13.07.2015 Views

CD ou DVD Offerts - Mondomix

CD ou DVD Offerts - Mondomix

CD ou DVD Offerts - Mondomix

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

ENTRE ROISDE LA BIÈRE,C’ESTPLUS FORT * *NOUVEAU GOÛT INTENSELʼABUS DʼALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. CONSOMMEZ AVEC MODÉRATION.


Manifeste contre la défaite de la musique 04À l'arrache 06Les mots du métier 10Martin Meissonnier@ Cadeau (compressé) d'artistes 11Festival Les Temps Chauds 12Miquèu Montanaro 13—Idir, "La France des C<strong>ou</strong>leurs" 14—Dossier Djalâl ud-Dîn Rûmi 16Thierry 'Titi' Robin 17Nusrat Fateh Ali Khan 18Abida Parveen 19Abd Al Malik 20—Buika 22Beñat Achiary 23La scène musicale lapone 24—Dossier festivals de l'été 25—Régis Gizavo 30La Breizh Akademi 31Kinshasa 32Sara Tavares 33Forró p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>s 34Israël 'Cachao' López 35Dis-moi ce que tu éc<strong>ou</strong>tes 36Dj ClickCollection 37Intégrale Astor PiazzollaChroniques 38 - 47Dehors ! 48Agenda 49182330éditoEngagementsFavoriser, prom<strong>ou</strong>voir, susciter, respecter la diversitédes cultures, des idées, des formes, des c<strong>ou</strong>leurs,des savoirs, des musiques, de la création, descroyances, des opinions est notre seul et uniquecombat.Lorsque Idir, le chanteur icône du peuple kabyle etalgérien, s’engage p<strong>ou</strong>r la "France des C<strong>ou</strong>leurs",n<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s engageons à ses côtés. Lorsque lacirculation des artistes est empêchée, contingentée,n<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s engageons aux côtés des artistes,producteurs, t<strong>ou</strong>rneurs, festivals, p<strong>ou</strong>r dénoncerces pratiques discriminatoires. Dans le magazineMEMO, n<strong>ou</strong>veau gratuit encarté dans ce numérode <strong>Mondomix</strong>, n<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s invitons à lire et à signersur Internet le manifeste du collectif Shengen p<strong>ou</strong>rla libre circulation des artistes. Dans ce <strong>Mondomix</strong>v<strong>ou</strong>s tr<strong>ou</strong>verez aussi un Manifeste contre la défaitede la musique que je signe et lance comme uneb<strong>ou</strong>teille à la mer.Internet repose principalement sur une infrastructurelogicielle libre et gratuite (serveurs Apache, langagesPHP, Python, bases MySql, OS Linux etc.). La gratuitéet la liberté d’appropriation de ces technologiesont permis un formidable développement dela communication, de l’échange des savoirs etdes cultures, ont p<strong>ou</strong>ssé chacun à exprimer unen<strong>ou</strong>velle créativité et chamb<strong>ou</strong>le des situations dep<strong>ou</strong>voir qui semblaient inamovibles. Les valeurs degratuité, de liberté et d’indépendance qui fondentla communauté du logiciel libre ont permis larévolution technologique, culturelle et économiquequ’est Internet. P<strong>ou</strong>rtant, il y’a un malentendu entrecette communauté et la communauté des artistes etproducteurs culturels, précisément sur ces mêmesvaleurs. La gratuité du logiciel et des contenus s’estétendue à la gratuité de la culture elle-même sansque de n<strong>ou</strong>veaux modèles économiques permettentle ren<strong>ou</strong>vellement serein de la création.La révolution Internet devient menaçante,déstabilise profondément la fragile économie de laculture et t<strong>ou</strong>che de plein f<strong>ou</strong>et l’industrie musicale,les artistes et les producteurs indépendants. Cemanifeste tente d’esquisser une solution réaliste,une troisième voie qui permettrait de financer lacréation et donc la diversité culturelle, au-delà desclivages entre la licence globale et la loi sur lesdroits d’auteurs et les droits voisins votée en 2006,inappliquée et inapplicable. T<strong>ou</strong>tes vos réactionssont les bienvenues sur www.redevance culturelle.netMarc Benaïchewww.mondomix.com


04 - mondomix.com - Point de vueManifeste contre la défaite----------------------------- Appel du 21 juin 2007------------------------------UNE REPONSE CONTRE LA DESTRUCTION DE LA VALEUR DES BIENSCULTURELS NUMERIQUESIl y a auj<strong>ou</strong>rd’hui de moins en moins de financement p<strong>ou</strong>r la création culturelle.La prolifération de l’échange gratuit des biens numérisés menace durablementleur création et leurs moyens de production.La musique, le cinéma, la littérature resteront indispensables à la vie de chacun.Mais gratuits, ils ne tr<strong>ou</strong>veront que la publicité comme s<strong>ou</strong>rce de financement.Assujettie à cette unique possibilité de financement, la création culturelle serabientôt s<strong>ou</strong>mise à des préoccupations étrangères à sa nature.L’industrie musicale est en danger. Le marché du disque s’éteint. Ses heuressont comptées. D’ici à trois ans, il aura presque disparu. La Fnac annonceofficieusement qu’elle cessera la vente de <strong>CD</strong> en 2010 dans la plupart de sesmagasins; les faillites se succèdent part<strong>ou</strong>t dans le monde. Les professionnelsle savent : le marché du disque n’existe déjà plus.Si le marché du disque meurt en tant qu’industrie, c’est seulement s<strong>ou</strong>s saforme actuelle. La musique est elle, bien vivante. C’est par voie numérique que lepublic accédera demain à la musique, aux films, aux biens culturels en général.A mesure que le consommateur adopte les n<strong>ou</strong>velles formes dématérialisées, lesupport matériel perd son sens.Mais il est illusoire de croire que le téléchargement numérique légal compenserala disparition du marché des supports physiques. T<strong>ou</strong>t aussi illusoire de croireque le spectacle vivant et la lutherie arriveront à eux seuls à faire vivre les artisteset la création musicale.Le développement exponentiel des échanges numériques gratuits est impossibleà réguler et à contrôler et pénalise directement le téléchargement payant et parconséquent le financement de la création.----------------------------------------------------------------------« Comme des petits pains… » : Le bien numérique est « non rival »Donner de la musique par exemple ne dépossède pas celui qui le cède. Si je tedonne un fichier, je possède t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs ce fichier. La valeur économique change denature. Le monde virtuel a d’autres lois que le monde physique.« Donner, c’est j<strong>ou</strong>er…» : le bien numérique est « non excluable ». On nepeut pas empêcher le fait de donner. De plus en plus de biens numériquess’échangent et ces échanges augmentent sans cesse.Le téléchargement payant ne peut pas être la seule solution.Le système numérique de distribution marchande peut perdurer, mais dans desvolumes de chiffres d’affaires qui ne permettront pas de produire et de créerautant qu’avant.Danger à deux ans : la création de biens culturels risque de ne plus tr<strong>ou</strong>ver definancement.Les seules productions qui tr<strong>ou</strong>veront des financements seront celles t<strong>ou</strong>chantle très grand public. L’industrie culturelle connaîtra une grande décroissance,accompagnée de pertes économiques et artistiques énormes.Il faut tr<strong>ou</strong>ver une n<strong>ou</strong>velle voie, autre que la loi Dadvsi, inapplicable et inappliquée,<strong>ou</strong> la licence globale, loi destructrice p<strong>ou</strong>r les jeunes talents et la production engénéral. N<strong>ou</strong>s proposons une troisième voie : une redevance obligatoire p<strong>ou</strong>rpermettre de financer la création culturelle en France et dans le monde.Un chiffre : 40 milliards de $. Auj<strong>ou</strong>rd’hui, le monde compte 1,3 milliard de$ d’abonnements Internet et 2,6 milliards d’abonnements p<strong>ou</strong>r les téléphonesmobiles. Si 1$ par mois revenait à la musique, une somme de 40 milliards de$ par an serait dégagée. Ce montant correspond à quelques centimes prés auchiffre d’affaires du marché du disque en 1999.N<strong>ou</strong>s proposons une redevance sur la bande passante.On se dirige vers une disponibilité et une connectivité permanente qui permettentl’échange de biens culturels dématérialisés instantanément. La bande passanteest le lieu naturel et juste d’une redevance p<strong>ou</strong>r financer la création culturelledans la société de l’information, en complément de la taxe sur les mémoiresnumériques.----------------------------------------------------------------------Comment faire appliquer cette redevance dans le monde ?La France peut-être le moteur de cette initiative, l’appliquer puis la proposer àl’Union Européenne et au monde entier, comme elle l’a déjà fait p<strong>ou</strong>r la taxe surles billets d’avion au profit des pays en voie de développementQui paiera ce droit ?Ce sont les opérateurs. 4 milliards d’abonnements sont gérés par 300 sociétés,demain elles ne seront plus que 50 car un m<strong>ou</strong>vement de concentration esten c<strong>ou</strong>rs. Ces sociétés font payer des abonnements au nom de la possibilitéd’échanger des contenus culturels. T<strong>ou</strong>t l’argent va aux tuyaux et pas à lacréation : le tuyau c’est la bande passante. Auj<strong>ou</strong>rd’hui, il est possible et facilede faire respecter la loi à 50 entreprises, en t<strong>ou</strong>t cas plus facile qu’à 6 milliardsd’individus.Les opérateurs doivent se plier à cette loi, pays par pays. Il est illusoire d’essayerde faire payer une licence optionnelle à 6 milliards de personnes (licenceglobale), il est t<strong>ou</strong>t aussi illusoire de v<strong>ou</strong>loir les réprimer (loi Dadvsi). Mais il estt<strong>ou</strong>t sauf illusoire de faire payer un droit à 50 sociétés d’envergure, globales etqui sont les acteurs les plus riches de l’industrie de la communication.Qui va collecter cette taxe ?Les sociétés de gestion collective de chaque pays qui collectent p<strong>ou</strong>r les droitsd’auteurs et les droits voisins. Elles auront p<strong>ou</strong>r mission de collecter ces taxeset de les redistribuer aux ayant-droit. On ne recrée pas un système mais ons’appuie sur les sociétés qui existent depuis Beaumarchais.Elle permet de financer la création dans un marché où la c<strong>ou</strong>rbe des échangesdevient exponentielle et vertigineuse. Cette taxe ne légalise pas l’échange illégalsur les réseaux P2P. La première acquisition doit rester payante.N<strong>ou</strong>s croyons en effet qu’une distribution marchande doit perdurer. P<strong>ou</strong>r lepublic comme p<strong>ou</strong>r les artistes, il est important de conserver un marché lisibleen valeur. L’achat est un facteur de choix et de liberté, de valorisation et, dedifférenciation.N<strong>ou</strong>s combattons le nivellement par le bas de la création. C’est p<strong>ou</strong>rquoi n<strong>ou</strong>sn<strong>ou</strong>s battons p<strong>ou</strong>r la survie, l’existence et le développement d’un marché desbiens culturels.----------------------------------------------------------------------Comment sont réparties les sommes collectées ?P<strong>ou</strong>r connaître la paternité des oeuvres, les ayants droit, n<strong>ou</strong>s proposons demettre en place un système de traçabilité du fichier numérique : n<strong>ou</strong>veau DRMqui soit un système de tat<strong>ou</strong>age non-intrusif (respect de la vie privée), non-anticopie (aucun blocage créant la grogne des utilisateurs).Auj<strong>ou</strong>rd’hui le système DRM devient obsolète. Déjà, Apple commence àl’abandonner... Profitons de cette évolution p<strong>ou</strong>r mettre en place, un n<strong>ou</strong>veauDRM, un système de tat<strong>ou</strong>age, s’appuyant sur un n<strong>ou</strong>veau format de fichier.Ce tat<strong>ou</strong>age léger permettra de déterminer les ayants droit et de répartiréquitablement les sommes collectées.Chaque fichier gardera et accumulera les empreintes de ses différentes copiessans conserver aucune information personnelle sur ses utilisateurs. La remontéedes tat<strong>ou</strong>ages des fichiers donnera à l’organisme collecteur un échantillonsuffisamment représentatif p<strong>ou</strong>r procéder à une répartition juste. Les premières


Manifeste - mondomix.com - 05de la musiqueannées la répartition s’appuiera sur des modèles statistiques prédictifs puisau b<strong>ou</strong>t de cinq à dix ans lorsque le ren<strong>ou</strong>vellement des fichiers sera presqueaccompli n<strong>ou</strong>s disposerons d’un modèle de répartition très détaillé, parfaitementéquitable.Comment faire en sorte qu’un n<strong>ou</strong>veau format de fichier soit adoptépar les utilisateurs et les industriels ?En adoptant ce n<strong>ou</strong>veau format, les utilisateurs auront la possibilité de participerà la création et d’accéder à un fichier de meilleure qualité audio. Le formatMP3 est dépassé, c’est un algorithme de compression qui altère et déforme lamusique, auj<strong>ou</strong>rd’hui il existe des formats audio qualité <strong>CD</strong> sans perte (lossless),aucune altération de la musique est nécessaire.Comment faire adopter ce n<strong>ou</strong>veau format par l’industrie ?Avec une base d’utilisateurs large, n<strong>ou</strong>rrie par un phénomène de mode etd’entraînement,les industries considèreront ce changement comme un «plus » produit et mettront à j<strong>ou</strong>rleurs appareils comme ça été le cas dans ledéveloppement très rapide du « divx » Il n’est pas nécessaire de réunir t<strong>ou</strong>s lesindustriels devant une table, la logique dumarché s’imposera.-----------------------------------------------------------------------------------Comment faire en sorte que ce système de tat<strong>ou</strong>age ne soit jamaisutilisé à des fins marketing et de surveillance des utilisateurs ?Le système de tat<strong>ou</strong>age doit être détenu par une organisation nong<strong>ou</strong>vernementale à l’échelle mondiale qui a p<strong>ou</strong>r coeur la défense de la vieprivée des utilisateurs.Cette ONG existe déjà : n<strong>ou</strong>s proposons de confier la gestion du système detat<strong>ou</strong>age qui permettra la répartition à l’Electronic Frontier Fondation.Cette organisation est simple, elle utilise des structures déjà en place. Ellefonctionnera pays par pays dans le cadre d’un système de répartition qui seramondial, comme l’est déjà le système de gestion des noms de domaine surInternet.Paris, le 12 juin 07 - Marc Benaïche, Directeur général de <strong>Mondomix</strong>Media*Ce manifeste sera développé dans un livre qui sera publié par l’IRMA en septembre 2007.Ce livre présentera en détail les solutions techniques proposées p<strong>ou</strong>r la mise en place decette redevance.


06 - mondomix.com - A l'arracheA l'arracheÀ l’Est t<strong>ou</strong>te !L’intérêt p<strong>ou</strong>r les musiques des Gitans n’a jamais été aussi fort que cesderniers mois et ce n’est pas cet été qu’il va s’ém<strong>ou</strong>sser. En Cd, en Dvd,dans les salles de concerts, dans celles de cinéma et même à l’opéra,en juillet et août, les notes agiles des Tziganes et des Roms résonnent àt<strong>ou</strong>t vent. Les précurseurs du m<strong>ou</strong>vement comme les prétendants vontsillonner les r<strong>ou</strong>tes de France.Alors que le compositeur original du film Le Temps des Gitans, GoranBregovic, vient de sortir le disque de son opéra librement adapté du Carmende Bizet, son ancien complice Emir Kusturica contre-attaque avecla version opéra du film Le Temps des Gitans sur la scène de l’OpéraBastille jusqu’au 15 juillet.Image tirée du film Gypsy CaravanEn magasin, c’est l’indispensable Dvd du film enfin accessible et sesriches bonus qui côtoie le Cd de la musique Le Temps de Gitans, du réalisateuret de son No Smoking Orchestra. Bregovic ira j<strong>ou</strong>er sa c<strong>ou</strong>ronnele 10 août au Guca, LE festival de fanfares Balkaniques.Sur les scènes de France, l’autre réalisateur de la cause nomade, Tony Gatlif, p<strong>ou</strong>rrait être un <strong>ou</strong>tsider sérieux avec sa superproduction musicale Vertigesen t<strong>ou</strong>rnée dans nos festivals favoris (au centre de ce numéro). Aux Escales de Saint Nazaire, les 3 et 4 août, Gatlif croisera d’autres phénomènes venus del’Est, le clarinettiste bulgare légendaire Ivo Papazov, le r<strong>ou</strong>main Iacob Maciuca 4tet, le violoniste russe Alexei Aigui et les Turcs Buhran Oçal et Baba Zula. ÀParis, le 14 Juillet, se fête avec la jeune garde française des allumés des Balkans au Cabaret Sauvage où La Caravane Passe, Caravan Palace, La CaravaneElectro et Gypsy S<strong>ou</strong>nd System vont faire la c<strong>ou</strong>rse.Sur les écrans depuis le 20 juin Gypsy Caravan, de Jasmine Dellal, retrace la t<strong>ou</strong>rnée organisée par Le World Music Institute qui réunit sur les scènes américainesen 2001 cinq gr<strong>ou</strong>pes symbolisant le voyage des Roms, du Rajasthan avec le gr<strong>ou</strong>pe Maharaja au flamenco de Jerez de la Frontera d’Antonio elPipa et ses amis. Le trajet bifurquant par l’Europe de l’Est, les R<strong>ou</strong>mains légendaires de la Fanfare Ciocarlia et du Taraf de Haid<strong>ou</strong>ks et la diva macédoniennec<strong>ou</strong>ronnée Reine des Gitans, Esma Redzepova, étaient du périple. Construits sur des allers et ret<strong>ou</strong>rs entre les concerts à guichets fermés et à cow-boysébahis et des reportages dans les pays d’origine des artistes, on comprend et apprécie la diversité de ces musiques et leurs liens. On rit devant les facétiesdes gitans face au rêve américain et l’on pleure sur les images étonnantes de l’enterrement du violoniste emblématique du Taraf Nicolae Neacsu, dans sonvillage à Slijani. Le reste du temps on jubile et on tape du pied. Le Cd, riche en inédits et improvisations, est chroniqué dans ces pages.Bunny Wailer dans Made in JamaicaRastaman Live up!27 ans après Third World, prisonnier de la rue, leréalisateur Jérôme Laperr<strong>ou</strong>saz repart aux Caraïbesp<strong>ou</strong>r en ramener un n<strong>ou</strong>veau trésor : Made in Jamaica.Trois générations de reggaemen et reggaephilesse suivent et se croisent t<strong>ou</strong>t au long de cedocumentaire, commentaire historique et social surune musique universelle. Les thèmes (l’esclavage,la violence, les femmes, l’enfance, etc.) sont commentéspar des artistes de chaque génération etentrec<strong>ou</strong>pés de clips, séances d’enregistrements<strong>ou</strong> improvisations. Spécialiste du genre, Jérôme Laperr<strong>ou</strong>sazn<strong>ou</strong>s offre des images et une bande sonexceptionnelles : Gregory Isaacs, Tanya Stephens,creditBunny Wailer, Third World, Capleton, B<strong>ou</strong>nty Killer,Elephant Man… les références reggae et dancehalld’hier et d’auj<strong>ou</strong>rd’hui se confient sans retenue àcet am<strong>ou</strong>reux de l’île caribéenne, s<strong>ou</strong>rce de fascinationp<strong>ou</strong>r tant de mélomanes aux dreadlocks bienpendues. Le parrain, Wim Wenders, n’a-t-il pas ditque ce film était "Un véritable chef-d'œuvre, une référenceultime sur le reggae. Un pur diamant" ?...Made in Jamaica, un film de Jérôme Laperr<strong>ou</strong>saz, sorti ensalles le 13 juin 2007 (MK2 Diffusion).Bande originale disponible chez Le Son du Maquis/Harmonia Mundi> www.madeinjamaica-lefilm.com www.theatredelaville-paris.com www.mondomix.com/theatredelaville


La Fnac aimele n<strong>ou</strong>vel album deGORAN BREGOVICKARMENde GORAN BREGOVIC avec une fin heureuseOpéra gitanSortie le 21/05


08 - mondomix.com - A l'arracheLa Bonne N<strong>ou</strong>velle"Il y a t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs des artistes à déc<strong>ou</strong>vrir. Ils n’ont pas t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs de maison de disques <strong>ou</strong>de structures d’accompagnement, ce n’est pas une raison p<strong>ou</strong>r passer à côté..."AkeïkoiUn matin, un e-mail : “N<strong>ou</strong>veaux titres d’Akeïkoi sur MySpace !”Click… Et là, le surprenant frisson ! “Somale” : la vielle imzad dér<strong>ou</strong>lel’horizon du Ténéré t<strong>ou</strong>areg sur les rugissements d’un orgue à la“Born To Be Wild”. “PePoro” : une embardée de cuivres déclencheun afrobeat balancé au milli-poil, guitare groovy, chœurs impeccableset paroles françaises, en crescendo jusqu’à la chevauchée extatiquedu djembé. Et le moment de pure magie v<strong>ou</strong>s cueille à la “Sortie desinitiés” : il faut avoir rôdé aux alent<strong>ou</strong>rs du bois sacré p<strong>ou</strong>r traduirepar le cri fuzz d’une guitare saturée la voix des esprits de l’Afriquefantôme étreignant l’incantation du rock.Addiction dès la première éc<strong>ou</strong>te ! Quelques collègues rameutéspropagent l’explosion d’adrénaline. Le village rock a reconnu sespairs dans cette osmose in<strong>ou</strong>ïe où l’essence de la transe africaineép<strong>ou</strong>se l’énergie du métal. C’est quoi ? C’est qui ?… C’est Akeikoi !Première fusion Afro Rock totalement ab<strong>ou</strong>tie. Voilà dix ans que la tribuangevine des Livenais, funk rockers fondateurs de Câline Georgette, etles “nyamakala” (griots) performers de l’ensemble Yelemba d’Abidjancherchent à unir leurs sons au-delà des clichés de superposition.Akeïkoi se concrétise en 2000, publie un premier album en 2002,“Binkafô”. Le second, à paraître fin 2007, bénéficie de cinq ans dematuration. Cinq titres sont déjà en ligne : un plaisir qui vaut celui dumeilleur bordeaux, long en b<strong>ou</strong>che et délicieusement enivrant.François Bensignor"Afro Rock" album 5 titres (Hors-Normes Productions), disponible surles principaux sites de téléchargementD.R.Discuter les prix :1/ les BBC Awards in UKIci, les électeurs des Victoires de la Musique préfèrent remettre le prix musiques dumonde à une actrice de renom, Agnès Ja<strong>ou</strong>i, parce qu’elle chante en espagnol, aulieu d’enfin saluer un authentique rénovateur de la chanson algérienne, Rachid Taha.Outre-Manche, où d’ailleurs Taha est accueilli comme l’un des leurs par les légendesde la musique Eno, The Clash <strong>ou</strong> Damon Albarn, la vénérable radio BBC 3 attribue parcatégorie des "Awards" aux artistes musiques du monde qui ont marqué l’année. P<strong>ou</strong>rl’Afrique, ils ont voté p<strong>ou</strong>r le chanteur éthiopien Mahm<strong>ou</strong>d Ahmed, p<strong>ou</strong>r l’Asie, ils ontdistingué le guitariste Debashish Bhattacharya, le gr<strong>ou</strong>pe Gogol Bordello a remporté leprix d’Amérique, notre Camille est la chanteuse qui les a le plus convaincus en Europe,la chanteuse libanaise Ghada Shbeir à obtenu le prix Moyen Orient et Afrique du Nordet le prix du public, le n<strong>ou</strong>veau venu le plus prometteur est le Somalien K'Naan, le projettransculturel le plus convainquant est la rencontre de Maurice el Medioni & Roberto Rodriguez, le prix Club Global est revenu à Gotan Project et l’album de l’année est revenuà titre posthume au Savane d’Ali Farka T<strong>ou</strong>ré. Pas ici de quoi polémiquer, c’est bien letalent qui a été récompensé.2/ Le Creole im DeutschlandLes trois lauréats de Creole, premier conc<strong>ou</strong>rs national consacré aux musiques du mondeen Allemagne, donnent la mesure de la créativité à déc<strong>ou</strong>vrir <strong>ou</strong>tre-Rhin. Äl Jawalainvente un dialogue funky-jazz subtil de saxos masculin/féminin, chaudement syncopépar deux jongleurs de percussions funambules sur les 6 cordes d’une basse à la pulsiongroovy monstre. Ahoar élabore l’inédite progression de notes bleues réalisant l’osmosedes mélodies d’un piano et d’une contrebasse avec l’univers modal du maqam irakien,façonné par l’émotion de la voix et de la vielle djoze. Ulman dépose l’attelage diato/vielleà r<strong>ou</strong>e sur les rives du futur électro, où le furieux bass-beat est produit au trombone, lavielle se j<strong>ou</strong>ant de l’espace-temps plongé dans les c<strong>ou</strong>leurs d’images champignons…Trois gr<strong>ou</strong>pes qui peuvent satisfaire les plus exigeants des programmateurs français, àdéc<strong>ou</strong>vrir sur le site de Creole. La prochaine édition prévoit des éliminatoires en 2008dans les länder, puis la finale nationale à Berlin en 2009.> www.creole-weltmusik.de www.akeikoifrom.com http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendID=147771660


Incontestable pionnier de la world,Martin Meissonnier, j<strong>ou</strong>naliste, déc<strong>ou</strong>vreur,manager, producteur, réalisateur,écrivain, garde ses passions intactes.Rencontrer des personnages et mettreson intelligence à leur service a t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rsété son moteur. Son grand ret<strong>ou</strong>rà la production se fait ces temps-ci avecSean Kuti, un des fils de Fela. Quelquesquestions posées par Philippe Krümm…Quel est ton mot préféré : métissage, fusion,rencontre, mixage ?MusiquesD.R.Ta rencontre avec Fela : quand, comment?La première rencontre a eu lieu en 1980 àNaples, Fela venait de sortir de prison et je luiai proposé de faire sa première t<strong>ou</strong>rnée européenneet son premier gros deal de disqueinternational avec Arista. C'est ainsi que n<strong>ou</strong>savons sorti l'album Black President et que jesuis devenu son manager pendant deux ans.La suite Sean Kuti : p<strong>ou</strong>rquoi ?Seun n'était pas né à l'époque où je travaillais avec Fela. Quand je l'airencontré au Nigeria il y a cinq ans, j'avais déjà changé de métier depuisbien longtemps. Seun et le gr<strong>ou</strong>pe de Fela qui l'accompagne, Egypt 80,m'ont donné envie de revenir à la production musicale : c'est très excitantparce que Seun a un potentiel que je n'ai jamais vu chez aucun autre artistedepuis que je suis dans ce métier: ceux qui l'ont vu en concert savent...Et c'est aussi un peu familial.Quel est l'intérêt de faire un LP p<strong>ou</strong>r la promotion d'un artiste ?P<strong>ou</strong>r que les radios le j<strong>ou</strong>ent et que les gens l'éc<strong>ou</strong>tent, mais le concert estle lieu où se fait la véritable promotion.P<strong>ou</strong>r toi, le disque est mort ?Pas du t<strong>ou</strong>t mais il devient de plus en plus un marché de niches : je suis trèssurpris de l'accueil incroyable du single de Seun par les Djs dans le mondeentier alors que le disque est sorti sur un label undergr<strong>ou</strong>nd de Chicago,Stills music.Internet va-t-il le remplacer ?N<strong>ou</strong>s avons décidé de commencer la carrière discographique de Seun ensortant des singles en vinyle uniquement p<strong>ou</strong>r les Djs et amateurs de vinylesainsi qu'en téléchargement Internet : ne cherchez pas le disque dans lesmagasins… Le Cd viendra en son temps. Avec le Dvd ! Et très bientôt.Que préfères-tu : l'image <strong>ou</strong> le son ?Le son sans l'image c'est un concept du siècle dernier. T<strong>ou</strong>t cela marcheensemble.Auj<strong>ou</strong>rd'hui, te sens-tu réalisateur, producteur, déc<strong>ou</strong>vreur <strong>ou</strong> t<strong>ou</strong>riste?Un peu t<strong>ou</strong>t ça à la fois. J'ai la chance de réaliser les projets qui m'intéressent.J'espère que ça va continuer.


