13 e Enfant« Les enjeux de l’enseignement laïquede la morale »Universitéd’automnedu <strong>SNUipp</strong>Le consensus autour ducaractère laïque de l’Ecolefrançaise vole en éclats.Pourquoi ?PT. Le consensus portait sur la laïcitéde l’école publique, le débatrestant entier sur le financementde l’enseignement privé ! L’écoles’adresse aujourd’hui à des jeunesqui baignent dans les moyensmodernes de communication etqui passent plus de temps devantla télévision, leur ordinateur ouleur portable qu’à l’école. Ils nesont pas vierges de connaissancesque seul le maître leur apporterait.Ils arrivent à l’école avec des idéeset des représentations et le désirde les exprimer. L’attitude deconfiance, voire de déférence, faceà l’école et à l’enseignant est remplacéepar la revendication pourchaque élève de l’affirmation desa singularité, de la liberté de sonimage et de son apparence et parla volonté de faire prendre encompte l’expression de ses convictionset de ses différences. Laréponse pour fixer les limitesacceptables de cette expressionn’est pas évidente pour une écolequi n’a jamais su gérer la diversité.« De la difficulté àgérer la diversité. »Pierre TournemirePierre Tournemire est depuis sa retraite professionnelle vice-présidentde la Ligue de l’enseignement en charge de la laïcité. Instituteur àl’origine, sa carrière professionnelle a été faite au sein de la Ligue del’enseignement, comme permanent régional Midi-Pyrénées d’abord de1974 à 1982, puis secrétaire général de la Fédération des œuvres laïquesde la Haute Garonne de 1982 à 1992 et comme secrétaire généraladjoint national de 1992 à 2009.Quels sont les éléments decette controverse ?PT. Si tout le monde s’accorde surle respect de la liberté deconscience des élèves, il y a desapproches différentes pour lagarantir. On peut estimer qu’ilfaut privilégier l’exercice de laliberté et non la contrainte pourune expression bénéfique de ladiversité sous les seules limitesqu’elle respecte les libertés fondamentales,les personnes et lebon fonctionnement de l’établissementou considérer que laliberté de conscience passe parun apprentissage et l’émancipationet donc exige qu’elle soitlibérée des contraintes religieuses.Même si ces approchesne s’expriment pas de façon aussicaricaturale, elles surgissent inévitablementdès lors qu’on promeutune « charte de la laïcité »ou un enseignement de la moralecar il ne suffit plus alors de s’accordersur de grands principesmais sur une déclinaison concrètede leurs contenus.Un siècle après la loi de1905, les enjeux se posent-ilsde la même manière ?En 1905 les affrontements entrel’Eglise catholique et les républicainsétaient violents. Le conflitne portait pas sur la croyance oula religion : il était essentiellementpolitique pour résister aux prétentionscléricales de diriger lesconsciences et les comportementssociaux afin de pérenniserla République. La promotion dela laïcité était clairement au servicede la liberté, de l’égalité etde la fraternité. Aujourd’hui, laRépublique a à gérer une sociétépluriculturelle où s’expriment deplus en plus des revendicationsidentitaires et religieuses quiinterpellent nos traditions. Ledébat, hier politique et juridique,est devenu culturel et idéologique.Dans ce contexte où lacrise génère intolérance et peurde l’autre, le risque est que la laïcitésoit instrumentalisée pourpréserver une identité françaiseprétendument menacée, notammentpar l’islam et l’immigration.Comment éviter cettedérive ?PT. En faisant vivre l’esprit de la loide 1905 ! A l’époque, dans uncontexte d’affrontements violents,les législateurs ont eu la© BILAL / naja« Une mise en œuvreexigeante à l’écoleet dans la classe. »clairvoyance d’adopter une loicréant les conditions d’une pacificationdes esprits en assurant laliberté de conscience et engarantissant l’expression desconvictions de chacun. Ils ontdéfini, au nom des principesqu’ils avaient fixés, les conditionsd’expression d’une liberté individuellecompatible avec les libertésde tous. Les chemins de laliberté et de l’émancipation étantparallèles, ils pouvaient entraînerl’adhésion de tous. De la mêmefaçon aujourd’hui, il faut, d’unepart, indiquer clairement que lessingularités des convictions sontrespectées et qu’elles peuvents’exprimer à la condition de respecterles autres singularités, leslibertés de tous et la dignité dechacun. Il faut, d’autre part, créerles conditions du rassemblementpour construire des valeurs partagéesdans le respect de l’intérêtgénéral.La « charte de la laïcité »était-elle nécessaire ?Comment concrètement lamettre en application dansles écoles ?PT. Dans un climat passionnel, untexte solennel sur la laïcité s’imposait.On peut discuter lecontenu mais l’essentiel est danssa mise en œuvre qui exige uneformulation claire des finalités etune cohérence des programmesavec ces finalités. Elle doitconduire à des transformationsdes pratiques et à une harmonisationdes règles qui régissent lesrapports entre l’enseignant et lesélèves. Elle suppose évidemmentune formation des enseignantstant sur les contenus que pour lespratiques pédagogiques adaptées.Propos recueillis par Virginie Solunto85etsociété
EnfantetsociétéTABLE RONDEScolaireet périscolairePour une continuitédes temps éducatifsProjets éducatifs territoriaux, semaine à 4,5 jours, si elle n’est pas nouvelle la question du rôledes collectivités et des territoires dans les politiques éducatives est plus que jamais d’actualité.La prise en compte du temps global de l’enfant invite à une responsabilité partagée entre lesdivers acteurs, avec l’Éducation nationale en première ligne. Arnaud Tiercelin de la Ligue del’enseignement prône une continuité entre les différents temps éducatifs de l’enfant. En Ariège,les acteurs institutionnels et associatifs ouvrent des pistes avec un Schéma départemental pourles politiques éducatives concertées.13 e université d’automne du <strong>SNUipp</strong> - 18-19-20 octobre 2013© BILAL / naja86q En Ariège, une éducation partagéeà l’échelle des territoiresEn Ariège, les élèves de 80% desécoles disposent d’un accueil deloisirs associés à l’école. C’est lerésultat d’une politique qui,depuis une trentaine d’annéesassocie les acteurs institutionnels (Caissed’allocations familiales, Conseil général,Direction départementale de la cohésionsociale et de la protection des populations- anciennement Direction départementalejeunesse et sports – et de l’Education nationale.En 2012 ces partenaires ont élaboréavec les fédérations et associations départementalesd’éducation populaire* unschéma départemental pour les politiqueséducatives concertées en Ariège. Dans cedocument, les signataires « affirment dansune logique de complémentarité et de continuité,leur volonté de concertation, de coopérationautour de la mise en cohérence destemps et des espaces d’accueil éducatifs del’enfance, de la jeunesse et de la famille ». Ilssont regroupés autour d’une plateforme,« Territoires éducatifs ».L’objectif est de proposer aux collectivitésterritoriales des outils pour évaluer leurpolitique éducative, pour les accompagneret les soutenir dans leurs actions de miseen œuvre d’une action éducative locale.« Nous avons eu le déclic après la mise enplace par l’Education nationale de l’accompagnementéducatif » se souvientNadine Bégou, chargée de mission pour