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L'Afrique solidaire et entrepreneuriale La renaissance du ...

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fonctionnaires, religieux). En d’autres termes, le capital social de ces coopérativess’étend au-delà <strong>du</strong> groupe des pauvres.Une forte proportion des coopératives en Afrique (<strong>et</strong> ailleurs) est constituée demembres hétérogènes, pauvres <strong>et</strong> moins pauvres. <strong>La</strong> question pertinente qui sepose à c<strong>et</strong> égard est de savoir si les pauvres contrôlent aussi leurs coopératives.Dans l’une des rares études détaillées sur ce suj<strong>et</strong>, Aal <strong>et</strong> Hassan (1998) établissaientque 44,2 pour cent des agriculteurs membres de coopératives agricoles en Egypteétaient ill<strong>et</strong>trés, contre seulement 24,8 pour cent des membres des conseilsd’administration qui, de surcroît, possédaient souvent plus de terres.Dans nombre de pays, le seul fait de devoir ach<strong>et</strong>er des actions <strong>et</strong> parfois verserune cotisation annuelle empêche les plus démunis d’adhérer à une coopérative. Ilsera difficile aux travailleurs journaliers de rejoindre une coopérative car ils formentune sous-classe que même les agriculteurs pauvres <strong>et</strong> les gardiens de troupeauxéviteront. Les études de cas par pays indiquent également que de nombreusesCOOPEC attirent les nouvelles classes moyennes inférieures (fonctionnaires,infirmières, enseignants, p<strong>et</strong>its entrepreneurs <strong>et</strong> groupes de professionnels).Même si elles touchent les pauvres des zones rurales <strong>et</strong> urbaines, comme c’est lecas dans tous les pays étudiés, les COOPEC ont tendance à attirer les mieux lotisd’entre eux. Une étude de P<strong>et</strong>rie (2002) sur les COOPEC au Rwanda a révélé queles dépenses mensuelles des ménages membres (263 dollars américains) 5 étaientplus élevées que celles des ménages non-membres (162 dollars américains). Elleatteste, comme la nôtre, que les coopératives d’épargne <strong>et</strong> de crédit africainesreprésentent une population pauvre considérable. Ces COOPEC génèrent, en cesens, des relations sociales entre les couches sociales mais aussi un capital socialau-delà des divisions sociales. Dans l’étude de cas <strong>du</strong> présent ouvrage consacréeau Kenya par exemple, Fredrick Wanyama indique que des personnes d’origines<strong>et</strong>hniques diverses participent aux mêmes coopératives financières. Cela a deseff<strong>et</strong>s positifs dans la mesure où, comme l’explique Narayan (1999), des liens <strong>et</strong>des passerelles (un capital social détenu par plusieurs couches de la population)sont essentiels à la cohésion sociale <strong>et</strong> à la ré<strong>du</strong>ction de la pauvr<strong>et</strong>é.Concernant la question <strong>du</strong> genre, la plupart des coopératives sont crééespar des hommes, composées d’hommes <strong>et</strong> dirigées par des hommes. Quandleur composition est mixte, elles sont souvent dominées par des membres desexe masculin <strong>et</strong> des directeurs. Par exemple, 75 pour cent des membres descoopératives agricoles au Kenya sont des hommes. Comme l’explique Wanyama,cela est directement lié au fait que traditionnellement, les ressources agricoles(terres, bétail, équipement...) appartiennent aux hommes. Dans d’autres secteurscomme celui des COOPEC ou des coopératives de consommateurs, la position <strong>et</strong>5Ajusté pour les dépenses économiques <strong>et</strong> agricoles.LA RENAISSANCE DES COOPÉRATIVES AFRICAINES AU 21E SIÈCLE : LEÇONS DU TERRAIN61

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