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L'Afrique solidaire et entrepreneuriale La renaissance du ...

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Composition des coopératives africaines: Où sont lespauvres <strong>et</strong> les femmes?<strong>La</strong> documentation disponible sur les coopératives africaines est très peu fournie <strong>et</strong>très souvent spécieuse. Concernant la composition de ces structures, elle avancegénéralement deux hypothèses. <strong>La</strong> première suggère que le profil des membresreflète la stratification sociale rencontrée en dehors des coopératives, <strong>et</strong> dès lorsleur potentiel à modifier les relations sociales dans la société est limité. Les pluspauvres ne pourraient pas accéder aux coopératives. Ils pourraient même en êtreexclus. L’autre hypothèse, qui prolonge la première, est que la participation desfemmes est faible <strong>et</strong> sert essentiellement à légitimer <strong>et</strong> perpétuer les inégalités.Nos conclusions nuancent ce point de vue schématique. <strong>La</strong> plupart des étudespar pays indiquent que les coopératives opèrent surtout dans les zones rurales <strong>et</strong>urbaines où la pauvr<strong>et</strong>é prévaut. A l’échelle <strong>du</strong> secteur, nous pouvons conclureque les p<strong>et</strong>its agriculteurs pauvres constituent l’essentiel des membres. Beaucoupd’études par pays rapportent aussi l’existence de coopératives de pauvres, crééespour perm<strong>et</strong>tre à leurs membres de faire <strong>du</strong> négoce informel <strong>et</strong> de s’entraider enpériode de crise ou en cas de besoin de crédit. Nombre de ces coopératives ne sontpas enregistrées ni reconnues par les autorités. Beaucoup sont créées aux fins delobbying par des pauvres qui connaissent la préférence des bailleurs de fonds ou desgouvernements pour les organisations de type coopérative. Comme le suggèrentles travaux sur le capital social (Narayan & Pritch<strong>et</strong>t, 1999 ; Maluccio, Haddad <strong>et</strong>May, 2000), les pauvres qui rejoignent ces groupes coopératifs peuvent s’attendreà y gagner beaucoup. Ces coopératives peuvent contribuer à ré<strong>du</strong>ire les risques <strong>et</strong>la vulnérabilité au travers de pratiques d’entraide (souvent informelles <strong>et</strong> ad hoc) oud’autres échanges bénéfiques pour toutes les parties concernées. Mais pour diversesraisons, la plupart sont incapables d’apporter plus qu’une aide de subsistance à leursmembres <strong>et</strong> ne se développent pas. L’homogénéité des membres est à c<strong>et</strong> égar<strong>du</strong>n frein structurel majeur car elle limite la formation de capital. Les mécanismes desolidarité appliqués sont distributifs plutôt que redistributifs. Les relations sociales<strong>et</strong>, partant, le capital social sont restreints. Beaucoup de ces structures présententde sérieux déficits organisationnels <strong>et</strong> d’aptitude à diriger. Quelques cas mentionnésdans nos études par pays vont à l’encontre de c<strong>et</strong>te vision pessimiste. Toutefois,nous supposons que le relatif succès de certaines coopératives Jua Kali au Kenya,de la coopérative de cireurs de chaussures en Ouganda <strong>et</strong> des coopératives de laJeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) au Rwanda tient au fait que certains, parmiles moins pauvres, adhèrent à ces coopératives <strong>et</strong> y investissent. Il peut s’agird’agriculteurs ou de négociants relativement aisés qui rejoignent les coopérativespour bénéficier directement d’avantages matériels ou jouir d’un certain pouvoir, ouencore de personnes qui ne sont pas des bénéficiaires potentiels (bailleurs de fonds,60 L’AFRIQUE SOLIDAIRE ET ENTREPRENEURIALE

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