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FSC n° 390 - SNUipp

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Universitéd’automnedu <strong>SNUipp</strong>« Le marché "officieux"de l’école française »Vous venez de publier avecles sociologues GeorgesFélouzis et Christian Maroyun ouvrage sur ledéveloppement de marchésscolaires. Qu’appelez-vousmarchés scolaires ?Notre définition du marché metplutôt l’accent sur les phénomènesde concurrence quipeuvent exister entre les établissementset sur le choix desfamilles. En France, malgré unsystème en principe très cadréautour de la carte scolaire, l’idéed’un marché scolaire s’est développéeparce que les usagers ontle sentiment qu’il n’y a pas d’homogénéitéde l’offre éducative.L’enseignement privé s’est diversifié,n’étant plus seulement centrésur une offre religieuse ouidéologique mais pouvant parexemple proposer un enseignementdestiné aux élites, un enseignementde rattrapage, unenseignement avec beaucoupd’encadrement ou encore unenseignement novateur. A l’intérieurmême du service public,plus qu’une différenciation entreétablissements, on constate unehiérarchisation. L’idée a fait sonchemin que l’Etat ne garantissant« L’idée a fait son cheminque l’Etat negarantissant paspartout la qualité duservice publicd’éducation, tous lesétablissements ne sevalent pas. »AgnèsVan ZantenAgnès Van Zanten est sociologue, directrice de recherche au CNRS. Elletravaille à l’Observatoire Sociologique du Changement et enseigne àSciences Po. Elle dirige également la collection « Éducation et société »aux Presses universitaires de France. Ses thèmes de rechercheconcernent les inégalités d’éducation, les stratégies éducatives desfamilles, les dynamiques au sein des établissements scolaires et lespolitiques éducatives nationales et locales.pas partout la qualité du servicepublic d’éducation, tous les établissementsne se valent pas.Quelles en sont lesconséquences ?Ce phénomène génère des pratiquesde choix de l’école ou del’établissement chez les familles,débordant le cadre administratifde la carte scolaire et auxquellesl’Etat a lui-même ouvert la porte.Certes on peut toujours choisirde se tourner vers l’enseignementprivé si l’on n’est pas satisfaitdu public, mais les mesuresd’assouplissement de la cartescolaire, la multiplication desoptions, ont un effet similairedans l’enseignement public. Etpuis, au-delà de ces choix scolaires,il y a aussi la stratégie desfamilles qui consiste par exempleà choisir son lieu de résidence enfonction de l’école du secteurdont on dépend.Aujourd’hui on peut dire qu’ilexiste en France, en tout casdans les grandes villes, des phénomènesde marché scolaire quenous appelons dans notre livredes marchés « officieux » parceque, contrairement à d’autrespays, il n’y a pas une politique demarché qui s’affiche clairementcomme telle. On peut dire que lemarché s’est construit par le bas,par les stratégies des établissements,qui cherchent à capter lesmeilleurs élèves et par celles desparents qui cherchent à fuir lesétablissements qu’ils estimentde mauvaise qualité et par cellesdes autorités locales qui tolèrentun certain nombre de pratiques,entre autres parce qu’ellespensent que c’est la seule façonpour le service public de limiterles inscriptions dans le privé.La notion de marchéimplique une relationtarifée entre offre etdemande, unerémunération, est-ce le casici ?Les sociologues qui font de lasociologie économique ont montréque tous les marchés ne sontpas articulés autour des prixcomme dans un modèle économiqueclassique. Il existe unesorte d’économie de la qualitédans laquelle l’articulation entrel’offre et la demande est beaucoupplus fondée sur ce critèreque sur le prix. En outre, dans lecadre du service public où il n’y.../...q Cours privés : l’ombre de l’écoleDans leur ouvrage Les marchés scolaires, Agnès Van Zanten, GeorgesFélouzis et Christian Maroy n’abordent pas le thème du développement descours privés donnés en dehors des heures de classe par des entreprisesspécialisées dans les cours particuliers. Agnès Van Zanten indique que cettequestion fait l’objet d’un travail qui pourrait donner lieu à unecommunication ultérieure car, dit-elle, « le recours aux cours privés estsource de véritables inégalités ». Ce que l’on sait déjà, c’est que selonL’ombre du système éducatif, un rapport publié par l’Unesco en 2011 etremis à la Commission européenne, la France est championne d’Europe descours privés. Le soutien scolaire privé se développe partout en Europe et« risque de maintenir et d’exacerber les inégalités » s’alarmait ce rapport,pointant un marché peu réglementé, bénéficiant aux élèves issus de milieuxfavorisés. Si le soutien scolaire privé ne s’est pas développé de la mêmefaçon dans tous les pays, tout en haut du palmarès on trouve la France,avec un marché du soutien privé estimé en 2007 à 2,2 milliards d’euros.13 e 91grandinterview

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