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Katia Guerreiro - Mondomix

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C1-40-MMP001 22/11/03 16:56 Page 1ManuDibangoIl y a 30 ans,Soul Makossapage 7DenezPrigentNuit celtique...et de deux !page 36<strong>Katia</strong><strong>Guerreiro</strong>Le fado pur et simplepage 17Ti ken Ja hVi c t o i re d’unevoix ivoiriennepage 26Mario PachecoAu son du flamenco, il allume20 bougies pour célébrerl’anniversaire de son labelindépendant Nuevos Medios.page 23Monter l’aïoliMarseille a accueilli les musiques dumonde au “Strictly Mundial” et y a présentéses artistes. Occasion rêvée d’enquêtersur une ville naturellement métisse.page 8


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C1-40-MMP001 22/11/03 16:56 Page 3Édito’s<strong>Mondomix</strong> Papier :un pari pour la diversitéUn mensuel papier gratuit sur toutes les musiques du monde. Utopie,h é r é s i e ? Non, simplement passion. Et pourquoi un gratuit ? Pour aller àla re n c o n t re du plus grand nombre possible de lecteurs. Une revue payanteest distribuée par les MLP ou les NMPP. Pour toucher du monde etconquérir de nombreux lecteurs, il faut « m e t t re beaucoup de papier chezles marchands de journ a u x » (comme disent les professionnels). Il faut eng ros, et dans le meilleur des cas, un tirage du double du nombre d’acheteursque l’on compte conquérir… Sans oublier un budget délirant pour lemarketing et la promotion. On parle d’un minimum de 3 millions d’euro spour lancer un mensuel espérant toucher plus de 50 0 0 0 l e c t e u r s .Aujourd’hui, les magazines musicaux vivent ou survivent non pas par lesgains que génère la distribution en kiosque, mais par les abonnés et principalementpar les recettes de la publicité. Tiens, voilà, le vilain mot estlâché. Car si un journal gratuit ne vit que de la publicité, il est forc é m e n tinféodé aux annonceurs ! Eh bien, pas plus que les payants. En eff e t ,comme je le soulignais plus haut, la distribution en kiosque n’apport epas l’émancipation. Elle ne permet pas de se passer des annonceurs. Etsi une rédaction aff i rmait qu’elle n’a aucun lien avec sa régie publicitaire,elle provoquerait certainement au minimum de très beaux souriressur le visage de nombreux journalistes. La relation de la pub et du texteest une question de dosage et, allez, osons un grand mot, de déontologie.Alors voilà, on ne lave pas plus blanc que les autres. Mais nous avonsenvie que le plus grand nombre de personnes puissent lire chaque moisquelques lignes sur les musiques et sur les hommes qui font et qui sontles musiques du monde. C’est pour cela que le magazine que vous aveze n t re les mains a été tiré à 100 0 0 0e x e m p l a i res. Ce qui nous situe d’emblée,sur le plan de la quantité, parmi les jolis tirages. Surtout que voussaurez au moins 60 000 à le prendre. Et si vous le prêtez à un ou deuxcamarades, imaginez : nous aurions un lectorat digne des plus grands magazines. Incro y a b l e ,non ? « Oui. Mais dans un gratuit, il n’y aura pas de rédactionnel ? On ne retrouvera pas laplume de vrais journalistes ? » Et pourquoi le fait d’être gratuit serait-il synonyme de n’importequoi ? Voilà encore une stupide idée à rejeter.Nous ne sommes pas un journal de petites annonces. Même un gratuit possède son économieet peut faire vivre (piger) des journalistes, des graphistes dignes de ce nom. Nous allonsessayer de vous le prouver chaque mois. Là encore, certains ne veulent pas changer lesrègles. Les journaux doivent être payants. Distribués par les messageries de la presse. Ehbien, non ! Nous tenterons de démontrer qu’ils peuvent être gratuits, de qualité, et distribuéspar des réseaux parallèles. Nous irons vers les lecteurs.P roposer un magazine gratuit ne veut pas dire que nous revendiquons d’être des marg i n a u x ,en dehors de l’économie. Au contraire, nous voulons être totalement dans le business de lamusique et de la presse musicale. Mais d’une autre manière. Nous pourrons enfin nous battreet revendiquer la place qui revient aux musiques du monde. C’est-à-dire à des musiques, desvoix, des instruments, des hommes et des femmes qui ne viennent pas de nulle part.Aujourd’hui, des journaux magiques et mythiques tels que Village-Voice de New York ou leO ff - B e a t de La Nouvelle-Orléans ont choisi la gratuité ! Aussi, à l’écoute d’un monde quitend à s’uniform i s e r, sans toutefois être des “agités du global” (pour re p re n d re une jolief o rmule des I n ro c k u p t i b l e s), nous aff i rm e rons grâce à <strong>Mondomix</strong> Papier — comme nousle faisons depuis des années mais maintenant peut-être avec un peu plus de forc e —que « rien n’est beau sans la diversité ».Philippe KrümmMusiciens, Afrique de Sud, 1900.VigilancecosmopoliteCosmopolite : « adj. (1560 ;g r. Kosmopolitês, de politês« c i t o y e n »). 1) Qui se considè re comme citoyen de l’univers; qui vit indifféremmentdans tous les pays. 2) Quis’accommode de tous lespays, de mœurs nationalesv a r i é e s . » (Petit Robert —D i c t i o n n a i re de la languefrançaise)La globalisation bat son plein e tva-t-en guerre. À la culture d emasse, à la pensée unique e tpolitiquement correcte, u n ec u l t u re des identités, une c u l-t u re de la diversité, s’opposeet gronde. En France, au moisde mai 2002, un sursautp o p u l a i re est venu balayer unpopulisme pervers qui, contrele métissage des Nations, veutimposer le con- cept malade de« p r é f é rence nationale » . U n evigilance cosmopolite se metpéniblement en place.Un beau jour de printemps ily a cinq ans, une petite équipe de journalistes, internautes dela pre m i è re heure, décident de lancer un magazine en lignesur les musiques dites « du monde » . Ces musiques des« a u t re s », de l’étranger, du diff é rent qui chaque jour nousd é m o n t re à quel point cette diff é rence créée des magiesinsoupçonnées que nous pouvons universellement part a g e r.Pour nous, Internet est le lieu du cosmopolite, où l’identitéest un moyen de reconnaissance et non d’exclusion. Sur leweb, il n’y a pas de « p r é f é rence nationale », le monde parleau monde et virtuellement, nous sommes aussi bien à Paris,Bamako ou Rio. Il suffit de tracer la route des trames IP( I n t e rnet Protocol) pour se re n d re compte de cette immensetoile vivante qui se tisse entre chaque internaute. C’est pourquoidepuis cinq ans, nous nous efforçons chaque semainede rendre compte de la diversité musicale sur www.mondomi x . o rg. Aujourd’hui, nous prolongeons l’aventure sur lepapier pour porter ce message là où il n’y a pas deconnexions : sous votre bras, sur vos genoux, et dans votrelit. Sur le web et sur le papier, nous demeurons gratuit car lemétissage est d’abord un message de générosité.Marc Benaïche• Rédaction :3 rue Basfroi — 75011 Paris.Tél. : 01 43 67 02 00Fax : 01 43 67 02 40e-mail : papier@mondomix.com• Édité par ABC S.A.R.L. et<strong>Mondomix</strong> Média S.A.R.L.• Directeur de la publication :Marc Benaïche.e-mail : marc@mondomix.com• Rédacteur en chef :Philippe Krümm.e-mail : pkrumm@mondomix.com• Rédacteur en chef adjoint :Benjamin MiNiMuM.e-mail : benjamin@mondomix.com• Ont collaboré à ce numéro :Paul Barnen, François Bensignor,Étienne Bours, Aurélie Boutet,J e a n - P i e re Bruneau, David Commeillas,les CosmoDJs (DJ Tibor et Big Buddha),Bertrand Dicale, Jean-JacquesDufayet, Arnaud Garrigues, BlaiseGoldenstein, Sophie Guerinet,Yann-Fanch Kemener, Henri Lecomte,Roland Manuel, Marushka, Smaïn N.,Karine Penain, Claude Sicre,Sandrine Teixido, Frank Tenaille,Zandoli.• Photographe :Bill Akwa Betote.• Direction artistique :Tania Latchman.e-mail : tania@mondomix.comHugues Boucry.e-mail : hugues@mondomix.com• Secrétaire de rédaction :François Guibert.e-mail : guibert@mondomix.com• Marketing & distribution :Karine Penain.e-mail : karine@mondomix.com• Publicité :Maurice Bruneau.Tél. : 01 64 95 09 99.Fax : 01 69 95 07 13Laurent Lachaud (Fun Book).Tél. : 01 53 24 53 00• Impression :Assistance Printing.• Dépôt légal :à parution.Toute reproduction, représentation,traduction ou adaptation, intégrale oupartielle, quel qu’en soit le procédé, lesupport ou le média, est strictementinterdite sans l’autorisation de lasociété ABC S.A.R.L.• N° d’ISSN :en cours.Copyright ABC / <strong>Mondomix</strong> Média 2003.<strong>Mondomix</strong> Papier, gratuit.Tirage : 100 000 exemplaires.