Le BUENA VISTA SOCIAL CLUBde la musique Gypsywww.manuchao.com@creditWhen the road bends...GYPSYCARAVANun film de Jasmine DellalCadeau (compressé)d'artistesComment ne pas démarrer cette n<strong>ou</strong>velle revue de détail des titres offerts en ligne par leurscréateurs sans parler de la démarche de Manu Chao, artiste phare des musiques actuelles à larecherche de circuits de diffusion de la musique en phase avec son époque. Après son Sibériem’était contée, livre-disque illustré par Wosniak qui fut éc<strong>ou</strong>lé en kiosque (150.000 exemplairesrapidement épuisés), l’alter-chanteur refait parler de lui avec "Rainin in Paradize", titre offertau téléchargement (www.manuchao.net) en MP3 (192kbps, donc de bonne qualité) et sansDRM. Annonciateur de La Radiolina, son prochain album à paraître le 27 août prochain chezBecause (label dirigé par l’ancien boss de la major où il était signé depuis les débuts de la ManoNegra), ce titre recense en anglais les atrocités qui enflamment quotidiennement notre planète.Il marque un ret<strong>ou</strong>r de l’ancien leader de la Mano à un rock "guitare en avant" à la veille de son"big t<strong>ou</strong>r" aux USA (du 5 juin au 7 juillet). Effet garanti dans un pays où l’engagement en Irakest de plus en plus contesté et succès mondial avec des records de téléchargement (pas moinsde 200.000 clics dans les dix premiers j<strong>ou</strong>rs). Le clip haut en c<strong>ou</strong>leur dessiné par Wosniak estlui aussi offert.T<strong>ou</strong>t aussi militant et un peu mois médiatisé, "G8" de Percubaba a été proposé à la veilledu grand ra<strong>ou</strong>t des chefs d’états des huit pays parmi les plus industrialisés du monde. Il estt<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs disponible sur www.percubaba.com, t<strong>ou</strong>t comme le clip, une tendance depuis quele t<strong>ou</strong>rnage et le montage sont devenus à la portée de t<strong>ou</strong>t un chacun. Enregistré avec laparticipation de Guizmo (Trÿo), "G8" condamne le monde que n<strong>ou</strong>s façonnent dans leur réunionannuelle ces huit costumes-cravates et leurs sbires en gris.Plus colorée, la musique de Yelyz K, formation originaire de l’Ouest de la France, déjà aperçuedans cette colonne (comme quoi, le procédé semble porter ses fruits) offre sur http://yelizk.free.frcinq titres entre dub, trip-hop et reggae extraits d’Inayi, sa n<strong>ou</strong>velle galette. Dans un registremusical voisin mais avec une verve quelque peu plus énervée, la chanteuse Jamika, remarquéeaux côtés de Zenzile est, elle, dans une logique de donnant-donnant sur son site en .net. Enéchange de votre mail, v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>vez télécharger deux titres ("Shanti Lift" et "Feed On") de sonpremier album solo. Album en vente online au format MP3 à 6€ et à 15€ en digipack. Enfin, uneoffre qui différencie clairement par ses prix musique compressée effaçable d’un simple clic etobjet réel avec livret et pochette.Dernier cadal de cette sélection, Kalimete (www.kalimete.net), citoyen de RépubliqueDominicaine, est auj<strong>ou</strong>rd’hui une star dans les milieux latinos aux States. Ce succès, il le doitjuste à une poignée de titres accrochés au Nord du Rio Grande sur le site remolacha.net. En3 j<strong>ou</strong>rs, les merenguétons de Kalimete ont totalisé pas moins de 400.000 connexions. Autantdire que le buzz est énorme. Attention, selon vos navigateurs, v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>rrez soit éc<strong>ou</strong>ter, soittélécharger "Como ella lo baila", notre titre fétiche parmi t<strong>ou</strong>s ceux proposés.Les CosmoDJs : Dj Tibor & Big Buddhacosmodjs@mondomix.com" Un fabuleux appel au voyage. "**** CINÉ LIVE" Un t<strong>ou</strong>r du monde multicolore etsav<strong>ou</strong>reux. " *** PREMIÈRE" La musique n<strong>ou</strong>s prend auxtripes et balaye les préjugés."*** SCORE" Une sidérante épopée ! "<strong>DVD</strong>RAMA/EXCESSIF" Un magnifique documentaire ! "COMMEAUCINÉMA.COMactuellementau cinémawww.prettypictures.frwww.gypsycaravanmovie.comRetr<strong>ou</strong>vez la bande originale du film disponiblesur le label World Village / Harmonia Mundi


12 - mondomix.com - InterviewFestival Les Temps ChaudsL'air du tempsImbuyambo et Dizu Plaatjes (premier à droite)B.M.Temps forts du festival "les Temps Chauds" (25 juin au 7 juillet),la nuit "Au fil de l’air" est le b<strong>ou</strong>t d’un fil qui, depuis juin 2006,serpente entre Johannesburg, le Cap et la région de B<strong>ou</strong>rg enBresse. C’est l’ab<strong>ou</strong>tissement annuel d’un travail artistique et pédagogiquedont la discographie a été, lors des éditions antérieures, récompenséeà trois reprises par l’Académie Charles-Cros et saluée par lapresse. Par Benjamin MiNiMuMLe 3 juillet, dans le parc au panorama somptueux du Château de Pommiers,à Saint Martin du Mont dans l’Ain, sept chœurs totalisant 350 enfants de 7 à13 ans vont interpréter t<strong>ou</strong>r à t<strong>ou</strong>r 10 chansons sud-africaines des MahotellaQueens, Dizu Plaatjes <strong>ou</strong> Robbie Jansen en compagnie d’une partie de ces artistes.Enfants et musiciens se préparent à cet échange depuis plus d’un an. Ilsse sont vus régulièrement, ont travaillé ensemble et enregistré dans des conditionsprofessionnelles le septième album du genre. Ce projet, qui a pu ab<strong>ou</strong>tirgrâce à l’association l’Estuaire et à l’adhésion d’une dizaine d’écoles de l’Ain,est dirigé par Françoise Cartade, une directrice artistique sensible, s<strong>ou</strong>cieuse dequalité et d’humanisme."En plus du festival, j'ai v<strong>ou</strong>lu créer des rendez-v<strong>ou</strong>s t<strong>ou</strong>t au long de l’annéep<strong>ou</strong>r irriguer notre territoire avec ces musiques du monde. Entrer par l’école,c’était aller vers les enfants, les intégrer à notre histoire, installer une permanenceartistique, créer des épisodes avec des finalités et une conclusion." Lesartistes s’investissent totalement dans ce projet. Dizu Platjees, chanteur z<strong>ou</strong>l<strong>ou</strong>et leader du gr<strong>ou</strong>pe Imbuyambo, a pleine conscience des enjeux pédagogiqueset humanitaires : "Les enfants avec qui l’on chante, chantent aussi dans beauc<strong>ou</strong>pd’autres langues. Ça leur fait comprendre que le monde est grand. Cetype de projet <strong>ou</strong>vre les yeux, j’aimerais qu’il se fasse connaître dans le mondeentier et se reproduise de la même façon. Car les enfants sont notre futur."Avec chaque artiste, le scénario a été différent. En juin 2006, Dizu a présentéaux enfants ses chansons crées p<strong>ou</strong>r l’occasion en z<strong>ou</strong>l<strong>ou</strong> <strong>ou</strong> adaptées de traditionnelssud-africains <strong>ou</strong> du Zimbabwe. En septembre, des musiciens ont prisle relais dans les écoles lors de séances hebdomadaires. Mathilde Lagrange,musicienne intervenante, est une habituée du projet "C’est surt<strong>ou</strong>t de la transmissionorale, on a très peu de partitions. On travaille en phonétique, on a parexemple fait des exercices p<strong>ou</strong>r travailler les sonorités étrangères, les sonstypiquement z<strong>ou</strong>l<strong>ou</strong>s <strong>ou</strong> sud-africains. Mais les enfants arrivent bien mieux queles adultes à reproduire ce que l’on entend."En janvier 2007, Dizu est revenu p<strong>ou</strong>r des répétitions, puis en mai avec songr<strong>ou</strong>pe p<strong>ou</strong>r l’enregistrement final dans un vrai studio professionnel, le studioassociatif AGLCA. Patrick Lee Thorp, son producteur et co-arrangeur, a biencompris la valeur du projet et s’est totalement impliqué p<strong>ou</strong>r le rendre possible : "Lapremière fois que j’ai participé à un enregistrement, c’était avec le chœur demon école. Je regardais alors le micro comme s’il venait de Mars. Je sais quel’implication des enfants dans un processus de production musical professionnel,de travail commun dans un effort artistique est un fabuleux exemple.Indépendamment du contenu et des implications sociales et politiques, c’estune expérience fabuleuse, une opportunité en or qui peut les inspirer."La rencontre avec les truculentes Mahotellas Queens a bien sûr été in<strong>ou</strong>bliable: les trois mamies dynamites sont venues transmettre deux chansons deleur répertoire en juin dernier. Elles ont enregistré leur partie à Johannesburgqu’elles ont envoyée par Internet. Le saxophoniste du Cap Robbie Jansen devaitvenir en mars mais il est tombé malade et, ne p<strong>ou</strong>vant plus faire de grandsvoyages, a terminé sa collaboration à distance. Il a réalisé et envoyé aux enfantsune première bande son et une vidéo en leur expliquant qu’il leur confiait deuxchansons et la recette p<strong>ou</strong>r les interpréter et attendait beauc<strong>ou</strong>p d’eux.En complément régional, un collectif de jazz de Rhône Alpes, L’Eléfanfare, a préparéun arrangement totalement original de l’incont<strong>ou</strong>rnable "Le lion est mortcette nuit". C’est dans ces échanges entre enfants et artistes que se n<strong>ou</strong>ent lesclés de la réussite du projet. Françoise Cartade explique : "Avec l’expérience,on se rend compte que le temps de rencontre, le moment de croisement estprimordial p<strong>ou</strong>r que la chanson prenne forme et racine et s’imprègne dans latête des mômes et qu’ils la restituent avec âme. T<strong>ou</strong>t le répertoire du Fil de l’Airpart de là et du respect mutuel. C’est une aventure permanente."Les Temps Chauds ; du 25 juin au 7 juillet à B<strong>ou</strong>rg en Bresse avec notamment JohnnyClegg, Dizu Plaatjes, Madina N’Diyae, Dédé Saint Prix et Egsclingen.L'album "Afrique du Sud" sera en vente le soir du concert Au fil de l'Air et distribué danst<strong>ou</strong>tr la France dès septembre par L’Autre Distribution.> www.lestempschauds.org


Portrait - mondomix.com - 13Miquèu MontanaroChantier, J<strong>ou</strong>teset CompagnieB.M.Petit t<strong>ou</strong>r à Correns, le fief provençal de Miquèu Montanaro, pendant le festival“les J<strong>ou</strong>tes Musicales de Printemps” (25, 26 et 27 mai). Par Benjamin MiNiMuMÀ une heure de la gare TGV d'Aix en Provence, Correns dévoile ses charmes rupestres. Situésur la rive droite de l'Argens, à l'entrée des Gorges de Bagorèse, ce village ent<strong>ou</strong>ré de vignesest connu p<strong>ou</strong>r être le premier de France à s'être totalement converti à la culture biologique. ÀCorrens, on boit sain, on mange bon, on respire bien et on a aussi appris à éc<strong>ou</strong>ter la musiqueavec attention, car c'est ici que le musicien Miquèu Montanaro vit et a posé sa compagnie.Homme de projets et d'<strong>ou</strong>verture, Miquèu annonce dès son patronyme son am<strong>ou</strong>r de la cultureProvençale. Mais il n'aime rien tant que frotter son gal<strong>ou</strong>bet, son tamb<strong>ou</strong>rin <strong>ou</strong> ses vers occitansà d'autres instruments, d'autres dialectes et cultures. Il confie : “P<strong>ou</strong>r moi, t<strong>ou</strong>tes les traditionssont issues de métissages. Pendant un moment, on a une esthétique, un sens et puis un autremétissage va porter les choses plus loin, va faire vivre les choses différemment.”Dans l’imposant coffret de 7 Cds récemment mis sur le marché, on le suit arpentant avec sesamis le Maghreb, l’Afrique de l’Ouest <strong>ou</strong> la Cordillère des Andes, et tendant les liens. P<strong>ou</strong>rcultiver ces recherches et les favoriser aussi chez les autres, il a créé à Correns une structurelaboratoire, "Le chantier". Ici, les artistes accueillis en résidence peuvent travailler au corps leursprojets exceptionnels et les présenter ensuite au public local et aux festivaliers venus suivre lefestival qu'il a également initié, "Les J<strong>ou</strong>tes". Cette année, cette manifestation démarre par deuxcréations. ”Motti Train - Opéra de poche” est un projet ambitieux de la compagnie Henri Agnel,qui avec un livret surréaliste et une mise en scène multimédia, tente de marier la musiquecontemporaine, l’opéra numérique et des parfums venus d’Asie et des Balkans. La Polonaisede Miquèu s’accompagne aussi de projections de petits films réalisés par le réalisateur hongroisGyörgy Laszlo qui, en noir et blanc, accompagnent les c<strong>ou</strong>rtes chansons romantiques inspiréesd’un voyage au pays de Chopin. P<strong>ou</strong>r ce projet, Miquèu a réuni le tuba de Daniel Malavergne(Chi Na Na P<strong>ou</strong>m, Auprès de ma blonde), l’accordéon de François Heim, (Anwynn, la SainteFamille), le piano et les arrangements de Yannick Hard<strong>ou</strong>in , la voix de Sylvie Berger, et ladirection artistique de Gabriel Yac<strong>ou</strong>b. Cette œuvre t<strong>ou</strong>chante et sensible est servie par deriches talents qui marchent dans la même direction. P<strong>ou</strong>r Miqueu, La Polonaise résume biensa démarche. "On sent que l’on a tr<strong>ou</strong>vé l’unité musicale dans notre diversité, c’est peut-êtrele langage que je cherche".<strong>CD</strong>/<strong>DVD</strong> "La Polonaise" (Le Roseau/Harmonia Mundi) disponible en septembre


14 - mondomix.com - En c<strong>ou</strong>v'IdirLa France des c<strong>ou</strong>leursHuit ans après Identités, le chantre du folk-kabyle n<strong>ou</strong>s revientavec un n<strong>ou</strong>vel album composé de dix-sept titres et d’autantd’invités, de rencontres, et de tonalités différentes. Un albumarc-en-ciel teinté de rap, de hip-hop et de R’n’B, avec en filigrane unseul et même leitmotiv : "La France des c<strong>ou</strong>leurs défendra les c<strong>ou</strong>leursde la France". Propos recueillis par Yaasrine M<strong>ou</strong>aatarifDans quel contexte est née l’idée de La France des c<strong>ou</strong>leurs ?Idir : Au c<strong>ou</strong>rs d'un déjeuner avec Valérie Michelin, ma “patronne chez Sony”,elle me parle de rappeurs qui aiment mon travail, parmi lesquels Rim-K du 113,et me demande p<strong>ou</strong>rquoi je ne ferais pas quelque chose avec eux. Dans unpremier temps, j’hésite, en me disant qu’ils sont quand même aux antipodes demon univers. Et c’est là qu’Emmanuelle Zerbib, la directrice du marketing, lancel’idée de “Générations” avec un “s”. Après quoi on m’a s<strong>ou</strong>mis une liste d’artistes.J’en connaissais certains, d’autres pas du t<strong>ou</strong>t. Puis au fur et à mesure,j’ai commencé à les rencontrer, et de chaque rencontre naissait naturellement lethème qu’on allait chanter, mais le mot “Générations” commençait à me gêner.D’abord parce que ça me vieillissait et je n’aime pas ça, mais aussi parce qu’ily avait dans ce terme un côté figé. Puis c’est au hasard d’un enregistrementavec Rim-K sur l’album Raï’n’B Fever que le producteur en enregistrant m’ademandé quel titre je v<strong>ou</strong>lais donner à cette chanson. Je lui ai expliqué que jev<strong>ou</strong>lais parler de t<strong>ou</strong>s ces jeunes là, de cette France des c<strong>ou</strong>leurs, lors Valéries'est exclamée : “c’est le titre idéal p<strong>ou</strong>r ton album !”. Avec le leitmotiv “laFrance des c<strong>ou</strong>leurs défendra les c<strong>ou</strong>leurs de la France”, j’ai pu me sentir plusà l’aise, ça me permettait d’élargir mon champ, de ne pas prendre que du rap,du R’n’B <strong>ou</strong> du hip-hop mais de p<strong>ou</strong>voir montrer cette “France de certainesc<strong>ou</strong>leurs”. J’aurais pu chanter celle des Celtes, des Occitans <strong>ou</strong> des Alsaciens,mais je v<strong>ou</strong>lais choisir les c<strong>ou</strong>leurs tenues par le principe de la survie, qui avaientnon seulement besoin de s’inscrire mais devaient faire partie de cette n<strong>ou</strong>velleFrance.Une fois les duos formés, comment avez-v<strong>ou</strong>s travaillé chacun des titres ?Les thèmes naissaient au fil des discussions et des rencontres. Tiken Jah estafricain, t<strong>ou</strong>t comme moi. N<strong>ou</strong>s avions en commun cette Afrique liée à la Francepar les péripéties de l’Histoire, avec un contentieux dont il fallait discuter. On étaiten droit de le faire au nom des enfants de cette Afrique qui sont nés en France.Avec les Saïan Supa Crew, entre Leroy qui est d’origine marocaine, et Féfé quiest d’origine nigériane, on se questionnait “d’où tu viens ?” et “d’où je viens ?”,c’est ainsi qu’est venu naturellement “Je viens de là où l’on m’aime”. Avec Disizla Peste, n<strong>ou</strong>s avons un autre point commun : son grand-père était tirailleur, etdeux de mes grands-oncles sont morts à Verdun. L’album a ainsi pris forme auhasard des discussions, des goûts de chacun, et de son vécu, t<strong>ou</strong>t en reflétantune certaine histoire de la France. Avec Noa, c’était un peu différent. Mon idée,c’était de montrer dans un petit texte qu’on p<strong>ou</strong>vait avoir un cœur qui vient d'unendroit et aimer quelqu’un d’ailleurs. Mais je n’avais pas pensé au départ qu’elleest israélienne et moi algérien. C’est par la suite que j’ai remarqué aut<strong>ou</strong>r demoi que les gens avaient tendance à spéculer, comme si c’était un élan logique,mais pas normal.Malgré le ton festif d’un grand nombre de morceaux, un certain “malaise identitaire”s'exprime… Avec la chanteuse Wallen par exemple, dans lequel unefille parle de son malaise à son père, le thème exprime la confrontation non pasentre deux identités mais plutôt entre deux sensibilités. Et même si le morceau“La France des c<strong>ou</strong>leurs” est assez dansant, t<strong>ou</strong>t le monde y participe et chantele refrain. Derrière le festif, il y a un titre plus mobilisateur, c’est quelque chosede revendiqué, de bien établi. T<strong>ou</strong>s les malaises en général transparaissent dansdes musiques certes, rythmées, mais au ton assez grave, que ce soit dans le duoavec Cynik, avec les Saïan <strong>ou</strong> encore avec Akhénaton dans le titre “Marche surJérusalem” sur le problème israélo-palestinien.Dans ce morceau, on déc<strong>ou</strong>vre que la langue kabyle semble faite p<strong>ou</strong>r le rap.Effectivement… c’est un héritage des anciens. Les vieilles dames de chez n<strong>ou</strong>sont t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs fait des espèces de j<strong>ou</strong>tes oratoires entre elles dans le village. Dessortes de slams improvisés dans lesquels elles peuvent déclamer leur affection<strong>ou</strong> se crêper le chignon par rimes interposées. La rime qu’imprime la première,l’autre doit la suivre, c’est la règle du jeu. T<strong>ou</strong>t gamin, j’assistais à ça. C’est unpeu ce que n<strong>ou</strong>s avons fait avec IAM. Ils ont choisi un sample du chanteur libanaisWadii Essafi, qui t<strong>ou</strong>rnait bien et collait parfaitement avec le rythme de chezn<strong>ou</strong>s. Je n’ai fait que placer mes mots comme le faisaient ces vieilles dames,que d’ailleurs je remercie !Autre moment fort : “Lettre à ma fille”, slam de Grands Corps Maladeque v<strong>ou</strong>s avez déclamé sur une musique de votre fille Tanina. Comments’est faite cette rencontre ?Fabien –alias Grand Corps Malade- a fait parler un père, religieux, qui se dévêtculturellement et <strong>ou</strong>blie un instant les dogmes p<strong>ou</strong>r parler à sa fille à cœur<strong>ou</strong>vert. J’ai beauc<strong>ou</strong>p aimé ce texte, je l’ai tr<strong>ou</strong>vé très juste, il n’est pas racoleuret ne juge pas.“La France des c<strong>ou</strong>leurs” est une reprise d’un de vos tubes, devenusymbole de la fête version kabyle, le célèbre Zwit Rwit. C’est un clind’œil ?Ce n’est pas moi qui en ai eu l’idée mais la chanteuse Zao. Déjà dans l’albumIdentités, beauc<strong>ou</strong>p ont cru que j’avais choisi de reprendre Avava In<strong>ou</strong>va, alorsque je n’y étais p<strong>ou</strong>r rien. Le concept était de faire quelque chose de n<strong>ou</strong>veauà partir du répertoire des artistes invités et de mon propre répertoire, mais laplupart des artistes ont choisi de travailler sur le mien, voilà t<strong>ou</strong>t. C’est ce quis’est passé p<strong>ou</strong>r Zwit Rwit qui est devenue “La France des c<strong>ou</strong>leurs”, et c’estZao qui s’en ai chargée.P<strong>ou</strong>r v<strong>ou</strong>s comme le “s” de “c<strong>ou</strong>leurs” -<strong>ou</strong> celui d’”Identités”- la Francedoit apprendre à conjuguer ses identités au pluriel ?Elle sera obligée parce qu’il n’y a pas d’autre alternative. Comment faire autrement? En disant à t<strong>ou</strong>s ceux qui sont basanés, noirs <strong>ou</strong> café au lait “dehors !” ?Mais dehors où ? Elle devra donc l’accepter de la même manière qu’elle s’estacceptée en incluant Romains s<strong>ou</strong>s forme de Gallo-Romains, Carolingiens, Mérovingiens,Francs… Petit à petit, cette France s’est formée malgré les réticencesdes uns et des autres, les Alsaciens, les Celtes, etc. On est arrivé tant bienque mal à former un territoire, de nation. Puis, après, avec l’arrivée des Italiens,des Portugais, ceux des colonies… On est obligé de prendre en compte t<strong>ou</strong>t lemonde. On ne peut pas accepter ce que n<strong>ou</strong>s amène Zidane et le contraindreà n’être que cela.Ce n’est pas un hasard si v<strong>ou</strong>s avez invité Zidane à chanter “La Francedes c<strong>ou</strong>leurs défendra les c<strong>ou</strong>leurs de la France” ?Je le lui ai demandé dans l’avion, lors de son voyage en Algérie en décembredernier, et il a t<strong>ou</strong>t de suite été partant. Le concept de ce titre, comme de cetalbum, c’est une sorte de c<strong>ou</strong>p de bélier p<strong>ou</strong>r dire : il n’y aura pas d’autre alternativequ’une France des c<strong>ou</strong>leurs, et les vedettes qui m'accompagnent p<strong>ou</strong>r ledire donnent du poids à cette idée.


MARIO GUERRATania, Idir et Féfé


16 - mondomix.com - DossierMusiques s<strong>ou</strong>fiesAu XIII ème siècle, le poète et mystique Djalâl ud-Dîn Rûmi, écrivait : "N<strong>ou</strong>s avons t<strong>ou</strong>s entendu cette musiqueau Paradis. Bien que l'eau et l'argile de nos corps aient fait tomber sur n<strong>ou</strong>s un d<strong>ou</strong>te, quelque chosede cette musique n<strong>ou</strong>s revient en mémoire." 800 ans plus tard, nombreux sont les musiciens engagés dans lavoie s<strong>ou</strong>fie qui cherchent t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs à s’approcher de ce secret magnifique. Loin de prétendre faire le t<strong>ou</strong>r desmusiques s<strong>ou</strong>fies, après un résumé biographique du poète qui fonda la confrérie des derviches t<strong>ou</strong>rneurs,n<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s présentons quelques exemples clés de cette approche musicale en quête d’absolu. Génie du chantqawwali, Nusrat Fateh Ali Khan a disparu il y a dix ans, au faîte de la gloire. Sur un registre voisin, sa compatrioteAbida Parveen éveille auj<strong>ou</strong>rd’hui l’extase dans t<strong>ou</strong>t le s<strong>ou</strong>s-continent indien. En France, interviewsavec Thierry Robin, qui prépare un hommage à Rûmi p<strong>ou</strong>r la prochaine édition du festival Africolor, et avecle hip-hopper s<strong>ou</strong>fi Abd al Malik, dont les concerts de l’été traverseront de nombreux festival musiques dumonde dont celui des Suds à Arles durant lequel le 12 septembre aura lieu une conférence sur "Musiquesdu monde et spiritualité". Bien sûr, lors de la récente édition du Festival des Musiques Sacrées de Fès, il futlargement question de Rûmi. Retr<strong>ou</strong>vez ici un aperçu du reportage quotidien réalisé par <strong>Mondomix</strong>.Djalâl ud-Dîn RûmiL'am<strong>ou</strong>r de l'autreVoici 800 ans, en 1207 naissait à Balkh, au sud deSamarkand, dans le territoire de l'actuel Afghanistan,l'une des plus grandes figures de la mystiquemusulmane, Mevlana Djalalleddine Rûmi. Poète éclairéet figure décisive de la philosophie s<strong>ou</strong>fie, il a prôné unislam d’am<strong>ou</strong>r, de tolérance, où la poésie et la musiquesont considérées comme des émanations du divin. Huitsiècles plus tard il est encore chanté en Orient par d’immensesartistes comme les iraniens Shahram Nazeri <strong>ou</strong>Mohamed Reza Shadjarian, mais aussi en Occident où lerappeur Abd Al Malik <strong>ou</strong> le guitariste Thierry Robin le citentcomme une influence importante. Gérard Kurdjian,directeur artistique du Festival de Fès des Musiques Sacréesdu Monde, n<strong>ou</strong>s retrace sa vie et brosse son personnage.A la fois maître spirituel, poète, philosophe, théologien et écrivain,Djallaleddin Rûmi a laissé une oeuvre considérable dontle joyau est le Mesnevi, poème de 25.000 vers traitant del'enseignement initiatique s<strong>ou</strong>fi, parfois apprécié dans le monde musulmancomme un "second Coran". Fils d'un éminent érudit en sciences religieuses etprofesseur de droit islamique (fiqh), Bahaedin Veled, Rûmi dut quitter très tôt saville natale, fuyant avec sa famille à la fois les invasions mongoles et le sultan dela région p<strong>ou</strong>r s'installer à Konya, l'antique Iconium des Romains, —d'où sonsurnom de Rûmi, du pays des R<strong>ou</strong>ms chrétiens de l'Empire byzantin— devenuentre temps capitale de l'empire turc Seldj<strong>ou</strong>kide. À la mort de Bahaeddin Veled,ses disciples se rassemblèrent aut<strong>ou</strong>r de Rûmi et lui confièrent l'héritage del'autorité paternelle.Suivant d'abord les traces plutôt austères de son père, Djallaleddine —dont lenom signifie "Majesté de la Religion"— devint un savant, une figure parmi lesnotables religieux de sa ville, jusqu'à ce que le c<strong>ou</strong>rs de son destin bascule àtravers deux rencontres décisives qui lui firent déc<strong>ou</strong>vrir "les secrets de l'Am<strong>ou</strong>rDivin et de l'Union avec le Bien Aimé". Son chemin croise d'abord celui d'un dervicheerrant, Shams Tabrizi —de la ville de Tabriz, en Azerbaïdjan iranien— quivit consumé en permanence dans l'extase mystique. Cette rencontre le b<strong>ou</strong>leverseau point que Shams devient le centre de sa vie, mieux, de son être, et qu’ilabandonne femme, enfants, ville, fonctions publiques, p<strong>ou</strong>r vivre à ses côtés etse n<strong>ou</strong>rrir de sa présence, au point de provoquer rumeurs et scandales... Aprèsdes années d'une liaison chaotique et intense, Shams, marié un temps à la proprefille de Rûmi, disparaît sans laisser de traces —peut être assassiné par desdisciples jal<strong>ou</strong>x ?—, laissant derrière lui flotter le parfum du mystère.Rûmi, l'érudit sobre et austère, est maintenant totalement habité par cette soifinextinguible d'absolu et d'ivresse intérieure, cette "délicieuse blessure" que leBien Aimé Divin, par son absence, imprime dans son coeur. Un j<strong>ou</strong>r, que danscet état proche de la transe —le hal des s<strong>ou</strong>fis— sorte de "saturation de t<strong>ou</strong>sles sens, tendus vers le divin", il se promenait dans le s<strong>ou</strong>k du marché de Konya,il vécut sa deuxième rencontre décisive. S'approchant du quartier des bij<strong>ou</strong>tiers,il entendit s<strong>ou</strong>dain résonner dans l'atelier de son ami, l'orfèvre Salaheddin Zerb<strong>ou</strong>ki,les frappes du délicat marteau travaillant l'or. La légende raconte qu'àl'éc<strong>ou</strong>te de ces sonorités cristallines, qu'il perçut comme étant de nature céleste,Djallaleddin Rûmi, au milieu des marchands ébahis, se mit à t<strong>ou</strong>rner sur luimême, saisi de m<strong>ou</strong>vements incontrôlables et effrénés. C'est en s<strong>ou</strong>venir de cemoment extatique, de cette "dans", où il fut comme emporté par cette énergiede nature divine, que fut codifié par la suite au sein de sa confrérie, la Mevleviya,et par son propre fils, Sultan Valad, ce qui deviendra "La Danse des DervichesT<strong>ou</strong>rneurs".Djallaleddine Rûmi s'est fait avant t<strong>ou</strong>t le chantre de l'Am<strong>ou</strong>r divin, de la Beauté.Les séances de Sama', réunion rituelle collective de la confrérie, qui duraientparfois plusieurs j<strong>ou</strong>rs sans interruption, mêlaient les séances de prières et leslitanies des Noms de Dieu aux chants, aux musiques et aux danses à la gloiredu Créateur. S<strong>ou</strong>s l'impulsion du maître, une place essentielle fut ainsi donnéeà l'effusion et aux "transports divins". De nombreux musiciens célèbres, dontles compositions sont encore j<strong>ou</strong>ées dans la musique ottomane, ont été formés


quotidienne des Iraniens me t<strong>ou</strong>che profondément. Il est du c<strong>ou</strong>p à l'opposédes clichés véhiculés quotidiennement par la presse occidentale sur cetterégion du monde, leurs habitants et leurs traditions et sur la religion musulmaneen particulier. La sagesse véhiculée par cette pensée devrait êtred'un grand sec<strong>ou</strong>rs en dehors du monde oriental. Il y a également, du pointde vue esthétique, la richesse rythmique de son écriture et sa musicalité quisont exceptionnelles. "Plusieurs voies mènent à Dieu, j'ai choisi la voie dela danse et de la musique." C'est donc un bonheur d'approcher (modestement)cette richesse artistique.Thierry 'Titi' RobinCREDITAprès avoir collaboré avec Danyel Waro et Esma Redzepova,(deux spectacles qu'il présente aux Suds à Arles le 13 juillet),Thierry "Titi" Robin prépare p<strong>ou</strong>r cet hiver un hommage àRûmi. Propos recueillis par Benjamin MiNiMuMComment as-tu déc<strong>ou</strong>vert les écrits de Djallaleddin Rûmi ?À travers mon intérêt p<strong>ou</strong>r la poésie s<strong>ou</strong>fie, de Hâfez à Khayam, de AlisherNavoï à Machrab, en passant par Yunus Emre et Amir Khushrau. C'est p<strong>ou</strong>rmoi une culture de référence inépuisable et un repère essentiel. Je considèreaussi que les coplas chantées du flamenco se rattachent à cettemême voie.Quels sont tes vers favoris ?Il y en a trop ! Quelques exemples :"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé.Chacun en ramasse un fragment et dit que t<strong>ou</strong>te la vérité s'y tr<strong>ou</strong>ve."Que représente Djallaleddin Rûmi p<strong>ou</strong>r toi ?Mawlânâ est un des maîtres et sa place dans la culture persane et la vieS<strong>ou</strong>s quelle forme vas-tu lui rendre hommage ?Ce sera un parallèle entre la musique instrumentale (choix dans mes compositionsqui évoque l'esprit de ce mysticisme) et la lecture en persan etfrançais d'une sélection de poèmes de Mawlânâ. La rythmique sera s<strong>ou</strong>tenuepar deux j<strong>ou</strong>euses de daf s<strong>ou</strong>fis kurdes (Shadi Fathi et La Coque) surlesquels se posera le zarb soliste de Keyvan Chemirani. Renaud Pion (p<strong>ou</strong>rle s<strong>ou</strong>ffle des instruments à vent) et moi-même (p<strong>ou</strong>r les cordes) j<strong>ou</strong>erontles mélodies et improvisations modales. Le poète iranien Esmaïl et le comédiencomorien Seuf El Badawi liront les textes. Il y aura eu en premièrepartie le duo chant et ney de Ali reza Ghorbani et Eshag Chegini qui illustreral'incarnation de cette poésie dans la culture persane classique."Rien de ce qui existeen ce monden'est en dehors de toi.Cherche bien en toi-mêmece que tu veux êtrepuisque tu es t<strong>ou</strong>t.L'histoire entière du mondesommeille en chacun de n<strong>ou</strong>s."à cette école du Sama' des derviches, devenant parfois musiciens attitrés àla C<strong>ou</strong>r du Sultan. Cette imprégnation profonde d'une voie spirituelle —Tariqa—par la musique et la poésie, que l'on rencontre quelquefois dans lemonde du s<strong>ou</strong>fisme, prend dans la confrérie fondée par Rûmi une importanceexceptionnelle. P<strong>ou</strong>r lui, la musique est à la fois l'écho lointain du Paradis etune clé p<strong>ou</strong>r le réintégrer, le son de la flûte de roseau, le ney, est le symbolede l'homme c<strong>ou</strong>pé de son Bien Aimé, le luth rebab "...n'est que corde sèche,bois sec, peaux sèche, mais il en sort la voix du Créateur", et p<strong>ou</strong>r finir, cettephrase sublime : "Dans les cadences de la musique est caché un secret, si jele révélais, il b<strong>ou</strong>leverserait le monde".Dans un monde musulman oscillant durant t<strong>ou</strong>te son histoire entre les bornescorsetées du licite et de l'illicite, et dans lequel les modèles prescriptifsdogmatiques sont surdéterminants, où la musique a été s<strong>ou</strong>vent considéréeavec défiance par les théologiens et les intégristes, la figure de Rûmi brilled'un éclat particulier. Aflaki, l'un des disciples de la confrérie, qui écrivit unehagiographie du maître quelques décennies après sa mort, raconte que Rûmiétait un j<strong>ou</strong>r à l'éc<strong>ou</strong>te d'un musicien et s<strong>ou</strong>s le charme profond de sa musique.Retentit l'appel du muezzin. À l'injonction d'un ami qui le pressait alorsd'interrompre la musique, Rûmi répondit : "Non pas, car ceci aussi est uneprière".* Cette prévalence donnée à la poésie, à la musique, à la Beauté, commemode d'accès privilégié au monde spirituel, se d<strong>ou</strong>ble chez Rûmi d'uneauthentique acceptation de l'autre, y compris non musulman. On raconte qu'àsa mort la population de Konya, t<strong>ou</strong>te religions et croyances confondues,vintcélébrer ses funérailles, tant il était perçu comme se situant au delà de t<strong>ou</strong>tesles religions formelles, dans celle du Coeur.après n<strong>ou</strong>s vivez/ N'ayez les coeurs contre n<strong>ou</strong>s endurcis, Car, si pitié de n<strong>ou</strong>spauvres avez/ Dieu en aura plus tôt de v<strong>ou</strong>s merci."Message de Miséricorde, plus encore message d'Am<strong>ou</strong>r, message d'Espoiren l'Homme, c'est à n<strong>ou</strong>s, hommes du XXIème siècle naissant, que parleDjallaleddine Rûmi. N<strong>ou</strong>s, c'est-à-dire à la fois l' Occident "désenchanté", enquête de repères, et le monde musulman lui-même en proie à ses crispationset ses propres <strong>ou</strong>blis.*(Cité par Eva de Vitray Meyerovitch in "Islam : l'Autre Visage", Albin Michel)Au-dessus du portail de son mausolée, on peut lire encore auj<strong>ou</strong>rd'hui, gravésen persan dans la pierre, ces mots : "Viens, viens, qui que tu sois, viens !Que tu sois mécréant, hérétique, idolâtre, viens ! Notre seuil n'est pas le seuildu désespoir; même si tu as été cent fois parjure, viens !" Cette adresse,lancée par-delà les temps à la postérité, résonne comme l'écho du cri qu'unautre poète, d'Occident cette fois, notre François Villon national, lancera deuxsiècles plus tard, dans sa célèbre Ballade des Pendus : "Frères humains, quiCREDIT


