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FSC n° 390 - SNUipp

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13 e app-« Des éducations à... penser ? »Universitéd’automnedu <strong>SNUipp</strong>Quelle définitiondonnez-vous aux« éducations à » ?JL. Les éducations à la paix, à lasanté, au développement durablesont autant d’« éducations à »que je définis par opposition aux« enseignements de ». Ce ne sontpas des matières scolaires ausens premier du terme, elles sontsouvent implicites au programmeet apparaissent au travers de circulaires.Alors que l’ « enseignementde » concerne ce que l’onsait déjà, les « éducations à » sontplus de l’ordre de la prospectionet visent le changement de pratiquessociales et leur généralisationà la génération suivante.Elles font le pari du changement.« Elles font le pari duchangement. »Joël LebeaumeJoël Lebeaume, professeur de sciences de l’éducation à l’universitéParis Descartes, est didacticien de la technologie. Ses recherchesconcernent l’évolution de l’éducation scientifique et technologique etde ses relations dans l’ensemble des matières et actions éducatives. Il arédigé l’article “Effervescence contemporaine des propositions« d’éducations à…» Regard rétrospectif pour le tournant curriculaire àvenir” dans le n°50 de la revue Spirale consacré aux “éducations à”. Il estpar ailleurs l’auteur de Comprendre comment ça marche et d’Inventionset inventeurs chez Nathan.La présence des« éducations à » dans l’écoleest-elle nouvelle ?JL. Non, ce phénomène était déjàà l’œuvre dans l’école de JulesFerry dans une forme d’enseignementmoral implicite. A côté del’enseignement agricole qui traitaitles enjeux de la production, setravaillait une éducation à la terrequi visait le maintien de la populationrurale. On peut aussi citerl’enseignement antialcoolique.Des enseignements sont devenusdes « éducations à » dans lesannées 60/70. Ce changement devocable a eu des conséquencessur leur contenu, leur modalité etleur finalité. Si l’ « enseignement »se plaçait du côté d’une forme deconditionnement, avec l’éducationil s’est alors agi de faireconstruire par les enfants lesbonnes conduites à généraliserdans une approche plus socioconstructiviste.L’actuelle proliférationde « ces éducations à... »marque une nouvelle modificationde leur approche et de leursfinalités. Aujourd’hui, elles favorisentl’analyse par les publics scolairesdes conduites sociales etleur changement.Quel est l’enjeu social deces éducations à ?JL. Trois mots anglais permettent demesurer les enjeux de ce phénomène: « empowerment », « accountability» et « commitment ». Lepremier fait appel au contrôle desoi. Un exemple : pour éduquer àla santé et lutter contre l’obésité ils’agit de réfléchir sur son alimentation,ses conséquences et depenser à une alternative. L’accountabilitya à voir avec la responsabilité.L’objectif est de développerdes citoyens responsables individuellementet collectivement.Enfin le commitment développel’idée d’un engagement dans uneaction collective. Avec le ramassagedes poubelles sur les rives dufleuve, il s’agit de participer à uneaction collective et de la promouvoir.Cela marque un changementde projet éducatif qui travailledorénavant à construire des individuscompatibles avec le XXI esiècle en développant leur penséecritique dans un souci d’attentionà soi et aux autres. Ces fins politiquesne sont pas neutres. Ellessont aussi liées à des enjeux économiquesforts. L’éducation à lasanté est un enjeu de santé publicavec les implications économiquesqui l’accompagnent.Et pour l’école, quel est l’enjeu ?JL. La prolifération dont je parle visele collège qui est organisé commeun ensemble d’ « enseignements© mira / Naja« L’école a besoinde cette utopie. »de » et pas d’ « éducation à ». Auprimaire, les professeurs sont trèsattentifs à ces questions, à la transmissionet à la consolidation de cesvaleurs. Les enjeux sont plutôt liésà l’âge des élèves. Comment développerl’esprit critique d’élèves demoins de onze ans sur des controversescomme celles liées à l’implantationd’éoliennes parexemple ? Autre question délicate,comment armer les maîtres enterme d’expérience et de contenu ?Les ressources pédagogiques nesont pas toujours à la hauteur desambitions.Le risque n’est-il pas alorsde laisser ces questions àd’autres acteurs ?JL. Le problème n’est pas tant laprésence d’autres acteurs sur cesquestions au sein de l’école maiscelle de la nature du partenariat. Ilpeut être utile voire bénéfiquequ’une personne autre que l’enseignantvienne aborder avec lesélèves des questions commel’éducation à la sexualité ou à laparité. Mais dans ce cas commentfaire en sorte que ces éducationsne soient pas juxtaposées auxenseignements scolaires ? Autreproblème, cette éducation estsouvent proposée par des enseignantsconvaincus. Il existe peud’études sur les curriculums enFrance mais un rapport de l’Inspectiongénérale a montré parexemple que l’éducation à l’environnementau collège depuis prèsde trente ans était un échec. Fautilfaire comme en Irlande où ilexiste un temps dédié isolé dureste pour traiter certaines de ceséducations ? Malgré ces difficultés,il me semble que l’école a besoinde cette utopie. Elle mérite unevision large et ambitieuse. Proposrecueillis par lydie buguet37rentis-sages

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