C1-40-MMP001 22/11/03 16:56 Page 44 ExpressoComment appeler ces musiques ?C’est le défi que me lance le rédacteuren chef, en ajoutant : « Faire court ! »Il me sait spécialiste de ces semblepinailleriesqui ont pour moi uneimportance capitale : comme onnomme on pense, comme on pense onvit, comme on vit on musique. Ceci dit,de quelles “ces musiques” veut-il que jeparle ? Il me l’a pas dit, bien sûr. Pourme le dire, il aurait eu besoin du termegénérique que justement il me demande.Alors je me lance à l’aveuglette, enessayant de trouver des principes.Musiques trad’ ? Raccourci de “traditionnelles”. Expression qui, historiquement,ne vient pas de “tradition” opposé à “moderne” mais del ’ e x p ression, employée en ethnologie, “musiques de tradition orale”(ou “populaire”, ou “rurale”, ou “folklorique”). Dans cette expression, “tradition”veut dire “transmission”. Et on est obligé de qualifier (oral, rural, etc.) lemode de transmission, sinon ça ne veut rien dire. Pour faire bref, on a re m p l a c éle complément de nom (“de tradition machin”) par l’adjectif (“traditionnelles”),ce qui fait que personne n’a pu voir l’origine du terme (donc n’a pu voir l’histoirede la pensée de la musique qui va avec). Du coup, en général, on compre n d“tradition” opposé à “moderne” (1). “Trad” veut alors dire, vaguement, musiqueayant un passé plus ou moins institutionnel. Mais quelle durée doit avoir eu cepassé ? Question sans réponse. La musique classique a une véritable et trèslongue tradition. Le rock en a une plus courte mais elle l’a. Tout ça ne signifierien. Nomme, simplement, etc’est déjà pas si mal. Il fallaitbien un terme pour encadrer dest rucs flous, en 1981, lorsquel’administration a décidé de s’occuperde ces musiques. Et lesacteurs du “folk”, pourc o n v a i n c re cette même administration,au même moment, avaitbesoin d’un terme plus “sérieux”.“ Traditionnel”, ça évoque le patrimoine,le vocabulaire ministérielpeut l’accepter. Et ça corre s p o n-dait à une réalité : les concerts de“folk” étaient en déclin, parc o n t re l’intérêt pour l’enseignement,le collectage, la re c h e c h e ,la lutherie, la danse, etc., allaitc roissant. Petite histoire des mots et, par-dessous, petite histoire des faits etdes idées.Musiques du monde ? Traduction de world music. Correspond plus à uncréneau — très larg e — commercial, qu’à une définition (2). Toutes lesmusiques sont du monde, sinon d’où ? “Musiques des peuples du monde”est mieux. S’oppose, mais pas vraiment, à musiques d’artistes, œuvres méditéesde recherche individuelles, éventuellement cosmopolites.Musiques ethniques ? Ça marche. Mais pas partout. Une ethnie est une communautédont les membres sont liés par des facteurs culturels (et non biologiques,comme on le croit souvent) : langue, histoire, religion, coutumes, org a-nisation sociale ou politique. Désigne une communauté fortement déterm i n é e .Mais, ici ou là, des pratiques musicales communautaires peuvent traverser desreligions, des histoires diff é rentes. Et pas d’ethnies en Europe, à mon sens.Musiques communautaires ? Ça marche très bien. Si on l’oppose àmusiques de “groupes”. Car la musique (toutes), ça sert à créer unecommunauté. Éphémère (un soir, un concert, jouer, danser, chanter,ou simplement écouter, ensemble). Ou recréer une communautéplus stable (tribus, communauté religieuse, nation…). Ici, la “communauté”s’oppose à “groupe”, en ce sens que la communauté possèdedes valeurs que la musique a pour mission de fêter (illustre r,re n f o rc e r, etc.) alors que pour le groupe, c’est telle musique qui estla valeur commune principale, que fonde le groupe comme tel.Musiques folkloriques ? Mon expression préférée. Parce qu’elle ac o n t re elle tous les clichés, et qu’elle les casse. Qu’elle oblige àréfléchir à l’histoire (de l’apparition du terme, du romantisme, desg roupes folkloriques). Parce qu’elle insiste, au-delà des clichés, surla participation de tous (le peuple, volk) à l’élaboration et à la pratiquede ces musiques, qui prennent en compte tous les aspectsde la vie d’un peuple donné.Plus une communauté est soudée, stable, plus elle partage de valeurschoisies (peuple plutôt qu’ethnie), plus les codes musicaux sont partagéset justifiés. Peu de renouvellement, sinon sur des bases fonctionnellesqui associent l’ensemble du peuple, mais beaucoup d’approfondissement artistique (sophistication des codes) et la plus larg ep a rticipation (tout le monde est “musiquant”, selon l’expression deG i l b e rt Rouget). À l’inverse, la musique populaire des démocratiesoccidentales off re beaucoup de choix (nombreux genres de musiquespour “groupes” diff é rents), beaucoup de liberté esthétique pour lesmusiciens (3), mais connaît moins de “musiquants”. Elle fabrique unpublic de “musiqués” (consommateurs de disques, de concerts) maisqui ont la possibilité — et parfois la curiosité — de s’ouvrir à... toutesles musiques des peuples du monde. Ethniques. Communautaire s .Folkloriques. Ce que vous voudre z .Claude Sicre, musicien folklorique(1) : Certains pensero n t : « Tout ça, c’est des mots. » Eh bien, non ! C’est au contraire cecliché binariste “tradition-modernité” qu’organise une opposition stérile, qui ces dernièresannées (voir le nombre d’articles ou de colloques ainsi intitulés) a favorisé l’inflationd’un verbiage sans intérêt. Et qui agace à juste raison. Mais les agacés ne doivent pasjeter le bébé avec l’eau du bain, la réflexion nécessaire avec le blabla. C’est la pensée desconcepts qui tue le blabla. Pas la fuite, qui recule pour mieux plonger.(2) : Dans le même ordre d’idée, y a les “musiques actuelles” du ministère. Mais qu’estcequ’une musique “inactuelle” ? On peut répondre en re p renant le terme port u g a i s“actualizaçaõ” : une musique inactuelle est une musique qui ne s’actualise jamais, c’està- d i re qu’on ne joue jamais. La re c h e rche de “génériques”, spécificité française, éloignede la réflexion pragmatique.(3) : Mais cette liberté artistique est un leurre pour beaucoup. Qui font du “compliqué”(codes difficiles à partager) alors qu’il faut faire simple (codes évidents) et complexe(tirer par le haut à partir de l’évidence). Les grandes œuvres savantes ont pour ambitiond’être, à plus ou moins long terme, folklorisées.


C1-40-MMP001 22/11/03 16:56 Page 5AndréNicolasExpresso 5Responsable del’Observatoire de lamusique.Le ministère de la Cultureet de la Communication aconfié à la Cité de laMusique le soin de mettreen place un Observatoirede la musique. Quel estexactement le sens decette mission ? Réponseci-dessous.Il s’agit, en premier lieu, d’une demandedes professionnels. La commission nationaledes musiques actuelles avait, dansses préconisations, souhaité la mise en place d’une mission d’observ a t i o nsur les conditions économiques et financières des secteurs de pro d u c t i o net diffusion des musiques actuelles. Cette demande a été retenue par leministère qui a souhaité élargir cette proposition à la filière musicale.L’Observatoire est chargé de développer un outil de suivi statistique surl’économie du secteur de la musique et, notamment, la production phonographique(édition, promotion, et distribution), la diffusion média (radio,télévision et nouveaux supports), le spectacle vivant (économie de la productionet de la diffusion) et développer les échanges avec les milieuxinstitutionnels et professionnels.Pour la production phonographique, quels sont les termes retenus parl ’ O b s e rv a t o i re : musiques traditionnelles, musiques du monde ou world music ?Vous faites référence à une nomenclature qu’utiliserait l’Observ a t o i re .Soyons plus précis : la mise en place d’un système d’observation impliqueun consensus — a minima — des professionnels. En l’occurrence, lessecteurs d’activité concernés sont tout aussi bien les secteurs de productionque les canaux de distribution. Je constate que, dans sa productionde statistiques annuelles globales, le SNEP répertorie les variétés internationaleset nationales, le classique et le jazz. Dans une répartition desventes par genre, les musiques traditionnelles n’apparaissent pas en tantque telles, sinon au travers d’un genre musical world/reggae. Pour la distribution,la répartition des références par genre renseigne les t y l e “musiques du monde”. Ce rayon, dans les canaux de distribution,englobe aussi bien la musique celtique que des musiques régionales françaises,le reggae, les musiques latino-américaines, asiatiques, etc. Lasociété d’études GFK — qui centralise les ventes consommateurs T.T.C.auprès d’un panel de mille points de vente (GSA, GSS, réseaux indépendants,V. P.C. etc.) — travaille à une segmentation de ce genre musical enretenant les origines géographiques. L’Observatoire disposera bientôt desventes concernant la production de l’Europe, l’Amérique Latine, l’Asie,l’Océanie, l’Afrique et les musiques insulaires.Quels chiffres possède l’Observatoire sur ce genre musical ?Toujours selon GFK, 32 124 références se sont vendues en 2002 (32 355 en2001) sur un total/marché de 232245 références (220242 en 2001) représentant5 , 2 % du marché en valeur, soit un chiff re d’aff a i res d’enviro n7 4 , 9 m i l l i o n s d ’ e u ros. Ce chiff re ne comprend pas naturellement les ventesalternatives organisées en France par des associations spécialisées voire àl’occasion des spectacles. Mais la donne nationale nous paraît un indicateurfiable du poids représentatif de ce genre musical. À titre de comparaison, en2002, le classique comptait 38 5 4 4 r é f é rences vendues pour un C.A. de6 9 , 7 millions d’euros ( 4 , 8 % ). Et le jazz/blues comptait 26 2 5 7 r é f é re n c e svendues pour un C.A. de 48,5 millions d’euros (3,4 %).Propos recueillis par Philippe Krümm.Contact : André Nicolas, Observatoire de la Musique, Cité de la Musique.Tél : 01 44 84 46 62. e-mail : anicolas@cite-musique.fr


C1-40-MMP001 22/11/03 16:56 Page 66La Fnac Expresso aimele nouvel album deDaara JBoomrangDéjà disponibleHarmonia Mundià Paris, 4 e !F o rt de quarante-deux points de vente en Franceet trois en Espagne, le label et disquaireH a rmonia Mundi a ouvert mi-février une quatrièmeboutique parisienne. Celle-ci se situe dansle nouveau complexe ciné MK2, au 128 avenuede France dans le 13 e a rrondissement). Bien sûr,vous pourrez y trouver <strong>Mondomix</strong> Papier.Sergent Garcia surla B.O. de RappS e rgent Garcia a glissé un titre latino fiesta deson cru, Rompe la condena, dans la bande originaledu prochain film de Bernard Rapp, “Pas sigrave”.Nouvel albumf e a t u r i n gS e rgent Garc i a ,Rokia Tr a o r é ,Disiz La Peste, China...Les leadersde l’African SoulVous êtes artiste-interprète : un talentdoublé d’une vocation.Des années de formation, un tra va i lc o n t i n u et une remise en causepermanente devant un public quivous juge.Ce t é n o rm e i n ve s t i s s e m e n t a étéreconnu par le législateur français quivous a accordé un droit similaire àcelui des auteurs.Un droit moral qui garantit lerespect absolu de vo t re nom, de vo t requalité et de vo t re interprétation.Un droit de pro p r i é t é , qui vousp e rmet d’autoriser l’ e n re g i s t rementde votre interprétation et l’utilisationqui en est faite.Le Code de la Propriété Intellectuellea organisé la protection de vos droits.Céder vos droits, c’est abandonner lefruit de votre travail et renoncer auxrémunérations qui y sont attachées.La SPEDIDAM est là pour vousc o n s e i l l e r, vo u s a s s i s t e r e t vo u sdéfendre dans l’exercice de ces droits.Adressez-vous à elle.(Société de Perception et de Distribution des Droits des Artistes-Interprètes de la Musique et de la Danse)SPEDIDAM : 16, rue Amélie - 75343 Paris - Cedex 07. Tél. : 01 44 18 58 58 - Télécopie : 01 44 18 58 59Société Civile


C1-40-MMP001 22/11/03 16:56 Page 7Il y a 30 ans,“Soul Makossa” (1973)Vo u s, les jeunes, vous avez bien de la chance. Ences temps reculés où seules trois chaînes de téléet autant de radios FM véhiculaient en Fr a n c eles sons du monde, l’exotisme musical nedépassait guère Piccadillly ou Detroit. LesStones pompaient bien un peu les gnaouasM a r o c a i n s, et Santana avançait timidement qu’ilétait Mexicain… Mais tout le monde s’en foutait.L’occident n’avait alors d’oreille que pour le rocket la pop triomphantes qui, g l o b a l e m e n t ,n epouvaient venir que de Londres ou de New Yo r k .CExpresso 7’est dans ce contexte, certes richemais un peu monolithique, qu’ila p p a rut soudain. Je me souviens,c’était sur TF1 — mais oui, ça existait déjà.Il était grand, chauve, et vêtu d’un longboubou (on apprendrait plus tard que ças’appelait une « g a n d o u r a »). Il était noir.Bon, on n’ira pas jusqu’à dire que ce fut làune révolution à la télé française ; on avaitdéjà droit, de temps à autre, à des bronzésbon teint comme James Brown, HarryBelafonte, Aretha Franklin, ou les regrettésOtis Redding et Jimi Hendrix. Mais cenègre-là n’était pas né dans les champs decoton du Mississipi. L’animateur de TF1nous annonçait benoîtement qu’il venait desbananeraies du Cameroun.En fait, ce n’était pas tout à fait vrai. Si ledénommé Manu Dibango était bien né àDouala (Afrique-Équatoriale française) en1933, le tube qui le propulsait soudain surles antennes métropolitaines avait, lui, transitépar les charts nord-américains. Et, aupréalable, Soul Makossa avait été enre g i s-tré dans les studios d’une maison dedisques bien parisienne, Sofrason. La particularité de ce label était de nem e t t re aucun de ses 45 tours sur le marché français, mais de les envoyerdirectement sur les marchés de Kinshasa, Yaoundé, Abidjan, ou Dakar.Dibango était l’un de ces Africains de Paris qui, le jour, soufflait dans sonsaxo pour accompagner des artistes français (Nino Ferrer) et, la nuit, enregistraitces petites galettes destinées aux frères restés au pays.Rien, normalement, ne prédestinait donc Soul Makossa à devenir un tube plané t a i re. Ce n’était du reste que la face B d’un 45 tours dont le morceau principalétait l’hymne de la coupe d’Afrique des Nations de football ! Mais voilàqu’une poignée de blacks new-yorkais, à la tête d’un petit magasin de disquesde Harlem — il sera d’ailleurs par la suite rebaptisé Makossa Record s —,t o m b è rent on-ne-sait-comment sur le disque en question, le filèrent à un poteDJ à la radio. Et le morceau enflamma aussitôt l’Amérique, coast-to-coast.Soul Makossa (qui n’était ni de la soul, ni du makossa !) fut ainsi le pre m i e rdisque “africain” à entrer au Top 10. En cela, il marqua l’arrivée desmétèques dans le cercle très fermé de l’industrie musicale anglo-saxonne. Cequi permet à beaucoup de considérer Soul Makossa et l’année 1973 commele véritable point de départ de la “world music”. Après, c’est aff a i re de goût…Jean-Jacques Dufayetwww.rfimusique.com


