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FSC n° 390 - SNUipp

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13 e mater-Phonologie de la GS au CP : «refonder »les conceptions et les démarchesUniversitéd’automnedu <strong>SNUipp</strong>Quel portrait faites-vous desenfants faibles lecteurs ?AO. Avec des collègues de la fédérationdes maîtres E (FNAME),nous avons étudié 1300 élèves decycle 2 bénéficiant tous d’une aidespécialisée. Les garçons sont surreprésentés(3 sur 4), ainsi que lessujets nés au 4e trimestre et, sanssurprise, ceux qui viennent descatégories sociales les plus défavorisées.Sur le plan cognitif, d’après uneautre étude menée égalementavec la FNAME avec 563 enfantsde CP, les élèves en grande difficultése caractérisent par une inexpériencede l’écrit. De ce fait, ils ontrarement compris la graphophonologieà l’entrée au CP : 95 % desenfants non lecteurs ou très faibleslecteurs à la fin du CP ne savaientpas, en septembre, segmenter ensyllabes écrites des mots commePAPA, TAPIS, COUCOU… Quandon leur demande de montrer dansPAPA où sont écrites les deux syllabes[pa] qu’ils ont découpées àl’oral, ils entourent par exemple Ppuis A. Il faut bien voir que la compréhensionde l’idée de graphophonologiene peut nullementrésulter des activités phonologiquesmenées en GS car, en général,elles ne portent que sur desstimuli auditifs. Du reste, on peutse demander comment les enfantspeuvent comprendre qu’on viseainsi à les préparer à l’apprentissagede la lecture…Ces élèves en difficulté devant lalangue écrite n’ont guère derepère sur la manière dont l’écritet l’oral se lient. Ils confondent lesdivers niveaux d’articulation(mots, syllabes, phonèmes, lettres,graphèmes, etc.). Perdus dans ce« La syllabe orale,saillante en français,est accessible à près de100 % des enfants. »André OuzouliasAndré Ouzoulias est professeur honoraire à l’Université deCergy-Pontoise. Formateur d’enseignants (psychopédagogie), il s’estparticulièrement intéressé aux premiers apprentissages de la lecture etaux élèves en grande difficulté dans ce domaine. Il est l’auteur d’ungrand nombre d’articles et d’ouvrages pédagogiques (Médial, le livresur les MACLÉ, etc.). Il dirige la collection pédagogique Comment faire ?coéditée par Retz et le CRDP de l’Académie de Versailles.brouillard, leur investissement scolairese stérilise, ils se découragentet leur image de soi finit par êtreatteinte.© mira / NAJA« Faire écrirefréquemment les élèvesdès la GS et au CP surdes textes courts »Mais comment lier oral etécrit dès la GS ?AO. Avant tout, il faut viser unecompréhension de l’idée de graphophonologieà l’entrée au CPpour tous les élèves. Mais si,comme aujourd’hui, conformémentaux programmes de 2008,on vise d’emblée le niveau desrelations graphèmes-phonèmes,on marginalise au moins 20 % desenfants. Il faut donc travailler surdes unités plus accessibles. La syllabeorale, saillante en français, estaccessible à près de 100 % desenfants. On peut amener cesélèves à lier segmentation syllabiquede l’oral et de l’écrit. Ayantainsi compris l’idée de graphophonologie,ils pourront découvrir lesphonèmes et les graphèmes auCP. Et il n’y a aucune perte detemps, pour personne ! Une progressionen ce sens a été expérimentéeavec succès.Mais,il n’y a pas de meilleur moyende favoriser la réussite de tous lesélèves que de les faire écrire fréquemmenten GS et au CP. Pourles enfants sans grande expériencede l’écrit, c’est ainsi qu’ilspeuvent le mieux s’approprier lalangue écrite, activement et demanière accélérée : écrire dissipele brouillard et éclaire le paysage.Cela pose bien sûr la question ducomment… La solution passe pardes textes très courts, des situationsqui favorisent l’autonomie(cf. les situations oulipiennes), unétayage des enseignants et pardes outils d’autonomie (glossairesillustrés, comptines et textes références,etc.) qui évitent aux élèvesd’avoir à inventer l’orthographedes mots.Qu’attendez-vous desprogrammes de 2015 ?AO. Pour avancer vers la démocratisationde la culture écrite, il y aquatre domaines dans lesquels ilfaut repenser les choix didactiques.Les lecteurs de FenêtresSur Cours trouveront sur le site du<strong>SNUipp</strong> une présentation sommairede ces propositions que jene peux que résumer ici :1°) Il importe de progresser surl’enseignement de la langue oraleen maternelle. En fin de maternelle,s’exprimer avec clarté et àpropos, c’est le moitié du cheminvers la lecture. Pour cela, il fautpouvoir organiser quotidiennementdes petits groupes. Le dispositif« Plus de maîtres que declasses » devrait être déployé enpriorité au service de cet objectifdans les écoles des quartierspopulaires. Mais ce qui importec’est aussi la nature et la qualitédes interactions adulte-enfantsdans ces petits groupes…2°) Comme on vient de le dire, ilconvient de refonder l’enseignementde la graphophonologie à lacharnière GS-CP.3°) Il faut faire de la productionquotidienne d’écrits le moteur desapprentissages de la langue écrite,de la GS au CM2.4°) Il est nécessaire enfin de revoirnotre façon d’aborder l’orthographe.C’est un domaine où lerecul des performances des élèvesest grave et a des impacts invisibles: à travers la reconnaissanceorthographique des mots, ilaffecte la compréhension en lecture.Propos recueillis par Ginette Bret65nelle

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