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FSC n°325 - SNUipp

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( )(fenêtresf e n ê t r e s)sur. coursFormation :enseigneravec «m a s t e r ì a»19 mars,Grève à l’écoleCarte scolaire :les dotationsSNUi p pFédération Syndicale Unitairewww.snuipp.fr


( )(fenêtresf e n ê t r e s)sur. coursActu5Dossier14Métier2027N ° 325 — 9 mars 200919 MARSJournée de grève interpro f e s s i o n n e l l eS E I N E - E T- M A R N EUne carte scolaire difficileA N T I L L E S«Nou ka signé, nou ka gagné»E N S E I G N E R « AVEC MASTERÌA »!N o t re dossier sur la réformede la formationB O N D YDes projet d’éducationau non-racismeRéflexionsQ U E L H Ô P I TA Lpour demain?CLAUDE LELIÈVREHistorien de l’éducationE d i tDevant les mobilisations dansles universités, le ministèrede l'enseignement supérieura annoncé l'annulation dessuppressions de postes pour l'anprochain. Qu'attend Xavier Darcospour en faire autant pour les écoles ?Le blocage reste également entiersur la réforme de la formation desenseignants. Les actions dans lesdépartements pour protester contredes opérations de carte scolaireparticulièrement sévères cette annéeont montré la détermination desenseignants des écoles. A la veilled'une nouvelle journée de grèveinterprofessionnelle, rappelonsl'importance de la réussite del'action pour obliger legouvernement à changer depolitique tant au niveau éducatifqu'en matière d'emploi, de santé, desalaires, de retraites.... Les discourssur l'immobilisme des enseignantscomme sur l'inutilité desmobilisations ne passent plus :l'opinion publique soutientl a rgement les enseignants quidéfendent une école ambitieuse pourtous les élèves. Ensemble, unis,nous ferons avancer nos valeurspour la réussite de nos élèves !Marianne Baby


AffichagesL O C A T I O N SL CORSE DU SUD MER MAISON 5/10PERS DE 510 A 1040 E QUINZTèl. : 06 15 97 59 22TOSCANE mais 4/6 P"http://www.campogialli.itST MALO ACCES DIRECT PLAGE T3 ENREZ DE CHAUSSEE 60 M2 COUCHAGE5P SEMAINE 450 EUROS WE 250 E TBVUE MER - Tèl. : 06 07 79 18 37L A PLAGNE 4P Tt Cft - Tèl. : 04 78 06 03 76Toscane et Venise part loue appts 2 à 6 perstt conft - Tèl. : 04 73 33 55 95PERIGORD MAISON T T C O N F O RT 5PERS CALME AVRIL-OCTTèl. : 05 53 07 12 4683 T2 2/4p 5mn MER ETE -Tèl. : 06 70 04 54 16L AVANDOU LOUE T3 tt CONF.Tèl. : 06 24 55 55 2533 BAZAS Sd GIRONDE Loue T2 dès mijuinà partir 200E/sem - Tèl. : 06 72 12 57 69CORSE F2 +2MAIS 6 COUCH CFT TELTV MAI A OCT 380 A 500 E/SEM POSSAU MOIS HR SAIS PROX ILE ROUSSETèl. : 04 95 62 73 88HAUTE CORSE 6km mer CHALET 2-3pers 280 à 350E/sem - Tél. : 04 95 33 06 58S TAGE PEINTURE PAYSAGE GERSGITE RURAL 29/06-4/07Tèl. : 01 43 28 53 27VAL-THORENS STUD 4 PT 300/SEMTèl. : 04 93 31 13 85MAROC A P P BD MER 300E/SEMTèl. : 09 64 10 26 7130 SUD CEVENNES"http://monsite.orange.fr/gite.amourierE S PAGNE COSTA B L A N C A V I L L A5PERS 500E/SEM JUIL/AOUTTèl. : 04 42 80 28 50IRAN OUZBEKISTAN MEXIQUE CUBA35 CIRCUITS ORGA EN ASSOTèl. : 05 56 85 62 70"mailto:chicokids@gmail.comLARMOR-PLAGE-56-LOUE MAIS 5/6PER 18-7/8-8-09 360E/SEM GRDCONFORT - Tèl. : 06 45 80 64 94NOIRMOUTIER JUIL 6/7 PTèl. : 02 31 83 56 30ST MALO F3 DS MAISON 390E/SEMTèl. : 02 99 81 04 86VENISE et TOSCANE part loue appts ttconft 2 à 6 pers - Tèl. : 04 73 33 55 9540 près DAX coll. Loue été appt ds gde maisjardin 250e/s - Tèl. : 01 39 52 98 05( f e n ê t r e s s u r c o u r s )Hebdomadaire du Syndicat National Unitairedes instituteurs, professeurs des écoles et PEGC128 Bd Blanqui — 75013 ParisTél : 01.44.08.69.30e-mail fsc@snuipp.fr• Directeur de la publication: Sébastien Sihr• R é d a c t i o n : Marianne Baby, RenaudBousquet, Lydie Buguet, StéphanieDe Sousa,Michèle Frémont, Daniel Labaquère, PierreMagnetto, Arnaud Malaisé, Gilles Moindrot,Jacques Mucchielli, Sébastien Sihr• Impression SIEP — Bois-le-Roi• Régie publicité: M I S T R A L M E D I A,365 rue Vaugirard 75015 PA R I ST é l : 01.40.02.99.00• Prix du numéro : 1 euro — A b o n n e m e n t23 euros • ISSN 1241 — 0497• CPPA P 0410 S 07284• Adhérent du Syndicat de la Presse SocialeGUADELOUPE MAISON PR MERTèl. : 06 83 01 02 4684-PROVENCE-CIGALES loc.mas.calmeJuil - Tèl. : 04 32 80 94 72Petites annonces Petites annonces85 NOIRMOUTIER MAISON JARD 6PERS 620e/SEM JUIL/AOUTTèl. : 02 51 39 42 56CARNAC ap. 4pers 400e /sem 5 mn plagescommerces Mars à Juin + SeptTèl. : 02 97 76 42 3829 MER ST 2 P 239-289E/SEMTèl. : 02 98 48 99 22TARIFS 2008 P o u r une ligne de 35 caractères (blancs inclus) — Ta r i fsyndiqué/abonné 14 euros TTC — Tarif non syndiqué 23,5 euros TTC E npavé encadré sans fond couleur — Tarif syndiqué/abonné 20 euros TTC —Tarif non syndiqué 30 euros TTC la ligne de 35 caractères En pavé encadréavec fond couleur — Tarif syndiqué/abonné 24 euros TTC Tarif non syndiqué36 euros TTC la ligne de 35 caractères Renvoyer au <strong>SNUipp</strong> — 128, BdBlanqui — 75013 Paris


Actu11 mars : la FSUm a n i f e s t eLa FSU « appelle l’ensemble des personnels del’éducation à faire du 11mars une journée demanifestations partout en France pour imposerune autre politique éducative, avec un serv i c epublic de l’éducation qui assure la réussite det o u s ». Une journée destinée à préparer la mobilisationinterprofessionnelle du 19 mars.19 marsTous les syndicats appellent à la mobilisation le1 9mars. L’occasion de porter d’autres propositionspour la relance de l’économie et du système éducatif.La journée de mobilisation interprofessionnelleaura bien lieu. Les huit syndicats (1) età leur suite, les fédérations de l’éducationont confirmé que le jeudi 19 mars « donneralieu à des grèves et des manifestations danstout le pays ».Pour les syndicats unis, le sommet social du18février n’a conduit qu’à « une légère in -flexion sociale » au plan de relance gouvernemental.Les nombreux manifestants du 29janvier dont 200 000 enseignants en grèven’ont pas été entendus. « Les mesures sonttrop parcellaires pour modifier le cap éco -nomique », ont jugé les syndicats. Pas d’augmentationdu Smic, pas de retour sur la défiscalisationdes heures supplémentaires etpas de changement de politique dans laFonction publique où 30 000 suppressionsde postes sont prévues pour 2009.La ligne politique et économique reste donc lamême. Peu importe la situation exceptionnellede crise, les 90 200 chômeurs supplémentairespour le seul mois de janvier, la multiplicationdu chômage partiel qui touche une fois de plusles plus fragiles. On note même une vraie cohérencedans l’absence de mesures en faveurde l’emploi public ou des salaires, vecteurspossibles pour une autre relance économiqueet sociale. «E m b a u c h e r, c’est une mauvaiser é p o n s e » a clamé Eric Woerth, ministre duBudget. Il n’a rien voulu savoir sur une immédiaterevalorisation du point d’indice demandépar les fédérations de la Fonction publique.Sans complexe, le ministre a fait dans la prophétie.« Le pouvoir d’achat des fonction -n a i res va augmenter cette année puisque l’in -flation va être beaucoup plus faible » .Ces orientations de « j u s t i c e » comme l’ont répétéles membres du gouvernement à traversles médias depuis le 18 février n’ont pasconvaincu l’opinion publique comme en témoignela nouvelle baisse de confiance du chefde l’Etat dans les sondages. Et pour cause. Aforce de laisser les plus fragiles sur le côté, lesFrançais doutent. Une récente enquête del 'I F O P indique que « 6 3 % des Français esti -ment que les suppressions de postes dansl’Education nationale affaiblissent le systèmeé d u c a t i f ». Les opérations de carte scolaire( p9) qui ont cours dans les départementsmontrent que les conditions d’apprentissagesdes élèves et d’exercice des enseignants serontdégradées à la rentrée prochaine: scolarisationà 2ans en chute libre, effectifs desclasses en hausse, moyens de remplacement àla baisse et formation continue en voie ded’extinction, suppressions de postes RASED(p 11), appauvrissement de l’école avec lasuppression des MAD…Ce souci d’économie continue de désorienterune école où le climat de tension et de défiancese propage comme le montre la diversificationdes mouvements de contestation (p 30). Ace jour, par exemple, il y a plus de 2 100 enseignantsqui refusent d’appliquer certainesmesures ministérielles comme les nouveauxprogrammes ou l’aide personnalisée. A c o u ps û r, la journée de grève du 19 mars sera l’occasiond’amplifier les mobilisations pour porterd’autres propositions pour l’école, ses personnelset tous les salariés. Une journée qui nesera pas sans suite.Sébastien Sihr1: CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Unsa et Solidaires19 mars : l’appel desorganisationss y n d i c a l e s …Unis, les 8 syndicats appellent à poursuivreles actions interprofessionnelles en faisant du19 mars « une journée de grèves et de mani -festations dans tous le pays ». Au cœur desrevendications «l’emploi public et privé, lepouvoir d’achat de tous, la lutte contre laprécarité, la protection sociale et les serv i c e sp u b l i c s » .…et de l’éducationToutes les fédérations de l’éducation se joignentà l’appel du 19 mars pour une autre politiqueéducative. Concernant le premierdegré, le <strong>SNUipp</strong> demande au ministère unautre budget qui favorise la réussite de tousles élèves: développement de la maternelle,maintien des postes de RASED et MAD*,création de postes pour faire face à la haussedes effectifs, réexamen de la réforme de laformation des enseignants, revalorisation dum é t i e r.* Mis à disposition des associations complémentaires.La carte scolairem o b i l i s eLes annonces de carte scolaire ont mobiliséune majorité de départements durant les premiersmois de 2009. Tour d’horizon non exhaustifdes diverses formes d’actions: grèvele 6 mars des enseignants de Haute-Garonne,manifestations en février dans le Loir- e t -Cher… rassemblements lors du CDEN dansla Nièvre, le Rhône… ou devant l’IA e nSeine St Denis… occupation de l’inspectionacadémique à Paris, et un peu partout denombreux rassemblements dans les écolestouchées par une fermeture.7


ActuS e i n e - e t - M a r n e ,des villeset des champs8P/E,remplacement,scolarisationdes 2 ans, laSeine-et-Marneaffiche destaux de queuede peloton desdépartementsfrançais enéducation. Lacarte scolaire2009 confirmeune dotationinsuffisantepour undépartementurbain et ruralen pleinecroissancedémographique.«J’enseigne en Seine-et-M a r n e " … Cette aff i r m a-tion recouvre des réalitésbien différentes que l’écolesoit à l’ouest ou au sud de ce départementsitué à l’extrême est de la région Ilede-France.Coincé entreles départements de l’estparisien à l’ouest, laChampagne et la Bourgogneà l’est, ce territoire aun double visage que, pourl’école, Jacqueline Cahin,secrétaire départementaledu <strong>SNUipp</strong>77 décrit ainsi:«on compte à la fois desclasses uniques et desécoles urbaines de villesn o u v e l l e s ». Départementtrès rural à l’origine, sapopulation a triplé en undemi-siècle en raison dudéveloppement de l’agglomération parisienneet de l’implantation de deux villesnouvelles Sénart et Marne-la-Vallée. Ledépartement comptait 453 438 habitantsen 1954, deux fois plus en 1982 et presque3 fois plus en 2006 avec 1 257 677 personnesrecensées.Cette démographie croissante se répercutedans les effectifs scolaires repartis à laUn projet conjointde la mairie et del’école consacreune classe à unmaximum de 20enfants de moinsde 3 ans. Maisil risque dedisparaîtrehausse depuis 2001. Mais, comme le souligneJacqueline Cahin, « les dotations enpostes n’ont pas permis de répondre auxbesoins des écoles ». La carte scolaire version2009 en a donné un nouvel exemple.A la rentrée prochaine, les Seine-et-Marnais devront secontenter de 55 postescréés pour les 1 348élèves supplémentairesattendus. Les différentescommissions, CTPD,CDEN, qui ont eu lieu enjanvier ont été l’occasionpour les membres siégeant(représentants despersonnels, du conseil général,des mairies) devoter une motion demandantau gouvernement uncollectif budgétaire pourla Seine-et-Marne. LeP/E (nombre de postes pour 100 élèves) dudépartement baisse. Il n’était que de 5,18en 2007 contre 5,33 à l’échelle nationale.Ce taux très bas oblige à une applicationdraconienne de seuils délirants (27 en élémentaire,30 en maternelle après ouverture)et se décline en terme d’effectifs dansles classes. Les statistiques ministériellesparlent d’elles-mêmes. Le département estclassé au 93e rang national avec en