C1-40-MMP001 22/11/03 16:57 Page 88 IciAïoli !Si comme l’écrivait Je a n - C l a u d eIzzo dans “Total Khéops”,« Marseille n’est pas une villepour touristes, il n’y a rien àvoir », il y a par contrebeaucoup à écouter. Dans lesrues, le mélange de l’accentprovençal et des dialectes desdifférentes communautésinstallées dans la ville,constitue une musique épicée.Loin de se réduire aux danses et musiquesfolkloriques, la culture occitane a su sem o d e rniser en intégrant des traditionsd’ailleurs et les techniques d’aujourd’hui. Groupeemblématique de la ville, Massilia Sound Systemfut encouragé à ses débuts par le re g g a e m a na rménien Jo Corbeau et conforté dans sa déma rche par l’action menée à Toulouse par lesFabulous Trobadors. Leur mélange de ry t h m e sjamaïcains et de galéjades provençales n’a cesséde s’affiner et d’accueillir d’autres cultures. Leurattachement régional tient surtout du principe quel’acceptation des particularités locales est lam e i l l e u re façon d’appréhender l’extérieur. Ainsile dernier album “Occitanista” a été l’occasiond’élargir leur discours occitan au Nordeste brésilienet à l’Afrique de l’Ouest. Convivialité, francparleret tolérance sont leurs mots d’ordre. Leursc o n c e rts sont des rituels durant lesquels les fidèless’attendent à se faire servir le pastis, à attraperdes préservatifs au vol, à dire du mal du FN et dubien du cannabis, et surtout à profiter au maximumdu oaï (joyeux boxon) qu’ils engendrent.Massilia a toujours partagé son succès, en ouvrantsa plate-forme à d’autres musiciens ou en organisantdes événements populaires gratuits, repas deq u a rtiers, lotos ou kermesses. Cette attitude a inspiréde nombreux groupes et incité des citoyens àse constituer en associations.Mic Mac (Mouvement innovant en coordination demoyens et d’actions culturelles) fut crée en 1997pour combler l’écart entre le bouillonnement art i s-tique local et le manque de stru c t u res pro f e s s i o n-nelles, tout en endossant un rôle d’animateurs dep roximité. Ni manager, ni tourn e u r, ni pro d u c t e u r,Mic Mac fait le lien entre chacun de ces acteurs,quitte à remplir ponctuellement l’une ou l’autrede ses fonctions comme à travers les compilationsqu’ils proposent à leurs adhérents (chronique duCD dans ce numéro). Tête de réseau indépend a n t eet décentralisatrice, ils encadrent des gro u p e sconstitués ou leurs projets parallèles, commeOccitania qu’es Aquo, joutes musicales entre desmembres de Massilia, Nux Vomica, La Talvera etLo Cór de la Plana.Lo Cór de la Plana est né lors d’ateliers de chantp rovençal menés par Manu Théron. Ce chanteurde haute volée a fait de longues re c h e rches dechants et textes provençaux. En 1996, il a fondéGacha Empega avec Barbara Hugo (retirée depuisdes aff a i res musicales) et Sam Karpiénia, autrevocaliste vertigineux, membre central de l’excellenttrio Dupain qui prépare actuellement un CDlive et un troisième album studio.Manu travaille aujourd’hui sur plusieurs fro n t s .Son chœur de voix masculines Lo Cór de la Planavient de sortir un disque très malin (chro n i q u edans ce numéro). Il anime aussi un chœur defemmes, se produit parfois seul avec un oudisted’Alexandrie, réactive Gacha Empega pour cro i s e rles traditions avec les musiciens algériens ElHillal. Comme Dupain, D’Aqui Dub, Tatou ou JanMari Carlotti, Manu va participer à un livre - d i s q u ehommage au poète Victor Gellu, en trio avecPatrick Vaillant et Didier Malaverne. Cet ouvrage,c o p roduit par le centre de culture pro v e n ç a l eOstau dau Païs Marselhés, Mic Mac et Edi Sud,doit paraître à la rentrée. Quelle que soit la formationdans laquelle il s’investit, Manu Théron yventile toujours des frissons poétiques et de labonne humeur.À la suite de Massilia, beaucoup de Marseillaisont choisi le reggae comme base d’expre s s i o n( K a n j a r’Oc rock et cuivré, Watcha Clan jungleorientalisée, Jamasound ska francisé…). Et letissu associatif joue un grand rôle dans les sonsémergeant de la ville. Mais de nombreuses identitésmusicales s’y expriment, aidées par d’autresorganismes moteurs. Deux labels sont spécialisés


C1-40-MMP001 22/11/03 16:57 Page 9dans les musiques du monde. Esengo (qui a produitEl Sikameya et les Pêcheurs de Perle) est pourl’instant en stand-by, mais l’Empreinte Digitale necesse de faire découvrir de nouveaux artistes. Bienque basé à Aix-en-Provence, l’Arcade PACA esttrès présente à Marseille et propose des stagesde formations sur les métiers du spectacle, descolloques ou des re n c o n t res artistiques. Ils ontédité un annuaire professionnel, complété detextes érudits sur les pratiques musicales des diasporasde la région.La cité phocéenne abrite une grande diversité desaveurs musicales. Et certains artistes ont acquisune notoriété internationale. Le joueur de doudoukarménien Levon Menassian a collaboré avec PeterGabriel. Le guitariste flamenco Juan Carmona esttrès apprécié des amateurs du genre. Le BambooO rchestra du Japonais Yabuki Makoto tourn eautant en Asie qu’en Europe. La famille Chemiraniest reconnue à travers le monde comme des virtuosesde la percussion iranienne.La diaspora maghrébine est la plus visible. Den o m b reuses stars du raï se sont d’abord faitc o n n a î t re ici (Khaled, Cheb Bilal, Cheb Aïsa…). Sile genre semble en perte de vitesse, quelquesAlgériens organisent des concerts, produisent denouveaux artistes et importent les derniers succèsd’Oran ou d’Alger.La musique arabo-andalouse est aussi bien représentée.La chanteuse Françoise Atlan perf e c t i o n n eson art subtil au conservatoire de Fès. Le oudisteFouad Didi anime plusieurs ensembles. Et MauriceEl Médioni, figure historique de la chanson françarabe,est conseiller artistique du pro j e t“Hommage au music-hall d’Algérie” qui, autour dug roupe Barrio Chino et de l’orc h e s t re de la radiod’Alger, va faire revivre cette année ce style populairedes années 1940 à 1960.P re m i è re communauté africaine de la ville, lesComoriens y sont plus de 60 000 et entretiennentdes liens étroits entre eux. Chaque samedi soir,sauf pendant le ramadan, ils se re t rouvent dansdes lieux comme l’Escale Saint-Charles où desassociations organisent des soirées avec deso rc h e s t res twarab. Les fonds récoltés lors de cesfêtes sont envoyés au pays, tout comme y sont vendusles films qui y sont tournés. Si le flyer spécifie“caméra gratuite”, les particuliers peuvent alorsfilmer la soirée. Ces vidéos auront plus ou moinsde valeur suivant la qualité des toilettes, la pertinencedes citations proverbiales de l’animateur oula présence de notables.À l’exception de quelques rappers (Fonky Familys’est formé lors d’un concert d’hommage à IbrahimAli), le mélange, qui n’est pas le pro p re desComoriens, est une pratique courante des musiciensmarseillais. Les réunions spontanées engendrent des projets ponctuels réjouissants commePort de Boucan All Stars, Toko Blaze ou Oaï Starcomposés de membres de Kanjar’oc, Massilia,Jamasound ou Dupain.Les artistes ne cessent de se croiser et de pro p o s e rdes situations originales. Sam Karpiénia répèteactuellement avec Bijan, le benjamin surdoué duclan Chemirani. Ses deux sœurs Mariam et Marjaneont fondé le trio Délizioso qui rend hommage à lamusique italienne des années 1930. GuylaineRenaud (une ex-Gacha Empega) présente desAubades, concerts déambulatoires dans des lieuxpublics. Laurent Pernice a eu la belle idée de fairechanter Armando Coxe, journaliste d’origine angolaisedont le timbre sensuel et grave charme déjàles amateurs de musiques du monde de RadioGrenouille. L’effervescence marseillaise n’est pasprête de s’éteindre. Et l’aïoli pourrait finir pardevenir un des plats les plus appréciés de France.Benjamin MiNiMuMwww.massilia-soundsystem.comwww.kanjaroc.comwww.watchaclan.comwww.dupainweb.comwww.juancarmona.comwww.arcade-paca.com/trad/index.htmlLe choc de l’electroIci aussi, les musiques dumonde se laissent bousculer parles sorciers de l’électronique.En 2000, l’Espace Julien propose à des acro b a t e sdu sampler de jouer avec les bandes de musiciensorientaux enregistrés dans cette salle. Fouad Didi etRaoul Renassia revus par Mourad Te rreri, Maurice elMedionni corrigé par Alif Tree et Big Buddha, ou lesMedahettes chahutées par Mars Bro z e r s .Cosmophonies du Maghre b est vendu en ligne :h t t p :// a rt i s t s . m p 3 s . c o m / a rt i s t s / 190 / c o s m o p h o n i e s . h t m lLe journaliste Squaaly, alias Big Buddha, anime dechaudes soirées. Les disques des cinq continents s’ye n t rechoquent avec des BPMs exaltés. Avec Laure n tP e rnice sous un nom de code emprunté à Moussorsky,G o l d e n b e g r & Schmuyle, ils remixent Huun Huur Tu ,Ali Hassan Kuban, Meï Teï Shô ou Temple of Sound.Rishi (initié au sarod et à l’esraj par Ali Akbar Khan),P i e re Moitram (sitariste éduqué par un élève de RaviShankar) et Kapi (multi-instrumentiste bercé au ro c ket au funk) forment NatarajXT. En 1999, le trio diff u s eq u a t re titres de transe electro-indienne sur MP3.com.En quelques jours, ils sont en tête des télécharg e-ments. Le groupe intrigue les pros et est invité auMidem 2000. Là, NatarajXT décroche une tournée enInde et un contrat sur Netwerk. Si leur label est américain,manager et éditeur sont marseillais. ElementMusic gère leurs droits comme ceux du gang electroà succès Troublemakers. Le management Pro - F u s i o nest aussi porteur d’un projet d’échanges culturels qui ap e rmis en 2002 à des musiciens de leur écurie dere n c o n t rer le collectif d’Afrique du Sud, Africa Dope,à Cape Town puis à Marseille. En 2003, l’expériencedoit s’élargir à La Réunion avec le groupe Zong.B. M.www.natarajxt.com


