn Irlande du Nord, les peintures murales loyalistesapparur<strong>en</strong>t au début du 20 e siècle avec lemouvem<strong>en</strong>t de résistance unioniste (pour l’unionavec la Grande-Bretagne) au Home Rule (pour l’indép<strong>en</strong>dancede l’Irlande). C’est à cette époquequ’ont surgi des représ<strong>en</strong>tations murales du roiprotestant King Billy 2 , victorieux des armées catholiquesde James II 3 lors de la bataille de la Boyne, le12 juillet 1690 (photo 1), et de symboles d’allégeanceà la couronne britannique. Tout <strong>en</strong> affirmantl’unionisme des protestants, ces peinturesétai<strong>en</strong>t déjà une assertion de propriété sur l’espacepublic physique et symbolique : la domination protestantes’exprimait par l’impossibilité pour lesá 1 : King Billy, victorieux à la bataille de la Boyne.Alain Miossec


Les murs, médias alternatifsá 2 : "You are now <strong>en</strong>tering free Derry" :Vous <strong>en</strong>trez dans le libre DerryAlain MiossecAlain MiossecPascal Pragnèreá 3 : Euskadi a la loupeá 4-1 : "Loyalist Cuchulainn 1" : Cuchulainn loyaliste (UDA)á 4-2 : Cuchulainn républicaincatholiques de rev<strong>en</strong>diquer l’égalité avec lesmêmes outils, et par un balisage du territoire. Lapeinture murale exprimait ost<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t que telterritoire était un territoire "britannique" ou "protestant",bi<strong>en</strong> plus qu’un territoire "habité <strong>en</strong> majoritépar des britanniques ou protestants". En ces<strong>en</strong>s, elle exprimait déjà des rapports de forces etune rev<strong>en</strong>dication de domination d’une communautésur l’autre. Cette domination fut d’ailleurstraduite, sur le plan législatif, par le Flags andEmblems Act (1954), qui interdisait le déploiem<strong>en</strong>tde drapeaux et symboles irlandais <strong>en</strong> Irlande duNord. Les premières explosions de viol<strong>en</strong>ce précédantles Troubles fur<strong>en</strong>t les émeutes dites "TricolourRiots" (1964), lorsqu’à l’occasion des élections àWestminster, les troupes britanniques intervinr<strong>en</strong>tviolemm<strong>en</strong>t pour faire retirer un drapeau irlandaisdéployé sur un local nationaliste.Jusqu’au développem<strong>en</strong>t du conflit et auxtransformations des rapports de forces dans lesannées 1970-1980, on ne trouve que de très rares"murals" républicains ou nationalistes (irlandais).Un des premiers, le fameux "You are now <strong>en</strong>teringfree Derry" fut peint à l’<strong>en</strong>trée du Bogside, quartierde Derry, p<strong>en</strong>dant les émeutes qui marqu<strong>en</strong>t ledébut du conflit <strong>en</strong> 1969. Cette fresque date symboliquem<strong>en</strong>tle début de la révolte de la communautécatholique irlandaise qui sanctuarisa cequartier et se soustrait symboliquem<strong>en</strong>t à l’autoritéet au système de ségrégation de l’"Etat protestant"(photo 2).Mais la réelle multiplication de murals se situeà la charnière des années 1979-81, au mom<strong>en</strong>t dumouvem<strong>en</strong>t de protestation des prisonniers républicainsirlandais pour le mainti<strong>en</strong> du statut de prisonnierspolitiques, mouvem<strong>en</strong>t qui culmina <strong>en</strong>1981 avec la mort de 10 dét<strong>en</strong>us <strong>en</strong> grève de lafaim, dont Bobby Sands, qui fut élu député avantde mourir, face à l’intransigeance de M. Thatcher.Au Pays basque, les peintures murales se multiplièr<strong>en</strong>taussi à partir des années 1980. Après lamort de Franco <strong>en</strong> 1975, et la période de "transition"qui installa la démocratie <strong>en</strong> 1978 avec statutsd’autonomie (celui de la Communauté autonomebasque fut voté <strong>en</strong> 1979), la répression à l’<strong>en</strong>contredes nationalistes basques ne faiblit pas, etces derniers ne cessèr<strong>en</strong>t pas leur lutte. Elle futconstitutionnelle pour les uns, et l’ETA, groupearmé du mouvem<strong>en</strong>t de libération nationale, nedéposa pas les armes. Mais <strong>en</strong> démocratie, le combatnationaliste radical, toujours confronté àrépressions, tortures et guerres sales (GAL), avaitbesoin d’une nouvelle dynamique qui passaitnécessairem<strong>en</strong>t par le développem<strong>en</strong>t d’un nouvelessor de mobilisation pour changer les rapports deforce <strong>en</strong>tre nationalistes et pouvoir, et justifier lapoursuite de la lutte viol<strong>en</strong>te.Dans les deux pays, les années 1979-81 fur<strong>en</strong>tles plus viol<strong>en</strong>tes ; dans ce contexte, l’émerg<strong>en</strong>cedes peintures murales correspond à une nouvelleAlain MiossecS!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20101 9


Les murs, médias alternatifsÖ 5 : "askatasuna saoirse" : "liberté" <strong>en</strong> basque(askatasuna) et <strong>en</strong> irlandais (saoirse) ;au-dessus : "deux peuples, une lutte",égalem<strong>en</strong>t dans les deux langues.á 6 : "Palestine <strong>en</strong> avant ! Liberté pourles palestini<strong>en</strong>s, boycott des produitsisraéli<strong>en</strong>s"4. "Deux nations, un même combat";"notre combat – votre combat",dans lesquels on ne sait pas forcém<strong>en</strong>tqui établit les termes de lacomparaison.5. Voir Neill Jarman, “PaintingLandscapes : The Place of Muralsin the Symbolic Construction ofUrban Space”, in Symbols inNorthern Ireland, edited by A.Buckley. Belfast : Institute of IrishStudies, Que<strong>en</strong>'s University, 19986. Auteur de nombreux ouvrages, àlire <strong>en</strong>tre autres : Bill Rolston,Drawing Support 2 : Murals ofWar and Peace. Belfast : Beyondthe Pale Publications, 1995 etPolitics and Painting : Murals andConflict in Northern Ireland.Cranbury, NJ : AssociatedUniversity Presses, 19912 0 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010phase du conflit. Au-delà de la lutte pour la réappropriationde l’espace public, elle porta d’autresdynamiques proches du cœur du conflit.Représ<strong>en</strong>tationset guerre des symbolesBi<strong>en</strong> que les peintures murales soi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> appar<strong>en</strong>cetrès diversifiées, les thèmes récurr<strong>en</strong>ts sontassez peu nombreux. Les plus fréqu<strong>en</strong>tes représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tdes événem<strong>en</strong>ts et personnages historiques :par exemple Cuchulainn, personnage mythologique,y fait l’objet de conflits de propriété. Célébrépar les catholiques pour avoir déf<strong>en</strong>du l’Irlandecontre les <strong>en</strong>vahisseurs, il l’est par les unionistespour avoir déf<strong>en</strong>du l’Ulster contre les Irlandais.D’autres peintures expliqu<strong>en</strong>t des événem<strong>en</strong>tsplus réc<strong>en</strong>ts comme le Bloody Sunday, les assassinatsciblés, rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t l’arrêt de la torture ou del’emprisonnem<strong>en</strong>t… Ces référ<strong>en</strong>ces internes à laphase contemporaine du conflit y sont histor<strong>ici</strong>sées,transformées <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ces historiques et culturellespar le style id<strong>en</strong>tique de représ<strong>en</strong>tation etpar la fusion avec d’autres événem<strong>en</strong>ts historiques.Les référ<strong>en</strong>ces culturelles ou religieuses sont nombreuses: traditions, citations, langue, sports,emblèmes, associations de drapeaux et divers symboles.Scènes viol<strong>en</strong>tes, exhibition d’armes,hommes ou femmes <strong>en</strong> armes et m<strong>en</strong>açants, justifiantl’usage de la viol<strong>en</strong>ce et évoquant <strong>en</strong> mêmetemps le contrôle des <strong>en</strong>virons par les paramilitaires.Des représ<strong>en</strong>tations viol<strong>en</strong>tes sont souv<strong>en</strong>tassociées à des mémoriaux <strong>en</strong> l’honneur des combattantsmorts au combat. Enfin, des expressionsde solidarité internationale mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> parallèledivers conflits à travers le monde, expressions de lasimilitude de situations du type "Two nations, onestruggle", ou <strong>en</strong>core "Our struggle – your struggle" 4 .Elles évolu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction de l’actualité ; certaines,comme le Pays basque ou la Palestine, sontAlain MiossecRafaconstamm<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tes. Ces représ<strong>en</strong>tationssitu<strong>en</strong>t le conflit dans le cadre des mouvem<strong>en</strong>ts dedécolonisation, afin de légitimer la lutte et d’<strong>en</strong> justifierles moy<strong>en</strong>s. Si ce rapprochem<strong>en</strong>t est historiquem<strong>en</strong>tacceptable dans le cas de l’Irlande duNord, c’est plus diff<strong>ici</strong>le à valider historiquem<strong>en</strong>tdans le cas du Pays basque. Mais pour fonctionner,le discours nationaliste n’a pas besoin de vérité historique.Fonction communede ces expressionsTout d’abord, au-delà du marquage du territoire,le support mural r<strong>en</strong>d le message et la célébrationperman<strong>en</strong>ts : la rev<strong>en</strong>dication id<strong>en</strong>titair<strong>en</strong>’a plus lieu uniquem<strong>en</strong>t le jour des célébrationshabituelles, mais s’inscrit dans la durée 5 . Elle estintégrée dans le quotidi<strong>en</strong> et banalisée. Ce rappelperpétuel de l’appart<strong>en</strong>ance nationale a un doubleeffet : il r<strong>en</strong>force le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’appart<strong>en</strong>ance à ungroupe et donc la polarisation des communautés,et par conséqu<strong>en</strong>t il r<strong>en</strong>force la structuration verticalede la société (communautés plutôt que classessociales), produisant exclusion et homogénéisationethnique.Ensuite, les peintures murales r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tesles référ<strong>en</strong>ces passées (événem<strong>en</strong>ts historiquesou plus réc<strong>en</strong>ts, personnages historiques oumythologiques, héros, martyrs et combattants), etdans le même temps, histor<strong>ici</strong>s<strong>en</strong>t des événem<strong>en</strong>tsréc<strong>en</strong>ts, pour inscrire la lutte contemporaine dansune logique historique. L’actualité s’inscrit aussitôtdans la mémoire, et est intégrée dans les répertoiresde construction de la mémoire. Le r<strong>en</strong>dreprés<strong>en</strong>tinscrit la logique de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t dans unecontinuité historique : s’<strong>en</strong>gager ou sout<strong>en</strong>ir, c’estrester fidèle aux objectifs des anci<strong>en</strong>s. Ne pas lefaire, c’est bafouer leur mémoire. De plus, par leurnombre, les murals harmonis<strong>en</strong>t les référ<strong>en</strong>ces etproduis<strong>en</strong>t un socle standardisé qui correspondaux objectifs du mouvem<strong>en</strong>t. Ces réservoirs deréfér<strong>en</strong>ces id<strong>en</strong>tificatoires sont r<strong>en</strong>dus visibles etdisponibles à tout mom<strong>en</strong>t pour la mobilisationnationaliste.Ces fonctions font des représ<strong>en</strong>tations muralesbi<strong>en</strong> plus que des instrum<strong>en</strong>ts de propagande.Comme le souligne Bill Rolston 6 dans ses divers travaux,les murals constitu<strong>en</strong>t des "armes déterminantes"dans la guerre de propagande. Elles jou<strong>en</strong>taussi un rôle important dans les dynamiques duconflit.Au cœur de la dynamiquedu conflitCes peintures murales constitu<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>semblechargé d’une fonction de mobilisation à destinationd’une communauté. Elles r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t disponibletoute une palette de référ<strong>en</strong>ces id<strong>en</strong>tificatoires, etconstruis<strong>en</strong>t une représ<strong>en</strong>tation du monde et duconflit, une image m<strong>en</strong>tale qui fait autorité commeunique grille de lecture des rapports sociaux : colonisation,oppression du peuple irlandais ou dupeuple basque, s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’être abandonné pourles unionistes, libération des prisonniers politiques,événem<strong>en</strong>ts fondateurs, culte des héros, racines


Les murs, médias alternatifsÖ 7 : "free Ireland" : Irlande libreá 8 : "lutxi gora eusko gudarriak" :Hommage à Lutxi, militante de l'ETAá 9 : "Remember the hunger strike" :Souv<strong>en</strong>ez-vous de la grève de la faimAlain MiossecPascal Pragnère Alain MiossecRafahistoriques du conflit, racines mythologiques del’id<strong>en</strong>tité, culture m<strong>en</strong>acée… Chaque communautése représ<strong>en</strong>te comme résistant à une m<strong>en</strong>aced’extinction, devant protéger sa culture et son id<strong>en</strong>titédes politiques d’acculturation... Position de victime,puis de rebelle contre un ordre imposé. Cettesituation est expliquée par des référ<strong>en</strong>ces historiquesou par des faits contemporains intégréscomme pièces de mémoire historique. Le passaged’événem<strong>en</strong>ts vécus au statut d’événem<strong>en</strong>ts historiquespermet de donner le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t à la populationqu’elle part<strong>ici</strong>pe à un processus dans lequel lerôle qu’elle joue est exemplaire. La glorification dehéros, ou de prisonniers célèbres remplit la mêmefonction : le prisonnier ou le leader devi<strong>en</strong>t un personnagehistorique, une référ<strong>en</strong>ce ou un modèleid<strong>en</strong>tificatoire dès lors que son portrait est représ<strong>en</strong>tésur les murs.La mémoire est ainsi r<strong>en</strong>ouvelée et actualiséepar de nouvelles référ<strong>en</strong>ces produites au cours duconflit, qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t lui donner plus de prise sur leprés<strong>en</strong>t et davantage de pouvoir mobilisateur. Leconflit se développe ainsi <strong>en</strong> partie sur une dynamiqueinterne et autogénérée. De plus, les référ<strong>en</strong>cesexternes au conflit (solidarité internationaleou similitude de situations) r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t cette dynamique.Comme les référ<strong>en</strong>ces historiques, ellesn’ont pas besoin d’être vraies pour être utilisées etefficaces. Ainsi, on trouve chez les nationalistesirlandais et basques des représ<strong>en</strong>tations qui id<strong>en</strong>tifi<strong>en</strong>tles conflits du Pays basque et de l’Irlande duNord l’un à l’autre, aussi bi<strong>en</strong> qu’à un nombred’autres situations : Palestine, Indi<strong>en</strong>s d’Amérique,Afrique du Sud, Catalogne, Cuba, Nicaragua,Salvador… souv<strong>en</strong>t assez confusém<strong>en</strong>t, l’idée c<strong>en</strong>traleétant celle d’un peuple luttant pour sa dignitéet son indép<strong>en</strong>dance.Ces comparaisons permett<strong>en</strong>t de mettre <strong>en</strong>valeur le statut de victime, de montrer l’injusticesubie et la disproportion de la puissance dominatrice,de susciter des réactions d’intérêt médiatiqueet de souti<strong>en</strong> (opinion, réseaux). Elle fait compr<strong>en</strong>dreaux acteurs locaux que leur combat n’estpas isolé et qu’il est légitime, de même que lesmoy<strong>en</strong>s utilisés.Bi<strong>en</strong> sûr, les peintures murales ne sont pas leseul moy<strong>en</strong> de diffusion de ce message mais, parleur puissance visuelle et l’accès immédiat et perman<strong>en</strong>tau discours qu’elles favoris<strong>en</strong>t, elles sontun complém<strong>en</strong>t provid<strong>en</strong>tiel au discours politique.Elles permett<strong>en</strong>t d’alim<strong>en</strong>ter la mémoire collective<strong>en</strong> r<strong>en</strong>dant les réservoirs de ressources id<strong>en</strong>tificatoiresimmédiatem<strong>en</strong>t disponibles et accessibles.Par leur utilisation de référ<strong>en</strong>ces internes etexternes au conflit, elles légitim<strong>en</strong>t le combat nationaliste,le sort<strong>en</strong>t de son isolem<strong>en</strong>t, et justifi<strong>en</strong>t lesmoy<strong>en</strong>s employés, dont l’usage de la viol<strong>en</strong>ce.Depuis l’arrêt de la viol<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> Irlande duNord, de nouveaux types de peintures muralessont apparus, supports d’un discours non communautaristeet non viol<strong>en</strong>t, voire injonctions aucivisme, prév<strong>en</strong>tion contre l’usage de stupéfiantsou pour la sécurité routière. Des peintures ontaussi été réalisées conjointem<strong>en</strong>t par des artistesdes deux communautés, ouvrant peut-être la voieà une nouvelle dynamique.Pascal Pragnère ■Pour <strong>en</strong> savoir et <strong>en</strong> voirdavantage :Site d’Alain Miossec :http://muralsirlandedunord.overblog.com/Site des peintres du Bogside :www.bogsideartists.comPeople’s Gallery :http://cain.ulst.ac.uk/bogsideartists/peoplesgallery/index.htmlMuseum of Free Derry :www.museumoffreederry.orgRemerciem<strong>en</strong>ts à Rafa,gestionnaire du sitehttp://muralespoliticos.blogspot.com/á 10 : "Kill your speed, not a child" :Tuez votre vitesse, pas un <strong>en</strong>fantS!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20102 1


Du Vert dans les oreillesChristian ArnaudQue sont dev<strong>en</strong>us nos idéaux ?Christian s’est installé <strong>en</strong> Corrèze il y a 30 ans, après des études àParis. Imprégné par les valeurs soixante-huitardes de l’époque, ila effectué comme beaucoup d'autres un « retour à la terre » surD.R.quelques hectares, avec des amis et des <strong>en</strong>vies de liberté. Mais depuis leschoses ont bi<strong>en</strong> évolué. Christian gère aujourd'hui une structure de 54ha et un troupeau de 170 chèvres. Deux employés travaill<strong>en</strong>t avec lui etquatre types de fromages sont expédiés chaquesemaine à Rungis. Une question nous taraudait alorsp<strong>en</strong>dant notre semaine passée chez lui : que sontdev<strong>en</strong>us les idéaux et les valeurs qui l'animai<strong>en</strong>t àses débuts ?« Je ne crois pas avoir v<strong>en</strong>du mon âme au diable »« L’objectif a toujours été d’avoir une ferme. Ons’est installé <strong>en</strong> communauté avec 25 chèvres, l'<strong>en</strong>vied’être <strong>en</strong> autarcie, on faisait notre jardin... c’est destrès beaux souv<strong>en</strong>irs. Mais quand tu te confrontes àun quotidi<strong>en</strong> un peu régulier, tu vois qu'il faut fairepâturer les chèvres, acheter de l’alim<strong>en</strong>t... Tu asbesoin de te professionnaliser et tu te dis qu’il fautagrandir un peu. On n’a pas vu qu’on dev<strong>en</strong>ait defuturs gros agriculteurs : ça s’est fait d’une manièr<strong>en</strong>aturelle, sans abandonner nos idéaux. C’était vraim<strong>en</strong>tla même chose, qui a grandi au fur et à mesure.»Dès son installation <strong>en</strong> 1984, l'agriculteur rejoint leréseau des CIVAM (C<strong>en</strong>tres d'Initiatives pour Valoriser l'Agriculture et leMilieu rural) pour mettre <strong>en</strong> place un circuit de v<strong>en</strong>te de produits fermiers.Ce mouvem<strong>en</strong>t d'éducation populaire, né dans les années 1950,regroupe des acteurs ruraux qui souhait<strong>en</strong>t réfléchir sur la durabilitéd'initiatives rurales. Christian y découvrira la notion d'agriculturedurable, basée sur une recherche d'autonomie maximale et des techniquescomme la gestion de l’herbe ou le bois-énergie. Cette démarche de progressionsociale, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale et économique n'a jamais été abandonnéepar le producteur, <strong>en</strong>core très impliqué au Conseild'Administration du CIVAM-Corrèze.L'agriculture durable : une longue marcheChristian est fier d'avoir ainsi pu créer deux emplois et de pouvoir désormaisvivre dignem<strong>en</strong>t de son activité. Son exploitation est quasim<strong>en</strong>tautonome sur le plan alim<strong>en</strong>taire (seules 15 t. de céréales achetées <strong>en</strong>2008). Sur le plan énergétique, l'installation d'une chaudière à plaquettesa réduit la facture d'électr<strong>ici</strong>té de 30%. « Je m'aperçois quemon outil ti<strong>en</strong>t la route au niveau économique et social. J'ai à m'améliorersur le troisième pilier : l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Mais l'agriculture durableest une longue marche et si je veux que cet outil perdure, il faut maint<strong>en</strong>antque je sache donner ». En effet la retraite approchant, Christian seconc<strong>en</strong>tre depuis peu sur la reprise de son outil et cherche un jeune avecqui s'associer, pour persévérer dans la démarche qu'il a initiée. Mais dansune zone comme la Corrèze, les jeunes repr<strong>en</strong>eurs ne se bouscul<strong>en</strong>t pasau portillon. Un essai a déjà été conduit avec un jeune et s'est soldé parun échec.« Il voulait être propriétaire et je n'étais pas <strong>en</strong>core prêt à v<strong>en</strong>dre.J'avais eu ce virus, je me s<strong>en</strong>tais à la tête d'un patrimoine et ça a été mapremière erreur. A partir de là, il s'est un peu démotivé... » expliqueChristian. « Je me suis attaché à mes hectares. J'y mettais tout ce que jepouvais, j'<strong>en</strong> connais tous les moindres recoins. Il y a un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'appart<strong>en</strong>ance...»L'agriculture durable, c'est aussi ça : un réel li<strong>en</strong> affectifavec la terre, développé au fil de cette longue marche commune.Christian sait qu'avec son prochain associé, il faudra qu'il se force à donner<strong>en</strong>core plus de lui-même. Et que cela passera par la cession d'unepartie de ses terres à une nouvelle génération.Goulv<strong>en</strong> Maréchal et Alexis LisVous pouvez écouter l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> effectué sur ce lieu sur :www.duvertdanslesoreilles.fr.■ Christian Arnaud, La Gare, 19550 Saint Hilaire Foissac.theo.arnaud@orange.fr2 2 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010Médias■ Territoires, Adels, 1, rueSainte-Lucie, 75015 Paris,www.adels.org. La revue m<strong>en</strong>suellevi<strong>en</strong>t de fêter ses 500numéros. Autour du thème c<strong>en</strong>tralde la démocratie locale, elle prés<strong>en</strong>tede nombreuses initiativesinstitutionnelles et associatives.■ Timult, nouvelle revue paraissanttrois fois l'an qui mêle récits,analyses et critiques dans uneperspective féministe et révolutionnaire.Elle s'articule autour deplusieurs temps : des récits explorantdes vécus politiques demanière subjective, des réflexionsstratégiques n'ayant pas peur deparler à la première personne, des"fragm<strong>en</strong>ts et racontars" quirevi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sur des luttes passéespour irriguer le prés<strong>en</strong>t, descontroverses qui os<strong>en</strong>t mettre lespieds dans le plat, une partie "érotico-politique"car "que nous levoulions ou non, ça nous travailleet ça nous transforme", des brèves<strong>en</strong>fin. La revue, jolim<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>téesur 40 pages, est à prix libre.L'équipe de Timult se propose depasser dans votre région pour desr<strong>en</strong>contres de vive voix. On ne peutles contacter pour l'instant quepar internet : timult@riseup.net.■ Alternatives économiques,HS n°83, 4e trimestre 2009, spécialL'économie durable. Un intéressantrappel historique desthéories économiques <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avecle "durable" et des ouvertures surle futur… et les alternatives à lacroissance.Du bio à lacantine, moded'emploiLe WWF, fonds mondial pour lanature, a publié fin novembre2009 une brochure destinée auxélus locaux leur expliquant comm<strong>en</strong>tintroduire progressivem<strong>en</strong>tles alim<strong>en</strong>ts bio dans les cantinesscolaires ou autres. Réalisée avecle concours du Syndicat nationalde la restauration collective, labrochure a été distribuée à tousles maires de communes de plusde 5000 habitants ainsi qu'auxparlem<strong>en</strong>taires. WWF-France,Bois de Boulogne, 1, carrefour deLongchamp, 75016 Paris, tél. :01 55 25 84 84.Changerde banqueLa société coopérative La Nefdéveloppe peu à peu les différ<strong>en</strong>tesactivités d'une banque. Elleest actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> négociationavec des part<strong>en</strong>aires itali<strong>en</strong> etespagnol pour former la futureBanque europé<strong>en</strong>ne éthique. Ellea organisé tout au long de l'automne2009 des réunions déc<strong>en</strong>traliséespour <strong>en</strong> débattre avec ses25 000 sociétaires. La transformation<strong>en</strong> banque devrait permettreà tout le monde de larejoindre. Ceci devrait être <strong>en</strong> plusfacilité par la nouvelle législation<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> vigueur le 1 er novembre2009 qui précise qu'<strong>en</strong> cas dechangem<strong>en</strong>t de banque, c'est lanouvelle banque qui est chargéede faire toutes les démarchespour assurer la transition. La Nef,114, boulevard du 11-Novembre-1918, 69626 VilleurbanneCedex, tél. : 0 811 90 11 90,www.lanef.com.PistilL'artiste Pistil se prés<strong>en</strong>te commeun chansonnier "bio". Il proposedes chansons et des fables relookées<strong>en</strong> fonction de l'actualitéécologique. Hymne au travail, av<strong>en</strong>irdu Rmiste, danger de l'ortie(et pas des OGM), etc. Idéal pourouvrir une soirée militante ! Pourle contacter : lepistil@free.fr,tél. : 06 82 92 46 14,http://lepistil.free.fr.Saône-et-LoirePépète lumièreL'association Pépète lumière estnée <strong>en</strong> juin 2009 pour favoriser lar<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre tous les arts et lanature. Elle veut que l'expérim<strong>en</strong>tationsoit à la base des projets,que les artistes échang<strong>en</strong>t <strong>en</strong>treeux/elles, que les œuvres soi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>li<strong>en</strong> avec les sites, que les habitantsde ces sites <strong>en</strong> profit<strong>en</strong>t etque des g<strong>en</strong>s vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t et revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tparce que cela leur a plu !Pépète lumière essaie de créerlocalem<strong>en</strong>t une Amacca, l'équiva-


