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Vers de nouvelles conditions en faveur de la traduction ... - Petra

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Situation matérielle et sociale <strong>de</strong>s traducteurs littéraires <strong>en</strong> Europeau-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 75 %. La situation semble <strong>en</strong>core plusdésespérante si l’on compare les rev<strong>en</strong>us moy<strong>en</strong>snets avec le standard <strong>de</strong> pouvoir d’achat <strong>de</strong> chaquepays. Dans les pays qui compt<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s traducteurslittéraires professionnels, les rev<strong>en</strong>us moy<strong>en</strong>s netsne dépass<strong>en</strong>t jamais les 60 % du SPA, dans <strong>la</strong> moitié<strong>de</strong>s pays ils n’arriv<strong>en</strong>t même pas à 50 % du SPA.Autrem<strong>en</strong>t dit : <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s traducteurslittéraires <strong>en</strong> Europe vit à <strong>la</strong> limite ou au-<strong>de</strong>ssous duseuil <strong>de</strong> pauvreté.Les causes principales <strong>de</strong> ces faibles rev<strong>en</strong>us sontles suivantes :• il s’agit d’une profession libre non protégée et lesmarchés ne connaiss<strong>en</strong>t aucune réglem<strong>en</strong>tation ;• les tarifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> rémunération <strong>de</strong> base ne sont pascalculés sur <strong>la</strong> base du coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie ;• le droit d’auteur privilégie les exploitants, <strong>la</strong> positioncontractuelle <strong>de</strong>s traducteurs est <strong>la</strong> plus faibledans le secteur littéraire et dans les marchés ;• il arrive souv<strong>en</strong>t que les traducteurs ne bénéfici<strong>en</strong>tpas <strong>de</strong>s droits d’auteur ;• <strong>en</strong> général, les traducteurs littéraires rest<strong>en</strong>tinconnus du public ;• il y a beaucoup moins d’ai<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> subv<strong>en</strong>tions, <strong>de</strong>bourses et <strong>de</strong> prix littéraires pour les traducteurslittéraires que pour les écrivains, les peintres, lesmusici<strong>en</strong>s, etc.Quelles sont les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> ces faibles rev<strong>en</strong>us? Les traducteurs littéraires sont contraints <strong>de</strong>travailler trop vite et <strong>de</strong> bâcler leurs <strong>traduction</strong>s.Ils n’ont ni le temps ni les moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> faire lesrecherches et les voyages requis dans le cadre <strong>de</strong>leur travail et ce<strong>la</strong> n’est pas sans effet sur <strong>la</strong> qualité<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>traduction</strong> littéraire. En fait, dans plusieurspays on publie un nombre considérable <strong>de</strong> <strong>traduction</strong>slittéraires tristem<strong>en</strong>t dépourvues <strong>de</strong> qualitélittéraire. Mais les traducteurs ne sont pas les seulsresponsables, ce sont les éditeurs qui choisiss<strong>en</strong>tles traducteurs les moins chers, parfois même <strong>de</strong>straducteurs qui n’ont aucune formation linguistiqueou littéraire, et qui sont ignorants du contexte culturel<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue source. Certains contrats stipul<strong>en</strong>t<strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is et <strong>de</strong>s tarifs qui révèl<strong>en</strong>t d’emblée queles traducteurs qui les sign<strong>en</strong>t seront incapables <strong>de</strong>produire un travail <strong>de</strong> qualité.Solutions possiblesLes meilleures <strong>conditions</strong> <strong>de</strong> vie pour les traducteurslittéraires se trouv<strong>en</strong>t dans les pays qui dispos<strong>en</strong>t<strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong> bourses, financés tantôt directem<strong>en</strong>tpar l’État (par <strong>de</strong>s fonds), tantôt <strong>de</strong> manièreindirecte, sous forme <strong>de</strong> prêts publics et <strong>de</strong> garantiesd’achat pour les bibliothèques – notamm<strong>en</strong>t auxPays-Bas et dans les pays nordiques. La situationest plutôt favorable dans les pays où il existe <strong>de</strong>saccords <strong>en</strong>tre traducteurs et éditeurs, avec <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s<strong>de</strong>s usages ou <strong>de</strong>s pratiques communes (comme <strong>en</strong>France, par ex.). Sans connaître <strong>de</strong> remè<strong>de</strong> universe<strong>la</strong>vec <strong>de</strong>s résultats immédiats, nous proposeronsquatre mesures qui produiront leurs effets à