C1-40-MMP001 22/11/03 16:57 Page 1010 IciLes bonnes adressesà MarseilleSalles de concerts, Docks des Suds12 rue Urbain — 13002.Tél. : 04 91 99 00 00. Fax : 04 91 91 73 85Site Internet : http://www.dock-des-suds.orgEn dehors de la fiesta automnale, les Docks organisentdes concerts tout au long de l’année., La Friche la Belle de Mai23 rue Guibal — 13003.Tél. : 04 95 04 95 04. Fax : 04 95 04 95 00Site Internet : http://www.lafriche.org/Centre multiculturel de création et de diffusion., Espace Julien39 cours Julien — 13006. Tél. : 04 91 24 34 14Site Internet : http://www.espace-julien.com/À l’Espace et au Café Julien, une programmationenjambant tous les courants., L’Exodus9 rue des Trois Mages — 13006. Tél. : 04 96 12 43 31Ateliers, expos, contes, théâtre et concerts. En mars :Buru et Jo Corbeau. En avril : “Les nuits de l’Inde”., Le Balthazar3 place Paul Cézanne — 13006. Tél. : 04 91 42 59 57Deux cents places pour une programmation éclectique.Bars / salons de thé :, Le Poulpasson2 rue André Poggioli — 13006. Tél. : 04 91 48 85 67Bar restaurant avec live et DJs. En début de semaine :world. Le week-end : electro., Bar de la Plaine57 place Jean Jaurès — 13005. Tél. : 04 91 47 50 18Un incontournable lieu de rendez-vous. Beaucoup desoirées démarrent dans ce lieu. Et on y vend quelquesdisques autoproduits., Le dervicheRue des Trois Rois — 13006. Tél. : 04 96 12 01 88Salon de thé dédié à la culture soufie, expos,conférence et concerts.Divers :, L’Escale Saint-Charles3 rue Palestro – 13003. Tél. : 04 91 07 80 00Ce FJT accueille les associations comoriennesqui y organisent des soirées twarab., Loway21 avenue Camille Pelletan — 13002.Tél. : 04 91 91 51 46Des tonnes de K7 de raï et des fringues. Le re s p o n s a b l eest aussi producteur de spectacles et de disques., CitadingueSite Internet : http://www.citadingue.com/Le guide des bonnes adresses marseillaises possédeun site Internet.Ba CissokoFils d’un chanteurtraditionnel, Cheblia toujours vécupour la musique.A u j o u r d ’ h u i ,a v e cson frère, il perpétuele répertoire de sonpère avec un groupeet le sien propreavec un second.Conte de féecomorienn 1984, Chebli débarq u eEà Marseille pour finir sesétudes. Loin de son île, il gard ele contact avec l’enviro n n e-ment musical de son enfancepar les soirées twarab org a n i-sées par la communauté comorienneet se passionne pourtoutes les musiques qui s’offrent à lui. Après avoir notifiéFiestasLes festivals “ Fiesta des Suds”,“ M é t i s s o n s ”et “Nuits métis”jalonnent l’année phocéenne derencontres épicées.haque année, Marseille abrite trois festivalsCde musiques du monde. Chaque week-endd ’ o c t o b re et de novembre, les anciens docksabritent la gargantuesque “Fiesta des Suds”( w w w. d o c k -d e s - s u d s . o rg). En 2002, le festival“ M é t i s s o n s ”,dédié aux musiques communauta i res de la ville, n’a pas eu lieu, préférant troquerson habituel rendez-vous de décembrepour une édition dédiée aux Commores du 8 au10 août sur le port de Marseille. Cet été, “Nuitsmétis” (www. n u i t s - m é t i s . o g) r fêtera ses dix ansà La Ciotat du 3 au 6 juillet au môle Béro u a rdet les 9 et 10 à la Cité l’Abeille, puis du 16 au19 décembre à Béni Abbés en Algérie. C’estdans ce pays, où il vécut entre 1983 et 1984,la pauvreté du rayon“musiques du monde” auxvendeurs du Vi rgin local, il s’envoit confier la re s p o n s a b i l i t é .Hyperactif, il anime une émissionsur Radio Gazelle et org a-nise des soirées musicales. Àla fin des années 1990, le réalisateurradiophonique DanielM e rmet, venu enquêter surl’assassinat du rapper IbrahimAli par des membres du FN,s ’ a d resse à Chebli pour re n-c o n t rer des chanteurs comoriens.N’arrivant pas à contacterles musiciens qu’il connaît,il appelle un ami guitaristepour mettre en forme lesbribes de chansons développéesdans sa chambre. Séduit,M e rmet le fait monter à Pariset l’enre -g i s t re. L’ e ffet est immédiat.Les coups de téléphone pleuvent.Ses clients viennent luidemander avec beaucoup def e rveur le disque du jeuneComorien de France Inter. Lelabel Média 7 le signe et sortson premier album “SwahiliSongs” en 1998. Discutantavec les responsables de samaison de disques, on luiavoue qu’il n’y a personne pourg é rer le catalogue world music.Depuis, Média 7 est devenuNext Music, et Chebli y occupela double fonction de chefde projet et d’artiste. S’il s’estinstallé à Paris, il re d e s c e n dchaque mois à Marseille pourg a rder le contact avec la communautéet travailler avec sesmusiciens avec lesquels il apréparé le CD “Pro m e s s e s ” ,s o rti en 2002.que Marc Ambrogiani a imaginé cette actionbasée sur les échanges culturels. En 1991, ilfaisait venir à Marseille le groupe El Hilal, quis’est illustré depuis en croisant ses mélopéesdu désert avec les chants occitans de GachaEmpega. “Nuits métis” est aussi re s p o n s a b l ede la découverte en France des groupes guinéensKill Point, avec qui ils ont lancé un festivalde rap à Conakry et de la sensation africainede l’année : Ba Cissoko. Ce groupe, encours d’enre g i s t rement d’un premier album,s’est fait re m a rquer par la virtuosité de sesmusiciens, notamment le jeune prodige SékouKouyaté qui n’a pas hésité à relier une pédalewah-wah à sa kora, donnant ainsi au groupe una rr i è re-goût psychédélique assez réjouissant.“Le cabaret nomade” est une autre créationliée au festival. À l’intérieur d’une tente touareg,des artistes français, algériens guinéens,ivoiriens et togolais superposent les disciplines.Musique, théâtre, conte et projections vidéoscomposent ce voyage onirique transculture l .B. M.


C1-40-MMP001 22/11/03 16:57 Page 11EmpreintesessentiellesL’Empreinte Digitale est leprincipal label marseillais demusiques du monde et l’undes meilleurs de France.oici dix ans que Catherine PeillonVa décidé d’étendre son travail d’éditionmusicale aux musiques dites dumonde. Dix ans qu’à partir de Marseille,son label L’ E m p reinte Digitale nous faitdécouvrir ses choix toujours judicieux.Avec une prédilection pour les musiquesde la Méditerranée actuelle, son catalogues’est enrichi au fil des ans degrandes signatures, (Abed Azrié , Burh a nOçal, Farafina, Bne’t Marrakech), de déco u v e rtes essentielles (Cristina Branco,Bijan Chemirani) ou de disques histori q u e s : l’album “Polyphonies marse i l l a i s e s ”de Gacha Empega ou l’éditiond’un coff ret de l’œuvre complète en 5C D sde la mythique chanteuse berbère Ta o sA m a rouche. Chaque parution est soigneusementprésentée. Les visuels, re -c h e rchés, collent au plus proche del ’ i m a g i n a i re de l’artiste. Les textes del i v rets très complets viennent compléterles infos que la musique crypte par sonf i l t re magique. En décembre, l’Empre i n t eDigitale a fêté dix ans de découvertes etd ’ a v e n t u res partagées en organisant unesuite d’événements culturels à Marseille :re n c o n t re sur le thème de l’altérationmusicale en présence du philosopheB e rn a rd Seve et une nuit de débats, demusiques et de loto à la Friche la Bellede Mai. Les sorties 2003 du label risquentd’être passionnantes, car la folksingerRusse Elena Frolova, le Port u g a i sJosé Barros Rimances et les musiciensg recs Stelios Pertrakis et Ross Daly onttous choisi ce label pour nous offrir leurd e rn i è re empreinte poétique.Interneti les musiciens marseillais se méfient du showbiz pari-ils n’ont par contre aucune crainte à s’afficher surSsien,le web. Chaque groupe ou presque possède son site. Lesa d resses suivantes sont toutes suivies de pages qui s’aff i-chent sans erreurs 404 (codes d’erreurs de liens cassés) :, www.kanjaroc.com, www.watchaclan.com, www.dupainweb.com, www.juancarmona.comAudio & vidéohttp:// www.mondomix.org/papier


C1-40-MMP001 22/11/03 16:57 Page 1212 IciDjazaïr, année de l’AlgérieLa culture à la rescousse du politique ?Yp a rticiper ou pas ? Depuis son lancement, “Djazaïr, l’année de l’Algérieen France” suscite réserves ou controverses. En témoigne la pru d e n c ede certaines municipalités à y participer ou l’arc-en-ciel des positionsdes artistes algériens vis-à-vis de l’événement. Toute manifestation culture l l ed’inspiration inter-étatique prêtant le flanc à suspicions, ces réactions seraientdans l’ord re des choses s’il ne s’agissait pas cette fois d’en référer à un paysexsangue, à un peuple schizophrène jouet de jeux politiques mort i f è res, à unesociété fracassée victime d’une guerre civile ayant causé 200 000 morts et7 000 disparus. D’où la réserve de ceux qui re p rochent à Djazaïr d’abonder àbon frais (20 millions d’euros pour la partie française) dans la politique derelation publique du régime d’Abdelaziz Bouteflika, le choix du boycott s’imposantpour d’autres qui voient dans la manifestation une caution apportée àune caste militaire adossée à la rente pétro l i è re dont nombre d’agissementsn’ont cessé de susciter les mises en cause d’organismes investis dans ladéfense des droits de l’homme. La plupart des artistes kabyles, à l’instar desI d i r, Takfarinas ou Fellag, rappelant à ce titre la longue répression exercée àl ’ e n c o n t re de l’identité amazigh (berbère). A contrario, il y a ceux qui ont vudans Djazaïr une chance ambiguë à saisir pour une culture algérienne enquête d’échanges et de reconnaissance, au-delà, une contribution pour rapprocher deux nations si souvent victimes de rendez-vous manqués. Pour lemoins, l’abondance des événements dûment estampillés (près de deux milledans une centaine de villes) et des rendez-vous indépendants (notammentceux de la riche immigration maghrébine) aura sans doute un effet positif :celui de mieux présenter la création algérienne dans la pluralité de ses sourc e sd’inspirations (arabe, kabyle, française) et de ses expressions. Celle-ci autravers d’une mosaïque de propositions, par littérature, théâtre, cinéma, art splastiques, danse, interposés, réussissant à offrir une image vivante, contrastée,des Algériens, fort éloignée du manichéisme idéologique, des clichésmédiatiques, sinon des vieux poncifs légués par l’histoire. Pour preuve, cettemusique algérienne qui ouvrit Djazaïr avec un concert marathon au Palaiso m n i s p o rts de Paris-Bercy en présence de 17 000 personnes. Une musiquequi rend justice au raï, style canaille oranais s’étant fait une place enviabledans la sono mondiale, ou à l’arabo-andalou (genre savant avec ses foyers deTlemcen, Alger ou Constantine) mais qui fait aussi découvrir aussi aux publicsde l’Hexagone le chaâbi algérois, le chaouï des Aurès, le chant kabyle, lesmultiples acceptions du chant saharien, le courant gnawa, les genres hybridesredevables aux influences orientales ou européennes (charqi, asri, etc), sansoublier le prolixe chant de l’immigration. Qu’importe le flacon pourvu qu’on aitl ’ i v resse, disait l’autre ! Ou le paradoxal effet de ce réel qui faisait chanterCheikha Rimitti : « L’amour c’est l’espoir de vivre / Des filles ont enduré dess o u ffrances / Et ces souffrances se sont transformées en miel »Frank TenailleL’Algérie en France : www.djazair20003.orgIl était une fois Barbès’est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que le quart i e rC de Barbès est devenu une plaque tournante de la production musicalemaghrébine. Dès 1946, l’éditrice Sauviat ouvre un magasin devente de petits formats sur le boulevard de la Chapelle. Très vite, ellesent au vu de l’importante communauté ouvrière d’origine algérienne,que le marché musical oriental pouvait être un bon créneau. Après avoiraidé les Slimane Azem, Cherif Kheddam et bien d’autres stars àquitter l’usine pour tenter leur chance dans la chanson, madameSauviat a passé le relais dans les années 1970 à sa fille. Aujourd ’ h u i ,c’est son gendre Serge Picy qui, toujours à Barbès, maintient en activitéle seul magasin de musique tenu par des Français dans ce quart i e r.Durant la guerre d’Algérie en 1958, sur le même trottoir du boulevardde la Chapelle, madame Sauviat a vu venir s’installer Si Soulimane, ledoyen des producteurs maghrébins encore en activité.Les GuellilMusique à Barbès de mère en filsils de Zoulikha Guellil, historique et unique productrice de Barbès,FAllaa l’aîné est né comme ses deux autres frères au milieu des bandesmusicales produites par ses parents. Ces derniers, réputés pour leursagesse et le respect des artistes, ont été les premiers à pro d u i reTakfarinas, Mami et Matoub Lounes. D’autres, comme Aït Menguellet,sont restés fidèle en amitié pour cette famille qui a toujours refusé dese mettre en avant, préférant l’ombre des artisans de l’imaginaire musicalemaghrébin de France. Dans leur magasin du boulevard de laChapelle, Allaa Guellil a l’art de connaître tous les genres musicaux duM a g h reb, sachant conseiller et convaincre le plus blasé des acheteurs.Smaïn N.Audio & vidéohttp:// www.mondomix.org/papier