Vivre <strong>en</strong> colocationQuestionnaireEntre les projets d'habitat collectif et d'éco-village quidemand<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t des fonds importants et desannées de mise <strong>en</strong> place, et les squats qui remett<strong>en</strong>t<strong>en</strong> cause la propriété mais impliqu<strong>en</strong>t d'accepter devivre dans une précarité perman<strong>en</strong>te, nombreux sont ceuxet celles qui ont choisi une voie médiane pour vivre <strong>en</strong> collectif: la colocation. Cette formule reste incluse dansles filets de l'économie et ne permet pas une autonomisationsatisfaisante, mais elle a l'avantage d'être plus faciled'accès financièrem<strong>en</strong>t et plus rapide à mettre <strong>en</strong> place.Au-delà des colocations étudiantes classiques, nombreux sont ceux quit<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t par là de vivre une av<strong>en</strong>ture collective mettant <strong>en</strong> pratique lesvaleurs politiques ou écologiques dont ils sont porteurs.S!l<strong>en</strong>ce se propose d'explorer ce territoire <strong>en</strong> interrogeant ses acteurs surles pratiques qu'ils mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place et les difficultés qu'ils r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t.Vous pouvez nous <strong>en</strong>voyer vos réponses à ce questionnaire soit sur papierlibre, soit via internet à l'adresse suivante : cohabiter@revuesil<strong>en</strong>ce.netet ceci avant le 15 avril 2010. Les réponses devrai<strong>en</strong>t être prés<strong>en</strong>téesdans notre numéro de septembre 2010.1. décrivez la configuration de votre collectif : nombre de personnes,âges, g<strong>en</strong>res, localisation géographique, nature du logem<strong>en</strong>t, durée devie du collectif, fréqu<strong>en</strong>ce des changem<strong>en</strong>ts.2. quelle est l'origine du projet ?3. pourquoi vivre <strong>en</strong> collectif plutôt que seul/<strong>en</strong> couple/<strong>en</strong> famille ?4. quelles règles ? quelle organisation ? quel mode de décision ?5. qu'est-ce qui est collectivisé, qu'est-ce qui ne l'est pas ?6. ce collectif est-il constitué dans une perspective à court, moy<strong>en</strong>, longterme ? Y a-t-il un/des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t(s) ? Lesquels ?7. quels modes/critères de choix des personnes qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t vivre ?8. quelles solidarités <strong>en</strong>tre les membres du collectif et avec l'extérieur ?9. le collectif est-il basé sur des principes politiques, philosophiques ?10. quelles pratiques écologiques, politiques, non-viol<strong>en</strong>tes, féministes ?11. quels sont les avantages et les inconvéni<strong>en</strong>ts ?12. quels sont ou ont été les problèmes et conflits r<strong>en</strong>contrés ? Comm<strong>en</strong>tsont-ils gérés ? Comm<strong>en</strong>t fait-on quand la règle n'est pas respectée ?13. quel rapport au voisinage, au quartier, à l'extérieur, aux propriétaires ?14. si décision de sortir du collectif ou de le dissoudre, quelles perspectivesaprès ? Et pourquoi ce choix ?l<strong>en</strong>t d'une Amap mais pour la cultureet la création artistique.Pépète lumière organise son premierévénem<strong>en</strong>t les 8 et 9 mai2010, un festival des arts aunaturel avec 36 heures d'improvisation,musique, poésie, land-art.C'est libre et gratuit. Pépètelumière, les Jeans-Martins,71520 Montagny-sur-Grosne,tél. : 06 15 60 90 91.NantesDéveloppem<strong>en</strong>tdurable parl'alim<strong>en</strong>tationL'ADDA, Association pour ledéveloppem<strong>en</strong>t durable par l'alim<strong>en</strong>tation,propose depuis 2007des paniers bios et une épicerieavec des produits bios et/ou équitables.Des ateliers d'échange sontrégulièrem<strong>en</strong>t organisés : cuisine,savoir-faire, fabrication d'objets…Des débats, des trocs, des projections…sont organisés. Le tout àpetits prix. Adda, Au local, 1 bis,rue Basse-Creuse, quartierBarbin, Saint-Félix, 44000Nantes, tél. : 09 51 46 62 31.LimousinUne SCIC pourl'éco-habitatUn projet de société coopératived'intérêt collectif est <strong>en</strong> cours surle plateau de Millevaches pourfavoriser la prise <strong>en</strong> compte descritères écologiques dans la réhabilitationde logem<strong>en</strong>ts sociauxadaptés à de faibles rev<strong>en</strong>us, laconstruction de logem<strong>en</strong>t socialavec accession à la propriété, lacréation de logem<strong>en</strong>ts temporairespour les arrivants, la création<strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre de bourg de logem<strong>en</strong>tspour les personnes âgéesnon dép<strong>en</strong>dantes, la promotion del'habitat partagé, l'aide à l'écoconstruction.On peut <strong>en</strong> savoirplus : APEHPM, tél. : 05 55 6458 29, apehpm@orange.fr.CorrèzeLe battem<strong>en</strong>td'ailesImplanté à Cornil, près de Tulles, surun terrain de cinq hectares, la fermede Lauconie accueille Le battem<strong>en</strong>td'ailes, un lieu d'expérim<strong>en</strong>tation,d'accueil, de transmission et de s<strong>en</strong>sibilisation,dans les domaines del'agroécologie humaine et de l'écologieappliquée (éco-construction,connaissance du vivant, connaissancede soi, culture et tourisme).L'association porte le projet deconstruction d'un c<strong>en</strong>tre agroécologiqueet culturel. Les travaux vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tde comm<strong>en</strong>cer pour une ouvertureprévue fin 2010. Le Battem<strong>en</strong>td'ailes est voisin de l'<strong>en</strong>trepriseHumus et de la paysanne boulangèreJamine Pochet. Le Battem<strong>en</strong>td’Ailes, ferme de Lauconie, 19150Cornil, tél. : 05 55 26 49 98.LyonSalon PrimevèreLe salon-r<strong>en</strong>contres de l'écologie et des alternatives Primevère seti<strong>en</strong>dra du 26 au 28 février 2010 à Eurexpo. Thème de l'année : leprix de la gratuité. 120 confér<strong>en</strong>ces-débats dont, le v<strong>en</strong>dredi à14h, dev<strong>en</strong>ir agriculteur, trouver une terre (Terre de li<strong>en</strong>s), 14h : Herbe(film de François Vila), 15h : le vivant, un bi<strong>en</strong> inappropiable (Hervé LeMeur), 15h : Viol<strong>en</strong>ces familiales, les <strong>en</strong>fants (Olivier Maurel), 15h :tourisme solidaire compatible avec l'écologie (Réseau départ), 16h :Sommes-nous libres parce que nous nous déplaçons plus ? (Vinc<strong>en</strong>tKaufmann), 16h : Noir coton (film de Jérôme Polidor et Juli<strong>en</strong>Desprès), 17h : Grippe H1N1 et communication (Marc Girard), 17h :L'eau, un bi<strong>en</strong> commun de l'humanité (Danielle Mitterrand et Jean-LucTouly), 17h : Entrepr<strong>en</strong>dre sans pr<strong>en</strong>dre (Michel Val<strong>en</strong>tin, LesAmanins), 17h30 : Les brebis font de la résistance (film de CatherinePozzo di Borgo), 19h : Faut-il manger bio ? (H<strong>en</strong>ri Joyeux), 19h30 :Aigoual, la forêt retrouvée (film de Marc Khanne), 20h : Les abeilles,un bi<strong>en</strong> commun pour la biodiversité (Hugues Mouret).Le samedi à 11h : Impact du climat sur la biodiversité, 13h : Cyclisteet automobiliste (Pignon sur rue), 13h : H1N1 et la cupidité humaine(film d'Isabelle Moncada et V<strong>en</strong>tura Samarra), 13h30 : Coopérativelocale de production d'électr<strong>ici</strong>té verte (Enercoop), 14h : Bidoche, l'industriede la viande m<strong>en</strong>ace le monde (Fabrice Nicolino), 14h : La politiquede l'oxymore (Bertrand Méheust), 14h30 : Bio et local, c'estl'idéal (Corabio), 14h30 : Gerboise bleue (film de Djamel Ouahab),15h30 : Le rev<strong>en</strong>u de citoy<strong>en</strong>neté (Baptiste Mylondo), 16h : débatnational sur les nanotechnologies (Pièces et Mains d'Œuvre), 16h :Fabrication d'un lombricomposteur (Les Compostiers), 16h30 : Misèresde misères (film de Louis Campana), 17h30 : Viol<strong>en</strong>ces familiales,femmes invisibles (Smaïn Laacher), 18h : Les vers mang<strong>en</strong>t nos déchets(CNIID), 18h : La terre, un bi<strong>en</strong> commun pour l'humanité (EstevanDouglas, Paysans sans terre), 18h : BNB, Bonheur national brut (filmde Sandra Blondel et Pascal H<strong>en</strong>nequin).Le dimanche à 11h : Utilisation d'un compteur Geiger (CRII-Rad),11h : L'aménagem<strong>en</strong>t des villes, un bi<strong>en</strong> commun coûteux ? (Robin desvilles), 11h : Sil<strong>en</strong>ce, on vaccine (film de Line B.Moresco), 13h :Libertés et surveillance (Ligue des droits de l'homme), 13 h : Le bi<strong>en</strong>commun (film de Carole Poliquin), 14h30 : La gratuité, une façon deconcilier le social et l'écologie (Paul Ariès), 14h30 : Sillons solidaires(film de Silvia Pérez-Vitoria), 15h : L'arg<strong>en</strong>t doit-il être gratuit ?(André-Jacques Holbecq), 15h : La dép<strong>en</strong>dance à internet chez lesjeunes (Yvette Bailly, MAN), 15h : Nauru, l'île dévastée (Luc Folliet),15h30 : Disparition des abeilles, la fin d'un mystère (film de NatachaCalestrémé), 16h : Agriculture, pour une vision globale (Nature &Progrès), 17h : Walter, retour <strong>en</strong> résistance (film de Gilles Perret).Programme complet : Primevère, 9, rue Dum<strong>en</strong>ge, 69317 Lyon cedex04, tél : 04 74 72 89 90, primevere.salon.free.fr.S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20102 3


Gr<strong>en</strong>elleSchémanational desinfrastructuresde transportoubliéPromis dans le cadre du Gr<strong>en</strong>ellede l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t avant la fin2009, le SNIT, Schéma nationaldes infrastructures de transport,n'a toujours pas vu le jour. Ildevait définir les priorités dans ledomaine — rail et eau — pouraller vers une diminution desémissions polluantes. L'article 9de la loi Gr<strong>en</strong>elle 1 fixe à 20 %la baisse à obt<strong>en</strong>ir d'<strong>ici</strong> 2020.L'abs<strong>en</strong>ce de cadre législatif permet<strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant de continuer lesprojets routiers les plus diverssans aucune remise <strong>en</strong> cause.(communiqué de la FNAUT, 23décembre 2009)Eco-emballagesStatistiquestruquéesEn décembre 2008, Eco-emballages,organisme <strong>en</strong> charge de lataxation des emballages perdus etde la redistribution aux réseauxde recyclage, annonçait des pertesfinancières importantes aprèsavoir placé ses réserves financièresdans des placem<strong>en</strong>ts boursiers<strong>en</strong> chute libre. Ceci lui a valuun audit de la part du gouvernem<strong>en</strong>tdont le rapport a été publiémi-décembre 2009. Ce rapport amis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce que les chiffresde recyclage sont plus faiblesqu'annoncé : Eco-emballagessous-estimant le tonnage desemballages mis sur le marché etne contrôlant pas la réalité destonnages de recyclage annoncés.L'audit montre que ce système —mis <strong>en</strong> place <strong>en</strong> 1992 et critiquélonguem<strong>en</strong>t dans S!l<strong>en</strong>ce à cetteépoque — qui consiste à légèrem<strong>en</strong>ttaxer les emballages pourfinancer les filières de recyclag<strong>en</strong>'a absolum<strong>en</strong>t pas atteint sesobjectifs : les quantités d'emballagesn'ont cessé d'augm<strong>en</strong>ter.(source : Cniid, décembre 2009)YvelinesPas deFormule 1Le 2 décembre 2009, le présid<strong>en</strong>tdu conseil général des Yvelines aannoncé l'abandon définitif duprojet de circuit de Formule 1<strong>en</strong>visagé à Flins. Les terres réservéesinitialem<strong>en</strong>t à l'agriculturebiologique seront r<strong>en</strong>dues à laSafer. Pour les associations opposéesau projet, la s<strong>en</strong>sibilisationcroissante aux questions écologiquesmet les décideurs politiquessous pression. Il est quandmême diff<strong>ici</strong>le de faire passer unecourse de voitures pour du "développem<strong>en</strong>tdurable" !Bretagne & algues vertesL'EtatcondamnéLe 1 er décembre 2009, la couradministrative d'appel de Nantes aaugm<strong>en</strong>té les indemnités quel'Etat devra verser suite à la proliférationdes algues vertes sur lescôtes bretonnes. Eau et rivières deBretagne recevra ainsi 15 000 €,Halte aux marées vertes etSauvegarde du Trégor 3000 €chacune. Ce jugem<strong>en</strong>t reconnaît lelaxisme de l'Etat sur ce dossier.Les algues vertes prolifèr<strong>en</strong>t dufait de l'afflux excessif de nitratesprov<strong>en</strong>ant ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t de l'élevageindustriel des cochons. Unefois que l'Etat aura payé, les associationspeuv<strong>en</strong>t reporter plaintecar ri<strong>en</strong> n'est fait depuis le débutde ce procès pour ral<strong>en</strong>tir le phénomène.Eau et rivières deBretagne, v<strong>en</strong>elle Caserne, 22200Guingamp, tél. : 02 96 21 38 77,www.eau-et-rivieres.asso.fr.PilespollueusesSelon les chiffres communiquéspar l'Union europé<strong>en</strong>ne, <strong>en</strong> 2008,27 600 tonnes de piles ont étécollectées pour le recyclage, soit14,5% des piles v<strong>en</strong>dues. Celasignifie que 162 000 tonnes dedéchets dangereuxont étédispersésdanslesdécharges,les incinérateursou la nature.Pratiquem<strong>en</strong>t la totalité des pilespeut être remplacée soit par unbranchem<strong>en</strong>t au secteur (ce quiconsomme 1000 fois moins !),soit par des ressorts, des manivelles,des capteurs solaires… ouau pire par des accus.Si l'Union europé<strong>en</strong>ne était conséqu<strong>en</strong>te,elle ne viserait pas à améliorerce médiocre taux de recyclage,mais à interdire les piles.Base élèvesPar<strong>en</strong>ts et<strong>en</strong>seignantsport<strong>en</strong>tplainteAlors que les établissem<strong>en</strong>tsscolairessont sommés demettre <strong>en</strong> place la"base élèves", unfichier fort indiscretpermettant deficher… les par<strong>en</strong>ts, de nombreux<strong>en</strong>seignants et par<strong>en</strong>ts d'élèvesfont de la résistance. Forts desrecommandations du Comité internationaldes droits de l'<strong>en</strong>fant desNations Unies, un millier d'<strong>en</strong>treeux ont décidé d'<strong>en</strong>gager la2 4 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010bataille sur le terrain juridique. Le9 décembre 2009, des plaintes ontété déposées dans une vingtaine dedépartem<strong>en</strong>ts. Le 15 janvier, cela aété fait dans quatre nouveauxdépartem<strong>en</strong>ts… des plaintesseront ainsi déposées dans de nouveauxdépartem<strong>en</strong>ts tout au longde l'année. Collectif national derésistance à la base élèves,http://retraitbaseeleves.wordpress.com.LyonMa famillecommeuniqueL'association Ma famille commeunique propose des ateliers pourles par<strong>en</strong>ts et les éducateurs pourmieux connaître comm<strong>en</strong>t parlerafin que les <strong>en</strong>fants écout<strong>en</strong>t, comm<strong>en</strong>tmieux écouter pour que les<strong>en</strong>fants parl<strong>en</strong>t. Ces ateliers sontlimités à une dizaine de personneset sont organisés à la demande.Ma famille comme unique, 22, rueSerg<strong>en</strong>t-Blandan, 69001 Lyon,tél. : 09 75 54 15 47.Enseignantsà bout desouffleUne <strong>en</strong>quête r<strong>en</strong>due publique parla MGEN, la mutuelle de l'éducationnationale, le 9 décembre2009, indique que seuls 47 % des<strong>en</strong>seignants jug<strong>en</strong>t leur métierintéressant, 55 % l'estim<strong>en</strong>t fatiguantet 43 % stressant. Plus d'un<strong>en</strong>seignant sur deux souhaite partirà la retraite le plus vite possible.Sont mis <strong>en</strong> avant pourexpliquer ce malaise : le manquede considération et de reconnaissance,l'épuisem<strong>en</strong>t psychologique…Les plus amers : les profsde collège, les <strong>en</strong>seignants de technologieet les directeurs d'écoles.Erwan RedonProcédureannuléeErwan Redon, instituteur désobéissant,avait été condamné le 17septembre 2009 par l'inspectionacadémique à être muté, le conseilde discipline avait voté d'autressanctions au milieu de la nuit,devant une assistance <strong>en</strong>dormie.Le 21 décembre 2009, le Tribunaladministratif de Marseille a susp<strong>en</strong>ducettedécision estimantla procédure"inique","irrégulière","partiale".L'Educationnationale al'obligation deréintégrerErwan Redondans sonanci<strong>en</strong>ne écoleet à lui verser1000 € dedédommagem<strong>en</strong>t.á Erwan Redon à la sortie duconseil de disciplineD.R.


Autour de Cop<strong>en</strong>hague…■ Comm<strong>en</strong>t y sont-ils allés ?Mathieu Monceaux, militant duRéseau Sortir du nucléaire, estparti de Toulouse le 9 novembre2009 à vélo couché, montrantainsi qu'avec du temps, il est possibled'aller loin. Autre démarchesymbolique : les représ<strong>en</strong>tantsjaponais sont partis <strong>en</strong> train deKyoto le 18 novembre et ontemprunté le transsibéri<strong>en</strong>.Plusieurs délégations off<strong>ici</strong>ellesdes anci<strong>en</strong>s pays de l'Est <strong>en</strong> ontprofité pour pr<strong>en</strong>dre le mêmetrain. A Paris, le train réservé parle Réseau Action climat s'estrévélé vite saturé (800 personnes)et des militants de Gre<strong>en</strong>peace quis'y sont pris trop tard ont rejointCop<strong>en</strong>hague… <strong>en</strong> avion ! D'autrescomme Pierre Radanne (anci<strong>en</strong>Vert, anci<strong>en</strong> présid<strong>en</strong>t del'Ademe) a lui aussi choisi l'avion("14 h de train c'est une expédition!"), même choix pour leministre Jean-Louis Borloo et ladélégation du gouvernem<strong>en</strong>t français.(Le Figaro, 27 novembre2009)■ Végétarisme. Paul McCartney,chanteur, et Raj<strong>en</strong>dra Pachauri,vice-présid<strong>en</strong>t du GIEC,Groupem<strong>en</strong>t international desexperts sur le climat, sont interv<strong>en</strong>usle 3 décembre 2009 devant leParlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> pour expliquerle li<strong>en</strong> important qui existe<strong>en</strong>tre la consommation de viandeet les émissions de gaz à effet deserre : l'élevage est responsablede 18% des émissions. Ils ontdemandé à l'Union europé<strong>en</strong>ned'instaurer un jour par semainesans viande et la mise <strong>en</strong> placed'une politique agricole favorisantla mise <strong>en</strong> place d'alternativesnotamm<strong>en</strong>t par le développem<strong>en</strong>tdes protéines végétales. Ils ontrappelé que selon une étude del'OMS, Organisation mondiale dela santé, une baisse de 1% seulem<strong>en</strong>tde la consommation desgraisses animales permettraitD.R.d'éviter 13 000 décès <strong>en</strong> Europe,par an (maladies cardiovasculairesnotamm<strong>en</strong>t).■ Gre<strong>en</strong>peace sur les toits del'Assemblée nationale, le 2décembre 2009 au matin, alorsque les députés débattai<strong>en</strong>t de laposition de la France vis-à-vis duclimat, 10 militants deGre<strong>en</strong>peace ont réussi à déployerune banderole sur le toit del'Assemblée nationale avec letexte "Cop<strong>en</strong>hague : aux actes,monsieur le présid<strong>en</strong>t". Pour passerla sécurité, les militants sontarrivés dans un véhicule déguisé<strong>en</strong> voiture de pompiers… rappelantdans leur communiqué que"la maison brûle et nous regardonsailleurs", allusion au débutdu discours de Jacques Chirac ausommet de la Terre àJohannesburg <strong>en</strong> 2002. Quelquesheures plus tard, une autre dizainede militants a réussi à pénétrerdans l'Assemblée nationale interrompantbrièvem<strong>en</strong>t les débats.■ Avion = Génocide. Le 5décembre au terminal 2 de l'aéroportCharles-de-Gaulle de Paris,des militants du jeune Parti de larésistance ont déployé une banderole"Avion = Génocide" et ontdistribué un tract comm<strong>en</strong>çantainsi : "Vous vous apprêtez à utiliserla machine la plus efficace quisoit pour détruire le climat de laplanète terre". Pierre-EmmanuelNeurohr, porte-parole, a rev<strong>en</strong>diquéune action dans le calme etnon comme souv<strong>en</strong>t dans l'humour,estimant que le sujet méritaitplus le respect que la dérision.Parti de la Résistance, 59,rue Orfila, 75020 Paris, tél. : 0182 09 12 25, www.parti-de-laresistance.fr.■ Grève de la viande. Pour alertersur le poids écologique del'élevage, plusieurs personnalitésfrançaises ont fait une grève de laviande p<strong>en</strong>dant le sommet deCop<strong>en</strong>hague : Fabrice Nicolino,D.R.Pierre Rabhi, Allain Bougrain-Dubourg, Jean-Marie Pelt,Corinne Lepage, Jean-Paul Jaud,Sandrine Bélier, Jean-PaulBesset, Jean-Claude Pierre,Franck Laval, YvesCochet… A l'inverse, le C<strong>en</strong>tred'information des viandes (lelobby) s'est payé des pages depubl<strong>ici</strong>té dans les quotidi<strong>en</strong>s du12 décembre 2009 pour réfuterles argum<strong>en</strong>ts des végétari<strong>en</strong>s.■ Cop<strong>en</strong>hague, 12 décembre2009. Il y avait <strong>en</strong>tre 30 000 et100 000 manifestants dans lesrue de Cop<strong>en</strong>hague. Parmi les slogans: "Bla, bla, bla… agissezmaint<strong>en</strong>ant", "Il n'y a pas de planèteB", "Ne nucléarisez pas le climat".Quelques casseurs <strong>en</strong> fin demanif ont provoqué une vagued'interpellations : près de 1000personnes ont été emm<strong>en</strong>ées parla police, la plupart relâchées<strong>en</strong>suite rapidem<strong>en</strong>t.■ Autres manifestations le 12décembre 2009. De très nombreusesmanifestations déc<strong>en</strong>traliséesse sont t<strong>en</strong>ues <strong>en</strong> mêmetemps dans le monde. Ri<strong>en</strong> que lesantinucléaires avai<strong>en</strong>t organiséplus de 200 manifestations <strong>en</strong>Europe contre l'idée que l<strong>en</strong>ucléaire puisse être une solution.A Cop<strong>en</strong>hague, ils ont offert unmasque anti-radiation à la petitesirène du port. Gre<strong>en</strong>peace aorganisé un peu partout dans lesgrandes villes des rassemblem<strong>en</strong>tsoù les manifestants faisai<strong>en</strong>t dubruit avec des réveils et des casserolespour réveiller nos dirigeants.■ Jocelyn Peyret pr<strong>en</strong>d l'avion !Jocelyn Peyret, l'un des animateursdu Réseau Sortir du nucléaire(et chroniqueur musique deS!l<strong>en</strong>ce) a été arrêté àCop<strong>en</strong>hague à la veille de la manifestationalors qu'il conduisait unvéhicule cont<strong>en</strong>ant le matériel demanifestation du Réseau Sortir dunucléaire. Ayant trouvé un opineldans son sac à dos, il a été arrêtépour port d'armes interdit, mis <strong>en</strong>garde à vue p<strong>en</strong>dant 30 heuresavant d'être expulsé… par avion,malgré les protestations de l'intéresséqui refusait de partir <strong>en</strong>avion. Malgré les efforts du lobbynucléaire qui prét<strong>en</strong>d avoir lasolution aux émissions de CO 2 ,l'avion ne fonctionnait pas à l'uranium!kk+■ Fiasco complet ! Commec'était prévisible, les lobbys desmultinationales sont arrivés àleurs fins : ils ont réussi à ce queri<strong>en</strong> ne sorte de contraignant dusommet de Cop<strong>en</strong>hague. Non seulem<strong>en</strong>t,les firmes pourront continuerà piller la planète avec lesouti<strong>en</strong> des Etats les plus puissants,mais <strong>en</strong> plus 2012 marquerala fin des accords de Kyoto,accords a minima, qui n'ontmême pas été respectés. L'appelfinal précise seulem<strong>en</strong>t que lesEtats reconnaiss<strong>en</strong>t qu'il fautempêcher que l'augm<strong>en</strong>tation detempérature dépasse 2°C auniveau mondial et que cela passepar une limitation des émissionsde gaz à effet de serre. Un "fondsclimatique vert de Cop<strong>en</strong>hague"doit voir le jour pour financercette limitation visant à trouver100 milliards pour 2020 pouraider les pays "<strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t"à réduire la vitesse d'augm<strong>en</strong>tationde leurs émissions. Ce fondsdevra aussi servir à limiter ladéforestation. Aucun pays ne s'est<strong>en</strong>gagé pour le mom<strong>en</strong>t à apporterun financem<strong>en</strong>t. Les négociationsdoiv<strong>en</strong>t se poursuivre lorsd'autres sommets. Suite du bla,bla, bla à Mexico <strong>en</strong> décembre2010… Ce sera la 16 e confér<strong>en</strong>cede l'ONU.■ La révolte vi<strong>en</strong>dra du Sud ?Certains chefs d'Etat ne se sontpas gênés pour affronter les paysriches. Ainsi Hugo Chavez(V<strong>en</strong>ezuela) a déclaré à la tribune :"Si le climat était une banque, vousl'auriez déjà sauvé". Evo Morales(Bolivie) a lui proposé l'organisationd'un référ<strong>en</strong>dum mondial avecles questions suivantes : "1 - Etesvousd’accord pour rétablir l’harmonieavec la nature, et pourreconnaître les droits de la TerreMère ? 2 - Êtes-vous d’accordpour changer ce modèle de surconsommationet de gaspillage qu’estle système capitaliste ? 3 - Êtesvousd’accord pour que les paysdéveloppés réduis<strong>en</strong>t et réabsorb<strong>en</strong>tleurs émissions de CO 2 à effetde serre pour que la températur<strong>en</strong>e monte pas de plus d’un degréc<strong>en</strong>tigrade ? 4 - Êtes-vous d’accordpour transférer tout ce qui a étédép<strong>en</strong>sé dans les guerres et pourconsacrer un budget supérieur à ladéf<strong>en</strong>se de la Terre face au changem<strong>en</strong>tclimatique ? 5 - Êtes-vousd’accord avec un tribunal de justiceclimatique pour juger ceux quidétruis<strong>en</strong>t la Terre Mère ?".Bizarrem<strong>en</strong>t, cela n'a pas été adoptépar nos cinq grands marchandsd'armes qui contrôl<strong>en</strong>t l'ONU : lesEtats-Unis, la Grande-Bretagne, laFrance, la Chine et la Russie.S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20102 5