ActuLe CDEN a été l’occasiond’un rassemblementdevant l’IA.«Pas de classess u r c h a r g é e s » étaitle slogan le plus présent!moyenne un nombre d’élèves de 24,47 parclasse contre 23,44 au niveau national. Unécart d’un point qui nécessiterait la créationde 246 postes pour rattraper ce retard.Aucune amélioration en vue en termes destatistiques donc, mais surtout des conditionsd’accueil toujours plus difficiles surle terrain. Exemple à l’école élémentaireJules Ferry de Melun. Cette école à 8classes située en ZEP se voit confirmerune fermeture de postes qui a été préétablieen septembre suite au comptage del’IEN. Une confirmation que ne comprendpas la directrice, Patricia Plard, car si eneffet, l’école a connu une baisse d’effectifsen 2008, 172 élèves sont attendus en septembre2009 portant la moyenne de l’écoleà 24,57 après fermeture. Certes, la barredes 25 élèves n’est pas atteinte mais danscette école cette décision est d’autant plusmal vécue qu’elle s’accompagne de la fermeturedu poste G du RASED. Il sera sédentariséailleurs alors que les enseignantsse félicitent du travail positif fait enconcertation avec ce RASED complet.« La mixité sociale est quasi inexistantedans notre école et beaucoup de nos élèvesont des difficultés », explique la directrice.Pour s’en rendre compte il suffit de regarderles évaluations CM2 que les enseignantsont choisi de faire passer sans lesdiffuser. La médiane des évaluations CM2est de 16 % en maths et de 26 % en français.«Des effectifs qui augmentent, un ré -seau incomplet, on peut s’interroger sur lasoi-disant priorité donnée aux élèves endifficultés!» s’irrite Patricia.Les discours du ministre se heurtent aussi àla réalité en ce qui concerne l’école materne l l e . « Il n’y a pas de raison de re m e t t re enquestion les conditions dans lesquelles l’ac -cueil s’effectue actuellement » a affirmé leministre parlant de la scolarisation des enfantsde 2 ans. A l’école maternelle SuzanneDemetz de Brou-sur-Chantereine, les parentset les enseignants ne demandent pasmieux. Dans cette petite ville du nord du département,les tout-petits sont scolarisés depuis30 ans. Un projet conjoint de la mairieet de l’école qui consacre une classe à unmaximum de 20 enfants de moins de 3 ans.Mais un projet qui risque bien de disparaîtrecar cette école à 5 classes voit ses eff e c t i f saugmenter et l’IA refuse d’ouvrir un postesupplémentaire. « Nous avons 126 élèvesinscrits sans compter les 2 ans. On ne pour -ra pas répartir cet effectif sur 4 classes » déplorela directrice Laurence Poinsot. Dansun quartier non classé en ZEP mais dans lequelse croisent des familles qui vivent dansdes logements sociaux dont certaines sontaccueillies dans un centre d’accueil des demandeursd’asile (CADA), le bénéfice decette première année de scolarisation est reconnupar les enseignants de l’école maisaussi par les parents. Ces derniers ont faitpartie d’une délégation reçue à l’inspectionacadémique en janvier. Une fin de non-recevoirqu’ils n’entendent pas de cette oreille.« Quand je suis arrivée dans l’école il ya 23 ans, raconte Nadine Haudry, ensei -gnante de la classe de 2 ans, on parlaitdéjà de fermer la classe. Et c’est la mo -bilisation des élus, des parents et desenseignants qui a permis de la mainte -nir jusqu’à aujourd ’ h u i . » Un pari surl ’ a v e n i r.Lydie BuguetMais où vont passer les RASED ?Sur les 261 postes E et G qui existaient sur le département, 38 seront stabilisés en« surnombre » dans une ou deux écoles et 38 autres sédentarisés dans des classes.La dotation départementale se trouve amputée de 38 postes, la portant à, seulement,17 postes supplémentaires!Les IEN étaient chargés d’identifier les postes en tenant compte de la grande difficultéscolaire et de postes vacants. L’absence de critères clairs semble pourtant avoir été larègle entraînant parfois la confusion entre postes et personnes. Un manque de transparencequi a amené le <strong>SNUipp</strong>77 à demander en urgence un groupe de travail sur laquestion. Il a obtenu que la situation des personnes-32 maîtres G et 44 E sont touchésserègle en CAPD selon des critères établis avec une priorité carte scolaire, les postessédentarisés devenant des postes fléchés.9


ActuCarte sc o l è r eSolde élèvesSolde postes* Suppressions de MADnon connuesFinistère-157-20GuadeloupeMartiniqueRéunionGuyaneReportéReporté-71+250Côtes d’Armor-5+482+10+107Morbihan-18+300-53*+2189-26*-532-139Seine-St-DenisPas de CalaisNordHauts-de-Seine-144-1602+1000 Paris +850-113-41* Val-de-Marne -11*Somme-720 -29 Aisne ArdennesVal d’Oise Seine Maritime Oise +1 -243+284-20 -16-12-380-79-150EureMarneMoselleCalvadosManche+1103 -380-6+437Bas Rhin+25 -33+60-29+15 Yvelines +1348 -31MeuseMeurtheet-Moselle-26-232+419-26-19-747OrneSeine et-71* -38 Marne-52-14+113 -402Vosges+2 Essonne-27AubeIle-et- Mayenne+17*Eure-et-LoirHaute -22 Haut+150VilaineYonneMarneRhin+23-2+200Sarthe+409+282+600 +4,5-10+89-17,5 Haute SaôneLoiret-283-36-14 +158+1-6Loire- +245Loir-et-Cher-20+213AtlantiqueIndre-et-Côte d’Or Doubs+33 -3-11-5-170+614 Maine-et-LoireLoire-107Territoire de BelfortNièvre+130-16-16CherJura-15 +5-24 +95+31Indre -16-114VendéeVienneSaône-et-Loire-16+639 -22,5-19-12+427+12+18AllierDeux--9,5+165+460-22,75 -38SèvresAin Haute-Savoie+271+319Creuse+70 -7 -11,5Charente-+212Charente -7 -13-19Puy-de-Dôme RhôneMaritime+229 -110 Haute-Vienne-28-9-17,5 Loire +880 Savoie-8,5 -29+146-45-10DordogneCantal Haute-LoireCorrèzeIsère+25-4+100 ou -200-6 +276 +228-10,5GirondeHaute--7-3-30DrômeLozèreAlpes+300 à 500-7Ardèche -9,5+2-10-21 -50 ou +50Lot-et-Lot +128-88-3+2 AlpesAlpes-de-Garonne-9GardMaritimesTarn-et +17-1Vaucluse Haute Provence-8 GaronneAveyron Entre +432 et 994-586+400 ou +600+564 Tarn-26-55+24-11-63+280 +500 -334Bouches-du-RhôneVarLandesGers Haute -2-17-52-712GaronneHérault-53,5Pyrénées-Atlantique+68 +890 Aude+150+260+240-15 -13 -12 +25Hautes--6-5,5PyrénéesAriège-6CorsePyrénées -16Orientales+90-11016400 élèves en plus, des milliers de postes en moins !Sur cette carte figurent pour chaque département la variation du nombre d'élèves attendus à la rentrée prochaine ainsi que la dotation enpostes, en tenant compte des 1500 postes Rased sédentarisés dans 1 ou 2 écoles. Certains IA refusent d'appliquer les recommandationsministérielles. Le <strong>SNUipp</strong> continue d'intervenir au ministère comme dans les départements où les cartes scolaires ne sont pas bouclées.Certains chiffres sont susceptibles d'évoluer.


ActuR A S E DCarte scolaire prioritaireLes nouvelles dispositions, annoncées parle ministère, concernant les postes Rased,se mettent en application dans les cartesscolaires départementales : diminution demoitié du nombre des suppressions parrapport à la dotation initiale et réaff e c t a-tion, tout en restant dans le cadre duRased, de l’autre moitié sur une ou deuxécoles, choisies pour l’importance des difficultésscolaires des élèves. En fait unedrôle d’équation entre maintien des 3000suppressions budgétaires et impossibilitéd’en faire supporter le poids sur les postesnécessaires aux écoles : comme l’a indiquéle ministère, elle doit être résolue pardes postes « en surnombre ». Les réponsessont très variables selon les départementset il a fallu parfois des interventions syndicalesénergiques sur la base des documentsissus du ministère : lettre, déclarationset enfin une note de service qui a étéobtenue lors de la mise en place du groupede travail ministériel sur le traitementde la difficulté scolaire. Actuellement unevingtaine d’inspections académiques serefusent encore à appliquer les directivesm i n i s t é r i e l l e s .Mais les conséquences de ces mesuressont lourdes pour tous: diminution du potentieldépartemental, cartes des Rasedbousculées, pressions sur les enseignantsspécialisés (perte de leur poste, obligationde participer au mouvement), désorganisationdes équipes, tentatives par les IEN dedissolution des missions des R a s e d, mêmesi les missions resteront clairement cellesdes maîtres E et G, respect des heures decoordination et synthèse… Un état deslieux plus précis sera fourni dans le prochain<strong>FSC</strong>.Par ailleurs un groupe de travail sur « l etraitement de la difficulté scolaire » s’estréuni à deux reprises sous l’autorité de laDGESCO, une approche qui se veut apparemmentplus large que la simple réactualisationdes circulaires de 2002… Les deuxpremières rencontres se sont concentrées,sous la pression syndicale, sur l’obtentiond’une note de cadrage nationale pour lesmesures de carte scolaire. La présence à cesdiscussions des associations professionnellesa été également demandée.Michèle FrémontMobilisationpour SamiLa mobilisation a été forte poursoutenir Sami Benméziane, enseignantdes écoles en Loire-Atlantique, lors de l’audience deson procès lundi 23 f é v r i e r.La grève départementale a étésuivie par 20 % des enseignants.Un millier de personnes étaientprésentes à la manifestation auxabords du palais de justice.Sami Benméziane est accuséd’avoir cassé un doigt à un policierlors d’une intervention brutale desforces de l’ordre contre l’occupationpacifique de l’inspection académiquede Nantes en juin.L’intersyndicale du premier degréestime que « seule la relaxe seraitdigne d’une vraie justice » et demandeà tous les enseignants du départementde ne pas rentrer dans lesclasses mardi 10 mars tant que ledélibéré du procès, prévu pour8h30 ce jour- l à ,n’est pas connu.Si la relaxe n’estpas prononcée, elleo rganiserait avec lecomité de soutiendes rassemblementsle soir même.Avenir des RasedQuestions à Gérard Toupiol, président de la FNAME*Quelles évolutions pour les Rased?A ce jour nous demandons toujours l’annulationdes suppressions et réaffectations — quiprivent les Rased de leurs postes – ainsi quedes précisions: sur les spécialisations (craintede fusion des deux options E et G), sur la pérennitédes postes réaffectés, sur l’avenir dela prévention. Ceci dit, les missions peuventé v o l u e r: aide à la scolarisation des élèveshandicapés pour les apprentissages, coordinationdes aides dans le cas d’une complémentaritébien définie avec l’aide personnali-sée, lien avec les partenaires médico-sociaux,renforcement du rôle de médiation, surtoutavec les parents, suivi des parcours scolaires(avec la disparition des CCPE, l’absence de cetravail devient problématique). Enfin on peutaussi réfléchir à la création de dispositifsRased en Collège.Qu’attendez-vous du groupe de travail?La réaffirmation de la pertinence du dispositifdes Rased, qui a fait ses preuves, le maintiendes 3 fonctions et du pilotage par l’IEN. Legroupe de travail va traiter des missions desenseignants spécialisés, de la réécriture de lacirculaire 2002-113, des formations spécialiséesainsi que des 40 000 formations à la difficultéannoncées par le ministre. Notre expérience,comme le fait que nous sommes directementconcernés, justifie que nous y participionset nous tenons à défendre des fondementsessentiels de la circulaire, à savoir laprévention et la remédiation.Propos recueillis par Michèle Frémont* Fédération nationale des associations de maitres E11