C1-40-MMP001 22/11/03 16:57 Page 13Orientez-vous vers…CPX5CPX8 CPX8SYCPX8-12 CPX15 CPX15E CPX15N CPX15S CPX15W CPX50La gamme CPX est née de la recherche de la perfection acoustiqueet de la reproduction sonore optimum.Afin de satisfaire aux exigences de chaque guitariste, elle proposedésormais une très grande variété de modèles.Vous pouvez enfin trouver la guitare qui comblera tous vos désirs.Jouez la compass et laissez-vous guider……Votre Son• Nombreux bois et finitions proposés• Égaliseur 3 ou 4 bandes• Double prise de son * (Condensateur+ Piezo)Je souhaite re c e v o i r,sans engagement de ma part :la documentation sur les guitare sé l e c t ro-acoustiques Ya m a h aCOMPASSS E R I E SE L E C T RO - ACO U S T I QU E SYAMAHA MUSIQUE FRANCEB.P.70 • 77312 MARNE-LA-VALLÉE • CEDEX 2Nom :Prénom :A d resse :Code Postal : Ville :Coupon à renvoyer à : Yamaha Musique France, BP 70,77312 Marn e - l a - Vallée Cedex 2Coupon réservé à la France Métropolitaine, dans la limite des stocks disponibles.


C1-40-MMP001 22/11/03 16:57 Page 153de Séville à BoukharaYengi Yoldutôr, violon, percussions, guitare, chantEmmanuel During et quatre artistesOuzbeks démontrent les liens étroitsqui existent entre les rythmes d’Asiecentrale et le flamenco.flamenco orientalDelfuza IBRAHIMOVAGozal MUMINOVAJamâl AVEZOVRostam TAGAYKULOVEmmanuel Hoseyn DURING3Brésilcapoeiraberimbau, guitares, percussions, chantPour re n d re hommageà la capoeira - cet artbrésilien tout à la foisdanse et art martial -,q u a t re artistes brésili e n s, p a rmi lesm e i l l e u r s ,ont décidéde mettre leur talenten commun.Nazaré PereiraJorginho Amorimze Luiz NascimentoNô OliveiraConcert / NAzARe PEREIRAau PETIT JOURNAL MONTPARNASSEle 2 AVRIL 20033 Bretagnebasson, bombarde, flûte traversière, guitare, contrebasse, tromboneRencontre de quatre musicienssous influences traditionnelle,jazz, et classique...E n t re tradition et modern i t é ,Amann Rik joue la carte d’unemusique bretonne à danser et à rêver.Jean-Louis AmisseJean-Michel AlhaitsFred MathisSerge OllivierProductions SUNSET-FRANCE - 96 rue du Château - 92100 Boulogne Billancourttél. : 01 46 03 32 25 / e.mail : info@playasound.com - catalogue disponible sur simple demande


C1-40-MMP001 22/11/03 16:57 Page 1616 DossierLe fadoC’est dans les quartiers mal famés de Lisbonne qu’estné durant le premier quart du dix-neuvième siècle lefado, « ce chant de l’intranquilité » dont l’icône fondatricerenvoie à Maria Severa Onofriana, courtisane du quartiermaure de la Mouraria, amante du comte de Vi m i o s o ,assassinée à 26 ans en 1846. Au croisement d’influencesarabes, africaines, brésiliennes, européennes (cf. lundum,modinha, fandango, fôfa…) que tricotera l’actif commerc emaritime lusophone, le fado (dérivé du latin fatum, le destin)p rend véritablement ses marques avec le vingtième siècle,épousant les contradictions sociales d’un monde en mutation.Ainsi, marginal, sinon anarchiste à ses débuts, il s’affi rme avec la vogue du spectacle, en particulier celui duthéâtre de revues, puis grâce à l’intérêt que lui portent lesmilieux artistocratiques et intellectuels comme l’attesterontle fado de la ville universitaire de Coimbra ou la carrière dela comtesse Maria Teresa de Noronha. Bien que l’établissementL’Estado Novo d’inspiration fasciste, dans le sillage ducoup d’État militaire de 1926, le juge peu conforme à sesidéaux moraux, c’est sous le régime de Salazar que le genreprend son essor via la radio, le disque et les fameuses maisonsde fado. Ses figures de proue étant un Alfredo Duarte“ M a rc e n e i ro” ou une Amalia Rodriguez, laquelle pre n a n tappui sur la France, contribuera à lui donner un écho international.Avec la Révolution des Œillets qui renverse la plus vieilled i c t a t u re d’Europe en 1974, le fado se re t rouve une nouvellefois suspect. Reproche lui étant fait à gauche, sinond’avoir eu des complaisances envers le régime déchu, dumoins d’avoir participé de la fameuse trilogie “aliénante”des 3 F (football, Fatima, fado). Son purg a t o i re sera dec o u rte durée. Avec l’entrée du Portugal dans la CommunautéEconomique Européenne, il re t rouve sa place. Et devientl ’ e x p ression la plus valorisante de l’identité culturelle dupays des Caravelles. D’autant qu’au détour des années 1980,des artistes l’investissent avec une sensibilité nouvelle, les o rtent de ses stéréotypes. Les plus contondants dans ce travailde réappropriation étant Camané chez les hommes,Misia, chez les femmes, jugée comme celle qui a le plusdynamisé l’héritage selon un juste rapport entre novationstextuelles et orthodoxie spirituelle. Car si le fado laisse uneg r a n d elatitude d’expression aux acteurs de la s a u d a d e (« c emal dont on jouit, ce bonheur dont on souff re »), il n’en fonctionnepas moins selon des principes rigoureux. En témoignel’arborescence d’une centaine de schémas musicaux (à partirdes styles fondamentaux traditionnels baptisés “menor”,“ c o rrido”, “mouraria”, etc.) qui codent aussi bien son chantque son accompagnement sous influence de la fameuseg u i t a re portugaise. Pour le moins, c’est dans la brècheouverte que, depuis quelques années, est apparue une nouvellegénération, en majorité féminine. Les re p r é s e n t a n t e sles plus notables s’appellent Marisa, <strong>Katia</strong> Guerre i ro, CristinaBranco, Mafalda Arnauth ou Ana Sophia Varelas. Ce succèspoussant aussi souvent des labels peu scrupuleux à accolerle terme “fado” à une chanson ou une variété qui n’enconservent plus que les accents exotiques.Frank Tenaillei le fado, c’est le destinS(fatum), la fatalité yg a rde toute son ambiguïté.Malheur heureux et bonheurfragile, le fado parle d’undestin imposé par les forcesdivines, tout comme un jeudans lequel on puise la forc ede vivre. Personne d’autrequ’Amalia Rodrigues n’aautant incarné cette idée,tant par son interprétationque par sa vie. Liée pour debon au fado, Amalia s’esttotalement abandonnée àParisLe destin d’Amaliacette musique pour laquelleelle a fini par représenter ledestin du Portugal lui-même,quitte à en être rejetée violemment.Comme Édith Piaf,La Callas ou Oum Khalsoum,le destin d’Amalia est l’exacterencontre entre un style à lare c h e rche d’une voix. La voixfine et sensible qui s’approfondiraen mûrissant s’appuiesur l’art du sentiment.Avec Amalia, le fado prendla figure qu’on lui connaît.Une tension entre des notesétirées au gré des sentimentsdramatiques, des tenues etun châle éternellement noirs.Femme exigeante au destin deconte de fée, plus aiméequ’amante, Amalia est une stari n t e rnationale au succès et à lac a rr i è re discographique fulgurants.Elle a su s’entourer degrands compositeurs, commeF rederico Valerio, David Mourão-F e rreira ou Alain Oulman, quis a u ront magnifier sa voix à chacunedes époques de sa vie.Sandrine TeixidoQuelques adresses pour se familiariser avec le fado, Librairie Portugal146 rue du Chevaleret — 75013 Paris. Tél. : 01 45 85 07 82Pour y trouver disques et ouvrages sur le fado., Radio Alpha (98.6 FM)Site Internet : www.radioalpha.netPour se tenir au courant de l’actualité musicale de l’aire lusophone., www.vidalusa.comLe site de la revue bilingue Vi d a l u s a. Pour trouver l’actualité musicale de la communauté., Vasco de Gama39 rue Vasco-de-Gama — 75015 Paris. M° : Lourmel. Tél. : 01 45 57 20 02.Tous les jours, midi et soir. Cuisine des quatre coins du Portugal et soirée fadoune fois par mois., Festival “Images du Portugal à Argenteuil” du 1 er au 29 marsAvec Misia en concert le 1 er mars à la Basilique Saint-Denis (21h). Expo sur lesazulejos, expos photos “Entre mer et terre” et “José Saramago”. Conférences surles azulejos ; le dernier film de Oliveira, “Le principe d’incertitude”, “Trafic” deJoão Botelho et “Ossos” de Pedro Costa, soirée Contes du Portugal, bal populaireavec Nova Imagem ; soirée lusophone avec Sara Tavarès (Cap Vert) et Tupi nagô(Brésil). De quoi contenter les amoureux de la lusophonie.Rens. et réservation : 01 34 34 15 70(suite p.18)