Le Téléthon,un processuscoûteuxL'association française contre lesmyopathies annonce que pour100 € de dons au Téléthon, seuls20 sont dép<strong>en</strong>sés pour le fonctionnem<strong>en</strong>tde l'association. LaCour des Comptes, dans un rapportde 2004, a rappelé que celan'était vrai que parce que ne sontpas comptabilisés la totalité descoûts des émissions de télévision(l'AFM n'<strong>en</strong> paie qu'un tiers) ni letravail bénévole et les aidespubliques locales. Mais même <strong>en</strong>acceptant cette dép<strong>en</strong>se de 20 %,il est intéressant de comparer celaavec le coût de collecte du mêmearg<strong>en</strong>t sous la forme d'un impôt.Selon les données de l'OCDE, collecter100 € d'impôt <strong>en</strong> France necoûte que 0,97 €… soit vingt foismoins. Cela montre à l'évid<strong>en</strong>ceque "privatiser" la solidarité dansce cas-là n'est pas r<strong>en</strong>table.NanotechnologiesDes débats"publics" pourquoi faire ?Comme dans d'autres domaines(nucléaire, OGM…), les débats"publics" n'ont d'autre but que defaire accepter les nouvelles technologies,jamais de discuter dubi<strong>en</strong> fondé de ces recherches etapplications. C'est pourquoi, lesopposants aux nanotechnologiesont décidé de s'opposer à la t<strong>en</strong>uedes "débats". A Toulouse,Clermont-Ferrand, Gr<strong>en</strong>oble, malgréun flicage int<strong>en</strong>se (si, si cesont des débats "publics" !), lesopposants ont réussi à perturberles réunions. Ils <strong>en</strong> ont profitépour dénoncer la communicationsur le sujet : une <strong>en</strong>quête àGr<strong>en</strong>oble a montré que seuls les"experts" du milieu ont été invitésà débattre. Il est vrai que lorsquel'on consulte le peuple, on a parfoisdes résultats un peudiffér<strong>en</strong>ts !PrisonSu<strong>ici</strong>des<strong>en</strong> hausseSelon une étude publiée parl'Ined, Institut national d'étudesdémographiques, le 16 décembre2009, le nombre de su<strong>ici</strong>des <strong>en</strong>prison est passé de quatre pour10 000 dét<strong>en</strong>us <strong>en</strong> 1960 à 19 <strong>en</strong>2008. Le niveau le plus élevé aété atteint <strong>en</strong> 1996 avec 26 pour10 000. Les prév<strong>en</strong>us se su<strong>ici</strong>d<strong>en</strong>tdeux fois plus que les condamnés.Par rapport à l'anci<strong>en</strong>ne Europedes 15, c'est <strong>en</strong> France que cetaux de su<strong>ici</strong>des est le plusélevé… quatre fois plus qu'<strong>en</strong>Grèce. L'étude montre qu'il n'y apas de li<strong>en</strong> avec la surpopulation,mais n'explique pas plus le malaisefrançais. (Population et sociétés,n°462)à Att<strong>en</strong>tion ! Cette page est sous vidéo-surveillance.D.R.Big brotherLe fiasco dela vidéosurveillanceLa Grande-Bretagne est le paysqui compte le plus de caméras desurveillance avec une camérapour 14 habitants. Un rapport adénoncé l'inutilité de la mesure :si les institutions ou les <strong>en</strong>treprisesdébloqu<strong>en</strong>t des budgetsBidoche (4)Le soja,arme de destruction massiveRestons calmes, car il le faut bi<strong>en</strong>. Tout cela est loin, abstrait, etne va pas nous empêcher de dormir ce soir. N’empêche. La saintebidoche française contribue à la destruction physique de pays<strong>en</strong>tiers. Incroyable ? Vous avez bi<strong>en</strong> raison, c’est incroyable. Mais att<strong>en</strong>dezd’avoir tout lu. Le premier point, de base, c’est que les protéinesnécessaires à l’alim<strong>en</strong>tation animale vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> grande part, chez nous,du soja. Nous <strong>en</strong> importons – graines et tourteaux<strong>en</strong>semble – plus de six millions de tonnes par an.Et d’où vi<strong>en</strong>t-il ? En presque totalité, de trois paysd’Amérique latine : le Paraguay, l’Arg<strong>en</strong>tine, le Brésil.Au début des années 1970, le soja était inconnu auParaguay. En 1991, il occupait 552 456 hectares. En2000, 1 175 000 hectares. En 2006, 2 429 800 hectares.Aujourd’hui, plus du tiers de la surface cultivabledu pays est désormais dévolu au soja, un sojabi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du transgénique, car à quoi bon se gêner ?Dans l’Arg<strong>en</strong>tine voisine, c’est pire, car Monsanto yest solidem<strong>en</strong>t installé après avoir fait des affairesavec l’anci<strong>en</strong> présid<strong>en</strong>t corrompu, Carlos M<strong>en</strong>em.En 1996 – M<strong>en</strong>em est alors au sommet de saforme – Monsanto introduit son soja RR, par lagrâce d’une autorisation du ministère de l’agriculture.Mais d’une étrange manière, telle que rapportéepar le responsable du Groupe de réflexion rurale(GRR), Jorge Rulli : « Dès le départ,l’Arg<strong>en</strong>tine a été choisie par Monsanto pour expérim<strong>en</strong>termassivem<strong>en</strong>t la production de ses sem<strong>en</strong>cestransgéniques. La multinationale n’a pas fait breveter ses sem<strong>en</strong>cesdans notre pays. De cette façon, les g<strong>en</strong>s se sont passé les graines lesuns aux autres, et le périmètre du soja transgénique s’est ét<strong>en</strong>du rapidem<strong>en</strong>t».Et <strong>en</strong> effet, rapidem<strong>en</strong>t. De 37 000 hectares seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1971, le sojaa dépassé les 10 millions d’hectares <strong>en</strong> 2 000, avant d’atteindre 14 millions<strong>en</strong> 2003, et 16 millions <strong>en</strong> 2007. Transgénique. Au Brésil, le sojaest passé <strong>en</strong> quelques déc<strong>en</strong>nies de ri<strong>en</strong> à 21 millions d’hectares. Il esttemps de poser la bonne question : au détrim<strong>en</strong>t de quoi ? Le soja nepoussant pas <strong>en</strong>core dans l’éther des pays <strong>en</strong>chantés, celui del’Amérique latine a simplem<strong>en</strong>t bouleversé ce qu’on appelle le frontagricole. En simplifiant par force, disons que le soja a repoussé l’élevage,qui s’est lui attaqué à la forêt tropicale et à des milieux intermédiairesd’une fabuleuse richesse biologique, tel le cerrado brésili<strong>en</strong>.Oui, le soja transgénique qui débarque chaque jour à Brest ou Lori<strong>en</strong>tdétruit chaque matin ce que nos présid<strong>en</strong>ts jur<strong>en</strong>t chaque soir desauver : la forêt tropicale et sa biodiversité. Je vous vois étonné. Vousallez l’être davantage : les rois du soja transgénique ont des alliés parisi<strong>en</strong>sde choix. En octobre 2007, à la suite d’un vilain article sur le sojaparu dans le quotidi<strong>en</strong> Le Monde, le gouverneur brésili<strong>en</strong> du MatoGrosso, Blairo Borges Maggi, débarque à Paris pour une opération decommunication de grande ampleur. L’Institut dudéveloppem<strong>en</strong>t durable et des relations internationales(Iddri), créé <strong>en</strong> 2001 par Laur<strong>en</strong>ce Tubiana —alors conseillère du premier ministre Lionel Jospin— l’a invité pour une confér<strong>en</strong>ce le 19 octobre. Àl’Iddri, on ne trouve que du beau monde, des g<strong>en</strong>stout épatés par les progrès de la mondialisation. Dansle désordre de son conseil d’administration : EDF,Suez-Environnem<strong>en</strong>t, Veolia, Coca-Cola, Nestlé,Bolloré, Sanofi-Av<strong>en</strong>tis, Total, R<strong>en</strong>ault, etc.Des problèmes ? Mais où ? Le 18 août 2007, quatrepaysans part<strong>en</strong>t chasser sur une butte boisée proche dubourg de San Vic<strong>en</strong>te, au Paraguay. Il ne reste plus quecet îlot au milieu d’une mer de 93 000 hectares de sojatransgénique, jadis forêt tropicale giboyeuse. Ce 18août, au mom<strong>en</strong>t où les quatre hommes, dont deux adolesc<strong>en</strong>ts,redesc<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, ils sont tirés comme des lapins.Les gardes du propriétaire leur ont t<strong>en</strong>du une embuscade.Pedro Antonio Vázquez, 39 ans, meurt. CristinoGonzález, 48 ans, meurt. Les plus jeunes, blessés, se traîn<strong>en</strong>tjusqu’au village.Voilà ce que vous ne lirez nulle part. Gardez donc une p<strong>en</strong>sée pour lesquatre de San Vic<strong>en</strong>te.Fabrice NicolinoFabrice nicolino est l'auteur du livre Bidoche, l'industrie de la viandem<strong>en</strong>ace le monde (édition Les li<strong>en</strong>s qui libèr<strong>en</strong>t, Paris)2 6 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010


pour installer les caméras, il n'y agénéralem<strong>en</strong>t pas de budget pourpayer le personnel chargé deregarder les écrans. Selon ce rapport,seule le millième de ce quiest filmé est pour le mom<strong>en</strong>tregardé par quelqu'un. Va-t-onalors supprimer les caméras ?Non, car une société, Interneteyes, a trouvé une méthode pourvaloriser ces <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts :elle propose aux <strong>en</strong>treprises etaux communes (pour 20 € parmois par caméra) de les mettre<strong>en</strong> direct sur internet et annonceune prime de 1100 € à celui quisignale le plus de délits dans unmois ! Une expérim<strong>en</strong>tation est <strong>en</strong>cours depuis novembre 2009.Maint<strong>en</strong>ant Big brother c'estnous !1 er mars 2010La journéesans immigrésLe 1 er mars 2005 est <strong>en</strong>tré <strong>en</strong>vigueur le "code de l'<strong>en</strong>trée et duséjour des étrangers et du droitd'asile" plus communém<strong>en</strong>t appeléle code des étrangers. Cette loi està l'origine de la politique actuelledu gouvernem<strong>en</strong>t.Pour marquer le cinquième anniversairede cette loi, un collectifcitoy<strong>en</strong> a vu le jour qui organisepour le 1 er mars 2010 "la journéesans immigrés". Il est demandé àtous ceux qui desc<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t d'immigrésde ne pas aller travailler, d<strong>en</strong>e pas consommer… mais aucontraire d'organiser des fêtesdans la rue. Comme il suffit deremonter quelques générations <strong>en</strong>arrière pour découvrir que nousavons tous des ancêtres immigrés,<strong>en</strong> principe tout le monde devraitpart<strong>ici</strong>per.Association La journée sansimmigrés - 24 h sans nous,Maison des associations, boiteaux lettres n°81, 22, rueDeparcieux 75014 Paris,www.lajourneesansimmigres.org.Publ<strong>ici</strong>téFrançoisVaillantcondamnéPour avoir refusé de donner sonADN lors d'un procès après uneaction des Déboulonneurs,François Vaillant, rédacteur <strong>en</strong>chef d'Alternatives non-viol<strong>en</strong>tes,a été condamné à 300 € d'am<strong>en</strong>delors d'un procès <strong>en</strong> correctionnel,le 9 décembre 2009, à Rou<strong>en</strong>.Estimant qu'il n'<strong>en</strong>trait pas dansle cadre de la loi sur le prélèvem<strong>en</strong>td'ADN (ceux-ci sont réservésà des criminels <strong>en</strong> principe).François Vaillant a fait appel.Quand ilssont v<strong>en</strong>us…P<strong>en</strong>dant la deuxième guerre mondiale,le pasteur Martin Niemölleravait diffusé un texte célèbre surla passivité complice des g<strong>en</strong>s visà-visde ceux que les Nazis faisai<strong>en</strong>tdisparaître.Vo<strong>ici</strong> une version réactualisée lorsd'un stage des Désobéissants :"Quand ils sont v<strong>en</strong>us chercher lessans-papiers, je n'ai ri<strong>en</strong> dit,j'avais des papiers ;Quand ils sont v<strong>en</strong>us chercherceux qui hébergeai<strong>en</strong>t les sanspapiers,je n'ai ri<strong>en</strong> dit, je n'hébergejamais personne ;Quand ils sont v<strong>en</strong>us chercher lessyndicalistes, je n'ai ri<strong>en</strong> dit, j<strong>en</strong>'ai jamais fait grève ;Quand ils sont v<strong>en</strong>us chercher lesmilitants des droits de l'Homme,je n'ai ri<strong>en</strong> dit, je ne fais pas depolitique ;Quand ils sont v<strong>en</strong>us chercher lesécologistes, je n'ai ri<strong>en</strong> dit, de maf<strong>en</strong>être on ne voit que du béton ;Quand ils sont v<strong>en</strong>us chercher lesjeunes du squat d'à côté, je n'airi<strong>en</strong> dit, je ne suis plus toutjeune ;Quand ils ont mis des caméraspartout, et m'ont demandé monADN, j'ai accepté, je n'avais ri<strong>en</strong> àme reprocher ;Et quand ils sont v<strong>en</strong>us me chercher,il n'y avait plus personnepour protester".L’id<strong>en</strong>tité, un "papier"Un "papier", c’est "un article" (de journal), une pièce d’id<strong>en</strong>tité (les"sans-papiers") ou quelque chose d’apparemm<strong>en</strong>t grave mais, <strong>en</strong>réalité, inoff<strong>en</strong>sif ("un tigre de papier") ou <strong>en</strong>core quelque chosesans importance (un "chiffon de papier"). Ici, c’est un peu tout cela à lafois.Si je suis blanc, français, écologiste, médecin… je m’attribue – oud’autres m’attribu<strong>en</strong>t – certains caractères et pas d’autres. L’id<strong>en</strong>tité seconstruit autour du verbe être : le sujet du verbe est id<strong>en</strong>tique à ce quisuit ce verbe – et inversem<strong>en</strong>t.D’une part, ce faisant, je me chosifie (le sujet est l’objet) ; une telle chosificationpermet alors l’abstraction et la généralisation : les Palestini<strong>en</strong>ssont ceci et les Israéli<strong>en</strong>s sont cela ou bi<strong>en</strong> "je suis ainsi" ou <strong>en</strong>core "leschoses sont ainsi…" – et elles le sont précisém<strong>en</strong>t parce que je les discomme telles (je pose le sujet égal/id<strong>en</strong>tique à l’objet du verbe – et inversem<strong>en</strong>t).D’autre part et dans le même temps, je crée tout ce qui n’est pas moi, jecrée l’autre, le distinct, le différ<strong>en</strong>t, l’étranger. Cela autorise alors laconstitution de classes, avec d’abord un souci d’homogénéisation –laquelle finit par conduire à la mort (tout comme l’hétérogénéisation,d’ailleurs) – à l’intérieur d’une même classe. Cela permet aussi la définitionde classes de plus <strong>en</strong> plus génériques (ou, à l’inverse, de plus <strong>en</strong> plusspécifiques), emboîtées <strong>en</strong> quelque sorte, hiérarchisées, subordonnées lesunes aux autres – <strong>en</strong>fin : de certaines à d’autres. Certes, dans ce paradigme,toutes les id<strong>en</strong>tités ne se val<strong>en</strong>t pas. Certaines id<strong>en</strong>tités peuv<strong>en</strong>têtre préférables à d’autres, mom<strong>en</strong>taném<strong>en</strong>t du moins – car il n’est pasloin le temps où cette nouvelle id<strong>en</strong>tité préférable va, à son tour, se rigidifier,se heurter à d’autres id<strong>en</strong>tités. Il est curieux, d’autre part, que lespolitiques prôn<strong>en</strong>t le changem<strong>en</strong>t, mais se réfèr<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> même temps, à latradition d’une id<strong>en</strong>tité…L’id<strong>en</strong>tité (quelle qu’elle soit) donne un fondem<strong>en</strong>t aux limites. Et lesfrontières serv<strong>en</strong>t alors de substrat aux guerres infinies. Le LibanaisAmin Maalouf a bi<strong>en</strong> vu et analysé les dégâts de l’id<strong>en</strong>tification dans sonId<strong>en</strong>tités meurtrières (le titre dit tout). Car pour la p<strong>en</strong>sée id<strong>en</strong>titaire,être x et ne pas être x s’exclu<strong>en</strong>t mutuellem<strong>en</strong>t. Or la contradiction <strong>en</strong>treêtre et ne pas être n’est pas une simple contradiction logique, mais unevéritable contradiction. Je suis et je ne suis pas réifié, je suis et je ne suispas classifié, je suis et je ne suis pas dé-subjectivé ; pour résumer, je suiset je ne suis pas 1 .Dès lors, il ne s’agit plus tant de changer mon id<strong>en</strong>tité pour une autre, dem’émanciper d’une id<strong>en</strong>tité opprimée ou d’opprimé, que de me sortir detoute id<strong>en</strong>tité. C’est ma non-id<strong>en</strong>tité 2 fondam<strong>en</strong>tale – laquelle est opprimée,étant perçue comme déviante – que j’ai à émanciper. À condition,bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, que cette non-id<strong>en</strong>tité ne soit pas, de fait, une nouvelleid<strong>en</strong>tité. Voilà pourquoi il ne s’agit pas tant de re-construire une "nouvelle""chapelle", un nouveau courant ou mouvem<strong>en</strong>t… plus tolérant, plusgénéreux, plus "ceci" ou "cela"… que d’être (tout court), au lieu de (mes<strong>en</strong>tir devoir) être ceci ou cela.La question n’est donc pas : "quelle id<strong>en</strong>tité ?", mais év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t :"pourquoi une id<strong>en</strong>tité ? À qui sert-elle ? À quoi (lui) sert-elle ?". Parceque la seule question qui se pose au sujet de l’id<strong>en</strong>tité, c’est le fait mêmede poser une telle question – vu tout ce que cette question sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d etinstitue.Jean-Pierre Lepri1. Développé par John Holloway, Changer le monde sans pr<strong>en</strong>dre le pouvoir,Syllepse, p. 206. Égalem<strong>en</strong>t par Carl Jung et son principe del’ombre-lumière (Carl Jung, L’Âme et la vie, Le Livre de Poche,notamm<strong>en</strong>t p. 264-265), mais surtout, fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t, parLupasco, Le Principe d’antagonisme et la logique de l’énergie, LeRocher.2. Cette non-id<strong>en</strong>tité, c’est, par exemple, mon non ordinaire, quotidi<strong>en</strong>,(r<strong>en</strong>du) invisible sous les constantes sommations à appart<strong>en</strong>ir à l’unedes id<strong>en</strong>tités dominantes. "La non-subordination, c’est la lutte, simpleet non-spectaculaire, pour pouvoir dessiner sa vie, sa propre vie. C’estla résistance à se transformer <strong>en</strong> machines, c’est la détermination àforger et à maint<strong>en</strong>ir un certain pouvoir-de. Le cri de l’insubordinationest le cri de la non-id<strong>en</strong>tité" (John Holloway, op. cit., p. 213).S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20102 7


D.R.SahraouiGrèvede la faimAminatouHaidar est présid<strong>en</strong>teduCollectif desdéf<strong>en</strong>seurs sahraouisdes droitsde l'homme.Elle s'est r<strong>en</strong>dueà New York <strong>en</strong>novembre 2009pour y recevoirle Prix du couragecivique de la TrainFundation. A son retour, le 13novembre 2009, sur l'aéroportd'El-Ayoun, chef-lieu du Saharaoccid<strong>en</strong>tal, elle a été refoulée parles autorités marocaines. Envoyéeaux Canaries (îles espagnoles), le16 novembre 2009, elle a <strong>en</strong>taméune grève de la faim sur les parkingsde l'aéroport de Lanzarotepour demander seulem<strong>en</strong>t à pouvoirr<strong>en</strong>trer chez elle. Le 18décembre 2009, après 32 jours degrève de la faim, Aminatou Haidara été autorisée à r<strong>en</strong>trer chez elle,dans les territoires annexés par leMaroc.Rallye Dakar (1)NouvellesvictimesSonia Natalia Gillardo, Arg<strong>en</strong>tine,est la 56 e victime de cette coursequi se déroule maint<strong>en</strong>ant <strong>en</strong>Amérique du Sud. Elle a été r<strong>en</strong>verséepar un puissant 4x4 qui afait une sortie de route lors de lapremière étape, le 3 janvier 2010.Quatre autres spectateurs ont étésérieusem<strong>en</strong>t blessés. Le procureurde Rio Cuarto, Etat où s'est produitl'accid<strong>en</strong>t, Walter Guzman, adécidé de ne pas poursuivre lepilote Mirco Schultis car la victimese trouvait dans une zone "nonautorisée" au public. "Une courseimplique un certain type deconduite, avec les risques que celacomporte".Rallye Dakar (2)PollutioninutileL'association Agir pour l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ta fait une estimation desémissions de gaz à effet de serrede la course du Paris-Dakar qui,comme son nom ne l'indique pas,se ti<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> Arg<strong>en</strong>tineet au Chili. Les 552 concurr<strong>en</strong>tsqui ont parcouru 8713 km aurontémis au moins 20 000 tonnes deCO 2 . Ce chiffre n'inclut que laconsommation <strong>en</strong> course. Il faut yajouter les transports pourrejoindre le départ, la couverturemédiatique (avec nombreux hélicoptères)…L'association ademandé, <strong>en</strong> vain, au gouvernem<strong>en</strong>td'interv<strong>en</strong>ir pour que cesse laretransmission de cette course quiincite à gaspiller et va à l'<strong>en</strong>contredes <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts de la France àdiminuer ses émissions polluantes.Agir pour l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, 2, ruedu Nord, 75018 Paris, tél. : 0140 31 02 37, www. agirpourl<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.org.Etats-UnisUn secteurqui embaucheEn 2009, les effectifs de la Fdicsont passés de 7010 à 8653 salariés.Quelle est cette <strong>en</strong>treprise quiembauche : c'est l'ag<strong>en</strong>ce du gouvernem<strong>en</strong>tqui gère les faillitesbancaires, un secteur qui connaîtune forte croissance. La Fdic aannoncé qu'elle p<strong>en</strong>se devoir <strong>en</strong>coreembaucher <strong>en</strong> 2010. (source :http://faillitesbancairesusa.overblog.com)PalestineUn rabbincompare lasituation à lashoahLe grand rabbin d'Israël YonaMetzger s'est r<strong>en</strong>du le 14décembre 2009 devant la principalemosquée du village palestini<strong>en</strong>de Yassuf, près de Naplouse(Cisjordanie), mosquée inc<strong>en</strong>diéepar des colons israéli<strong>en</strong>s. Il a alorsosé une comparaison : "Il y a 70ans, la Shoah, le plus grand traumatismede notre histoire, a comm<strong>en</strong>céavec l'inc<strong>en</strong>die de synagoguesdurant la Nuit de Cristal".C'était <strong>en</strong> 1938. Comme le dit laTorah : "Ce que tu ne voudrais pasque l'on te fît, ne l'inflige pas àautrui".Après les régionalesRéductiondes déf<strong>ici</strong>tsbudgétairesLes ministères travaill<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>taux mesures de réduction dudéf<strong>ici</strong>t public qui seront prises…après les élections régionales. Lesrisques concern<strong>en</strong>t les différ<strong>en</strong>tesaides sociales : durée d'indemnitésdu chômage, sécurité sociale,retraites… (source : http://dechiffrages.blog.lemonde.fr)BretagneEcologiesocialeUn groupe d'écologie sociale (aus<strong>en</strong>s de Murray Bookchin) vi<strong>en</strong>tde voir le jour <strong>en</strong> Bretagne. Pourle mom<strong>en</strong>t, il n'est joignable quepar son site :www.libertat22.lautre.net.Prix PinocchioLes Amis de la Terre et Peuplessolidaires ont lancé le prixPinocchio qui récomp<strong>en</strong>sechaque année des firmes championnesde la communication m<strong>en</strong>songère.L'association propose des candidatures et les internautesvot<strong>en</strong>t. Ils ont été 7500 cette année à faire leur choix. Les résultats ontété communiqués le 24 novembre 2009.Dans la catégorie « droits humains » c’est le groupe Bolloré qui a reçule prix avec 35% des votes dans sa catégorie, pour les conditions detravail déplorables des travailleurs dans les plantations d’huile de palmede sa filiale Socapalm (Cameroun), dont elle est actionnaire majoritaire.Bolloré fait mieux que le Crédit agricole (23%), P<strong>en</strong>r<strong>en</strong>co (22%)et Michelin (19%).Le groupe Total a quant à lui reçu le prix Pinocchio dans la catégorie« <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t » avec 45% des votes de cette même catégorie. Lesinternautes condamn<strong>en</strong>t la multinationale française pour son implicationdans le méga-projet pétrolier Kashagan (Kazakhstan), qui s’annoncecomme une catastrophe <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale et sanitaire. Ce cas illustrele double discours du groupe qui, loin de l’image moderne et éthiquequ’il cherche désespérém<strong>en</strong>t à se donner, continue à investir massivem<strong>en</strong>tdans des projets fossiles polluants et archaïques. Total a ainsibattu Areva (29%), BNP Paribas (14%) et Société Générale (12%).Pour le « gre<strong>en</strong>washing » <strong>en</strong>fin, c’est EDF qui remporte le prix avec42% des votes de cette catégorie pour sa réc<strong>en</strong>te campagne de communication« Changer d’énergie <strong>en</strong>semble » qui a coûté plus cher que lesdép<strong>en</strong>ses du groupe <strong>en</strong> recherche et développem<strong>en</strong>t dans les énergiesr<strong>en</strong>ouvelables. Ces dernières ne représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t elles-mêmes qu’une partinfime du chiffre d’affaires du groupe par rapport au nucléaire. EDFdevance France-Betteraves (30%), Peugeot (14%) et Herta (13%).Pour l'année prochaine, on peut suggérer des candidats : Les Amis de laTerre, 2B, rue Jules-Ferry, 93100 Montreuil, www.prix-pinocchio.org.D.R.2 8 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010


Répartitiondes tâchesménagèresD.R.Une étude de l'Ined-Insee de 2005dressait un tableau des inégalitésdans le couple. Les résultatsétai<strong>en</strong>t déjà parlants :• pour le repassage, il est fait leplus souv<strong>en</strong>t par la femme dans78% des cas contre 5% (la différ<strong>en</strong>ceétant là où c'est jugécomme partagé).• pour les repas, c'est 70%contre 10%.• pour l'aspirateur, c'est 55%contre 10%.• pour les courses, c'est 50%contre 10%.• pour la vaisselle, c'est 45%contre 12%.• pour la t<strong>en</strong>ue des comptes,c'est 42% contre 24%.• pour lancer des invitations,c'est 25% contre 5%.Une nouvelle étude publiée le 3décembre 2009, permet de préciserplus les choses : alors que lesrépartitions dans les couples sans<strong>en</strong>fant n'a presque pas changé <strong>en</strong>cinq ans, l'arrivée des <strong>en</strong>fants augm<strong>en</strong>teces inégalités. Et cela augm<strong>en</strong>teavec le nombre d'<strong>en</strong>fants.Une grosse partie de l'explicationprovi<strong>en</strong>t de la réduction de l'activitésalariée des femmes : celles-ciarrêt<strong>en</strong>t leur activité professionnelleà hauteur de 25% après lepremier <strong>en</strong>fant, 32% à partir dudeuxième <strong>en</strong>fant. Conséqu<strong>en</strong>ce :l'<strong>en</strong>quête montre que les femmesexprim<strong>en</strong>t une insatisfaction croissantedevant les tâches… alorsque les hommes sont plutôt fiersde ne pas faire leur part.(Populations et sociétés, n°461,novembre 2009)En finir avecles jouetssexistesA l'occasion des fêtes de fin d'année,l'association Mix-Cité a priscontact avec la Halde, Hauteautorité de lutte contre les discriminations,pour lui demander d'interv<strong>en</strong>ircontre les discriminationshommes-femmes et <strong>en</strong> particulierpour tout ce qui touche aux magasinsde jouets, leurs rayonnages etleurs catalogues. Pour le mom<strong>en</strong>tla Halde n'a accepté qu'un r<strong>en</strong>dezvousavec l'association. Mix-Cité,c/o Mouvem<strong>en</strong>t français pour lePlanning familial, 4, squareSaint-Irénée, 75011 Paris,www.mix-cite.org.LilleChez VioletteL'association Chez Violette a vu lejour début 2009 dans le but d'ouvrirun lieu dédié "à l'autonomiedes femmes" dans le quartier deMoulins à Lille. Le projet prévoitdiffér<strong>en</strong>tes activités : accueil, projections,friperie, prestations d'urg<strong>en</strong>ce,bibliothèque, ateliers, coin<strong>en</strong>fants, expos…Des journées de souti<strong>en</strong> se sontt<strong>en</strong>ues depuis un an autour de ceprojet et on peut <strong>en</strong> suivre l'avancem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> les contactant : ChezViolette, 130, boulevard Victor-Hugo, appt B24, 59000 Lille,http://chez-violette.over-blog.com.ItalieCorps desfemmesLorella Zanardo, après des annéesà l'étranger, redécouvre la télévisionitali<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> r<strong>en</strong>trant dans sonpays. Choquée par l'image desfemmes que les chaînes publiquesou privées (la plupart appart<strong>en</strong>antà Berlusconi) donn<strong>en</strong>t, elle a réaliséun docum<strong>en</strong>taire qu'elle a mis<strong>en</strong> ligne sur internet (Il corpo delledonne), lequel a provoqué un vifdébat dans le pays. Interrogée surle manque de réactions des éluesfemmes, l'auteure répond "Elles neveul<strong>en</strong>t pas qu'on les <strong>en</strong>ferme dansce seul sujet, donc elles n'<strong>en</strong> parl<strong>en</strong>tpas". Une version françaiseest maint<strong>en</strong>ant visible surwww.ilcorpodelledonne.net.ZimbabweUne équipede footballséropositiveLa particularité des matchs defootball féminin opposant les ARVSwallows et les Sporting ART, auZimbabwe, est qu'à l'image d'unevingtaine d'autres équipes du pays,l'<strong>en</strong>semble de leurs part<strong>ici</strong>pantessont atteintes par le VIH-Sida.Le sexisme mis à nuA<strong>en</strong> croire certain-e-s, nous vivrions dans une société définitivem<strong>en</strong>taffranchie de la culture sexiste. Vérifions cette hypothèse <strong>en</strong>considérant cette publ<strong>ici</strong>té pour des <strong>en</strong>ceintes musicales paruedans un catalogue de Noël 2009 de matériel de musique. Sous le titre :"La pureté mise à nu", on y découvre une <strong>en</strong>ceinte ouverte, avec <strong>en</strong> fondd'image le buste d'une jeune femme blonde maquillée et jetant un regardde "femme fatale" au spectateur. La publ<strong>ici</strong>té décline les 8 qualités quir<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t cette <strong>en</strong>ceinte parfaite à l'achat. On compr<strong>en</strong>d vite et sans aucuneambiguïté que le génial cerveau des concepteurs de cette publ<strong>ici</strong>té adécidé de filer la métaphore <strong>en</strong> comparant ces qualités avec celles de lafemme parfaite. Humour, quand tu nous ti<strong>en</strong>s !Première caractéristique : "corps pur". Eh oui, quoi de pire qu'un corpsde femme maculé de taches,poils et autres scories…sans parler de l'indisp<strong>en</strong>sablevirginité à l'achat.Deuxième caractéristique :"émotion dirigée", avecgarantie d'"une zone d'écoutetrès large" et de"réflexions minimisées". Lafemme parfaite, on vousdit ! Vérifiez bi<strong>en</strong> que letroisième critère est bi<strong>en</strong>inscrit sur votre garantielors de l'achat : "ultra fidèle".Sinon ça risque de mal tourner, vous savez pourquoi… Le quatrièmepoint est un grand classique : "courbes parfaites". Vous savez, les régimes,privations, et tout ce qui fait le quotidi<strong>en</strong> d'une femme normale. Avec lecinquième critère de la femme idéale, on <strong>en</strong>tre dans les choses qui intéress<strong>en</strong>tvraim<strong>en</strong>t l'acheteur : "plaisir partout". B<strong>en</strong> oui, à quoi ça sert, unefemme, sinon ? Le sixième critère est plus subtil, pour les vrais amateurs: "experte <strong>en</strong> graves"… à vous de jouer, messieurs ! En réalité il y ainteraction <strong>en</strong>tre les sons émis et les phénomènes physiques, puisque cetteaptitude au son "augm<strong>en</strong>te la longueur du tube"… Le numéro 7 est lacerise sur la gâteau : "corrections appréciées". Oui, vous avez bi<strong>en</strong> lu,cette pub de décembre 2009 prés<strong>en</strong>te métaphoriquem<strong>en</strong>t la femme idéaleà travers cette caractéristique bi<strong>en</strong> connue : si tu ne sais pas pourquoi tubats ta femme, elle, elle le sait ! Et elle aime ça ! Ah, je vois que vousn'avez vraim<strong>en</strong>t pas d'humour ! Cette correction que les femmes appréci<strong>en</strong>ttant permet, poursuit le texte, d' "adapter précisém<strong>en</strong>t la réponse".On ne pourrait pas l'inv<strong>en</strong>ter. La dernière caractéristique est plus soft :"vibration maîtrisée". La femme ne doit jamais se laisser aller, y comprisdurant le plaisir. Il ne faut pas oublier qui consomme <strong>ici</strong> !Allez, avec un peu de chance, la (femme-)<strong>en</strong>ceinte doit pouvoir se trouver<strong>en</strong> solde à l'heure qu'il est… ça vous branche ? Vous la trouverez chezG…. GGARV est l'abréviation d'antirétrovirauxet ART signifie traitem<strong>en</strong>tantirétroviral. Le football est <strong>ici</strong>une arme pour vaincre les préjugéset lutter contre la stigmatisation.Avant et après les matchs, desfemmes parl<strong>en</strong>t au public deseffets du VIH sur leur vie, de lafaçon dont elles ont surmonté lesobstacles, tandis que des éducateursdistribu<strong>en</strong>t de la docum<strong>en</strong>tationainsi que des préservatifsféminins et masculins. (Lettre duMFPF, 14 octobre 2009)La pubdétourne leféminisme !Dans la publ<strong>ici</strong>té, l'important estque l'on parle du produit, <strong>en</strong> bi<strong>en</strong>ou <strong>en</strong> mal. Les ag<strong>en</strong>ces de publ<strong>ici</strong>téont mis au point un nouveauconcept : la vidéo virale. Il s'agitde prés<strong>en</strong>ter sur internet un clip ouune pub qui est c<strong>en</strong>sée être dansde la presse spécialisée… <strong>en</strong> espérantque cela provoque l'indignationd'une partie de la population.Ce qui marche le mieux : despubl<strong>ici</strong>tés sexistes qui sont alorsdénoncées par de multiples sitesféministes. On fait ce que l'onappelle alors du "buzz" (ou bruitinformatique) et comme nombreuxsont ceux qui ne vérifi<strong>en</strong>t pas d'oùvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les infos de départ, celapeut vite pr<strong>en</strong>dre une ampleurdémesurée.(source : http://blog.plafonddeverre.fr)D.R.S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20102 9