18 - mondomix.com - DossierNusrat Fateh Ali KhanUne étoile filanteNusrat le saisissant soliste classique, pénétré d’une foi lumineuse quandil interprétait la Passion dans la bande-son du film de Martin Scorcese LaDernière Tentation du Christ <strong>ou</strong> entamait un raga matinal au sommet duvolcan de la S<strong>ou</strong>frière,Nusrat l’émancipateur qui accueillait avec respect les offrandes féminineslors de ses concerts publics, et intégrait des chœurs de femmes dans sesenregistrements,Nusrat, fierté du Pakistan, bonheur des rues de Lahore <strong>ou</strong> de Faisalabad, oùle petit peuple retr<strong>ou</strong>vait son chant à chaque échoppe, l’adulant en demi-Dieu,Nusrat, orgueil de la diaspora d’immigrés à qui il ravivait l’âme au quotidiende ses passages et de ses vidéos,Nusrat, âme généreuse qui parc<strong>ou</strong>rait le monde p<strong>ou</strong>r des concerts contrele cancer, et mettait son studio d’enregistrement à la disposition des jeunesmusiciens,Nusrat, père de famille aimant, offrant à sa fille unique Nida de somptueuxconcerts où l’on retr<strong>ou</strong>vait les plus ém<strong>ou</strong>vantes voix d’Orient,Nusrat, star des "musiques du monde", aux ventes planétaires et aux concertségrenés sur les cinq continents, trait d’union déjà mythique de sonvivant entre Orient et Occident, tradition et modernité, profane et sacré…Il y a dix ans, le 16 août 1997, Nusrat Fateh Ali Khan succombait àune crise cardiaque. À 49 ans, le maître incontesté du chant s<strong>ou</strong>fiqawwali laissait derrière lui un héritage immense par sa qualitéplus encore que par sa quantité. Son empreinte musicale est comparableà celle laissée par exemple par un Bob Marley, un Fela Kuti <strong>ou</strong> unJohn Lennon. P<strong>ou</strong>r rendre hommage à cet artiste exceptionnel, n<strong>ou</strong>savons demandé à un de ses proches, le j<strong>ou</strong>rnaliste Pierre-Alain Baud,de partager avec n<strong>ou</strong>s ses s<strong>ou</strong>venirs.10 ans, déjà… Une n<strong>ou</strong>velle t<strong>ou</strong>rnée française l’attendait quelques semainesplus tard. Le vertige incandescent de sa voix devait s’élever à n<strong>ou</strong>veau dans lapénombre env<strong>ou</strong>tée du Théâtre de la Ville et de quelques autres scènes élues.Déflagration annoncée p<strong>ou</strong>r le bienheureux public qui allait alors le déc<strong>ou</strong>vrir,et, p<strong>ou</strong>r les fidèles, perspective d’un bonheur revivifié au cristal de feu de sonchant… Émois en devenir…Il n’en aura rien été : au faîte de cet été-là, peu avant la mi-temps de son siècle,Nusrat s’en est allé… vers d’autres cieux, d’autres horizons, certainement plussereins, plus amples, retr<strong>ou</strong>ver Celui qu’il n’avait de cesse de l<strong>ou</strong>er, d’implorer,de clamer.Artiste habité, halluciné et hallucinant, Nusrat, par le chenal de sa voix, n<strong>ou</strong>saura entraînés, happés dans les flots impétueux de son cri d’am<strong>ou</strong>r à la face dumonde, personnage métaphore à la stupéfiante multiplicité avec lequel chacunp<strong>ou</strong>vait, à un moment <strong>ou</strong> à un autre, p<strong>ou</strong>r une raison <strong>ou</strong> p<strong>ou</strong>r son contraire,entrer en résonance :Nusrat, Shahen-Shah-e-Qawwal, roi suprême des Qawwals, voix inspiréeenivrant les faqirs des sanctuaires s<strong>ou</strong>fis du Punjab <strong>ou</strong> du Sindh. Guide versl’expérience du Divin, vers l’indicible extase…credit10 ans déjà, donc, que ce Nusrat de chair, d’os et de chants constammentren<strong>ou</strong>velés a bel et bien disparu, Icare d’une modernité qui lui a prématurémentconsumé les ailes, à la flamme d’une world music t<strong>ou</strong>rbillonnante pas t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rsrespectueuse de l’humanité de ses étoiles. Certaines de celles-ci filent trop vite,traversant bien trop rapidement nos ciels de vie, telles de fulgurantes comètes.Mais, magie des êtres d’exception et magie de notre humanité : dans les sillonsde notre mémoire et de nos émois, Nusrat vivra à jamais. L’écho, l’éclat perdureralongtemps encore de son chant, de ses regards de feu, de sa silh<strong>ou</strong>ette deB<strong>ou</strong>ddha au bras dressé vers le firmament.Depuis lors, bien des qawwals se présentent comme LE dépositaire, L’héritier,le seul, le vrai… P<strong>ou</strong>ssière des j<strong>ou</strong>rs et stratagèmes de marketing ! S’il est sûrque Nusrat aura marqué t<strong>ou</strong>te une génération, il est t<strong>ou</strong>t aussi clair que personnene peut se prétendre son héritier, ni en tirer gloire personnelle, pas mêmeson neveu, Rahat Ali Khan qui aura chanté des années durant à ses côtés…Influences certes, marquantes sûrement. Mais chacun se l’approprie à sa façonet c’est peut-être justement sa plus belle trace : côté musiciens, il aura réussià réconcilier les maîtres de la tradition, Michael Brook, Bally Sagoo et les Djsdes dance floors, qui utilisent t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs son chant comme un matière primordialerare, 10 ans après son départ ; côté audience, il aura b<strong>ou</strong>leversé un publicbigarré et croissant aux quatre coins du monde, suscitant sans jamais se trahirl’adhésion des auditeurs les plus différents, p<strong>ou</strong>r les raisons les plus diverses,sachant débusquer et vivifier aux tréfonds de chacun d’entre n<strong>ou</strong>s l’étincelle quin<strong>ou</strong>s meut, n<strong>ou</strong>s singularise <strong>ou</strong> n<strong>ou</strong>s relie.. Dust to Gold (Virgin) 2000. Ecstacy (live) (Terrascape) 1997. Night Song (Real World) 1996. In Concert in Paris, Vols. 3-5 (live) (Ocora) 1996. The Last Prophet (Real World) 1994. Devotional and Love Songs (Real World) 1993. Shahbaaz (Real World) 1991. Mustt Mustt (Real World) 1990. Shahen-Shah (Real World) 1988


Abida ParveenLa protégéeChanteuse s<strong>ou</strong>fie exceptionnelle originaire de Larkana, dans laprovince de Sindh, à l’extrême sud du Pakistan, Abida Parveenest auj<strong>ou</strong>rd’hui aussi aimée et vénérée que l’était Nusrat FatehAli Khan. N<strong>ou</strong>s l’avons rencontrée en mai dernier lors de son passage àla Cité de la Musique. Propos recueillis par Benjamin MiNiMuMV<strong>ou</strong>s interprétiez des chants traditionnellement chantés par deshommes, avez v<strong>ou</strong>s eu du mal à v<strong>ou</strong>s faire respecter ?À aucun moment je n’ai épr<strong>ou</strong>vé de difficultés du fait d’être une femme. Depuisle berceau je n’ai entendu que des sons de musique puisque mon père était ungrand chanteur. D’autre part, j’ai t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs été ent<strong>ou</strong>rée de saints, de gens pieuxqui m’ont guidée dans cette musique et je pense que j’ai t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs été s<strong>ou</strong>s laprotection de cette connaissance du s<strong>ou</strong>fi où t<strong>ou</strong>t le monde est accepté à égalité.C’est comme un cercle de protection dans lequel on entre et où l’on épr<strong>ou</strong>vebeauc<strong>ou</strong>p de sécurité, comme une protection au dessus de n<strong>ou</strong>s. Moi-mêmeje suis une élève dans cette voie et je tr<strong>ou</strong>ve que c’est une très bonne chose,un honneur que d’être élève. Je suis t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs à la recherche, je suis sur unevoie où j’apprends t<strong>ou</strong>s les j<strong>ou</strong>rs quelque chose. Et p<strong>ou</strong>r moi c’est une grandeconnaissance d’apprendre la musique.Au Pakistan v<strong>ou</strong>s chantez régulièrement dans les mausolées desgrands Saints s<strong>ou</strong>fis, et v<strong>ou</strong>s faites aussi en occident des concertsdevant des publics qui ne sont pas forcément de la même croyance.Est-ce que ces deux expériences sont différentes ?Au Pakistan les gens comprennent la langue et la musique, mais j’ai chanté dansle monde entier et je me suis rendue compte que le public est "un", que dans lemonde entier cette langue de l’am<strong>ou</strong>r, de la passion est la même. Au momentoù n<strong>ou</strong>s avons commencé à chanter, n<strong>ou</strong>s ne sommes plus dépendants descroyances des gens, n<strong>ou</strong>s sommes en train de présenter une musique s<strong>ou</strong>fie,que les gens apprécient. Il n’y a aucune barrière à ce niveau car n<strong>ou</strong>s sortonsces paroles de notre b<strong>ou</strong>che, il n’y a plus de différence entre celui qui prononceet celui qui entend. C’est une fusion entre la personne qui éc<strong>ou</strong>te et la personnequi prononce parce que le ‘kalam’, les paroles, n’ont plus de barrières. V<strong>ou</strong>s lesentendez exactement de la même façon que quelqu’un qui comprend, v<strong>ou</strong>s avezla même appréciation et je le remarque à chaque fois.En occident on parle s<strong>ou</strong>vent de v<strong>ou</strong>s comme d’une Nusrat Fateh AliKhan au féminin, que pensez v<strong>ou</strong>s de cette comparaison ?Je suis moi-même une très grande fan de Nusrat Fateh Ali Khan, et à mesyeux et à ma connaissance il n’y a pas eu de plus grand artiste. Je l’ai éc<strong>ou</strong>tétrès s<strong>ou</strong>vent, et lui aussi il m’entendait et je suis honorée que l’on me compareà lui mais à mon sens il n’y a aucune comparaison. C’était un maître qui aappartenu à une très grande famille de musiciens et possédait une très grandeconnaissance de la musique s<strong>ou</strong>fie et des kalam, un savant de la musique, maisqui savait aussi très bien la propulser. Même à ce j<strong>ou</strong>r en l’éc<strong>ou</strong>tant j’apprendsdes choses.. The Essential (EMI) 2006 (les années 80 d’Abida Parveen). Ishq : Poèmes et chants mystiques de l’Islam (Accord Croisés) 2005. Baba Bulleh Shah (Oreade Music) 2003. Visal (Poètes mystiques du Hind et du Sind) (Accords Croisés) 2002. Chants s<strong>ou</strong>fis du Pakistan (Qal, ghazal et kafi) (INEDIT) 1995B.M.13 ème Festival des Musiques Sacrées de Fès :Rûmi à l’honneurDjalâl ud-Dîn Rûmi était l’hôte du 13 ème Festival des Musiques Sacrées de Fès, au Maroc.S’il n’a pu faire le déplacement depuis le panthéon des célèbres penseurs s<strong>ou</strong>fis, son œuvreétait, elle, bien présente grâce aux différents artistes qui se sont succédés du 1er au 9 juin.Par Fabien Maisonneuve"Malraux l’avait prédit, le XXI ème siècle sera religieux <strong>ou</strong> ne sera pas", c’est par ces mots que NadiaBenjell<strong>ou</strong>n, directrice internationale du festival et directrice des rencontres de Fès, commente le choixdu sacré comme thématique générale du festival. Alors que les religions peuvent être s<strong>ou</strong>rce de conflit,le sacré rassemble t<strong>ou</strong>s les hommes : sa dimension universelle d’aspiration à une certaine forme despiritualité est la clef de la connaissance de soi et de l’<strong>ou</strong>verture à l’Autre. Du Pakistan d’Akhtar SharifArup Vâle Qawwals à l’Espagne de Curro et Carlos Piñana, en passant par l’Iran de la chanteuse Parissa,la poésie et la musique s<strong>ou</strong>fies t<strong>ou</strong>chent et transcendent les artistes et leur public sur t<strong>ou</strong>s les continents.La musique qui c<strong>ou</strong>le dans leurs veines porte directement au cœur les psaumes de Rûmi. Cette"musique qui se ressent", p<strong>ou</strong>r la chanteuse indienne Vasumathi Badrinathan, n’a pas besoin de parolesp<strong>ou</strong>r être appréciée. Bartabas l’a s<strong>ou</strong>ligné, "les musiques s<strong>ou</strong>fies sont des musiques de l’intérieur", etsont en cela profondément ancrées dans le sacré. La sérénité qu'apportent les "poèmes existentiels" deRûmi est l<strong>ou</strong>ée par Jahida Wahbé, diva libanaise, autant que par Waed B<strong>ou</strong>hass<strong>ou</strong>n, chanteuse et <strong>ou</strong>distesyrienne, p<strong>ou</strong>r qui "chanter Rûmi, c’est parler avec Dieu". Le j<strong>ou</strong>eur de ney (flûte turque) Kudsi Ergüner,qui présentait cette année une majestueuse cérémonie de Derviches T<strong>ou</strong>rneurs, défend ce caractèreuniversel des musiques sacrées : "Il y a des musiques appréciées par des S<strong>ou</strong>fis, il n’y a pas de musiques<strong>ou</strong>fie. Chaque musique a sa propre culture et peut être un lien avec l’univers profond des Hommes".Rûmi, patrimoine de l’humanité ?> www.mondomix.com/fes2007


20 - mondomix.com - InterviewAbd Al MalikSur la voixde lasagesseAdopté cet été par les programmateursde festivals de musiquedu monde, le rappeurmusulman, lauréat d’une récente victoirede la musique, est un adepte dela généreuse et pacifique voie s<strong>ou</strong>fie.Propos recueillis par Benjamin MiNi-MuM et Marc Benaïche.On fête les 800 ans de Rûmi, en quoises écrits restent pertinents au XXI èmesiècle ?Auj<strong>ou</strong>rd’hui lorsque l’on dit Islam, on pensefinalement à t<strong>ou</strong>t sauf à l’Islam. Onpense à des choses d’ordre politique, àdes problématiques, mais on ne parle pasde spiritualité. Or, ce qui rend Rûmi actuel,c’est cette possibilité de vivre une spiritualitédans un rapport de cheminement,l’importance de mettre cette spiritualité aucentre des choses.Cette année, on évoque également ladisparition du grand chanteur s<strong>ou</strong>fiNusrat Fateh Ali Khan. Est-ce qu’il aété un exemple p<strong>ou</strong>r toi ?C’est un artiste d’exception, d’une épaisseurartistique incroyable, il n<strong>ou</strong>s montrele lien fort entre la possibilité de vivre unespiritualité véritable et la manière dont onva <strong>ou</strong>vrir notre art à l’universel.Quand on parle de s<strong>ou</strong>fisme, on parles<strong>ou</strong>vent d’ivresse, qu’est ce que çaévoque p<strong>ou</strong>r toi ?L’ivresse représente un état intérieur, cettepossibilité d’être dans un rapport si essentielaux choses qu’il y a une espèce de fusion, oncomprend qu’il n’y a pas de différences entre leschoses, entre les êtres. On voit l’unicité dans lemultiple. C’est un état intérieur fort et difficilementexprimable. C’est un état qui se vit, parce qu’il ya une sobriété extérieure, en t<strong>ou</strong>t cas lorsque l’onsuit l’éducation de ce que l’on appelle un ‘maîtreéducateur’ qui n<strong>ou</strong>s prend par la main parce quece sont des états tellement forts qu’ils doivent être‘gérés’. Alors il y a à la fois cet état d’ivresse intérieureet cette sobriété extérieure.Ta musique est elle d’inspiration s<strong>ou</strong>fie ?Il faut comprendre que je suis moi-même musulman,je suis un cheminement spirituel avec unmaître spirituel. À partir de là, le rapport aux chosesest forcément spirituel. Il se tr<strong>ou</strong>ve que je suisun artiste mais si j’avais été cordonnier cela auraitété pareil. L’être en habitant une fonction particulièrela n<strong>ou</strong>rrit de sa propre spiritualité, de ce qu’ilvit. Finalement, ça va bien au-delà de faire <strong>ou</strong> nonde la musique. Ce qui est sûr, c’est d’éc<strong>ou</strong>ter cettemusique intérieure, la musique du cœur. C’estcomme voir dans le macrocosme les planètes, lesétoiles mais aussi l’harmonie. P<strong>ou</strong>r moi, le but estd’amener l’auditeur à comprendre que finalementon est “un”. Après, cela va se manifester d’unemanière différente selon chacun. P<strong>ou</strong>r moi cetteextase, cette ivresse c’est avant t<strong>ou</strong>t le fait decomprendre, de vivre l’unité. Il n’y a pas de but,<strong>ou</strong> alors celui d’Être. Et à partir du moment où l’onest dans l’être, il y a quelque chose de l’ordre del’ivresse.Tu disais qu’être artiste et être engagé c’estla même chose, même si au centre du cheminementc’est l’être que l’on déc<strong>ou</strong>vre, toiqui, par ta renommée, possède une puissanced’action supplémentaire. Quel est tonrapport à l’agir face à cette unité de l’être ?J’ai envie de dire que la meilleure des choses quel’on puisse faire p<strong>ou</strong>r améliorer le monde c’ests’améliorer soi même. T<strong>ou</strong>s, de proche en proche,n<strong>ou</strong>s sommes le monde. Donc forcément, t<strong>ou</strong>t ceque l’on fait et dit à une incidence. Qu’importeque l’on soit s<strong>ou</strong>s la lumière <strong>ou</strong> pas. La notion deresponsabilité est quelque chose d’essentiel. Il nes’agit pas de se transformer en leader, il s’agit dese dire que ce que je fais t<strong>ou</strong>che des personnes,et il faut que je sois responsable vis-à-vis de çaet que je me rende compte de cet impact là. Maisl’essentiel est dans la vie, dans un questionnementdu type "Suis-je dans une démarche d’<strong>ou</strong>verture,d’acceptation, de compréhension, d’éc<strong>ou</strong>te etde dialogue ?" On peut être une inspiration p<strong>ou</strong>rd’autres personnes, mais ce n’est pas le but. Lebut, c’est de s’élever, t<strong>ou</strong>t simplement.Finalement c’est le message le plus importantque tu veux apporter ?Voilà, ce message c’est de tr<strong>ou</strong>ver cette unité dansla diversité. T<strong>ou</strong>t ce qui s’élève converge peu importele véhicule qu’on emprunte, <strong>ou</strong> le vêtementque l’on prend, l’essentiel est de comprendre quel’on est t<strong>ou</strong>s issus de la même lumière.D.R.


IdirLa France des c<strong>ou</strong>leursN<strong>ou</strong>vel album déjà disponible17 titres inédits avec Akhenaton, Daniel, Manu et Guizmo (de Tryo), Disiz LaPeste, Féfé (de Saïan Supa Crew) et Leeroy, Kenza Farah, Kore et Bellek, Nâdiya,Noa, Oxmo Puccino, Sinik, Sniper et Rim K, Tiken Jah Fakoly, Wallen, Zaho…IDIR ET LES ARTISTES DE “LA FRANCE DES COULEURS”EN CONCERT AU ZÉNITH DE PARIS LE 19 OCTOBRE 2007www.idir-officiel.fr


22 - mondomix.com - PortraitBuikaT<strong>ou</strong>t feu, t<strong>ou</strong>t flamme fatalContrairement à ce que p<strong>ou</strong>rrait évoquer la pochette de son beau deuxième album,Mi Niña Lola, Buika n’est pas lisse et consensuelle… C’est parce qu’elle prendses aspérités à bras le corps qu’elle est sensuelle, sans calcul ni minaudage,avec la conviction et l’intelligence des grandes artistes. Par Elodie MaillotOn p<strong>ou</strong>rrait v<strong>ou</strong>s raconter que cette Ibérique d’origine équato-guinéenne a le caractère et lasensualité moite de ses origines, v<strong>ou</strong>s parler de son expérience urbaine des nuits gitanes deMajorque, où elle a fait ses armes dans la rue. Et aussi qu’elle porte haut les habits rénovés d’unflamenco mâtiné de boléro, tango, jazz <strong>ou</strong> de s<strong>ou</strong>l, avec un beau supplément d’âme... Mais p<strong>ou</strong>rla dame, ça manquerait de pragmatisme. “Je ne sais pas ce qu’est l’âme <strong>ou</strong> la s<strong>ou</strong>l. P<strong>ou</strong>r moi, lecœur est un muscle, un point c’est t<strong>ou</strong>t, et p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>t v<strong>ou</strong>s dire, au plus profond de mon cœur, iln’y a que du sang !".P<strong>ou</strong>rtant, son sang est marqué de l’histoire de ses parents, exilés politiques d’un pays <strong>ou</strong>blié,la Guinée Équatoriale. Mais Buika, elle, est née à Majorque et elle n’est ni gitane, ni gadjé, niaméricaine, comme elle le chante dans “New Afro Spanish Generation”, sur son premier album. Savoix profonde, mate et brûlée porte autant les accents des chants africains de son enfance que ceuxde Piaf et des lamentos vibrants déchirant les rues p<strong>ou</strong>rries de son quartier. “P<strong>ou</strong>r moi, la qualitéde la musique ne dépend pas de la voix, mais de l’histoire qu’elle véhicule, car la voix fluctueavec les circonstances. Ma voix n’est pas spéciale, je ne l’ai pas travaillée car personne ne peutm’apprendre comment chanter. T<strong>ou</strong>tes les voix sont belles si elles disent des sentiments.” Avecdes arrangements fins, l’élasticité du jazz et l’énergie brute du blues, une orientation ac<strong>ou</strong>stiqueléchée au piano, contrebasse, guitare et même trompette, sa voix en exprime d'autant mieux cesbelles idées. Son dernier album s’<strong>ou</strong>vre d’ailleurs sur une pièce maîtresse, "Mi Niña Lola" : “unhommage à ma grand-mère qui, comme beauc<strong>ou</strong>p de femmes africaines vivant dans un paysafricain appartenant aux Européens, a eu une vie si difficile qu’elle n’imaginait pas qu’on puisselui dédier une chanson.” Ce titre des années 30 lui a été suggéré par le producteur de l’album,le génial Javier Limón, patron du label Casa Limón à qui l’on doit de beaux projets <strong>ou</strong>vrant den<strong>ou</strong>velles perspectives au flamenco (avec Paco De Lucia <strong>ou</strong> encore Bebo Valdes et Diego El Cigaladans le sublime Lágrimas Negras, qui réunit des Gitans et des Cubains).Utopie musicale, clan, maison de disque, studio d’enregistrement ? Il est aussi difficile de définir lelabel Casa Limón que les étiquettes de ses productions, alors pas étonnant qu’il abrite la belle Buika.Le soin de la production de son dernier disque révèle les petits détails baroques de cette terre defeu musicale qui font que les onze titres continuent de trotter en tête. Une n<strong>ou</strong>velle preuve que leflamenco est une musique qui ne se démode jamais. Peut-être car il porte en lui les blessures del’histoire (notamment ses rapports ambigus avec Franco, qui l’avait dét<strong>ou</strong>rné p<strong>ou</strong>r ses besoins depropagande) autant que les cris purs de l’espoir. "Beauc<strong>ou</strong>p de poètes qui fuyaient la répressionfranquiste se sont cachés dans les quartiers gitans. C’est là qu’ils ont écrit de sublimes textesflamenco chantés par les Gitans. Le flamenco appartient à quiconque veut le ressentir et le vivre.Moi, je ne chante ni du cante, ni du flamenco ni de la copla, juste de la musique.”Buika a t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs chanté, dans les jupes de sa mère <strong>ou</strong> de ses tantes qui la berçaient en bubis, unelangue menacée de disparition au profit du fang en Guinée Equatoriale, <strong>ou</strong> avec les Gitans dansles rues de Majorque. “Quand j’avais 16 ans, je chantais et je battais des mains dans les rues.En rentrant de l’école, on entendait de la musique qui s’échappait des fenêtres, mais auj<strong>ou</strong>rd’hui,qui ose j<strong>ou</strong>er dans la rue ? J’ai le sentiment qu’au fil de la vie et de l’histoire, on perd cette forcejuvénile qui fait que, même ignorant, on se sent fort”. Que reste-t-il de la force et de la d<strong>ou</strong>ceurdes seize ans ? semble interroger “Ay De Me Primavera”, une des compositions de Buika. À cetâge, elle partait à Londres, “sans objectif, ni argent, sans même parler l’anglais”, à un moment oùelle ne savait pas “où poser ses fesses” et où elle a appris qu’il est possible de “survivre part<strong>ou</strong>t”.De cette adolescence incandescente, Buika a gardé la flamme et la beauté. Auj<strong>ou</strong>rd’hui, avecpatine et maturité, elle est plus que jamais animée par le duende.Buika "Mi Niña Lola" (Atlantica / Warner France)Le 3 juillet à Vienne (festival Jazz à Vienne)Le 4 août à Leucate (festival les Méditerranéennes)Le 18 août à Paris (Parc de la Villette)credit


Portrait - mondomix.com -23Beñat AchiaryL'eau viveHérault d’un chat basquedécomplexé etlibéré des genreset des contraintes, BeñatAchiary vient de sortir Avrilenregistré avec l’accordéonistePhilippe De Ezcurra etle percussionniste RamónLópez p<strong>ou</strong>r le label Daquí, dufestival Les Nuits Atypiquesde Langon où ils se produirontle 28 juillet. Beñat estaussi le directeur artistiquedu festival champêtreErrobiko. Propos recueillispar Benjamin MiNiMuM.Quelle est ta philosophie dela pratique musicale ?J’essaie que le chant me traverse,je travaille p<strong>ou</strong>r ça autant queje le peux. C’est comme si unes<strong>ou</strong>rce était obstruée, j’essayede désobstruer la s<strong>ou</strong>rce p<strong>ou</strong>rque l’eau c<strong>ou</strong>le. Les obstaclessont nombreux, il y a la fatigue, les préoccupations, il y a t<strong>ou</strong>t ce qui peuttr<strong>ou</strong>bler l’éc<strong>ou</strong>te profonde. Il faut calmement sortir ses s<strong>ou</strong>ches et ses rochers,t<strong>ou</strong>s ses gravas et laisser l’eau libre c<strong>ou</strong>ler. P<strong>ou</strong>r moi, chanter, c’est <strong>ou</strong>vrir lepassage, être traversé et entrer dans une éc<strong>ou</strong>te profonde des autres p<strong>ou</strong>rp<strong>ou</strong>voir chanter avec eux.Dans ton art, quelle est la place de la tradition ?Elle est essentielle car p<strong>ou</strong>r moi la tradition est une suite de créations. C’estêtre le contemporain de soi-même. Une tradition, ce n’est pas la répétitiondes formes vidées de leur substance mais la substance elle-même, ce quel’on appelle en basque ‘mamia’, qui est le lait du lait. P<strong>ou</strong>r moi c’est cela latradition, ce n’est pas une répétition de formes, c’est se connecter avec lesp<strong>ou</strong>voirs poétiques d’une culture et grâce à cela essayer de renaître, t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rsrenaître.Comment se partagent dans ta pratique l’improvisation et le texte ?P<strong>ou</strong>r moi, les textes sont des sons qui dansent dans l’air, il y a le sens maisil y a aussi t<strong>ou</strong>s les métalangages qui parlent en même temps. Tu peux dire“il fait beau” avec tristesse <strong>ou</strong> avec gaieté. Et ce que tu entends du chant dequelqu’un, de ce qu’il vit intérieurement passe à travers la langue… J’aimebeauc<strong>ou</strong>p ce mot d’Octavio Paz qui dit “Le sens est le fils du son”. Il y a t<strong>ou</strong>tcela en même temps dans la langue quand tu la manipules. Ce n’est pasde la diction, j’ai horreur de la diction, mais c’est comme un fleuve qui traceson chemin dans les montagnes. Tantôt il y a des gorges, tantôt il y a desplaines, des ruissellements <strong>ou</strong> des rem<strong>ou</strong>s profonds. C’est t<strong>ou</strong>t cela p<strong>ou</strong>r moila langue.B.M.s<strong>ou</strong>venir d’enfance, mais avec t<strong>ou</strong>te la force du vécu, comme s’il était présent.Et t<strong>ou</strong>t les temps s’annihilent dans la langue aussi, c'est-à-dire que tu peuxavoir, si tu as la chance d’être bien, le temps qui se suspend et, à ce momentlà,tu n’es pas dans un temps linéaire, tu es dans un temps suspendu, qui estpeut-être un petit goût d’où l’on vient. C'est ce que je crois mais c’est durde s’en rendre compte vu que l’on est dans la loi du temps. On est dans cetemps, parfois j<strong>ou</strong>issant de ce temps, et parfois il faut se le faire et ce n’estpas évident. Mais il y a aussi ces moments suspendus qui n<strong>ou</strong>s montrent peutêtre le chemin.Il y a aussi le temps des rencontres et des projets. Qui sont cesamis avec qui tu as fait le disque Avril ?Philippe De Ezcurra est d’une famille de pelotari, de j<strong>ou</strong>eurs de pelote. Il a detrès grands champions dans sa famille, lui-même j<strong>ou</strong>e mais, comme il étaitaccordéoniste, p<strong>ou</strong>r ses mains il a dû choisir entre j<strong>ou</strong>er de l’accordéon etfrapper la pelote. Il a choisi l’accordéon, mais il j<strong>ou</strong>e avec t<strong>ou</strong>t l’instinct de lapelote en lui, avec une f<strong>ou</strong>gue qu’il canalise parfois avec un grand et beaus<strong>ou</strong>rire. Il est très spontané, son école, c’est les bals des villages mais c’estaussi les musiques contemporaines. Il fait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs t<strong>ou</strong>t en même temps. Ilest plus jeune que moi, on s’est rencontrés au conservatoire de Bayonne, etpuis il est devenu un très bon copain. Ramon, c’est un de mes frères depuislongtemps. Depuis que l’on s’est connus dans les chants de la guerre civiled’Espagne, un projet auquel il m’avait convié, on ne se lâche plus. Je l’aiinvité par exemple dans ‘La Cité Invisible’, qui est un des travaux que j’aimebeauc<strong>ou</strong>p, avec la Gitane Inès Bacan, le musicien gna<strong>ou</strong>i Majid Bekkas etPedro Soler… C’est un Andal<strong>ou</strong> qui j<strong>ou</strong>e aussi très bien des tablas, il a uneapproche de la batterie qui est très populaire et qui sonne bien. Elle chante etmoi j’aime beauc<strong>ou</strong>p ca.Quel était votre but lorsque v<strong>ou</strong>s êtes entré en studio’?Cette fois-ci, je v<strong>ou</strong>lais faire un disque de chansons et de poésie, habiter leschansons qui traînent dans notre mémoire, ces chansons que l’on a dans lecorps avec, comme je te le disais t<strong>ou</strong>t à l’heure, ce ‘gogoratuz’, se rappelerdes choses comme si on les revivait. Chanter une chanson, p<strong>ou</strong>r moi, c’estrevivre ce qu’elle offre à chanter. Et dans son format, bien sûr, mais aussi avecdes échappées belles qui peuvent s’<strong>ou</strong>vrir quand tu les fréquentes. Mais c’estun disque de chanson avant t<strong>ou</strong>t.D’où vient le nom du disque ?Avril évoque p<strong>ou</strong>r n<strong>ou</strong>s une idée de printemps, c’est une période au paysbasque où il pleut, où il y a l’eau et c’est très important. Il y a les fleurs quiapparaissent, c’est une de mes saisons favorites. C’est l’image en un seul motdans notre espace et notre terre, du printemps.N<strong>ou</strong>vel album : "Avril" (Daquí/Harmonia Mundi)Nuits Atypiques de Langon du 26 au 29 juillet avec le Trio J<strong>ou</strong>bran, Chi Na Na P<strong>ou</strong>m, RaulBarboza, Bethany & Rufus Romano Drom…‘Errobiko Festivala’du 19 au 21 juillets à Itsasu avec Ed<strong>ou</strong>ard Glkissant, Bernard Lubat,Shinobu Kikuchi, Carlo Rizzo, Barbara Luna…WInterview complète sur mondomix.comC’est un <strong>ou</strong>til p<strong>ou</strong>r toi ?C’est un <strong>ou</strong>til <strong>ou</strong> plutôt un tremplin. Un <strong>ou</strong>til, certes, parce qu’il me permetd’entrer dans la réalité poétique. Un bâton aussi car il y a le bâton de marche,et la langue est un bâton p<strong>ou</strong>r marcher. Ça peut être un télescope aussi, <strong>ou</strong>un bâton de s<strong>ou</strong>rcier. La langue, ça peut être de la buée sur une glace, çapeut être un s<strong>ou</strong>venir qui s’agite à l’intérieur de toi, un s<strong>ou</strong>venir de baiser, un