C1-40-MMP001 22/11/03 16:58 Page 17Dossier 17<strong>Katia</strong> <strong>Guerreiro</strong>La nouvelle Amaliae 8 octobre 2000, sur la chaîne port u-Lgaise TVI, le programme “Uma Vela porAmalia” commémorait le premier anniversairede la mort de la grande fadista AmaliaRodrigues. Lorsque que le présentateur eutannoncé <strong>Katia</strong> Guerre i ro et que celle-ci eutt e rminé sa prestation de B a rco Negro e tAmor de mel, Amor de fel, un frisson passadans l’assistance, ainsi que chez les téléspectateurs: le fantasme de la réapparitiond’Amalia venait-il de se réaliser ? On auraitpu le croire tant cette chanteuse de 26 ansreprenait à la perfection les tonalités de voixde la star. D’autant que celle-ci, loin d’être“jeune”, est aussi formée que celle de la dernièreAmalia. Celle qui laisse encore le souvenirle plus vivace chez ses admirateurs. Laressemblance ne s’arrête pas là : <strong>Katia</strong> possèdeun sens du sentiment très développé.Elle s’attache à souligner les émotions dramatiquesdes mêmes rubatos, ces tempsvolés aux notes par l’émotion, qu’Amalia.Aucune sophistication ou excessivité, l’expression des sentiments reste incro y a -blement authentique. Son premier disque,“Fado Maior”, re p rend quelques-uns desplus beaux poèmes d’Amalia, enregistrés surl’un de ses derniers disques (“Lagrima”),comme Amor de Mel, Amor de Fel ou Asa deVento. Le choix du répertoire — mélange dereprises, d’interprétations de poètes port u-gais, comme Fernando Pessoa, avec descompositions faites à sa mesure et une écritepar elle (Esquina de um Te m p o) — n’est passans rappeler les répert o i res de son idole. Carcomme beaucoup de chanteuses de cettegénération qui renouvelle le fado, <strong>Katia</strong> enest tombé amoureuse en écoutant re l i g i e u-sement des enre g i s t rements d’Amalia. Néeen Afrique du Sud, c’est aux Açores qu’ellepasse toute son adolescence, se faisant lavoix dans un ranch folklorique. Arrivée àLisbonne où elle poursuit des études demédecine (elle est actuellement medecin),venue écouter son “destin”dans une casa defado, elle se voit invitée à chanter. Le publicest tout de suite conquis. Serait-elle en trainde re p ro d u i re le miracle d’Amalia, forçant lesp o rtes du milieu fadiste réputé fermé, sansd i fficultés aucune ? Il semblerait. En touscas, elle y a rencontré « des musiciens quiavaient la même conception du fado quemoi », précise-t-elle, et avec qui elle a enregistréce premier album : Paulo Parreira (guita re portugaise), João Mario Veiga (guitare )et Armando Figueiredo (basse). Une nouvelleAmalia ? La comparaison est inévitable. Maisplus que les ressemblances et réminiscences,<strong>Katia</strong> Guerre i ro re p rend une traditionfadiste, celle de retravailler les classiques enles réinterprétant ou en en changeant lesp a roles tout en gardant les mélodies. C’estainsi que les plus grands fadistes ont crééleurs styles, de Alfreido Marc e n e i ro à AmaliaRodrigues, en passant par Maria Te resa deNoronha et bien d’autres. <strong>Katia</strong> sera-t-elle àla source d’un nouveau style de fado, commeses illustres prédecesseurs ? C’est la promesseque nous laisse ce disque.S. T.Le renouveaue fado n’a jamais été si vivant et si libre. CeLstyle musical né au dix-neuvième siècle àLisbonne puisa ses sources à des traditionsdiverses. Il mûrit jusqu’à trouver sa voix danscelle d’Amalia Rodrigues, épousa toutes lescauses, fut adoré comme repoussé. Pourtant, ilg a rde encore son mystère. Peut-être le gard e -t-il entier par sa manière d’échapper à touteclassification. Chansonnette de cabaret, passetempsde mauvaise vie, il se fait racoleur eta l l è g re dans les fêtes populaires et les bas-fondsde la ville. Rythmé en strophes, il est scandécomme les joutes des troubadours. Ses thèmesc i rculent sur des f o l h e t o s vendus trois sous.Avec un refrain, il se fait chanson et ballade.À Coimbra, il est élégant. À Lisbonne ou ailleurs,il se frotte aux grands poètes portugais. Il estdrame et mélancolie, comme il est la joie et lef o l k l o re. Il s’interprète dans les casas de fadocomme dans les casinos les plus chics. Il esttout autant censuré qu’édifié comme parangonde l’âme portugaise. Rattaché au régime deS a l a z a r, il s’est aussi vu lié aux anarc h i s t e s .Déchu au lendemain de la Révolution desŒillets, il est réhabilité quelques années plust a rd par les mêmes qui l’ont fustigé. Le fado estpassé par tant de destins que, dépouillé de sesmythes et de ses purismes, il est aujourd ’ h u i ,plus que jamais, ouvert aux nouvelles interprétations.Toute une nouvelle génération s’emparedu fado pour le confronter autant à la t ro v a( b a l-lades) qu’au rock ou à l’électronique, comme àun renouveau de ses racines. Fermement ancrédans le contemporain tout en s’aff i rmant par savoix et son sentiment comme l’héritière dire c t ed’Amalia, <strong>Katia</strong> Guerre i ro incarne l’exact équili b re entre la rénovation et le retour d’une tradition.Comme le tango, le fado naît au plus profondde l’âme. Il se crie dans la pudeur d’unsentiment dramatique vécu comme une passiondéchirante. Fruit des contradictions les plusextrêmes, le fado reste attaché à Lisbonne. Noncomme à une tradition stylistique mais commeà un bout du monde, définitivement tourné versl’échappée. Lié à jamais à Buenos Aires (autrebout du monde), le tango reste le fruit d’immigrés,alors que Lisbonne fut longtemps une terred’émigrants. Mais aussi une terre du retour possible,sans quoi il n’y aurait pas de saudade…S. T.Discographie, P e d ro Caldeira Cabral, Variações Guitarra Port u g u e s a( Wo r l dConnection/Night & Day). Pour écouter la guitare port u g a i s eseule ou accompagnée de la guitare sans chanteur de fado., Misia, Ritual (Erato/Warner, 2001). Un albumdépouillé, plus proche d’une conception épuréeque des racines du genre., Amalia Rodrigues, Best of (EMI, 2002). Pour seremémorer les grands succès de celle qui incarna lefado pendant plus de cinquante ans., M a r i z a, Fado em Mim ( World Connection/Night & Day, 2001).Un album fort et rythme, un style théâtral et expressif., Madredeus, Movimento (EMI, 2001). Un albumsurtout acoustique dominée par la sublime voixde Teresa Salgueiro., <strong>Katia</strong> <strong>Guerreiro</strong>, Fado maior (L’Empreinte Digitale).L’héritère d’Amalia Rodrigues., Cristina Branco, Post-scriptum et Murmurios( L’ E m p reinte Digitale, coff ret des deux premiers CDs).Un fado contemporain d’une grande sensibilité., Bévinda, Em caminho (Celluloïd/Mélodie, 2002).Quand une des nouvelles voix du fado se promènesur des arrangements musicaux originaux., Carlos do Carm o, Un parfum de fado — Portugal, fado (vol. 6)( A i rmail Music/Mélodie). Le fado peut également avoir desintonations masculines. Carlos do Carmo en est la pre u v e ., Lucilia do Carmo, Un parfum de fado — Portugal, fado(vol. 4) (Airmail Music/Mélodie). Sans conteste, unedes grandes voix féminines incontournables.S.T.


C1-40-MMP001 22/11/03 16:58 Page 1818 DossierAdresses (suite)Lisbonne, Tap Air PortugalTél. : 0810001340Pour partir en avion, histoired’y passer le week-end., Sur place, quelquesgratuits vous guidero n tsur l’actualitém u s i c a l e : l ’ a g e n d ac u l t u re l édité par la villede Lisbonne, la re v u etrimestrielle Lisboa stepby step et le guidemensuel Follow Me., À écouter : Radio Paris-Lisbonne (90.4 FM).Radio bilingue.Parreirinha de Alfama,beco Espanha,1 —Quartier de l’Alfama.Tél. : 21-886-82-09., D i ficile de ne pas tomberdans les casas de fadopour touristes. Cependant,celle d’Argentina Santos,grande dame du fado,reste l’une des plusa u t h e n t i q u e s .S.T.Autres destinsAmalia Rodrigues a longtemps incarné le destin du fado portugais.D’autres voix étaient pourtant présentes, encore tro ptimides et respectueuses pour oser supplanter la diva. Seuleà avoir re t rouver la grâce auprès d’un public devenu méfiantdevant les images conventionnelles du fado, elle restaitl’unique chanteuse à rester au catalogue des maisons dedisques portugaises. En 1999, à la mort d’Amalia, ce sonts u rtout les compagnies étrangères qui pro d u i ront des albumsde fado. D’emblée en opposition avec une tradition stéréotypée,le “novo fado” naissant, né au début des années 1990,f l i rte avec le rock. Paulo Bragança, José Mario Branco etAmélia Muge en sont les héros. Cette dern i è re, originaire duMozambique, re t o u rne aux sources celtes du folk port u g a i s ,mélangeant le fado au jazz, au rock mais aussi à l’Afrique etau Brésil. À la même époque, issus de la scène rock, PedroAy res Magalhães et Rodrigo Leão forment le gro u p eM a d redeus. Véritable empilement d’archétypes de la musiquep o rtugaise, de son aspect folk à la musique éru d i t e ,M a d redeus intègre le fado grâce à la voix de sa chanteuseTe resa Salgueiro, toujours sur le fil de l’émotion. D’abordacoustique, le groupe se frotte aux essais électroniques suiteau départ de plusieurs membres au milieu des années 1990.D ’ a u t res voix émerg e ront, plus proches des racines du fado,sans toutefois négliger l’apport de ses nouvelles fusions.O r i g i n a i re de Porto mais ayant longtemps vécue en Espagne,p o rtée par la saudade, Misia re t o u rne vers cette culture fadoqu’elle apprend à re d é c o u v r i r, non sans s’essayer à d’autre sf o rmes musicales. Amélia Muge lui écrira des paro l e s .Cependant, Misia fait le chemin inverse, revenant peu à peu aufado de rue avec accordéon et violon, puis, pour son dern i e rdisque, à un style dépouillé, enregistré comme autrefois aum i c ro à lampe. Amélia Muge a aussi inspiré quelques chansonsde Camané, surdoué du genre et qui a gagné le concoursde la “Grande nuit du fado” à 12 ans. Camané chante aussiles textes de José Mario Branco, homme de gauche qui fut unopposant féroce au fado au lendemain de la Révolution desŒillets et fer de lance du renouveau de la musique port u g a i s e .Malgré son succès grandissant et sa reconnaissance intern a-tionale, Camané reste attaché à la tradition du fado de ru e ,qu’il chante encore dans les casas de fado, s’inspirant deA l f redo Marc e n e i ro, ou plus récemment de Carlos de Carm o .Mais c’est avec Malfada Arnauth qu’Amélia Muge trouve uner a re complicité dans la jeune génération. Sa voix pro f o n d e ,aussi à l’aise dans les aigus comme dans les graves, explore unfado contemporain à la croisée de la musique classique. Lastar du renouveau reste cependant Cristina Branco qui séduitla diaspora portugaise avant d’être applaudie chez elle. Elles’oriente délibérément vers un style moderne, réussissant avecsincérité à exprimer le sentiment fadiste en phase avec l’étatd’esprit contemporain. Dans la lignée, Bevinda, fille d’immigrésportugais, plus connue sous nos latitudes, excelle à enrenouveler la pro f o n d e u r. Elle trouve son inspiration dans sesvoyages qui l’ont conduit du Tibet au Brésil. Si beaucoup deces chanteuses préfèrent user d’une mise en scène pudiqueinspirée de l’imagerie fadiste, Mariza — o r i g i n a i re du Mozambiquemais ayant grandi dans le quartier de la Mouraria —re t rouve les allures de diva d’une Amalia Rodrigues. Expre s -sivité, théâtralité et sens du rythme donnent à son fado unaspect dramatique puisé dans les clichés populaires du portou des cabarets lisboètes.S.T.