moy<strong>en</strong>terme.1) Il faudrait augm<strong>en</strong>ter les rémunérations <strong>de</strong> base :on constate <strong>en</strong> effet que <strong>la</strong> situation est meilleuredans les pays où exist<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s accords ou <strong>de</strong>s <strong>en</strong>t<strong>en</strong>tesconcernant <strong>de</strong>s contrats types et <strong>de</strong>s tarifsminimums. Dans beaucoup <strong>de</strong> pays, les éditeurs ouleurs syndicats refus<strong>en</strong>t <strong>de</strong> négocier avec les traducteurs,même représ<strong>en</strong>tés par leurs associations.Parfois, les <strong>de</strong>ux parties persist<strong>en</strong>t dans une attitu<strong>de</strong>hostile ou contestataire, alors qu’il serait primordial<strong>de</strong> négocier pour arriver à <strong>de</strong>s règles communes.Certains pays n’ont pas <strong>en</strong>core d’associations professionnelles,et il faudrait remédier à cette <strong>la</strong>cune :promouvoir <strong>la</strong> création d’associations et r<strong>en</strong>forcerleurs capacités afin qu’elles ai<strong>en</strong>t les moy<strong>en</strong>sconcrets <strong>de</strong> déf<strong>en</strong>dre les intérêts <strong>de</strong>s traducteurslittéraires.2) Dans beaucoup <strong>de</strong> pays, les traducteurs doiv<strong>en</strong>taccepter <strong>de</strong>s contrats qui les forc<strong>en</strong>t à cé<strong>de</strong>r sanslimites tous les droits concernant l’exploitation <strong>de</strong>leurs œuvres. Cette cession illimitée <strong>de</strong>s droits peutmême concerner les éditions annexes ou dérivéespour lesquelles l’éditeur ne possè<strong>de</strong> pas les droits <strong>de</strong>l’original. En outre, avec l’apparition <strong>de</strong> l’édition numérisée,les traducteurs littéraires n’auront plus <strong>la</strong>possibilité <strong>de</strong> récupérer leurs droits. C’est pourquoiil faut absolum<strong>en</strong>t limiter <strong>la</strong> cession <strong>de</strong>s droits dansle temps pour que les traducteurs ai<strong>en</strong>t <strong>la</strong> possibilité<strong>de</strong> rev<strong>en</strong>dre leurs œuvres plus tard et <strong>de</strong> <strong>de</strong>v<strong>en</strong>iracteurs sur les marchés.3) Il faut améliorer <strong>la</strong> visibilité du traducteur littéraire,parce que son r<strong>en</strong>om n’est pas sans effet sursa rémunération.4) Etant donné que <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s éditeurss’aggrave <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus, les traducteurs littérairesne peuv<strong>en</strong>t subsister dans les <strong>conditions</strong> que leurimpose « le marché » . Il faut donc instaurer audouble niveau national et europé<strong>en</strong> <strong>de</strong>s fonds, <strong>de</strong>sprogrammes <strong>de</strong> bourses et <strong>de</strong> souti<strong>en</strong> directem<strong>en</strong>toctroyés aux traducteurs littéraires, avec <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>sindividuelles pour le travail, les recherches, les voyages(<strong>la</strong> mobilité) et <strong>la</strong> formation continue.Quelques bonnes pratiquesLes rev<strong>en</strong>us <strong>de</strong>s traducteurs littéraires sont plusstables et plus élevés dans les pays où il y a <strong>de</strong>s accords(ou au moins <strong>de</strong>s <strong>en</strong>t<strong>en</strong>tes) <strong>en</strong>tre traducteurset éditeurs sur <strong>la</strong> rémunération <strong>de</strong> base et sur lespourc<strong>en</strong>tages avec <strong>de</strong>s tarifs minimums. C’est le cas<strong>de</strong> <strong>la</strong> France, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Norvège ou <strong>de</strong>s Pays-Bas.Pour les aspects contractuels du droit d’auteur,l’exemple <strong>de</strong> l’Allemagne peut être cité comme unmodèle à suivre. La légis<strong>la</strong>tion alleman<strong>de</strong> confère àtous les auteurs, y compris les traducteurs littéraires,le droit à <strong>de</strong>s honoraires adaptés et équitableset le traducteur est <strong>en</strong> droit d’int<strong>en</strong>ter une procédurejuridique pour faire rectifier son contrat. Durant dixannées, les traducteurs allemands, sout<strong>en</strong>us parl’Association <strong>de</strong>s traducteurs littéraires allemandset le syndicat Ver.di Union, ont initié une tr<strong>en</strong>taine<strong>de</strong> procès et obt<strong>en</strong>u <strong>de</strong>ux jugem<strong>en</strong>ts directifs <strong>de</strong> <strong>la</strong>Haute Cour fédérale. Ces jugem<strong>en</strong>ts contraign<strong>en</strong>t lesassociations à se mettre d’accord sur les rémunérationset les honoraires, et sur les règles à respecterdans ce domaine.On