ActuDes vacatairesdans les Deux-Sèvres !Pour pallier le manque d’enseignantsdans les écoles, des départements ont recoursà une politique d’expédients surprenante.Après l’embauche de retraitésen Ile-et-Vilaine l’an dernier, le départementdes Deux-Sèvres vient d’activer lesrecours à des vacataires. Du jamais vudans le 1 e r d e g r é ! Ce recrutement de vacatairesest inadmissible pour le <strong>SNUipp</strong>alors que le recours à des enseignants titulairesvenant d’autres départements parineat ou à des candidats inscrits sur laliste complémentaire sont possibles.SMA et négociationpréalableLe SNUip s'est adressé au minstre dansle cadre de la loi sur le droit d'accueil.Le préavis de la grève du 19 mars mentionneles motifs de cette dernière, et enparticulier les dotations de carte scolaire,16400 élèves en plus pour des milliers depostes en moins, les Rased, la maternelle....Selon la loi, le ministre doit mettreen place une négociation préalable. Sedérobera-t-il à cette disposition inscritedans la loi ou se décidera-t-il enfibn à engagerde véritables discussions sur l'avenirde l'école ?M o u v e m e n tL’administration hors de contrôleChangement dans les règles d'affectation desenseignants : priorité à la communication desrésultats hors du contrôle des délégués dupersonnel.Conséquence de la note parue au BO du 6novembre (<strong>FSC</strong> 323), des modifications importantesconcernant le mouvement des personnelsse précisent dans les départements :suppression de la déclaration préalable, miseen place d'une seule phase de voeux en maiavec réajustement en juin et en août, prioritéde nomination donnée aux néotitulaires etaux situations de handicap, affectations horsbarème sur des postes « à pro f i l », utilisationexclusive du serveur SIAM pour formuler30 voeux maximum sur une école ou unsecteur géographique. La volonté clairementa ffichée et mise en oeuvre par les inspecteursd'académie est de nommer un maximumd'enseignants à titre définitif notamment«sur les postes les moins attractifs» ouceux non demandés. Les groupes de travailqui se tiennent encore actuellement dans lesdépartements montrent que ces priorités nationalesvont se décliner diversement dansles barèmes départementaux : 50 pointspour mesure de carte scolaire pour laDrôme, 500 points pour l'Hérault, 5 pointspour les T1 dans le Calvados, rien dansl’Orne, bonifications pour enfants ou rapprochementde conjoints dans l'académie deDijon, nomination hors-barème pour les directeursde plus de 10 classes dans le Pasde-Calais,...En Isère, un appel à candidaturepour un poste de direction dont la missionserait «de rétablir la loyauté institutionnel -l e » dans une école à «l ' a p p roche militante »a même été lancé avant d'être modifié parl ' a d m i n i s t r a t i o n .A l'évidence, le ministère veut prendre seulla main sur les affectations et souhaite mêmese passer du contrôle des syndicats. Les servicesdépartementaux ont tous mis en placedes cellules d'information pour communiquerparfois avant la CAPD les résultats desmutations. Opération de séduction qui viseen fait à distendre les liens établis lors dumouvement entre les enseignants et leurs déléguésdu personnel. Face à l'administration,ceux du <strong>SNUipp</strong> vont continuer d'agir pourgarantir transparence et équité. Ils restentau service des enseignants pour les écouter,les accompagner et les guider dans leur projetde voeux.Sébastien Sihr12A s s o c i a t i o n s: leretour des créditsLes associations complémentaires del’école recevront en 2009 un montant desubventions identique à celui de 2007. Leministère a garanti les exercices 2009 et2010 à hauteur de 20 millions d’euros.Pour autant il se réserve le droit de diminuerjusqu’à 25 % les subventions. Pourrappel, fin 2008, huit associations avaientprotesté contre des coupes budgétairesconnues en octobre. Reste un litige, lasuppression des 500 postes qui se réalisedans les départements.HandicapEcole et services médico-sociauxDepuis le vote de la loi sur le handicap en 2005, les ministères de l’éducation nationale etdes solidarités s’employaient à établir le cadre institutionnel d’une coopération entre les professionnelsdes secteurs scolaire et médico-social dans le cadre des parcours de scolarisationdes jeunes en situation de handicap. Après de nombreux rebondissements, au niveau des instancesdu handicap, le projet de décret a reçu l’aval du Conseil supérieur de l’éducation e njanvier dernier, notamment sur la base d’un champ d’application incluant les activités périscolaires,ou encore avec l’engagement sur la réécriture des « annexes 24 » (qui définissentles missions des IME, ITEP, Sessad…) A ce décret va s’ajouter l’arrêté relatif à la créationdes « unités d’enseignement » dans les services et établissements sanitaires et médico-sociaux: conventions avec l’inspection académique, mises à disposition d’enseignants, déch a rges, formations, autant de dossiers qui vont solliciter une grande attention syndicale.


A n t i l l e s« Nou ka signé,nou ka gagné »Après six semaines de grève, les salariés deGuadeloupe ont obtenu satisfaction surl’essentiel de leurs revendications contre lavie chère, et notamment 200 euros mensuelspour les bas salaires.Après six semainesde grèveen Guadeloupeles accords tripartitesentre les autoritéspubliques,les syndicats patronauxet les syndicatsde salariésont enfin été signéspar l’ensembledes partenairessociaux. Ilsportent sur les modalités de la principalerevendication du mouvement lancé par leL K P, une augmentation des bas salairesde 200 euros et diverses mesures pourbaisser les prix des produits de grandeconsommation et de certains services.C’est dans la joie que les Guadeloupéensont appelé à la reprise du travail en chantant« Nou ka signé, nou ka gagné ».Cette augmentation serait limitée aux salairesreprésentant 1,4 fois le SMIC. Le LKPappelle à rester mobilisés notamment pourune négociation des salaires supérieurs. Cequi intéresse les enseignants des Antilles quireçoivent déjà une majoration de 40 % parrapport au salaire de métropole, et ne sontdonc pas concernés par l’accord obtenu.L’accord prévoit que l’Etat apporte100euros et a inventé pour ce faire le« Revenu supplémentaire temporaire d’acti -v i t é » (RSTA). Comme son nom l’indique,cet apport est limité dans le temps à trois annéeset sera donc ensuite renégocié. Les entreprisesmettent de leur côté entre 30 et 100euros, selon leur taille, et selon leur possibilité,dit l’accord.En Martinique, après quatre semaines, unaccord semblable était sur le point d’êtres i g n é . Les conseilsgénéral et régionalde Martinique ontd’ores et déjà prévenuqu’ils ne combleraientle manquedes entreprises qu’àhauteur de 30 eurosen moyenne et uniquementpour aiderles petites entrepr i s e s .Par ailleurs un mouvementsemblable se dessine en Guyane avecun appel à lagrève pour le 10 mars.En Guadeloupe, le recteur d’académie a misen place un groupe de travail pour étudier lapossibilité de rattrapage des cours qui se feraitpar diminution des vacances habituellesd’avril et mai.Le <strong>SNUipp</strong> de Guadeloupe a expliqué salutte « pour des mesures visant à garantirune école de qualité aux enfants de laG u a d e l o u p e » . Ce qui se traduit notammentpar une « utilisation de la liste complémen -t a i re pour permettre auxZILs et brigadesd ' a s s u rer les remplacements de court edurée, pour favoriser la mise en ouvre desstages de formation continue», par un « b i l a ncomplet de l'aide personnalisée dans les cir -conscriptions pour envisager un dispositifd é p a rtemetal plus lisible et concret dès larentrée scolaire 2009» et par la « r é g u l a r i -sation de la situation des collègues en CLMet CLD, avec une réactivation du comité mé -dical,il faut garantir une dimension humai -ne à la gestion administrative des nombre u xd o s s i e r s ». Les enseignants de Guadeloupesoutenus par le <strong>SNUipp</strong> ont obtenu le recrutementde 19 listes complémentaires.Jacques MucchielliActuLes évaluationsCM2 toujours dansla confusionPrès de deux mois après la passation desévaluations CM2, la consigne unitaire appelantau tri sélectif des exercices sembleproduire ses effets. Un peu partout, leséquipes ont mis en place des régulationspour empêcher toute mise en concurrencedes écoles : non-passation des items nonvus, non remontée ou remontée partielledes résultats par des fiches de saisie misesà disposition des enseignants, communicationorale auprès des familles. Alors que,début février, selon l’IA de Haute-Garonne, le ministère ne totalisait que2 2 7 000 remontées sur les 518 000 classesayant un CM2 (soit moins de 44 %), aujourd’huiaucun bilan départemental et nationaln’a été communiqué. La collectesemble donc difficile. Des IA ont mêmeretardé la date butoir de retour des résultatscomme dans le Pas-de-Calais, laVienne, la Seine-St-Denis… La Haute-Garonne ne comptabilisant que 50 % deretour en est à son deuxième report, lesHauts-de-Seine au troisième. Dansd’autres départements, l’administration affichedes hauteurs de retour très variablesavec des saisies incomplètes en fonctiondes items passés : 65 % en Haute-Corse,7 6 % pour les Vosges, 90 % pour le territoirede Belfort, 78 % pour l’académie deDijon. L’ I A du Cher reconnaît même dansune note envoyée aux écoles, que ces tauxne permettent pas d’exploiter ces évaluationssommatives. Autre signe de la confusionambiante, à ce jour, le fichier de saisiedes résultats fourni par le ministère n’apas encore été validé par la CNIL. 33 des3 6 conseillers pédagogiques de la Loireont même écrit à leur IA pour soutenir leséquipes mettant en œuvre ces consignes etrefusent de s’impliquer dans l’exploitationpédagogique des résultats. Au final, cebilan illustre à lui seul le malaise que cedispositif mal calibré a fait naître. Une défiancede plus, alors que les enseignantssont davantage en recherche d’outilsd’évaluations et de pistes au service demeilleurs apprentissages.Le ministère serait bien avisé de s’en souveniralors que les évaluations CE1 se profilentpour mai.Sébastien Sihr13


DossierF o r m a t i o nEnseigner avec « m a s t e r ì a»!14La réforme de laformation pourraitêtre une opportunitépour améliorerle niveau desconnaissancesthéoriques et pratiquesdes futurs enseignants.Mais elle se fait dansla précipitation,le <strong>SNUipp</strong> demandeson reportet l’ouverturede négociations.Dossier réalisé parMichèle FrémontDaniel LabaquèrePierre MagnettoSébastien SihrLe conflit des universités entre dans sasixième semaine. Parti de la réforme dustatut des enseignants chercheurs, il interrogeaujourd’hui la quasi-totalité des réformesdu système d’éducation envisagées parle gouvernement, dont celle de la formationdes enseignants qui a poussé nombre d’entreeux à se joindre aux cortèges des manifestantsqui demandent au moins le report et surtoutl’ouverture de négociations. Le ministère proposede hausser le recrutement au niveau dumaster au lieu de la licence aujourd’hui. Encela, il suit les préconisations de l’Union européennequi, avec la stratégie de Lisbonne sur lasociété de la connaissance en 2000, prône uneharmonisation de l’enseignement supérieur enEurope avec le système de gradation dit LMDpour licence-master-doctorat et, la reconnaissancedu niveau master pour les enseignants.Niveler par le haut le niveau de formation desenseignants du premier degré en voilà uneriche idée! Elle s’inscrit dans un continuum del’évolution du niveau de recrutement passé duBac pour l’école normale au milieu du XXesiècle, au DEUG au début des années 80, pouraboutir au recrutement au niveau licence et à lacréation des IUFM en 1990.« Il y avait convergence entreles directives euro p é e n n e sd’un re c rutement à Bac+3,les positions syndicales, lesthéoriciens de l’éducation»note Henri Peyronie, professeuren sciences de l’éducation(lire p 19). Le moins quel’on puisse dire, c’est« Il faudrait changerde logique avec desmasters qui soientguidés par despréoccupations quipartent du cœur dum é t i e r »qu’avec la « m a s t e r i s a t i o n » telle qu’elle estréalisée par le gouvernement on est bien loindu consensus.Pourtant il est plus que certain que le besoin deformation des enseignants est de plus en plusgrand. Evolution des savoirs et des connaissancesacquis lors de la formation initiale, diversificationet augmentation en nombre desenseignements à prodiguer, apports de la recherche,appellent à la fois à une formation initialeaccrue et à une formation continue tout aulong de la carrière professionnelle. La haussedu niveau de recrutement pourrait être l’occasiond’acquérir davantage d’expérience lors destages en responsabilité ou de bénéficier d’unaccompagnement plus assidu lors de l’entréedans le métier. Un diplôme au niveau master,c’est enfin une revalorisation de la profession,une reconnaissance à sa juste valeur de l’acted ’ e n s e i g n e m e n t .Dans ces conditions, il n’y a rien d’étonnant àce que les enseignants puissent attendre decette réforme des avancées en termes de professionnalisationde leurs futurs collègues.Plusieurs pays en Europe sont passés au niveaumaster (lire p 16). Cela n’a pas été laréussite partout, mais enFinlande le système est en œuvredepuis 1984 et, on connaît les résultatsde ce pays aux évaluationsPISA. Le cas finlandais auraitpu inspirer le ministre del’éducation nationale XavierDarcos, mais pour lui c’est duF i n n o i s !« Il faudrait changer de logique


avec des masters qui soient guidés par despréoccupations qui partent du cœur du mé -t i e r, à savoir la formation des pro f e s s i o n n e l scapables de faire face aux situations éduca -tives les plus complexes », estime PatrickRayou, professeur à l’université Paris V I I I(lire p 18). Or, la masterisation proposée parle ministère a tout d’un cosmétique, elle enreste à la surface des choses sans se poser enprofondeur les questions de professionnalitélaquelle se construit aussi sur un corpusthéorique (didactique, épistémologique, pédagogique)qui est ignoré.Universités qui refusent de rendre les maquettes,conférences des directeurs d’IUFMet des présidents d’université, syndicats, t o u ssont très critiques et demandent au moins lereport de la réforme et l’ouverture de négociations,afin d’en faire une réelle chancepour l’école. Car le problème, c’est bien sûrle contenu de la formation proposée. Quelsera-t-il vraiment, on ne le sait pas précisément,mais la question de la professionnalitésemble bien subsidiaire (lire p 16 et 17). Lesépreuves du concours seraient limitées auxdisciplines dites « f o n d a m e n t a l e s », avec lanécessité d’être titulaire d’un brevet de natationet de secourisme, du C2i et d’une attestationde langue vivante de niveau C1. Uneépreuve qui ignore donc l’histoire, la géographie,l’enseignement artistique, l’EPS, la pédagogie…des petits riens, quoi!Pour celles et ceux qui réussiront leconcours, la réforme a prévu le passage directdevant une classe alors que jusqu’ici ilsbénéficient d’une année de formation avantleur entrée en fonction. Or, l’obtention den’importe quel master peut suffire à se présenterau concours. Et même si les universitésde qui dépendra directement la formationpourront mettre en place des masters professionnelsdédiés à la formation des futurs enseignants,la relation entre acquisitions théoriqueset pratiques est une dimension complètementsous-estimée. La formation doitelle être « à la fois universitaire et pro f e s -sionnelle comme elle se pratique pour les fu -turs ingénieurs, juristes, médecins? » oudoit-elle « se réduire à la discipline à ensei -gner et aux apprentissages sur le tas », interrogentles directeurs d’IUFM. La réponserisque fort de renforcer le manque de formationprofessionnelle.Formation à vieA force de saucissonner les réformes – intégration des IUFM à l’université, mastérisation,nouveaux concours – , des aspects essentiels d’une formation tout au long de lavie sont passés sous silence. Il faut dire que la situation de la formation continue – quienglobe les formations d’adaptation à l’emploi, celles de spécialisation ASH – n’acessé de se dégrader : les bilans pour 2005-2006 accusaient, entre autres, encore unebaisse de 6 % du nombre de journée stagiaires. Pourtant la profession d’enseignant est« dûment qualifiée » et « e x e rcée par des apprenants tout au long de la vie » selon unrapport de la commission européenne en 2007 et « la méthode idéale consisterait ài n s t a u rer un processus ininterrompu de formation des enseignants qui engloberait laformation initiale, une période d’intégration dans la profession et un perfectionnementp rofessionnel mené tout au long de la carr i è re … »15