C1-40-MMP001 22/11/03 16:58 Page 19Dossier 19CristinaBrancoÀ 30 ans et cinq albums, C r i s t i n aBranco garde l’essence du fadotout en le renouvelant par la poésie.Conversations autour de son nouvela l b u m ,“ S e n s u s ” ,ou le pudique fado semet en scène sur des poésies érotiques.Que signifie le titre de votre album Sensu ?C’est un mot latin qui signifie “sens”. Je l’ai choisi car l’albumréunit des poèmes érotiques écrits en portugais.Comment avez-vous choisi et travaillé ce répertoire ?J’aime beaucoup la poésie. Déjà, depuis mon dernier album,O Corpo Iluminado, j’avais l’idée de faire un disque de poésiesé rotiques. À partir de là, je suis allée chercher des textes quej’aimais. Puis je les ai montrés à Custodio Castelo, pour savoirsi à partir de ces poèmes, il pouvait en tirer des musiques. Ila construit les mélodies. De mon côté, j’ai déterminé les motsles plus importants, ceux que je voulait mettre en avant. Cen’est pas un chant mais une interprétation des mots.D’ailleurs, on re t rouve un titre Assim que te despes, tiré durecueil Corpo Iluminado…En effet, Corpo Iluminado est un recueil de poésie érotiqueécrit par David Mourão-Ferreira qui, par ailleurs, a écrit desfados pour Amalia Rodrigues. Il y a aussi Atentado, un textede Pedro Homem, un des auteurs préférés d’Amalia et quiest aussi le mien. J’ai aussi choisi une poésie du livre leplus important au Portugal, Os Lusiadas, écrit au quinzièmesiècle par Luiz Vaz de Camões et qui raconte l’épopée desconquistadors portugais au Nouveau Monde.Vous écoutez beaucoup de musique brésilienne. Vous en êtesvousinspirée pour cet album ?D’une certaine manière, puisque j’ai choisi une poésie deVinicius de Moraes, Soneto de Separação, et une chanson deChico Buarque, O meu Amor. Dans les deux cas, je ne mesuis pas servi de leurs interprétations. Pour le sonnet deVinicius de Moraes, il n’existait qu’un enregistrement d’unejam-session où Vinicius récite ce poème sur une musiquei m p rovisée par Tom Jobim. O meu Amor est le seul titre enregistréavec piano et contre b a s s e . Cela donne un petit côtéjazzy, totalement différent du reste de l’album.Justement, peut-on vraiment dire que vos albums sont desdisques de fado ?Pour moi, c’est du fado, il y a la guitare portugaise. Le fado,c’est la vie. Je ne vois pas cette musique comme le destin.Le destin, c’est ce que nous en faisons, ce n’est pas unechose qui arrive par hasard. Je ne crois pas en cette nostalgie.Je pense que le fado parle de la vie, de celle qui existaitdans les années 1940 et 1960, mais aussi qui existe en2003. Il ne s’agit plus de parler des clichés de la sociétép o rtugaise, de la mer, des marins, des “découvreurs” quip a rtaient et des femmes restées seules à pleure r. Le fadoreprésente beaucoup plus que ça, c’est parler d’aujourd ’ h u i ,de la guerre s’il le faut. Ce fut toujours une musique assezpudique, qui parlait d’amour mais du côté de la passion. Cedisque prétend être le contraire, parler de notre siècle, de sexeet de passion, mais sous une forme poétique et non obscène.C e rtains morceaux sont plus évidents que d’autres en matièred’érotisme…Oui. Par exemple, Cantigas às Serranas, un poème du douzièmesiècle, est l’un des moins évidents. Rodrigo et Gonçalosont deux garçons qui re c h e rchent l’amour. Cet amour estdésigné de façon métaphorique par la terre et la découvertede l’érotisme des femmes, de la passion qu’ils pourr a i e n tavoir pour elles. Tout cela est évoqué par les fleurs, le blé…Au contraire, S e g re d o est très évident. Il s’agit du seul poèmeécrit par une femme, Maria Te resa Horta. Elle fut une grandeféministe dans les années 1960 et a beaucoup écrit sur lalutte des femmes et leurs rapports aux hommes.O u t re Custodio, le compositeur et guitariste qui vous accompagnedepuis vos débuts, des personnes chères ont participé à ce disque…En effet, Vasco Graça Moura — qui est le traducteur dessonnets de Shakespeare et un ami — m’en a lu quelques-unsalors qu’il était en train de les traduire. J’ai choisi Se Alma teR e p ro v a. Il m’a aussi fait la faveur de m’écrire un poème, quiest aussi un sonnet, Soneto Destru i d o. Et mon frère, RuiBranco, psychologue mais aussi artiste, m’a écrit spontanémentune poésie quand il a su le thème que j’avais choisi.Ce disque est ambitieux, non ?Oui car la plupart des poèmes ne sont pas formatés pour êtrechantés. Ce qui signifie une plus grande difficulté à créerpour le compositeur. Cela dit, c’est très stimulant. Après, ily a l’interprétation qui est ma partie. Comme les autres fois,j’ai utilisé des poèmes, mais avec ce disque, j’ai travaillé mavoix de façon diff é rente. Elle est plus grave et plus contenue,il y a moins d’écarts que sur les autres disques. Parceque chanter, c’est aussi raconter une histoire.Vous ne possédez pas cette théâtralité que l’on trouve chezbeaucoup de chanteuses de fado. Pourquoi ?Je chante cette musique mais je ne suis pas une « fadista »,comme on dit au Portugal. Parce que je n’interprète pas cestyle de manière traditionnelle. C’est un fado qui parle demoi, de mes voyages, de mes re n c o n t res, où je suis moimême.En concert, le public me voit telle que je suis avantet après. Je ne suis pas une personne triste ou portée audrame. Et sur scène, je reste fidèle à moi-même.Propos recueillis par Sandrine Teixido.Audio & vidéohttp:// www.mondomix.org/papierLa guitareportugaiseLe fado s’exécute traditionnellementavec trois guitares :deux guitares, l’une basse,l ’ a u t re espagnole (que l’onappelle toutes deux “viola”en portugais), et la guitarep o rtugaise. Cette guitare àdouze cordes composée desix doubles cordes métalliquesfut vraisemblementi m p o rtée par les Maures. Dela famille du cistre, elle futpopularisée par les tro u b a-dours. Puis au dix-huitièmesiècle, elle se transforme aucontact de la guitare anglaisepour devenir celle que l’onconnaît. Les cordes doubléesà l’octave se jouent en lesc rochetant entre le pouce etl’index (technique du “picking”).Elle possède unt i m b re cristallin qui soulignede façon dramatique le sentimentexacerbé dans le fado.


C1-40-MMP001 22/11/03 16:58 Page 20La Fnac aimeThis is our Music (CD+DVD),la rencontre live de 7 artistes exceptionnelsSortie le 4 mars067005-0


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C1-40-MMP001 22/11/03 16:58 Page 2222 EncycloQue se passe-t-il ailleurs ?À l’aide de deux charts,découvrez ce qu’aimentles Anglais et ce qui estle plus écouté sur lesprogrammes world desradios européennes.Charts Europe1 • Red Hot & RiotLast month : 2Artistes divers (MCA)2 • The Secrets Of The RocksLast month : 1Kristi Stassinopoulou(Hitch Hyke)3 • BariLast month : 4Ojos de Brujo(La Fabrica de Colores)4 • Nothing’s In VainLast month : 6Youssou N’Dour(Nonesuch/Warner)5 • Ma Maren MaLast month : 13Jony Iliev & Band(Asphalt Tango)6 • FaltriqueiraLast month : 18Faltriqueira (Resistencia)7 • BembeyaLast month : 7Bembeya Jazz (Marabi)8 • YusaEntrée, Yusa (Tumi)9 • Mattarahku AskaiEntréeUlla Pirttijärvi (Warner)10 • Tangerine CaféLast month : 23Luigi Cinque & Tarantula(Hypertext Orchestra)Compiled by Johannes Theurer &Tobias Maier on behalf ofthe World Music Workshop of the EBU.johannes.Theurer@sfb.detobias.maier@sfb.de© www.worldmusicnight.comCharts anglais1 • The Secrets Of The RocksKristi Stassinopoulou(Hitch Hyke)2 • BariOjos de Brujo(La Fabrica de Colores)3 • Tangerine CaféLuigi Cinque & Tarantula(Hypertext O’rchestra)4 • HemavazKardes Turkuler (Kalan)5 • AnglicanaEliza Carthy (Topic)6 • BembeyaBembeya Jazz (Marabi)7 • Can’t Make MeBesh O Drom(Ashphalt Tango)8 • Music Of BurmaInle Myint Maung & YiyiChaque mois, Étienne Bours nousdonnera deux définitions de mots autourde la world music, extraitsdu “Dictionnaire thématique des musiquesdu monde” (éditions Fayard).Sean nósChanson (Irlande)e sean nós est la musique vocale, c’est-à-dire la façon etLle style de chant traditionnel irlandais. Sean nós veutdire, en gaélique, “old style” soit ancien style. Il s’agit d’unchant a cappella dont une partie importante est improvisée.Il impose en effet à l’interprète des qualités et une imaginationd’improvisateur dans le style approprié. Le chanteurne rend pas ses émotions de la même manière que dans lechant européen. Il ne change pas de re g i s t re, ne cherche pasd ’ e ffet dramatique en chantant fort puis en douceur ou viceversa.Au contraire, il souligne les moments d’intensité enaccentuant les ornementations vocales ou en les réduisantau minimum, jusqu’à livrer un chant d’une grande simplicitéde telle façon que le retour à la moindre ornementationrenforce la tension de la performance. Un chanteur de seannós n’interprète jamais deux vers de la même façon. Il variele rythme et même l’utilisation des notes mais sur uneéchelle miniature, de manière à ne pas perd re la stru c t u rede l’air. Les anciens chanteurs font souvent ce travail d’instinct.C’est dans le Connemara que le sean nós est le plusvivace. Le genre a cependant tendance à se perdre au profitde la ballade et du folk song. Il se pratique encore dans lesrégions où le gaélique est toujours parlé, les auditeurs comprenant la langue et connaissant l’histoire racontée dans ceschants d’amour ou d’histoires tragiques.Étienne BoursSélection CDs :, Johnny Mhairtin Learai Mac Donnchadha(Clo Iar-Chonnachta CICD013)., Nioclas Toibin, Rinn na Gael(Clo Iar-Chonnachta CICD104)., Sarah Ghriallais (Cinq Planètes CP01958)., Iarla O Lionaird, The seven steps to mercy(Real World 8446472)., Ann Mulqueen (Clo Iar-Chonnachta CICD080)., Sean’ac Dhonncha (Clo Iar-Chonnachta CICD006)., Diarmuid O Suilleabhain (Clo Iar-Chonnachta CICD115).Thant (Smithsonian/Folkways)9 • Within SoundShirley Collins (Fledgling)10 • In Our Foremothers’ ArmsMattarahku Pirttijarvi( I n n o v a t o r / Wa rner Finland)11 • EosBijan Chemirani(L’Empreinte Digitale)12 • Barbes City Limit BluesKarim Albert Kook(Dixie Frog/Night & Day)13 • HodöödUrna (Trees Music & Art)14 • RakhiThierry “Titi” Robin &Gulabi Sapera (Naive)15 • Mariem Hassan ConLeyoad (Nebenegra)16 • ‘Shta Vite Gne Nu TeadrineNuova AgricolaAssociazione (Riflessi)17 • Globalista Import-ExportArtistes divers (Trikont)18 • Echoes Of Africa :Early RecordingsArtistes divers (Wergo)19 • Paleo Festival Nyon 2002Tien-Shan Suisse Express(Lawine)20 • KonkerantsPee Frois(Africa Fete/ Night & Day)Rassemblé par Ian Anderson.web: http://www.frootsmag.comMessagestambourinés(Afrique, Océanie)es messages envoyés par les tambours sont des exemplesLde communication musicale que l’on re n c o n t re fréquemmenten Afrique et en Océanie. On distingue souvent entredes signaux envoyés par tambours de véritables messagesvéhiculés de la même manière. Les premiers sont desphrases ou des rythmes qui ont une signification prédéterminéeet connue du groupe. Les autres re p roduisent la tonalitédes mots et forment d’authentiques phrases imitant lavoix humaine. Il faut savoir qu’en Afrique, beaucoup delangues sont tonales. Et que les instruments peuvent reprodu i re cette stru c t u re tonale, ne faisant en fait que parlercomme les hommes. Les tambours sont souvent utilisésp a rce qu’ils portent loin. Leur jeu est compris d’office parles seuls initiés, les autres ne comprennent pas. Ils serventà informer d’un événement comme une naissance ou undécès, à mettre en garde, à dire les louanges de quelqu’unou encore à rassembler une population précise. Les tamboursafricains ont certesde nombreuses fonctions mais celle de parler n’est pas desm o i n d res. Les tambours dits d’aisselle ou tama (perc u s s i o n sen forme de sablier jouées en Afrique occidentale) sontd’ailleurs appelés, en anglais, talking drums (tambours parlant).Ils produisent des hauteurs variables et peuvent doncfacilement émettre des messages phrasés et rythmés. Pourcela, le musicien module en jouant sur la tension des peaux.Lorsqu’on n’utilise pas de tambours à membranes, les messagessont souvent envoyés sur des tambours à fente, soitdes instruments entièrement creusés dans le bois et frappéssur les bords de la fente (ou des fentes) qui les traverse.C’est le cas en Afrique encore, notamment chez les Lokelede l’ancien Congo belge qui imitent la voix en jouant, reproduisantdes phrases parlées. Mais c’est le cas aussi, parexemple, chez les peuples de Papouasie-Nouvelle-Guinéequi frappent alors des messages codés sur le grand tambourgaramut. On l’entend loin et les initiés comprennent s’ilssont conviés à des fêtes, des funérailles ou encore s’il s’agitdes messages plus simples liés au quotidien.É. B.Sélection CDs :Afrique, Yoruba drums from Benin, West Africa(Smithsonian Folkways CDSF40440)., Ghana, Ancient ceremonies, songs and dance music(Elektra Nonesuch Explorer Series 7559-72082-2)., Burkina Faso, Anthologie de la musique Gan(Buda 92709-2)., On the edge of the Ituri forest. Northeastern Belgian Congo1952 (Sharp Wood Productions SWP009), Kanyok and Luba, Southern Belgian Congo 1952 & 1957(Sharp Wood Productions SWP011)., République Centrafricaine (Auvidis Unesco D8020)., Akan music from Ghana, West Africa(Smithsonian Folkways SFCD40463).Océanie, Forest Music. Northern Belgian Congo 1952(Sharp Wood Productions SWP016)., Songs & dances from Papua New Guinea. Healing, feasting& magical ritual (Topic TSCD918).


