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FSC n° 390 - SNUipp

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13 e arts« Un patrimoine littérairepour les enfants !»Universitéd’automnedu <strong>SNUipp</strong>Pourquoi avez-vous décidéd’écrire ce livre ?JT. Si l’importance des histoiresdans la vie de l’enfant sembleaujourd’hui admise, les pratiquesd’appropriation des livres par l’enfantvarient. Elles diffèrent auniveau des objectifs poursuivis,des modalités qui permettent uncontact précoce et des choix delivres proposés. J’avais à cœur desolliciter une réflexion sur cesmédiations en m’appuyant sur uneexpérience professionnelle baséeà la fois sur des observations dejeunes enfants en situation de lectureet sur une fréquentation assidueet une approche comparativedes ouvrages « dits » destinés à lapetite enfance, de zéro à six ans. Ils’agissait pour moi de transmettreà tous ceux qui partagent le plaisirde lire des histoires avec les jeunesenfants des manières particulièresqui ont fait leurs preuves et demontrer en quoi elles participentau développement psychique del’enfant, à la construction de sapersonnalité en tant que petitsujet libre et autonome, à uneapproche ludique et culturelle desgrands artistes qui écrivent pourles petits.Selon vous, qu’est-ce quifait grandir les enfants ?JT. Tous les enfants du monde, hormisun seul - Peter Pan, esprit del’enfance incarné - grandissent,veulent et peuvent grandir, dansla réalité et dans la fiction. Touteleur vie se tend de ce désir impérieux.Grandir, c’est acquérir uneautonomie, exercer sa liberté,affirmer sa capacité à penser, agiret désirer, autant qu’à prendre encompte la pensée des autres, sortirde son point de vue et sedécentrer. Les histoires supposentà la fois la capacité d’unifier unemultiplicité de faits dans unetrame, de s’intéresser à des expériencesindividuelles s’éloignantplus ou moins d’une réalité empirique,de suivre la trajectoire desJoëlle TurinJoëlle Turin est critique et formatrice en littérature de jeunesse et plusparticulièrement dans le domaine de l’album, en lien avec ledéveloppement psychique du jeune enfant. Directrice de l’Institutinternational Charles-Perrault, professeur en sciences de l’éducation,elle participe à de nombreux colloques, assure des conférences,collabore à des revues sur la littérature de jeunesse, assure et organisedes sessions de formation. Dernier ouvrage : Ces livres qui font grandirles enfants Ed. Didier jeunesse.personnages, de s’imaginer àleurs côtés, de partager leurspoints de vue, de participer audéroulement de leurs actions, deleur emboîter le pas, de fairesiennes leurs pensées, leurs questions,leur destin et d’éprouverdes émotions. « Enfants, nous passonsnotre temps à apprendre surle monde et à imaginer d’autresunivers » dit Alison Gopnik : lemonde de la fiction participe à cetapprentissage et à cette ouverturedes horizons.Qu’est-ce qui vous a guidéedans le choix des livres ?JT. Si tous les enfants aiment leshistoires, toutes les histoires nes’intéressent pas aux enfants dela même façon et toutes n’invitentpas à une communion avecles textes et les images. Les choixd’albums ont été décidés à lasuite d’observations d’enfants ensituation de lecture, de leurspropres choix au milieu de livresproposés, des caractéristiques del’enfance et surtout de leurdimension esthétique, de leursqualités de raconter, de prendrel’enfant en compte, lui et sesgoûts, ses questions, ses centresd’intérêt, ses manières d’être etde vivre. Il s’agissait d’offrir unediversité d’approches, de styles,de thématiques avec l’idée que lejeune lecteur finirait par trouverle livre qui lui convient et qu’ill’interpréterait en fonction de sespréoccupations, de son vécu, de« Grandir... pour sortirde son point de vue et sedécentrer. »© mira / NAJA« Le livre un traitd’union entre l’enfantet l’adulte. »sa culture. « Ecouter la littérature» dit Thomas Pavel, c’est selaisser aller pour qu’une certaineconfiance, une certaine détente,une espèce de familiarité s’établisseentre le lecteur et l’œuvre.Il convenait alors d’éviter deslivres trop explicatifs, à viséestrictement éducative pour privilégierdes ouvrages ouverts,ludiques, pratiquant les ellipses,les non-dits, provoquant des perplexités,voire une intranquillité,non dans sa dimension d’angoissemais celle d’attention auxautres, aux petits et grands événements,tout en aiguisantconstamment la curiosité.Dans les nouveauxprogrammes pour l’école,quelle place pour lalittérature de jeunesse ?JT. S’il y a place pour la littératurede jeunesse dans les nouveauxprogrammes, elle pourrait sesituer dans l’idée de permettreaux enfants de gagner en familiaritéavec les univers fictionnelset de les aider à construire unpatrimoine commun en leur faisantéprouver le côté aventureuxde la lecture et l’intimité des rapportsentre le lecteur et lesœuvres. Les lectures à haute voixdans des dispositifs permettantà chaque enfant de se sentir individuellementconcerné en toutpetits groupes, position de côteà côte, libre choix des enfants,liberté de participer ou non à lalecture, attention bienveillanteportée à chacun, commentairesvalorisants, peuvent grandementfaciliter cet objectif. La lecturedevient un objet de partage et lelivre un trait d’union entre l’enfantet l’adulte, entre l’auteur et sonlecteur. Propos recueillis par Ginette Bret49àl’école

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