DossierQuelle f16L’exemple FinlandaisEst-ce une des clés de sa réussite, mais la Finlande soigne la formation professionnellede ses enseignants. Depuis 1970, celle des professeurs des écolesest placée sous la responsabilité des universités, débouchant sur un niveaumaster depuis 1984. Ainsi, le système rapproche autant que possible la théorieet la pratique où chaque « faculté de formation » de l’université est reliéeà une école. Tout au long des 5 années d’études (licence puis master) à orientationpédagogique, les futurs enseignants consacrent 50 % de leur temps auxquestions professionnelles. En stage encadré par des formateurs qui sont desenseignants des écoles, ils développent leur propre pratique et ont de nombreuxtemps pour identifier et analyser les problèmes auxquels ils se confronterontdans leurs tâches futures. Ils sont également mis en situation de coopérationavec d’autres enseignants, les parents et partenaires de l’école. A partirde là, à l’université, ils intègrent une démarche de recherche pour s’approprierles données se rapportant à leurs questionnements de classe. Ils actualisentleurs connaissances, les méthodes les plus pointues. Ce va-et-vientconstant crée des occasions d’apprendre l’interaction pédagogique,d’apprendre comment développer ses propres savoir faire, commentplanifier, conduire la classe, évaluer…Les enseignants témoignent qu’ils poursuivent ces démarches bien au-delà dela formation, familiarisés à être des « enseignants-chercheurs du quotidien ».Il faut dire que les conditions d’exercice s’y prêtent : écoles agréables et bienéquipées, dispositifs de prévention, sentiment de reconnaissance et deconfiance, rémunération appropriée. De plus, chaque université possède uncentre de formation continuée, et chaque province une université d’été où sebousculent les enseignants au cours de leur carrière.En développement professionnel tout au long de sa vie.Et ailleurs en Europe?Dans la majorité des pays européens, la formation initiale des enseignants duprimaire est organisée au niveau universitaire mais dispensée dans des structuresd i ff é r e n t e s : universités comme pour la Finlande, établissements d’enseignement supé r i e u r, école professionnelle universitaire comme en France avec les IUFM. Pourtous, les programmes de formation des enseignants, études comprises, durent entre3 et 5 ans. La grande majorité suit un modèle simultané où théorie et pratique professionnellesont combinées tout au long des années d’études et de formation. LaFrance est un des seuls pays à développer un modèle consécutif où la formation pédagogiqueconstitue la phase finale qualifiant l’emploi après le concours (année dePE2). De fait, du bac à la première prise de poste, la part réservée à la formationprofessionnelle n’est que 13 % pour les enseignants français. Elle est 30 % enItalie, 40 en Angleterre, 50 en Finlande, ou Hongrie, et même 60 % en Belgique.Aujourd’hui, seuls 6 pays de l’UE recrutent au niveau master: Estonie, Finlande,Allemagne, Pologne, Portugal, Slovénie.Calendrier précipité,concertation à la vavite: un climat detension pour un sujetc o m p l e x e . . .C’est durant ce mois de mars que l’on saura cequ’il adviendra de la formation des enseignantsà la rentrée prochaine. Malgré les reportssuccessifs (décembre, février, fin mars)les universités semblent bien décidées à ne pasfaire remonter les maquettes des futurs mastersd’enseignement. La conférence des directeursd’IUFM, la conférence des présidentsd’universités, les syndicats, tous critiquent lecalendrier précipité et demandent au moins lereport de la réforme de la formation et l’ouverturede négociations.Cette réforme concerne à la fois le concours etle contenu de la formation. Le concours sepassera désormais en cours d’année de master2, l’admissibilité en fin de 1er semestre, l’admissionen fin de 2e semestre, ce qui signifieune élévation du niveau de recrutement à bac+ 5. Tous les masters donneront droit à s’inscrireau concours. Le ministère a commencépar définir le contenu des concours, à charg epour les universités de proposer des cursuspermettant de les préparer. Les concours comporteront4 épreuves. Pour les épreuves d’admissibilité,une épreuve écrite de français etculture humaniste, une autre de mathématiques,culture scientifique et technologique.Pour les épreuves d’admission, une épreuveorale prenant la forme d’un exercice pédagogique(exposé puis entretien), une autre épreuvesous forme d’entretien (étude de cas) portantsur le fonctionnement du système éducatif.Quatre attestations sont nécessaires pourpouvoir s’inscrire au concours, un brevet denatation de 50m, une attestation de secourisme,la validation du C2i en informatique etune attestation en langue vivante de niveau C1du cadre européen de référence pour leslangues. Au départ, (et pour l’instant aucuntexte nouveau n’a été proposé aux org a n i s a-tions syndicales) les lauréats du concours et titulairesdu master doivent avoir une classe enresponsabilité dès la rentrée suivante et être titularisésaprès inspection. L’entrée dans le métierdes nouveaux enseignants sera accompa-


formation?gnée de « l’aide et du soutien d’un enseignante x p é r i m e n t é » ainsi que d’actions spécifiquesdans le cadre de la formation continue. Cettemesure a été jugée totalement insuffisante parle premier ministre lui-même, puisqueFrançois Fillon vient, le 25 février, de demanderà Xavier Darcos de renforcer l’accompagnementdes enseignants au début de leur parcoursprofessionnel, en prévoyant un temps deformation professionnelle pendant cette premièreannée après le concours. C’est une desrevendications du <strong>SNUipp</strong> qui demande lapoursuite de la formation initiale par un exerciceà mi-temps en responsabilité en classe età mi-temps en formation continuée.Les universités auront désormais en charge laformation des enseignants et doivent proposerdes masters professionnels. Concernant le premierdegré, la connaissance du système éducatif,les stages et la préparation au concourss’ajoutent aux 4 grands champs composés parhumanité/ sciences et technologie/ didactique,psychologie, sciences humaines/ outils pédagogiques.Pour autant, rien n’assure que lesuniversités inscriront une réelle professionnalisationdans les cursus. En M1 sont prévusdes stages d’observation et de pratique accompagnée,filés ou groupés, d’une durée totaleet maximale de 108 heures (ces stagespeuvent aussi être proposés à des M2). En M2,les étudiants ayant déjà suivi un stage de pratiqueaccompagnée pourront bénéficier destages en responsabilité, eux aussi groupés oufilés, d’une durée totale de 108 heures mais rémunérésà hauteur de 3 000 (décharge des directeursd’école, remplacements formationcontinue). Chaque candidat ne pourra bénéficierque d’une seule offre de stage par an etpar type de stage. 100 000 étudiants de M1 et5 0000 étudiants de M2 sont concernés pourles 1er et 2e degrés, les écoles devant « d é s i -gner un enseignant référe n t » pour chaque stagiaire.Le <strong>SNUipp</strong> a déploré le nombre insuffisantdes heures de stages et leur manqued’accompagnement, ainsi que le chiffrage trèsinférieur au nombre de candidats du CRPE. Ila rappelé le rôle que doivent jouer les maîtresformateurset la nécessité de penser l’articulationentre les stages et la formation. Il a rejetéla proposition de faire effectuer les décharg e sdes directeurs par 2 étudiants et il a enfin renouvelésa demande de report du dispositif.R e v a l o r i s a t i o nLe ministre de l’éducation nationaleassocie la réforme de la formationdes enseignants à la revalorisationde la profession. Les « n o u v e a u x »recrutés seraient concernés par unerevalorisation de carrière qui incluraitune mesure indiciaire, la primede début de carrière et un volet indemnitaire.Selon le ministère, lamesure, dont la mise en œuvre s’effectueraitsur plusieurs années, nedevrait pas provoquer « d ’ i n j u s t i c ef l a g r a n t e » avec les PE recrutés cesdernières années… à suivre !Du transitoire au définitif ?Si les deux ministères restent sourds aux demandes de report, le nouveau concours auralieu en 2010 et s’adressera à des candidats réputés inscrits en M2. Aussi pour les candidatsengagés dans les concours 2009 des mesures transitoires ont été fixées par le ministre surproposition de la CPU. Ainsi les recalés en 2009 dès l’admissibilité pourront se présenterà nouveau en 2010 sans M2 et il est prévu que des commissions d’équivalence étudient aucas par cas la validation partielle d’un M1. Par contre, les admissibles, mais recalés ensuite,auront une équivalence M1 et pourront s’inscrire en M2, comme ceux qui sont, indépendammentde leur réussite, déjà titulaires du M1. Attention c’est une possibilité d’inscriptioncar l’inscription en M2 se fait sur dossier et nécessite l’accord de l’université. Cettedémonstration qui vise à protéger au maximum les candidats de 2009 laisse cependant entrevoirla future complexité des situations entre reçus au concours sans M2 et titulaires deM2 sans concours (prêts à être recrutés sur titres? )17


DossierPartir du « cœur du métier »Patrick Rayou, professeur à l’université Paris 8explique comment la masterisation peutpermettre une formation qui prépare au métier.Décharges, remplacements,formation, toujours à lab a i s s eAvec la fin programmée des PE 2 effectuant desstages filés comme décharge de direction et desstages de 3 semaines comme moyen de remplacementpour la formation continue, le fonctionnementdes écoles devra être revu à la baisse.Dès la rentrée prochaine, période transitoire du recrutementniveau master, ce sont 3000 places enmoins au concours de PE, c’est-à-dire l’équivalentde 3000 quarts de décharge et de 6000 semaines/stagiairesqui disparaissent. A la rentrée 2010, près de6000 décharges supplémentaires d’une journée et1 2000 semaines/stagiaires ne seront plus disponiblespour les écoles. Le ministère signe ainsi la fin desstages longs de formation continue. Hormis les modulesréglementaires (entrée dans le métier, direction),la rue de Grenelle souhaite proposer des dispositifsde formation hors temps de service des enseignants,le mercredi.Pour appliquer le protocole prévoyant des décharg e spour les 4 classes, il sera aussi obligé de puiser surles moyens de remplacement.Le 18 mars, le <strong>SNUipp</strong> réunitles maîtres-formateursJean-Louis AuducQuelle place pour les PEMF dans l'actuelle / lafuture formation des maîtres ?Patrick BarangerMastérisation : recul ou progrès pour la formationprofessionnelle des enseignants ?Quelles sont les tensions qui par -c o u rent le projet de formation aumétier d’enseignant au niveaumaster et piloté par l’université?En l’état, sans cadrage national, les universités,chacune de leur côté, sont dans le flouet donc dans la difficulté pour construiredes masters qui prennent en compte lesexigences d’une formation professionnelleau métier. Par exemple, il y a des tensionsentre la logique de préparation au concourset celle de formation au métier à et par larecherche. Au cours du quatrième semestredu master, les étudiants devront tout à lafois passer les épreuves d’écrit duconcours, préparer l’oral d’admission, fairequelques stages en responsabilité et finaliserleur mémoire de recherche.Honnêtement, c’est infaisable. Ce manquede temps et d’articulation, les économiesfaites sur les stages, risquent de favoriserun modèle de compagnonnage par imitation,de « savoirs de contre b a n d e » quitiennent plus de la rassurance entre pairsque de la réponse sur le long terme auxproblèmes professionnels rencontrés.Comment alors la masterisation peut-ellep e r m e t t re une formation qui prépare àl ’ e x e rcice du métier ?Il faudrait changer de logique avec desmasters qui soient guidés par des préoccupationsqui partent du « cœur du métier » ,à savoir la formation de professionnels capablesde faire faceaux situations éducativesles plus complexes.Pour cela, leparcours universitaire,dès la licence,doit être professionnaliséavec les apports spécifiques des formateursd’IUFM et ceux des enseignantschercheursdes disciplines, des sciences del’éducation. L’ambition serait de favoriserl’articulation entre recherche en éducationet formation des enseignants, de créerdans le temps une véritable alternanceentre l’action professionnelle lors destages d’observation, d’intervention et desreprises réflexives s’appuyant sur les savoirsde la recherche.Quelle serait alors la place des IUFM?Les IUFM ne doivent pas être étranglésdans l’intégration aux universités pouravoir les moyens de réaliser une véritablealternance entre pratique et réflexion. Pourcela, la collaboration entre les enseignantsformateurs et les équipes de recherche universitaireest indispensable pour définirles savoirs nécessaires à l’exercice professionnel,monter ensemble des modulesdisciplinaires ou didactiques, inventer desmodalités d’accompagnement qui permettentaux enseignants de développer les savoirsprofessionnels requis aujourd’huipar la démocratisation de l’école.18Maitres formateurs, ouverture de discussions ?Le rôle des maîtres formateurs reste essentiel dans la construction des savoirs professionnels : donner des outils très concrets, aider l'enseignantà analyser ses réussites, ses dysfonctionnements, travailler sur sa posture, son rapport aux élèves, sa perception du groupe classe...Autant d'éléments qui nécessitent analyse réflexive et expérimentation. Le <strong>SNUipp</strong> s'est adressé au ministère pour que le rôle desPEMF soit reconnu dans la nouvelle formation. Dans sa réponse, Xavier Darcos confirme que ces derniers «ont vocation à s'inscriredans le nouveau cadre résultant de la réforme du recrutement et de la formation des enseignants à l'université». Il s'engage à ouvrirdes discussions pour examiner «leur rôle dans les stages mis en place au titre des masters, ainsi que l'accueil, l'accompagnement et laformation au moment de l'entrée dans le métier». Les discussions devraient aussi porter sur « la valorisation du parcours profession -nel» des maîtres formateurs.


