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FSC n° 390 - SNUipp

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13 e app-« Le plaisir doit rester central »Universitéd’automnedu <strong>SNUipp</strong>Depuis 1998, on enseigne leslangues à l’école primaire.Est-ce une bonne chose ?MA. D. La science a montré l’efficacitépour le développement descompétences phonétiques desenfants de commencer les languestôt. Le démarrage de l’apprentissaged’une langueétrangère dès l’école maternellerépond à deux objectifs majeurs.Le premier est l’ouverture auxautres avec la découverte et l’acceptationd’autrui et des ses différences.Une découverte qui seconstruit d’autant mieux qu’elleest proposée tôt aux élèves. Cettedémarche intégrant la dimensionculturelle de la langue ne doit passe limiter à une seule langue.L’école maternelle pourrait être lelieu d’un éveil aux langues etcultures en profitant du fait queles professeurs des écoles n’ontpas la contrainte des textes officielscomme à l’école élémentaire.Le deuxième objectif est de travaillerl’oral et l’écoute. Cela se faitd’autant plus facilement que lesenseignants sont compétentsdans la langue qu’ils enseignent,ce qui est contradictoire avecl’obligation d’une langue donnée.Avant 1998, le libre choix de lalangue par les enseignants généraitun enthousiasme et un plaisirpartagé qui rejaillissaient sur lapédagogie et les élèves et avaitété souligné dans des rapportsofficiels.marie-ange datMarie-Ange Dat est maîtresse de conférences en sciences du langage àl’Université de Nantes, chercheuse au laboratoire linguistique de Nantes,spécialisée dans l’apprentissage des langues par les enfants et lesdébutants. Elle travaille actuellement sur l’influence des émotions surl’acquisition et la perte des langues. Elle vient de collaborer à l’ouvrage : « Lefrançais comme langue de scolarisation » Chasseneuil du Poitou CNDP 2012.Faut-il viser descompétences précises pourles élèves ?MA. D. C’est une question qui a ététranchée dans les textes officielsdès 1991. Je ne contesterai pas lechoix politique, mais j’y mettraisdeux conditions. Comme cetapprentissage commence tôt, dèsle CE1, il faudrait qu’il soit accompagnépar un éveil aux langues etcultures pour permettre la découvertede l’altérité. La deuxièmecondition, c’est que les enseignantschargés de cet enseignementsoient à la fois volontaires etcompétents en pédagogie etdidactique. Sinon, on se retrouveau mieux dans une approche scolairede la langue qui a déjàdémontré ses limites avec l’enseignementtraditionnel pratiqué aucollège à une certaine époque. Onlaisse alors de côté le plaisir d’apprendreune langue. Il serait dommagede passer à côté dupotentiel d’acquisition des enfantspour un apprentissage structurémais il ne faut pas oublier l’aspectdécouverte et plaisir qui doit restercentral.Comment échapper à laprédominance de l’anglais ?MA. D. La contrainte forte autourd’une langue étrangère unique quiest le plus souvent l’anglais n’estpas mentionnée dans les textesofficiels. Pourtant, ils sont souventinterprétés dans ce sens aussi bienpar la hiérarchie que par beaucoupde professeurs d’école. Lesenseignants qui sortent de formationsont encore loin d’avoir lescompétences et l’appétencenécessaires pour enseigner l’anglais.Au vu des pratiquesactuelles, je me demande s’il n’auraitpas été plus bénéfique de faireappel aux ressources linguistiquesd’une seule école ou d’un bassind’écoles. Il me semble qu’en partantdu volontariat et des ressourcesdes enseignants, on auraitatteint a minima les mêmes résultatsaujourd’hui. Si en surface, leschoses semblent réglées, onconstate que les choix politiqueset organisationnels qui sont faitsne permettent pas d’atteindre lesobjectifs visés. Un parcours multilingueà l’école primaire serait unesolution réaliste et sans douteaussi, voire plus, efficace.© mira / NAJA« Il n’est pas logique queles allophones aientautant de difficultésscolaires. »Que pensez-vous del’enseignement bi-langues enimmersion ?MA. D. Les expériences sont rares hormisen matière de langues régionalesmais elles mériteraient d’êtreétendues. Le bilinguisme favorisechez les enfants le développementdes possibilités cognitives en langues,y compris la langue maternelle,et pour l’ensemble desapprentissages. Développer ce systèmeserait une bonne chose pourdeux raisons : il serait profitablepour tous les enfants, quelle quesoit la langue et il permettrait enfinde véritablement apprendre leslangues étrangères.Pour les primo-arrivants, lebilinguisme se révèle parfoisun handicap...MA. D. Le premier levier est d’amenerles élèves à mieux considérerleur langue et culture d’origine. Etpour cela, il faut que leur enseignantle fasse aussi. Chacun a enlui un dispositif inné d’acquisitiondes langues. Il n’est pas logiqueque les allophones aient autant dedifficultés scolaires. Les raisonspeuvent être complexes mais biensouvent ces élèves sont en échecparce qu’insuffisamment accueilliset pris en compte comme despersonnes porteuses d’unelangue et culture importantes. Cen’est pas un problème scolairemais plutôt sociétal : les primoarrivantsqui arrivent des États-Unis connaissent rarement deproblèmes. Le travail essentielpour l’enseignant est d’ordre psycho-affectif: accepter et faireaccepter les enfants avec leur différenceet avec leur langue. Proposrecueillis par Philippe Miquel43rentis-sages

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