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FSC n° 390 - SNUipp

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Universitéd’automnedu <strong>SNUipp</strong>née aux enseignants. Etantdonné qu’ils ont considéréqu’elle était très faible et commeelle n’a pas été liée à des objectifsclairs, beaucoup la considèrentseulement comme unecompensation par rapport à dessituations très difficiles.On voit dans les enquêtesinternationales que lesystème françaisd’éducation continueencore à être très élitiste.Pourquoi selon-vous ?L’égalité scolaire est conçue enFrance comme l’obligation dedonner à chaque individu leschances d’aller aussi loin quepossible en fonction de ses capacités.C’est en tout cas ce quepensent beaucoup d’enseignants,davantage sans douteceux du secondaire que ceux duprimaire. Dans la pratique, cetteidéologie conduit le plus souventà se focaliser sur les élèves quisemblent avoir les dispositionsrequises pour aller le plus loinpossible. Je suis souvent déçuede constater quand je visite pourmes enquêtes des établissementsdéfavorisés qu’un certainnombre de principaux ou proviseursconsidèrent qu’ils ontréussi si un ou un petit nombred’élèves intègrent des lycées oudes classes préparatoires derenom. C’est un peu comme si çarachetait les difficultés de tousles autres élèves.Dans ce cas, commentrendre le système pluségalitaire ?Si on veut aller vers un systèmeplus égalitaire il faut avoir beaucoupplus un objectif de dotertous les enfants d’un socle communde connaissances et compétencesqu’on ne l’a aujourd’hui.On a un discours autour de cesocle commun, mais noussommes très éloignés de sonancrage dans les objectifs fixésà l’enseignement. L’idée est defaire en sorte qu’une grandemajorité d’élèves atteigne unbon niveau sans nécessairementque ce niveau soit excellent pourtous. On sait très bien que l’excellencesera le fait d’un petitnombre. Si on en reste au modèleactuel on demeurera dans uneoptique très individualiste et oncontinuera à pousser quelquesuns plutôt que lagrande massevers un très bonniveau.Quelle partprennent lesenseignantsdans cephénomène ?Il est intéressantde regarder ce quise passe dans lesétablissements oùsont concentrésles publics en difficulté.On constate que lesenseignants ont tendance àadapter leurs pratiques pédagogiqueset éducatives au niveau« Des systèmes derégulation danslesquels on crée descritères prioritairesd’affectation pasuniquementgéographiques, pourfaire en sorte qu’il y aitde la mixité dans lesétablissements ».et aux caractéristiques supposésde leurs élèves et que cela a deseffets à long terme sur l’ensemblede l’établissement. Dansmon livre L’école de la périphérie,j’ai décrit les effets induitspar cette adaptation sur l’enseignement,l’orientation, la discipline,etc. Souvent on nes’intéresse àces établissementsqu’aumoment où ily a de grandesexplosions deviolence. Cequi devraitattirer l’attention,c’est toutce qui sepasse avant, lefait que s’ilexiste desenseignants etdes équipestrès mobilisés,beaucoup finissent par s’accommoderde ces contextes problématiques.De ce fait, on ne voitpas comment progressivementq La ségrégation en chiffresLes statistiques fournies par l’Education nationale montrent à quel point lamixité sociale fait défaut dans les écoles de l’éducation prioritaire, etnotamment celles classées en ECLAIR où quasiment les trois quarts desélèves sont d’origine populaire ou défavorisées. Source RERS 2013Proportion d’enfants d’ouvrierset inactifs hors EP34,5 %Proportion d’enfants d’ouvriers etinactifs dans l’ensemble du 1 er degréProportion d’enfants d’ouvrierset d’inactifs en RRS42,3 %les établissements peuvent semettre eux-mêmes dans uneposition de relégation.Quels effets cela a-t-il ?Ces dernières années, les élèvesmoyens-faibles ont progressé.Les trajectoires des élèves enéducation prioritaire ne sont pastrès différentes de celles desélèves hors éducation prioritaire,mais les niveaux d’acquisitionsentre les uns et les autres ne sontpas les mêmes. Mes derniers travauxsur lesquels je n’ai pasencore écrit portent sur la formationdes élites. Je me suis renduecompte que dans les classes préparatoiresles plus sélectives onprend en compte l’établissementde provenance des élèves. Et onestime par exemple qu’un élèvevenant d’un établissement défavoriséavec 16 de moyenne enmathématiques, possède en réalitéun niveau se situant plutôt à13 parce que dans le lycée d’où ilvient on note avecindulgence. On a puProportion d’enfants d’ouvrierset d’inactifs en ECLAIR56,5 %.../...73 %13 e 97grandinterview

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