Comment formation initiale et identitéprofessionnelle sont-elles liées?Henri Peyronie a analysé les évolutions de l’identité professionnelledes instituteurs et des professeurs d’école, de leur mode de formationet de socialisationQuelles sont les évolutions de la formationdes enseignants du primaire?Les écoles normales, créées depuis les années1830 et complétées sous la Tr o i s i è m eRépublique, ont longtemps formé la plupartdes instituteurs et institutrices. Cependant,dans la période 1950-1965 – pour faire faceau baby-boom – une grande majorité fut recrutéeaprès le bac sans formation professionnelleinitiale: d’où sans doute la créationde la formation continue des instituteurs dès1969. Cette date marque aussi le début dumouvement de «rénovation pédagogique»face à une nouvelle demande d’éducationplus en adéquation avec les valeurs de l’éducationfamiliale des groupes socioculturelsdominants. Parallèlement une réforme de laformation initiale aboutit en 1979: recrutementaprès bac, formation professionnelle dedeux années, sanctionnée par un DEUG «e n -seignement du 1er degré» polyvalent, pasréellement légitime pour l’université. En1986, le recrutement est porté au niveauDEUG. En 1990, les écoles normales sontremplacées par les IUFM avec un recrutementau niveau licence, une année de préparationau concours et une année de professi o n n a l i s a t i o n .Quelles leçons tirer de cette pre m i è re re c o n -naissance universitaire?Cette réforme fut accompagnée d’une véritablerevalorisation avec le passage de la catégorieB des fonctionnaires à la catégorie A .Il y avait convergence entre les directives européennesd’un recrutement à Bac +3, les positionssyndicales, les théoriciens de l’éducation.Mais l’allongement de la formation dansle sens d’une «u n i v e r s i t a r i s a t i o n » a été abordésous l’angle académique et intellectuel (cequi est nécessaire) et pas suffisamment sousl’angle de la professionnalisation et encoremoins de la socialisation: le modèle de formationd’un corps professionnel avec un espritde corps a été sciemment abandonné. Lerecrutement à Bac+3 a aussi induit une élévationdu niveau social de recrutement et unerupture pour les jeunes issus du milieu ruralqui ne veulent plus y retourner après desétudes longues dans une grande ville.Quels sont aujourd’hui les attendus de laréforme?Les arguments sont identiques: élévation duniveau et revalorisation. À la suite des préconisationsdu rapport Pochard, le gouvernements’aligne sur les prescriptions européennes,tout en ouvrant la porte au recrutementsur titres. Il réduit le coût du concourset fait l’économie des salaires de l’année des t a g e: la CPU a suggéré que ces raisonssemblaient être in fine le mobile de la réforme.On ne voit pas bien où va se situer la revalorisation.Si le retour de la formation desenseignants du secondaire à l’Université satisfaitles universitaires, la question de laréalisation de formations pluridisciplinairespour les PE par l’université est posée: il nefaudrait pas que l’épisode du DEUG «e n -seignement du 1er degré» se renouvelleavec le Master… Les IUFM, devenus écolesinternes, assumeront probablement cettec h a rge, mais il faut s’attendre à des conditionsdifférentes, notamment en terme demoyens et d’encadrement. Enfin les nouveauxconcours avec la composition desjurys annoncée risquent de tirer vers uneforme de professionnalisation beaucoupplus managériale.Une autre identité pro f e s s i o n n e l l e ?Avant on préparait au «savoir enseigner». Orle nouveau concours évalue un «savoir par -ler sur» le système scolaire et sur le savoirg é r e r. La nouvelle rhétorique du ministre «r e-c r u t e u r » et les textes de présentation des nouveauxconcours («une logique de re c ru t e -ment conforme aux besoins de l’employeur» )annoncent des traits de professionnalitéétrangers à la culture du monde de l’école etEntretien avecHenri PeyronieProfesseur émérite en sciences del’éducation à l’université de Caen*Auteur deDes maîtres aux professeurs d’école – Formation, sociali -sation et « manière d’être au métier » Paris, PUF, 1998Les enseignants, l’école et la division sociale, Paris,L’Harmattan, 2000à la recherche en éducation. Avec desépreuves de concours destinées à évaluer,non plus des compétences académiques, maisla capacité à tenir des discours au plus prochedes idéologies managériales, le statut change.En termes de sociologie du travail, la fonctionenseignante passe – avec ce projet – d’unstatut de «p ro f e s s i o n » (caractérisant traditi o n n e l l e m e n t : avocats, médecins, professeursd’université et de lycées) dont les caractéristiquessont des études longues, uneautonomie professionnelle et une évaluationpar les pairs, vers un statut de «m é t i e r » (caractérisantles travailleurs plutôt dominés).Par ailleurs la culture critique universitairerisque de ne pas être efficiente pour desépreuves où l’on attend un discours un peuconvenu ; il est difficile de dire l’avenir, maison peut s’attendre à des réticences _ contre laforme de travail intellectuel universitaire _d’étudiants craignant d’être mal préparés aumétier mais aussi au concours, voire aurisque du développement d’une forme d’anti i n t e l l e c t u a l i s m e ?19


MétierCITOYENNETÉ, VIOLENCEA Paris, « Apprenonsà vivre ensemble ! »« Il y a une bande de garçons qui aime bien embêter les filles…Ils trouvent ça drôle… Et toi, comment réagirais-tu? » Lesélèves doivent choisir entre plusieurs propositions, le but duquestionnaire étant de mettre des mots sur les situationsd’agression, d’insulte, de harcèlement, de discrimination, d’injustice…et de les inciter à aller obligatoirement trouver unadulte pour en parler. Ce livret pour les élèves est un des élémentsdu matériel mis à disposition des 2000 classes de cycle3 de Paris par la Ligue de l’enseignement et la mairie de Paris,avec le concours de l’inspection académique. Le kit comprend3 affiches, un livret pour les parents, un livret pédagogique. Cedernier propose d’utiliser la littérature de jeunesse, le cinéma,les visites d’expositions comme « la fabrique de la paix », lacollaboration avec l’auteur des affiches, le théâtre avec une pièce spécialement écrite parKarine Serres. Une conférence à destination des enseignants et des parents s’est tenue àl’Hôtel de Ville. Eric Favey pour la Ligue de l’enseignement a plaidé pour une éducation« qui fasse naître le sentiment de solidarité en actes ». Eric Debarbieux, directeur de l’observatoireinternational de la violence à l’école, a pour sa part insisté sur la nécessité « a u -delà des actions spectaculaires, d’une vigilance pour toujours et à tout instant ». Il a parailleurs rappelé que l'« effet établissement » est le plus explicatif des facteurs pour la victimi s a t i o n * .En fin d’année scolaire, « Faites la paix, fête la paix » permettra aux classes d’exposerleurs productions et de confronter leurs expériences. Une initiative à étendre?* 51 % de la variance, 5 fois plus que la monoparentalité par exemple.EMISSIONFrance Cultureen ligneBeaucoup d’émissions de France culturepeuvent être écoutées en ligne longtempsaprès leur diffusion. A écouter parexemple, une série de quatre émissions«sur les docks» sur les ondes pendant laclasse, consacrée à «La délinquance desmineurs ». «Troubles au jardin d’enfants»diffusée le 23 février revient sur la polémiqueautour du rapport de l’INSERM àl’origine du collectif «zéro de conduite».Eclairant.h t t p :// w w w. r a d i o f r a n c e . f r / c h a i n e s / f r a n c e - c u l-t u r e 2 / e m i s s i o n s / s u r _ d o c k s / a r c h i v e s . p h p« L’école n’aime pas lesémotions. Tout est donc faitdans un cours de languepour neutraliser lesentiment d’étrangeté. »Joëlle Cordessein « Apprendre et enseignerl’intelligence des langues »,éd Chronique sociale20MATERNELLEGuide pour les parentsUn guide à l’usage des parents « Votre en -fant à l’école maternelle » va être remisprochainement à chaque parent d’élève del’école maternelle comme prévu par l’accorddu 19 décembre entre le ministre etl’AGEEM. 2,8 millions d’exemplairessont prévus et il est déjà consultable sur lesite du ministère*. Ce guide, réalisé parl’AGEEM, présente l’école maternelle auquotidien (inscription, organisation de lajournée, accueil de la différence etc) et expliqueses spécificités : respect des besoinsmoteurs, physiologiques, affectifs et intellectuels de l’enfant.* h t t p : / / m e d i a . e d u c a t i o n . g o u v. f r / f i l e / E s p a c e _ p a r e n t / 0 9 / 2 / g u i d e - p a-rents-maternelle_43092.pdfEEDD ET PATRIMOINE LOCALZerbaz PeîUn concours original est proposé aux CM1, CM2 de la Réunionpour la 3e année consécutive. « Zerbaz Peî », c’est son nom, proposeaux élèves de recenser l’état des connaissances et des pratiquesfamiliales en matière d’utilisation des plantes médicinales. Leconcours, soutenu par l’EN, est à l’initiative de l’Association pourles plantes aromatiques et médicinales de la Réunion*. L’idée estd’une part de retranscrire des connaissances populaires qui se perdentet, d’autre part, d’inciter les jeunes à renouer le dialogue intergénérationnel.Pour cela, les élèves deviennent enquêteurs auprèsd’un membre de leur famille ou de leur entourage qui connaît lesplantes. Ils disposent d’un questionnaire type à remplir et, à partirde ces renseignements, l’élève réalise une planche d’herbier. Unefaçon de mêler éducation à l’environnement, connaissance du patrimoinelocal et intérêt scientifique.* h t t p : / / w w w. a p l a m e d o m . o rg /


MÉTÉOPrimtice,base ressourcePeut-on enseigner la météo à l’école ? Les dernières tempêtes ou autres intempériesqui ont traversé le sud-ouest mais aussi une bonne partie du territoiremontrent sans doute l’importance de mieux comprendre ces phénomènes météorologiques.Certes, la météorologie n’apparaît pas en tant que discipline,mais elle s’inscrit tout naturellement dans l’enseignement scientifique surtoutpar ce qui se rapporte à l’eau et ses états ainsi qu’à l’air. Ainsi, la base Primticesur le site du Sceren a recensé parmi d’autres, des activités conduites à l’écolesur le thème de la météorologie.Les enseignants intéressés trouveront ainsi des exemples de travaux menés enclasse,de la simple piste pédagogique à la séquence complète, avec les complémentsspécifiques nécessaires pour une utilisation pédagogique judicieusedes données météorologiques. Ces activités offrent le plus souvent un supportadéquat pour l’acquisition de compétences B2I.PRINTEMPS DES POÈTESInitiatives à toutva dans les écolesPour les 10 ans d’existence duPrintemps des poètes, de nombreuxévénements sont organisés dans lesécoles primaires durant la premièrequinzaine du mois de mars. Mardi 10,dans le cadre du «grand jour dupoème à l’autre », les élèves de CE1de Grézieu-la-Varenne (69) vont dresserdes contraventions poétiques auxpassants en leur offrant un poème. AMontluçon, les enfants hospitalisésrecevront des poèmes originaux écritspar les élèves des écoles primaires dela ville. De nombreuses écoles ouvrirontleurs portes le samedi 14 pourprésenter les productions poétiquesdes élèves. L’occasion de « lire, décla -mer, écrire et admirer de la poésie» àtravers les «arbres à poèmes», la«charrette de déclamation» ou l’atelierd’écriture créative lors d’une visiteà l’école de Béton-Bazoches (77).Des « brigades d’intervention poé -t i q u e s » feront irruption dans les écolesde la circonscription du Mirail àToulouse (31). Des comédiens, « é l e c -t rons poétiques », offrent ainsi la lectured’un poème sans aucun commentaireet de façon impromptue et surtout totalementimprévisible, aucune informationpréalable sur les dates ou instantspoétiques n’étant transmise aux écolesv i s i t é e s .Les élèves de CE1 de Dordives (45) sefont eux souffleurs de vers. En partenariatavec le Musée du verre et ses souffleursde verre, ils participeront à desanimations dans la ville en soufflant dela poésie dans des tubes de carton auxoreilles de leurs camarades.Toutes les informations sur la manife s t a t i o n : http://www. p r i n t e m p s d e s-poetes.comIMétierM a r i e - C h r i s t i n e P h i l b e r tP o r t r a i tnstitutrice, puis directrice, dans l’Aisne, Marie-Christine Philbert milite depuis longtemps dans lesassociations en tant que parent d’une enfant handicapée.Mais sa découverte des auxiliaires de vie scolaire vaà partir de 1999 catalyser son engagement. Convaincue queces emplois, particulièrement utiles, seront reconnus bientôtcomme un vrai métier, elle se lance dans la création d’uneassociation départementale qui comptera jusqu’à 26 emplois.En 2003, la douche froide: le retraitdes financements et le recours aux assistantsd’éducation entraînent le dépôt debilan de nombreuses associations départementales.Mais si « tout cela laisse destraces, il n’y a pas d’amertume car on afait ce à quoi on s’était engagé ». Marie-Christine poursuit à la tête de la Fnaseph*son travail de promotion de l’accompagnementdes élèves handicapés et de reconnaissancedu métier pour les AVS. ElleInstitutriceen retraite etprésidente dela Fnaseph« La plupartdes gensn’ont qu’uncôté del’histoire.Moi j’ailes deux. »participe à des formations, des colloques, elle rencontre desenseignants qui aujourd’hui « ne remettent plus en cause lefait de scolariser des jeunes en situation de handicap maisne savent pas comment faire ». A force de rencontres, « j ’ a iappris des choses qui rétrospectivement auraient été utilesdans mon travail d’enseignante »: sur les réponses pédagogiquespour les élèves « d y s », sur les apprentissages logicomathématiquesdes élèves porteurs de trisomie… Le problèmeréside aussi dans le fonctionnement de l’école. Un serviced’AVS avec la formation, l’encadrement, l’analyse depratique, le suivi psychologique, les frais de fonctionnementet de déplacement, coûte la même chose que le système actu e l! 2009, c’est la fin pour des contrats des AVS-AE recrutésen 2003 et il va falloir trouver dans l’urgence des solutions.« Ce qui m’épuise, alors que tout le monde en parlecomme un métier de l’accompagnement, et ce que je nec o m p rends pas, c’est au nom de quoi ce n’est pas possible » .Michèle Frémont*Fédération nationale des associations au service des élèves présentant unesituation de handicap21