BureÇa se précise !Alors que depuis 1993, le gouvernem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t le flou sur le "laboratoire" de Bure, à la limite <strong>en</strong>trela Lorraine et la Champagne-Ard<strong>en</strong>nes, les opposants ont toujours dit que cela se terminerait par unc<strong>en</strong>tre de stockage des déchets hautem<strong>en</strong>t radioactifs… car on n'aménage pas des trous de 500mètres de profondeur uniquem<strong>en</strong>t pour le plaisir de faire des études.Eh bi<strong>en</strong>, cela se confirme tout doucem<strong>en</strong>t au fur et à mesure des glissem<strong>en</strong>tssémantiques des docum<strong>en</strong>ts administratifs. Les opposants ontr<strong>en</strong>du publics début décembre 2009, deux docum<strong>en</strong>ts internes aux ministèresconcernés : l'un du 9 novembre 2009 prés<strong>en</strong>te la "démarche d'implantationdu projet de stockage géologique profond", le second, du 18novembre 2009, porte sur la "zone d'intérêt pour la reconnaissanceapprofondie. Les opposants not<strong>en</strong>t que dans le premier docum<strong>en</strong>t, un seulcritère porte sur la sûreté, deux sur la technique… 15 sur l'acceptationsociale ! Dans le deuxième, deux port<strong>en</strong>t sur la sûreté, neuf sur l'acceptationsociale ! Autant dire que le nucléaire est surtout dangereux pour sonmanque de démocratie.Le cal<strong>en</strong>drier proposé dans ces docum<strong>en</strong>ts parle de "dialogue avec lesacteurs sociaux" de 2009 à 2013, date du choix définitif du site… Ri<strong>en</strong>n'est prévu sur le dialogue sur les risques du nucléaire ! Les docum<strong>en</strong>tssignal<strong>en</strong>t qu'un moy<strong>en</strong> de faire mieux accepter le c<strong>en</strong>tre serait de faireque l'<strong>en</strong>trée soit située dans un bois (c'est sûrem<strong>en</strong>t très développem<strong>en</strong>tdurable !). Nul doute qu'on va planter des arbres sur l'actuel site de Bure.Le 7 décembre 2009, les opposants ont demandé aux 33 maires concernéspar la zone de stockage des déchets de démissionner tous <strong>en</strong>sembleavant les élections régionales. La commune de Bonnet, commune voisinede Bure, a voté le 18 décembre 2009 à l'unanimité une motion contre la transformation du laboratoire deBure <strong>en</strong> site d'<strong>en</strong>fouissem<strong>en</strong>t des déchets radioactifs.Fédération Grand Est Stop aux déchets nucléaires, BP 17, 52101 Saint-Dizier cedex, www.burestop.org.Les effets secondaires du Cern3 0 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010imanche 25 octobre 2009, Pierre Allemannest décédé à Vias, dans l’Hérault, des suitesDd’un abus de confiance. Une totale confiance,certes un peu puérile, qu’il avait accordée d’emblée àses chefs – phys<strong>ici</strong><strong>en</strong>s et techn<strong>ici</strong><strong>en</strong>s <strong>en</strong> radioprotection– qui "donnèr<strong>en</strong>t sa chance" à cet homme de 33ans robuste, serviable, consci<strong>en</strong>cieux et dévoué, tropheureux de quitter son tablier de garçon de café pourla combinaison verte d’ag<strong>en</strong>t de radioprotection.Placé au Cern, C<strong>en</strong>tre europé<strong>en</strong> de recherche nucléaireprès de G<strong>en</strong>ève, <strong>en</strong> 1979, par une société d’intérimaires,il y restera 15 ans. De belles années durantlesquelles il apprécie une certaine autonomie. Sontravail : réceptionner des c<strong>en</strong>taines de tonnes dedéchets radioactifs et des kilomètres de tuyaux <strong>en</strong>robésd’amiante qu’il scie, découpe au chalumeau, nettoieet stocke. Tout ça sans équipem<strong>en</strong>t particulier nile moindre stage de formation. Un travail comme lesautres puisque ses supérieurs lui ont expliqué que lespoils du nez filtr<strong>en</strong>t les particules radioactives quisont <strong>en</strong>suite éliminées <strong>en</strong> se mouchant et <strong>en</strong> crachant…Et quand il s’est mis à cracher noir "c’estnormal et c’est la preuve que ton organisme se purifie"lui affirme un grand phys<strong>ici</strong><strong>en</strong> très respecté parcequ’il avait travaillé jadis sur la bombe atomique.Le 10 août 1994, le médecin du Cern découvre qu’il aun cancer au poumon. Il doit cesser son travail séancet<strong>en</strong>ante. Après 15 ans d’activité, sans manquer unseul jour ! Le choc. Il réalise <strong>en</strong>fin qu’on l’a trompé.Et appr<strong>en</strong>d qu’on aurait pu déceler ce cancer bi<strong>en</strong>plus tôt. Le Cern a voulu gagner du temps, maisPierre a perdu un poumon.Comm<strong>en</strong>ce alors une l<strong>en</strong>te desc<strong>en</strong>te aux <strong>en</strong>fers dansune réalité sordide qui outrepasse l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t. Atel point que dans un premier temps, la Criirad(Commission de recherche et d’information indép<strong>en</strong>dantesur la radioactivité) à qui s’adresse Pierre,peine à le croire. C’est trop gros ! Avec l’aide précieusede cette institution de Val<strong>en</strong>ce, puis celle deContrAtom à G<strong>en</strong>ève ainsi que l’appui du syndicatCFDT de l’Ain, un long combat est <strong>en</strong>gagé pour quetoute la vérité soit révélée sur la face cachée du Cern.La Criirad effectue des mesures et des prélèvem<strong>en</strong>tssur le site, prépare un solide dossier accusateur etrévèle notamm<strong>en</strong>t que le Cern est une INB(Installation nucléaire de base) qui pollue et contaminele site et son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Peine perdue ! Ces"allégations" sont sans fondem<strong>en</strong>t et les déchetsradioactifs trouvés dans des poubelles du site ont étéplacés là par des g<strong>en</strong>s malint<strong>en</strong>tionnés de l’extérieur…La grande presse pr<strong>en</strong>d la déf<strong>en</strong>se du Cern.Evidemm<strong>en</strong>t.Ecœuré, rejeté, m<strong>en</strong>acé par ses ex-collègues, lassé parun combat forcém<strong>en</strong>t inégal ("un trop gros morceau"lui a dit le juge Lambert) Pierre trouvera <strong>en</strong>fin lasérénité et un climat propice à sa santé dans le Sud-Ouest de la France. Il me disait <strong>en</strong>core cet automnecombi<strong>en</strong> il y était heureux, détaché de cette sombrehistoire, et qu’il <strong>en</strong>visageait l’inéluctable avecconfiance, ayant tout t<strong>en</strong>té pour qu’elle ne se reproduiseplus.Son nom vi<strong>en</strong>t s’ajouter aux Kall, Dumont, Dunand,Jacquemot, Lagarde, Gambet, Urssela, Merveille,Passerieux, Settimo et certainem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core beaucoupd’autres inconnus morts pour le Cern dans l’indiffér<strong>en</strong>cegénérale.Pierre nous a quittés, <strong>en</strong>touré de l’affection de sonépouse, de ses huit <strong>en</strong>fants et de ses vingt-deux petits<strong>en</strong>fants.Il avait 63 ans.Adieu Pierre ! Merci. Nous ne t’oublierons pas.Paul BonnyContrAtom G<strong>en</strong>ève.Nucléaire+ chauffageélectrique+ froid =catastrophe !Quand la température baisse, l'utilisationdu chauffage électrique augm<strong>en</strong>te.Un chauffage électrique largem<strong>en</strong>tpromu par EDF qui p<strong>en</strong>saitécouler son courant nucléaire. Maisvoilà… En hiver, la productionnucléaire ne suffit pas, d'autantplus que nombre de réacteurs sont<strong>en</strong> réparation. Cela a conduit à dessituations extrêmem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>dues midécembre.Le 14 décembre, laFrance a dû importer la productionde l'équival<strong>en</strong>t de 4400 MW, le 15,cela a monté à 5100 MW, le 16 à7300 MW (soit sept réacteursnucléaires)… alors que les capacitésdes lignes à très haute t<strong>en</strong>sionne permett<strong>en</strong>t d'importer quel'équival<strong>en</strong>t de 9000 MW.L'ess<strong>en</strong>tiel de cette électr<strong>ici</strong>té a étéfournie par l'Allemagne, pays qui adécidé de la sortie du nucléaire…CruasPrivé d'eauChaque réacteur nucléaire pomped'énormes quantités d'eau pour pouvoirêtre refroidi suffisamm<strong>en</strong>t (untiers de l'énergie nucléaire donne del'électr<strong>ici</strong>té, les deux autres tierschauff<strong>en</strong>t l'eau… et donc contribu<strong>en</strong>tau réchauffem<strong>en</strong>t climatique).A Cruas (Ardèche), dans lanuit du 1 er au 2 décembre 2009, laprise d'eau principale sur le Rhône aété obstruée par des débris végétaux.Ce qui arrive relativem<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t.La procédure prévoit alors quel'on aspire par une deuxième prised'eau. Mais celle-ci s'est bouchéeune heure plus tard, provoquant unarrêt d'urg<strong>en</strong>ce du réacteur. Un pland'urg<strong>en</strong>ce a été <strong>en</strong>cl<strong>en</strong>ché sur lesite… mais aussi au ministère del'industrie. Sans conséqu<strong>en</strong>ce…pour cette fois-ci. L'incid<strong>en</strong>t a étéclassé 2 sur une échelle de 7. C'estla première fois <strong>en</strong> France qu'uneperte de contrôle d'un réacteur estprovoquée ainsi.NordMalades dela thyroïdeLe 28 décembre 2009, l'associationSanté et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t des rives del'Aa a prés<strong>en</strong>té devant la commissionlocale d'information de la c<strong>en</strong>tral<strong>en</strong>ucléaire de Gravelines, undécompte des malades de la thyroïde: 414 personnes touchées sur unepopulation de 11 828 habitants(3,5 %). Un taux anormal <strong>en</strong> fortehausse depuis 2006. La commissiona assuré qu'elle allait "s'emparer dudossier". Les maladies de la thyroïdesont souv<strong>en</strong>t dues à la prés<strong>en</strong>ce d'ioderadioactif, un gaz libéré <strong>en</strong> quantitélors de fuites dans les réacteurs.


D.R.Eoli<strong>en</strong>■ Les Etats-Unis pass<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tête. Avec 8358 MW installés <strong>en</strong>2008, les Etats-Unis totalis<strong>en</strong>tmaint<strong>en</strong>ant 25 170 MW, ce qui lesfait dépasser l'Allemagne (1665MW <strong>en</strong> plus <strong>en</strong> 2008, pour untotal de 23 908 MW). Suiv<strong>en</strong>tl'Espagne (16 754 MW) puis laChine qui a doublé ses installations<strong>en</strong> 2008 pour atteindre12 210 MW et qui à ce rythmedevrait dépasser l'Espagne <strong>en</strong>2009 et l'Allemagne d'<strong>ici</strong> 2012.Le développem<strong>en</strong>t est maint<strong>en</strong>antrapide <strong>en</strong> Inde, Italie, France,Royaume-Uni, Portugal. LaDanemark, un temps <strong>en</strong> tête, pointeactuellem<strong>en</strong>t à la neuvièmeplace, le gouvernem<strong>en</strong>t danoisactuel ayant bloqué tous les programmes.(Source : Syndicat desénergies r<strong>en</strong>ouvelables)■ France : un frein de moins.Alors que dans de nombreux payseuropé<strong>en</strong>s, l'éoli<strong>en</strong> se développesans problème, la France maint<strong>en</strong>aitl'impossibilité technique dedépasser 10% de la productionélectrique (voir n°375). Le 30novembre 2009, RTE, Réseau detransport d'électr<strong>ici</strong>té, a annoncéla mise <strong>en</strong> place d'un système électroniquepermettant de prévoiravec quelques heures d'avance laproduction éoli<strong>en</strong>ne permettantainsi de moduler d'autres sourcesd'énergie (hydraulique et thermiqueprincipalem<strong>en</strong>t) et de bénéf<strong>ici</strong>erpleinem<strong>en</strong>t des apportséoli<strong>en</strong>s. RTE a annoncé que le 28novembre 2009, le réseau a perdu2000 MW de puissance éoli<strong>en</strong>nedu fait de ce manque d'ant<strong>ici</strong>pation(sur une puissance maximaleà cette date de 4300 MW). Ceciva permettre de suivre l'augm<strong>en</strong>tationrapide de la productionéoli<strong>en</strong>ne qui devrait atteindre19 000 MW terrestre <strong>en</strong> 2020.■ Ille-et-Vilaine : parc éoli<strong>en</strong>coopératif. Patrick Saultier, ingénieuret élu de la commune dePlélan-le-Grand (35 km à l'ouestde R<strong>en</strong>nes) propose <strong>en</strong> 2003 auconseil mun<strong>ici</strong>pal de lancer un projetde parc éoli<strong>en</strong> coopératif. Unesociété voit le jour : Brocéliandeénergies locales. Un part<strong>en</strong>ariat estproposé à la Caisse des dépôts etconsignation qui refuse. C'est unélectr<strong>ici</strong><strong>en</strong> belge qui accepte d'apporter65 % de la somme, le resteétant collecté auprès d'une douzained'investisseurs locaux. Sixéoli<strong>en</strong>nes Enercon sont installées aucours de l'été 2008. Avec des matsde 100 m et des pâles de 41 m, laproduction att<strong>en</strong>due est de 30 millionsde kWh, la consommationd'<strong>en</strong>viron 20 000 habitants. La communede 3400 habitants est doncdev<strong>en</strong>ue exportatrice d'électr<strong>ici</strong>té.AllemagneVers le 100 %r<strong>en</strong>ouvelableLe ministre de l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tallemand, Norbert Röttg<strong>en</strong> (CDU,conservateurs) a prés<strong>en</strong>té le 2décembre 2009, lors d'une r<strong>en</strong>contredu Programme des Nationsunies pour l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t(PNUE), les ambitions du gouvernem<strong>en</strong>tactuel (conservateurs etlibéraux) : viser le 100% r<strong>en</strong>ouvelabled'<strong>ici</strong> 2050". Ceci est unobjectif plus ambitieux que le précéd<strong>en</strong>tgouvernem<strong>en</strong>t (socialistesconservateurs)qui ne visait qu'àatteindre 50% à cette date. Celasuppose donc le mainti<strong>en</strong> de lasortie du nucléaire et la sortieégalem<strong>en</strong>t du charbon, du pétroleet du gaz. Fin 2008, les r<strong>en</strong>ouvelablesassurai<strong>en</strong>t 15% de l'électr<strong>ici</strong>téet 7% de la consommationd'énergie totale. Les Verts se sontfél<strong>ici</strong>té de cette annonce, maisdemand<strong>en</strong>t des objectifs chiffrés,énergie par énergie. Les industrielsdu secteur r<strong>en</strong>ouvelable ontdemandé des efforts financierspour pouvoir accélérer leur développem<strong>en</strong>t.Le gouvernem<strong>en</strong>t allemandespère ainsi dev<strong>en</strong>ir leaderdans ce domaine… et servird'exemple dans la lutte contre ledérèglem<strong>en</strong>t climatique. (source :AFP, 3 décembre 2009)La Franceface à ses<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tsL'Union europé<strong>en</strong>ne demande àchaque Etat d'atteindre 23%d'énergies r<strong>en</strong>ouvelables dans laproduction totale <strong>en</strong> 2020. Nonseulem<strong>en</strong>t, la France <strong>en</strong> est loin,mais les "am<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>ts" commanditéspar les lobbyistes auprès desdéputés de droite sont <strong>en</strong> traind'anéantir toute évolution positive.Ainsi, si la nouvelle norme pour2012 prévoit bi<strong>en</strong> des logem<strong>en</strong>tsqui consomm<strong>en</strong>t moins de 50 kWhpar an et par m 2 , mais un am<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>tprécise que c'est "hors chauffageélectrique". Un autre am<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>tprévoit que laclimatisation sera obligatoire dansQui fait courir de mauvaisesinformations sur les lampesfluocompactes ?Des rumeurs se multipli<strong>en</strong>t sur les dangers supposés des lampesfluocontactes (ou lampes économes). La revue Valériane éditéepar Nature et progrès Belgique a interrogé, dans son numérod'été 2009, Christian Steff<strong>en</strong>s, ingénieur industrielspécialiste de l'efficacité énergétique. Nous avons d<strong>en</strong>otre côté r<strong>en</strong>contré un spécialiste <strong>en</strong> électr<strong>ici</strong>téqui confirme ce que publie Valériane. A savoir…> sur les risques électromagnétiques, à moins derester des journées <strong>en</strong>tières à quelques c<strong>en</strong>timètresdes ampoules, il n'y a ri<strong>en</strong> à craindre car si champélectromagnétique il y a, il diminue très rapidem<strong>en</strong>tavec la distance et à un mètre, il n'est pratiquem<strong>en</strong>tplus mesurable.> sur les risques du mercure, il y <strong>en</strong> a effectivem<strong>en</strong>t dansle starter <strong>en</strong> petite quantité (un milligramme par ampouleà comparer aux quelques grammes qu'il y avait autrefoisdans les thermomètres). Il faut donc bi<strong>en</strong> les rapporterpour le recyclage. Mais utiliser des ampoules de ceg<strong>en</strong>re permet d'économiser l'électr<strong>ici</strong>té. En période de pointe,l'électr<strong>ici</strong>té provi<strong>en</strong>t de c<strong>en</strong>trales thermiques. Si celles-cisont alim<strong>en</strong>tées au charbon (ce qui est <strong>en</strong>core fréqu<strong>en</strong>t danstoute l'Europe), le charbon cont<strong>en</strong>ant naturellem<strong>en</strong>t du mercure,les fumées de ces c<strong>en</strong>trales nous pollu<strong>en</strong>t au mercure bi<strong>en</strong> plussûrem<strong>en</strong>t que les ampoules.> sur les rayonnem<strong>en</strong>ts ultra-violets, ces ampoules émett<strong>en</strong>t moins quela lumière naturelle. Il y a confusion avec les lampes halogènes quilorsque les filam<strong>en</strong>ts portés à haute température ne sont pas derrièreune vitre sont effectivem<strong>en</strong>t émetteur d'importants UV.> sur l'alternative que représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les LED, celles-ci ont pour lemom<strong>en</strong>t un r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre consommation électrique et lumière quireste faible… mais les progrès sont constants donc ce sera sans douteune forme d'éclairage répandue dans quelques années. MB.les logem<strong>en</strong>ts neufs… et que ce nesera pas compris non plus dans lecalcul ci-dessus. Ceci serait justifiépar le risque de canicule : uneabsurdité puisque lorsqu'un logem<strong>en</strong>test bi<strong>en</strong> isolé pour le froid, ill'est égalem<strong>en</strong>t pour le chaud.Côté fiscalité, un am<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t aubudget 2010 propose de doubler lestaxes locales pour les éoli<strong>en</strong>nes…ce qui les ferait monter de 4000 à8000 euros par an et par MW. Acomparer avec le nucléaire qui nepaie lui pour la même puissanceque 2913 euros. Côté transport,depuis le Gr<strong>en</strong>elle de l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,ri<strong>en</strong> n'a changé : priorité à laroute devant le rail.Côté recherche : de l'arg<strong>en</strong>t estdébloqué à grand r<strong>en</strong>fort de communication(autant pour l<strong>en</strong>ucléaire que pour les r<strong>en</strong>ouvelables!) mais dans le détail celaconcerne principalem<strong>en</strong>t les agrocarburants,la pile à hydrogène etla voiture électrique.A l'arrivée, tout est fait pourconsommer plus… ce qui expliqueque même avec un développem<strong>en</strong>trapide de l'éoli<strong>en</strong> et à un degrémoindre du photovoltaïque, lepourc<strong>en</strong>tage couvert par les énergiesr<strong>en</strong>ouvelables <strong>en</strong> France est…<strong>en</strong> baisse !Rhône-AlpesFormationénergiesr<strong>en</strong>ouvelablesLe Greta du Roannais, <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avecla région et la plate-forme GENRet Oïkos, organise tout au long del'année des formations courtes :gestion de l'eau et des déchets,solaire thermique, solaire photovoltaïque,bois énergie, micro-éoli<strong>en</strong>,micro-hydraulique, géothermie,aérolique (puits canadi<strong>en</strong>, v<strong>en</strong>tilation),cogénération, ossature bois,pisé et <strong>en</strong>duits de terre, chaux,électr<strong>ici</strong>té biocompatible, étanchéitézinguerie, plomberie chauffage,électrotechnique… Elle proposeégalem<strong>en</strong>t des formations longuesdiplômantes : plombier chauffagiste,bio électr<strong>ici</strong><strong>en</strong>, techn<strong>ici</strong><strong>en</strong> <strong>en</strong>rénovation thermique, écoconstructeur.Greta du Roannais, 4, impasseChampromis, 42300 Roanne,tél. : 04 77 23 05 05.D.R.S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20103 1


