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Le dernier bulletin communal, de janvier 2012 - Bienvenue à ...

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J’aimais bien les chevaux, il n’y avait pas <strong>de</strong> tracteurs. Mon père achetait <strong>de</strong>s poulains. On leur coupait laqueue, ça se faisait <strong>à</strong> l’époque, et on les dressait au travail. J'ai d'ailleurs travaillé avec les chevaux jusqu'<strong>à</strong>l'âge <strong>de</strong> 20 ans.C’était une vie simple, on faisait <strong>de</strong> l’élevage, du blé, et <strong>de</strong> la betterave fourragère. Mon père a eu sonpremier tracteur en 1958. <strong>Le</strong> tracteur et tout le matériel <strong>de</strong>rrière coutait 800.000 anciens francs (un peu plus<strong>de</strong> 1200 €).Chez mes parents, il y avait 18 ha puis 23 ou 24 hectares. A l’époque une famille pouvait vivre avec unevingtaine d’hectares et même se constituer un revenu pour la retraite.J’ai fait du théâtre, au patronage avec l’abbé <strong>Le</strong>febvre puis avec l’amicale <strong>de</strong>s anciens élèves.En <strong>janvier</strong> 1958, je suis parti pour la guerre d’Algérie, j’avais 20 ans et 2 mois. J’y suis resté 28 mois,avec une seule permission pendant tout ce temps l<strong>à</strong>. J’étais dans les montagnes <strong>de</strong> l’Atlas.Q : Et la rencontre avec votre épouse ? Vous êtes aussi <strong>de</strong> Beuzeville, Mme Durand ?J.D. : Non, je suis née <strong>à</strong> Mirville mais je suis allée <strong>à</strong> l’école <strong>à</strong> Beuzeville et après le certificat d’étu<strong>de</strong>s, laquestion <strong>de</strong> mes préférences ne s’est pas posée, ça a été le travail <strong>de</strong> la ferme.D.D. : Avec Jeanine, ça s’est fait naturellement aussi, comme pour le métier. On s’est mariés en 1961,j’avais 24 ans. Ca fait 50 ans !Au début, ça n’était pas l’Amérique, comme ont dit. On mangeait <strong>à</strong> notre faim mais c’était une viesimple. J’ai eu mon premier salaire quand on s’est mariés : 10 francs par jour, non nourri. On avait aussi unepetite exploitation <strong>à</strong> nous <strong>de</strong> 3ha 50 et 3 ou 4 vaches. Jeanine s’en occupait.Puis on a repris la ferme <strong>de</strong>s parents quand j’ai eu 25 ans.Q : Et vos enfants sont venus au mon<strong>de</strong>…D.D : Oui, Patrice est né en 1963 et Corinne en 1965. Ils nous ont donné 5 petits enfants, c’est notrebonheur <strong>de</strong> tous les jours…Q : Vous avez fait <strong>de</strong> l’agriculture biologique dès le début ?D.D. : Pas du tout, au début, on n’y pensait même pas. Puis je suis revenu mala<strong>de</strong> <strong>de</strong> la guerre d’Algérie,<strong>de</strong>s problèmes digestifs qui m’ont gêné pendant <strong>de</strong>s années. <strong>Le</strong>s traitements médicaux n'y faisaient rien etlorsque j'ai commencé <strong>à</strong> consommer <strong>de</strong>s produits bio, mes problèmes <strong>de</strong> santé se sont arrangés. Je n'ai pasvu un mé<strong>de</strong>cin pendant 30 ans ! Il m'a semblé logique, alors, <strong>de</strong> me lancer dans la culture biologiqueDans le mon<strong>de</strong> agricole alors, où l’agriculture industrielle était le modèle unique, il n’y avait pas grandmon<strong>de</strong> pour s’intéresser <strong>à</strong> l’agriculture biologique. Mais j’ai quand même connu <strong>de</strong>ux ou trois personnes,dont un ancien ingénieur dans les engrais, dont l’amitié m’a été précieuse.Ca n’a pas été facile, il faut trois ans pour passer <strong>de</strong> la culture ordinaire <strong>à</strong> la culture biologique pourpermettre l'assainissement <strong>de</strong>s terres et nous ne recevions aucune ai<strong>de</strong>. En bio, on vend nos produits un peuplus cher mais c’est plus cher aussi <strong>à</strong> produire et la production est moindre et le travail plus important. Alorspendant trois ans, le temps que les sols permettent la culture biologique, on produit moins et plus cher maison vend au même prix que l’agriculture ordinaire. C’est difficile au début.Ce qui a été difficile aussi, c’est <strong>de</strong> ne pas avoir été soutenus, ni même compris, par la profession. On aété considérés pendant longtemps comme <strong>de</strong>s marginaux. C’était après 68, les gens <strong>de</strong>vaient nous trouverl’air un peu « peace and love »… Par exemple on a eu beaucoup <strong>de</strong> soucis avec les chardons. On avait arrêté<strong>de</strong> traiter la terre alors on avait <strong>de</strong>s chardons ! Et notre ferme étant près <strong>de</strong> la route, tout le mon<strong>de</strong> voyait leschardons. Et on jugeait sévèrement ces marginaux qui n’étaient même pas capables <strong>de</strong> tenir leur fermepropre ! On a résolu ça en plantant <strong>de</strong> la luzerne…Q : Maintenant, n’êtes vous pas plutôt considérés comme <strong>de</strong>s sages que <strong>de</strong>s marginaux ?D.D. : Il y a une chose que je tiens <strong>à</strong> dire : quand on était jeune, au catéchisme, on nous disait qu’il fallaitrespecter son prochain. Pour nous, la culture biologique c’est penser <strong>à</strong> son prochain, <strong>à</strong> ceux qui viendrontaprès nous, <strong>à</strong> l’Homme tout simplement. C’est notre manière <strong>de</strong> concevoir la vie. On applique la maxime« la terre ne nous appartient pas, nous l’empruntons <strong>à</strong> nos enfants ».42

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