Métier22P«Leur école,leur quartierc o n s t i t u e n tun même lieude vie oùchacun doitapprendre àgrandir en -s e m b l e » ex -plique Pierre.lantée au milieu de barres d’immeublessans fin, l’école élémentaireNoue Caillet à Bondy dégage un sentimentde quiétude. Au fond de la cour, dans lagrande salle de sport, règne pourtant une grandeanimation. Plus de 200 parents, leurs enfantset les enseignants sont réunis autour degrandes tables copieusement garnies de metsoriginaires des quatre coins du monde. Depuis8 ans, les parents d’élèves proposent un repasmulticulturel, une action initiée par les enseignantsde l’école et complètement intégrée àleur projet d’éducation au non racisme. «P l u sde 26 nationalités sont représentées dans leq u a rtier et donc dans l’école » témoignePierre Caron, le directeur. Ici, rappelle-t-il,« les situations fragiles des familles se tradui -sent par de la souffrance» et l’autre peut devenir«la raison de cette souffrance» .La sensibilisation auvivre ensemble, à recevoirles autres etleur diversité commeune richesse sontdonc au cœur des actionsmenées parl’école. « C ’ e s tmême la colonne ver -tébrale de notre tra -vail qui se décline dem a n i è re très diversedans chaque classe »décrypte Pierre.Ainsi, au milieu desodeurs de mafé, plat traditionnel du Mali, lesenfants présentent aux parents les panneauxd’exposition qu’ils ont consciencieusementconfectionnés au cours de leurs projets.Les élèves de la Clin nouvellement arrivésen France sont fiers de leurs dessins qui retracentla vie quotidienne et l’école de leurpays d’origine avec leurs portraits très finementreprésentés. A côté, des blasonscolorés déclinant les droits de l’enfant, lesvaleurs de la République française éclairentun autre panneau. « Si l’autre est richeet singulier de sa culture, ce n’est pas uncritère qui permet un jugement de valeur.Et tous se retrouvent ici avec les mêmesd ro i t s » explique le maître BrunoLuttenauer. Ce travail ne s’est pas fait sansmal. « Il a fallu faire émerger certains pré -jugés afin de réfléchir, d’échanger» explique-t-il.Mais là, rien de négociable,«pas d’insultes racistes, ni de violence».Bondy contrele racismeEn Seine St Denis, l’école Noue Caillet deBondy mène de nombreux projets d’éducationau non-racisme. Une ouverture versl’autre, le monde et le quartier.Tous ces projetspoursuivent bien lemême but: mettre lesenfants en réflexionmais aussi en actionsconcrètes pour mieuxdécouvrir et accepterl ’ a u t r e .Et les enfants le savent.Ce respect se vit concrètement un peu plusloin. Là, des élèves de Cm2 expliquent àquelques parents l’histoire de l’abolition del’esclavage. La parole est posée. Yahaha témoigne.«Nous sommes tous nés de la mêmefaçon, même si on n’a pas tous la même cou -leur de peau». Une exposition présente le résultatd’un long travailréalisé par les élèves. Ilsont produit des articles àpartir de conférences, delivres étudiés comme«deux graines dec a c a o . . . » Karim To u m i ,le maître, privilégie cetteapproche historique desd i fférences à travers ledébat. Echanges autour de questions qui taraudentcar toujours complexes: « Q u ’ e s t - c eque l’autre? Pourquoi est-on raciste?» .Karim reconnaît que ces situations de communicationsont importantes. «C e rtains en -fants se forgent une estime de soi », la classedevient le lieu où se construit l’identité dechacun par le partage avec les autres.La classe, mais aussi le quartier. Pierre Carontient à favoriser des coopérations avec les famillesmais également les associations partenaires.Ainsi, en fin de repas, les élèves decycle II présentent les tenues traditionnellesdes pays du monde, un défilé élaboré avecles animateurs de la maison de quartier.Coopération encore avec le centre socialDaniel Balavoine et la Ligue de l’ensei -gnement 93 qui proposent lors de l’accompagnementéducatif desactivités artistiques autourde la tolérance desdifférences.Point d’orgue, cetteannée encore, lors de lasemaine internationalede lutte contre le racismeautour du 21 mars, leprojet d’écriture « si ons’la jouait fraternel »: l’opération initiéepar la Ligue de l’enseignement a pour butd’envoyer des cartes postales sur le thèmede la fraternité, comme des bouteilles à lamer, à des anonymes choisis au hasard del’annuaire du département. Les élèves attendrontalors des réponses pour tisser desliens avec l’autre. Une fois de plus.Sébastien Sihr


MétierDéjà, un nouveau projet à l’œuvre ;La classe de CM2 de Karim est en train d’élaborerun questionnaire pour analyser la diversité desélèves sur l’ensemble de l’école. Ils vont ensuiteplacer les données recueillies sur une carte dumonde comme point de questionnement surl’histoire des migrations.E n t r e t i e n«Ces questionssont le fondementde l’éducationà la citoyenneté. »Comment définir racisme et discrimina -t i o n ?Le racisme repose sur un postulat et unecroyance. Le premier est l’affirmation d’uned i fférence biologique, sociale et culturellesur la base d’une observation, arbitraire ousoutenue par un appareil de mesures sophistiquées,de différences physiques. La secondeinstitue sur cette affirmation une hiérarchiedans l’altérité. La discrimination estl’acte qui établit ces éléments dans la loi oudans les pratiques sociales.Peut-on enseigner ces questions à l’écoleet comment ?Si l’école est considérée, dans la loi commedans la pratique sociale, comme un des espacesde la formation du citoyen, une des finalitésdu socle commun de connaissanceset de compétences pourrait être, dans toutesles disciplines, en français – dans l’apprentissagede la langue comme dans en littérature– en histoire des arts, en histoire, engéographie… de former à la compréhensionet à la mise en pratique des principes, deconstruire la culture qui fonde la démocratie.Les programmes devraient s’appuyer surla raison qui balaie les fausses évidences etJean-Marie BaldnerProfesseur d’histoire universitéParis 12 Val-de-Marne – IUFM de Créteilsur des connaissances respectueuses del’autre comme semblable à soi.L’éducation au non-racisme doit-elle êtreintégrée aux questions plus globales d’édu -cation à la citoyenneté ou doit-elle fairel’objet d’un enseignement spécifique ?Ces questions sont le fondement de l’éducationà la citoyenneté. Il n’existe pas de sociétélibre et juste sans la reconnaissance dans laloi et sans la pratique réelle de l’égalité, nonseulement entre tous les citoyens, qu’ilssoient légalement reconnus comme tels ouqu’ils aspirent à le devenir, mais entre tous leshommes. Une éducation spécifique au non-racismecomporte le risque, en séparant ces valeursde celles de la citoyenneté, d’admettre lapossibilité d’un citoyen – et futur acteur social,économique et politique – porteurd’idéologies raciste et ségrégationniste aunom de la différence. Si les sociétés historiquess’en sont accommodées et ont bâti partiellementleur richesse sur celles-ci, si la sociétécontemporaine le tolère, si l’État quelquefoisl’organise dans les propositions de loiou dans l’action politique, l’école ne le peutsans renier ses valeurs et sa capacité à existercomme école de la République.R e s s o u r c e sL’éducation contre le racisme fêtesa semaineDu 19 au 29 mars, c’est la S e m a i n ed’éducation contre le racisme. Cetteinitiative du Collectif des S e m a i n e sd’éducation contre le racisme qui réunit24 organisations, dont le<strong>SNUipp</strong> est parrainée par le ministèrede la jeunesse, de l’éducation nationaleet de la recherche, celui de laculture et de la communication etcelui des affaires sociales, du travailet de la solidarité. Comme chaqueannée, depuis 1967, cette semainetrouvera son point d’orgue le 21mars, journée internationale de luttec o n t re le racisme.Ainsi, les organisations du collectifdont la Ligue de l’enseignement p r o-posent aux enseignants des outils àt é l é c h a rg e r : une affiche, un dépliantd’information et de sensibilisation.De nombreuses actions, notammenten direction des enfants et des jeunespeuvent également être à l’œuvre:débats, expositions, concerts,concours de dessins…Une circ u l a i re pour p r é v e n i ret sanctionnerUne circulaire interministérielle —éducation nationale, intérieur, justice— précise les modalités de saisine etd’intervention en cas d’actes racisteset antisémites. Elle rappelle le rôledes Comités d’éducation à la santéet à la citoyenneté (CESC), charg é sde coordonner les informations et lesactions de prévention, de signalementet de sanction. Il faut établirdes procédures simples et rapides.Les écoles devraient pouvoir bénéficierde toutes les indications nécessairesà la fois pour répondre auxplaintes des victimes et pour réagirface aux auteurs de tels actes.Actions de prévention dans un cadrede partenariat entre les ministères etactions de formations inscrites dansles plans de formation complètent led i s p o s i t i f .23


MétierCAPN du 16 marsLa commission administrativeparitaire nationaledu 16 mars, quisera installée à cetteoccasion, étudiera lespropositions d’aff e c t a-tions en Nouvelle-Calédonie et à Wa l l i s -et-Futuna et traitera del’avancement au titrede l’année 2008/2009des instituteurs et desprofesseurs d’écolesdétachés à l’étrangeret ceux en fonctiondans les collectivitésd ’ o u t r e - m e rInfos servicesLu dans le BO Lu dans le BO Lu dansBO n° 5 du 29 janvier 2 0 0 9Diplôme de compétence en langue: calendrierdes sessions pour l’année scolaire 2009-2010Mutations et listes d’aptitude: directeursd’établissement régional d’enseignementadapté et d’école régionale du premier degré— année 2009-2010Échanges et formation: échanges et actions deformation à l’étranger — année 2009-2010BO n° 6 du 5 février 2 0 0 9Accueil des élèves: négociation préalabledans le cadre du droit d’accueil des élèves desécoles maternelles et élémentaires pendant letemps scolaireBO n° 7 du 12 février 2 0 0 9I n d e m n i t é s : rémunération de certains servicesaccomplis par diverses catégories depersonnels de l’éducation nationaleI n d e m n i t é s : montant de la rémunération servieaux personnes assurant les études dirigéesN o m i n a t i o n s : candidats ayant obtenule diplôme d’État de psychologie scolaire —session 2008BO n° 8 du 19 février 2 0 0 9Devoir de mémoire: mémoires de la traite négrière,de l’esclavage et de leurs abolitionsRésultats et nominations: commission administrativeparitaire nationale unique communeaux corps des instituteurs et des professeursdes écolesBO n° 9 du 26 février 2 0 0 9Vie scolaire: Fournitures scolairesM o u v e m e n t: A ffectation des personnelsenseignants spécialisés du premier degréà Mayotte — rentrée 2009Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le24Question/R é p o n s eJe suis recruté sous contrat d’accompagnement dans l’emploi (CAE) ou sous contrat d’avenir (CAV). A quelle formation puis-je pré -tendre par l’EPLE employeur?L’EPLE employeur, n’est pas tenu de participer au financement de la formation professionnelle des salariés. Toutefois, des actions de formationet d’accompagnement sont prévues pour les agents recrutés sous contrat CAV ou CAE. La formation proposée ne correspond pastoujours à l’idée que s’en font les agents (un bilan de compétences organisé et pris en charge par l’agence locale pour l’emploi ; un parcoursde professionnalisation adapté aux offres locales d’emploi dans le secteur marchand notamment, etc.) Les EPLE pourraient cependant profiterde l’appui des structures et des acteurs du ministère de l’éducation nationale pour répondre à des besoins de formation spécifiques. Maisce n’est que trop rarement le cas.