Le débatremontejusqu'<strong>en</strong> haut !Nicolas Sarkozy, à Aubervilliers, le28 novembre 2009, s'<strong>en</strong> est prisaux partisans de la décroissance :"Quand j’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds nos écologistesparfois dire qu’ils vont faire campagnesur le thème de la décroissance,est-ce qu’ils sav<strong>en</strong>t qu’il y adu chômage […] de la misèredans le monde, est-ce qu’ils sav<strong>en</strong>tqu’il y a près d’un milliard de g<strong>en</strong>squi ne mang<strong>en</strong>t pas à leur faim etque la décroissance, ça veut direplus de misère pour tous ces g<strong>en</strong>slà?". Il devrait lire plus att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>tles propositions des décroissants: ce n'est pas à ces "g<strong>en</strong>s-là"que l'on demande de se serrer laceinture mais aux riches, ceux quimang<strong>en</strong>t au Fouquet's parexemple.Les animauxdomestiquesau niveau desvoitures ?Un chi<strong>en</strong> pourrait avoir uneempreinte écologique supérieure àcelle d'une voiture ! Pour faire lacomparaison, Robert et Br<strong>en</strong>daVale, deux architectes spécialisésdans le développem<strong>en</strong>t durable àl'université Victoria de Wellington(Nouvelle-Zélande), ont comparél'empreinte de différ<strong>en</strong>tes voitures<strong>en</strong> intégrant la consommation decarburant et le poids de la fabricationaux doses alim<strong>en</strong>tairesconseillées par les fabricants pourles chi<strong>en</strong>s, les chats, les hamsters.Le hamster se retrouve avec uneempreinte écologique modeste…ce qui n'est pas le cas des chats etdes chi<strong>en</strong>s qui, carnivores, mang<strong>en</strong>tbeaucoup de viande, laquelle a uneimportante empreinte écologique.Leurs résultats : un chat bi<strong>en</strong> dorlotépar ses maîtres pèse aussilourd qu'une Golf Volkswag<strong>en</strong> quifait 9000 km par an. Un chi<strong>en</strong> detaille moy<strong>en</strong>ne pèse autant qu'uneToyota Land Cruiser qui fait20 000 km par an. Un gros chi<strong>en</strong>est équival<strong>en</strong>t à une voiture quifait 30 000 km par an ! LaFrance compte à elle seule huità Un chi<strong>en</strong> au volant :le top de l'empreinte écologique !D.R.millions de chi<strong>en</strong>s et 9,7 millionsde chats… et 25 millions de voitures.(source : New Sci<strong>en</strong>tist du23 octobre 2009).ToulouseLa Casede santéLa Case de santé a vu le jour dansun quartier populaire de Toulouse<strong>en</strong> août 2006. Ce c<strong>en</strong>tre de santécommunautaire est animé pardeux infirmières, deux médecinsgénéralistes, un psychologue, troistravailleurs sociaux et un animateur<strong>en</strong> santé communautaire.L'idée de l'association est de fonctionnersans hiérarchie, d'agir auniveau local et avec tout le monde.L'initiative est tolérée par les institutionsplutôt que sout<strong>en</strong>ue. Lemélange <strong>en</strong>tre personnels de santéet travailleurs sociaux n'étant pasclassique. L'acte de santé est <strong>ici</strong> liéà une démarche sociale. Desaccueils spécifiques ont vu le jour :pour les femmes qui ont des questionssur la sexualité, pour lesmigrant-es qui ont des obstaclesadministratifs, pour des personnesn'ayant plus de couverture sociale,pour les chibanis (vieux migrantsmaghrébins à la retraite)… <strong>en</strong> li<strong>en</strong>avec d'autres initiatives sociales duquartier. La Case de santé, 17,place Arnaud-Bernard, 31000Toulouse, tél. : 05 61 23 01 37,www.casedesante.org.3 2 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010Transpar<strong>en</strong>ce de l'informationProcès <strong>en</strong> coursLa loi sur la transpar<strong>en</strong>ce de l'information médicale votée le 4 mars 2002 prévoit qu'un professionnel de santéqui s'exprime publiquem<strong>en</strong>t sur un produit de santé doit déclarer s'il est <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec les <strong>en</strong>treprises qui fabriqu<strong>en</strong>tou commercialis<strong>en</strong>t ces produits. Les décrets d'application ne sont parus qu'<strong>en</strong> mars 2007 après unrecours d'associations devant le conseil d'Etat. En avril 2008, l'association Formindep a observé 150 déclarationsde 91 professionnels dans 30 médias professionnels et publics. Résultat : pas une seule fois, la loi n'a étéappliquée ! Formindep a étudié <strong>en</strong>suite les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre ces professionnels et l'industrie : pour seulem<strong>en</strong>t 14d'<strong>en</strong>tre eux, elle n'a pas trouvé de li<strong>en</strong>s d'intérêt, pour 33, elle n'a que des soupçons, pour 56, le li<strong>en</strong> est prouvé.L'UFC-Que Choisir, après avoir vérifié les résultats de l'<strong>en</strong>quête, a décidé <strong>en</strong> avril 2009 de poursuivre <strong>en</strong> justic<strong>en</strong>euf médecins. La procédure juridique est <strong>en</strong> cours… Jean Laleuw, Formindep, 188 rue Daub<strong>en</strong>ton, 59100Roubaix, www.formindep.org.Le cas Roseline BachelotSi la loi était appliquée, nul doute que l'actuel bourrage de crâne sur les vaccins s'accompagnerait de sérieusesrévélations. Comme celles révélées par Le Fakir concernant une certaine Roseline Bachelot qui <strong>en</strong> fait beaucoupactuellem<strong>en</strong>t. Celle-ci devrait légalem<strong>en</strong>t indiquer à chacune de ces interv<strong>en</strong>tions qu'elle a été déléguée à l'informationmédicale pour les laboratoires Ici Pharma de 1969 à 1976 et chargée des relations publiques chezSoguipharm de 1984 à 1989. François Autain, député du parti de gauche, médecin généraliste <strong>en</strong> Loire-Atlantique, se souvi<strong>en</strong>t qu'elle lui avait vanté les produits de la firme Astra Zaneca. Aujourd'hui Astra Zanecafabrique… des vaccins contre le virus H1N1.Le 12 novembre 2009, jour où Roseline Bachelot se fait vacciner devant les médias, les journalistes du Fakir,Pascale Pascariello et François Ruffin, sont prés<strong>en</strong>ts. Question <strong>en</strong> direct. La ministre gênée, esquive et fuit. Lesjournalistes du Fakir demand<strong>en</strong>t à leurs confrères s’ils vont repr<strong>en</strong>dre l'info. Réponse presqu'unanime : on est làpour parler du vaccin, pas pour autre chose ! (seul Le Monde le 17 novembre 2009 y fera allusion). Grandiose !Demande d'interview au ministère : le service de presse lâche dans la discussion que Roseline Bachelot a mêmecréé son propre labo avec son mari…Le Fakir, Fakir, 21 rue Eloi-Morel 80000 Ami<strong>en</strong>s, www.fakirpresse.info, <strong>en</strong> ligne le 24 novembre 2009.Grippe■ La Pologne se porte bi<strong>en</strong> ! Legouvernem<strong>en</strong>t polonais a refusé defaire une campagne de vaccination,les fabricants demandant quece soit l'Etat qui soit responsable<strong>en</strong> cas d'effets secondaires.Résultat : au 4 décembre 2009,nous <strong>en</strong> étions à 24 décès <strong>en</strong>Pologne pour la grippe A soit 0,6décès par million d'habitant… àcomparer à la France où nous <strong>en</strong>étions à 111 décès à la même datesoit 1,7 décès par million d'habitants.On voit donc que le vaccinest particulièrem<strong>en</strong>t efficace !■ Stock à v<strong>en</strong>dre. Le gouvernem<strong>en</strong>tfrançais essaie de rev<strong>en</strong>dreles 90 millions de vaccins qu'il aachetés <strong>en</strong> trop… Moins de 5 millionsde vaccins auront été utilisés,ce qui correspond à moins de10 % de la population française.Alors que l'on nous montre sanscesse des photos des queues devantles c<strong>en</strong>tres de vaccination dans lesmédias dominants, le nombre devaccinés reste faible.■ Virus mutant. Plusieurs mortsde cet automne ne sont pas mortsdu virus H1N1, mais de virusmutants… pour lesquels le vaccinn'est pas prévu.


itatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-suddécroissancepolitique/débatssantéeducationm<strong>en</strong>ttéeducationdécroissancetionsantéeducation santésantéte foire saloneducationfilménergie<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>teducationdécroissancedécroissancedécroissancedécroissanceénergietéte foire salon<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tdécroissancefilmtionénergie<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tnord-sudDrôme : 8 e Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixr<strong>en</strong>contres de l'écologieau quotidi<strong>en</strong>, jusqu'au 7 20 83, www.ecotidi<strong>en</strong>ne.fr.Muséum d'histoire naturelle, 36, rue re bois, 19 février à 14h, àPrincipale, 67370 santé Sparsbach, nord-sud tél. : 03 88 89 rium de la Grande galerie de l'évolution, Bas-Rhin : initiation à l'ossatu-énergieénergie musique educationmanif filmbio manif décroissance bio politique/débats décroissance politique/débatsfévrier à Die. Association Ecologie au Gard : p<strong>en</strong>ser l'homme dans Geoffroy-Saint-Hilaire, Paris 5 e . Colloque Sparsbach, Ecotidi<strong>en</strong>ne, Lydiaformationénergieénergie musique educationQuotidi<strong>en</strong>, Le Chastel, 26150 Die, tél.: 04 75 21 son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t planétaire,5 et 6 février dans le cadre des l'Institut Emilie du Châtelet, MNHN, CP 22, Sparsbach, formation tél. : 03 88 89 20 83, www.ecoti-international coorganisé par l'INED et Christmann, 15, rue Principale, 67370Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudpolitique/débatsénergieénergie musique education00 56, www.ecologieauquotidi<strong>en</strong>.blogspot.com.filmmanif bio décroissance politique/débatsFête foire salonHabitatfilm non-viol<strong>en</strong>ce / paixmanif biosantédécroissance politique/débatsParis : le pays où rêv<strong>en</strong>t les "éco-dialogues nord-sud du Vigan", le 5 <strong>en</strong> soirée, 57, rue Cuvier, 75005 Paris, tél. formation : 01 40 79 di<strong>en</strong>ne.fr.fourmis vertes, 1 er février à 20 h, confér<strong>en</strong>ce de Francis Hallé : pourquoi les 53 63.Ille-et-Vilaine : les bases duénergieénergie musique educationà la Filmothèque du Quartier latin pays tropicaux sont-ils si pauvres et les Drôme : Avec les réfugiés climatiques,du 12 février filmB i o jardin potager et fleuri, 20(9, rue Champollion, 5 e filmmanif , M°Odéon), prés<strong>en</strong>tationde ce film de Werner Herzog. Le comnirde la biodiversité au niveau planétair<strong>en</strong>ôtres <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tnord-sudbio formation si riches ? le 6 <strong>en</strong> après-midi : l'ave-décroissance politique/débatsformationau 30 février, matin : bénévolat de jardinagepour ceux qui veul<strong>en</strong>t, l'après-midi :Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudfilmmanif biomai, exposition photo du collectifformationdécroissance politique/débatsénergieénergie musique educationbat d'Aborigènes qui s'oppos<strong>en</strong>t énergie à l'ouvertured'une mine d'uranium sur leurs terres <strong>en</strong> de Philippe Danton Les îles de Robinson. de population formationsont déjà <strong>en</strong> cours. C<strong>en</strong>tre du pour les bénévoles du matin, inscriptions au<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t formationénergie avec musique les deux confér<strong>en</strong>ciers, education le 6 au soir, film Argos sur les régions où des déplacem<strong>en</strong>ts appr<strong>en</strong>tissage et échanges. 12€, gratuit<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tAustralie. Débat avec Jessica de Largy Jean-Marie Miss, mairie du Vigan, tél. : 04 67 patrimoine arméni<strong>en</strong>, 14, rue Louis-Gallet, 02 99 52 02 90, jardin bio à Guich<strong>en</strong>.politique/débatsHealy, ethnologue. Survival international, 45, 81 66 12.26000 Val<strong>en</strong>ce, tél. : 04 75 80 13 00, Organisé par Culture Bio, 43, Rue de Fagues,énergieénergie musique education filmmanif Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixbio santéénergi<strong>en</strong>ord-sudénergie musique educationdécroissance politique/débatsénergieénergie musique educationrue du Faubourg du Temple, 75010 Paris, Nantes : vélorution, 6 février. En www.patrimoinearm<strong>en</strong>i<strong>en</strong>.org.35580 Guich<strong>en</strong>.<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tnord-sudformationtél. :01 42 41 47 62, www.survivalfrance.org.formation restant groupés avec nos vélos (ou Bas-Rhin : bébé bio, 12 février à Namur : agriculture bio etToulouse : comité d'autodéf<strong>en</strong>sejuridique, 1 er février à 20h30, zone libérée de l'automobile, montrant ainsitandem, roller...), nous créons une 14h, à Sparsbach, Ecotidi<strong>en</strong>ne, B i o changem<strong>en</strong>t climatique, 24<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tLydia Christmann, 15, rue Principale,67370 Sparsbach, tél. : 03 88 89 20 83, Beez, colloque. Les défis face au change-février, à l'auditorium du moulin de<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tformation au Kiosk, librairie-bibliothèque que son règne n'est pas une fatalité.Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce film / paixsanté manifnord-sudbio décroissance politique/débatsénergieénergie musique educationpolitique/débatsalternative. Les CAJ sont des associations N'hésitez pas à décorer votre vélo et à v<strong>en</strong>ir www.ecotidi<strong>en</strong>ne.fr.m<strong>en</strong>t climatique, la contribution de l'agricultureaux émissions de gaz à effet deFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudqui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> aide aux militants confrontésà des questions juridiques. Il s'agit alors vous chaque premier samedi du mois à 14h,<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tavec de sympathiques banderoles ! R<strong>en</strong>dez-formationEpinal : Planet'Energy, 12 au<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t15 février au c<strong>en</strong>tre de Congrès, serre, la place de l'agriculture biologique, lede sortir d'une position de victime et, par place Royale. www.velorution.org.120 exposants sur la maîtrise de stockage du carbone dans les sols, la questionde l'élevage, l'efficacité énergétiquemutualisation des moy<strong>en</strong>s et solidarité, de Paris film : vélorution, manif 6 février bio à l'énergie et les énergies r<strong>en</strong>ouvelables.décroissance politique/débatsénergieénergie musique educationrester off<strong>en</strong>sifs. Le kiosk, 3, rue Escoussières 14h, place du Châtelet, www.velorution.org.Saône-et-Loire : arboriculturePromotex, www.planet-<strong>en</strong>ergy.fr.d'une ferme wallonne, les adaptationsfilmmanif bio décroissance politique/débatsformationformationArnaud Bernard, 31000 Toulouse, http://infokiosques.net/kioskarnaudb<strong>en</strong>.Lyon : Réseau Sortir duDave, 520, B5100 Jambes, www.natpro.be.nécessaires… Nature & Progrès, rue deFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sud<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tB i o bio-dynamique, 13 et 14 févrierToulouse : caravane Via Brachy, nucléaire, 6 et 7 février au C<strong>en</strong>tre au domaine agricole de Saint- Macon : Campesinos, histoire2, 18 et 26 février à 19h30 à international de séjour de Lyon Laur<strong>en</strong>t, près de Cluny, formation d'approfondissem<strong>en</strong>tanimée par Pierre Masson Gambetta, 25, rue Gambetta, filmd'une résistance, 24 février, salleénergieénergie musique educationFriture, 22, place du Salin, prés<strong>en</strong>tationnord-sud du projet de caravane solidaire partant générale du Réseau Sortir du nucléaire. (conseiller <strong>en</strong> agriculture bio-dynamique) et de Sarah Pick et Fabi<strong>en</strong> Lacoudre.(boulevard des Etats-Unis), assembléeénergieénergie musique educationfilmmanif formationdécroissance politique/débatsformationde Toulouse le 15 juin pour rejoindre Réseau Sortir du nucléaire, 9, rue Dum<strong>en</strong>ge,<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tFrédéric Cochet (arboriculteur professionnel).Mouvem<strong>en</strong>t de culture bio-dynamique, 5, conduit Evo Morales à la présid<strong>en</strong>ce duComm<strong>en</strong>t les luttes indi<strong>en</strong>nes <strong>en</strong> Bolivie ontOuarzazate, Dakar et Tombouctou. Retour le 69317 Lyon cedex 04, http://ag.sortirdunucleaire.org.place de la Gare, 68000 Colmar, tél. : 03 29 pays. AIAPEC, 44, rue Dufour, 7100030 octobre. Association Via Brachy, 36, rueBernard-Mulot, 31400 Toulouse, www.viabrachy.com.au 8 février, parc des Expositions.pad.fr/aiapec/.Narbonne : 23 e CréHabitat, 6 24 36 41, www.bio-dynamie.org.Macon, tél. : 06 11 03 07 56, http://iprd.type-politique/débatsénergieénergie musique educationParis : pour l'égalité d'accès àformation<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tParis : déf<strong>en</strong>se de semer ! 4 Stands d'<strong>en</strong>treprises sur l'habitat la santé, 13 février à 14h30 à la Toulouse : cantine associative,<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tfévrier à 20h, à l'espace Macaq, sain, les énergies r<strong>en</strong>ouvelables. UN’ANIM, Maison des associations, 8, rue B i o 25 février à 20h au local de Friture,Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudciné-débat : comm<strong>en</strong>t le système parc des Expositions, av<strong>en</strong>ue Hubert-Mouly, R<strong>en</strong>ault, Paris 11e (M°Saint-Ambroise). repas "autrem<strong>en</strong>t" proposé par l'associationPAZ. Friture, 22, place du Salin,Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-suddes brevets autorise le pillage légal des ressourcesnaturelles ? Enquête sur la biopira-www.parcexpos-narbonne.com.droits de l'Homme, C<strong>en</strong>tre Solidarité11100 Narbonne, tél. : 04 68 41 92 44, Réunion publique organisée par la Ligue desnord-sudFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sud31000 Toulouse, tél. : 09 54 62 04 01,formation<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tterie. Espace Macaq, 123, rue de Tocqueville, Paris : mourir à Charonne, Roquette, 47/51 bis, rue de la Roquette,www.friture.net.Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sud75017 Paris, tél. : 01 58 59 film01 73,manifpourquoi bio ? 8 février à 19h30, 75011 Paris, tél. : 06 34 28 60 80.Bas-Rhin : initiation à ladécroissance politique/débatshttp://macaq.org.Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsalle Jean-Dame, 17-25, rue Toulouse : le jardin des construction <strong>en</strong> bottes defilmsanté manif nord-sud biopolitique/débatsdécroissance politique/débatsfilmmanif bio décroissance politique/débatsLille : exposition Bolivie, du 4 Léopold-Bellan, Paris 2e (M° S<strong>en</strong>tier ou Bruyères, 15 février à 20h30 au paille, 26 février à 14h, àau 7 février à la MRES, 23, rue Les Halles) : le 8 février 1952, une manifestationcontre l'OAS, armée secrèteKiosk, projection d'un docum<strong>en</strong>taired'Hervé Dangla suivie d'un débat avecSparsbach, Ecotidi<strong>en</strong>ne, Lydia Christmann,Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudfilmmanif bioGosselet, exposition photos et projectionde docum<strong>en</strong>taires sur la situation du perpétrait des att<strong>en</strong>tats contre les l'auteur. Histoire d'un quartier de Nantesdécroissancequipolitique/débats15, rue Principale, 67370 Sparsbach, tél. : 0388 89 20 83, www.ecotidi<strong>en</strong>ne.fr.nord-sudfilmmanif bioHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixdécroissance politique/débatssantéénergi<strong>en</strong>ord-sudénergie musique educationpays à partir d'un voyage de neuf mois làbas.Soirée formation cinéma bolivi<strong>en</strong> le jeudi 4 à sonnes meur<strong>en</strong>t coincées contre les portes lies <strong>en</strong> 2009. Le kiosk, 3, rue Escoussières février à Eurexpo, salon-r<strong>en</strong>contresAlgéri<strong>en</strong>s, est violemm<strong>en</strong>t réprimée : 9 per-avec 76 petites maisons individuelles démo-Lyon : Primevère, 26 au 28énergieénergie musique educationénergieénergie musique educationformationformationformationfilml'Univers. Concert le samedi 6 après-midi à fermées du métro, toutes membres de la Arnaud Bernard, 31000 Toulouse, http://infokiosques.net/kioskarnaudb<strong>en</strong>.exposants dont 68 nouveaux, Thème de l'an-de l'écologie et des alternatives, 450énergieénergie musique educationFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudla Barraca Zem. EchoWay'Lille, 23, rue CGT et pour 8 du PCF. Personne n'a étéFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsantépolitique/débatsénergieénergie musique educationformationGosselet, 59000 Lille, tél. : 03 20 52 57 46, poursuivi, l'Etat ne s'est jamais excusé. Film Paris : consommation responsableet sobriété heureuse, 16née : le prix de la gratuité. 120 confér<strong>en</strong>cesdébats,expositions (voir programme détaillémanif bio décroissance politique/débatsformationwww.echoway.org.de Daniel Kupferstein, à l'invitation deFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ceMontpellier : les Klimades, 4 et Jacques Boutault, maire du 2 e / paixsanté.nord-sudfévrier à 17h30 au Petit palais,<strong>en</strong> page 23). Zone de troc (v<strong>en</strong>dredi : livres ;<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t5 février, au Corum, r<strong>en</strong>contres Pantin : travail invisible des av<strong>en</strong>ue Winston-Churchill, Paris 8samedi : savoir-faire et habitat sain :<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tfilmmanif bio décroissance politique/débatsénergieeénergie musique educationtechniques, sci<strong>en</strong>tifiques et pédagogiquespour les décideurs locaux, les cher-hommes, acceptation cons<strong>en</strong>-Dum<strong>en</strong>ge, 69317 Lyon cedex 04, tél. : 04 74femmes, <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t infantilisation des (M°Champs-Elysées-Clem<strong>en</strong>ceau) : la prisedimanche film : troc de graines). Primevère, 9, rueformation<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tde consci<strong>en</strong>ce d'un nécessaire rapprochem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tre lieux de production et lieuxénergie musique educationFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanté<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tfemmesspectaclecheurs, le grand public sur les questions suelle ? 8 février à 18h30 à la fondation72 89 90, primevere.salon.free.fr.filmmanif bio décroissance politique/débatsformationd'énergie et de climat. Du 4 au 6, place de Gabriel-Péri (M° Hoche), confér<strong>en</strong>ce-débat d'achats, les circuits courts, le li<strong>en</strong> social, le Bas-Rhin : autoconstruire saénergieénergie musique educationla Comédie, animations grand public. Le 4, avec Virginie Godet. Fondation Gabriel-Péri, refus de la société de consommation, les maison écologique, 27 février àformationvisites de sites… Ag<strong>en</strong>ce Locale de l’Energie, 11, rue Eti<strong>en</strong>ne-Marcel, 93500 Pantin, tél. : monnaies solidaires, le recyclage, peuv<strong>en</strong>tilss'articuler avec notre devoir de solidari-Lydia Christmann, 15, rue Principale, 67370Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanté10h, à Sparsbach, Ecotidi<strong>en</strong>ne,énergieénergie musique educationFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsantépavillon Bagouet, esplanade Charles-de- 01 41 83 88 50, www.gabrielperi.fr.nord-sudfilmnord-sud<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tGaulle, 34000 Montpellier, tél. : 04 67 91 96 Toulouse : construction écologiqued'une toiture, 9 février à auprès de ARENE-Idf, 94 bis, av<strong>en</strong>ue de di<strong>en</strong>ne.fr.té internationale ? Inscription à l'avance Sparsbach, tél. : 03 88 89 20 83, www.ecoti-Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudnord-sudénergieénergie musique education93, www.ale-montpellier.org.Habitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudGr<strong>en</strong>oble : résistance à l'industrialisation,5 février, à 20h à la Méric. Friture, 22, place du Salin, 31000 Lille : construire écolo, l'affai-ministère de l'Immigration etFête foire salon19h15, soirée animée par Xavier Suffr<strong>en</strong>, 75015 Paris, tél. : 01 53 85 61 75. Paris : pour la suppression duformationHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paix<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tsanténord-sudfilmmanif bio décroissance politique/débatsfilmMaison des associations, 5, rue Toulouse, tél. : 09 54 62 04 01, www.friture.net. re de tous ! 16 au 28 février, à de l'id<strong>en</strong>tité nationale, 27filmmanif bio décroissance politique/débatsénergieénergie musiqueBerthe-de-Boissieux, r<strong>en</strong>contre avec Macon : les sem<strong>en</strong>ces l'Espace info énergie de la MRES, février à 15h, place de la Bourse (2 e educationpolitique/débats), manifestation<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tmanif bio décroissance politique/débatsFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsantéFrançois Jarrige, histori<strong>en</strong>, auteur de "Face modernes <strong>en</strong> question, 10 23, rue Gosselet. Exposition du c<strong>en</strong>tre éducationnature du Houtland, sur dix ans de coloniale. Collectif anticolonial, www.antico-nord-suddans le cadre de la semaine anti-Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudau monstre mécanique, histoire des résistancesà l’industrialisation" (lhmo Editions, Gambetta, film de Marc Peyronnard, les démarche vers une vie écologique globalelonial.net.filmmanif bio décroissance politique/débatsfévrier, salle Gambetta, 25, rue<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ténergieénergie musique education2009). Poursuite du débat le 6 février à faux argum<strong>en</strong>ts des OGM et la privatisation m<strong>en</strong>t saine. CENH, chemin de Rubrouck, Bouches-du-Rhône : art etFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudénergieénergie musique educationénergieénergie musique educationénergie musique education14h, aux Bas-Côtés, 59, rue Nicolas- du vivant. AIAPEC, 44, rue Dufour, 71000 59470 Wormhout, tél. : 03 28 65 76 00, nature, 27 et 28 février, 2 journéesformationformationFête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixformationfilmmanif bio santéformation décroissance politique/débatsnord-sudChorier. Plus d’infos : http://lesbascotes.blogspot.comou 04 76 84 51 34.pad.fr/aiapec/.Paris : la bourse ou la vie, 18Macon, tél. : 06 11 03 07 56, http://iprd.type-www.c<strong>en</strong>treeducationnaturewormhout.org.pour découvrir les imaginaires etfilmmanif bio décroissance politique/débatsles arts à partir d'élém<strong>en</strong>ts naturels. Le<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tCorrèze : le féminisme est-il un Puy-de-Dôme : Homo-toxicus, février à 20h30 au café associatifLoubatas, , BP 16, 13860 Peyrolles, tél. : 04énergie filménergie manif bio musique décroissance educationpolitique/débatsmauvais g<strong>en</strong>re ? 5, 6 et 7 février 10 février à 20h30 à La Baie des Le Moulin à café, confér<strong>en</strong>ce-débat42 670 670, www.loubatas.org.formationfilmmanif bio décroissance politique/débatsà Saint-Jal, Naves et Arg<strong>en</strong>tat, projectionde films des années 1970 coorganijectiondu film de Carole Poliquin suivie auteur de La crise de trop. Le Moulin à café, les conflits, 27 et 28 février àsinges, à Cournon-d'Auvergne, pro-avec Frédéric Lordon, chercheur au CNRS, Vaucluse : prév<strong>en</strong>ir et régulerénergie<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tfemmesspectacle énergie musique education<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ténergieénergie musique education<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tsée avec le C<strong>en</strong>tre Simone-de-Beauvoir. d'un débat animé par Attac 63, maison des 9, place de la Gar<strong>en</strong>ne, 75014 Paris Grambois, prés<strong>en</strong>tation et expérim<strong>en</strong>tationd'outils de régulation non-viol<strong>en</strong>-formationénergieFête énergie foire salonHabitat musique educationnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudformationPeuple et culture Corrèze, tél. : 05 55 26 32 associations, 2, boulevard Trudaine, 63000 (M°Pernety ou Alésia). Fête foire salonHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudformation25.Clermont-Ferrand, tél. : 04 73 90 84 46, Lyon : expédition de S!l<strong>en</strong>ce.te des conflits. IFMAN Méditerranée, Le Peyénergieénergie musique educationBas-Rhin : fabriquer ses produitsd'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> ménager, 5 Paris : l'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t deswww.ifman.fr.http://local.attac.org/attac63.Gros, 13490 Jouques, tél. : 04 42 67 66 40,18 et 19 février. Jeudi à partir de<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tformation15h, repas bio et végétari<strong>en</strong> offertfilmmanif bio décroissance politique/débatsfévrier à 14h, à Sparsbach, hommes pour l'égalité des à 20h30. V<strong>en</strong>dredi à partir de 9h30, repasfilmmanif bioEcotidi<strong>en</strong>ne, Lydia Christmann, 15, rue sexes, 11 au 13 février à l'audito-décroissance politique/débatsde midi offert.<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>té n e r gi emanif bio décroissance politique/débatssantédécroissanceHabitatFête foire salonénergie musique educationmusiqueeducationénergief ê t e s ,foi r e s ,s a l o n snon-viol<strong>en</strong>ceHabitat/ paixn o r d / s u d<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tfemmes formationp o li t i q u e,s o c i é t é<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tFête foire salonénergie musique educationsantéénergie musique educations a n t énon-viol<strong>en</strong>ce / paixf e m m e sspectacl<strong>en</strong>ord-sudsantéformationfilm<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tB i ofemmesnord-sude n v i r o n n e m e n tHabitatformationspectacleFête foire salonnon-viol<strong>en</strong>ce / paixb io fo r m a t io np a i x<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ténergie énergie musique educationsantéHabitat<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tnord-sudFête foire salonnon-viol<strong>en</strong>ce / paixd é c r o i s s a n c emanif bio décroissance politique/débatsfilmh a b i t a tfilmHabitatnon-viol<strong>en</strong>ce / paixsanténord-sudmanif bio décroissance politique/débatsdécroissance politique/débatsmanif bioformationmanif bio décroissance politique/débatsnord-sudmanif bio décroissance politiqformationnord-sudmanif bio décroissance politiqforbio décroissance politique/débatsmanifSi vous désirez diffuser S!l<strong>en</strong>ce lors d'un de ces r<strong>en</strong>dez-vous n'hésitez pas à nous contacter : 04 78 39 55 33(Béatrice, le mardi et le jeudi de préfér<strong>en</strong>ce)S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010 3 3santénord-suddécroissance politique/débatsmanif bioformationformformationénergie énergie musique education