24 - mondomix.com - PortraitLa scène musicale en LaponieTranse arctiqueAu b<strong>ou</strong>t de la r<strong>ou</strong>te E6, s<strong>ou</strong>s un ciel bleu-gris au milieu de la t<strong>ou</strong>ndra,le pays Sami (la Laponie) vibre encore, sur des mélodies centenaireset des b<strong>ou</strong>cles du XXI ème siècle. Ce peuple d’origine nomade n’ajamais eu de nation propre mais tient sa culture et ses langues commeles précieux sésames qui traversent son territoire transfrontalier allantde la Norvège à la Suède, la Finlande et à la Russie. Par Elodie MaillotS<strong>ou</strong>s la neige, le vent <strong>ou</strong> le soleil de minuit, la radio GLR défend quotidiennementle joik, cette poésie gutturale ancestrale généralement pratiquée a capella. Beathip-hop, rock, hard rock, électro s’enchaînent au micro de Nils Martin, musicienradioactif de la petite b<strong>ou</strong>rgade Kautokeino. Avant de créer radio GLR, il a étéle premier Sami à monter un gr<strong>ou</strong>pe de rock militant p<strong>ou</strong>r le joik et les solosd’Hendrix, dès 1972. "Le joik est avant t<strong>ou</strong>t un moyen d’expression de la palettedes sentiments. De la rage, à l’am<strong>ou</strong>r <strong>ou</strong> la tristesse : il y a un joik p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>t,émotion, animal, personne <strong>ou</strong> objet" explique le rocker-j<strong>ou</strong>rnaliste.Son combo écolo, Ivnniiguin (les c<strong>ou</strong>leurs de la nature), est une légende p<strong>ou</strong>rt<strong>ou</strong>s ceux qui font évoluer les traditions ancestrales du joik, jadis chanté ensecret <strong>ou</strong> seul dans la nature au milieu des rennes. Lancer un joik en publicétait encore mal vu il y a peu. "Au XVIII ème siècle, le joik a été interdit par lacolonisation chrétienne, alors on se cachait. J’ai appris en éc<strong>ou</strong>tant mon père.Je crois qu’il savait que je joikais clandestinement, mais il ne m’a jamais donnéde conseils directs, juste des insinuations" se s<strong>ou</strong>vient Lawra Somby, un deschanteurs d’Ádjagas, gr<strong>ou</strong>pe rock folk de jeunes Samis, parrainé par l’ambassadricelocale Mari Boine.Ádjagas mène le joik vers des contrées n<strong>ou</strong>velles, en se laissant guider par "lapiste du destin". "Le premier musicien que l’on a rencontré avec Sara, la chanteusequi joikait depuis l’enfance, était guitariste. Alors on a composé avec cetinstrument qu’on peut emporter part<strong>ou</strong>t" démystifie Lawra. La recette d’écritureest p<strong>ou</strong>rtant la même depuis des siècles : se laisser guider par l’inspiration etles émotions. "Je dors t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs avec un carnet <strong>ou</strong> mon téléphone portable-magnéto,raconte Sara, car c’est s<strong>ou</strong>vent entre le rêve et le réveil –un état que leSami traduit littéralement par Ádjagas– que l’inspiration des textes me vient."Éparpillés sur plusieurs villes du nord de la Norvège, les musiciens d’Ádjagas seretr<strong>ou</strong>vent généralement après la longue nuit d’hiver p<strong>ou</strong>r composer, car lorsquele soleil se c<strong>ou</strong>che définitivement la création s’intériorise, "les fruits ne sortentqu’avec le ret<strong>ou</strong>r de la lumière". Leur premier album a donc été enregistré auprintemps, on y tr<strong>ou</strong>ve quelques b<strong>ou</strong>cles fines, un ukulélé, des réminiscencesfolk et surt<strong>ou</strong>t une écriture moderne du joik.“Nos joiks sont modernes par l’utilisation d’instruments inhabituels dans laculture samie, puisqu’à l’origine le joik n’était accompagné que par les tamb<strong>ou</strong>rschamaniques brûlés en 1685, mais surt<strong>ou</strong>t par nos textes qui évoquentles changements incessants" explique Sara. Son aînée, la chanteuse finlandaiseUlla Pirttijarvi, connue p<strong>ou</strong>r ses envolées expérimentales, peuplées de bruitages,claviers, cordes et autres arrangements jazz, tempère : "Le joik a t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs étémoderne, sinon il n’aurait pas survécu. Comme le costume sami, il a ren<strong>ou</strong>veléses c<strong>ou</strong>tures et ses c<strong>ou</strong>leurs. Notre musique n’est pas au musée, elle vit. Cesdernières années, par exemple, j’ai écrit sur de n<strong>ou</strong>veaux sentiments, le stress,la vie en ville, New York."Si l’on en croit le palmarès Sami Grand Prix 2007 (l’équivalent lapon de l’Eurovision),c’est le réchauffement climatique qui a préoccupé le lauréat suédois OlaStinnerbom, auteur d’une transe arctique à base de joik nasillard et d’incantationsenvoûtantes… Mais auj<strong>ou</strong>rd’hui, le joik le plus vibrant de Kautokeino sepratique encore après minuit entre inconnus, les j<strong>ou</strong>rs de fête arrosée, dansune petite pièce capitonnée cachée au s<strong>ou</strong>s-sol du pub Kro. "C’est la joik box,un studio aménagé p<strong>ou</strong>r p<strong>ou</strong>voir s’exprimer librement à l’abri des regards. Onentre ici sans savoir qui est là et on échange nos joiks… ça fait tellement debien ! s<strong>ou</strong>pire Maja. C’est notre thérapie samie, car ici on ne parle pas beauc<strong>ou</strong>p"…Du plus profond des âges et des paysages désolés du désert polaire,ce cri cathartique a gardé des vertus exportables. Ses fruits devraient fleurir àleur arrivée au sud de l’Europe.. Adjágas "Adjágas" (Ever Records/Pias). Mari Boine "Idjagiedas" (Universal). Ulla Pirttijärvi "Mattarahku askai" (Warner)> www.myspace.com/ivnniiguin


Dossier - mondomix.com - 25FestivalsA v<strong>ou</strong>s de j<strong>ou</strong>er !Les Nuits de F<strong>ou</strong>rvière / Lyon / 08 juin > 04 aoûtÀ Lyon les nuits d'été se passent à F<strong>ou</strong>rvière, spectacles prestigieux dans un décor grécoromain,de Bali à New York en passant par la Jamaïque….Au programme : Nuit Qawwali/Gospel avec Faiz Ali Faiz, l’Orchestre National de Barbès,Raúl Paz, Mark Atkins, Doigts de l’Homme, Sly & Robbie et Horace Andy…> www.nuitsdef<strong>ou</strong>rviere.fr 06 juilletRencontres inédites, créations et concerts évènements. Éthiopie, Arménie, désert t<strong>ou</strong>areg<strong>ou</strong> Hawaï sont quelques-unes des destinations qu’ils font déc<strong>ou</strong>vrir.Avec : Mahm<strong>ou</strong>d Ahmed et Le Tigre du Platane, Lucineh Hovanissian et Tinariwen, Pedram-KhavarZamini et les Amazones de Guinée, Serge Teysso Gay et Khaled Al Jaramani,<strong>ou</strong> Hula Halau O Keaunui et George Kuo.>http://musiques.de.nuit.free.fr 1 er aoûtDix péniches sillonnent les c<strong>ou</strong>rs du sud hexagonal, des artistes à leur bord. L’Algérie,leCanada, le Mali, la France, la Turquie, le Sénégal, le Brésil, l’Italie et l’Espagne sur unbateau et personne ne tombe à l’eau. Au contraire.Avec : Vishten, Kolektif Istanbul, La Mal Coiffée, Kafila, Sabor de Gracia, Fethi Tabet etl’ensemble Iguidar, P<strong>ou</strong>m Tchack, Ellika et Solo, Spi et la Gaudriole, Trio Atlantico, LesMusiciens du Nil…> www.festivalconvivencia.net 07 juilletDes créations, caravanes, nuits à thème, apéro-concerts et goûters-concerts constitutentl’essence de ce festival p<strong>ou</strong>r petites et grandes oreilles…Avec : Johnny Clegg, Madina N’Diaye, Oflé Nié, Dédé Saint Prix ("Mélanj"), Egschiglen, TheRainbow Band, Cape Jazz Band, Fanfare Bataola…> www.lestempschauds.org 13 juilletCe festival nomade sillonne les villages de la vallée de l’Hérault t<strong>ou</strong>t au long d’une dizainede nuits colorées qui allient musique, danse, cinéma, gastronomie, vins locaux p<strong>ou</strong>r prendrele temps, entre chaque étape musicale, d’aller à la rencontre du patrimoine local.Avec : Tri Yann, Merzhin, Mystic Revelation of Rastafari, Winston Reedy, Fayadub, DavidKrakauer & SoCalled Klezmer Madness, Tinariwen, Eric Bibb...> www.nuitsdegignac.com 12 aoûtSept semaines de musiques du monde, jazz et blues, à raison d’un concert par j<strong>ou</strong>r, unrythme tranquille permettant d’apprécier pleinement une pléiade d’artistes de t<strong>ou</strong>s horizons.Fred Chapellier, ent<strong>ou</strong>ré de Natalia M. King, Amar Sundy & Abraham "Kilimandjaro"Yameogo sera en résidence publique de création du 31 juillet au 5 août.Avec : T<strong>ou</strong>mani Diabaté et le Symmetric Orchestra, Yasmin Levy, T<strong>ou</strong>mast, Desert Rebel,Afel Boc<strong>ou</strong>m, Gnawa Diffusion, Cheikha Rabia, Kocani Orkestar, Davy Sicard, Pura Fe...> www.musiques-ici-ailleurs.com 15 juilletMusiques et Jardins / Paris / 1De Montmartre à la G<strong>ou</strong>tte d’Or, trois week-ends de musiques du monde dans différentssites en plein air du 18ème arrondissement:Avec : Angelique Ionatos et Mickael Nick, Konono n°1, Pascal Contet, Faya Dub, MarcPerrone, Tzi Slav, Lo Cor de la Plana…> www.musiquesetjardins.fr 03 août"Vers les îles, des sons à travers l’océan"… Les milliers d’îlots qui pointent leur nezhors des océans ont t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs été des lieux de passage intense où cultures étrangères ettraditions locales ont, par leur contact mutuel, développé une culture musicale originale :les îles japonaises, Zanzibar, Cuba, Haïti… n<strong>ou</strong>s feront voguer sur leur notes exotiques au23ème festival d’été de Tokyo.> www.arion-edo.org/tsf/2007 06 juilletTrois j<strong>ou</strong>rs de fête au rythme de cinq à sept concerts par soir p<strong>ou</strong>r la dixième édition dece festival qui privilégie les musiques métissées et mise sur les grands noms autant queles déc<strong>ou</strong>vertes.Avec : Sanseverino, l'ONB, Gnawa Diffusion, Africando, T<strong>ou</strong>mast, Dupain, P<strong>ou</strong>m Tchack,Ba Cissoko…> www.fonderie-aix.com 07 juilletDes musiciens amazighs -environ la moitié de l’affiche- invitent les musiques du mondep<strong>ou</strong>r honorer la diversité culturelle de la plaine du S<strong>ou</strong>ss et le dynamisme d’Agadir, lorsde ce jeune festival qui s’inscrit déjà dans la lignée des manifestations d’envergure internationaleau Maroc.Avec : Gilberto Gil, Manu Dibango, Africando, Izenzaren, Nass El Ghiwan, Fatima Tabaamrant,Chebba Zahwania, Tumi and the Volume, Les B<strong>ou</strong>kakes, Tiken Jah Fakoly, Kassav,Natacha Atlas, T<strong>ou</strong>mast, Jamaica All Stars, Zong…> www.festivaltimitar.com 07 juilletCette manifestation féerique à la programmation engagée est accueillie dans la plus grandeforteresse médiévale d’Europe, aj<strong>ou</strong>tant une t<strong>ou</strong>che mystique à cet événement.Avec : Régis Gizavo invite Mano Solo, Graeme Alwright, B<strong>ou</strong>bacar Traoré, Yuri Buenaventura,Trio Felger, Nolwenn Lehobé, Ilène Barnes et Lo’JoGr<strong>ou</strong>pes en animation : Dunya, Kwak, Terakaft.> www.office-culturel-f<strong>ou</strong>geres.fr 07 juilletChaque année ce festival cannois célèbre une région du monde. Cette année, ce sontt<strong>ou</strong>tes les Afriques que l’on v<strong>ou</strong>s propose d’explorer à travers son cinéma, sa cuisine, sonartisanat et, bien sûr, ses musiques…Avec : Gnawa diffusion, Desert Rebel, Fanga, Xalima, Ismael Lô, Tarika…> http://www.mjcpicaud.com 08 juilletLes rues de la cité c<strong>ou</strong>telière s’emplissent d’une f<strong>ou</strong>le t<strong>ou</strong>t <strong>ou</strong>ïe qui suit au pas les fanfareset autres mosaïques d’instruments et de sons étranges p<strong>ou</strong>r ce festival de musiques derues qui fête ses 10 ans. Le jeune public n’est pas en reste puisque t<strong>ou</strong>te une part de laprogrammation lui est dédiée.Avec : Celestroi, la Fanfare Vagabontu, la Batook, le Philarmonique, la Shica, Daby T<strong>ou</strong>ré,Oum-Tcha, Cocoon, Wang Li, Bandaléon, la Contrebasse Voyageuse, T<strong>ou</strong>mast, KolektifIstanbul, La Mal Coiffée, Renegades Steel Band…> www.pamparina.com 19 aoûtP<strong>ou</strong>r profiter des rayons du soleil parisien, le tarmac de la Villette se met au vert en musiques,du monde. Qualité et diversité sont les maîtres mots de ces dimanches musicaux,gratuits à ne pas manquer…


26 - mondomix.com - Dossier FestivalJeu de l'oie de l'étéCette année, v<strong>ou</strong>s avez décidé de faire la r<strong>ou</strong>te des festivals : jetez quelques affairesdans votre sac à dos, prenez vos économies et rejoignez la case départ !> P<strong>ou</strong>r j<strong>ou</strong>er, v<strong>ou</strong>s devez être de 2 à 6 j<strong>ou</strong>eurs.Choisissez un petit objet fétiche qui v<strong>ou</strong>sreprésentera sur le plateau.Déterminez l'ordre de jeu de chaque j<strong>ou</strong>euret placez-v<strong>ou</strong>s sur la case départ.Munissez-v<strong>ou</strong>s d'un dé <strong>ou</strong> utilisez les cases de points (en fermant les yeux, posez undoigt sur une des cases de cette zone et avancez du nombre de cases indiqué).Le premier qui atteint la case "Arrivée" a gagné.> Cases jeuV<strong>ou</strong>s venez d'être engagé comme bénévole,allez directement case.DépartEn j<strong>ou</strong>ant sur <strong>Mondomix</strong>, v<strong>ou</strong>s avez gagnéun pass p<strong>ou</strong>r ?????, allez directement case ????.V<strong>ou</strong>s devenez amis avec un c<strong>ou</strong>ple de festivaliersmotorisé. Rej<strong>ou</strong>ez.Votre gr<strong>ou</strong>pe favori s'est vu refuser ses visasd'entrée en France. V<strong>ou</strong>s êtes démoralisé etpassez votre t<strong>ou</strong>r.V<strong>ou</strong>s perdez les billets de votre prochain festivalV<strong>ou</strong>s ret<strong>ou</strong>rnez case ????.si v<strong>ou</strong>s ne possédez pas de dé, utiliser la grille ci-dess<strong>ou</strong>s,fermez les yeux, pointez votre doigt au dessus des chiffreset avancez du nombre indiquéV<strong>ou</strong>s tr<strong>ou</strong>vez des billets p<strong>ou</strong>r un festival.Allez directement case ????.Le concert du soir en plein air est annulé p<strong>ou</strong>rintempéries. Passez votre t<strong>ou</strong>r.V<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s faites voler votre appareil photo.Ret<strong>ou</strong>rnez a la case départ.V<strong>ou</strong>s avez un peu trop abusé du vin de pays.Passez votre t<strong>ou</strong>r.Un grand quotidien v<strong>ou</strong>s achète des photos dudernier concert auquel v<strong>ou</strong>s avez assisté.Rej<strong>ou</strong>ez.


Estradanza2007Arrivée


Avec : Hamilton de Holanda Quintet "Brasilianos", Mungal, Axiom, Les Tamb<strong>ou</strong>rs de Brazza,D’Amore, Norig, Ahirkapi Roman Orkestrasi, Buika, Caravan Palace…> www.villette.com 15 juilletLes SUDS, à Arles cultivent l’art de vivre et celui de la fête t<strong>ou</strong>t en rendant hommage à cesmusiques "qui questionnent et <strong>ou</strong>vrent sur le monde", une célébration des Suds et de laMéditerranée p<strong>ou</strong>r contrer l’uniformité culturelle.Avec : Tony Gatlif, Gnawa Home Songs, Konono n°1, Abd Al Malik, Thierry Danyel Waro,"Titi" Robin, Esma Redzepova, Diego Amador, Wasifuddin Dagar, Monica Passos> www.suds-arles.com 17 aoûtArtistes locaux, conteurs et têtes d’affiche se succèderont lors de ces quatre rendez-v<strong>ou</strong>shebdomadaires étalés sur six semaines. Contes, apéros-duos, cinéma-tombée de la nuit,cabaret-guinguette <strong>ou</strong> semaine marocaine sont quelques unes des bonnes idées développéeslors de ce festival nantais.Avec, p<strong>ou</strong>r les duos : Niqolah Seevah & Rabia Jabrane, Geoffroy Tamisier & Pascal Vandenbulcke,David Morand & Jérémie Ramsak… p<strong>ou</strong>r les contes : Hamed B<strong>ou</strong>zine, GillesBiz<strong>ou</strong>erne, Catherine Gendrin… et des rencontres entre artistes musiques du monde avecLo’Jo, Titi Zaro, les Frères Guichen, Trio Janna, Mathias Duplessy Trio, Hamed…> www.auxheuresete.com 28 juilletC’est p<strong>ou</strong>r pallier au désert t<strong>ou</strong>ristique estival de cette jolie région que le Conseil Généralde Huesca fonde cette manifestation en 1992, dont l’environnement naturel grandiosecrée une ac<strong>ou</strong>stique formidable.Avec : D<strong>ou</strong>d<strong>ou</strong> N’Diaye Rose, Omar Pene, Daara J, Balanescu Quartet, Kocani Orkestar,Cheb i Sabbah, Asian Dub F<strong>ou</strong>ndation, Farida, Teresa Salgueiro y el Septeto de JoãoCristal, Dhoad Gipsy of Rajastan, Natacha Atlas, T<strong>ou</strong>mani Diabaté & Symmetric Ochestra,Oum<strong>ou</strong> Sangaré> www.pirineos-sur.es 15 juilletPlus de 150 luthiers et maîtres sonneurs ainsi qu’une vingtaine d’artistes de t<strong>ou</strong>s paysse donneront rendez-v<strong>ou</strong>s p<strong>ou</strong>r la 32ème fois au château des maîtres sonneurs de SaintChartier à l'occasion de ces "rencontres" désormais mythiques qui célèbrent la factureinstrumentale et les musiques traditionnelles.Avec, sur scène : Bagad Saint-Nazaire, Bratsch, Heleno dos 8 baixos, L'Ham de Foc, LesMusiciens du Nil, Neapolis Ensemble, The Vallely Brothers & Caran Kasey, Wang Li, YanCozian…> www.saintchartier.org 22 juilletLe temps d’une semaine Quimper devient le carref<strong>ou</strong>r de rencontres entre les représentantde l’identité musicale bretonne et les cultures d’Ailleurs.Avec : Denez Prigent, Joan Baez, Ismaël Lô, Soldat L<strong>ou</strong>is, le Bagad de Kemper, RolandConq Trio, Nolwenn Korbell et Soig Siberil, Ozan Trio, Alain Pennec Quartet…> www.festival-corn<strong>ou</strong>aille.com 05 aoûtParce que l’été parisiens et t<strong>ou</strong>ristes prennent un peu plus le temps de flâner les quartiersont tendance à s’animer. Musique, danse, cirque, cinéma, lecture sont quelques uns desdélices que ce festival éclaté dans les arrondissements ont concocté.Avec : L’Orchestre National d’Île de France, Les Sœ urs Faez, Dam, Mahm<strong>ou</strong>d Ahmed,William Barton, Lemmy Constantine <strong>ou</strong> le génial danseur flamenco Israël Galvan…> www.quartierdete.com 22 juilletAvec Ayo comme ambassadrice de l’édition 2007, le festival de Thau s’attache, durant6 soirées à n<strong>ou</strong>s faire voyage sur les cinq continents en compagnie d’artistes incont<strong>ou</strong>rnableset de jeunes talents à déc<strong>ou</strong>vrir d’urgence. Les villes de Frontignan, Marseillan etMèze, accueillent concerts, animations, rencontres cinématographiques et apéro-débats.Avec : Lieutenant Foxy, Gr<strong>ou</strong>ndation, Mamani Keita & Nicolas Repac, Ayo, La Mal Coiffée,Bombes 2 Bal, Sanseverino, Richard Bona, Fethi Tabet & Iguidar, Rokia Traoré, MichtoMaloya (‘Titi’ Robin et Danyel Waro) et Arno.> www.festivaldethau.com 31 juilletAvec une inclination ethnologique, ce festival s’attache cette année à rendre compte del’importance et la fragilité du patrimoine culturel (et notamment musical) de la planète etprésente à cet effet différents projets (éthiopien, t<strong>ou</strong>areg, rom, indo-persan) porteurs del’âme d’un peuple.Avec : l’Ensemble Takrist’ Nakal and Friends, Desert Rebel, Mahm<strong>ou</strong>d Ahmed, Badila, lesSoeurs Faez de la Casa de la Trova…> www.autres-rivages.com 21 juilletDeux j<strong>ou</strong>rs fédérateurs de lien social et culturel et gommeurs de différences, un festivalmilitant et citoyen p<strong>ou</strong>r des rencontres musicales entre artistes du monde entier et unpublic t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs plus curieux.Avec : Desert Rebel, Bumcello, Mo DJ & Tom Darnal, Ba Cissoko et l’Orchestre Nationalde Barbès> www.det<strong>ou</strong>rsdumonde.org 18 aoûtOutre une programmation des plus alléchante s<strong>ou</strong>fflant en beauté les 10 b<strong>ou</strong>gies de cegrand événement, les festivaliers les plus aguerris p<strong>ou</strong>rront venir se frotter de plus prêt auxartistes lors des master classes danse et musique.Avec : Dobacaracol, Faudel, Rokia Traoré, T<strong>ou</strong>ré Kunda, Los Van Van, Seun Kuti & Egypt 80,Cesaria Evora, Beat Assaillant, Antibalas, Sergent Garcia, La Charanga Habanera…> www.nuitsdusud.com 29 juilletCinéma, conférences, littérature, photographie, théâtre, danse et arts plastiques complètentla programmation musicale pertinente t<strong>ou</strong>rnée vers t<strong>ou</strong>tes les Afriques de ce festivalinattendu niché dans un méandre du Lot.Avec : Boni Gnahoré, Kristo Numpuby, Meïssa, Abd Al Malik, Najim, Mory Kanté,Tcheka…> www.africajarc.com 09 aoûtDes concerts dans un cadre exceptionnel, le Théâtre de la mer, dont la scène sembleflotter sur la grande bleue, des afters, et des soirées gratuites dans les villages alent<strong>ou</strong>rsn<strong>ou</strong>s font ressentir les vibrations musicales des fêtes méditerranéennes d’autrefois.Avec : Los Van Van, Manu Dibango, Martha Withney, Martha High, Fred Wesley, Abd AlMalik, Johnny Clegg, Israël "Cachao" López, Seun Kuti, Antibalas.> www.fiestasete.com 29 juilletPas d’ici sans ailleurs ! Les berges de la Garonne sont l’hôte de ce carref<strong>ou</strong>r des culturesdu monde et du militantisme où se mêlent musique, théâtre, cinéma, rencontres, p<strong>ou</strong>rtrois j<strong>ou</strong>rs d’échanges, de dialogues, de débats et de déc<strong>ou</strong>verte des musiques d’ici etd’ailleurs.Avec : Trio J<strong>ou</strong>bran, Treck, Trio Atlantico, Pedram Khavar-Zamini, Chin Na Na P<strong>ou</strong>n, RaúlBarboza, Miyazaki Trio, Bethany & Rufus, Romano Drom…> www.nuitsatypiques.org 29 juilletLes musiques latines ont rendez-v<strong>ou</strong>s dans le Gers le temps d’un long week-end p<strong>ou</strong>rsuer à grosses g<strong>ou</strong>ttes au son de la rumba congolaise, de la salsa, du merengue, ducha-cha…Avec : Yerba Buena, Kekele, Israel ‘Cachao’ López, Maraca y Los Gigantes del Son avecCandido Fabre et Tiburon, Son Reinas, Yomo Toro, Africando et Willie Colon.> www.tempo-latino.com 29 juillet10ème édition p<strong>ou</strong>r ce festival où cohabitent rock, arts de la rue, musiques urbaines <strong>ou</strong> dumonde dans une ambiance bonne enfant.Avec : M<strong>ou</strong>ssu T e Lei Jovens, Izabo, Rinocerôse, Samarabal<strong>ou</strong>f (invitent Ange B desFabul<strong>ou</strong>s Tr<strong>ou</strong>bad<strong>ou</strong>rs), Dùnya, Rachid Taha, Art Brut, Fred T<strong>ou</strong>sch, Spectralex, Délit deFaçade…> www.leselvis.org 05 aoûtSakifo / Saint Leu de la Réunion / 1Ce festival concentré à Saint-Leu de la Réunion, siège de l’unique révolte d’esclaves del’île, propose des artistes métropolitains, internationaux, et des voisins de l’Océan Indien(p<strong>ou</strong>r un tiers de la programmation) dans un cadre grandiose, entre mer et volcan.Avec : Ayo, Davy Sicard, Ismaël Lô, Katel, Jeanne Cherhal, Bumcello, Nathalie Natiembé,Sanseverino, Had<strong>ou</strong>k Trio, Danyel Waro & Titi Robin, Tumi and the Volume, The Procussions,Joey Starr, René Lacaille, Rachid Taha, Birdy Nam Nam, Flox, Jamika, MademoiselleK…> www.sakifo.com


30 - mondomix.com - PortraitRégis GizavoAccordéon partageurQueens, il enchaîne à peine arrivé les camarades de jeux dans les registresles plus divers. Le batteur Francis Lassus l’invite dans Bohé Combo, puis on val’entendre aux côtés de Graeme Allwright, sur les albums de Zao, Higelin, desTêtes Brûlées... En 1993, il devient l’accordéoniste d’I Muvrini, en remplacementde Daniel Mille. En 2002, il t<strong>ou</strong>rne en Afrique du Sud avec l’accordéonisteMarc Berth<strong>ou</strong>mieux et collabore à l’album Falange Canibal du Brésilien Lenine.L’année suivante, il participe au Voz de Amor de Cesaria Evora et s’impliquedans le Malagasy All Stars, avec Fenoamby, Justin Vali, Dama et Erick Manana.On l’a aussi entendu avec B<strong>ou</strong>bacar Traoré et sur les derniers albums de ManoSolo. T<strong>ou</strong>s deux seront ses invités à F<strong>ou</strong>gères, ainsi que Graeme Allwright, “lepremier artiste que j’ai accompagné en arrivant en France”, raconte Gizavo.C’est la première fois qu’on lui offre une carte blanche. Il se réj<strong>ou</strong>it de ce n<strong>ou</strong>veaumoment partagé en perspective. Inutile de dire que si les budgets étaientextensibles, il en inviterait du monde ! Son carnet d’adresses, on l’aura compris,est particulièrement f<strong>ou</strong>rni. “J’aurais bien v<strong>ou</strong>lu que L<strong>ou</strong>is Mhlanga soit là, maisil n’était pas dispo. En t<strong>ou</strong>t cas, j’espère aussi p<strong>ou</strong>voir faire venir, si le festivalest ok, la chanteuse flamenco Joséphina, que j’ai connue avec I Muvrini”.D’où lui vient cette envie permanente de se connecter avec tant de musiciens etchanteurs, comme il le fait depuis son arrivée en France ? “J<strong>ou</strong>er avec des gensd’univers différents qui n’ont rien à voir avec la musique malgache m’a t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rsintéressé. Ma culture, ce sont mes oreilles, je suis un musicien d’instinct etp<strong>ou</strong>r moi, c’est très excitant de faire des choses n<strong>ou</strong>velles, que je ne connaispas. Par exemple, avec Mano Solo, je j<strong>ou</strong>e de la valse alors que je n’en avaisjamais fait. C’est enrichissant, une <strong>ou</strong>verture p<strong>ou</strong>r moi d’aller à la rencontred’autres mondes.” Dans son prochain album, il y aura une kora et puis un j<strong>ou</strong>eurde tabla indien, rencontré au c<strong>ou</strong>rs de son périple en Inde il y a quelques mois.Car ses multiples collaborations ne lui font pas <strong>ou</strong>blier l’essentiel, sa proprecarrière. “J’aime bien rencontrer les gens, mais si j’ai fait 12.000 bornes, c’estque j’ai mon truc à faire passer aussi”. Un “truc” qui a germé autrefois “là-bas”,quand il pêchait près de Tuléar (auj<strong>ou</strong>rd'hui Toliary), sur la côte sud-<strong>ou</strong>est deMadagascar d'où il est originaire. Il n'arrêtait pas de chanter. C'est comme çaqu'il s'est fait la voix. Une voix ample et forte, à l'émotion acérée, qu'il lancedésormais conquérante au-dessus de son accordéon, un instrument appris dèsl'enfance, à l'époque où sur l'île on payait en têtes de zébus les meilleurs accordéonistesqui animaient fêtes et rituels.Le festival Voix des Pays, à F<strong>ou</strong>gères, offre une carte blanche à RégisGizavo. Par Patrick LabesseAng<strong>ou</strong>lême, 1 er juin 2005, <strong>ou</strong>verture du festival Musiques Métisses. Sur scène,de pimpantes mamies portant jupettes sur collants noirs, petites socquettesr<strong>ou</strong>ges et blanches, baskets : les Mahotella Queens, messagères revigorantesde la musique sud-africaine. Ce soir, un orchestre resserré les ent<strong>ou</strong>re. Un trioexemplaire de justesse, formé aut<strong>ou</strong>r de l’accordéoniste malgache Régis Gizavo,avec David Mirandon, son percussionniste-batteur attitré, et L<strong>ou</strong>is Mhlanga, unguitariste originaire du Zimbabwe. T<strong>ou</strong>s les trois vont sortir un album ensemblel’année suivante, Stories, sur le label Marabi. Ce trio associé aux Queens estune formule composée spécialement p<strong>ou</strong>r l'occasion, cela peut s'appeler unecréation.creditRégis Gizavo avait t<strong>ou</strong>t juste six ans lorsqu'il a commencé à j<strong>ou</strong>er dans lesfêtes de son école avec l'accordéon diatonique de son père instituteur. Plustard, quand papa est passé au chromatique, fiston a suivi naturellement. Il n’apas tardé ensuite à se constituer un répertoire, et commencé à faire danserles gens du coin avec son premier gr<strong>ou</strong>pe, Les Flibustiers. Puis Régis Gizavo aintégré les Sailors, un gr<strong>ou</strong>pe professionnel, un vrai. En 1989, il enregistrait déjàses propres compositions et fondait le gr<strong>ou</strong>pe Jihé avec le guitariste D'Gary.L'année suivante, lauréat des Déc<strong>ou</strong>vertes de RFI, il t<strong>ou</strong>rnait la page. En r<strong>ou</strong>tep<strong>ou</strong>r la France et les rencontres t<strong>ou</strong>s azimuts. S’il avait la possibilité d’offrir unecarte blanche à un artiste, qui donc choisirait-il ? "Lenine !" répond t<strong>ou</strong>t de goRégis Gizavo.* Carte blanche à Régis Gizavo le 5 juillet à F<strong>ou</strong>gères (35) au Festival Voix des Pays,du 5 au 7 juillet.> www.office-culturel-f<strong>ou</strong>geres.fr