MétierLire, écrire,c o m p t e ren CM2Une note d’informationde la DEPP publiée finjanvier donne des résultatsinquiétants quant àl’évolution du niveau des élèves entre 1987et 2007.La DEPP a finalement publié la noted’information intitulée « L i re, écri -re, compter: les performances desélèves de CM2 à vingt ans d’interv a l l e1987 - 2007 »*. Elle reprend les résultatsd’une série d’épreuves proposées à unéchantillon représentatif d’élèves. Lecture,calcul, orthographe, l’enquête montre unebaisse significative des résultats mais à desrythmes différents. Ainsi en lecture les résultatssont stables de 1987 à 1997, dated’une passation intermédiaire. « En re -vanche, on observe une baisse significati -ve du score moyen entre 1997 et 2007, plusp rononcée pour les élèves les plusf a i b l e s » expliquent les rédacteurs. Pourexemple, deux fois plus d’élèves (21 %) sesituent en 2007 au niveau de compétencedes 10 % des élèves les plus faibles de1987. En calcul, même constat mais à desrythmes différents. Une baisse importanteest observée de 1987 à 1999 puis une stagnationde 1999 à 2007. Concernant l’orthographe,le nombre d’erreurs constatéesà la même dictée est passé de 10,7 en 1987à 14,7 en 2007.Un constat difficile à entendre et à comprendre.Déjà certains chercheurs se sontexprimés pour essayer d’expliquer cettetendance sans remettre en cause la validitédes résultats**. Pour Marie Duru-Bellat,sociologue, « l’une des tentations de l’éco -le primaire ces dernières années a été dese disperser, s’assignant de plus en plusd ’ o b j e c t i f s ». Comme elle le dit, l’institutionmultiplie les missions en un tempsscolaire réduit. Autre « souci majeur »pour la chercheuse, « la faiblesse du pilo -t a g e: on accumule les réformes, on chan -ge les programmes, sans jamais les éva -l u e r. » Denis Meuret, sociologue, parle-luid’un affaiblissement des formes traditionnellesde régulation « d’où une plus gran -de latitude laissée aux enseignants, nonpas de ne rien faire, mais de poursuivred ’ a u t res objectifs que ceux que mesure n tles évaluations » .Pour Bruno Suchaut, directeur del’IREDU, « ce qui est le plus important àretenir de cette étude est, d’une part labaisse plus prononcée pour les élèves lesplus faibles et, d’autre part, l’augmenta -tion des inégalités sociales de réussite » .Pour lui, le contexte socio-économique quise dégrade est aussi un facteur explicatif etla politique de ZEP et de RAR n’est pluss u ffisante « car elle touche une populationde plus en plus en difficulté sur le plan so -cial et économique » .Ces pistes d’explication restent à être approfondiesen espérant, en écho à Jean-Claude Emin, sous directeur à l’évaluationau MEN, que « les responsables politiquesne retiennent (pas) des résultats des éva -luations que ce qui peut servir leur poli -t i q u e ». Et en rêvant avec PierreFrackowiack qu’à terme on se libère « u npeu des contraintes de l’existant, que l’ons’épuise à corr i g e r, pour repenser le systè -me, lui donner du sens, se projeter dansl ’ a v e n i r » et faire « p e u t - ê t re œuvre utile » .Lydie Buguet* h t t p : / / m e d i a . e d u c a t i o n . g o u v. f r / f i l e / 2 0 0 8 / 2 3 / 9 / N I 0 8 3 8 _ 4 1 2 3 9 . p d f**lire notamment le dossier du café pédagogique: http://www. c a f e p e-d a g o g i q u e . n e t / l e m e n s u e l / l e s y s t e m e / P a g e s / 1 0 0 _ E v a l u a t i o n . a s p x "Plus performantsque savants ?Quelles sont les motivations sous-jacentes auxbuts de réussite que se fixent les étudiants? Etla nature de ces motivations permettent-ellesd’expliquer réussite ou échecs? Des chercheursde laboratoire de psychologie cognitivede Clermont-Ferrand, des universités deGrenoble et Lausanne* ont cherché à comprendrepourquoi des étudiants travailleurs, intéressésà apprendre, ne trichant pas… ne réussissaientpas mieux. L’étude utilise la distinctionentre les buts de maîtrise (désir d’apprendre,de progresser) et les buts de performance(être le meilleur). Si les buts de maîtrisene donnent pas accès à de meilleurs classements,les buts de performance ont des eff e t spositifs s’ils sont orientés vers la réussite de latâche, mais négatifs s’ils s’inscrivent dans unestratégie d’évitement de l’échec ou de reconnaissancepar les enseignants. En fait commele décrypte Fabrizio Butera: les étudiants « d i-sent poursuivre des buts de maîtrise, ils poursuiventen fait aussi des buts de performance » .Logique pour Céline Darnon: en dépit du discourssur « les formes les plus élevées de lac u l t u r e » (loi de 1984 sur l’enseignement supérieur),« l’université est prisonnière de facteurs,comme la sélection, qui plaident pour la perfo r m a n c e ». Avec de tristes conséquences :pages de livres arrachées, triches en tousgenres… mais ce qui importe pour réussir,c’est d’être le plus performant. De quoi s’interrogersur les valeurs transportées aujourd’huipar le système éducatif…Michèle FrémontDarnon C., Dompnier B., Delmas F., Pulfrey C. et Butera F.« Achievement goal promotion at the university: Social desirabilityand social utility of mastery and performance goals », in Journal ofpersonnality and social psychology25


MétierLITTÉRATURE JEUNESSEBoucle d’Or et lestrois ours: variationBoucle d’or n’a pas toujours été une blondinettetrop curieuse ! Dans le premier texte connu« Les trois ours » de Robert Southey paru en1837, c’est une « mauvaise petite vieille » quis’introduit dans la maison et essaie bols, fauteuilset lits. La fin est ouverte : elle saute parla fenêtre et l’auteur dit ignorer ce qu’elle estdevenue…BOUCLE D’OR ET LES TROIS OURSS. Guarnaccia – Seuil < 7 ans (CfB i b l i o t h è q u e s )L’album transpose l’histoire d’origine dans lecontexte des années 60. La famille Ours est représentéecomme une famille de jeunes cadresdes «S i x t i e s ». Lamaman maquillée,porte un pantalonserré, le père à lunettesnoires joue de la trompette,la petite cabanede la forêt est devenueune maison modernevitrée. L’intérieur estmeublé dans le styledu design «S i x t i e s ».Ainsi la chaise de Maman Ours est inspiréed’un fauteuil Aegget créé par Jacobsen en 1957,le lit de Papa Ours est la copie d’un canapé amphibie,créé en 1970 par A. Becchi. Meubles,vaisselle, pendules sont signées et référenciésdans les pages de garde.26BOUCLE D’OR ET LES TROIS OURSM. Billet – Seuil, Petits contes du tapis (13 )< 3 ansDans cette version de Boucle d’Or, le conte affichesa valeur d’avertissement. La colère destrois ours n’a d’égale que la frayeur de la fillettequi s’enfuit par la fenêtre! Les Petits contesdu tapis permettent deslectures d’album engroupe. Les illustrationssans texte de ces grandslivres cartonnés de2 5 cm sur 35 cm occupentchacune unedouble page, comme untableau. Le texte lui setrouve sur un rabat à lafin de l’album. Il est découpéen paragraphes liés à chaque scène. Celapermet au conteur de le mettre en voix tout enprésentant au public la double page corresponda n t e .BOUCLES D’OR ET LES TROIS OURSG. Muller – Ecole des Loisirs 2006 (12 / 5 , 5 )Dès 3 ansA la maternelle, le premier album de GerdaMuller de 1956 (Père Castor) fut souvent mis auservice des notions de « petit, grand, moyen »!50 ans après, l’auteurecrée une nouvelleversion quipréfère la convivialitéà la sévérité.« Boucles d’Or »voyage en caravaneavec un cirque. Un jour, elle entre dans la maisondes trois ours et y sème la pagaille, selon lescénario habituel. Mais, malgré leur air féroce,les ours sont indulgents. Ils lui pardonnent touten lui rappelant quelques règles élémentaires des a v o i r-vivre… Ce nouvel album offre danschaque image une profusion d’objets et d’animauxen séries de trois — un grand, un moyen,un petit — que tous les petits lecteurs ont grandplaisir à découvrir!BOUCLE D’ORL. Child & Cie- Gautier- L a n g u e reau 2008( 1 5 ) < 4 ansL’album à la couverture de toile rose semée depetites coccinelles, avec en médaillon la photode Boucle d’or est délicieusement rétro. LaureChild utilise la photographiepour reconstituerles scènes du récit.Les personnages sontdes jouets. Les troisours sont des peluches.Boucle d’or est unepoupée de feutrine trèsexpressive, œil vifsous une toison « d ’ a n -g l a i s e s » l’air faussement sage. Ils sont mis enscène et photographiés dans la nature ou à l’intérieurd’une petite maison de bois sculpté quifourmille de détails. La suite de l’histoire , on lac o n n a î t ! Mais après avoir été découverte par lesours, Boucle d’Or, effrayée, s’enfuit… en oubliantses petits souliers rouges. Sa maman lagronde très fort pour leur perte, mais ils vont àmerveille à Petit ours pour aller se promener!BOU ET LES 3 ZOURS (A)E. Valentin, I. Green — A t e l i e r du poissonsoluble, 2008 (15 ) < 7 ansVoici une réécriture délicieusement insolite duconte de «Boucle d’or et les trois ours». Cettepetite fille aux grands yeux bleus et aux cheveuxde jais tortillés ene s c a rgots qui, sur lacouverture, vous regarded’un air complice ,c’est la «petite Bou quilivait dans la fore s tavec sa maïe et sonp a ï e ». Un jour, ellepartit caminer dans laforest pour groupir desf l o r e s .« Petite Bou, ne t’élonge pas troppe, lui dire n tsa maïe et son païe ». « D a k o d a k » responditB o u. » En chemin, elle rencontre «le piaf, les c a rgot, la flore mini piquinote», mais elle seperd, et aperçoit la «casa pikinote» de 3« z o u r s ». Elle y pénètre sans vergogne, causantles dégâts que l’on sait . Dommage que la petitechaise se soit «bricassée sous son poids » carelle était vraiment «c o n f o rd o u i l l e t t e ! »La trame narrative est respectée mais l’originalitédu texte réside dans sa langue imagée,mixage d’espagnol, d’anglais, d’argot, de motsvalises,qui enracine le conte dans la traditionorale. Les illustrations pleine page d’Ilya Greenjouent avec les violet, mauve, rose indien, ponctuésde vermillon et de vert pistache. De styledécoratif faussement naïf, elles participent à laréussite de cet album remarquable.M a r i e - C l a i re Plume


RéflexionsLeur avisPr André Grimaldi,hôpital Pitié-Sapêtrière« Si l’hôpital va si mal, c’est d’abord qu’il aété victime d’une maltraitance répétée à causede décisions politiques erro n é e s . »Michel Antony,coordination nationale dedéfense des hôpitauxet maternités de proximité« Il vaudrait mieux partir des besoins que del ’ o f f re de soins… La logique financière de re n -tabilité qui sous-tend fonctionnement et bud -gets va accentuer la mise en concurrence et fa -voriser les re g roupements des établissementsau détriment de ceux de moindre taille. »Jean de Kervasdoué,ancien directeur des hôpitaux« Un bon système est un système universel definancement des soins qui ne laisse personnesur le bord de la route, de bons médecins, degrands hôpitaux, un accès facile et libre desusagers… Les financements individuels sonti n é g a l i t a i res, ce qui est connu, et inflation -nistes, ce qui l’est moins. »A t t a c« Les attaques de l’actuel gouvernement contrel’assurance-maladie solidaire et contre les hô -pitaux publics s’inscrivent dans une remise encause générale des services publics et detoutes les dépenses socialisées. »Roselyne Bachelot,ministre de la santé« L’hôpital n’est pas une entreprise, c’est uns e rvice public de santé. »Bernard Debré,député UMP« Les directeurs d’hôpitaux deviennent des pa -t rons omnipotents, et les médecins ne sont plusque leurs employés. Aucune garantie n’estdonnée qu’une vision comptable ne sera pasprivilégiée aux services premiers que doitre n d re l’hôpital : les soins et la santé. »Quel hôpitalpour demain ?« A g e n c e s r é g i o n a l e s d e s a n t é , n o u v e l l egouvernance et regroup ement d’hôpitaux, » ,le gouvernement m od ifie le paysage sanita ire.Le projet de loi « Hôpital, patients,santé et terr i t o i re s » est à nouveauexaminé à l’Assemblée nationale depuisdébut mars. Nicolas Sarkozy, à l’inversede ce que pensent 71 % desFrançais*, avait annoncé la couleur débutj a n v i e r : « L’hôpital en France ne manquepas de moyens comme le réclament lessyndicats, c’est un problème d’org a n i s a -t i o n ». Avec le projet de RoselyneBachelot, celle-ci dépendra des ARS, lesagences régionales de santé. Censées« mieux coord o n n e rl ’ o f f re de soins »,elles devront en faitgérer les hôpitaux,tous les médecins deville, généralistes etspécialistes, les maisonsde retraite ainsique tous les établissementsmédico-sociaux…Elles intégreront 7 administrationsrégionales (DDASS, DRASS, les unionsrégionales d’assurance-maladie, lesagences d’hospitalisation…) ce qui suscitedes inquiétudes sur leur efficacité et sur lesmodalités de prise de décision. Les élus régionauxn’auront en effet pas leur mot àdire. Après les modifications de financementdu système hospitalier à l’activité(T2A), le projet gouvernemental est bienaxé sur « un pilotage par des objectifs es -sentiellement comptables et la volontéd’aller vers une privatisation du systèmede santé », comme l’a indiqué la FSU.La nouvelle gouvernance des hôpitaux estl’objet de critiques de tous bords et la facilitationde « c o o p é r a t i o n s » de l’hôpitalpublic avec le secteur privé est dénoncéepar les syndicats. L’encouragement au regroupementd’hôpitaux sous couvert de« mutualisation des moyens » fait peser unrisque sur la carte hospitalière et à la possibilitéde pouvoir se faire soigner près dechez soi.Les études prospectives du ministère de lasanté** prévoient des « d é s e rts médi -c a u x ». Le relèvement du numerus claususne portera ses fruits que dans 10 ou 15 anset, malgré cela, les prévisions sont catastrophiquespour certaines régions rurales etbanlieues défavorisées : en 2030, parexemple, la Corse et le Languedoc-Roussillon aurontperdu 30 % de leursmédecins alors que lapopulation aura crûde 10 %. Que propose r ? Certains souhaitenttaxer les médecinsqui s’installeraienten zone favorisée,d’autres militentpour des incitations financières ou desbourses, d’autres enfin défendent mordicusle principe de la libre installation.Dernier volet du projet, la prévention et lalutte contre le tabagisme et l’alcoolisme.Paradoxalement, on s’attend sur ce pointau plus fort de la bataille. Que ce soit l’interdictiontotale de vente d’alcool aux mineursou la taxation de la publicité pour lesproduits sucrés, les lobbies sont à l’œuvre.Sur l’ensemble du projet, les syndicats ontdénoncé « une concertation à la Sarkozy »,un pré-projet ficelé et des entretiens sansaucun bougé. La démocratie sanitaire restedécidément à construire.Daniel Labaquère*71 % des Français jugent l’hôpital sous-financé : sondageBVA-Les Echos-France Info-BPI, 17/01/09**enquête de la DREES, ministère de la Santé, février2009 sur www.sante.gouv.fr27