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Si nos valeurs vous donn<strong>en</strong>t<strong>en</strong>vie de concrétiser votre projet autravers des activités existantes (agricole,administratif, animation, formation,accueil, v<strong>en</strong>te) ou par le développem<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>ouveaux secteurs, nous sommes disponiblespour vous r<strong>en</strong>contrer et <strong>en</strong> discuter.Le Viel Audon, 07120 Balazuc, tél. : 0475 37 73 80, contact@levielaudon.org,www.levielaudon.org.■ Je suis une artiste de cirque et je chercheà jouer lors de manifestations de type marchésou foires biologiques, r<strong>en</strong>contres écocitoy<strong>en</strong>nes,etc. Pour <strong>en</strong> savoir plus, merci deme contacter : Bertille Tropin, bertille.tropin@free.fr,tél. : 06 79 22 74 96.■ Saint-Brieuc : Stage communication/événem<strong>en</strong>tiel.La Gambille, coopérativede consommateurs, spécialiséedans la distribution de produits biologiqueset d’écoproduits (Biocoop) cherchepour cinq mois, de février à juin 2010, unestagiaire pour coordonner l'organisationde la foire éco-bio de Plérin, <strong>en</strong> juin 2010: promotion, prospection exposants, réalisationsgraphiques, coordination bénévoles,relations presse… Profil souhaité :formation <strong>en</strong> communication, intérêt pourla bio et le développem<strong>en</strong>t durable, autonomie,créativité, rigueur, s<strong>en</strong>sibilité augraphisme. Niveau d’études : Bac+2/+3.Indemnités à définir. CV et lettre de motivationà <strong>en</strong>voyer par mail à FrançoisColin, avant le 30 janvier 2010 :com.gambille@gmail.com.■ Var. Les Jardins solidaires d'Hyères,Aujourd'hui pour Demain, propos<strong>en</strong>t auxparticuliers et aux institutions : espacecollectif de production de légumes bio etlocation de jardins. Inscription :jhad@laposte.net ou 09 60 52 48 91.Emploi■ Jeune institutrice, je cherche du travailau sein d’une ferme pédagogique. Titulaired’un certificat de formation <strong>en</strong> agriculturebiologique et <strong>en</strong> traction animale (FermeSainte-Marthe), j’ai travaillé deux annéesau sein d’une ferme pédagogique <strong>en</strong> tantque responsable d’animation et quatre ans<strong>en</strong> tant qu’<strong>en</strong>seignante. Créative et organisée,j’ai l’expéri<strong>en</strong>ce de gérer et animer ungroupe d’<strong>en</strong>fants et de réaliser des activités.Si mon profil reti<strong>en</strong>t votre att<strong>en</strong>tion,je vous propose d’<strong>en</strong>voyer un mail à l’adressesuivante : vds-catherine@hotmail.com(préfér<strong>en</strong>ce pour la Bretagne).■ Appr<strong>en</strong>ti charp<strong>en</strong>tier, 23 ans, formationstoppée cause lic. éco. cherche expéri<strong>en</strong>cetravail du bois et éco-construction avantreprise de formation <strong>en</strong> septembre. Toutespropositions bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ues <strong>en</strong> France commeà l'étranger. Tél. : 06 70 90 72 88.Logem<strong>en</strong>t demande■ Mireille, végétari<strong>en</strong>ne, écolo, pacifique,cherche chambre meublée, studio ou autre(mobil-home), région 84-83-26-07-04-13.Je reste ouverte à toute proposition et aussiaux lieux de vie communautaires. 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Merci de fairedes propositions au 04 90 27 11 42.A v<strong>en</strong>dre■ V<strong>en</strong>ds métier à tisser basse lice, 1m20.Faire offre, tél. soir : 03 84 78 01 19.Pour commander un anci<strong>en</strong> numéroCochez le(s) numéro(s) désiré(s).Faites le total (4,60 € l'exemplaire).Ajouter les frais de port (2 € pour un ex.,3 € pour 2 ex., 4 € pour 3 ex. et plus).Indiquez le total de votre règlem<strong>en</strong>t :Seuls ces numéros sont disponibles.Ils sont à commander àSil<strong>en</strong>ce, 9 rue Dum<strong>en</strong>ge, 69317 Lyon Cedex 09.Numéros régionaux■ 325 Nord-Pas-de-Calais■ 331 Ariège et Hautes-Pyrénées■ 337 Paris■ 348 C<strong>en</strong>tre■ 353 Haute-Garonne et Gers■ 359 Seine Saint-D<strong>en</strong>is■ 364 Savoies■ 370 Nièvre et Saône-et-Loire■ 375 Gard et LozèreVOS COORDONNÉESMERCI D’ÉCRIREEN MAJUSCULESNom :Prénom :■ 351 ■ 352 ■ 354 ■ 355 ■ 356 ■ 357Adresse :■ 360 ■ 361 ■ 362 ■ 363 ■ 365 ■ 366Code Postal :3 4Ville :Ne faites qu'un seul chèque si vous vous abonnezégalem<strong>en</strong>t… voir <strong>en</strong> page 47. Chèque à l'ordre de Sil<strong>en</strong>ce.■ 368 ■ 369 ■ 371 ■ 372 ■ 373 ■ 374Le détail des sommaires est consultable sur : www.revuesil<strong>en</strong>ce.net


Douche froide à Cop<strong>en</strong>hagueMobilisation àpoursuivre…Après l'échec — prévisible — du sommet de Cop<strong>en</strong>hague,S!l<strong>en</strong>ce a interrogé Cyrielle d<strong>en</strong> Hartigh, chargée decampagne “changem<strong>en</strong>ts climatiques” chez les Amisde la Terre.■ Les Amis de la Terre, 2B, rueJules-Ferry, 93100 Montreuil,tél. : 01 48 51 18 95■ Tout savoir sur les mobilisations :www.dubruitpourleclimat.org.S!l<strong>en</strong>ce : En quoi l'échec de la 15 e confér<strong>en</strong>cesur le climat à Cop<strong>en</strong>hague est-il grave ?Cyrielle d<strong>en</strong> Hartigh : Dans la nuit du dernierjour de la confér<strong>en</strong>ce internationale de Cop<strong>en</strong>haguesur le climat, le 18 décembre 2009, aucunaccord n'a été signé par l'<strong>en</strong>semble des 192 pays dela Conv<strong>en</strong>tion cadre des Nations Unies pour lechangem<strong>en</strong>t climatique. En fin de journée, alorsque les négociations semblai<strong>en</strong>t être embourbées,MM. Obama et Sarkozy ont assuré que « lemonde » s'était <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du sur un accord àCop<strong>en</strong>hague. En réalité, l'accord <strong>en</strong> question, trèsmaigre et sans aucun <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t chiffré, avait étérédigé par une poignée de pays qui ont cru pouvoirl'imposer au reste du monde avant même quecet accord n'ait été validé <strong>en</strong> plénière. Cet accordn'avait <strong>en</strong> réalité pas le souti<strong>en</strong> du reste de la communautéinternationale. À 3h30 du matin, <strong>en</strong>fin deretour <strong>en</strong> plénière des Nations unies, plusieurspays <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t ont clamé haut et fort leurrefus d'un tel accord et ont dénoncé « un processustotalitaire et un manque de respect de la part despays industrialisés ».Outre le fait qu'aucun accord n'ait été signépour combattre les changem<strong>en</strong>ts climatiques à uneéchelle internationale, ces irrégularités dans la gouvernancemondiale ébranl<strong>en</strong>t le processus mêmedes négociations et le multilatéralisme jusqu'alorsplus ou moins <strong>en</strong> place. Et <strong>en</strong>core une fois, malheureusem<strong>en</strong>t,les chefs d'État nous font croirequ'un pas important a été fait. Que n<strong>en</strong>ni ! Nous<strong>en</strong> sommes toujours au même point, et ne devonspas faiblir !Par ailleurs, p<strong>en</strong>dant la deuxième semaine desnégociations à Cop<strong>en</strong>hague, les délégués des Amisde la Terre et de Via Campesina se sont vu refuserl'<strong>en</strong>trée du lieu des négociations... au nom dequoi ? Soit disant d'un problème d'organisation etd'un manque de places. Mais nous savons que cesdeux organisations sont celles parmi les ONGaccréditées qui ont les positions les plus radicales :refus du marché international du carbone, refusdes mécanismes de comp<strong>en</strong>sation et de toutes lesfausses solutions (nucléaire, capture et stockage ducarbone, agrocarburant, etc.). Ce manquem<strong>en</strong>t auxrègles de transpar<strong>en</strong>ce et de démocratie est grave.Mais surtout, on constate que la remise <strong>en</strong> questiondu système économique actuel est <strong>en</strong>core loinde faire l'unanimité. C'est pourtant de cela dontnous avons besoin si nous voulons avoir unechance de combattre les dérèglem<strong>en</strong>ts climatiqueset voire appliquer la justice climatique ! Ce ne serapas <strong>en</strong> mettant <strong>en</strong> place un marché internationaldu carbone que seront réduites les émissions degaz à effet de serre. Nous l'avons déjà constaté surla marché du carbone europé<strong>en</strong>. Mais surtout, lamise <strong>en</strong> place d'un tel marché risque de faire apparaîtrede nouvelles dérives financières telles qu<strong>en</strong>ous v<strong>en</strong>ons de les traverser.Que compt<strong>en</strong>t faire les Amis de la Terremaint<strong>en</strong>ant sur la question du climat ?Nous continuons à agir au sein de la coalitionJustice climatique. (dont on peut suivre les débatsur www.justice-climatique.org)Par ailleurs, nous continuerons à être très actifssur les mobilisations populaires. La voix du plusgrand nombre est <strong>en</strong>core nécessaire pour faire pressionsur les décideurs de ce monde, leur dire qu'ilsfont fausse route, et qu'ils sont seuls dans cettevoie ! La mobilisation ne doit pas s'arrêter <strong>en</strong> sibon chemin, et, pour cela, nous avons besoin detout le monde !Que peut faire le citoy<strong>en</strong> pour agir <strong>en</strong> faveurdu climat ?S'<strong>en</strong>gager dans les associations qui travaill<strong>en</strong>tsur le sujet du climat (<strong>en</strong> adhér<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> s'<strong>en</strong>gageantbénévolem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> faisant un don, etc.) ! L'équilibredu climat planétaire et les populations les plus touchéespar les changem<strong>en</strong>ts climatiques ont plusbesoin de pressions populaires auprès des États etdes <strong>en</strong>treprises que dans les petits gestes de tousles jours. Par exemple : part<strong>ici</strong>per à une manifestationde rue, une action symbolique ou une pétition.Il est bi<strong>en</strong> sûr égalem<strong>en</strong>t important d'acquérir desgestes quotidi<strong>en</strong>s d'économie d'énergie et de réductiondes consommations <strong>en</strong> général. Vous pouvezpar exemple trouver des pistes d'actions sur le logem<strong>en</strong>t(www.r<strong>en</strong>ovation-ecologique.org) ou sur lesdéchets (www.produitspourlavie.org)Entreti<strong>en</strong> réalisé par Michel Bernard ■D.R.3 6 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010


Roue libreCes deux derniers étés, lorsquel’Altertour <strong>en</strong>chaînait lesalternatives, l’att<strong>en</strong>tion descyclistes était surtout ori<strong>en</strong>téevers l’action. Il s’agissait defaire connaître des initiativeslocales, tout <strong>en</strong> expérim<strong>en</strong>tant une vie collective <strong>en</strong> décalage avecnos habitudes. Sur cet autre tour, on pratique <strong>en</strong> effet laconvivialité et la solidarité, sans distinction d’âge ou de positionsociale. On y découvre d’autres mode de vie, tels que la simpl<strong>ici</strong>tévolontaire ; on évolue sans "carapace à moteur" dans des paysagesvivants, <strong>en</strong> ne regardant plus seulem<strong>en</strong>t le monde à travers unpare-brise ou la lucarne d’un écran ; on y dialogue beaucoup. Pluslibre <strong>en</strong>tre deux Altertours, la réflexion quitte la route, à l’heuredes bilans et de la préparation d’une prochaine édition.DE L’AVIS UNANIME DES CYCLISTES QUIONT EU LE BONHEUR DE PARTICIPER AUX DEUXmanifestations, la cuvée 2009 de l’Altertour n’ari<strong>en</strong> à <strong>en</strong>vier à celle de 2008. Ces deux derniersétés, ils ont découvert d’autres chemins que celuidicté par une société imprégnée de compétition,motivée par le profit, la r<strong>en</strong>tabilité, la croissanceéconomique, et ayant recours à tous les dopages.Limitée la première année au dopage agricole, laréflexion m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong>tre deux Altertours a permis dedénoncer d’autres secteurs d’activité touchés par cephénomène, tels que l’économie 1 , la productiond’énergie, les transports, les télécommunications.La presse régionale écrite et télévisée a propagé cemessage, <strong>en</strong> allant parfois plus loin 2 : un reportagea notamm<strong>en</strong>t été suscité cet été par un communiquéde presse des cyclistes sur les contrôles antidopageélectromagnétique 3 .Dans la micro-société sans dopage des ‘altercyclistes’,l’abs<strong>en</strong>ce de hiérarchie appelle un procédéde régulation efficace : le Cercle de parole 4 . La viecollective implique des tâches considérées commeaussi valorisantes les unes que les autres, aveccep<strong>en</strong>dant des retours d’effort plus ou moinsimmédiats, à court-terme : cuisine, gestion dumatériel, interv<strong>en</strong>tions <strong>en</strong> public, nettoyage ; àmoy<strong>en</strong>-terme : coordination avec les accueillants,Guillaume de CropEntre deuxAltertours,c’est <strong>en</strong>corede l’Altertourcontact avec les médias, finalisation et fléchageév<strong>en</strong>tuel du circuit ; à long-terme : rédaction decommuniqués et d’articles, tournage de séqu<strong>en</strong>cesfilmées. Entre deux Altertours, cette expéri<strong>en</strong>cepeut être transmise, comme par G<strong>en</strong>eviève deSaint-Hilaire (45) à un groupe d’adolesc<strong>en</strong>ts,"<strong>en</strong>core émerveillée d’avoir pu transmettre à ces jeunesun peu de ce que l’Altertour lui a apporté, dont : êtreheureux dans la simpl<strong>ici</strong>té volontaire et le partage auquotidi<strong>en</strong>".T<strong>en</strong>dancesL’année « altertouresque » se divise actuellem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> trois périodes : neuf mois de gestation duprojet, un mois de réalisation, deux mois de finitions.Entre deux Altertours, l’av<strong>en</strong>ture collectivecontinue… Beaucoup d’altercyclistes devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>trécidivistes. Certains n’imagin<strong>en</strong>t pas rev<strong>en</strong>ir sur letour sans avoir contribué à sa préparation. C’estainsi que ceux-là se retrouv<strong>en</strong>t chaque moisquelque part <strong>en</strong> France, et organis<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>tdes réunions hebdomadaires sur Internet, pouraffiner progressivem<strong>en</strong>t le circuit qu’ils exploreront,ainsi que le cadre logistique dans lequel ilsévolueront l’été suivant. Ils conçoiv<strong>en</strong>t à la fois lecont<strong>en</strong>u d’un événem<strong>en</strong>t d’un mois et demi, et lamanière de l’organiser. Car les options sont mul-1. S!l<strong>en</strong>ce n°368.2. Revue de presse 2009 (55 pages) :http://altercampagne.free.fr/pages/2008/AlterTour/doc/Revue2Presse_AT2009.pdf3. Voir la carte des résultats descontrôles anti-dopage électromagnétiquepar micro-ondes, réalisésp<strong>en</strong>dant l’Altertour par Philippede Chambéry et cartographiés<strong>en</strong>tre deux Altertours parNolw<strong>en</strong>n de Vannes. Une <strong>en</strong>quêtedu Monde a confirmé la prés<strong>en</strong>ced’ant<strong>en</strong>nes-relais dans des clochersd’église, avancée par les médecinsde l’Altertour 2009.4. Chacun pr<strong>en</strong>d la parole à tour derôle, sans être interrompu. LeCercle de parole ne donne passeulem<strong>en</strong>t à chaque individu lapossibilité d’exprimer sa perceptiond’une situation et de part<strong>ici</strong>perà la conduite du groupe, ill’<strong>en</strong>traîne aussi à contrôler sonimpulsivité.S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20103 7


Roue libreGuillaume de Cropá Figure 2 : Projet de circuit 2010. L’Altertour partira de l’Ile-Saint-D<strong>en</strong>is (93), avec un Prologue àtravers Paris le 3 juillet après-midi avec des Vélorutionnaires de plusieurs nationalités. Après une spiraled’étapes <strong>en</strong> Ile-de-France, le circuit passera par la Sologne, Tours, Angers, R<strong>en</strong>nes, Saint-Malo avant dese r<strong>en</strong>dre à Jersey pour un r<strong>en</strong>dez-vous militant prévu le week-<strong>en</strong>d des 17-18 juillet. Suivra une semaine<strong>en</strong> Bretagne, avant de traverser les régions Pays de Loire, Poitou-Char<strong>en</strong>tes et Limousin, pour arriver les7-8 août sur le plateau de Millevaches et y installer un campem<strong>en</strong>t d’une semaine d’où rayonner al<strong>en</strong>tour.Tout le long de ce circuit, les contrôles anti-dopage concerneront la progression artif<strong>ici</strong>elle du couple« béton-bitume » au détrim<strong>en</strong>t des surfaces cultivables et des espaces naturels.5. A Domfront, voir Adèle et TanguyLaur<strong>en</strong>t à La Touche, 61700Domfront. (http://www.yourtesouslespoiriers.com).AStrasbourg, pr<strong>en</strong>dre contact avecles CEMEA d'Alsace, C<strong>en</strong>tres d’<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>taux méthodes d’éducationactive, 22, rue de la Broque,www.cemea-alsace.fr.tiples <strong>en</strong> la matière, et l’abs<strong>en</strong>ce de hiérarchie dansle groupe de coordinateurs ne signifie pas l’abs<strong>en</strong>ced’organisation. Des outils de partage d’informationsstructurées sont mis <strong>en</strong> place, permettant àchacun de contribuer au projet <strong>en</strong> fonction de sesdisponibilités, et aussi parfois d’améliorer ses compét<strong>en</strong>ces<strong>en</strong> fonction des besoins. Du côté deshôtes, le niveau de satisfaction semble <strong>en</strong> définitiveêtre proportionnel à l’investissem<strong>en</strong>t dans la préparationd’une manifestation locale à l’occasion dupassage des cyclistes. La réussite du projet peutmême conduire <strong>en</strong>suite, comme à Domfront ouStrasbourg, à la création d’associations destinées àpromouvoir les alternatives locales, y comprisl’agriculture paysanne (AMAP) 5 . La t<strong>en</strong>danceactuelle est donc de démarrer de bonne heure lapréparation du tour, <strong>en</strong> y incluant de l’éducationpopulaire « <strong>en</strong> interne » pour une meilleureconnaissance et un partage possible des tâches.Il y a de l’admiration <strong>en</strong>tre les cyclistes et leurshôtes, d’où une émulation certaine. Les« accueillants » sont impressionnés par la performancesportive et la curiosité des cyclistes sur lesdomaines abordés lors des soirées-débats. L’<strong>en</strong>viede rouler sur le tour l’année suivante a même parfoisété exprimée, "à condition de trouver une personnepour remplacer" au fournil ou aux champs.Réciproquem<strong>en</strong>t, les cyclistes les plus <strong>en</strong>thousiasteschang<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre deux Altertours de couleurde maillot : le vert devi<strong>en</strong>t le rouge des organisateurslocaux. Comme précédemm<strong>en</strong>t indiqué, certainspart<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t même l’année suivante àl’organisation nationale, tel Mathieu de Besançondev<strong>en</strong>u coordinateur de l’édition 2009. Cette t<strong>en</strong>dances’acc<strong>en</strong>tue pour la prochaine édition : descitoy<strong>en</strong>s de Jersey, v<strong>en</strong>us à la r<strong>en</strong>contre descyclistes <strong>en</strong> 2009, les invit<strong>en</strong>t à une grande manifestationpublique qui réunira le 17 juillet 2010des membres de leur gouvernem<strong>en</strong>t et des responsablesd’associations locales. Du côté des cyclistes,comme l’exprime Jean-Pierre, l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>direction des alternatives peut aller jusqu’à "vivrebeaucoup plus <strong>en</strong> cohér<strong>en</strong>ce avec ses idées, à longueurd’année. Autrem<strong>en</strong>t dit, dev<strong>en</strong>ir à son tour révolutionnaire(au s<strong>en</strong>s: porteurs d’un projet alternatif)" pourne pas se limiter au rôle de témoin admiratif p<strong>en</strong>dantun mois sur l’Altertour. L’idée d’organiser unAltertour continuel a même été suggérée. Lescyclistes consacrerai<strong>en</strong>t alors une partie de leurtemps libre sur le tour à préparer le circuit parcourupar d’autres, quelques mois plus tard : unschéma qui ajouterait une autre dim<strong>en</strong>sion à la solidarité.Entre deux Altertours, ce serait alors toujoursvraim<strong>en</strong>t de l’Altertour.Josiane Coelho et Dominique Béroule ■3 8 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010


NucléaireQuand unebloque lesEn Allemagne, Cécile Lecomte,surnommée l'Ecureuille, utiliseses tal<strong>en</strong>ts d'escaladeuse pourbloquer les trains de déchetsradioactifs. Nous l'avonsr<strong>en</strong>contrée.S!l<strong>en</strong>ce : Comm<strong>en</strong>t t'est v<strong>en</strong>ue la volonté dem<strong>en</strong>er des actions contre les trains dedéchets nucléaires ?Cécile Lecomte : Lorsque je faisais une annéed'étude <strong>en</strong> Allemagne, le sujet est v<strong>en</strong>u à moi parla presse. J'étais impressionnée par ces images oùl'on voyait des c<strong>en</strong>taines de personnes assises surles rails et la route par des températures négativespour mettre des bâtons dans les roues au nucléaire.J'ai comm<strong>en</strong>cé à m'informer sur le sujet et prisconsci<strong>en</strong>ce que les transports de déchets nucléairessont un maillon faible de la chaîne sur lequel il estpossible d'interv<strong>en</strong>ir par l'action directe pour informerl'opinion et réellem<strong>en</strong>t causer des problèmesau lobby. En Allemagne, un train de déchetsultimes n'atteindrait pas son but, si l'État ne mettaitpas plus de 20 000 pol<strong>ici</strong>ers à disposition pourlui frayer un passage.Comm<strong>en</strong>t s'organis<strong>en</strong>t ces blocages ?Il y a différ<strong>en</strong>ts types d'actions, les plus courantes<strong>ici</strong> sont des blocages de masse assis. Certainss'<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t aux rails. Cela demande déjà plus depréparation. Moi, ma spécialité, c'est les actions <strong>en</strong>hauteur au-dessus des parties non électrifiées de lavoie ferrée ou de la route : je t<strong>en</strong>ds une corde <strong>en</strong>tredeux arbres et me susp<strong>en</strong>ds au milieu. Ou bi<strong>en</strong> jedesc<strong>en</strong>ds <strong>en</strong> rappel depuis un pont. Ces actionsont l'avantage d'être efficaces et je peux même lesfaire seule. C'est possible car je suis bi<strong>en</strong> intégréedans le mouvem<strong>en</strong>t antinucléaire et sais que spontaném<strong>en</strong>t,des militant-e-s locaux vont v<strong>en</strong>ir mesout<strong>en</strong>ir, un autre <strong>en</strong>voyer un communiqué depresse et <strong>en</strong>core d'autres v<strong>en</strong>ir me chercher auposte de police. Avec moi, j'ai toujours au moinsun photographe de presse. La préparation <strong>en</strong> ellemêmereste un secret <strong>en</strong>tre grimpeurs.Combi<strong>en</strong> de trains as-tu bloqués ?Six trains nucléaires ont jusqu'à prés<strong>en</strong>t dûfaire plus ou moins longtemps halte devant moi.Une fois cela a duré six heures et demie ! Je protestaiscontre l'ext<strong>en</strong>sion de l'usine d'<strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>tet l'exportation d'uranium appauvri vers la Russie.Depuis, sous la pression publique générée par cesactions à répétition, la firme Ur<strong>en</strong>co a r<strong>en</strong>oncé àces transports.écureuilletrainsQuelles sont les suites jud<strong>ici</strong>aires et pol<strong>ici</strong>ères ?Elles sont multiples. La police a peur del'Ecureuille, alors dans chaque train nucléaire, il ya une équipe spéciale de pol<strong>ici</strong>ers grimpeurs – aucas où. De plus, il m'arrive d'être arrêtée prév<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>tplusieurs jours avant le passage d'un train.On ne me reproche ri<strong>en</strong>, il s'agit de prév<strong>en</strong>ir le danger...que je représ<strong>en</strong>te pour le train. La loi allemandesur les pouvoirs de la police le permet.Pourtant, d'un point de vu pénal, la situation estassez complexe. Le législateur n'a pas prévu lesmanifestations aéri<strong>en</strong>nes ! Récemm<strong>en</strong>t, j'ai étérelaxée par un tribunal. Au-dessus de 4,80 mètres,il n'y a pas de loi. Ce n'est plus la voie ferrée, alorson ne peut pas me mettre d'am<strong>en</strong>de pour l'avoiroccupée. Le juge a dit que le train aurait pu passer<strong>en</strong> dessous, c'est la police qui l'a arrêté et non moi.Bi<strong>en</strong> sûr, le procureur a fait appel.Quelles différ<strong>en</strong>ces vois-tu <strong>en</strong>tre les mouvem<strong>en</strong>tsantinucléaires allemand et français ?Pour l'ess<strong>en</strong>tiel : la plus grosse différ<strong>en</strong>ce est lastructure. Le mouvem<strong>en</strong>t allemand est très déc<strong>en</strong>tralisé,il n'y a pas de porte-parole ni d'organisationcomme Sortir du Nucléaire qui fédère tout. Cela correspondun peu à la structure des États respectifs.Les groupes allemands se form<strong>en</strong>t selon les affinitéspolitiques (libertaires, verts, etc.), les modesd'action préférés et les spécif<strong>ici</strong>tés locales (groupesproches de sites nucléaires par exemple). L'actiondirecte et l'action de désobéissance civile sont <strong>ici</strong>très développées et les différ<strong>en</strong>tes formes d'actioncohabit<strong>en</strong>t. Il y a certes des t<strong>en</strong>sions, mais pas descission. On part du principe que la résistance pluriellefait la force du mouvem<strong>en</strong>t. Lorsqu'un sabotagea lieu, les groupes qui préfèr<strong>en</strong>t un autremode d'action se distanci<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t, ils se montr<strong>en</strong>tplutôt solidaires et expliqu<strong>en</strong>t qu'ils compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>ttrès bi<strong>en</strong> le pourquoi de ces actions et que leresponsable c'est bi<strong>en</strong> le nucléaire imposé à unepopulation qui n'<strong>en</strong> veut pas.Entreti<strong>en</strong> réalisé par Michel Bernard ■á Blocage du 4 juin 2008 (p<strong>en</strong>dantune heure et demie)à Blocage du 16 janvier 2008(6 heures et demie)aaa-Westaaa-WestS!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20103 9