Kreizh Breizh Akadémi 2Le modal en modèleReportage - mondomix.com - 31La Kreizh Breizh Akadémi 2 avec Erik Marchand (deb<strong>ou</strong>t à droite) et Medi Haddab (premier à gauche du premier rang)E.C.Sur une initiative d’Erik Marchand, la Kreizh Breizh Akadémi 2réunit une d<strong>ou</strong>zaine de jeunes musiciens bretons et remet augoût du j<strong>ou</strong>r la musique bretonne telle qu’elle se pratiquait il ya près d’un siècle. Entre innovation et transmission, le projet proposeà travers la modalité, une intéressante <strong>ou</strong>verture du patrimoinepopulaire breton aux musiques de la Méditerranée <strong>ou</strong> du Moyen-Orient.Reportage en Bretagne par Églantine Chabasseur.Les musiciens se retr<strong>ou</strong>vent petit à petit aut<strong>ou</strong>r d’un café léger et de tartinesau beurre salé. Erik Marchand les salue chaleureusement et décide ce matinde concentrer son attention sur les deux chanteuses. L’une d’elles arrive deloin : hier soir, elle a chanté du kan ha diskan à Brest avec sa mère, “le chantet déchant” si populaire dans la région. Bientôt, la Kreizh Breizh Akadémi est aucomplet. “L’Académie de Centre Bretagne” entame ce matin le troisième j<strong>ou</strong>r desa seconde session de travail, dirigée cette fois-ci par le j<strong>ou</strong>eur de <strong>ou</strong>d MehdiHaddab. Créée en 2005 sur une initiative d’Erik Marchand, la KBA articule sontravail aut<strong>ou</strong>r de la transmission et l’innovation, et se situe évidemment assezloin de l’autre académie, aux visées nettement moins culturelles.Erik Marchand, chanteur, j<strong>ou</strong>eur de treujenn gaol, la clarinette bretonne, etpersonnage incont<strong>ou</strong>rnable de la culture bretonne, a collecté pendant desannées des chants d’anciens, des kan ha diskan <strong>ou</strong> des gwerz chantées,dans t<strong>ou</strong>te la Bretagne. Avec une d<strong>ou</strong>zaine de jeunes musiciens, il travaillece répertoire populaire local, en partant du matériau a cappella, p<strong>ou</strong>r ensuitemettre en place une orchestration. Cette année, la priorité a été donnée auxcordes. Ainsi, mandoline, la<strong>ou</strong>d, guitares, harpe, violons, contrebasse donnent laréplique aux flûtes, au cajon et aux voix. Le premier collectif de la Kreizh BreizhAcadémi, en 2005/2006, s’appelait d’ailleurs “Norkst”, “un orchestre” en breton.Le second cherche t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs son nom…Le cœur de l’initiative d’Erik Marchand est de refaire de la musique bretonneune musique modale. Il y a un siècle, la musique bretonne —comme bonnombre de musiques populaires européennes— n’avait en effet pas suivi ledéveloppement harmonique de la majorité des musiques occidentales. Ellen’utilisait pas gammes et grilles d’accord. Erik Marchand explique : “La musiquebretonne est modale, mais dans son histoire récente, soit environ ces quatrevingtdernières années, t<strong>ou</strong>te son évolution a été orientée vers l’adaptation del’harmonie. Notre travail ici est de faire en sorte de créer une musique modernebretonne mais qui s’attache à des formes locales plutôt anciennes t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rsutilisées par les chanteurs de kan ha diskan dans la région, mais jamais dansla musique d’orchestre”. P<strong>ou</strong>r apporter de n<strong>ou</strong>veaux regards sur cette musiquebretonne, Erik Marchand fait intervenir des musiciens dont le langage est modalpar essence. L’Orient, le bassin méditerranéen, les pays du Moyen-Orient <strong>ou</strong>certaines formes de musiques populaires européennes n’ont en effet pas connuce que Mehdi Haddab appelle “le j<strong>ou</strong>g harmonique”. Ainsi, l’année dernière,Thierry Robin, Keyvan Chemirani <strong>ou</strong> Danyel Waro avaient proposé leur proprevision de la modalité aux musiciens de “Norkst” lors d’ateliers <strong>ou</strong> de masterclass.Mehdi Haddab possède une large culture musicale et dirige avec énergie cestrois j<strong>ou</strong>rs de travail. Il laisse la majeure partie du temps son <strong>ou</strong>d psychédéliquedans son étui et préfère faire travailler précisément les différentes sectionsentre elles. T<strong>ou</strong>te la difficulté réside dans le respect du thème initial et dans lapertinence des arrangements. Lors d’une petite pause, s<strong>ou</strong>s le soleil éclatantde Bretagne, il explique : "On prend les morceaux au niveau zéro. Dans ceque n<strong>ou</strong>s propose Erik, il y a un thème mais pas forcément de rythme puisquece sont des morceaux chantés. Résultat : on a une liberté totale p<strong>ou</strong>r lesarrangements rythmiques. Ensuite, il faut bien sûr respecter les identités dechacun…”. Un autre challenge que Mehdi Haddab relève avec enth<strong>ou</strong>siasme.Les musiciens de la Kreizh Breizh 2 ont entre 20 ans et 28 ans, possèdent desparc<strong>ou</strong>rs extrêmement diversifiés, entre apprentissage académique et approchespontanée de la musique. T<strong>ou</strong>s ont dû adapter leurs instruments aux quarts deton présents dans la musique modale et se faire l’oreille à ces n<strong>ou</strong>veaux modesde jeu.Après quelques autres séances de travail à La Grande B<strong>ou</strong>tique, “friche articole”de Langonnet, la Kreizh Breizh AKadémi 2 sera apte à présenter son répertoiresur les scènes de festivals. Le label Innacor, “haut-parleur des cultures deBretagne et du monde”, fondé par Erik Marchand, Bertrand Dupont, et JackyMolard, sortira sans d<strong>ou</strong>te le résultat de ce travail de revalorisation du répertoirepopulaire breton. À suivre !


32 - mondomix.com - PortraitKinshasaKin la belle, Kin la p<strong>ou</strong>belle...chaleur. Grappes de c<strong>ou</strong>leurs m<strong>ou</strong>vantes, les enfants figent leurs jeux quands’égrainent les notes du saxo dans l’air du soir. Le lendemain, à la répétition,l’instrument brille de t<strong>ou</strong>s son cuivre, sa nacre et son argent, polis avec lesans. Comme une écorce, la peau du musicien offre des tons de brun ins<strong>ou</strong>pçonnables.Les lèvres n’ont jamais pincé l’anche comme cela au cinéma. Latexture d’un tissu, le pigment sur un mur, le drapé d’un dessin, l’expressiond’une main… T<strong>ou</strong>t l’univers visuel paraît comme enchanté par l’image. Grosplans fabuleux : l’œil incrédule s’extasie sur les gammes subtiles d’une plaquede r<strong>ou</strong>ille. La magie de la haute définition opère dès les premières images qui,t<strong>ou</strong>t au long du film, dansent sur la musique. La caméra de Jacques Sarasins’abandonne à son balancement. Elle ép<strong>ou</strong>se la démarche des musiciensqu’elle accompagne, les regarde vivre, penser, se taire. Pr<strong>ou</strong>esse de lumièremagnifiée par la HD, On the Rumba River témoigne de la longévité de la rumbacongolaise, organisant la rencontre de deux pionniers : Antoine Mundanda,78 ans, Brazzavillois maître du likembe, et Wendo Kolosoy, 82 ans, chanteurkinois.Bien que meurtrie par les affrontements et les privations, Kinshasa,capitale de la République démocratique du Congo, demeurele creuset d’une créativité musicale en perpétuel ren<strong>ou</strong>vellementet foncièrement enracinée dans ses traditions. C’est ce que traduisentdeux films, présentés en juin au festival Music<strong>ou</strong>leurs, On theRumba River de Jacques Sarasin et Jupiter’s Dance de Renaud Barretet Florent de La Tullaye. Par François BensignorKinshasa, ville monstre, exerce sur le voyageur assoiffé de musique une fascinationau-delà de t<strong>ou</strong>te rationalité. L’idée du rationnel est d’ailleurs parfaitementincongrue dans cette gigantesque étendue de quartiers de tôles basses coiffantdes murs de parpaings. Inexorablement, la végétation grignote les c<strong>ou</strong>rs enciment et les allées de terre battue. Les ruelles défoncées bordées d’ég<strong>ou</strong>ts àciel <strong>ou</strong>vert sont, au moment des pluies, des cimetières b<strong>ou</strong>rbeux p<strong>ou</strong>r les tas deferraille crachotants qui s’y aventurent avec leurs passagers. Mais le chauffeurdu vieux Wendo est circonspect. Mieux vaut faire demi-t<strong>ou</strong>r, même à défautde marche arrière, p<strong>ou</strong>r parvenir au but par des chemins plus sûrs. Le tempsimporte peu : seule l’issue compte, et comme la convivialité urbaine requiert des’en remettre à son prochain, celle-ci en dépend également.creditcreditFace à l’adversité, le Kinois doit être malin. Depuis que Mobutu, trop occupéà piller les richesses du pays p<strong>ou</strong>r l’usage exclusif de sa c<strong>ou</strong>r et de sa tribu,l’enjoignit de s’en remettre à l’Article 15 : “Débr<strong>ou</strong>illez-v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>s-même !”, ilest rompu à dénicher t<strong>ou</strong>s les moyens p<strong>ou</strong>r s’en sortir. Mais p<strong>ou</strong>r ceux qui n’ontconnu que cet état de déliquescence, pauvreté, guerre, pillages, familles décimées,la c<strong>ou</strong>pe est plus que pleine. Marre des chanteurs qui continuent à r<strong>ou</strong>c<strong>ou</strong>ler“Chérie je t’aime” face aux ravages du SIDA ! Marre de voir se multiplierles “shégés”, orphelins des rues âgés de cinq à quinze ans, qui arpentent piedsnus les vastes b<strong>ou</strong>levards, témoins décrépits des fastes de la colonie belge, uncarton sur la tête à vendre des m<strong>ou</strong>choirs en papier ! C’est vers ceux-là que set<strong>ou</strong>rnent Renaud Barret et Florent de La Tullaye avec Jupiter’s Dance.Ces deux Français ont acquis leur confiance en plongeant sans préjugés dansla vie des ghettos. Ils y ont tr<strong>ou</strong>vé des trésors de musiques, une myriade degenres aux interprètes ébl<strong>ou</strong>issants, présentés dans ce Dvd, que complète unCd réalisé in situ par l’ex-FFF Yarol P<strong>ou</strong>paud, vedette d’un des huit sav<strong>ou</strong>reux“Bonus”. Roger Landu, jeune virtuose de 14 ans j<strong>ou</strong>ant sur un monocorde bricoléà partir d’une boîte de conserve, le “satongé”. Les Bawuta Kin, pionniersdu rap kinois, Rinka, la première fille à déballer son flow sur Kinshasa <strong>ou</strong> encoreBestaguy, gamin prodige de l’écurie Bawuta Kin. Bebson de la Rue, toaster degrand talent, et puis Lexus Legal, rapper conscient qui fédère le m<strong>ou</strong>vement.L’incroyable Staff Benda Bilili, gr<strong>ou</strong>pe constitué de handicapés chevauchant destricycles antédiluviens et de shégés qu’ils ont formés. D’autres encore commeRombo Tunani qui met du funk dans le ndombolo, Kimono et sa belle voix quidonne la chair de p<strong>ou</strong>le, ABC Stars les shégés de Matongé, Thomas Lusango,créateur d’instruments, et bien sûr Jupiter Bokondji & Okwess International,héros de ce film gorgé d’humanité cinglante et de bonne musique.<strong>CD</strong>/<strong>DVD</strong>, "Jupiter’s Dance", bellekinoise productions/abeille musiquePlein de vidéos et d’inédits sur le site> www.bellekinoise.com www.rumbariver.com


Reportage - mondomix.com - 33Sara TavaresLe juste équilibrecreditNée à Lisbonne de parents capverdiens, Sara Tavares incarne avec sa musiquele métissage culturel du Portugal. Dans son n<strong>ou</strong>vel album, la chanteuse <strong>ou</strong>vredes chemins buissonniers aux rythmes du Cap-Vert. Par Patrick LabesseLes musiques capverdiennes continuent d’afficher leur belle présence sur la scène des musiquesdu monde. Sara Tavares leur donne une n<strong>ou</strong>velle éloquence en leur aj<strong>ou</strong>tant des traits des<strong>ou</strong>l et de grands élans de swing, des c<strong>ou</strong>leurs musicales d’autres coins d’Afrique et aussi duPortugal. Son histoire avec la musique du Cap-Vert débute quinze années après sa naissanceà Lisbonne, en 1978. Juste après sa victoire à un conc<strong>ou</strong>rs télévisé dans la défunte émissionChuva de Estrelas (pluie d’étoiles, un peu l’équivalent de notre Star Ac’), elle croise Tito Paris etPaulino Vieira, deux figures notoires de la scène capverdienne lisboète. Jusqu’alors, elle étaitplutôt sensible à Whitney H<strong>ou</strong>ston <strong>ou</strong> aux artistes de la Motown et au gospel, appris à l’église oùelle accompagnait sa n<strong>ou</strong>rrice portugaise. Ces n<strong>ou</strong>velles fréquentations vont t<strong>ou</strong>t chamb<strong>ou</strong>ler.Paulinho Viera, l’ancien pianiste et arrangeur de Cesaria Evora sera le principal instigateur de cegrand chambardement. “Il est le responsable de mon éveil à la musique du Cap-Vert. C’est luiqui a travaillé cette transition, raconte Sara Tavares. Il s’asseyait au piano, commençait sur unebase qui m’était familière, le gospel, puis il déviait, en me faisant sentir les similitudes entreles musiques capverdiennes et les sons des Noirs américains.”Autre facteur essentiel dans son emballement p<strong>ou</strong>r la musique de ses parents, un saut au Cap-Vert, le premier, deux mois après avoir emporté ce fameux conc<strong>ou</strong>rs télé. Invitée à l’occasiond’un voyage officiel du Premier ministre, l’actuel Président de la République du Portugal, AnibalCavaco Silva, elle se retr<strong>ou</strong>ve à chanter à Praia avec Os Tubaores et Ido Lobo, grande figurede la musique capverdienne, décédé en 2004, qui a été pendant plus de vingt ans le chanteurleader de ce gr<strong>ou</strong>pe, longtemps considéré au Cap-Vert comme l’ensemble musical officiel dutemps du régime marxiste. Après un disque de gospel avec le gr<strong>ou</strong>pe Sh<strong>ou</strong>t, puis un autreenregistré à Paris s<strong>ou</strong>s la direction artistique de Lokua Kanza, son n<strong>ou</strong>vel album, sur lequelelle a invité Boy Gé Mendes, talent sûr de la musique capverdienne, comporte une moitié detitres en créole capverdien et l’autre moitié en portugais. "Élevée par une n<strong>ou</strong>rrice portugaise,après la séparation de mes parents quand j’avais quatre ans, je vivais dans une zone del’autre côté du Tage, où il n’y avait aucun Africain. Alors je me suis longtemps sentie un peudéracinée, différente. La musique capverdienne m’a donné un sentiment d’appartenir à uneculture, m’a enracinée. Plus je voyage et rencontre les Capverdiens de la diaspora, plus je merends compte que le Cap-Vert prend le dessus en moi, mais je tiens à la langue portugaise.”La question de savoir si elle se sent d’avantage portugaise <strong>ou</strong> capverdienne ne se pose pas.“Je me situe quelquepart entre les deux.”N<strong>ou</strong>vel album "Balancê" (World Connection/PIAS)En concert à Paris c<strong>ou</strong>rant décembre (date et lieu à préciser).


34 - mondomix.com - ReportageStyle musicalForró p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>s !À l’intérieur, le forró est le porte-voix d’une réalité dure, de la pauvreté, de lasécheresse et d’un certain isolement. C’est ce blues singulier qui m’a p<strong>ou</strong>ssé àexplorer ces régions relativement peu connues. Malgré les différences régionales,le forró est marqué par une grande cohérence. Les références principalessont identiques p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>s: Luiz Gonzaga, Dominguinhos, Trio Nordestino, etc. Lerépertoire essentiel est presque t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs le même.Que se passe-t-il lors de la São João (la Saint-Jean) ?Événement annuel majeur dans le Nordeste, cette célébration rurale susciteencore plus d’enth<strong>ou</strong>siasme que le carnaval. Censée se dér<strong>ou</strong>ler le 24 juin,elle dure en réalité t<strong>ou</strong>t le mois de juin et se p<strong>ou</strong>rsuit encore une partie dejuillet. Les bals s’enchaînent sans interruption et les musiciens forró animentaussi les “quadrilhas” (quadrilles) très populaires, qui font même l’objetde compétitions, un peu à la manière des conc<strong>ou</strong>rs des écoles de samba.C’est aussi une période où on fait bombance avec d’innombrables préparationsà base de mais (milho verde, canjica, pipoca, pamonha, etc). Les ruesse c<strong>ou</strong>vrent de lampions et d’innombrables petits drapeaux colorés. C’estune vraie fête collective, populaire et familiale. T<strong>ou</strong>t le monde va au bal p<strong>ou</strong>rdanser en c<strong>ou</strong>ple <strong>ou</strong> en quadrille, sans distinction d’âge <strong>ou</strong> de classe sociale.Orquestra do Fubá à Paris, Bombes de bal à T<strong>ou</strong>l<strong>ou</strong>se, Danado deBom à Londres, Forró in the Dark à New York, le forró, fait unmalheur. Pendant que l’ex Talking Heads David Byrne reprend enanglais la chanson fétiche du Sertão “Asa Branca” (aile blanche) elledevient “bramadís“ (hurlements) en occitan par la Talvera. Quelle estl’origine de cette musique et p<strong>ou</strong>rquoi suscite–t-elle autant d’intérêt?N<strong>ou</strong>s avons posé la question et quelques autres à Damien Chemin,cinéaste bruxellois et producteur du fort bel album Forró Acústico.Propos recueillis par JP BruneauD’où vient votre intérêt p<strong>ou</strong>r le forró ?En 2006, j’ai réalisé un documentaire sur une figure mythique du Nordeste brésilien:le bandit Lampião. En voyageant dans les coins reculés du Sertão (régionaride située au centre du Nordeste), j’ai eu la chance de rencontrer de nombreuxet formidables musiciens dont la plupart n’avaient jamais enregistré. Je me suisdécidé à produire un disque. Avec l’aide de deux ingénieurs du son, j’ai pris leparti de t<strong>ou</strong>t capter de manière ac<strong>ou</strong>stique sur le lieu de vie des musiciens p<strong>ou</strong>rconserver le caractère original et spontané de cette musique.Ce qui rend le forró attachant et accessible à t<strong>ou</strong>s, c’est qu’il est issu du métissageimprobable de traditions européenne, africaine et indienne indigène. Ce quim’a t<strong>ou</strong>ché, c’est l’aspect collectif et démocratique de cette véritable musiquepopulaire. Le fait aussi que les musiciens les plus extraordinaires sont s<strong>ou</strong>ventles plus modestes agriculteurs, garagistes, chauffeurs d’autobus etc. Malgréune pauvreté chronique et un illettrisme élevé, il y a dans le Nordeste brésilienun impressionnant réservoir d’artistes.P<strong>ou</strong>rquoi avoir choisi d’enregistrer dans les minuscules états deSergipe et d’Alagoas ?Ces états sont marqués par la très vivante culture des vaqueiros (vachers). Leforró y prend une forme assez brute et empreinte d’une sorte de blues trèsprenant. Le forró “côtier” de Recife et Fortaleza est plus festif et ins<strong>ou</strong>ciant.creditL'expatriation de nombreux Nordestins vers les métropoles du sud a-tellecontribué à l'évolution du forró ?Le d<strong>ou</strong>ble paradoxe de l’histoire du forró, c’est que cette tradition intrinsèquementrurale a réellement pris son essor à Rio de Janeiro. Le Sertão est frappé demanière chronique par des sécheresses entraînant famines catastrophiques etvagues d’immigration. Les Nordestins ont été les <strong>ou</strong>vriers de la construction desgrandes métropoles et continuent auj<strong>ou</strong>rda’hui à faire t<strong>ou</strong>s les petits b<strong>ou</strong>lots, yformant la classe sociale pauvre. Ils ont bien sûr emporté leur culture dans leursbagages. Parmi eux, deux figures historiques : l’accordéoniste et chanteur LuizGonzaga (originaire du Pernambuco) et le percussionniste et chanteur Jacksondo Pandeiro (originaire de Paraíba). C’est grâce à eux, à partir de Rio de Janeiro,que leur musique a pris une dimension populaire à l’échelle nationale. Ces deuxgrandes figures ont donné un sang neuf au forró qui a connu une n<strong>ou</strong>velle viedans le Nordeste.Vos musiciens "historiques" favoris ?Impossible de ne pas aduler Luiz Gonzaga et Jackson do Pandeiro. On n’a pasfait mieux depuis. J’aime beauc<strong>ou</strong>p aussi deux chanteuses moins connues :Marinês et Clemilda (des voix puissantes et pleines d’hum<strong>ou</strong>r) ainsi que le maride cette dernière, l’accordéoniste diatonique Gerson Filho. Parmi les musiciensplus modernes, j’ai beauc<strong>ou</strong>p d’admiration p<strong>ou</strong>r Alceu Valença, à la fois trèsinventif et ancré dans la tradition.Que pensez-v<strong>ou</strong>s de l'internationalisation et de la "mondialisation" du genre ?T<strong>ou</strong>t développement, quel qu’il soit, est bon à prendre. Je suis donc heureuxd’entendre que le forró plait à New-York, Paris et Londres. Et je connaissais letravail de la Talvera que je tr<strong>ou</strong>ve vraiment très intéressant.Je suis assez interloqué par les affinités et ressemblances entre leforró et les musiques cajun et zarico de L<strong>ou</strong>isiane qui connaissent lemême type d’évolution...En effet, c’est tr<strong>ou</strong>blant. Il faudrait se pencher là-dessus. Je connais un peules grands noms du zydeco (un régal), mais j’aimerais en savoir plus. À bonentendeur...


Israël 'Cachao' LópezMambo MáximoPortrait - mondomix.com - 35LES MUSIQUESSWAHILIDE L’AFRIQUEDE L’ESTÀ89 ans, dont 81 consacrés à la musique,Cachao est en passe de survivreau líder máximo du régime communistequ’il a fui en 1962. Un symbole qui réj<strong>ou</strong>it,bien au-delà de la diaspora de l’île, t<strong>ou</strong>s lesmélomanes amateurs de swing syncopé. Cetété, c’est le public des festivals méridionauxqui accueillera ce maître contrebassiste p<strong>ou</strong>rdeux récitals à la s<strong>ou</strong>rce du mambo et de ladescarga. Par Yannis RuelcreditLe hasard a fait naître Israël “Cachao” López à LaHavane en 1918 dans une maison jadis occupéepar José Marti, le père de la patrie dont la figurefédère les Cubains au-delà des clivages politiquescontemporains. Cela confére à cet homme l’étoffed’un héros dont l’œuvre impose le consensus.Qu’il s’agisse de la paternité du mambo <strong>ou</strong> desorigines de la descarga, de la part de l’héritagecubain dans la salsa <strong>ou</strong>, plus récemment, du ret<strong>ou</strong>ren grâce d’une musique au charme suranné, Cachaoest associé à t<strong>ou</strong>tes les pommes de discordede l’histoire de la musique latine du XX ème siècle.Ce qui constitue en soi une raison suffisante p<strong>ou</strong>rreconnaître le caractère exceptionnel de sa contributionà notre univers musical.Fils, petit-fils et cadet d’une famille de musiciens qui compte des dizaines d’héritiers sur l’île, leplus célèbre étant son neveu Cachaíto, du Buena Vista Social Club, Cachao débute sa carrière àla percussion au sein d’orchestres de danse avant même d’atteindre l’âge de raison, en 1926.C’est p<strong>ou</strong>rtant à la contrebasse qu’il intègre l’orchestre philharmonique de La Havane, de 1930à 1960. Une expérience classique qui éclaire son labeur p<strong>ou</strong>r la charanga la plus populaire del’époque, Arcaño y sus Maravillas : il y compose avec son frère violoncelliste Orestes Lópezquelques trois mille danzones en d<strong>ou</strong>ze ans ! “N<strong>ou</strong>s avons introduit un rythme syncopé trèsmarqué dans le danzón, une musique jusqu’alors romantique, qui se dansait lentement",explique-t-il. “Ce changement, baptisé “ nuevo ritmo” sera repris s<strong>ou</strong>s le terme de mambo,puis popularisé par Pérez Prado.”Non content d’être à l’initiative d’une révolution au registre de la danse tropicale, Cachao s’illustre,quelques années plus tard, au rang des pionniers d’une fièvre qui frappe la musiquecubaine s<strong>ou</strong>s l’esprit du be-bop. “P<strong>ou</strong>r la première fois, on j<strong>ou</strong>ait des rythmes cubains enprivilégiant l’improvisation, sans vraiment se préoccuper des danseurs.” Les descargas (formecubaine de jam-sessions, littéralement “décharges” d’idées musicales) enregistrées par Cachaoen l’espace d’une nuit, p<strong>ou</strong>r le label Panart en 1957, sont un modèle de cette forme d’interprétationdu son et de la rumba basée sur des dialogues vertigineux entre solistes des sectionsrythmiques et de cuivres.Franc-tireur des circuits de la salsa new-yorkaise t<strong>ou</strong>t au long des années 1960-70, Cachaoest finalement sorti de sa semi-retraite à Miami par Andy García. En mélomane averti, l'acteurréalise en 1993 le premier film consacré à un représentant de la vieille garde cubaine, Cachao,como su ritmo no hay dos, avant de parrainer avec le producteur Emilio Estefan la série d’albumsMaster Sessions, synthèse inédite des apports passés du maître qui valent à Cachao sonpremier Grammy en 1995. Doté d’une santé de fer, le doyen des musiciens cubains émerveillesur scène son public en troquant sa canne p<strong>ou</strong>r une contrebasse, dont il j<strong>ou</strong>e comme d’untamb<strong>ou</strong>r, non sans en avoir tiré au préalable, à l’archet, un air de mélodie classique.En concert le 27 juillet au festival Tempo Latino (à Vic-Fesenzac dans le Gers) et le 8 août au festival Fiest’àSèteBudaMusiquedistributionSOCADISCwww.budamusique.comDesign Jack Garnier


