Les seuils conduisent à une uniformisation qui netient pas compte de la diversité <strong>des</strong> situations : ils serévèlent souvent trop élevés pour protéger <strong>des</strong>espaces de faible superficie.Ainsi <strong>les</strong> tourbières dont <strong>les</strong> superficies sont en deçà <strong>des</strong>seuils d'autorisation d’assèchement, ne peuvent être, <strong>dans</strong> laplupart <strong>des</strong> cas, protégées par la nomenclature.Le fait que <strong>les</strong> autorisations d’assèchement soientinstruites par <strong>des</strong> services placés sous la responsabilitéd’une administration représentant <strong>les</strong> intérêts del’agriculture (DDAF) empêche peut-être le dispositif defonctionner pleinement.Il faut néanmoins reconnaître que <strong>les</strong> instructions <strong>des</strong>dossiers d’assèchement sont réalisées par <strong>les</strong> MISE (Missionsinterservices de l’eau) qui reçoivent <strong>des</strong> feuil<strong>les</strong> de route de la partdu ministère de l’écologie relayées par <strong>les</strong> DIREN (ou DREAL) quiélaborent en cas de besoin <strong>des</strong> éléments de doctrine régionale. Ladéfinition d’un guichet unique de la police de l’eau au niveau dudépartement – quasi généralisée en 2009 (v. p. 74) et la création <strong>des</strong>nouvel<strong>les</strong> DDT (v. p. 74) ont permis un renforcement du dispositif.Les refus d’autorisation et <strong>les</strong> oppositions àdéclaration restent symboliques (v. Schéma 6). Lesautorisations sont très largement accordées, <strong>les</strong> cas derefus restant exceptionnels et plus encore <strong>les</strong>annulations par le juge.b) Raisons internes à la nomenclatureLes <strong>zones</strong> humi<strong>des</strong> peuvent faire l'objet d'autorisationd'assèchement dont la cadence n'est pas limitée par lanomenclature. Or, plusieurs deman<strong>des</strong> d’assèchementde petites superficies de <strong>zones</strong> humi<strong>des</strong> situées surune même zone géographique peuvent avoir autantd’impact qu’un assèchement de grande ampleur.Les textes essaient toutefois de limiter d’éventuelssaucissonnages afin d’échapper aux seuils : si plusieurstravaux d’assèchement sont réalisés par une mêmepersonne, sur une même exploitation et concernant lemême milieu aquatique, c’est l’ensemble de cestravaux qui doit être pris en compte pour déterminerl’application <strong>des</strong> seuils d’autorisation. Si l’ensemble<strong>des</strong> travaux dépasse le seuil d’autorisation fixé par lanomenclature, alors ces travaux seront soumis àautorisation même si <strong>les</strong> travaux, réaliséssimultanément ou successivement, prisindividuellement, sont en <strong>des</strong>sous de ce seuil (v.Schéma 7).Schéma 7. – Conditions de soumission d’unassèchement à une autorisationCadenced’assèchement nonprise en compteSchéma 6. – Comparaison du nombre d’autorisationsd’assèchement et de drainage accordées et refusées706050403020100At. 1998Ref. At 1998At. 1999Ref. At 1999At. 200033103320Ref. At 2000At. 2001Ref. At 2001Sources : MINISTÈRE DE L’ÉCOLOGIE, Compte rendu d’activité. Police del’eau et <strong>des</strong> milieux aquatiques (années 1998 à 2005), 2000-2007.Les années 2006 à 2008 ne sont pas connues.Pour finir, <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong> et sanctions relatifs auxassèchements sont relativement peu nombreux (v. p.314).C’est une tendance - engendrée essentiellement par unesurcharge de l’instruction administrative <strong>dans</strong> <strong>les</strong> services de policede l’eau - qui est actuellement corrigée par une invitation plusferme du Ministère à mettre en place <strong>des</strong> plans de contrôle annuelset à y donner <strong>des</strong> suites notamment poursuites administratives etprocès-verbaux de constatation <strong>des</strong>tinés au pénal, et qui seretrouve <strong>dans</strong> <strong>les</strong> indicateurs d’activités <strong>des</strong> services.At 2002Ref. At 2002At. 2003Ref. At. 2003At. 2004Ref. At. 2004At. 2005Ref. At. 2005Sources : O. CIZEL, 2009. Lecture du schéma : 4 agriculteurs quiassèchent chacun, sur leur exploitation 0,95 ha d’une même zonehumide ne sont pas soumis à autorisation (mais à déclaration). Celuiqui assèche 0,95 ha, puis 0,10 ha sera soumis à autorisation puisqu’ildépasse le seuil de 1 ha prévue à la rubrique 3.3.1.0.Il faut également noter, depuis la loi sur l’eau et <strong>les</strong>milieux aquatiques de 2006, la faculté pour le SAGE derèglementer <strong>les</strong> travaux ou activités situés en <strong>des</strong>sous<strong>des</strong> seuils de la nomenclature, mais dont <strong>les</strong> effetscumulés sont significatifs, à travers son règlement (C.envir., art. R. 212-47). Voir p. 456.§ 2. – Sanctions administratives et péna<strong>les</strong>relatives à la police de l’eauA/ Contrô<strong>les</strong>Sauf si assèchement effectué :- par un même propriétaire- sur une même exploitation- sur un même milieu aquatiqueLes contrô<strong>les</strong> relatifs aux assèchements sontrelativement peu nombreux.En 1999, sur 6 475 contrô<strong>les</strong> effectués, seulement 86concernaient <strong>des</strong> remblaiements de <strong>zones</strong> humi<strong>des</strong>, soit 1 % dutotal. Les chiffres plus récents ne sont pas connus. Toutefois, letotal <strong>des</strong> contrô<strong>les</strong> portant sur <strong>les</strong> milieux aquatiques est en netteaugmentation depuis 2005 (v. Schéma 8).314