Portraits s<strong>en</strong>siblesBrésil : le mouvem<strong>en</strong>t dessans-terre fête ses 25 ansEn 1984, au Brésil, naissait le Mouvem<strong>en</strong>t des travailleursruraux sans terre (MST). Membre de Via Campesina, il a depuisét<strong>en</strong>du sa popularité à travers le monde mais reste fortem<strong>en</strong>tcriminalisé au Brésil. Alors que l'on vi<strong>en</strong>t de fêter les 25 ans dece mouvem<strong>en</strong>t, Sil<strong>en</strong>ce vous propose de partir à la découvertede ses réalités de terrain à travers quelques portraits s<strong>en</strong>siblesextraits d'un reportage de Bertille Darragon.D.R.■ Retrouvez d'autres portraitsde militants r<strong>en</strong>contrés au Brésilà l'adresse suivante : http://dionisosetcetera.blogspot.com■ En France on peut se r<strong>en</strong>seignersur le MST <strong>en</strong> allant sur lesite http://amisdessansterre.blogspot.comou par Frères desHommes : www.fdh.org, 9 rue deSavoie, 75006 Paris, 01 55 4262 62.4 0 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010DionisosConstruire, planter. Le rêve de sa vie, c'étaitd'avoir un bout de terre. Maint<strong>en</strong>ant que le campem<strong>en</strong>tva être régularisé <strong>en</strong> ass<strong>en</strong>tam<strong>en</strong>to, Dionisosconquiert petit à petit la terre aride et l'autosubsistance.Le long du chemin, il a planté des arbustes,les uns pour donner des fruits, les autres simplem<strong>en</strong>tparce qu'il les aime.Pas question d'utiliser des pest<strong>ici</strong>des - qu'onappelle fort justem<strong>en</strong>t ''v<strong>en</strong>in'' <strong>en</strong> brésili<strong>en</strong> - ou des<strong>en</strong>grais. Pour protéger ses cultures Dionisos a unproduit miracle, un purin de son inv<strong>en</strong>tion qui faitle régal de son esprit curieux et le malheur de sesvoisins : ça pue terriblem<strong>en</strong>t !Malgré les critiques, Dionisos n'a pas abandonné,il essaie d'autres compositions et tâche deconvaincre ses détracteurs de ce dont il a l'intuition: il ne faut pas se servir de produit chimiqueindustriel, point barre. Ses expérim<strong>en</strong>tations nes'arrêt<strong>en</strong>t pas aux plantes : il est m<strong>en</strong>uisier, charp<strong>en</strong>tier,il bricole des outils et des vélos, aménageson atelier, inv<strong>en</strong>te des machines.C'est les yeux brillants qu'il nous raconte l'épopéede l'occupation des terres. La première fois, ilssont <strong>en</strong>trés à plusieurs c<strong>en</strong>taines. L'occupation n'aduré que quelques heures et ils ont dû reculer faceaux forces de l'ordre. Quand ils sont rev<strong>en</strong>us, ilsétai<strong>en</strong>t 2000. Des familles <strong>en</strong>tières, femmes<strong>en</strong>ceintes, <strong>en</strong>fants, grands pères. La police n'a ri<strong>en</strong>pu faire. Dionisos raconte comm<strong>en</strong>t ils ont déplacéune voiture avec les pol<strong>ici</strong>ers terrorisés à l'intérieur,ce qu'ils ont fait des armes dressées face à eux.« Plus il y avait de flics, plus c'était drôle. » Il répèteplusieurs fois d'un air gourmand : « Foi bom demais » - c'était trop bon. A l'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, on croirait àune plaisanterie d'étudiant ; on <strong>en</strong> oublierait queces hommes se prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t la poitrine nue devantles flingues, devant la justice corrompue, lesmilices des propriétaires, des c<strong>en</strong>taines d'années despoliation par les puissants. Le peuple insurgé, quireconquiert sa dignité, la faux à la main. Cetteoccupation-là s'est bi<strong>en</strong> passée : pas de morts, pasd'arrestations. L'un des leaders, que nous avonsr<strong>en</strong>contré, nous explique qu'il se s<strong>en</strong>t protégé à l'intérieurdu campem<strong>en</strong>t, « ils » ne vi<strong>en</strong>dront pas lechercher <strong>ici</strong>. J'ai du mal à le croire, j'ai peur poureux, pour leur vie, pour leurs rêves.« Je fais confiance au MST. Jusqu'<strong>ici</strong>, les promessesont été t<strong>en</strong>ues, je n'ai pas été trompé. Mais siun jour je vois qu'on me m<strong>en</strong>t... » Nous imaginons


Portraits s<strong>en</strong>siblesla colère de Dionisos, à qui il a dû <strong>en</strong> coûter pourtout miser au sein du collectif, pour ne pas s'<strong>en</strong>remettre qu'à lui même et à sa force de travail. Je lerevois, sa stature puissante et ramassée se découpantsur le ciel, son visage rond qui raconte ses originesindigènes, la capuche de son sweat orange toutpropre rabattue sur la tête, qui lui donne un air anachroniqued'adolesc<strong>en</strong>t de banlieue. « Jamais je nequitterai cette terre ». Nous regardons les étoiles s'allumerdoucem<strong>en</strong>t à l'horizon.AgostinhoLe travail de ferme n'est qu'une partie de tousles chantiers m<strong>en</strong>és de front par Agostinho et safemme. Dans la modeste baraque au sol <strong>en</strong> terrebattue et au toit de tôle, c'est Agostinho lui-mêmequi a fait l'installation électrique et « à chaque foisqu'il allume la lumière, il s'émerveille de ne pass'être électrocuté » blague-t-il. Dans l'att<strong>en</strong>te d'unhypothétique branchem<strong>en</strong>t au réseau, Agostinhos'est raccordé <strong>en</strong> pirate et savoir que l'Etat paie safacture le réjouit.L'organisation de l'ass<strong>en</strong>tam<strong>en</strong>to pr<strong>en</strong>d égalem<strong>en</strong>tdu temps. La cuisine collective est <strong>en</strong>core trèsrudim<strong>en</strong>taire ; il faut creuser une fosse pour les toilettes.Un orage a détruit le toit de la salle informatiquequi faisait l'orgueil des habitants deGabriela I (l'ass<strong>en</strong>tam<strong>en</strong>to a pris le nom d'unefillette morte accid<strong>en</strong>tellem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant l'occupationinitiale). Le samedi, des mutirão (travail collectif)permett<strong>en</strong>t de cultiver le potager commun et lejardin d'herbes méd<strong>ici</strong>nales. Quand nous étionsv<strong>en</strong>us la première fois, Claudionor et Marcos nousavai<strong>en</strong>t montré les plantes une à une, avec fierté,nous offrant des feuilles inconnues à mastiquer. Etpuis, il y a la vie de l'ass<strong>en</strong>tam<strong>en</strong>to : de longues discussionspour pr<strong>en</strong>dre les décisions qui concern<strong>en</strong>tla communauté, pour régler les problèmes etles conflits.Pourtant, <strong>en</strong> plus de tout cela, Agostinho et safemme sont pleinem<strong>en</strong>t impliqués au MST. Ils vontrégulièrem<strong>en</strong>t suivre des sessions de formationorganisées par l'université des Sans Terre dansl'Etat de Sao Paulo ou ailleurs : sur des techniquesagricoles ou de construction, sur le marxisme, leféminisme... La formation de la base est au coeurdes ambitions du MST, et de ses réussites – nousverrons des paysans apparemm<strong>en</strong>t frustres s'échangerdes volumes du Capital...Le couple fait égalem<strong>en</strong>t partie de la ''brigade''artistique. Les militants peuv<strong>en</strong>t s'impliquer dansl'un ou l'autre de ces groupes thématiques, transversauxaux ass<strong>en</strong>tam<strong>en</strong>tos. La brigade artistiquevise à donner accès aux paysans à la culture et à lapratique de l'art, ainsi qu'à les utiliser à des finspolitiques. Agostinho s'est fait le spécialiste de''l'agit – prop'' (pour agitation propagande) : il écritdes opuscules, fait des interv<strong>en</strong>tions dans d'autresass<strong>en</strong>tam<strong>en</strong>tos et impulse des actions de rue.Théâtre de l'opprimé, musique, il fait feu de toutbois pour permettre aux activistes de communiquerdirectem<strong>en</strong>t sur leur mouvem<strong>en</strong>t et leuraction <strong>en</strong> passant outre les grands médias. Le MSTpâtit <strong>en</strong> effet d'une criminalisation médiatique quile coupe d'une partie de l'opinion publique. ABrasilia, où sièg<strong>en</strong>t toutes les institutions de l'Etatfédéral, de telles actions de rue ne dur<strong>en</strong>t pas longtemps: « En quelques minutes, nous sommes cernéspar la police. C'est très drôle ! » Agostinho, tonhumour te sauvera...Après deux heures de travail, le champ ameilleure allure. « Allez, ça suffit. Tu vois, quandon est tous là, on fait comme ça : on travaille<strong>en</strong>semble le matin, on mange, on travaille <strong>en</strong>coreun peu l'après-midi, <strong>en</strong>suite c'est la douche et chacunétudie jusqu'au soir. »Sur le seuil de la maison commune, dans deshabits blancs tout propres, il donne un cours deguitare à son fils, lui appr<strong>en</strong>ant patiemm<strong>en</strong>t lesaccords dans les derniers rayons obliques du soleil.Je pars. Bonne lutte camarade, qu'elle n'abîmejamais ton rire clair.Bertille Darragon ■D.R.Le Mouvem<strong>en</strong>t destravailleurs rurauxsans terre (MST)Le MST se donne pour but l’organisationet l’éducation (alphabétisation,formation politique etmilitante des jeunes et desadultes) des sans-terre, à traversdiffér<strong>en</strong>tes actions politiques :campem<strong>en</strong>ts, occupations delatifundio, d’organismes publics,de multinationales, fauchage dechamps d’OGM, marches… Ilrepose sur des principes telsque : l'indép<strong>en</strong>dance politique, laparité hommes/femmes, ladémocratie part<strong>ici</strong>pative, lacoopération, la lutte pour laréforme agraire et les modes deproduction écologiques etsociaux. Il regroupe aujourd'huiun million et demi de personneset, à travers les actions d'occupationillégale de terres (acampam<strong>en</strong>tos),plusieurs c<strong>en</strong>tainesde milliers de paysans ont déjàpu accéder à la terre (vivantdans des as<strong>en</strong>tam<strong>en</strong>tos, terresgérées collectivem<strong>en</strong>t). On estimeque la surface conquise parses luttes est équival<strong>en</strong>te à 7millions d’hectares, deux fois lasuperf<strong>ici</strong>e du Danemark !S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20104 1


MusiqueImbert Imbert,débat deboutDébat de boue - 2007Bouh ! - Sortie <strong>en</strong> Février 2010Pour <strong>en</strong> savoir pluswww.myspace.com/imbertimbert4 2 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010Imbert Imbert est un mus<strong>ici</strong><strong>en</strong>un peu à part dans le mondemusical français : chant etcontrebasse sont ses deuxcompagnons de route. Couvert de récomp<strong>en</strong>ses, ayant part<strong>ici</strong>péà plusieurs formations (dont Jim Murple Memorial), portantcrête et paillettes, il a, <strong>en</strong> 2007, sorti son premier album Débatde boue. Vous aurez certainem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du d’une oreilledistraite le morceau éponyme. Entre noirceur, optimisme ettextes à fleur de peau, son premier album nous ballade dansdes univers intimes, crus et touchants qui peuv<strong>en</strong>t choquer.Mais qui interpell<strong>en</strong>t sans fioriture.AUJOURD’HUI, ALORS QU’IL PRÉPARE SONDEUXIÈME ALBUM, IMBERT IMBERT RÉPOND Àquelques unes de nos questions.Ton univers musical est assez complexe, il estdiff<strong>ici</strong>le de cerner un style particulier.J’ai été marqué par des maestros comme BrunoChevillon à la contrebasse et B<strong>en</strong>oît Delbecq aupiano arrangé. J’étais <strong>en</strong> pamoison devant ces mus<strong>ici</strong><strong>en</strong>s.Et maint<strong>en</strong>ant je cherche à rev<strong>en</strong>ir à mesdiverses influ<strong>en</strong>ces, du punk au jazz et la musiqueimprovisée, synonyme de liberté musicale. Où ri<strong>en</strong>n’est figé, tout est vivant.Qu’essaies-tu de faire passer à travers tescompositions tant au niveau musique que destextes ?J’ai été am<strong>en</strong>é, étape par étape, à <strong>en</strong>tamer une"carrière solo", après avoir joué avec Jim MurpleMemorial p<strong>en</strong>dant un an.A 30 ans, j’ai franchi ce pas, vivre du métierque j’avais choisi vers l’âge de 17 ans. Depuis, j’aipassé une grosse partie de mon temps à jouer de lacontrebasse, à lire, à pleurer sur notre sort… et jeme suis retrouvé à vouloir expurger ma colère. J’aiégalem<strong>en</strong>t part<strong>ici</strong>pé à de nombreuses formations :des groupes de reprises, de rock, de la musiqueimprovisée, etc.En formation groupe, composer c’est faire descompromis. Être <strong>en</strong> solo c’est ne pas faire ces compromis,le r<strong>en</strong>du est très personnel. Mais, avant queje joue mes propres compositions, seul, je n’avaisjamais chanté de ma vie. La musique et l’écritureont fini par me ressembler, une course vers moi,pour <strong>en</strong> arriver à ce solo. Si ce travail peut servird’autres causes que la mi<strong>en</strong>ne, c’est tant mieux.Comm<strong>en</strong>t as-tu découvert la revue S!l<strong>en</strong>ce ?J’ai découvert S!l<strong>en</strong>ce il y a peu, quand David(le tourneur) m’<strong>en</strong> a glissé un exemplaire : le« meilleur magazine écologiste » d’après lui.Je suivais déjà les actualités militantes, maisc’est à travers la revue que j’ai découvert que j<strong>en</strong>’étais pas seul ! C’est rassurant, même si ce n’estpas <strong>en</strong>core gagné, de se r<strong>en</strong>dre compte de la déterminationd’un grand nombre de personnes.Quant à mon souti<strong>en</strong> à des causes militantes,certaines vont d’elles-mêmes. Pour les faucheurs(concert de souti<strong>en</strong> <strong>en</strong> août 2009), je n’avais jamaispart<strong>ici</strong>pé à un fauchage, mais j’avais <strong>en</strong>vie de sout<strong>en</strong>iret de part<strong>ici</strong>per à ma manière, d’où le concert.De même pour le Réseau Sortir du nucléaire[auquel il a proposé un concert de souti<strong>en</strong> <strong>en</strong>février 2009] pour lequel tout est dans le nom etauquel j’adhère totalem<strong>en</strong>t.Quel li<strong>en</strong> fais-tu <strong>en</strong>tre le fait d’être un artisteet celui d’être <strong>en</strong>gagé ?Jusque-là, j’avais peu de moy<strong>en</strong>s pour sout<strong>en</strong>irdes mouvem<strong>en</strong>ts. J’avais <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler desgroupes militants, mais j’avais peu de temps à yconsacrer.Un souti<strong>en</strong> artistique est pour moi une formede souti<strong>en</strong> aux causes qui me ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à cœur.Même si celui-ci est minime, j’ai l’impression d’êtreutile.Mes chansons parl<strong>en</strong>t des choses du cœur, sansprise de parti, sans lignée. Mais si cela permet quele public r<strong>en</strong>contre les faucheurs… c’est gagné.Je p<strong>en</strong>se que peu de ceux qui appréci<strong>en</strong>t meschansons « achèt<strong>en</strong>t » des 4x4, du moins je l’espère.Dans mes concerts j’essaie d’être très clair surcertaines positions.Après, au quotidi<strong>en</strong>, cela me dérange de jouerdans des salles avec du gros son, des grosseslumières… j’ai joué une fois sur une petite installationsolaire.Anna ManoEntreti<strong>en</strong> réalisé parJocelyn Peyret ■


Vous pouvez nous <strong>en</strong>voyer des textes pour le courrier des lecteurssoit par courrier postal, soit <strong>en</strong> passant par le formulaire decontact qui se trouve sur le site de Sil<strong>en</strong>ce : www.revuesil<strong>en</strong>ce.net.CourrierCombattre le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'impuissance"Contre le réchauffem<strong>en</strong>t climatique,donnez-nous des jardins et desespaces de débats."A Cop<strong>en</strong>hague, la montagneaccoucha d'une souris.Notre atmosphère aurait besoin quele monde se débarrasse de lamarchandisation du monde, qui ad'avantage de responsabilités que lespeuples (même si chacune, chacunde nous a sa part à assumer).Il nous faut continuer de débattreaprès le sommet de Cop<strong>en</strong>hague,face à la complexité des <strong>en</strong>jeux(remontée des famines, réfugiésclimatiques, santé, remplacem<strong>en</strong>t desforêts par des plantationsartif<strong>ici</strong>elles, fiscalité...)Pourquoi ne pas organiser desdébats sur nos lieux d'habitation ?Outre le fait que cela rejette moinsde gaz à effet de serre que d'aller <strong>en</strong>avion ou <strong>en</strong> voiture à Cop<strong>en</strong>hague, ilfaut maint<strong>en</strong>ir la pression populaireune fois passé le sommet.Au-delà des <strong>en</strong>jeux cités plus haut,se pose égalem<strong>en</strong>t la question de ladémocratie face à l'<strong>en</strong>doctrinem<strong>en</strong>tdes masses que constitu<strong>en</strong>t des filmscomme HOME de Yann Arthus-Bertrand (sponsorisé par de grossesfirmes, contribuant grandem<strong>en</strong>t à lacrise climatique). (…) Ce film faitpartie d'une vaste campagne quiessaie de nous faire tout accepter, aunom de la crise climatique. Malgrél'urg<strong>en</strong>ce à réagir face auréchauffem<strong>en</strong>t, nous ne pouvons pasaccepter le capitalisme vert, sesOGM, son agriculture int<strong>en</strong>sive,<strong>en</strong>core moins les inégalités. Or, lefilm, s'il feint de s'apitoyer sur ladésertification, sur les famines quigangrèn<strong>en</strong>t notre monde, n'évoqueLe "syndrome du Titanic"tétanise l'av<strong>en</strong>iraucun mot sur les OGM, ni lesagrocarburants, que d'autresprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t comme une solution auproblème qu'ils ont créé. Pas un motnon plus sur les luttes paysannesinternationales, ni sur lesalternatives (agroécologie, échangesinternationaux de sem<strong>en</strong>ces commele fait Kokopelli). Et les quelqueshumains montrés dans HOME sontfilmés "de haut" (par avion ouhélicoptère). En regardant ce film,j'ai assisté à un reportage d'unprét<strong>en</strong>du savant qui observe d'autreshumains comme des animaux d'unlaboratoire. Quant au tonmiséricordieux et faussem<strong>en</strong>tcompassionnel qui domine tout dudébut à la fin, il doit nous mettresous nos gardes. Yann Arthus-Bertrand joue le même rôle que lesprêtres de l'église catholique, avantla révolution française de 1789,lorsqu'ils prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t les inégalitéset les famines comme une fatalité.Les conséqu<strong>en</strong>ces socialescalamiteuses, suite à lamondialisation marchande, nepeuv<strong>en</strong>t être oubliées ni sacrifiéessur l'autel d'une écologiemystificatrice, qui <strong>en</strong>rôlerait lespeuples sous de fausses solutions, <strong>en</strong>les aliénant avec un nouvel opium.Et puis, la marchandisation dumonde, avec toutes ses crises, réduitla sécurité alim<strong>en</strong>taire. Il est plusqu'urg<strong>en</strong>t de multiplier les jardins, àl'heure où les famines explos<strong>en</strong>t dansles pays les moins nantis, p<strong>en</strong>dantque les soupes populairesréapparaiss<strong>en</strong>t dans les pays qui seprét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t "avancés".Christian DavidRhône.Dans son film "Le syndrome du Titanic", Nicolas Hulot improvise une théoriequ’il n’étaye ni ne développe, théorie selon laquelle les humains que noussommes sont pareils aux passagers du Titanic.Proposer une lecture du monde par le biais d’un syndrome du Titanic, c’estlimiter le problème à un syndrome d’aveuglem<strong>en</strong>t. Or l’Occid<strong>en</strong>t estaujourd’hui dans le déni quasi-total de ce qui s’est passé : nous avonsdépassé l’iceberg qui nous a percuté, le pic pétrolier qui signifie la fin touteproche de l’ère « pétrole » ! Oui, nous l’avons déjà percuté !Notre mode de p<strong>en</strong>sée politique ne doit plus s’inscrire dans la prévision de lacatastrophe, mais dans une organisation post-catastrophe. Nous avons <strong>en</strong>corele temps « d’évacuer ». Le paquebot économie mondiale pr<strong>en</strong>d l’eau. Mais ilne coulera pas forcém<strong>en</strong>t très vite : les capitaines (gouvernants, patrons demultinationales) ont tout intérêt à le garder à flot car ils tir<strong>en</strong>t leur pouvoirde la dép<strong>en</strong>dance des populations qu’ils gouvern<strong>en</strong>t. Pour tous les passagers,le paquebot a <strong>en</strong>core du s<strong>en</strong>s : travailler pour un salaire, se nourrir, sechauffer, se véhiculer et vivre la société des loisirs et du confort. Ils n’ontaucun intérêt à quitter le navire. Lorsque ce s<strong>en</strong>s disparaîtra, il resteraév<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t l’armée pour contrôler tout le monde, le désespoir d’unepopulation totalem<strong>en</strong>t dép<strong>en</strong>dante… et quelques passagers de premièreclasse, voguant sur le seul canot de sauvetage disponible ?La Terre n’est pas un paquebot : il est impossible de sauter de ce bateau,impossible d’espérer des secours… Si Nicolas Hulot avait plutôt la franchisede prés<strong>en</strong>ter le Titanic comme le symbole de notre système économique, alorsles spectateurs <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t peut-être à une <strong>en</strong>vie toute simple : s’investirdans la construction d’un autre système, basé sur d’autres valeurs…Pourquoi ne pas quitter le bateau ? Or si Nicolas Hulot tétanise lesspectateurs, il joue le jeu des multinationales !Johann CharvelHaute-NormandieAnt<strong>en</strong>nes hostiles(…) J'ai été embauchée une semaine <strong>en</strong> octobre 2009 comme cuisinière parune <strong>en</strong>treprise sous-traitant la préparation de repas à l'Espace Malraux,établissem<strong>en</strong>t culturel public de Chambéry (Savoie) où nous travaillons autroisième étage, juste sous le toit.Arrivée <strong>en</strong> pleine santé, je me s<strong>en</strong>s mal dès le premier soir : j'ai la tête lourdeet brouillée, des troubles de la stabilité, je souffre de névralgie (ce qui nem'arrive jamais). Je subis une pression constante sur les tempes à la limitedu supportable, j'ai la nausée avec mal au v<strong>en</strong>tre et des bouffées de chaleur,<strong>en</strong>vie de vomir, de pleurer. N'ayant pas une santé d'ordinaire fragile et étantd'un naturel plutôt joyeux, je me demande ce qui m'arrive. Le l<strong>en</strong>demainmatin, je constate que deux de mes collègues seplaign<strong>en</strong>t de maux de tête et comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t leurjournée <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant des cachets contre la douleur.J'<strong>en</strong> discute alors autour de moi. Des employés del'espace Malraux m'inform<strong>en</strong>t que "c'est normal,à cause de l'ant<strong>en</strong>ne de téléphonie mobile situéesur le toit juste au dessus de nos têtes" etappart<strong>en</strong>ant à l'<strong>en</strong>treprise Bouygues Télécom. Ilsm'appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que ces symptômes sont récurr<strong>en</strong>tssur toutes les personnes travaillant au troisièmeétage. De plus ils ont appris que les ouvriers deBouygues Télécom ont obligation, d'après leur<strong>en</strong>treprise, de couper l'alim<strong>en</strong>tation de l'ant<strong>en</strong>nes'ils doiv<strong>en</strong>t effectuer des travaux proches decelle-ci durant plus de huit minutes, et ce pouréviter les effets indésirables sur la santé… Huitminutes… Qu'<strong>en</strong> est-il des 84 heures passées danscet <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t hostile pour notre équipe decuisiniers ? Et des travailleurs de l'EspaceMalraux qui oeuvr<strong>en</strong>t dans ces locaux ? (…)Constatant cela, les employés de l'EspaceMalraux particulièrem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>sibles à cettequestion n'arriv<strong>en</strong>t pourtant pas à se faire<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre de leur direction ni de la mairie quisemble être <strong>en</strong> li<strong>en</strong> direct avec l'<strong>en</strong>treprise car lebâtim<strong>en</strong>t est public. (…)Sophie DodelinIsèreAnt<strong>en</strong>nes relaisJ'ai lu avec intérêt votre numéro de novembre 2009. La brève sur l'ant<strong>en</strong>nerelais sise <strong>en</strong> face de l'école Gerson et à propos de laquelle Bouygues vi<strong>en</strong>tde gagner un procès contre des par<strong>en</strong>ts d'élèves a attiré mon att<strong>en</strong>tion. Jesuis le directeur de cette école !Contrairem<strong>en</strong>t à ce qui a été dit par certains par<strong>en</strong>ts à l'AFP (et qui a étérepris sans vérification par les autres médias - France Info ayant seulevérifié) la baisse des effectifs n'est pas aussi impressionnante que certainsl'annonc<strong>en</strong>t. Nous avons 130 élèves au lieu de 143 att<strong>en</strong>dus (-13) et pas 80au lieu de 157 (-77) comme déclaré par les par<strong>en</strong>ts les plus excités ! Parailleurs les familles qui sont parties ont pour la plupart rejoint l'école privéedu quartier qui a aussi une ant<strong>en</strong>ne de l'autre côté de la rue !B<strong>en</strong>oît Armanddirecteur de l'école élém<strong>en</strong>taire Gerson, Lyonpartisan de la décroissance - sans portable !Le bonheurest dans l'oliveOn dit trop ce qui ne va pas, j'essaie d'évoluerautrem<strong>en</strong>t... Grâce à vous, à l'équipe, à vosabonnés, à votre petite annonce, je suis allée<strong>en</strong> Italie découvrir la récolte des olives.Cette expéri<strong>en</strong>ce m'a apporté un grosbonheur : partager la vie de Patr<strong>ici</strong>a etMarco et celle de quelques lecteurs deS!l<strong>en</strong>ce qui comme moi sont allés à Tatti <strong>en</strong>Toscane.Une foule de petits bonheurs suffit pourparfumer la vie, il faut juste savoir less<strong>en</strong>tir…Monique MichelIsèreÜ Pause p<strong>en</strong>dant lacueillette des olivesD.R.D.R.S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20104 3