passionnémentà la foliebeauc<strong>ou</strong>pbeauc<strong>ou</strong>pà la foliepassionnémentà la foliepassionnémentbeauc<strong>ou</strong>ppassionnémentà la foliebeauc<strong>ou</strong>pDis-moi ce quetu éc<strong>ou</strong>tes ?!Depuis UHT°, Click n’a cessé de faire parler de lui et t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rsen bien, à travers ses créations au sein de Gnawa Nj<strong>ou</strong>mExperience, <strong>ou</strong> de B<strong>ou</strong>m Ba Clash avec Rona Hartner avecses remixs <strong>ou</strong> en Dj set. En attendant son prochain album,Flavor, b<strong>ou</strong>rré d’inédits et de remixs, déc<strong>ou</strong>vrez ce qu’iléc<strong>ou</strong>te et ses dates estivales. Propos recueillis par BenjaminMiNiMuM*Offre exclusive harmonia mundi b<strong>ou</strong>tiques, valable jusqu’au 31 août 2007 sur l’ensemble des articles présents en b<strong>ou</strong>tique, hors livres. Gratuité appliquée sur le <strong>ou</strong> les articles les moins chers de votre sélection <strong>CD</strong> <strong>ou</strong> <strong>DVD</strong>.la musique...1<strong>CD</strong> <strong>ou</strong> <strong>DVD</strong> Offert *p<strong>ou</strong>r l’achat de 3 disques <strong>ou</strong> <strong>DVD</strong>2<strong>CD</strong> <strong>ou</strong> <strong>DVD</strong> <strong>Offerts</strong> *p<strong>ou</strong>r l’achat de 5 disques <strong>ou</strong> <strong>DVD</strong>3<strong>CD</strong> <strong>ou</strong> <strong>DVD</strong> <strong>Offerts</strong> *p<strong>ou</strong>r l’achat de 6 disques <strong>ou</strong> <strong>DVD</strong>PARIS 1 e r métro P yramidesPARIS 4 e métro St PaulPARIS 6 e métro St PlacidePARIS 19 e métro Por te de PantinCité de la MusiqueA I X- EN - P C E • A L B I • A M I ENS • A R L E SAVIGNON • BAYONNE • BLOIS • BORDEAUXB O U R G - E N - B R E SSE • B O U R G E S • C A E NCHALON S/SAÔNE • CHAMBÉRY • CHERBOURGD I J O N • G A P • G R E N O B L E • H Y È R E SLA ROCHELLE • LE HAVRE • LE MANS • LILLEL I M O G E S • LYO N 1 e r • M A R S E I L L E 1 e rMONTAUBAN • MONTPELLIER • NANTESNICE • ORLÉANS • PERPIGNAN • QUIMPERR E N N E S • R O U E N • S A I N T - E T I E N N ESTRASBOURG • TARBES • TOULOUSE • TOURSVALENCE... www.harmoniamundi.comD’où viens ton pseudonyme ?C’est mon surnom depuis longtemps : un petit bruit <strong>ou</strong> un déclic….Ça symbolise aussi le tempo, le m<strong>ou</strong>vement musical, fonction qu’onretr<strong>ou</strong>ve dans t<strong>ou</strong>s les logiciels de musique.Premier et dernier disque acheté ?En 1978, j’avais 8 ans, c’était un 45 t<strong>ou</strong>rs de The Police ! Maintenant, j’achète rarement desdisques, je les reçois des gr<strong>ou</strong>pes <strong>ou</strong> des agents qui me les donnent en promotion, mais j’aicommencé depuis 15 ans une collection de disques du label Blue Note (périodes 50,60,70’s),alors quand je tombe sur des rééditions je craque vite, dernière razzia à Londres au Virgin, plusde 20 Cds à 6 £ l’unité (ils sont forts p<strong>ou</strong>r le commerce EMI).L’endroit le plus inattendu où tu as tr<strong>ou</strong>vé un disque ?Incroyable… c’était sur la Grande Ceinture ! La ligne de chemin de fer qui passe devant chezmoi, un wagon renversé abandonné avec des milliers de 33 t<strong>ou</strong>rs Funk, World, Tango, Musette…La bénédiction : je me suis juste servi !Un disque que tu as longtemps cherché ?La BO du film de Marcel Camus Orfeu Negro, Palme d’Or du festival de Cannes en 1959. Musiquemade in Brazil aux racines africaines et aux s<strong>ou</strong>rces de la bossa nova.Celui que tu cherches encore ?Maria Tanase en vinyle 33 t<strong>ou</strong>rs (Electrecords/R<strong>ou</strong>manie)La soirée la plus étrange où tu as mixé ?C’était en 2005 en Corée du Sud à Jeonju pendant le festival du film dans un restaurant enextérieur, un mix sur la diversité culturelle <strong>ou</strong> j’ai j<strong>ou</strong>é du raï, des titres classiques français, duflamenco, un peu de son des Balkans t<strong>ou</strong>t en triquant au vin de gingembre avec les guests etVIP locaux… J’avais vraiment l’impression de me retr<strong>ou</strong>ver dans le décors de Tigre et Dragontransposé en Corée et avec une bande son complètement décalée, une très belle expérience…Cinq titres p<strong>ou</strong>r redonner un c<strong>ou</strong>p de f<strong>ou</strong>et à une soirée ?T<strong>ou</strong>s les artistes de la scène electro “World” avec qui je suis en relation amicale, on s’échangepas mal de son : Stefano Miele, Balkan beat Box, Dunkelbunt, Transglobal Undergr<strong>ou</strong>nd, Eastenders…Sinon le classique flamenco “Break” de Son de la Frontera, “Buleria Negra del Gastor”.Un morceau que tu adores mais que tu ne peux pas passer ?J’essaie en principe de placer t<strong>ou</strong>s les titres que j’adore, il faut bien choisir le moment etl’audience, c’est mon b<strong>ou</strong>lot !Des musiciens avec qui tu rêverais de travailler sur un projet ?Il y a une liste impressionnante d’artistes avec qui j’aimerais bien faire une création <strong>ou</strong> un titrestudio, les rêves sont fait p<strong>ou</strong>r se réaliser non !? Je travaille donc en studio en ce moment avecLeontina Vaduva, soprano française d’origine r<strong>ou</strong>maine p<strong>ou</strong>r un n<strong>ou</strong>vel album, Folklotronique !Deux autres créations sont planifiées : au Garorock avec Erik Truffaz et UHT° (le gr<strong>ou</strong>pe électrojazz hip-hop que j’ai fondé en 2000), avec Maurice El Médioni (musique judéo-arabe). Ce maestrodu piano a avalé un click ! C’est le rêve avec les machines…Un disque p<strong>ou</strong>r aller se c<strong>ou</strong>cher ?L’excellent n<strong>ou</strong>veau Tartit (Crammed Discs), la production est vraiment bien réalisée, les chantslégèrement sombres et mystiques. L’idéal p<strong>ou</strong>r passer une fin de nuit onirique…+ les dates entre début juillet et début septembre, n (21) Tribu festival, 07/06 Paris (75) Divan du Monde, 08/06 Duras (47) Festival Staccato -Abracada'son, 21/06 Sarajevo (BH) Fête de la musique, 22/06 Paris (75) Divan du Monde, 23/06 Cologne (ALL) Slavic Villa, 29/06 Bruxelles (BEL)C<strong>ou</strong>leur Café, 07/07 Copenhague (DK) Roskilde festival, 14/07 Novi Sad (YUG) Exit Festival, 18/07 Kavala (GR) Festival Cosmopolis, 20/07 Paris (75)Divan du Monde - Festival Balkan, 22/07 Florence (IT) Festival Italia Wave, 27/07 Paris (75) Divan du Monde – Festival Balkan, 28/07 Dortmund (ALL)Festival Juicy Beats, 03/08 St Nazaire (44) Les Escales, 04/08 St Nazaire (44) Les Escales, 10/08 Paris (75) Divan du Monde – Festival Balkan, 17/08Paris (75) Divan du Monde – Festival Balkan, 24/08 Paris (75) Divan du Monde – Festival Balkan, 25/08 Macédoine T<strong>ou</strong>r, 07/09 Paris (75) Divan duMonde – Festival BalkanD.R.


Collection - mondomix.com - 37Astor PiazzollaTango p<strong>ou</strong>r les siècles futursl’occasion de la réédition de onze albums d’Astor Piazzolla —enregistrés p<strong>ou</strong>r BMG Argentine entre 1961 et 1982—, biographie et chronologieÀ des rencontres qui firent de lui le maître du tango. Par Philippe BérangerAstor Piazzolla naît à Mar del Plata, à 400km au sud-est de Buenos Aires. Quatre ans plus tard, il est propulsé avec sa famille à Greenwich Village, New York,épicentre du folk. La petite histoire raconte que son père, passionné de tango, lui aurait offert son premier bandonéon p<strong>ou</strong>r son anniversaire, alors que, comme t<strong>ou</strong>tgamin de 8 ans, il rêvait d’une paire de patins à r<strong>ou</strong>lettes...Il doit son premier émoi musical au pianiste hongrois Bela Wilda, ancien élève de Rachmaninov, qui répétait inlassablement pendant des heures dans la c<strong>ou</strong>r de sonimmeuble. C’est avec lui qu’il prendra ses premiers c<strong>ou</strong>rs. En 1936, il ret<strong>ou</strong>rne en Argentine avec ses parents, mais son bandonéon d’enfance reste plus <strong>ou</strong> moinsau placard, et le tango avec. La révélation viendra plus tard, par le violoniste Elvino Vardaro et son Sexteto Tipico, qu’il a eu l’occasion de voir en représentation à MarDel Plata, où il habite désormais. Cette n<strong>ou</strong>velle génération de musiciens le fascine, le déclic se produit. T<strong>ou</strong>t de suite après, à seulement 17 ans, il part p<strong>ou</strong>r BuenosAires où il monte son Cuarteto Azul avec lequel interprète des tangos dans le style d’Elvino. Il commence à se projeter dans une carrière professionnelle, mais lesorchestres qui l’engagent à ce moment ne sont pas à la hauteur de ses ambitions.Il intègre finalement l’Orquestra Tipica d’Anibal ‘Pichuco’ Troilo, par l’entremise du violoniste Hugo Baralis, avec qui il collaborera plus tard. P<strong>ou</strong>r le moment, il n’estque remplaçant, mais Pichuco est impressionné par la maitrise de ce jeune musicien qui connaît son œuvre sur le b<strong>ou</strong>t des doigts et possède déjà une solidepersonnalité. Les am<strong>ou</strong>rs de Piazzolla vont à la musique classique, et cela s’entend un peu trop au goût du chef d’orchestre qui lui demande de rester dans le styleTipica. Il abandonne Troilo et sa formation en 1944 p<strong>ou</strong>r diriger l’orchestre du chanteur Francisco Fiorentino. Il compose beauc<strong>ou</strong>p, mais déjà en 1950, le tangone suffit plus. Il se replonge dans la musique savante, décroche une b<strong>ou</strong>rse qui lui permet de venir étudier à Paris aux côtés de Nadia B<strong>ou</strong>langer, organiste, chefd’orchestre et professeure de composition –Leonard Benstein, Quincy Jones, Philip Glass furent ses élèves–. Elle n’est pas enth<strong>ou</strong>siasmée par le Piazzolla pianiste,et lui demande une démonstration au bandonéon. Il j<strong>ou</strong>e "Triunfal", et B<strong>ou</strong>langer comprend la voie immense qui s’<strong>ou</strong>vre à son élève s’il reste fidèle au bandonéon etau tango. Elle lui conseille de suivre Bartók et Stravinsky, qui ont su magnifier les musiques populaires de leurs pays. C’est un Piazzolla inspiré qui se met à composeret à travailler les arrangements avec frénésie.En 1960, à Buenos Aires, il crée le Nuevo Tango quintet avec Elvino Vardaro –le rêve d’adolescence est accompli– puis Simon Baj<strong>ou</strong>r au violon, Jaine Gossis au piano,Jorge López Ruiz à la guitare électrique et le contrebassiste Kicho Diaz (1). Avec ce quintet magique, il créera entre autres "Decarissimo" et "Adios nonimos", "Muertedel Ángel" <strong>ou</strong> encore "Buenos Aires hora cero"… Ces tangos devenus depuis des classiques reçoivent un accueil glacial des puristes p<strong>ou</strong>r qui cette musique n’a rienà voir avec le tango. Trois ans après sa formation, le quintet se modifie à l’arrivée du violoniste Antonio Agri et d’Oscar López Ruiz à la guitare électrique et devient leNuevo Octeto (2). Le succès est enfin là. Piazzolla inclut les textes dans ses créations, travaille avec l’écrivain Jorge Luis Borges et le poète Horacio Ferrer, avec quiil crée entre autres "Chiquilin de Bachin", "Balada para un loco" (3) et compose une opérette, "Maria de Buenos Aires", qui n’aura pas le succès escompté.En 1974, il se confronte à la pop musique avec orgue, basse, flûte, clavier mais le Conjunto Electronico reste sans suite. Les années suivantes verront la créationde "Libertango", d’"Amelitango"… Les expériences continuent, il se rapproche du jazz avec le saxophoniste Gerry Mulligan, avec qui il enregistre Summit et ren<strong>ou</strong>efinalement avec ses racines et son ‘vieux quintet’, le Nuevo Tango, auquel viennent se greffer des musiciens proches du rock. Le succès sera énorme, et la dizained’années à venir marqueront l’apogée de sa popularité. Il parc<strong>ou</strong>rt le monde (4), sa musique devient ‘à la mode’ et on lui passe de nombreuses commandes p<strong>ou</strong>rdes musiques de films, une bonne cinquantaine, p<strong>ou</strong>r le Kronos Quartet <strong>ou</strong> un tango p<strong>ou</strong>r Rostropovitch.En 1989, il entame une t<strong>ou</strong>rnée internationale avec son ultime formation, le Sextet Nuevo Tango, composé de deux bandonéons, d’un piano, d’une guitare électrique,d’une basse et d’un violoncelle. Cette même année, le magazine jazz Down Beat le classe parmi les meilleurs musiciens du monde. Très peu de temps après à Paris,il est victime d’une attaque cérébrale à laquelle il ne survivra pas. Le tango, loin d’être déprécié –comme le pensent encore certains puristes–, en sort grandi. Grâceà Piazzolla est née une n<strong>ou</strong>velle musique p<strong>ou</strong>r Buenos Aires et p<strong>ou</strong>r le monde.Astor ‘Pantaleon’ Piazzolla,11 mars 1921 - Mar del Plata (Argentine)/4 juillet 1992 - Buenos Aires (Argentine).1. Astor Piazzolla /Nuevo Tango– Piazzolla Interpreta A Piazzola (1) 1961 - 2. Astor Piazzolla /Nuevo Tango– Piazzolla… O no? (1) 1961/1962 - 3. Astor Piazzolla /Nuevo Tango – NuestroTiempo (1) 1962 - 4. Astor Piazzolla / Nuevo Tango – Tango Para Una Ciudad (1) 1963 - 5. Astor Piazzolla / Nuevo Octeto – Tango Contemporaneo (2) 1963 - 6. Astor Piazzolla / Horacio Ferrer– En Persona (3) 1970 - 7. Astor Piazzolla /Nuevo Octeto – Teatro Regina (2) 1970 - 8. Astor Piazzolla /Nuevo Octeto – Concierto Para Quinteto (2) 1970/1971 - 9. Astor Piazzolla / Conjunto9 - Musica Popular Contemporanea de la ciudad de Buenos Aires vol.1 (2) 1971/1972 - 10. Astor Piazzolla / Conjunto 9 –Musica Popular Contemporanea de la ciudad de Buenos Aires vol.2(2) 1972/1973 - 11. Astor Piazzolla / Roberto Giyeneche– Goyeneche En Vivo (4) 1982


Afriquemondomix aime!Authenticité – The Syliphone YearsGuinea’s Orchestres Nationaux and Federaux1965-1980(Sterns Music/Syllart Productions/Discograph)Ce magnifique d<strong>ou</strong>ble Cd est une sélectionde morceaux extraits des 82 albumset 75 singles du catalogue du labelSyliphone à l’époque de l’indépendanceafricaine. 1958 : la France rend sa s<strong>ou</strong>verainetéà la Guinée ; c’est le début d’unessor artistique -et en particulier musicalsansprécédent qui durera une quinzained’années. L’histoire du label Syliphone vade pair avec cette "révolution guinéenne"et suit cette radicalisation des arts guinéensen accompagnant étroitement lapolitique culturelle dont l’"authenticité"est le cheval de bataille : modernisert<strong>ou</strong>t en restant fidèle à la tradition. Lesmultiples subventions g<strong>ou</strong>vernementalespermettent la création d’orchestres fédérauxet nationaux qui sont fortementenc<strong>ou</strong>ragés à développer des thèmes liésà l’anticolonialisme et à l’impérialismeafricain : l<strong>ou</strong>anges des politiques alorsau p<strong>ou</strong>voir <strong>ou</strong> contes épiques africainsdeviennent les refrains de prédilectiondu fleuron avant-gardiste de la musiqueafricaine. Balla et ses Balladins, BembeyaJazz National, l’Orchestre de la Paillote, leSuper Boiro Band, l’Orchestre du Jardinde Guinée… autant de formations delégende qui ont gravé leur nom dansl’histoire de leur pays et traîné leurs instrumentspart<strong>ou</strong>t dans le monde, porteparolesdu choix d’une nation de placerla musique au centre de son héritageculturel en devenir. Les chœurs et lespercussions répondent gaiement aux solosde cuivres et de guitares électriquessur les 28 pistes au son d’époque de ced<strong>ou</strong>ble album d’anthologie qui respire lajoie d’un peuple de clamer haut et fort safierté d’être indépendant.Fabien MaisonneuveM<strong>ou</strong>ssa D<strong>ou</strong>mbia"Keleya"(Oriki Music)Inventeur d'un afro-beat singulier qui empruntaitautant au funk américain qu'auxrythmes traditionnels maliens, M<strong>ou</strong>ssaD<strong>ou</strong>mbia fait partie des grands originauxtombés dans les limbes de l'histoire. En1972, D<strong>ou</strong>mbia, chanteur et saxophonistemalien, s'installe à Abidjan, alorscapitale culturelle de la région. En résidenceà la B<strong>ou</strong>le Noire, un club huppé,il délivre des heures durant des groovesoù les cuivres carambolent des guitareswah wah, où un orgue fiévreux suit lessyncopes hypnotiques de la basse etde la batterie. Le funk, ce disque inégalmais s<strong>ou</strong>vent jubilatoire en est la preuve,et il fit bien vibrer l'Afrique de l'Ouestdes années 70. Disquaire à Paris dansles années 80, M<strong>ou</strong>ssa D<strong>ou</strong>mbia disparaîtradans l'anonymat le plus absolu. Àréhabiliter.B.B.mondomix aime!Momo Wandel S<strong>ou</strong>mah"Momo le doyen, African B.O."(Blue Spahir/ )Un éclat de rire sur un visage clownesque,un chant rocailleux surréaliste et un saxodigne de Parker, s’entremêlent au balafon,à la kora et à la flûte pastorale. "Lejazz est né chez v<strong>ou</strong>s, mais je l’ai ramenéchez moi en Afrique, car c’est de là qu’ajailli sa s<strong>ou</strong>rce", a dit Momo Wandel S<strong>ou</strong>mahaux Américains. L’album regr<strong>ou</strong>peles B.O. des films de Laurent Chevallier,composées par le saxophoniste guinéen(1926-2003). Entre le réalisateur –"fiston"-et l’artiste –"papa"- s’est instauréeune amitié solide, palpable jusque dansles notes : de la bonne humeur vitaminée,alternée aux accents lang<strong>ou</strong>reux du blues.La sortie du disque accompagne celle deMomo le Doyen, documentaire posthumeen hommage à ce "L<strong>ou</strong>is Armstrong quiserait sorti de sa savane".AllPura Fé“Hold The Rain”(Dixiefrog)Le second album solo de Pura Fé, AmérindienneTuscarora, s’<strong>ou</strong>vre par un chanttraditionnel qui glisse bientôt vers desaccords bluesy j<strong>ou</strong>és par une guitare lapsteel. C’est sur ce canevas atmosphériqueque la voix de Pura Fé, languide etlumineuse, prend son élan, vers des cîmesde grâce dont elle ne redescendrajamais. Une reprise de "Summertime",gravitation superbe d’aisance, confirmeque la fluidité avec laquelle sa voix semeut entre les instruments, ac<strong>ou</strong>stiquest<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs, doit beauc<strong>ou</strong>p aux chanteusesde jazz. Magnifiquement habitée dansl‘ensemble, l’album pêche t<strong>ou</strong>tefois parun manque de variété rythmique et harmonique.On rêve d’une véritable fusionentre ces blues teintés de jazz et leschants indiens qui les enserrent.B.B.Thomas Mapfumo"Choice Chimurenga"(Sheer S<strong>ou</strong>nd/ )Franco"Classic titles - Very Best Of"(Cantos/Pias)Terakaft"Bismilla, the Bko Sessions"(Tapsit)Najim"Saba"(Virgin Music France)Chez Thomas Mapfumo, l’engagementse danse au fil d’un groove irrésistible. Àla fin des années 1970, en pleine lutted’indépendance de la Rhodésie du Sud,le "Lion du Zimbabwe" crée un stylemusical : le "chimurenga" – "libération"<strong>ou</strong> "combat" en shona. L’art mêle les patternshypnotiques du piano à p<strong>ou</strong>ce mbiraaux influences occidentales. ChoiceChimurenga regr<strong>ou</strong>pe une sélection de titresissus des six derniers albums depuis1998. Dans le Zimbabwe de Mugabe, lesmotifs p<strong>ou</strong>r chanter se multiplient : sida,pauvreté, corruption. S<strong>ou</strong>vent comparé àBob Marley, Mapfumo constitue, en trentealbums, une mémoire vivante de sonpays. De son exil aux Etats-Unis, il perpétuele combat : une révolte profonde surun chant léger, aux accents ensoleillés dejazz et de rumba.AllL’ombre tutélaire du pachyderme de larumba congolaise plane encore. Ce bestof,dix-huit ans après sa mort, dresse unportrait pertinent de François MakiadiLuambo, dit "Franco", patrimoine national,témoin avisé de l’histoire politique duCongo, et caricaturiste sans compromisde ses contemporains. En plus de 30 ansde carrière, 150 albums et 1000 titres,celui que l’on a pu appeler "le Balzaccongolais" a peint de grandes fresquessociales tissées d’hum<strong>ou</strong>r grinçant, depamphlet et de dérision. Sa devise à latête du OK Jazz ? "On entre ok, on sortko !". Sa rumba, naturelle et agressive,sensuelle et déliée, am<strong>ou</strong>reuse, invite àla danse chal<strong>ou</strong>pée. Preuve que le GrandMaître vit encore, dans les esprits commedans les corps. Que du bonheur !AllLe rock t<strong>ou</strong>areg n’en finit pas de révéler ladiversité de ses arborescences. Terakaftprend ses racines à la s<strong>ou</strong>rce, puisqu’ils’agit du projet de deux membres historiquesde Tinariwen, Ked<strong>ou</strong>, présentsur les Tisdas Sessions, et Diarra, frèred’Inteyeden, mythique co-fondateur dugr<strong>ou</strong>pe. Ils entrecroisent leurs guitareset leurs voix avec deux compères p<strong>ou</strong>run album qui ferait passer le dernierTinariwen p<strong>ou</strong>r un monument de surproduction.Ici l’univers est si dép<strong>ou</strong>illéque l’on entend les nuages de p<strong>ou</strong>ssièrevoler dans le studio. Le langage musicaldemeure ce blues mélancolique assomméde chaleur, à la langueur si exacerbéequ’elle en devient poétique. Le désert netarde pas à surgir, où les mirages sontparfois de véritables oasis.Bertrand B<strong>ou</strong>ardmondomix aime!Le monde du raï célèbre l’arrivée d’unn<strong>ou</strong>veau jeune prodige. À 24 ans (<strong>ou</strong>22…), Najim prend la relève des chebsprécoces. Plus proche du premier Faudelque de l’initial Mami, il affirme une voixà ravir le cœur des filles — et p<strong>ou</strong>rquoipas des garçons qui se cachent p<strong>ou</strong>rpleurer. Même si le raï love du regrettéHasni tient la vedette de ses influences,Saba, son deuxième album, dévoile unepalette intéressante de possibilités. Éc<strong>ou</strong>tezs’emballer sa voix sauvage sur "ElSaba" (la récolte), hérité des traditions deSétif où l’on retr<strong>ou</strong>ve l’ardeur moite et libératricedes premiers Khaled. Il y met dela classe comme dans "Saadia", ultimehommage à l’ancêtre Rimitti, venue enc<strong>ou</strong>ragerNajim sur "N’r<strong>ou</strong>h<strong>ou</strong> n’z<strong>ou</strong>r<strong>ou</strong>",lui passant le relais avant de tirer sa dernièrerévérence.François Bensignormondomix aime!


Dino Saluzzi : bandonéonAnja Lechner : violoncellechroniques - mondomix.com - 39Ojos Negrosmondomix aime!Pine Leaf Boys“Blues de Musicien”(Arhoolie/Socadisc)Friends of Old Time Music(Smithsonian Folkways/DG Distribution)Venue des Appalaches, transmise de générationen génération, enracinée dansles traditions anglo-celtiques, écossaiseset irlandaises, ancêtre du bluegrass et dela c<strong>ou</strong>ntry, la "old time music" américainedevait profondément marquer durantles années 60 la scène folk alternative,émergente et urbaine. Si les folkeux deNew York et de Boston l’avaient p<strong>ou</strong>r laplupart déc<strong>ou</strong>verte grâce à la fameusecompilation Anthology of American FolkMusic (rééditée en six <strong>CD</strong> par Folkways)concoctée par l’excentrique beatnik HarrySmith à partir de 78 t<strong>ou</strong>rs, il leur restaitencore à rencontrer les "old timers" p<strong>ou</strong>rde vrai. Ce à quoi s’employa l’associationappelée Friends of Old Time Music, fondéenotamment par Ralph Rinzler, MikeSeeger (frère de Pete) et John Cohen(t<strong>ou</strong>s deux membres du gr<strong>ou</strong>pe New LostCity Ramblers).Des concerts furent donc organisés àNew York dès 1961 et enregistrés. Laqualité technique est certes inégale maisla matière est riche et inédite et remplit3 Cds de ce coffret (complété par uneintéressante brochure de 60 pages). 55morceaux qui permettent de déc<strong>ou</strong>vrirles débuts de gens qui allaient devenircélèbres (Doc Watson, Maybelle Carter,Bill Monroe), de bluesmen "redéc<strong>ou</strong>verts"qui avaient enregistré dans les années20, tels Mississippi John Hurt et JesseFuller, <strong>ou</strong> encore d’artistes moins connuscomme Clarence Ashley et Dock Boggs,idoles d’un p’tit gars originaire du Minnesotanommé Robert Zimmerman…Jean-Pierre BruneauFleuron de la jeune et dynamiquescène musicale de Lafayette, capitalede l'Acadiana l<strong>ou</strong>isianaise, les Pine LeafBoys mettent au service des traditionscadiennes et créoles une énergie et unef<strong>ou</strong>gue communicatives qui les rend irrésistiblessur scène (cet été aux festivalsde Challes-les-Eaux, Cognac Blues Passion,nuits cajuns et zydeco de Saulieu,et Périgueux). Plus t<strong>ou</strong>rnés vers le blueset les sonorités créoles que les autresgr<strong>ou</strong>pes cajuns, les boys, emmenés parles deux multi-instrumentistes Wilson Savoyet Cedric Watson, qui n'hésitent pas àsortir des sentiers battus, ils improvisent,expérimentent et redonnent vie à des formesanciennes et auj<strong>ou</strong>rd'hui négligées,comme leur "juré" à capella, sorte deslam qui dénonce les ravages provoquéspar l'<strong>ou</strong>ragan Rita.J.P.B."Forró pra’s Crianças"(Biscoito Fino/DG Diffusion)Juan Carlos Cáceres"Utopía"(Mañana/Naïve)100 anos do frevo"É de perder o sapato"(Biscoito Fino/DG Diffusion)Un chœur d’enfants brésiliens reprenant14 forrós signés par quelques grandsnoms du genre nordestin (Jackson doPandeiro, João do Vale, Onildo de Almeida)en compagnie de grands noms dela Musique Populaire Brésilienne (AlceuValença, Chico Buarque, João Bosco,Maria Rita, Silvério Pessoa, Zé Renato,Zélia Duncan…), tel est le contenu de cen<strong>ou</strong>vel opus de la collection p<strong>ou</strong>r petitset grands, initiée il y a quelques moisavec Samba pra’s Crianças. Si, parfois,les voix encore malhabiles des enfantsuniformisent un peu l’ensemble du répertoire,la proximité entre stars et enfants,l’enth<strong>ou</strong>siasme de t<strong>ou</strong>s les intervenantset la générosité intrinsèque du projet suffisentà n<strong>ou</strong>s séduire.SQ.T<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs packagés dans des étuis encarton surdimensionnés agrémentésd’un popup qui n<strong>ou</strong>s rappelle les livresde notre enfance, les albums du jeunelabel Mañana ont forcément une placeà part dans nos discothèques. Utopía,le dernier opus de Juan Carlos Cáceres,ne faillit pas à la règle. Le croonerbohème du tango qui avait remonté surMurga Argentina, son précédent opus, lagénéalogie du tango jusqu’à ses racinesafricaines, s’attache cette fois-ci à démontrerla présence de cette sève noiredans les plus jeunes p<strong>ou</strong>sses du feuillagedes musiques argentines. Qu’on lesappelle murgas, milongas, candombes<strong>ou</strong> tangos, ses musiques connaissent unn<strong>ou</strong>veau printemps. Ren<strong>ou</strong>veau que n’apas attendu l’<strong>ou</strong>rs Cáceres p<strong>ou</strong>r sortir desa tanière.SQ.mondomix aime!Propulsé par les cuivres, le frevo est lerythme du carnaval de Récife. L’alliancepeu banale entre la marche militaire etla mazurka a donné ce nom qui vientdu verbe b<strong>ou</strong>illir (ferver).La pulsation dufrevo a été déterminée par les petits pasde milliers de participants au carnaval quise fraient un chemin dans les rues étroitesde Récife, précédés des danseurs etcapoeiristes. Dans la première partie dece d<strong>ou</strong>ble album anniversaire, Le Spok-Frevo Orquestra, un big band ultra rodé,se consacre aux instrumentaux du genre.La deuxième partie enflamme la sono.Accompagnés de fanfares rutilantes,Gil,Bethânia, Lenine, Maria Rita, Matogrosso,Silverio Pessoa … interprètent des frevosavec une joie rayonnante.P.C.ECM 170 975-7" L'album attendu de la rencontre du maîtredu bandonéon argentin Dino Saluzzi etde la violoncelliste classique Anja Lechner "ECM


AsieThe Golden Voices of Bollywood,Rare Gems From The 1950’s(Paris Jazz Corner/Universal)À Bollywood, les voix d’or ne dormentpas, elles résonnent t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs dans lessalles obscures des métropoles indiennes,et les "good oldies" ne sont pasen reste. Parfois considérées ici commeun s<strong>ou</strong>s-genre kitsch, les chansons desplateaux de cinéma de Bombay formentun c<strong>ou</strong>rant musical à part entière, avecson panthéon de virtuoses et de déesses.Par la beauté de leur chant et la qualitéde leur interprétation Lata Mangeshkar(vol.1) et sa sœur Asha Bohsle (vol.2) resterontparmi les grandes voix du genre.On les retr<strong>ou</strong>ve dans le volume 3, "Divas"en compagnie d’autres voix qui on faitrêver des millions de spectateurs commeShamshad Begum <strong>ou</strong> Geeta Dutt. Le numéro4, "Crooners", s’intéresse aux dieuxet demi-dieux que furent MohammedRafi, Mukesh <strong>ou</strong> Talat Mahmood. "Duets"(vol.5) s’intéresse aux moments forts deces romances musicales, les duos. P<strong>ou</strong>rle plus grand bonheur des amateurs deraretés et autres curiosités musicales, le6ème volume est consacré aux "bizarreries"et l’on retr<strong>ou</strong>ve les principaux interprètesdans des exercices inattendus :swing, valse, yoddle <strong>ou</strong> accompagnésde guitares hawaïennes. Cette collectionest un vibrant hommage à ces artistesqui ont contribué à la renommée desplus grandes stars de Bollywood t<strong>ou</strong>t enrestant hors des projecteurs. Un son jazzyindéniablement "fifties" aj<strong>ou</strong>te au charmede cette magnifique collection exotique,entraînante et épicée, forcément.Fabien Maisonneuve« Dans le foisonnement des expériences,rencontres, fusions, mélanges et métissages,il est bon de tr<strong>ou</strong>ver un point d’ancrage brillant etrafraîchissant, malicieux et familier. »Jean Blanchard - avril 2007Jean-L<strong>ou</strong>p Sacchettini : accordéons diatoniquesChristophe Sacchettini : flûtes à bec, cornemuse du CentreDisponible dans les bacsProduction et contact scène : MusTraDem +33 (0)4 38 12 09 93Actualités du collectif MUSiques TRAditionnelles de DEMain :www.mustradem.comEgalement disponible :Bag Brothers (MusTraDem / L’Autre Distribution - 2002)graphisme Rémi Pollio - www.5emeciel.netL'orchestre Andal<strong>ou</strong> d’Israël“Ashdod Yam”(Label ???????)À 70 km de Jérusalem, l'Orchestre Andal<strong>ou</strong>d'Israël a regr<strong>ou</strong>pé p<strong>ou</strong>r AshdodYam, leur 13ème album, des musiciensjuifs, musulmans et chrétiens. Un albumà l'image d’Ashdod, deuxième portd'Israël après Haifa, au brassage culturelimportant. Brise maritime et ambianceportuaire dans "Tushiya Marrakesh", jeude cymbales à forte influence orientaledans "Tushiya Matwi Habibi", l'orchestreassure le succès d'un melting-pot auxinfluences balkaniques, grecques, allemandes,andal<strong>ou</strong>ses et nord-africaines.L'Orchestre avait mis la barre haut aprèsavoir reçu le "Prix d'Israël" en 2006.Qualité maintenue : Ashdod Yam est unalbum de 12 titres, colorés, pétillants etsans repos, loin des déchirements et deséternelles controverses. À sav<strong>ou</strong>rer sansrésister.Gayle WelburnMusique des Hakka"Chants montagnards et musique instrumentalebayin"(INEDIT/Maison des Cultures du Monde/Naïve)Parmi les 56 minorités reconnues quecompte la Chine, les Hakka ("hôtes"<strong>ou</strong> "voyageurs"), originaires du centre dela Chine, sont une des plus importantes.Une grande colonie de ces agriculteursmontagnards s’est installée à Taïwan auXVIIème siècle. Le bayin est une musiquesavante j<strong>ou</strong>ée en quatuor par un hautbois(hakkè) <strong>ou</strong> d’une flûte, des vièles à deuxcordes (nixian et huxian) et un ensemblede percussions. P<strong>ou</strong>r les Hakka, ce "petitensemble harmonieux" a une forme"parfaite". Le répertoire, tantôt humoristique,tantôt mélancolique, est j<strong>ou</strong>é p<strong>ou</strong>rles mariages, rituels lunaires et funérailles.La jeune Kuo Wen Tzu-Mei, au chant,est accompagnée sur cet album par lequatuor de bayin de Chung Yun-Hui, leplus grand maître de musique hakka àTaïwan.F.M.