RéflexionsR e l a n c e: le socialet l’école présents dans plusieurs plans28E t a t s - U n i s: unplan très socialLe plan américain présenté par BarackObama est incontestablement une surprisedans un pays où rares ont été lesrelances basées sur la consommation etle social. Malgré un très sévère déficitpublic, le président a choisi de faire publierle coût exorbitant de la guerre enIrak (dès 2010, 50 milliards de dollarsseront ainsi économisés) et de réaliserles réformes sociales qu’il avait annoncéesavant son élection. Ainsi pourl’école (voir ci-contre). Mais égalementpour un grand nombre de petits propriétairesvictimes des subprimes quidevraient pouvoir rester chez eux grâceà plusieurs mesures: une réduction de1000 dollars du capital de la dette parfoyer et par an, ou encore un allégementdes remboursements avec l’injonctionpar l’Etat de 275 milliards dedollars. Réforme sur la santé également.Là où tous les prédécesseursd’Obama ont échoué par manque de financement,le nouvel élu frappe d’entréede jeu. « Les Américains les plusriches paieront la réforme de santé »comme le titre le journal Les Echos:634 milliards de dollars seront récupérésen dix ans dont la moitié par augmentationde l’impôt au-dessus de250000 dollars de revenus par coupleet l’autre moitié en supprimant ou enmodifiant les avantages accordés auxassurances et aux groupes pharmaceutiques.Autre mesure phare du plan américain:l’impôt révisé sur les fonds spéculatifsrapporterait 24 milliards de dollars, etl’interdiction faire aux sociétés américainesde délocaliser leurs profits àl’étranger, 210 milliards sur cinq ans.Les élus républicains, opposés à cesmesures, ont crié au « socialisme » et à« la lutte des classes ».Si la France a opté pour un plan de relancequi vise essentiellement les investissements,d’autres pays ont fait des choix différents.L’Allemagne et les Etats-Unis investissentmassivement dans l’école, et l’Autriche dansles crèches.«N o t re réponse à la crise, c’estl ’ i n v e s t i s s e m e n t » lançait le4 décembre dernier à DouaiNicolas Sarkozy présentant son plande relance de l’économie. 26 milliardsd’euros accordés aux entreprises publiqueset privées qui seront suivis,quinze jours après le succès de la journéed’action syndicale du 29 janvier,de 2,6 milliards pour le social. Lesgouvernements des pays de l’OCDE,contrairement à ce que dit le gouvernement,n’ont pas tous agi de la sorte.Ainsi les Etats-Unis, qu’on aurait du malà taxer de gauchistes, prévoient un largefinancement de la santé pour tous, desaides aux petits propriétaires victimesdes subprimes, ou encore de l’éducation.Sans hésiter (voir ci-contre) à taxer lesplus riches des ménages et des sociétés.Environ 140 milliards de dollars devraientaller à l’éducation, pour moderniserles établissements et aider les famillesles plus défavorisés.En Allemagne, outre un chèque de100euros par enfant, le plan de relanceprévoit d’investir 6,5 milliards d’eurosdans les infrastructures scolaires, notammentdans les laboratoires scientifiqueset les laboratoires de langue. L’Autriche,le pays champion de la femme au foyer,investit même 70 millions d’euros (prèsd’un dixième du montant total) pour financerune année de crèche obligatoire etgratuite. Même le peu fortuné Portugalachète 500 000 ordinateurs portables pourles écoles.Jacques Mucchielli


CCI N É M AB e l l a m yhabrol a donné tranquillement la clé del’énigme dans ses entretiens avec lap r e s s e : « B e l l a m y » est un portrait deGérard Depardieu. C’est donc un film à triplefond où le polar apparent raconte un changementd’identité. Un assassin (vraiment?) a décidéde trouver une autre vie, a même métamorphoséson visage. Le changement de vieest un thème constant dans l’œuvre deSimenon, l’un des deux « G e o rg e s » auxquelsest dédié le film. Le polar glisse assez vite versles problèmes d’identité de l’enquêteur luimême,sa vie de couple, ses secrets, ses désirs,ses remords. Ce commissaire en vacances estinterprété par Depardieu et voici enfin le troisièmeniveau: le corps, l’histoire, la sensibilitédu monstre sacré du cinéma français.Chabrol en a parlé comme d’un paysage, dece corps, a même osé comparer le nez deDepardieu à une « p a i re de fesses »! On sepermettra, avec beaucoup plus de gravité, unmoment de vertige quand le commissaire dit àMU S I Q U ESpleen et joie de vivrehippies revient avec son dernier17 album « El dorado » toujours aussidébordant d’énergie. Ce groupe berlinoisde treize musiciens continue de parcourirle monde avec son panier garni d’influencespop-rock anglo-américaine et d’accentsbalkaniques. Toujours une aussi belleacoustique au croisement de l’Est ou deBollywood. Quelques larmes entre deuxdanses effrénées. A écouter et découvrir surscène de toute urg e n c e .Yom rend hommage à Naftule Brandwein,brillant clarinettiste klezmer des annéespropos de son frère (Clovis Cornillac), alcoolique,passé par la prison, fragile et agaçant,promis à un destin tragique: « sur lesphotos, on dirait que je suis son père ». Lefilm suit tellement de pistes qu’on se perdparfois dans les sables: pourquoi n’est-onjamais éclairé sur le personnage du chirurgienesthétique ? pourquoi ce deuxièmeG e o rges, Brassens en l’occurrence, est-ilconstamment présent, depuis la faussetombe du cimetière de Sète du début jusqu’àl’incroyable plaidoirie de la fin?Pourquoi ces relations entre la pédicure et« le flic le plus con de France »? Mais lefilm est si riche, si complexe, sous des dehorsnonchalants, qu’on se convainc queChabrol est grand. Depuis 1958, il seraittemps de s’en apercevoir…René MarxLes critiques de cinéma de Fenêtres sur Courssont sur www.laviedesfilms.com2 0émigré d’Ukraine aux USA et autoproclamé« roi de la clarinette klezmer ». Yom, princehéritier de 28 ans ne manque ni d’humour,ni de swing. Le son parfois éraillé de sa clarinetteoscille entre spleen et joie de vivre.Laure Gandebeuf17 hippies El dorado Buda MusiqueEn concert au Café de la danse à Parisle 31 mars et le 1er avril 2009Yom New king of klezmer clarinet Buda musiqueEn concert le 17 mars à Martigues,le 20 mars à Aix en Provenceet le 27 mars à Marseille.L ’AGENDALangages et réussiteéducative : des pratiquesinnovantes.L’IUFM de l’académie de Grenoble,Grenoble Alpes Métropole et l’inspectionacadémique de l’Isère organisent un colloquesur la question de l’acquisition de l’oral et del’apprentissage de l’écrit, en s’appuyant surl’expérimentation PARLER (Parler, ap -prendre réfléchir lire ensemble pour réussir)Le 11 mars de 8h à 13h à Grenoblerens: http://iufm.ujfgrenoble.fr/images/Documents/invitation_colloque_parler.pdfUn seul monde, une seuleécole ? — les modèlesscolaires à l 'épreuvede la mondialisation.Ce colloque organisé par la Revue internatio -nale d’éducation de Sèvres se proposed’identifier et d’analyser les éléments de diversitédes réalités scolaires. Il s’attachera àdiscerner ce qui se développe mais aussi cequi résiste, les grandes convergences commeles singularités et les hybridations.Du 12 au 14 mars au CIEP, SèvresSortir du face-à-facefamille/école.Comment sortir du face-à-face famille/écoledans un contexte de reconfiguration des politiqueséducatives? C’est la question qui seraposée au cours d’un colloque organisé parl’Injep, l’association de la fondation étudiantpour la ville (Afev), l’agence nationale delutte contre l’illetrisme (ANLCI) et la fédérationnationale de l’école des parentes et deséducateurs (Fnepe).Du 12 au 13 mars à Marly le RoiIntertice 2009, carrefourdes usages pédagogiquesdu numériqueIntertice se veut « un temps de réflexion et debilan pour rendre compte de l’impact desTice sur la transmission des savoirs, surl’évolution de l’enseignement et sur l’activitédes élèves ».Ateliers, animations et conférences sont proposéssur les outils innovants — tableau numériqueinteractif (TNI), espace numériquede travail (ENT), visioconférence, B2i, balado-diffusion,blog, wiki…Les 31 mars et 1er avril,au CNIT La Défense à Paris29


Réflexions« Des atteintesà l’identité professionnelle »30Les réformes actuelles induisent-elles unchangement de nature des missions assignéesà l’école primaire?On peut mieux les comprendre en les rapprochantdes évolutions que l’on constate enAngleterre. Le pilotage par les résultats à destests nationaux (dans le cadre d’une concurrenceentre établissements) a été initié par l’ultralibéraleMargaret T h a t c h e r. Cela a certes permisaux jeunes Anglais d’avoir de bons scoresdans les évaluations internationales centréessur quelques matières jugées «f o n d a m e n t a l e s »(la lecture et les mathématiques). Mais auterme de la grande enquête menée récemmentsur l’école primaire en Angleterre, le verdictest sans appel. Les jeunes Anglais passentbeaucoup de temps sur ces matières évaluées(et à la préparation à ces tests) au détriment desautres disciplines. La mise en garde est sévère:« Leur éducation et même leurs vies sont ap -pauvries en recevant une éducation aussi défi -c i e n t e ». La question des «f o n d a m e n t a u x » estcertes fondamentale; mais à condition de penserqu’il existe du «f o n d a m e n t a l » dans chaquediscipline, dans le pluridisciplinaire et dansl’interdisciplinaire. Ce qui est une tout autretradition, et une tout autre ligne que celle empruntéepar Xavier Darcos, après Marg a r e tT h a t c h e r.Dans ce contexte, comment interprétez-vousla réduction du temps scolaire et la mise enplace de l’aide personnalisée?Le ministre a argué que nousrestions avec un horaire annuelparmi les plus élevés d’Europe.Mais c’était faire l’impasse surle fait que notre journée de classeest nettement plus longue engénéral que celle d’autres payscomparables, ce qui ne rend pasoptimum — loin s’en faut – lecadre des apprentissages. Ennombre de jours de classe paran, nous sommes désormais –et de loin — bon dernier: 140par an. Dans ces conditions, c’est une impostureque de prétendre – comme le fait XavierDarcos – que le nouveau dispositif privilégie laon passe au«d é f i»commemode deréponse auxr é f o r m e sClaude Lelièvrelutte contre les échecs scolaires, d’autant queles élèves en difficulté n’ont pas plus d’heuresd’enseignement qu’avant: ils n’ont plus lesheures du samedi, mais deux heures hebdomadairesà placer en plus dans des journées declasse déjà trop charg é e s!Comment percevez-vous les réactions dumonde enseignant?Les réformes ministérielles ont été prises dansle contexte du non-renouvellement de la moitiédes postes des fonctionnaires partant à la retraite.C’est comme cela qu’ont été perçus lesprojets de modifications d’accueil de la petiteenfance (alors que les élèves de maternelle représentent– ce n’est pas un détail — presque4 0 % de la totalité des élèves de l’école primaire),ainsi que la décision de rapatriement de3000 Rased. Ces réformes ont aussi été ressentiescomme autant d’atteintes àl’identité professionnelle des enseignants.On se souvient de l’ulcérationdes enseignants de maternelleen raison de propos ministériels« m a l h e u r e u x » tenus au Sénat. Les« R a s e d » ont pris comme un dénide ce qu’ils sont, de leur spécialité,la décision de les rapatrier dans lesclasses. Les nouveaux programmesdu primaire, et le battage médiatiqueauquel ils ont donné lieu, ont profondémentirrité la plupart des enseignants de l’écoleélémentaire, dont l’identité repose sur la capacité– toutes disciplines confondues – à êtreHistoriende l’éducationTient sur Mediapartun blog intitulé''Histoire etpolitiques scolaires''des spécialistes des apprentissages, de la pédagogie.Or, on leur disait (urbi et orbi!) qu’avecles «a n c i e n s » programmes de 2002 qu’ilsavaient largement acceptés, ils s’étaient fourvo y é s .Comment analysez-vous les nouvelles formesde contestation comme les «d é s o b é i s s e u r s »?Il faut souligner d’abord qu’elles ne se substituentpas de facto aux formes classiques derapports de forces puisque, dans la dernière période,la participation aux élections paritaires aaugmenté et les mobilisations dans les manifestationsou les grèves ont connu des taux particulièrementélevés dans le primaire. Les nouvellesformes de contestation, en particulier lemouvement de «d é s o b é i s s a n c e » (historiquementinédit), attestent que, par-delà le refus etla défiance, on passe au «d é f i » comme modede réponse aux réformes considérées commeillégitimes. Ce climat délétère ne saurait durersans une mise en danger de l’éducation nationaleelle-même.Existe-t-il selon vous une possibilité de réta -blissement d’un climat serein dans les écoles?Il le faut, et le plus vite possible. Cela demandeun infléchissement net de la politique scolairemenée dans le primaire. Et, compte tenu dupassé et du «p a s s i f » de Xavier Darcos qui s’estinvesti surtout là, il semble inconcevable quecela puisse «p a s s e r » avec lui, et donc par lui.P ropos recueillis par Daniel Labaquère

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