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FSC n° 390 - SNUipp

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13 eUniversitéd’automnedu <strong>SNUipp</strong>noble conquête de l’homme »Votre livre « 3, 6, 9, 12,apprivoiser les écrans etgrandir » vient de sortir.Pourquoi faudrait-ilapprivoiser les écrans pourgrandir ?Les écrans peuvent nous apporterénormément à condition desavoir les utiliser mais si nous neles apprivoisons pas, nous risquonsde nous sentir menacés etde ne pas bénéficier de tous leursbienfaits. Les troupeaux de chevauxsauvages étaient menaçantspour les premiers groupes dechasseurs cueilleurs mais, dèsque l’homme a apprivoisé le cheval,il est devenu sa plus nobleconquête. Il faut que l’informatiquedevienne au XXI e siècle laplus noble conquête de l’homme,c’est-à-dire que nos enfants enapprennent toutes les possibilités.Pour ne pas se noyer dans lesécrans, il faut avoir acquis un certainnombre de repères.Des repères sur les écrans euxmêmes,pourquoi et comment ilsnous captivent, nous font perdrela notion du temps, peuvent perturbernotre sommeil, mais aussides repères temporels qui permettrontà l’enfant de trouver sonchemin dans les écrans. C’estpour cela que j’insiste sur laculture narrative que la pratiquedu livre, de l’histoire ou du théâtre« Il faut quel’informatique devienneau XXI e siècle la plusnoble conquête del’homme. »permet d’acquérir. Elle donne lapossibilité de construire sa proprehistoire avec les écrans sansperdre de vue ce qu’on y cherche.Les troupeaux d’écrans sauvagesparcourent sans cesse notre quotidien.Il nous faut les domestiqueren les introduisant au bonmoment, en se préparant à leursdangers et en prenant dans laSerge TisseronSerge Tisseron est psychiatre et psychanalyste, docteur en psychologie,enseignant à l’université Paris-X. Il a publié de nombreux essais,notamment sur les secrets de famille, la résilience et nos relations auximages et aux nouvelles technologies numériques. Il est co-auteur durapport de l’Académie des sciences : « L’enfant et les écrans » et vient depublier « 3, 6, 9, 12, apprivoiser les écrans et grandir » chez Érès. Le livres’accompagne d’une campagne d’éducation aux écrans relayée par lesite « www.apprivoiser les écrans.com ». Il recevra le 6 novembre, unAWARD décerné par la « Family Online Safety Internet » qui récompensechaque année quelques personnalités ayant particulièrement contribuédans le monde à des actions de prévention des dangers des écrans etd’éducation familiale. www.sergetisseron.comculture du livre ce qu’on ne trouverapas dans les écrans.3, 6, 9, 12, pourquoi cetteprogression en 4 étapesdans les usages dunumérique ?Ce sont des chiffres qui parlenttout de suite aux parents et auxenfants. Trois ans, c’est l’âge possiblepour rentrer en maternelle,six ans, c’est le passage au CP,neuf ans, c’est l’âge où l’enfantsait lire et écrire enfin, douze ansc’est l’âge où l’enfant a trouvé sesrepères au collège. L’idée c’estdonc de s’appuyer sur ces repèrespour créer de nouveaux rituelsc’est-à-dire que l’enfant aitconscience de franchir une étapeimportante entre un avant où ilavait certains droits et devoirs etun après où il en a d’autres. Créerdes rituels c’est instituer desmoments où l’enfant verra sonstatut social changer. Pas de téléavant 3 ans, pas de console de jeupersonnelle avant 6 ans, Internetaprès 9 ans et les réseaux sociauxaprès 12 ans. Ce ne sont pas denouvelles interdictions mais despossibilités pour les parents d’anticiperle développement de l’enfantet de pouvoir lui dire parexemple « tu auras un téléphonemobile quand tu entreras au collège». L’éducation, ce n’est passeulement introduire les bonneschoses au bon moment c’est aussifaire que l’enfant développe unecuriosité anticipatrice de ce quiva lui arriver et qu’il soit valoriséau moment où il franchit uneétape. Nous sommes dans uneculture où les rituels ont disparu.Et si les adultes n’en proposentpas, les enfants s’en construisent.On le voit par exemple quand lesgarçons de 11-12 ans jouent à desjeux vidéo hyper violents comme« Call of duty » ou « GTA ». Ils yjouent de façon très répétitive,stéréotypée sans y comprendregrand-chose ni percevoir l’humourou les références que cesjeux contiennent parfois. Il s’agitbien d’un rituel initiatiquepuisqu’ils y jouent un an ou deuxet passent ensuite à « Minecraft »,un jeu où on assemble des cubes !Comment définir cettenouvelle culture numériqueet en quoi s’oppose-t-elle àla culture littéraire ?Le rapport de l’Académie dessciences « L’enfant et les écrans »permet de comprendre que nouspouvons rapporter nos différentesformes d’intelligence, àdeux formes principales. La premièreest celle que les neuroscientifiquesappellentl’intelligence cristallisée ouséquentielle, parce qu’elleassemble différentes unitéscomme les lettres, les mots, lesphrases et est orientée dans letemps. C’est elle qui est mise àcontribution dans les langagesparlé et écrit qui se déroulentdans la durée et racontent deshistoires. La culture du livre quiculmine avec le roman y est associéecar c’est une culture de l’histoireet de la narration. Il y atoujours un avant, un pendant etun après. L’être humain a inventél’écriture puis l’imprimerie pourprendre en relais cette intelligenceséquentielle. Mais il a aussiinventé la peinture, la photographieet maintenant les écrans caril lui fallait aussi satisfaire sa deuxièmeforme d’intelligence, l’intelligencespatialisée. Elle a toujoursexisté mais elle n’avait pas desupport jusqu’à l’invention dunumérique. Bien sûr, on la faisaitfonctionner en regardant untableau ou une photo mais, avecle numérique, les écrans sontdevenus interactifs et cette intelligencepeut être davantageencore mise à contributionnotamment dans une perspectiveéducative.On s’aperçoit par exemple que lesgens qui pratiquent beaucoupInternet sont capables de retrouverleur chemin en mémorisantnon pas des schémas narratifsmais des contigüités d’images.Ces deux formes d’intelligencesont complémentaires, la preuvec’est qu’elles cohabitaient dans laculture orale. Les conteurs traçaientdes images au sol pour alimenterleur récit, les chamanesdéroulaient des images tisséessur des tapis, les hommes préhistoriquesse servaient de leursdessins rupestres comme de« mythogrammes ». Même dansles bibles manuscrites, les enluminuresn’ont pas de fonctionnarrative et l’image et le texteracontent chacun leur propre histoire.C’est bien l’invention dulivre imprimé qui nous a faitperdre cette complémentarité carl’image en a été expulsée ou aservi d’illustration au texte.Aujourd’hui on a la possibilité deretrouver cette complémentaritéavec le numérique.Sur Internet,.../...29Enfantset numérique

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