Diego Amador“Piano Jondo”(Nuevos Medios/World Village/HarmoniaMundi)Dire du flamenco qu’il n’est pas dansl’instrument mais dans l’interprète n’estpas n<strong>ou</strong>veau. En offrir la preuve éloquenteest déjà moins commun, voire inédit dansle cas du dernier album de Diego Amador,au piano. Vingt ans après que ses frèresRaimundo et Rafael, du gr<strong>ou</strong>pe Pata Negra,n’électrifient le flamenco aux sons deguitares à la Jimi Hendrix, le cadet de lafamille Amador assène son propre c<strong>ou</strong>pde maître en faisant entrer la gammedes palos andal<strong>ou</strong>s dans l’instrument deTheloni<strong>ou</strong>s Monk. Fruit d’une rencontreentre El Churri -son surnom gitan- et lesproducteurs de jazz du label US Fantasy,ce disque n’est portant pas un n<strong>ou</strong>veauprojet de fusion, mais un hommage personnelà la tradition flamenca qui a vugrandir ce multi-instrumentiste prodigechroniques - mondomix.com - 41mondomix aimedu quartier des 3000 viviendas, à Séville.Diego Amador y revêt les frasques d’unpianiste possédé par le duende, dont lesdoigts enchaînent les accords et falsetascaractéristiques de la guitare flamenca,en martelant les t<strong>ou</strong>ches à la façon rasgueo.Quand il n’en j<strong>ou</strong>e pas en solo -unetaranta p<strong>ou</strong>r les anciens, une rondeña àson oncle <strong>ou</strong> une seguiriya s<strong>ou</strong>s acide-,Amador d<strong>ou</strong>ble d’ailleurs ses phrasés depiano à la guitare, renforçant ce sentimentde synergie entre les instruments,de la même qu’il rapproche, au moyende brèves citations mélodiques, le jazzdu flamenco. Sur "¡Vivan los Gitanos!",il s’attaque directement aux cordes dupiano, comme p<strong>ou</strong>r convier une tr<strong>ou</strong>pede cantaores et bailaores à le rejoindredans la caisse de résonance. Nul d<strong>ou</strong>tequ’il la fera imploser sur scène, p<strong>ou</strong>r leplus grand bonheur du public festivaliercet été.Yannis Ruel!3-4-5 aoûtPaimpolPemp<strong>ou</strong>llG<strong>ou</strong>el Kanar VartolodedCôtes d’ArmorAodoù an ArvorBretagneBreizhJohnny Clegg, Ismaël Lô, Rokia Traoré, T<strong>ou</strong>ré Kunda, Lura,[Dunkelbunt]"Morgenlandfahrt"(Chat Chapeau/S<strong>ou</strong>l Seduction)Les jeunes germaniques n'en finissentpas de célébrer les retr<strong>ou</strong>vailles avecleurs racines musicales des pays de l'Est.Après Shantel à Francfort, c'est Ulf Lindemann,alias [Dunkelbunt], qui de Viennen<strong>ou</strong>s propose une relecture électro-décaléedes musiques balkaniques et klezmer.Plus raga-dub, voire pop-ambient queson confrère allemand, [Dunkelbunt],avec ses crochets qui lui garantissentla tête de liste de t<strong>ou</strong>s les classementsalphanumériques, offre un traitement originalet malin aux musiques de quelquesformations phares : Amsterdam KlezmerBand, Orient Expressions, 17 Hippies, laFanfare Ciocarlia, avec le toaster francophoneRaf Mc. Passé le dét<strong>ou</strong>rnementd<strong>ou</strong>teux de Ravi Shankar en intro, cettevirée dans le pays matinal est ponctuéede bonnes surprises.B.M.La Mal Coiffée"Polyphonies Occitanes"(Modal/L'Autre Distribution)Présenté dans ces pages comme unebonne n<strong>ou</strong>velle à suivre, le gr<strong>ou</strong>pe La MalCoiffée sort auj<strong>ou</strong>rd’hui son premier albumet tient ses promesses. Cette choralede six filles pleines de peps, conseilléeset arrangées par Laurent Cavaillé, batteur,chanteur de La Fabrique, et parrainée parles Marseillais du Còr de la Plana, arrivesans mal à imposer leurs jolies personnalités.Les 11 chants languedociens "desvignes et des bistrots" dynamisés par despercussions afro-brésiliennes se dégustentcomme autant de c<strong>ou</strong>pe-c<strong>ou</strong>ps debarre et anti-cafards. L’ensemble profitepleinement de chaque timbre et chaquepersonnalité, recycle les onomatopées,les rires et les s<strong>ou</strong>ffles en harmonies etse hisse au rang des gr<strong>ou</strong>pes vocaux lesplus inspirés. Réj<strong>ou</strong>issant !B.M.Seun Kuti & Egypt 80, T<strong>ou</strong>mast, Smadj, Makida Palabre, Serend<strong>ou</strong>,Badume’s Band, Muleketu, Adama Yalomba et Sloï,Dan ar Braz, Erik Marchand & Rodolphe Burger,Lo’Jo, Gwennyn, Les Goristes, Trio EDF, L<strong>ou</strong>is Capart,C a b e s t a n , D j i b o u d j e p , C a p H o r n ,Les S<strong>ou</strong>illés de Fond de Cale, Roquio,Strand Hugg, Taillevent, Nordet,Segars, Le XV Marin, Guillemer,L e s F r è r e s M o r v a n ,Dremmwel, Karma,Dobet Gnahoré,...Billets en vente sur :www.ticketnet.fret www.fnac.comet dans les CentreLeclerc, Carref<strong>ou</strong>r,Géant, Auchan,Cora, Fnac,Virgin,Cultura© Studio Deffontaines 02 96 48 41 98 - Illustration : Nicolas Guéguen - Licence n° 220327


EuropeLa Talvera“Bramadis”(Autoproduction/L'Autre Distribution)Compositeur de 15 des 17 morceaux dudisque, Daniel Loddo explique que cesbramadis, (hurlements) sont des cris dedésespoir, de révolte, et aussi d'am<strong>ou</strong>r."N<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s colletons au monde, aux problèmesde notre société", mais avec unebonne dose de dérision et d’hum<strong>ou</strong>r. Utilisantdes instruments traditionnels, mais<strong>ou</strong>verte au monde et aux effets électroniques,cette formation éminemmentfestive et dansante doit une bonne partde son succès à la lumineuse et vibranteCéline Ricard, au timbre et au vibrato uniques.La reprise d'"Asa Branca" de LuisGonzagua est une merveille. Dans sa versiond'origine, la chanson traitait des ravagesde la sécheresse dans le Nordestebrésilien devenu "Occitania", une ode àl'Occitanie ayant vocation à devenir unhymne.J-P.B.Jean François Vrod“La s<strong>ou</strong>straction des fleurs”(Signature/Harmonia Mundi)Jean-François Vrod a passé t<strong>ou</strong>tes sesannées de pratique de violon à recollerles morceaux dispersés de la tradition.C’est principalement en côtoyant lesanciens de l’archet traditionnel auvergnatqu’il se forgea un style, un répertoire, uneréputation. Mais la richesse du travail deJean-François, c’est de ne pas reproduireà l’identique. De faire vivre, vibrer lestraditions à l’aune de sa sensibilité. Lerésultat est magique. Ce disque est la résultanted’un spectacle. Ent<strong>ou</strong>ré de deuxcompagnons de r<strong>ou</strong>te, le violon avecFrédéric Aurier et la percussion (zarb)de Sylvain Lemêtre, Vrod, dans son trio,développe ses mélodies avec volupté etrespect de la tradition mais avec parfoisdes phrasés, des harmonies résolumentcontemporaines.P.K.Balval"Blizzard Bohème"(Dom Disques)Un vent ("balval" en romani) de bohèmes<strong>ou</strong>ffle sur l’hexagone ! Un blizzard,même, qui, sur un tapis tissé des meilleuresétoffes hongroises, r<strong>ou</strong>maines <strong>ou</strong>bulgares, dépose mélodies orientales, sonoritésjazz, latines, rock <strong>ou</strong> tango, au gréde la voix d’Awena Burgess, la chanteuseà l’origine de la création du quintet. Uneréelle volonté de mélange des genrestransparaît de ce joli projet, avec le justeéquilibre entre mélancolie et gaieté quicaractérise les musiques tsiganes. Arrangementsde morceaux traditionnels despays de l’Est et compositions originalesaccompagnent des chansons qui parlentd’am<strong>ou</strong>r, d’anecdotes du quotidien, de lanature, de ce qui n<strong>ou</strong>s anime, au fond, etc’est sûrement p<strong>ou</strong>r ça que ce vent n<strong>ou</strong>sfait frissonner.F.M.Frère de Sac“T<strong>ou</strong>t n’a qu’un temps”(Mustradem/L’Autre Distribution)Christophe Sacchettini est principalementflûtiste (à bec) mais il s<strong>ou</strong>ffle égalementavec maestria dans une cornemuse ducentre. Et en rejoignant Jean-L<strong>ou</strong>p, sonfrère accordéoniste diatonique… l’affaireétait dans le sac. Ce disque est la photographied’un concert du duo en janvier2007 au Café des Arts de Grenoble.Grâce à une belle prise de son, on réaliset<strong>ou</strong>te la précision des arrangements et laconnivence des deux Sacchettini rompusdepuis des années à t<strong>ou</strong>tes formes degr<strong>ou</strong>pe en concert et en bal. Cornemuse<strong>ou</strong> flûte et accordéons se répondent dansune suite d’airs composés, retr<strong>ou</strong>vés,voire empruntés à d’éminents collègues.Une belle démonstration est ainsi faitequ’accordéon et cornemuse peuventêtre également de véritables instrumentsconcertants.P.K.


chroniques - mondomix.com - 43Viorica & Ionitsa Clejani Express"A Devla"(Network/Harmonia Mundi)Ionitsa et Viorica sont mari et femme, accordéonisteet chanteuse. Indissociables.A Devla, leur premier opus diffusé horsR<strong>ou</strong>manie, est un vrai disque de musiquepopulaire inspirée par la tradition, de cellequi ne s’apprend et ne se digère que surles bancs des écoles buissonnières. Decelles qui disent si fort la vie des hommeset femmes qu’on ne peut qu’être enth<strong>ou</strong>siaste.De celles qui n<strong>ou</strong>s tiennent éveillésjusqu’au petit j<strong>ou</strong>r. Directe et délicate,la quinzaine de titres ainsi que la vidéobonus ont été enregistrés à différentesépoques. C’est aussi ça le charme de cetopus qui colle aux évolutions du mondecomme en témoigne "Un Gram de Iubire",titre aux accents technoïdes quoiquetotalement organiques.SQ.Didier François et Gilles Chabenat“Dans l’<strong>ou</strong>bli du sommeil”/“Brand new world”(Home Records)Compositeur, violoniste, j<strong>ou</strong>eur de nyckelharpa,instrument emblématique de laSuède, Didier François propose, dansun premier Cd, un beau dialogue entrela vielle à r<strong>ou</strong>e de Gilles Chabenat etl’instrument nordique. Mélodies, prosodiesrythmiques, ébauches de sons presquealéatoires : t<strong>ou</strong>t participe à un état sensorieloù l’auditeur peut s’abandonner entreéveil et sommeil. Dans le second Cd, lesmusiques de François sont d’une texturedense, pleine de réminiscences, commeune archéologie sonore où t<strong>ou</strong>t entre enrésonance. Les textes et compositions deGabriel Yac<strong>ou</strong>b, qui intervient vocalementavec Sylvie Berger et Tom Theuns, entrenten symbiose avec l’esthétique du musicienbelge. La peinture de Pol Bonduelle aété l’élément déclencheur de ce superbed<strong>ou</strong>ble album.P.C.Amiina"Kurr"(Ever/Pias)Largement orientée pop indé, la scèneislandaise, entraînée par la reine desneiges Björk, a développé une esthétiquetrès personnelle. Rêveuse, éthéréeet délicate, la musique d'Amiina résumeparfaitement cet état d'esprit. À c<strong>ou</strong>p decordes diverses, de cloches, de vibraphone,de scie musicale <strong>ou</strong> de choeursangéliques, le quatuor féminin, déjàresponsable d'une partie non négligeablede l'identité de Sigur Rós, dessinedes paysages où alternent lumineusestransparences et zones d'ombres. Entrefolklore imaginaire et musique de filmsféerique, on peut penser aux expériencesdu Penguin Café Orchestra <strong>ou</strong> d'AngeloBaldamenti, mais on se laisse surt<strong>ou</strong>tentraîner dans un univers dans lequel laglace et les flocons de neige chantent etfont danser le feu dans la cheminée.B.M.The Cracow Klezmer Band“Remembrance”(Tzadik/Orkhêstra International)C’est un concert qui est l’objet de ce disque.Le Cracow Klezmer Band fait partiede ces gr<strong>ou</strong>pes sans concession. De cesartistes, qui vont au b<strong>ou</strong>t de leur travail enosant sortir des sentiers balisés et parfoisfolklorisant de certaines cultures. Leklezmer n’échappant pas à la règle. Parla qualité des instrumentistes -JaroslawTyrala (violon), Jaroslaw Bester (accordéon),Oleg Dyyak (accordéon, clarinette,percussion), Wojciech Front (contrebasse)et sur quelques morceaux John Zorn à lavoix-, t<strong>ou</strong>s les sentiments, se croisentdans les riches sonorités du quartet.Particulièrement dans les échanges entrel’accordéon et le violon… Quand lavirtuosité est au service des sentimentset de l’histoire, le beau est forcément àfleur de peau.P.K.L'Attirail“Kara Deniz”(Fairplay/L'Autre Difusión)Leur album précédant, La Bonne Aventure,l’avait-il prédit ? Ces pionniers dumétissage tzigane en France prennent lar<strong>ou</strong>te de l’excellence à bord d'une croisièreen “Kara Deniz” (Mer Noire en turc),au-delà des Balkans, dans des contréesmystérieuses, voire imaginaires. Pleinesd’énergie, les compositions pétillanteset débridées sont de mystérieuses îlesà serpents, de petits bazars grecs où lesgrands princes sirotent de la Efes Bier.Des échantillons volés du quotidien àbord d’un tram côtoient des glissementssur les cordes d'un b<strong>ou</strong>z<strong>ou</strong>ki <strong>ou</strong> d’un saz,des pas de danse folklorique sur un pianof<strong>ou</strong> <strong>ou</strong> un accordeón mutin répondentaux envolées d’un d<strong>ou</strong>d<strong>ou</strong>k arménien.G.W.Mont Jòia"Cant e Musica de Provenca XIIème– XXème"(Association Mont Jòia/Conseil GénéralB<strong>ou</strong>ches du Rhône)En 1975, Mont Jòia était ce qui se faisaitde mieux en matière de tr<strong>ou</strong>bad<strong>ou</strong>rsprovençaux. S'aidant d’instrumentsd’origines anciennes <strong>ou</strong> lointaines (luth,cint<strong>ou</strong>r, gal<strong>ou</strong>bets, tamb<strong>ou</strong>rins, trompettemarine, ton ton <strong>ou</strong> saz), Carlotti, Conte,Dupont et Favaro réveillaient un patrimoinequi, partant du XIIème siècle, sefrayait tant bien que mal un chemin musicaljusqu’à notre époque. Mais, ne secontentant pas de déchiffrer à la b<strong>ou</strong>giedes vers c<strong>ou</strong>chés sur de vieux grimoires,en j<strong>ou</strong>ant à l’aveugle sur des instruments<strong>ou</strong>bliés, ils empoignaient des sentimentsancestraux en leur réinjectant l’éclat audacieuxde la jeunesse. Cette rééditionà compte d’auteur réaffirme la fraîcheurd’une démarche où le respect poli dupassé laisse la place à une réinventiondu folklore.B.M.


6 e contimondomix aime!Gypsy Caravan(Music in and inspired by the film)(World Village/Harmonia Mundi)Bande originale du film du même nom,Gypsy Caravan prend, à la lettre, sons<strong>ou</strong>s-titre "Y<strong>ou</strong> cannot go straight whenthe road bends" ("tu ne peux pas allert<strong>ou</strong>t droit quand la r<strong>ou</strong>te bifurque"),et propose un voyage aux multiplestrajectoires. Les s<strong>ou</strong>venirs sonores decette t<strong>ou</strong>rnée américaine de 2001 sontponctués de saynètes captées entre lesconcerts, bifurquent par un remix didgeridoo(Maharaja par le canadien MatthewBurton), en puisant, p<strong>ou</strong>r un tiers, sonénergie dans les grandes heures discographiquesdes artistes réunis. Si l’on neretr<strong>ou</strong>ve pas d’autres traces américainesdu Taraf de Haïd<strong>ou</strong>k que 30 secondes decontrebasse dans des loges, les performancesde la Fanfare Ciocarlia, d’EsmaRedzepova, parfois ensemble, de Maharajaet de la Compagnie Antonio el PipaFlamenco donnent une joyeuse idée del’ambiance de ce Magical Balkanic T<strong>ou</strong>r.Du cante jondo de Juanita la del Pipa àl’hymne national des Roms ("Djemel,Djemel") par Esma, les paysages et lesémotions défilent. Le violon sarangi partdu fin fond du désert du Thar p<strong>ou</strong>r sefrotter à l’électro. Les castagnettes indienneset espagnoles affrontent les cuillerssur b<strong>ou</strong>teilles de bière, les fanfaresde Macédoine et de R<strong>ou</strong>manie pétillentet entrent en collision, les voix s<strong>ou</strong>ventdéchirent le cœur. Pleurs, rires et méditationsurgissent, ces musiciens traduisentles rythmes de la vie comme personne.Lorsque leur caravane passe, les chienspeuvent bien aboyer, ceux qui la suiventsavent qu’elle est remplie d’or.B.M.Susheela Raman"33 1/3"(XIII Bis Records/ )Déconcertante Susheela Raman. Entresa culture urbaine occidentale et cellede ses parents d’origine tam<strong>ou</strong>le, elle at<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs refusé de choisir, cultivant à satiétéla rencontre entre ses deux mondes.Après trois albums à travers lesquels elleconfirmait sa quête d’une fusion épan<strong>ou</strong>ie,la voici auj<strong>ou</strong>rd’hui dans un autre partipris, une n<strong>ou</strong>velle prise de risques. Unalbum à l’éc<strong>ou</strong>te agréable, fait entièrementde reprises d’artistes et de gr<strong>ou</strong>pesn’ayant que peu à voir avec la musiquecarnatique : Dylan, Lennon, Jimi Hendrix,le Velvet Undergr<strong>ou</strong>nd, Can, Nirvana…Gonflée, la dame brune, assurément ! Caron devine déjà poindre l’accusation detrahison ! De ses fans, déb<strong>ou</strong>ssolés parce disque hors cadre, comme de certainsconnaisseurs des versions originales.Patrick LabesseThilges"La D<strong>ou</strong>ble Absence"(Staubgold/La Baleine)Plus facilement classé parmi les artistesde la m<strong>ou</strong>vance trip-hop <strong>ou</strong> minimaliste,Thilges, un trio viennois, massacre avecLa d<strong>ou</strong>ble absence l’hermétisme supposéde ces petites boîtes. En effet, si le canevasest sensiblement t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs le même,entre bleeps synthétiques sophistiqués etnappes digitales distordues, le trio a s<strong>ou</strong>haitéexplorer des contrées n<strong>ou</strong>velles auxfrottements de deux mondes. P<strong>ou</strong>r cela,ils ont convié quelques musiciens dontle <strong>ou</strong>diste Asim Al-Chalabi, le j<strong>ou</strong>eur deviole Eyvind Kang et la chanteuse iranienneZohreh Jooya. Bij<strong>ou</strong> irréel illuminé, ces43 minutes de plaisir méditatif p<strong>ou</strong>rraientmême se passer de la délicieuse voix deZohreh Jooya, tant leur propos transcendet<strong>ou</strong>te réalité.SQ.


nentFanga"Natural Juice"(Underdog Records/Rue Stendhal)Non, l’afro-beat n’est pas mort avecson Black Président. Bien au contraire,comme si la mort de Fela avait libéré lesénergies, déculpabilisant de fait ceux quine se pensaient pas la hauteur. Fanga,gr<strong>ou</strong>pe montpelliérain, signe le deuxièmeépisode de ses aventures avec une bellemaestria. Tempos retenus maîtrisés, feudes cuivres, voix envoûtantes, t<strong>ou</strong>t estréuni p<strong>ou</strong>r n<strong>ou</strong>s conduire à la transetelle qu’elle se vit au Nigéria. Même les“tontons” Tony Allen et Ségun Damisa(décédé depuis et à qui est dédicacéce Natural Juice) sont de la partie. Ànoter aussi la présence de la chanteuseburkinabé Kady Diara sur "Kononi" <strong>ou</strong>du rapper Mike Ladd sur un remix signéGymkhana.SQ.Fedayi Pacha"The 99 names of Dub"(Hammerbass/ Pias)Repéré sur quelques compiles <strong>ou</strong> surDub Works, son premier Cd, Fedayi Pacharevient avec The 99 names of Dub.Le titre quasi-mystique de cet opus resserrele propos de son créateur aut<strong>ou</strong>rd’un dub oriental orgamisque, n<strong>ou</strong>rri dessonorités du duduk arménien et du sazturc. Car c’est de cette région du mondebalayée par des effluves indiennes,moyen-orientales et balkaniques qu’estoriginaire la famille de ce Stéphanois. Ret<strong>ou</strong>raux s<strong>ou</strong>rces <strong>ou</strong> fuite en avant ? Lesdeux, mon capitaine ! Sur des rythmiquesdub, mais aussi ambient, drum’n’bass <strong>ou</strong>steppa, Fedayi Pacha construit un albumhommage qui fixe dans le rétroviseur deshorizons futuristes déjà esquissés par BillLaswell, Jah Wobble, Muslimgauze, Badawi<strong>ou</strong> Mercan Dede.SQ.105.1%musiqueAïwa Remixed Volume one(Wikkid Records/Fairplay)À la veille de son 10ème anniv’, Aïwa,collectif breton fondé par les frères Wamidet Naufalle, et signé depuis 2002par les Canadiens de Wikkid Records,a s<strong>ou</strong>haité s’offrir quelques remixes. Aufinal, ce n’est pas moins d’une trentainede taquineurs de beats qui ont j<strong>ou</strong>é le jeu,donnant lieu à une première édition devinyles à tirage limitée, suivie par deuxCds de remixes. Sur le premier, déjà enbac, on croise aussi bien les stars dugenre ethno-techno, Transglobal Undergr<strong>ou</strong>nd<strong>ou</strong> Cheb I Sabbah, que des presqueinconnus à suivre de près (The SeedOrganisation, Rise Ashen <strong>ou</strong> Mojdo). T<strong>ou</strong>tà fait cohérent sans p<strong>ou</strong>r autant être uniforme,ce Cd permet à chacun des bid<strong>ou</strong>illeursconviés de laisser parler sa proprefibre, de défendre sa vision du beat.SQ.Ruth Tafebe and the Afrorockerz"Holy Warriors"(Comet/Planet Woo)Après Lagos et New York, Montpellier seforge peu à peu une réputation de terred’afrobeat. Les Fanga, via leur guitaristeJulien Lauret, y ont fait fleurir le talentde l’Ivoirienne Ruth Tafebe. Sur les beatsde Tony Allen, ça groove, ça swingueet ça change pas mal de choses p<strong>ou</strong>rl’afrobeat. Ruth Tafebe, grande fan dereggae, se lance dans des échappées vocalesqui transcendent ce genre p<strong>ou</strong>rtanttrès codifié. Sa voix apporte une n<strong>ou</strong>velledimension à la musique, qui enrichit desrythmes irresistibles p<strong>ou</strong>r les jeux de hanches.Rares sont ceux qui parviennent àfaire évoluer l’afrobeat, surt<strong>ou</strong>t sur unpremier opus, Ruth Tafebe and the Afrorockerzsont de ceux-là.Smaël B<strong>ou</strong>aiciviewmondomix aime!105.1 fm et fipradio.com


présentent :mondomix aime!PURA FE’“HOLD THE RAIN”Le premier album de Pura Fe’ «Tuscarora Nation Blues»avait surpris par sa totale originalité et sa magie.Avec “Hold the rain” l’engagement politique de Pura Fe’p<strong>ou</strong>r sa communauté amérindienne laisse la place à des émotionset des histoires plus intimes.Mais l’âme indienne est présente part<strong>ou</strong>t dans cet albumet elle l’illumine. Eric Bibb, séduit, lui a écrit une chansonqu’ils interprètent en duo.C D + V I D E O P R O G R A MLivin S<strong>ou</strong>l"The Bridge"(Active S<strong>ou</strong>nd/Mosaic Musique)Quatre ans après Sweet Lane et deux ansaprès As a Spring, le formation reggaepoitevine recrée l’événement avec TheBridge, un petit bij<strong>ou</strong> de sons jamaïcainst<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs plus roots. Du roots, <strong>ou</strong>i, maiscontemporain, et avec une t<strong>ou</strong>che persoblues-rock-s<strong>ou</strong>l-ska-rocksteady qui placece jeune gr<strong>ou</strong>pe sur le haut de la pilereggae française. Car Livin S<strong>ou</strong>l s’inscritdans la continuité du jamaican s<strong>ou</strong>nd desannées 60’s et 70’s t<strong>ou</strong>tes en apportantson lot d’expérimentations. Et ça marche.Nos oreilles t<strong>ou</strong>t <strong>ou</strong>ïe et un s<strong>ou</strong>rire encoin trahissent sans peine le plaisir dedéc<strong>ou</strong>vrir ces solos de clavier hallucinés("Mr Hyde"), ces rythmiques osées ("HereCome a Truth"), ces riffs de guitare franchementrock ("Up Town"), et même untimide accordéon sur "Whammy", autantd’initiatives qui ne trahissent pas p<strong>ou</strong>rautant l’esprit des zikos de l’époque, Culture,Burning Spear <strong>ou</strong> Gladiators, donts’inspire le gr<strong>ou</strong>pe, et qui ont défini peuà peu le profil et le son de Livin S<strong>ou</strong>l. Lavoix ensoleillée et étonnamment groovydu chanteur contribue largement à forgerl’identité si particulière d’un gr<strong>ou</strong>pe quip<strong>ou</strong>rrait se targuer de bluffer les amateursde vintage si la production n’étaitpas aussi propre. Un album coloré, mûr às<strong>ou</strong>hait, à consommer gorgé de soleil.F.M.T<strong>ou</strong>te l’actualité des artistes Dixiefrog sur:www.bluesweb.comMARIEKNIGHTFeaturingLARRYCAMPBELL& Kim Wilson(The Fabul<strong>ou</strong>s Thunderbirds)“LET US GETTOGETHER”✪✪✪✪✪LE PIED !UN EMOUVANT HOMMAGE AU REVEREND GARY DAVIS<strong>CD</strong>+VIDEO PROGRAMOlov Johanson“I lust och glöd”(Drone Records)Dans la belle province suédoise duDarlana résonne un subtil instrument,le nyckelharpa, sorte de violon muni decordes sympathiques et possédant unclavier p<strong>ou</strong>vant faire penser à celui dela vielle à r<strong>ou</strong>e. P<strong>ou</strong>r ce disque, OlovJohanson v<strong>ou</strong>lait être tranquille… À lamaison. Et c’est donc chez lui qu’il a poséses micros p<strong>ou</strong>r une musique de créationet de tradition emprunte de sérénitéet d’ampleur. Au départ l’idée était deconstruire sa musique en solo. Mais il neput résister à la tentation, p<strong>ou</strong>r notre plusgrand plaisir, de retr<strong>ou</strong>ver p<strong>ou</strong>r quelquesduos des compagnons de longue date :Mikaël Marin (violon et violoncelle), KalleAlmlöf (violon), Markus Svensson (nyckelharpa)et la harpiste Catriona McKay.P.K.Karim Baggili“D<strong>ou</strong>ar”(Home Records)Comme un "D<strong>ou</strong>ar el awal" que l'onlance à un taxi d'Amman p<strong>ou</strong>r se rendreau premier cercle (rond-point) de la ville,c'est vers un D<strong>ou</strong>ar simple, élégant et sereinque Karim Baggili convie l'auditeur.Un album solo, après de nombreusescollaborations, signé et arrangé par luimême.Entre métissage et mariage decultures, ce disque évoque t<strong>ou</strong>t à la foisle regard téméraire d'une danseuse deflamenco et ce petit goût sucré du d<strong>ou</strong>xthé béd<strong>ou</strong>in. Les notes orientales du <strong>ou</strong>d(le luth arabe, dont Karim est un adepteautodidacte) bercent harmonieusement,tandis que les mélodies aux arabesquesandal<strong>ou</strong>ses, envoûtantes, s’enchaînenten un éclair. Rencard réussi entre le labelHome Records et l'artiste belge d'originejordano-y<strong>ou</strong>goslave. Et le prochain rendez-v<strong>ou</strong>s,c'est à quel "d<strong>ou</strong>ar" ?G.W.