constate que les meilleures <strong>conditions</strong> <strong>de</strong> vieexist<strong>en</strong>t dans les pays offrant <strong>de</strong>s bourses qui sonttantôt financées directem<strong>en</strong>t par l’État (par <strong>de</strong>sfonds), tantôt assurées par les prêts publics, ou les<strong>de</strong>ux. Les meilleurs exemples d’un tel système setrouv<strong>en</strong>t dans les pays nordiques – <strong>en</strong> Norvège,au Danemark et <strong>en</strong> Suè<strong>de</strong>. Concernant les fonds,Re c o m m a n d a t i o n s1) Sur le p<strong>la</strong>n national : susciter, <strong>en</strong> col<strong>la</strong>boration avec les instances <strong>de</strong> politique culturelle,l’administration publique et les institutions culturelles privées, <strong>la</strong> création <strong>de</strong> fondations, <strong>de</strong> fonds ou <strong>de</strong>programmes nationaux prévoyant l’octroi d’ai<strong>de</strong>s aux traducteurs (bourses <strong>de</strong> travail pour <strong>de</strong>s projetsconcrets ; voyages <strong>de</strong> recherches et consultations nécessaires, ateliers interculturels, formation continue)et veil<strong>la</strong>nt à <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>traduction</strong> littéraire.2) Prévoir <strong>la</strong> création par <strong>la</strong> Commission europé<strong>en</strong>ne d’un mécanisme <strong>de</strong> souti<strong>en</strong> à <strong>la</strong> mobilité et <strong>en</strong>courager<strong>la</strong> formation continue <strong>de</strong>s traducteurs littéraires. Il convi<strong>en</strong>drait <strong>de</strong> r<strong>en</strong>forcer et <strong>de</strong> sout<strong>en</strong>ir toutparticulièrem<strong>en</strong>t les C<strong>en</strong>tres <strong>de</strong> <strong>traduction</strong> ou Collèges <strong>de</strong> traducteurs europé<strong>en</strong>s qui jou<strong>en</strong>t un rôleprépondérant dans les échanges culturels <strong>en</strong> Europe. Que les pays qui dispos<strong>en</strong>t d’une pareille structure <strong>la</strong>sauvegar<strong>de</strong>nt et <strong>la</strong> développ<strong>en</strong>t et que ceux qui n’<strong>en</strong> ont pas <strong>en</strong>core fass<strong>en</strong>t les démarches nécessaires pourcréer <strong>de</strong> tels c<strong>en</strong>tres <strong>en</strong> s’inspirant <strong>de</strong>s modèles existants.3) Susciter <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> œuvre <strong>de</strong> négociations <strong>en</strong>tre associations <strong>de</strong> traducteurs et associations d’éditeursau niveau national (si nécessaire, r<strong>en</strong>dues obligatoires par <strong>de</strong>s dispositions légales dans le cadre du droitd’auteur) : promouvoir <strong>de</strong>s discussions sur les tarifs, les droits d’auteur (participations à l’exploitation)et les types <strong>de</strong> contrats acceptables. Sur ce point, nous t<strong>en</strong>ons beaucoup à souligner <strong>la</strong> nécessité pour <strong>la</strong>Commission europé<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> formuler <strong>de</strong>s directives concrètes concernant le droit d’auteur <strong>en</strong> Europe.(1)www.ceatl.eu/actions-2/groupes-<strong>de</strong>-travail<strong>la</strong> Fondation néer<strong>la</strong>ndaise <strong>de</strong>s Lettres et le Fondsf<strong>la</strong>mand <strong>de</strong>s Lettres ont créé une situation presqueidéale pour les traducteurs. Le Fonds allemand<strong>de</strong> traducteurs offre aussi le modèle d’une bonnepratique à suivre.L’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s traducteurs littérairesexige <strong>de</strong>s initiatives différ<strong>en</strong>tes au niveaunational et europé<strong>en</strong> (négociations avec les éditeurs,amélioration du droit d’auteur, instal<strong>la</strong>tion d’un droitd’auteur contractuel, création <strong>de</strong> fonds pour sout<strong>en</strong>irles traducteurs littéraires). Celles-ci ne peuv<strong>en</strong>t pasêtre m<strong>en</strong>ées à bi<strong>en</strong> sans un état <strong>de</strong>s lieux pertin<strong>en</strong>tet <strong>de</strong>s chiffres précis. Un bon exemple est offert parle CEATL, représ<strong>en</strong>tant aujourd’hui 34 associations<strong>de</strong> 28 pays différ<strong>en</strong>ts, avec ses <strong>en</strong>quêtes m<strong>en</strong>ées sur<strong>la</strong> situation économique et sociale et <strong>la</strong> visibilité <strong>de</strong>straducteurs littéraires ainsi que sur le droit d’auteur<strong>en</strong> Europe. Les résultats <strong>de</strong> ces groupes <strong>de</strong> travailsont publiés successivem<strong>en</strong>t sur le site du CEATL (1) .30 31

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