Schéma 8. – Évolution du nombre de contrô<strong>les</strong> pour<strong>les</strong> plans d’eau et <strong>les</strong> milieux aquatiques6000500040003000200010000Sources : MIN. ÉCOLOGIE, Rapport Police de l’eau, 2000 à 2006, 2002-2007.S’agissant <strong>des</strong> types de contrô<strong>les</strong>, en 2006, pour <strong>les</strong>milieux aquatiques, <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong> inopinés sont équivalents à ceuxprogrammés (945 et 829), alors que pour <strong>les</strong> plans d’eau, <strong>les</strong>contrô<strong>les</strong> programmés sont <strong>les</strong> plus nombreux (2 873 contre 396).Les statistiques montrent qu’un contrôle sur trois est non-conformepour <strong>les</strong> plans d’eau, mais pour <strong>les</strong> milieux aquatiques, le taux <strong>des</strong>contrô<strong>les</strong> non-conforme n’est que de 13 % (Sources : Min. Écologie,Rapport Police de l’eau, 2006, 2007). V. Schéma 9.35003000250020001500100050002000 2001 2002 2003 2004 2005 2006Plans d’eau Milieux aquatiquesSchéma 9. – Bilan du nombre de contrô<strong>les</strong>Contrô<strong>les</strong>inopinésContrô<strong>les</strong>programmésPlans d’eauSources : MIN. ÉCOLOGIE, Rapport Police de l’eau 2006, 2007.B/ Sanctions administrativesContrô<strong>les</strong> nonconformesC. envir., art. L. 214-3, L. 214-6 et L. 216-1Milieux aquatiquesProcéduresengagées (adm.ou jud.)Le préfet dispose de certains pouvoirs préventifs :envoyer un courrier de rappel à la réglementation,mettre en demeure l’exploitant de respecter l’arrêtéou prendre un arrêté de prescription complémentaire.Les mesures de police sont souvent employées. En 2006,pour <strong>les</strong> milieux aquatiques, <strong>les</strong> courriers d’avertissement et derappels à la réglementation sont <strong>les</strong> plus fréquents (249), suivis par<strong>les</strong> rapports / comptes rendus de visite (200) ainsi que <strong>dans</strong> unemoindre mesure par <strong>des</strong> courriers ou arrêtés de mise en demeure(99) Les arrêtés de prescriptions complémentaires (2) restentexceptionnels. Voir Schéma 10. (MIN. ÉCOLOGIE, Rapport d’activité2006, 2007).En 2008, <strong>les</strong> seuls rappels à la règlementationreprésentaient 91 % <strong>des</strong> sanctions administratives, contre 8 % pour<strong>les</strong> mises en demeure et pour <strong>les</strong> arrêtés de prescriptionscomplémentaires (MIN. ÉCOLOGIE, Rapport d’activité 2008, 2009).8007006005004003002001000Schéma 10. – Sanctions administrativesCourriersd’avertissement /rappel à larèglementationSources : MIN. ÉCOLOGIE, Rapport Police de l’eau 2006, 2007.A posteriori, le préfet pourra, à tout moment soitmodifier l’arrêté en cas de danger notable, en ajoutantde nouvel<strong>les</strong> prescriptions, soit exiger une nouvelleautorisation en cas de risque d’atteintes graves auxmilieux aquatiques et <strong>zones</strong> humi<strong>des</strong>.A la suite d’une irrégularité, le préfet peut, après miseen demeure de l’exploitant restée sans effet :— obliger l’exploitant à consigner une somme entre<strong>les</strong> mains d’un comptable public,— procéder à l’exécution d’office <strong>des</strong> mesuresprescrites,— suspendre ou retirer l’autorisation (en cas demenace majeure pour le milieu).Ces sanctions administratives sont très rarementutilisées. On ne compte que 5 sanctions prononcées en 2005, 34 en2006 et 16 en 2007, tous types d’activités confondus (Sources :Rapport d’activité police de l’eau, 2005 à 2007, Min. Écologie, 2006-2008).C/ Sanctions péna<strong>les</strong> et répression1. – SanctionsRapports Compterendude visitea) Travaux réalisés sans autorisation ou déclarationLes travaux réalisés sans autorisation constituent undélit puni par <strong>des</strong> peines de deux ansd’emprisonnement et de 18 000 euros d’amende. Encas de récidive, l’amende est portée à 150 000 euros.Ceux réalisés sans déclaration sont égalementconstitutifs d’une contravention de 5 ème classe, soit 1500 euros.Pour <strong>des</strong> exemp<strong>les</strong>, voir Encadré 2.Courrier ou Arrêtéde mise endemeureC. envir., art. L. 216-6 et art. R. 216-12Atteinte aux milieuxaquatiquesIOTA réalisé sansautorisation oudéclarationArrêté deprescriptioncomplémentaire315