livresSi vous ne disposez pas d’une librairie indép<strong>en</strong>dante près de chez vous, vous pouvezcommander vos livres auprès de Quilombo. Une partie de la somme est reversée àS!l<strong>en</strong>ce. Il suffit de remplir sur papier libre, vos coordonnées, les ouvrages que voussouhaitez vous procurer, d’inscrire le montant des livres (notés sous les titres dechaque livre), de rajouter 10% du prix total pour les frais de port. Règlem<strong>en</strong>t parchèque (à l'ordre de Quilombo Projection). R<strong>en</strong>voyez le tout à : Quilombo/Sil<strong>en</strong>ce,23, rue Voltaire, 75011 Paris. Délai de livraison <strong>en</strong>tre 10 et 15 jours.ProvoAmsterdam 1965-1967Yves FrémionEd. Nautilus2009 - 240 p. - 18 €Initialem<strong>en</strong>t publiée <strong>en</strong> 1982,cette <strong>en</strong>quête sur le mouvem<strong>en</strong>tProvo est rééditée à un bonmom<strong>en</strong>t. Alors que les livres semultipli<strong>en</strong>t sur les "nouveauxmilitants", les jeunes et moinsjeunes lecteurs pourront (re)découvrirque d'autres avant euxont été plus que créatifs pouram<strong>en</strong>er sur la scène politiquedes sujets alors inédits : la conditiondes femmes, l'écologie, ladémocratie directe… Ce mouvem<strong>en</strong>t qui a<strong>en</strong>suite sans doute influ<strong>en</strong>cé une partie desrévoltes de mai 1968, a su par des méthodesradicales provoquer dans Amsterdam desdébats politiques fondam<strong>en</strong>taux dontnombre d'actions pourrai<strong>en</strong>t être reprises<strong>en</strong>core aujourd'hui. Les débats d'alors(faut-il ou non se prés<strong>en</strong>ter aux élections,où s'arrête la non-viol<strong>en</strong>ce, comm<strong>en</strong>t éviterla hiérarchie dans un mouvem<strong>en</strong>t…) nousmontr<strong>en</strong>t à l'évid<strong>en</strong>ce que si les générationsse r<strong>en</strong>ouvell<strong>en</strong>t, les questions rest<strong>en</strong>t. YvesFrémion conclut l'ouvrage avec une prés<strong>en</strong>tationde ce que sont dev<strong>en</strong>us les activistesd'alors (on <strong>en</strong> retrouve beaucoup chez lesVerts néerlandais). Passionnant. MB.Sur les pasd'un maître jardinierClaude Bureaux,échange avec Nadia de Kermel,Ed. Rue de l'échiquier, collectionConversations écologiques2009 - 94 p. - 12 €Dans cet excell<strong>en</strong>t petit livre,Claude Bureaux évoque sa vie detravail au Jardin des Plantes(Paris 5 e ) dans un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>vivant, illustré par quelques photoset un plan des lieux regroupés<strong>en</strong> milieu de volume. Nousparcourons avec lui une remarquabletranche d'histoire,mêlant avec gouaille la petite etla grande. On rit, on s'émerveille,on appr<strong>en</strong>d, et on médite souv<strong>en</strong>t, toujoursautour d'anecdotes savoureuses : sur l'expulsionprogressive de la nature et du"risque" au profit du "propre" et du "sécuritaire"(longtemps sur fond de pest<strong>ici</strong>des),sur l'évolution du travail que, jeune appr<strong>en</strong>titrop rapide, on lui apprit d'abord à ne pas"tuer", jusqu'à notre époque où "pour obt<strong>en</strong>irune brouette neuve, ça relève de l'épreuve",sur la relation <strong>en</strong>tre les savoir-faire etle savoir, de sa fréqu<strong>en</strong>tation passionnée des"maîtres" naturalistes qui l'ont formé, à saréserve polie devant l'indiffér<strong>en</strong>ce affairéedes biologistes d'aujourd'hui... Mais,conclut-il, "ri<strong>en</strong> n'est figé tant qu'il y a de lavie" ! MPN.4 4 S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010Da<strong>en</strong>inckx par Da<strong>en</strong>inckxThierry MaricourtEd. Le Cherche-Midi2009 - 312 p. - 17 €Didier Da<strong>en</strong>inckx est un romancieratypique : il situe toujoursses histoires <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec uncontexte politique trouble :guerre d'Algérie, collaborationp<strong>en</strong>dant la dernière guerre,dérives de l'extrême-droite,immigration… Cela donne à seslivres un côté réaliste percutant.Dans ce long <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> oùThierry Maricourt, autre écrivain,s'efface presque totalem<strong>en</strong>t,Da<strong>en</strong>inckx raconte son parcoursd'origine populaire, <strong>en</strong>tre anarchisme etcommunisme, comm<strong>en</strong>t il <strong>en</strong> est arrivé àécrire, et son besoin de lier son écriture aupolitique. C'est très bi<strong>en</strong> écrit et cela s'avèrepassionnant. FV.Moins de bi<strong>en</strong>s, plus de li<strong>en</strong>s,la simpl<strong>ici</strong>té volontaire, unnouvel <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t socialEmeline de Bouveréd. Couleur livres (B Charleroi)2009 - 116 p. - 12 €Après un tour d'horizon des "simpl<strong>ici</strong>taires"prés<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> Belgique francophone et unquestionnem<strong>en</strong>t sur les li<strong>en</strong>s avec d'autresmouvances (décroissance, altermondialisme,slow, Sel…), l'auteure s'interroge sur cequ'une telle démarche a commeapproche de la notion de tempsde travail. Si l'échantillonmontre une recherche de diminutiondu temps de travail avecdeux fois plus de temps partielque dans la population, une plusgrande implication dans lemonde associatif et politique,notamm<strong>en</strong>t écologique, la faiblessede l'échantillon (28réponses) r<strong>en</strong>d les résultats peuexploitables. Les problématiques du livre,les témoignages sont intéressants, mais onne peut percevoir <strong>en</strong> quoi cela peut avoir uneinflu<strong>en</strong>ce sociale et politique. MB.Sans blessures appar<strong>en</strong>tesJean-Paul MariRobert Laffont2008 - 296p. - 20 €"Matt double, triple les doses desomnifères, sombre mais seréveille immanquablem<strong>en</strong>t deuxheures plus tard, <strong>en</strong> hurlant deterreur, dévasté par le mêmecauchemar. Sous la douche,debout à sa f<strong>en</strong>être, au volant desa voiture ou <strong>en</strong> faisant l'amour,même les yeux grands ouverts,un flashback l'oblige à revivrecette scène qu'il a vécue.'Pourquoi est-ce que je suisrev<strong>en</strong>u vivant ? Pourquoi ?' ". Jean-Paul Maria été grand reporter et a couvert de nombreuseszones de guerre. Marqué par ce qu'ila vu et vécu, il a voulu avec ce livre m<strong>en</strong>er l'<strong>en</strong>quêtesur ces traumatismes de guerre, cesmutilations invisibles que la guerre <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre.Aujourd'hui un vétéran sur trois souffre d<strong>en</strong>évroses post-traumatiques. Les anci<strong>en</strong>sd'Irak ou d'Afghanistan se su<strong>ici</strong>d<strong>en</strong>t au rythmede c<strong>en</strong>t vingt par semaine. Pas des gueulescassées, des âmes brisées. Mêlant ses expéri<strong>en</strong>cesau Liban et ailleurs à des témoignagesd'anci<strong>en</strong>s reporters ou soldats <strong>en</strong> Irak,Rwanda, Bosnie, l'auteur explore et cherche àcompr<strong>en</strong>dre les arcanes de l'âme humaine, etmontre au passage comm<strong>en</strong>t on transforme"de bons garçons de vingt ans <strong>en</strong> assassinsprofessionnels" et <strong>en</strong> futures épaves. La guerr<strong>en</strong>e tue pas seulem<strong>en</strong>t : elle laisse aussi survivre.A lire cet ouvrage, on se demande si c<strong>en</strong>'est pas parfois le pire… GG.Hors série “Photos”CQFD, BP 70054, 13192 Marseille cedex 202009 - 48 p. - 6 €Quand l’équipe de la revue CQFDréalise un numéro spécial photo,on est loin des Unes Gore Trash etagressives du journal marseillaisqui a la d<strong>en</strong>t dure contre le capitalismeet donne des solutionsmarginales pour échapper au travail.Là c’est du lourd avec desgrands noms de la photographie :Antoine d’Agata, des outsiders dela pellicule sociale comme Patxi qui sort égalem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> décembre 2009 un livre sur les portraitsde la guerre d’Espagne, ou YohanneLamoulère qui travaille de concert avec JeanBernard Pouy pour les textes. Les collectifs nesont pas <strong>en</strong> reste, celui de Sub propose des clichésébouriffants de l’Arg<strong>en</strong>tine, et ActiveStills des images accusatrices d’Israël. Oncherche ce qui réunit ces photographes danscet album : j’avoue, on ne trouve pas. Maisc’est beau comme une révolution zapatiste au1 er janvier. CG.Vous avez dit schkrounk ?Paul HanimeMRJC, 103, rue d'Ami<strong>en</strong>s,62008 Arras2009 - 15 € pour les salariés,10 € pour les petits budgetsEt si le schkrounk v<strong>en</strong>ait à manquer? Le financier, le sci<strong>en</strong>tifik, lereligieux propos<strong>en</strong>t chacun leurs solutions !Quant au Poulitik, il reste un peu désemparé.Une prise de consci<strong>en</strong>ce soudaine va les<strong>en</strong>traîner sur la voie de la simpl<strong>ici</strong>té volontaire…Ce remarquable petit livre réalisé à partirde photos d'objets recyclés finem<strong>en</strong>t retravailléesà l'ordinateur, nous montre que selonl'approche du monde que l'on a, on ne p<strong>en</strong>sepas aux mêmes solutions. Cet ouvrage est néd'un collectif de jeunes réunis au sein d'uneassociation locale Abri&co dont la devise est"pas de chichis et bout de ficelle". Pour lespetits comme les plus grands. FV.


l e f i l m d u m o i sLa domination masculinePatrick Jean,Elzévir films/Black Moonwww.ladominationmasculine.net2009 - 1h43Ce film qui aborde de front la questiondu sexisme et du patriarcat permetd'apporter aux analyses qu'on peut liresur le sujet des images qui font mouche.Impossible de fermer les yeux sur la réalité desdiscours sexistes banalisés, des viol<strong>en</strong>cesconjugales, de la femme-objet <strong>en</strong> voyant cesimages. On aimerait qu'elles soi<strong>en</strong>t vues largem<strong>en</strong>t.Là où le jeu est à double tranchant, c'estqu'à force d'insister sur des exemples marquantstels que des témoignages de femmesvictimes de viol<strong>en</strong>ce conjugale ou survivantesd'un massacre anti-femmes qui a eu lieu au Québec <strong>en</strong> 1989, le proposrisque de se retourner contre son int<strong>en</strong>tion : avec un minimum demauvaise foi, n'importe quel spectateur masculin qui n'a jamais étéauteur de viol<strong>en</strong>ces conjugales proprem<strong>en</strong>t dites pourra ne pas se s<strong>en</strong>tirconcerné par le propos. Il aurait été utile aussi de montrer lamicro-domination qui vi<strong>en</strong>t se nicher dans les relations quotidi<strong>en</strong>nes,les usages de la parole, etc. Ce film constitue néanmoins un bon outilpour s<strong>en</strong>sibiliser le grand public à ces problématiques. C'est suffisamm<strong>en</strong>trare pour être apprécié. GG.No pasaran !Portraits de combattant-e-sde l’Espagne républicaineFrancis BlaiseEd. L’Atinoir / Contre-Faits2009 - 119 p. - 10 €Photographe et collaborateurde S!l<strong>en</strong>ce, Francis Blaise estallé r<strong>en</strong>contrer <strong>en</strong> 2005-2006quelques-un-e-s de celles et ceuxqui prir<strong>en</strong>t part aux combats del’Espagne républicaine <strong>en</strong>tre1936 et 1939. Pour chaque r<strong>en</strong>contre,un portrait photographiquecouleur mis <strong>en</strong> faced’une phrase tirée d’un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.Puis une très brève chronologiede la vie et l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de cette personne.Le tout dans le plus grand dépouillem<strong>en</strong>t.Le livre est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t bilinguefranco-espagnol et <strong>en</strong> format « poche ». GGVive Le FeuAffable chronique des tempssarkoziquesSébasti<strong>en</strong> Font<strong>en</strong>elleLe Chi<strong>en</strong> Rouge2009 - 170 p. - 10 €Ecoutez C’est Pas CompliquéC’est le Dernier ChroniqueurQui M’ Essore de Rire : Voilà leg<strong>en</strong>re de titre que n’hésite pas àdonner vertueusem<strong>en</strong>t l’auteurd’un blog à succès sur Politis,(avant sur Bakchich.com) etaccessoirem<strong>en</strong>t dans CQFDmagazine. Sébasti<strong>en</strong> Font<strong>en</strong>elle emploieune langue riche et chiche (du dictionnairemême), verte (mais pas écolo compatible),profondém<strong>en</strong>t anti-Finky&Val ; bref et succinctem<strong>en</strong>til se fait un observateur (pasromano) des médias et à la vitesse d’uneglissade sur une peau de banane au chlordécone,<strong>en</strong>voie des tartes pas toujours crémeusesaux méchants de ce monde tropinjuste. Le Chi<strong>en</strong> Rouge a rassemblé unesélection de ces textes pour la plus grandejoie des cul terreux bougnats anarcho-syndicalisteset des manchots maoïstes bouffeursd’Hortefeux, ça va de soi. "Tu vast’érudir velu, j’te l’annonce !" éructe leFont<strong>en</strong>elle. CG.Cohabiter pour vivre mieuxMarthe Marandola et G<strong>en</strong>eviève LefebvreEd. J.-C. Lattès2009 - 233 p. - 17 €Nombreuses sont les personnesqui cherch<strong>en</strong>t à partager leurespace de vie, diverses sont lesmotivations pour cela, et multiplesles moy<strong>en</strong>s pour le faire :écovillage, immeuble coopératif,colocation, maison partagée…C’est dans ce fleuve qu’aim<strong>en</strong>tse baigner les deux auteures dece livre, elles-mêmes partageantun lieu de vie et accompagnantdes démarches collectives. Ellesabord<strong>en</strong>t <strong>ici</strong> l’<strong>en</strong>semble des questions qui sepose à un groupe ou à des personnes vivantou cherchant à vivre dans une forme ou uneautre d‘habitat partagé : aspects fonciers etjuridiques, humains (valeurs, projets, dynamiquede groupe, conflits), économiques…Surtout, un regard résolum<strong>en</strong>t humain etpositif est posé sur tous ces sujets, avec desoutils de communication ou d’organisationqui aid<strong>en</strong>t à rester réalistes et à dev<strong>en</strong>ir plussolides. Entre facteurs culturels etcontraintes matérielles, diversité humaine etproblèmes organisationnels, cohabiter estune av<strong>en</strong>ture qui ne s’improvise pas. Ce livrey aidera. GGRomansLes ruines de la future maisonHélène DassavrayEd. A plus d'un titre2008 - 118 p. - 12,50 €Dans ce petit roman vivem<strong>en</strong>técrit, une femme raconte sa viepassée à un homme qu'elle vi<strong>en</strong>tde r<strong>en</strong>contrer. Elle a longtempsvécu <strong>en</strong> "smala" dans un campem<strong>en</strong>tde bric et de broc, avec troishommes, deux anci<strong>en</strong>s amants etle plus réc<strong>en</strong>t, tous trois destinésà "rester dans son cœur", ainsiqu'avec les <strong>en</strong>fants nés de cesrelations. Dans un style léger ethumoristique, elle nous décrit plusieursannées de bohème parfois diff<strong>ici</strong>le à vivre surlesquelles, alors qu'elle <strong>en</strong> est sortie, elleporte un regard amusé, avec de raresmom<strong>en</strong>ts dramatiques, toujours euphémisés,et très peu d'évaluation, <strong>en</strong> dehors de brèvesleçons de sagesse intemporelle, s'il <strong>en</strong> est. Onpeut lire ce livre à l'instinct, <strong>en</strong> épousant lavoix de la narratrice, et, pour d'autres lecteurs,il donnera matière à méditer sur undestin féminin... MPN.B. D.livresHP, l'asile d'aliénésLisa MandelEd. L'association2009 - 48 p. - 13€Recueil d'anecdotes du milieupsychiatrique dans les années1968 à 1973. Avec un dessinpresqu'<strong>en</strong>fantin, des histoiresvraies toutes plus horribles lesunes que les autres. Le pire c'est qu'elles sontauth<strong>en</strong>tiques. Un style de BD réaliste parfaitem<strong>en</strong>tréussi. Même si c'est dur à digérer, onatt<strong>en</strong>d la suite… FV.Himalaya VaudouFred Bernard et Jean-Marc RochetteEd. Glénat2009 - 112 p. - 19€Le père Noël est un sorcier africainqui <strong>en</strong> a marre des politiquesà court terme de nos dirigeants.Alors, usant du vaudou, il lestransforme un à un <strong>en</strong> animauxpour leur rappeler qu'ils font partiede la nature. Trois journalistes,un qui ressemble à PPDA,un deuxième à Nicolas Hulot, ledernier sorti d'une émission deS!l<strong>en</strong>ce n°376 février 20104 5


livrestélé-réalité, sont <strong>en</strong>voyés dans l'Himalayapour essayer de l'interviewer. Une fablecontemporaine qui nous alerte une nouvellefois sur l'importance de la crise écologiqueactuelle, sur l'hypocrisie des puissantset qui propose dans sa chute grandiose unesuite à l'effondrem<strong>en</strong>t de notre monde. Onrit jaune de ce scénario original r<strong>en</strong>forcépar une grande maîtrise de la mise <strong>en</strong> page.MB.A l'ombre du mondeMarc VliegerEd. Delcourt / collection Mirages2009 - 112 p. - 14,95€Joseph a fui la civilisation de lamachine et vit retiré dans uneforêt. Mais le maire de la communea des projets grandioses.Deux jeunes ouvriers qui vont depetits boulots <strong>en</strong> petites galères,vont interv<strong>en</strong>ir dans l'histoirepour les beaux yeux de Lyse, laseule à r<strong>en</strong>dre visite à Joseph.L'histoire d'un coin de campagnerattrapé par la "croissance" économique,celle qui au nom du profit détruit leshumains. La technique narrative fait monterl'émotion jusqu'à l'affrontem<strong>en</strong>t final.Une réussite. MB.Le fantôme du commandantCousteauIsaEd. Fluide Glacial2009 - 48 p. - 9,95€Avec ses reportages, le commandantCousteau a favorisé l'émerg<strong>en</strong>ced'une consci<strong>en</strong>ce écologique.Mort, il continue sonaction sous forme d'un fantôme…avec plus ou moins de succèstant la dessinatrice Isa n'hésitepas à le mettre dans dessituations abracadabrantesques.Yann-Arthus Bertrand n'a plusqu'à bi<strong>en</strong> se t<strong>en</strong>ir ! FV.Les petits adieuxMagda et MarvanoEd. Le Lombard / collection Signé2009 - 72 p. - 15,50 €Mère célibataire, Christine veutse lancer dans l'écriture d'unroman. Le soir, volontaire dansun réseau d'écoute téléphonique,<strong>en</strong> écoutant l'histoire d'uneappelante, elle s'interroge sur lamanière d'aborder une histoire.Et progressivem<strong>en</strong>t, cela l'interrogesur sa vie actuelle, sur l'abs<strong>en</strong>cede sa fille aînée et sur lar<strong>en</strong>contre avec un des anci<strong>en</strong>s amoureux. Al'arrivée une terrible histoire qui se révèleprogressivem<strong>en</strong>t et qui poursuit le lecteur, lalectrice p<strong>en</strong>dant longtemps. Une BD d'unefinesse et d'une force incroyable. MB.Enquête au paradisR<strong>en</strong>é PétillonEd. Dargaud2009 - 48 p. - 13,50 €Jack Palmer, détective, pr<strong>en</strong>dune photo d'un mari infidèle quidissimule son arg<strong>en</strong>t dans unebanque du Bürg<strong>en</strong>zell, principauténichée dans les Alpes. Mais il pr<strong>en</strong>d aussi<strong>en</strong> photo un "déposant" qui n'apprécie pas.Avec son tal<strong>en</strong>t habituel, Pétillon nous<strong>en</strong>traîne alors dans un imbroglio financier etmaffieux dont la famille princière aura bi<strong>en</strong>du mal à se sortir. Après l'Enquête Corse etL'affaire du voile, une nouvelle réussitepour ce grand de la comédie dessinée. FV.En chemin, elle r<strong>en</strong>contre…coordonné par Marie MoinardEd. Des Ronds dans l'O (Vinc<strong>en</strong>nes)2009 - 96 p. - 18,50 €Tr<strong>en</strong>te artistes ont accepté, dansdes styles différ<strong>en</strong>ts, de part<strong>ici</strong>perà cet ouvrage qui dénonce lesviol<strong>en</strong>ces faites aux femmes. Unlivre v<strong>en</strong>du <strong>en</strong> souti<strong>en</strong> à la commissionfemmes d'Amnestyinternational France où œuvreMarie Moinard qui y raconte,avec beaucoup de courage, sapropre histoire. Une BD pourbriser le sil<strong>en</strong>ce sur un sujet dont l'ampleurest de plus <strong>en</strong> plus visible dans nos sociétés.Motivant. MB.MusiqueChansons biodynamitesLes Sour<strong>ici</strong>eusesLa Pérouse, 01310 Montracolwww.sour<strong>ici</strong>euses.com2009 - 6 titresCes trois souris vertes à la voixhaut perchée et à l’attirailacoustique ambulant nouslivr<strong>en</strong>t une musique qui ti<strong>en</strong>t dunuméro de cabaret joyeux etbrouillon. Dans ce pamphletécolo qui refuse de se pr<strong>en</strong>dre ausérieux, ri<strong>en</strong> n’est oublié : dès le départ, leplastique, le 4x4 et la télé pass<strong>en</strong>t un mauvaisquart d’heure avec Tape-la pas ta planète.Puis s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t un éloge des zonesde gratuité (Troc fontaine), une ode ironiqueau nucléaire (L’interrupteur), unhymne antipubl<strong>ici</strong>taire (Pub <strong>en</strong> pages), unecomédie musicale sur la malbouffe(Cochonneries pour cochonnailles), et unhommage à la bicyclette qui tourne auvinaigre (C’est si charmant…). Et <strong>en</strong> pluselles y croi<strong>en</strong>t : pour se procurer leurdisque, les Sour<strong>ici</strong>euses vous propos<strong>en</strong>t <strong>en</strong>effet de faire du troc <strong>en</strong> leur <strong>en</strong>voyant unobjet de votre choix, gâteau fait maison,écharpe tricotée main, livre préféré oudisque pas vu à la télé. GGNous avonségalem<strong>en</strong>t reçu...■ Dieu <strong>en</strong> personne, Marc-Antoine Mathieu, éd.Delcourt, 2009, 124 p. 17,50 €. BD. Dieu revi<strong>en</strong>t surTerre. Après une vague religieuse sans précéd<strong>en</strong>t, lemonde repr<strong>en</strong>d vie… avec des tas de procès à la clé :tout le malheur du monde n'est-il pas de la faute de cedieu ? Celui-ci, avec son ag<strong>en</strong>ce de communication, vaessayer de s'<strong>en</strong> sortir. Agréable fable contemporaine.■ Le Maroc de Mohammed VI, Pierre Vermer<strong>en</strong>,éd. La Découverte, 2009, 320 p. 22 €. Après dix ansde règne, l'économie va mieux, mais la démocratie n'aguère évolué. L'aristocratie mainti<strong>en</strong>t la mainmisesur le pays, malgré une t<strong>en</strong>tative de r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>tde son image.■ Les graines germées de A à Z, Carole DougaudChavannes, éd. Jouv<strong>en</strong>ce, 2009, 244 p. 22,50 €.Intérêt de la germination, les plantes que l'on peututiliser et des recettes.■ Un mur <strong>en</strong> Palestine, R<strong>en</strong>é Backmann, éd.FolioActuel, 2009, 330 p. 20 €. Comm<strong>en</strong>t Israël justifiela construction d'un mur qui s'avère plus un obstacleà la paix qu'aux attaques terroristes.■ Et si on s'arrêtait un peu de manger ? BernardClavière, éd. Nature et partage (Gironde), 2009,250 p. 19,50 €. Le jeûne à l'eau ou d'une autremanière est un excell<strong>en</strong>t remède dans un monde oùnombre de nos maux provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de la sur-bouffe.Plein d'infos sur le sujet.■ Notre mère la guerre, Kris et Maël, éd.Futuropolis, 2009, 64 p. 16 €. Sur le front, p<strong>en</strong>dantla première guerre mondiale, trois femmes sontretrouvées assassinées dans les tranchées. Un g<strong>en</strong>darmemène l'<strong>en</strong>quête… sur fond d'horreur. Si le dessinde cette BD est parfaitem<strong>en</strong>t réaliste r<strong>en</strong>dant bi<strong>en</strong>l'horreur de la situation, il est quand même diff<strong>ici</strong>lede r<strong>en</strong>ouveler le g<strong>en</strong>re.■ L'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de Soweto, Christophe Hutin,Patrice Goulet, éd. Actes sud, 2009, 104 p. 22 €.Lorsqu'une population est pauvre, il faut être <strong>en</strong>mesure de proposer des maisons peu coûteuses. Unprogramme de l'ANC au pouvoir <strong>en</strong> Afrique du Sudfavorise la mise <strong>en</strong> place de maisons <strong>en</strong> briques deterre crue et toit <strong>en</strong> tôle : les maisons — sommaires— sont construites <strong>en</strong> très peu de temps. Les auteursse sont inspirés de cette approche pour fabriquer <strong>ici</strong>des maisons "opportunistes" t<strong>en</strong>ant compte du paysageet des ressources locales.■ L'économie au service des g<strong>en</strong>s, Yves deWasseige, Francis de Walque, éd. Couleur livres (B-Charleroi), 2009, 160 p. 16 €. Large rappel trèspédagogique des théories économiques. Quelquesamorces pour aller vers une autre économie, sansouverture vers la décroissance.■ Le feu d'artifice d'Albert Dehosay, pionnier del'écologie radicale, éd. asbl Vivre…S, placeCardinal Mercier, 16, B4102 Seraing, tél : 04 33660 17. Ecrits d'un dissid<strong>en</strong>t des organisations communistesqui dès la fin des années 1950 a s<strong>en</strong>ti v<strong>en</strong>irl'importance des questions écologiques.■ Georges Rousse, photo Poche, Actes Sud, 144 p.12,80 €. Ce maître de l'illusion publie un recueil dephotos de ses installations plus troublantes les unesque les autres.■ Magasin général, tome 5 : Montréal, RégisLoisel et Jean-Louis Tripp, éd. Casterman, 2009,72 p. 14 €. Partis pour faire <strong>en</strong>semble trois tomes,les auteurs qui scénaris<strong>en</strong>t et dessin<strong>en</strong>t cette BD tousles deux, continu<strong>en</strong>t à nous ravir avec cette histoired'un village québécois dans les années 1920.Personnages hauts <strong>en</strong> couleur dans une sociétépresque autarcique… sauf quand Marie qui ti<strong>en</strong>t lemagasin général décide de partir à la ville. Succul<strong>en</strong>t.■ Alerte sur Fangataufa, Philippe Geluck et Devig,éd. Casterman, 2009, 48 p. 12 €. Le père du "Chat"s'exerce <strong>ici</strong> dans un autre domaine : une parodie desav<strong>en</strong>tures de Tintin : Scott Leblanc, qui interviewe lescélébrités sur leur animal favori se retrouve emportédans une histoire de savants fous au mom<strong>en</strong>t où laFrance va tester pour la première fois une bombe atomiquesur l'atoll de Fangataufa (voisin de Moruroa<strong>en</strong> Polynésie).4 6S!l<strong>en</strong>ce n°376 février 2010


Sil<strong>en</strong>ce9 rue Dum<strong>en</strong>ge,69317 Lyon Cedex 04Tél. : 04 78 39 55 33www.revuesil<strong>en</strong>ce.netVirem<strong>en</strong>ts bancaires :CCP 550 39 Y LYON(IBAN : FR92 2004 10100700 5503 9Y03 840 -Code BIC : PSSTFRPPLYO)Pour la Belgique :règlem<strong>en</strong>t àBrabant-Ecologie,33 route de R<strong>en</strong>ipontB - 1380 Ohain -Tél. : 00 32 2 633 10 48CCP OOO-15-19-365-54Pour la Suisse :règlem<strong>en</strong>t à ContratomCP 65 - CH 1211 G<strong>en</strong>ève 8Tél. : (41) 22 740 46 12CCP 17-497696-4Abonnem<strong>en</strong>ts : Claire Gr<strong>en</strong>et :mardi et jeudi : 10h-12h/14h-17hDépositaires, stands et gestion :Béatrice Blondeau : mardi et jeudi :10h-12h/14h-17hRédaction : Guillaume Gamblin etMichel Bernard : lundi et mercredi :10h-12h / 14h-17hEditeur : Association S!l<strong>en</strong>ceN° de commission paritaire :0910 G 87026 - N° ISSN : 0756-2640Date de parution : 1 er trimestre 2010Tirage : 6200 ex.Administrateurs : Patrick Allamel, OlivierBidaut, Myriam Cognard-Dechavanne,Jean-Pierre Lepri, Jean-Marc Luquet,Pascal Martin, Anne-Laur<strong>en</strong>ce Maz<strong>en</strong>c,Marie-Pierre Najman, Jean-Michel Pavillon,Christophe RastollDirecteur de publication :Jean-Pierre LepriComité de rédaction : Michel Bernard,Béatrice Blondeau, Clém<strong>en</strong>ce Emprin,Guillaume Gamblin, Jean-Pierre Lepri,Marie-Pierre NajmanPilotes de rubriques : Patrice Bouveret,Christian David, Sophie Dodelin, Esteban,Anne Girard, Natacha Gondran, DanielJuli<strong>en</strong>, Steph<strong>en</strong> Kerckhove, Eveline Mana,Baptiste Mylondo, Fabrice Nicolino, JocelynPeyret, Xavier Sérédine, Francis VergierMaquette : Dami<strong>en</strong> Bouveret 06 03 50 54 93Dessins : Coco, Lasserpe, Red !Correcteurs : Bernadette Bidault,Emmanuelle Pingault, Sylvie Michel,Raymond Vignal, Françoise WeitéPhotographes : aaa-West, Marie Clem's,Hélène Degrandpré, Guillaume de Crop,Christophe Lhomme, Anna Mano, AlainMiossec, Pascale Pragnère, Rafa / HernaniEt pour ce n° : Dominique Béroule, PaulBonny, Josiane Coelho, FrancescaCozzolino, Bertille Darragon, Ariela Epstein,Alexis Lis, Goulv<strong>en</strong> Marechal, PascalPragnèreCouverture : Sophie_prInternet : Olivier Bidaut, Dami<strong>en</strong> Bouveret,Thomas Perraut, Xavier Sérédine.Les textes sont sous la responsabilité deleurs auteurs. 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Mimmo PuccarelliMarie Clem'sD.R.Marie Clem'sD.R.D.R.Mimmo PuccarelliMarie Clem'sMimmo PuccarelliD.R.

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