Dvd/Livreschroniques - mondomix.com - 48John Allen et Bella Le Nest<strong>ou</strong>r“Wijdan, le Mystère de la musique de transe gna<strong>ou</strong>a”(<strong>Mondomix</strong> éditions/Possible Pictures)Crépitements des qraqebs, grattements des karigans maliens (reco-reco métallique) et frappementsde mains : la culture de transe gna<strong>ou</strong>i n<strong>ou</strong>s invite dans ses t<strong>ou</strong>rbillons, ses mystères etses vertiges. "Rencontre des âmes " en arabe, Wijdan a t<strong>ou</strong>t d'une rencontre extraordinaire entreSibiré Samaké, le descendant de chasseurs maliens, j<strong>ou</strong>eur de donzo n'goni (harpe sans âge) etle maâlam Brahim El Belkani, Haj<strong>ou</strong>j (basse vrombissante) en main. Enracinés dans l’esclavage,les chants gna<strong>ou</strong>a sont d’ailleurs t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs partiellement interprétés dans la langue du chasseur,le bambara. Les ruelles de la médina mènent jusque dans l’intimité des rituels cérémonieux gna<strong>ou</strong>a,où des femmes en transe virevoltent jusqu’à épuisement. Une réalisation de John Allen qui,au-delà des concerts et festivals, décrit le mode de vie gna<strong>ou</strong>i comme planche de salut contre lasolitude de l’exil, thérapie de l'âme et du corps, <strong>ou</strong> encore ciment de la relation filiale. Cette vieillerencontre entre vaud<strong>ou</strong> et s<strong>ou</strong>fisme p<strong>ou</strong>rrait bien être une réponse au mystère de l’identité et dumétissage... "car qui connaît la c<strong>ou</strong>leur du p<strong>ou</strong>ssin avant qu'il éclose ?".Emir Kusturica"Le Temps des Gitans"(Carlotta/Columbia Tristar <strong>DVD</strong>)Chef d’œuvre incontestable et l’un des points de départ évidents de l’eng<strong>ou</strong>ement p<strong>ou</strong>r lesmusiques des balkans, Le Temps des Gitans est de ces films inusables qui se laissent voir etrevoir à l’infini. La triste histoire de l’apprentissage de Perhan d’abord enfant, musicien d<strong>ou</strong>é dep<strong>ou</strong>voirs extralucides et d’am<strong>ou</strong>r puis petit parrain abusé et p<strong>ou</strong>ssé au crime par de soi-disantprotecteurs est magnifiée par la caméra inventive de Kusturica et le recyclage habile du folklorer<strong>ou</strong>main par Goran Bregovic. Les deux hommes firent ensemble une autre œuvre singulière,Undergr<strong>ou</strong>nd, c<strong>ou</strong>ronné au festival de Cannes en 95, avant de se br<strong>ou</strong>iller et devenir frèresennemis, au point que le premier s’est lancé dans une carrière de musicien au sein du NoSmoking Orchestra et que le second envisage de faire des films (son opéra Karmen a d’abordété pensé p<strong>ou</strong>r le cinéma). Mais n<strong>ou</strong>s n<strong>ou</strong>s éloignons au lieu de vanter les mérites du Dvd debonus de la version collector. Interviews de Kusturica, présentation du village "Kustuland" quele réalisateur a fait bâtir en 2003 dans les montagnes serbes, témoignages d’amis et d’experts,évocation des comédiens au destin aussi tragique dans la réalité que dans la fiction… Un Dvdjubilatoire qui contentera les g<strong>ou</strong>rmets comme les g<strong>ou</strong>rmands.B.M.mondomix aime!<strong>DVD</strong> Moscow Art Trio"In concert"(Jaro/Abeille Distribution)Utilisant de grands plans fixes, cette captation d’un concert donné en Pologne restitue la forcecréative de ce trio né en 1990 de la rencontre du pianiste Mikhail Alperin, du corniste du BolshoïArkady Shilkloper et du folkloriste Sergey Starostin. En solo, le jazz d’Alperin a t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs distillédes sons juifs ukrainiens, moldaves, russes <strong>ou</strong> norvégiens. Son trio a approfondi ce parti prisesthètique. Les trois musiciens font circuler le son avec intensité en se déplaçant sur la grandescène : Alperin, parfois armé d’un melodica, et Starostin, qui déploie un art vocal puissant oùle yodel abonde et qui j<strong>ou</strong>e aussi du bugle et d’un immense cor des alpes, modulent avecinvention. Le riche bonus offre un échange entre les membres du trio sur les enjeux artistiquesde leur travail.P.C.Samuel ChartersLivre "Bebo Valdès, Portrait d’une légende cubaine"(Naïve)L’histoire de Bebo Valdès est probablement l’histoire rêvée p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>t écrivain. Il est l’un desnombreux –et grands– artistes cubains à avoir quitté l’ile p<strong>ou</strong>r les raisons politiques quel’on sait et p<strong>ou</strong>rsuivre leurs carrières à l’étranger. La plupart des exilés se sont retr<strong>ou</strong>vésaux Etats-Unis <strong>ou</strong> dans les Caraïbes. Mais Bebo après des années de t<strong>ou</strong>rnées, a poséses valises en Norvège. Il y rencontre Rose Marie, l’ép<strong>ou</strong>se et s’installe dans une banlieuede Stockhom, fait deux enfants, dont le pianiste Chucho, enseigne et j<strong>ou</strong>e dans les grandshôtels et les bars du pays. Quelques cinquante ans plus tard, il prend une retraite bienméritée, mais qui ne va pas durer. Le chanteur flamenco Diego el Cigala déc<strong>ou</strong>vre Bebodans Calle 54, le film culte sur le Latin jazz de Fernando Trueba. Cigalal contacte Trueba quicontacte Bebo, Le disque qui en résulte Lágrimas Negras – du nom d’un boléro du cubain– sort en 2004 et remporte un Grammy Awards. À près de 90 ans, Bebo Valdès ressortde l’ombre, mieux il redevient un incont<strong>ou</strong>rnable de la musique cubaine ; lui qui s<strong>ou</strong>lignequ’il a bien plus j<strong>ou</strong>é hors de ses frontières que sur sa terre. Une histoire hors du commundonc, mais malheureusement trop s<strong>ou</strong>vent polluée par des références et des digressionspas franchement indispensables et qui au contraire ont tendance à voiler l’humain p<strong>ou</strong>r nemontrer que l’artiste. Comme un grand déballage de disques p<strong>ou</strong>ssiéreux sans l’émotionqui va avec.Bérangère B<strong>ou</strong>vet


D e hors!Ne restez pas enfermés !Voici 14 bonnes raisons d’aller éc<strong>ou</strong>ter l’air du temps.01 02 03 04 0506 0708TinariwenLe blues t<strong>ou</strong>areg de Tinariwen envahira l’hexagone cet été avec lat<strong>ou</strong>rnée de leur dernier album, Aman Iman, le 1er juillet à Cergy (95), le2 à Aniane (34), le 4 à Bassens (33), le 26 à Ne<strong>ou</strong>les (83), le 10 août àAulnoye Aymeries (59), le 11 à Crozon (29), et le 14 à Luxey (40)Fnac forum (non confirmé)091113101214Summer Monday Parties au BatofarLe célèbre bateau r<strong>ou</strong>ge du quai François Mauriac à Parisaccueillera trois soirées musiques du monde : le slammarseillais de Frédéric Nevchehirlian le 23 juillet, lessambistas de Jota & companhia p<strong>ou</strong>r une soirée forró le30 et le prodige de la kora Maître Djé<strong>ou</strong>r Cissokho avec legr<strong>ou</strong>pe Allalaké p<strong>ou</strong>r une soirée sénégalaise le 6 août.Mango GadziLe tr<strong>ou</strong>pe déjantée de Mango Gadzi sera le 27 juillet auSentier des Halles parisien, et le 11 août à Sausset lesPins (13).Pura FéLa chanteuse amérindienne Pura Fé présentera Hold theRain au public de l’hexagone au mois de juillet : le 20 àChâlons en Champagne (51) et le 26, 27 et 28 à Cognac(16).WandjiLe musicien, auteur-compositeur camer<strong>ou</strong>nais sera le 21juillet à Rochefort (17).Seun KutiL’héritier de l’afrobeat sera le 12 juillet au Bataclanparisien, le 28 à Vence (6), le 4 août à Paimpol (22), le 9 àSète (34), le 12 à Crozon (29) et le 19 à Nancy (54).LenineLe génie de la musique brésilienne, fils du Nordeste, seraen concert le 5 juillet à la Cigale à Paris (75), le 19 àChateau Arn<strong>ou</strong>d Saint Auban (04) et le 21 à Lavault SaintAnne (03).T<strong>ou</strong>mani DiabatéLe légendaire j<strong>ou</strong>eur de kora sera le 1er juillet à Villeneuved'Ascq au festival les Mille et Une (Lille, 59), le 3 aufestival des 7 collines à Saint Etienne (42), le 23 au NiceJazz Festival (06), le 27 à Valence (26), et le 10 août aufestival du B<strong>ou</strong>t du Monde à Crozon (29).Ba CissokoLes Guinéens et leurs koras électriques seront le 20 juilletà Daumazan sur Arize (9), le 21 à Chanac (48), les 26 et27 à Martigues (13), et le 4 août ) Saint Florent (20).


L'agendaA Filetta : 4 août Vezelay (89) ; 8 Chambon (23)Adama Drame : 13 juil Achères (78) ; 18 Pl<strong>ou</strong>ha (22)Adama Yalomba : 21 juil Le Voide (49)Afel Boc<strong>ou</strong>m : 8 juil Chalons En Champagne (51)Africando : 5 juil Aix-en-Provence (13) ; 29 Vic Fezensac (32) ; 3 août Crest (26)Akli D : 21 juil Riberac (24) ; 10 août Chanteix (19)Alafia : 31 août Trélazé (49)Angelique Ionatos : 18 juil Robion (84) ; 28 Magnat L'étrange (23)Annie Ebrel : 6 juil Marseille (13) ; 16 Quimper (29) ; 20 août C<strong>ou</strong>thuresSur Garonne (47)Antibalas : 15 juil Mulh<strong>ou</strong>se (68) ; 17 Paris ; 28 Payzac (07) ; 9 aoûtSète (34) ; 11 Vence (06)Antiquarks : 14 juil Aix en Othe (10) ; 15 Aix Les Bains (73) ; 28Grenoble (38) ; 11 août Châlons en Champagne (51)Ba Cissoko : 20 juil Daumazan Sur Arize (09) ; 21 juil Chanac (48) ; 26,27 juil Martigues (13)Baaziz : 14 juil Châlons en Champagne (51)Baba Zula : 4 août St Nazaire (44)Badila : 25 juil St Siffret (30)Bagad De Lann Bih<strong>ou</strong>e : 21 juil Arles (13) ; 9 août Lorient (56)Bagad Kemper : 16 juil Quimper (29) ; 11 août Crozon (29)Balkan Beat Box : 4 juil Paris ; 5 Rennes (35) ; 7 Paris ; 11 Nice (06) ;10 août Aulnoye (59) ; 11 Vezins (12) ; 12 Crozon (29) ; 14 Luxey (40)Barbara Luna : 7 juil St Florentin (89)Bebey Prince Bissongo : 3 juil Chambery (73) ; 8 Cannet Des Maures(83) ; 10 Oullins (69) ; 12 Venissieux (69)Beltuner : 16 juil Millau (12)Beñat Achiary : 28 juil Langon (33) ; 7 août Nantes (44) ; 12 BagneresDe Bigorre (65)Bevinda : 25 juil Bonny Sur Loire (45)Biy<strong>ou</strong>na : 12 juil Venissieux (69) ; 17 Rennes (35)Bonga : 7 juil Bonlieu Sur R<strong>ou</strong>bion (26)Boni Gnahoré : 27, 28 et 29 juil Cajarc (46)Bratsch : 12 juil Aix en Othe (10) ; 14 juil La Rochelle (17) ; 15 StChartier (36) ; 19 Lons Le Saunier (39) ; 21 Daumazan Sur Arize (09)Buika : 4 août Port Leucate (11) ; 19 août ParisBurhan Ocal : 10 juil Limas (69) ; 4 août St Nazaire (44) ; 11 Vence(06) ; 12 Crozon (29)Candido Fabre Y Su Banda : 27 juil Vic Fezensac (32)Capercaillie : 10 août Lorient (56)Carlos Nuñez : 21 juil Arles (13)Cesaria Evora : 11 juil Béziers (34) ; 20 juil Cussac Fort Medoc (33) ; 21juil Deauville (14) ; 11 août Crozon (29)Cheikha Rabia : 13 juil Grenoble (38); 15 Châlons en Champagne (51) ;18, 19, 20 et 21 ParisChucho Valdes : 12 juil Vienne (38), 18 Montauban (82); 20 Lyon (69) ;29 Paris ; 4 août Murviel Les Beziers (34)Congo Punq : 12, 21 juil ParisCristina Branco : 12 juil Beziers (34)Daby T<strong>ou</strong>ré : 6 juil Thiers (63) ; 14 Maintenon (28) ; 17 Rennes (35) ; 22St Marcel D’Ardèche (07) ; 18 août Billiers (56)Danyel Waro : 13 juil Arles (13) ; 17 juil Etaples (62) ; 22 juil Meze (34) ;23 juil Grasse (06) ; 12 août Crozon (29)Davy Sicard : 13 juil La Roche Sur Yon (85) ; 20 St Pierre De Chartreuse(38) ; 22 Sallanches (74); 25 Recy (51)Debashish Bhattacharya : 25, 26, 27, 28 juil Cognac (16)Dede St Prix : 21 juil ParisDee Dee Bridgewater : 1er juil Enghien Les Bains (95) ; 5 Vienne (38) ;18 Carcassonne (11) ; 23 Nice (06) ; 28 Marseille (13) ; 4 août Binic (22)Denez Prigent : 18 juil Quimper (29)Desert Rebel : 6 juil Cannes (06) ; 7 Châlons en Champagne (51) ; 15Th<strong>ou</strong>ars (79) ; 19 St Marcel D'Ardèche (07) ; 20 Chanac (48)Diego Amador : 6 juil Rennes (35); 10 juil Arles (13)Diego El Cigala : 21 juil Nice (06)Dizu Plaatjies : 7 juil Villars Les Dombes (01)Dje<strong>ou</strong>r Cissokho : 6 août ParisDobet Gnahoré : 7 juil Marseille (13) ; 17 Grenoble (38) ; 3 août Pornic(44) ; 7 Angers (49) ; 11 Crozon (29)Duo Chemirani & Carlo Rizzo : 10 août St Pierre De Chartreuse (38)Duquende : 19 juil Argelès Sur Mer (66)Eddie : 6 juil Paris ; 21 juil Monleon Magnoac (65)Elbicho : 21 juil Nice (06)Ellika et Solo : 21 juil Daumazan Sur Arize (09) ; 22 Salleles D'aude (11)Ensemble Shanbehzadeh : 2 août Nantes (44)Erik Marchand : 22 juil Loon Plage (59) ; 4 août Paimpol (22)Esma Redzepova : 10 juil Panissieres (42) ; 13 Arles (13)Falak : 19 juil ParisFanfare Vagabontu : 6, 7, 8 juil Thiers (63)Fanga : 7 juil Cannes (06) ; 22 Sallanches (74) ; 7 août Sète (34) ; 25Saulge L'hôpital (49)Fatima Spar : 4 août Miramont De Guyenne (47)Fethi Tabet : 13 juil Robion (84) ; 19 La Redorte (11) ; 21 Meze (34)Francoise Atlan : 11 juil Arles (13)Gabriela Mendes : 25 juil Nice (06) ; 19 août Barcelonnette (04)Gangbe Brass Band : 21 juil St Marcel D’Ardèche (07)Gilberto Gil : 20 juil Antibes (06); 6 août Marciac (32)Gnawa Diffusion : 12 juil Châlons en Champagne (51) ; 19 Th<strong>ou</strong>ars(79) ; 21 Riberac (24) ; 25 Vienne (38) ; 28 Grenoble (38) ; 3 août Genille(37) ; 4 Selestat (67)Goran Bregovic : 4 août Crest (26)Guem : 21 juil ParisHad<strong>ou</strong>k Trio : 7 juil Maintenon (28) ; 15 juil Millau (12) ; 20 juil CussacFort Medoc (33)Heleno Dos 8 Baixos : 14 juil St Chartier (36) ; 20 Monleon Magnoac (65);26 Marseillan (34); 10 août Aulnoye Aymeries (59); 11 Aulnoye Aymeries(59) ; 12 Aulnoye Aymeries (59)Idir 11 août Vezins De Levez<strong>ou</strong> (12)Imghrane : 13 juil Nantes (44)Interzone : 5 juil Rennes (35) ; 6 Lormont (33) ; 22 Carhaix Pl<strong>ou</strong>guer (29)Ismaël Lô : 7 juil Cannes (06) ; 17 Quimper (29) ; 21 St Marcel (07) ;5 août Paimpol (22) ; 8 Marseillan (34)Israël ‘Cachao’ López : 27 juil Vic Fezensac (32) ; 1er août Paris ;8 Sète (34)Jean Luc Amestoy Trio : 18 juil T<strong>ou</strong>l<strong>ou</strong>se (31)Jimmy Bosch : 8 août Sete (34)Johnny Clegg : 6 juil Chatillon Sur Chalaronne (01) ; 7 Avoine (37) ;12 Landerneau (29) ; 15 Pamiers (09) ; 3 août Paimpol (22) ; 7 Sète(34) ; 9 Vence (06)Juan Carmona : 23 juil Patrimonio (20) ; 27, 28 Olli<strong>ou</strong>les (83) ; 29Rem<strong>ou</strong>lins (30) ; 21 août Grimaud (83)Juan Jose Mosalini : 22 juil Guidel (56)Julien Jacob : 14 juil St Hilaire De Chaleons (44)Justin Vali : 22 juil Pailhares (07)Katia Guerreiro : 28 juil Martigues (13) ; 31 juil Grimaud (83)Kekele : 20 juil Grenoble (38) ; 26 juil Vic Fezensac (32)Kid Creole & The Coconuts : 6 août Le Lavand<strong>ou</strong> (83)Kocani Orkestar : 29 juil Châlons en Champagne (51) ; 3 août LaRoche Sur Yon (85) ; 4 L<strong>ou</strong>vigne Du Désert (35)Konono N°1 : 8 juil Paris ; 11 juil Arles (13)Kristo Numpuby : 18 juil Paris ; 29 juil Cajarc (46)L'Ham De Foc : 14 juil St Chartier (36)La Caravane Passe : 7 juil Nogent (28) ; 10 Paris ; 12 Aix en Othe(10) ; 14 Paris ; 21 Auray (56) ; 4 août Miramont (47) ; 18 Billiers (56)La Charanga Habanera : 18 août Vence (06)Le Temps Des Gitans - Emir Kusturica : 2, 3, 5, 6, 8, 9, 11, 12, 14,15 juil ParisLenine : 5 juil Paris ; 19 Chateau Arn<strong>ou</strong>x (04) ; 21 Lavault Ste Anne(03)Les Barbarins F<strong>ou</strong>rchus : 7 juil Les Adrets (38) ; 20 Sallanches (74)Les B<strong>ou</strong>kakes : 12 juil Arles (13)Les Espoirs De Coronthie : 7 juil Nostang (56) ; 26 B<strong>ou</strong>rganeuf (23)Les Maitres Du Bélé : 21 juil Paris ; 22 juil B<strong>ou</strong>logne Sur Mer (62)Les Musiciens Du Nil : 1er août Arles (13)Les Soeurs Faez : 27 juil Flaux (30) ; 1er, 3, 4, 5 août ParisLes Trompettes Du Mozambique : 7 juil Pont Scorff (56) ; 8 Rennes (35)L'hijaz'car : 15 août La Petite Pierre (67)Lo Còr De La Plana : 12 juil Béziers (34) ; 15 ParisLo'jo : 7 juil F<strong>ou</strong>gères (35) ; 3 août Paimpol (22) ; 9 Nantes (44)Los Van Van : 21 juil Vence (06) ; 22 La Seyne Sur Mer (83) ; 3 aoûtSète (34)Lura : 11 juil St Just St Rambert (42) ; 13 juil Marseille (13) ; 20 StMarcel D’Ardèche (07), 5 août Paimpol (22)Luzmila Carpio : 25, 27, 29 juil Martigues (13)Madina N'diaye : 17 juil Montselgues (07)Mahm<strong>ou</strong>d Ahmed : 3 juil Cenon (33) ; 15, 16, 17, 18 Paris ; 19Arpaillargues (30) ; 20 Marseille (13)Mal<strong>ou</strong>ma : 21 juil La Roche Sur Yon (85)Mamani Keita : 17 juil Marseillan (34) ; 20 juil Robion (84) ; 28 juilVence (06) ; 3 août Genille (37)Mamar Kassey : 29 juil St Pern (35)Mango Gadzi : 26 juil Paris ; 11 août Sausset Les Pins (13)Manu Dibango : 7 juil Vauvert (30) ;13 Vienne (38) ; 25 Nice (06) ;28 Marc Perrone : 9 juil Porquerolles (83) ; 14 juil Paris ; 29 juilBarjac (30)Mark Atkins : 13 juil Mulh<strong>ou</strong>se (68) ; 1er août Paris ; 4 Lyon (69)Marz<strong>ou</strong>g De Biskra : 13 juil St Chartier (36)Mayra Andrade : 12 août Crozon (29) ; 18 La Roche Sur Yon (85)Meissa : 28 juil Cajarc (46)Melingo : 17 juil Grimaud (83) ; 18 Grenoble (38)Michel Etchekopar : 12 août Bagneres De Bigorre (65)Monica Passos : 6 juil Trets (13) ; 14 Arles (13) ; 25 Hyères (83) ;28 Vannes (56)Moriba Koita : 11 juil Porquerolles (83)Mory Kanté : 21 juil Rochefort (17) ; 27 juil Cajarc (46) ; M<strong>ou</strong>ssu T e LeiJovents : 13 juil La Rochelle (17) ; 22 Draguignan (83) ; 27 Sumene (30)Mystic Revelation of Rastafari : 5 juil Paris ; 7 Gignac (34) ; 13Venissieux (69) ; 20 Nice (06)Najim : 12 juil Grenoble (38) ; 28Cajarc (46)Natacha Atlas : 3 août St Nazaire (44)Neapolis Ensemble : 14, 15 juil St Chartier (36)Norig : 12 août ParisOfficina Zoe : 31 juil St Quentin (30) ; 3, 4 août St Nazaire (44)Ojos De Brujo : 25 août Corsept (44)Olli And The Bollywood Orchestra : 21 juil Rosny S<strong>ou</strong>s Bois (93)Omar Sosa : 20 juil Eymet (24) ; 21 Millau (12) ; 3 août Crest (26) ;8 Sète (34)O.N.B. : 6 juil Aix en Provence (13) ; 7 Thonon (74) ; 21 Chanac (48) ;28 Biarritz (64) ; 4 août Lyon (69)Orlando Valle : 12 juil Vienne (38) ; 16 Montauban (82) ; 24 Angers(49) ; 26 Pornichet (44) ; 27 Vic (32) ; 12 août Chedigny (37)Orlando Poleo : 14 juil ParisOrquestra Do Fuba : 13 juil Th<strong>ou</strong>ars (79) ; 18 juil Manosque (04)Ousmane T<strong>ou</strong>ré : 17 juil Angers (49) ; 19 juil Pornichet (44)Parissi : 28 juil St Aubin Chateauneuf (89)Parno Graszt : 8 juil Bonlieu Sur R<strong>ou</strong>bion (26)Pascal Of Bollywood : 12 juil Nice (06)P<strong>ou</strong>m Tchack : 4 juil Aix en Provence (13) ; 20 juil Olonzac (34)Pura Fé : 20 juil Chalons en Champagne (51) ; 26, 27 28 juil Cognac (16)Rachid Taha : 17 juil Salon De Provence (13) ; 25 juil Lure (70) ; 28juil Sumene (30) ; 3 août Port Leucate (11)Rassegna : 6 juil Marseille (13) ; 22 Beaucaire (32) ; 29 Martigues(13) ; 31 St Laurent De Carnols (30) ; 20 C<strong>ou</strong>thures Sur Garonne (47)Raul Barboza : 28 juil Langon (33)Raúl Paz : 19 juil B<strong>ou</strong>logne Sur Mer (62) ; 22 Carhaix Pl<strong>ou</strong>guer (29) ;Le chant dhrupad est l’une des formes les plus anciennes de la musiqueclassique indienne, défendue depuis 20 générations de virtuoses par la familleDagar. L’immense Wasifuddin Dagar sera le 13 juillet au SUDS, à Arles p<strong>ou</strong>r unmoment très précieux.En partenariat avec :INFOCONCERT.COMConcerts et festivals : information et réservation surwww.infoconcert.comEc<strong>ou</strong>tez le fil d’infos live sur Infoconcert Radio 100% live,24h/2423 Nice (06) ; 26 R<strong>ou</strong>en (76) ; 4 août Lyon (69) ; 18 Billiers (56)Regis Gizavo : 5 juil F<strong>ou</strong>gères (35) ; 26 juil Cajarc (46)Richard Bona : 17 juil Xanton Chassenon (85) ; 19 juil ChateauArn<strong>ou</strong>x St Auban (04) ; 20 juil Antibes (06) ; 21 juil Meze (34)Roberto Fonseca : 6 août Marciac (32)Rokia Traoré : 15 juil Ville Aux Dames (37) ; 20 St Pierre DeChartreuse (38) ; 21 Meze (34) ; 27 Vence (06) ; 4 août Paimpol (22)Romano Drom : 29 juil Langon (33)Rona Hartner : 13 juil Montmartin Sur Mer (50) ; 16 Paris ; 19 Rennes (35)Salif Keita : 10 août Benodet (29) ; 11 août Crozon (29)Sally Nyolo : 10 août Crozon (29)Santa Macairo Orkestar : 7 juil Pessac (33) ; 20 Riberac (24) ; 3 aoûtLa V<strong>ou</strong>lte (07) ; 25 Angers (49) ; 26 Corsept (44) ; 31 Epernay (51)Septeto Nacional : 23 juil Hyères (83)Seun Kuti : 28 juil Vence (06) ; 4 août Paimpol (22) ; 9 Sète (34) ; 12 Crozon (29)Shri : 21 août Megeve (74)Silverio Pessoa : 12 août Crozon (29)Slonovski Bal : 21 juil Robion (84) ; 1er août La Motte Chalancon (26) ; 2St Romain (07) ; 4 Habere (74) ; 10 Dampierre (70) ; 24 Labeaume (07)So Kalmery : 23 juil Nice (06)Soig Siberil : 20 juil Quimper (29)Sylvie Berger : 28 juil Lormes (58)Tamb<strong>ou</strong>rs De Brazza : 7 juil Nostang (56) ; 22 Paris ;Tania Maria : 10 août Pornic (44)Tara Fuki : 7 juil St Leger S<strong>ou</strong>s Beuvray (71)Taraf G<strong>ou</strong>lamas : 5 août Embrun (05)Taxi Luna/O'djila : 20, 25, 28 juil ParisTchavolo Schmidt : 12 août La Petite Pierre (67)Tcheka : 26 juil Cajarc (46)Terakaft : 7 juil F<strong>ou</strong>gères (35)The Dubliners : 4 août Lorient (56)Thierry ‘Titi’ Robin : 13 juil Arles (13) ; 17 Etaples (62) ; 22 Meze(34) ; 23 Grasse (06) ; 12 août Crozon (29) ; 14 Luxey (40)Tiken Jah Fakoly : 22 juil St Marcel D’Ardèche (07)Tinariwen : 26 juil Ne<strong>ou</strong>les (83) ; 10 août Aulnoye; (59) ; 11 Crozon(29) ; 14 Luxey (40)Toko Blaze : 27 juil Martigues (13) ; 9 août Sausset Les Pins (13)Toma Sidibé : 6 juil Amboise (37) ; 7 Avallon (89) ; 13 Aix en Othe (10)Tomatito : 21 juil Nice (06)T<strong>ou</strong>mani Diabaté : 23 juil Nice (06) ; 10 août Crozon (29)T<strong>ou</strong>mast : 6 juil Aix en P. (37) ; 10 Châlons en Champagne (51)T<strong>ou</strong>ré Kunda : 7 juil Avallon (89) ; 27 Vence (06) ; 3 Paimpol (22) ; 25Pl<strong>ou</strong>gonvelin (29)Transglobal Undergr<strong>ou</strong>nd : 4 août St Nazaire (44)Trilok Gurtu : 7 juil C<strong>ou</strong>ches (71)Trio Madeira Brasil : 23 juil Patrimonio (20)Urs Karpatz : 7 août Allassac (19) ; 23 août B<strong>ou</strong>rg De Peage (26)Veronika B<strong>ou</strong>lytcheva : 23 juil ParisVertiges - Tony Gatlif : 5 juil Perpignan (66) ; 10 juil Arles (13) ;22 juilWandji : 21 juil Rochefort (17) ; 12 ParisWarsaw Village Band : 16 juil Wimereux (62)William Vivanco : 12 août Chedigny (37)Willie Colon : 29 juil Vic Fezensac (32)Yakh<strong>ou</strong>ba Sissokho : 30 août ParisYann Fanch Kemener : 22 juil Loon Plage (59)Yasmin Levy : 14 juil Beziers (34) ; 17 T<strong>ou</strong>l<strong>ou</strong>se (31) ; 19 Angers (49) ; 20St Georges Du Bois (49) ; 22 Châlons (51) ; 24 Laval St Roman (30)Y<strong>ou</strong>ss<strong>ou</strong> N'd<strong>ou</strong>r : 10 juil Le Cannet Cote D'azur (06)Yuri Buenaventura : 6 juil F<strong>ou</strong>gères (35) ; 7 juil Rosny S<strong>ou</strong>s Bois (93) ; 20juil Brive La Gaillarde (19) ; 28 juil Vannes (56) ; 2 août Albi (81)Zao : 3 juil Chambery (73) ; 20 juil Pertuis (84)Zaragraf : 12 juil Robion (84)Zuco 103 : 12 juil Paris ; 13 juil Le Puy En Velay (43)credit


WWLa prochaine parutionLe n°24 (septembre/octobre 2007) de <strong>Mondomix</strong> sera disponible fin août.Retr<strong>ou</strong>vez la liste complète de nos lieux de diffusion surwww.mondomix.com/papier<strong>Mondomix</strong> remercie le ministère de la culture p<strong>ou</strong>r son s<strong>ou</strong>tien et t<strong>ou</strong>s les lieux qui accueillent le magazine dansleurs murs, les FNAC, les magasins Harmonia Mundi, les espaces culturels Leclerc, le réseau Cultura, l’Autre Distribution,le Staf Corso ainsi que t<strong>ou</strong>s nos partenaires p<strong>ou</strong>r leur <strong>ou</strong>verture d’esprit et leur participation active à ladiffusion des musiques du monde.Chaque mois, retr<strong>ou</strong>vez le sélection <strong>Mondomix</strong> des albums dumoment sur www.alapage.comABONNEZ-VOUS ÀEt choisissez le <strong>CD</strong> de bienvenue que v<strong>ou</strong>s s<strong>ou</strong>haitez recevoir :. Backspin, la compilation fêtant les 10 ans du label Six Degrees avecKarsh Kale, Niyaz, Ojos de Brujo.... La compilation du label Home Records Vol 2, à la croisée des traditionseuropéennes et des musiques classiques et contemporaines.dans la limite des stocks disponiblesMONDOMIX - Rédaction9 cité paradis – 75010 ParisTel. : 01 56 03 90 89Fax : 01 56 03 90 84e-mail : redaction@mondomix.comEdité par <strong>Mondomix</strong> Media S.A.R.L.Directeur de la publication :Marc Benaïchemarc@mondomix.comRédacteur en chef :Benjamin MiNiMuMbenjamin@mondomix.comConseiller éditorial :Philippe Krümmphilippe@mondomix.comSecrétaire de rédaction :Fabien Maisonneuvefabien@mondomix.comDirection artistique :Jonathan Feyerjonathan@mondomix.comOnt collaboré à ce numéro :François Bensignor, Philippe Béranger,Smaël B<strong>ou</strong>aici, Bérangère B<strong>ou</strong>vet,Jean-Stéphane Brosse, Jean-PierreBruneau, Arnaud Cabanne, ÉglantineChabasseur, Pierre Cuny, PatrickLabesse, Élodie Maillot, Yannis Ruel,Squaaly, Yves Tibor.C<strong>ou</strong>verture :Mario GuerraChef de publicité/partenariats :Laurence Gilleslaurence@mondomix.comProjets spéciaux :Laurent Benham<strong>ou</strong>laurent@mondomix.comPublicité grands comptes :PROXIREGIEwww.proxiregie.frTirage : 100 000 ex.<strong>ou</strong>i, je s<strong>ou</strong>haite m’abonner à <strong>Mondomix</strong>,p<strong>ou</strong>r 1 an (soit 6 numéros) au tarif de 29 € TTC envoi en France métropolitaine.NomAgeVillePayse-mailOù avez-v<strong>ou</strong>s tr<strong>ou</strong>vé <strong>Mondomix</strong> ?PrénomAdresseCode PostalImpression :Assistance PrintingDépôt légal :à parutionN° d’ISSN : 1772-8916Copyright <strong>Mondomix</strong> Média 2007GratuitRéalisation :Le Studio <strong>Mondomix</strong>info@studio-mondomix.comT<strong>ou</strong>te reproduction, représentation, traduction <strong>ou</strong>adaptation, intégrale <strong>ou</strong> partielle, quel qu’en soitle procédé, le support <strong>ou</strong> le média, est strictementinterdite sans l’autorisation de la société <strong>Mondomix</strong>Média.Renvoyez-n<strong>ou</strong>s votre c<strong>ou</strong>pon rempli accompagné d’un chèque de 29 €Hors France métropolitaine : 34 € - n<strong>ou</strong>s consulter p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>t règlement par virementà l’ordre de <strong>Mondomix</strong> Média à l’adresse suivante :<strong>Mondomix</strong> Média9, cité Paradis 75010 ParisTél : 01 56 03 90 87abonnement@mondomix.com

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!