C1-40-MMP001 22/11/03 16:58 Page 23Nuevos MediosLà-bas 23Le label indépendant madrilèneNuevos Medios allume ses20 bougies cette année.Surtout connu pour ses productionssoignées et innovatrices d’artistesflamenco, nous avons cherché à ensavoir plus. Entretien avec sonfondateur et directeur,Mario Pacheco.«Ma femme Cucha Salazar et moi avons crééNuevos Medios, explique Mario Pacheco,après avoir travaillé tous les deux dans lamusique mais à notre manière. Au début des années 1980,beaucoup de compagnies indépendantes ont vu le jour dansun mouvement international autour d’une vision altern a t i v edu business. Nous avons distribué des labels commeF a c t o ry Rough Trade et ECM, tout en enregistrant le genrede musique qu’on écoutait à la maison, c’est-à-dire leflamenco. C’était néanmoins une époque magnifique pourla pop espagnole, avec beaucoup de groupes remplis depoésie et d’attitude. Nous ne pouvions pas l’ignorer et nousavons enregistré quelques albums (“La Mode”, “GolpesBajos”), aujourd’hui considérés comme les plus significatifsde l’époque.Le travail du label se situe dans la musique populaire espagnoleou latino-américaine, tel qu’on l’entend dans les rueset les bars de notre ville. On ne peut rien faire de nouveausauf à partir de la tradition. Nous cherchons à donner à nosproductions un accent international, avec le plus de naturelpossible et en évitant d’être trop professionnels ou modernesà tout prix.Actuellement, Diego Carrasco est peut-être l’artiste flamencole plus intéressant grâce à son discours très lucide sur lerythme et son sentiment pour lequel les puristes aussi bienque les gens plus modernes se passionnent. Diego Amador(le petit frère des Pata Negra) est un genre de DjangoReinhardt du piano. Un pianiste flamenco autodidacte avecun immense talent. Le bassiste Carles Benavent et le guitaristeJosé Miguel Carmona (le fils de Pépé Habichuela etmembre du groupe Ketama) ont commencé à enregistrer unalbum en duo. Nous terminons un disque de très jeunesa rtistes de flamenco, une nouvelle génération d’un artflorissant. N’oublions pas le joueur de timple des Canaries,José Antonio Ramos, et le pianiste Polo Orti, ni la compilationd’artistes de Jerez.La collection de notre 20 e a n n i v e r s a i re se compose de dixhuitCDs, chacun dédié à un artiste. Il s’agit des musiciensqui ont le plus enregistré pour nous. Nous avons sélectionnéles morceaux avec eux. L’idée était de porter un re g a rd actuelsur leur travail. Je suis le premier surpris mais je dois direque nos productions supportent extraord i n a i rement bien lepassage du temps. À l’exception de deux volumes de musiciensbasques (le claviériste Tomas San Miguel et l’auteurchanteurRuper Ordorika), toute la collection est du flamencomoderne. Je suis ravi par la vision d’ensemble. C’estd i fficile de faire de la musique populaire avec tant d’exigenceet d’originalité.La musique flamenco a évolué comme nos artistes et nousl’espérions il y a quinze ans, peut-être un petit peu plus lentement.Nous savions que la musique flamenca allait plaireaux jeunes et ce partout en Espagne, en Andalousie, à Madridet à Barcelone. Nous avons conscience de travailler à laréussite d’un mouvement musical génial. Aujourd’hui, engénéral, le flamenco est plus écouté, mieux chanté et mieuxjoué. Ce style parle dans ses propres termes et se développeselon sa propre dynamique. Il appartient de droit au mondefascinant de la musique populaire espagnole.Je ne suis pas la personne la mieux habilité à parler del’industrie du disque, surtout qu’elle ne m’intéresse pasbeaucoup. Mais celle d’Espagne me paraît curieuse. Elle ala capacité à produire des mégatubes comme Macarena ouA s e re j é, elle a inventé la chanson mondiale estivale. Nousne sommes pas de grands exportateurs mais nous jouissonsd’une musique populaire très spécifique. Parfois, j’ai l’impression qu’on écoute la même pop internationale part o u tsauf en Espagne, au Brésil, au Mexique et dans quelquesautres pays. »Propos recueillis par Marushka.Diego Amador


C1-40-MMP001 22/11/03 16:58 Page 2424 Là-bas2003,année du bluesGrand connaisseur en lam a t i è re, le Congrès américainvient de décider quele blues avait tout juste100 ans et proclame 2003“année du blues”, unemanifestation sponsoriséepar Volkswagen (la voiturefavorite des métayers duDelta du Mississippi). Aucœur de cette célébrationo fficielle, un projet ducinéaste Martin Scorc e s e(“Gangs of New York”) dep ro d u i re autour du thèmedu blues sept longsmétrages de fiction avec sixa u t res metteurs en scène(dont Wim Wenders et ClintEastwood) qui devraient êtrep rojetés sur la chaîne detélévision publique américaine(si, si, ça existe) PBS àl’automne prochain. Lep ro p re film de Scorcese, intitulé“From Mali toMississippi”, re p rend lathéorie selon laquelle leblues serait né sur les rivesdu Niger et suit l’évolutionde cet idiome musicaljusque dans les champs decoton du Sud pro f o n d .Alan Lomaxour Brian Eno, « Alan Lomax est l’une des figures clé duPvingtième siècle. Sans lui, Il n’y aurait peut-être pas eude re d é c o u v e rte du blues, de mouvement rh y t h m ’ n ’ b l u e s ,pas de Beatles, de Rolling Stones et de Velvet Underground». Décédé en juillet 2002 à l’âge de 87 ans, Lomaxa passé sa vie à enre g i s t rer des musiques populaires auxÉtats-Unis, dans les Caraïbes et en Europe, lesquelles fontl’objet d’une réédition colossale de 150 CDs chez Rounder.L’Académie Charles Cros a décerné un prix pour l’ensemblede l’œuvre du musicologue qui était aussi anthro p o l o g u e ,écrivain (une quinzaine d’ouvrages), programmateur radio,p ro d u c t e u r, cinéaste (une douzaine de films documentaire s ),photographe et chanteur !Travaillant pour un organisme étatique, la Bibliothèque duCongrès, il fut le premier à avoir enregistré (ou popularisé)Lead Belly, Woody Guthrie, Muddy Waters, Big Bill Broonzyainsi que le jazzman Jelly Roll Morton. Bien qu’issu d’unmilieu texan conserv a t e u r, les amitiés pro g ressistes de Lomaxlui valurent d’être chassé par le maccarthysme en 1950. Ilvécut alors dix ans à Londres, en profitant bien sûr pour allere n re g i s t rer sur le terrain, en Italie, en Espagne et dans lesîles britanniques. Là, à son grand étonnement, il découvritl ’ é m e rgence du skiffle (un style musical que jouait les QuarryMen, premier groupe de John Lennon), basé sur les musiquesrurales qu’il avait collecté aux États-Unis et l’une des sourc e sdu rock anglais.Lomax avait aussi inventé le concept de “Global Juke-Box”,une base de donnée musicale et anthropologique montrantcomment l’interaction entre les cultures formait un tout plané t a i re. Il était venu en France à la fin des années 1970pour réaliser quelques séquences de son documentaire“Lâche pas la patate”. Dans celui-ci, en établissant un parallèleentre bayou louisianais et marais poitevin, Lomax établissaitle lien entre musiques cajun et françaises.Jean-Pierre BruneauLe son de Veracruzi le s o n cubain est en général bien connu, on sait moinsSque le Mexique connaît également plusieurs types des o n es. Parmi ceux-ci, le s o n de Ve r a c ruz est part i c u l i è re m e n ti n t é ressant. Le son jarocho allie en effet des influencesespagnoles au niveau poétique, interprétant quatrains,sixains ou d é c i m a s , à une nette influence africaine, auniveau des rythmes qui évoquent parfois les Caraïbes toutesp roches. Les deux grands centres sont la petite ville deTlacotalpan — où l’on peut entendre des orchestres qui utilisentdes m a r i m b u l a s (lamellophones basses dire c t e m e n tissus d’Afrique centrale) aussi bien que des q u i j a d a s( m â c h o i res d’âne percutées sans doute d’origine amérindienne)— ainsi que Veracruz.Dans le grand port, l’essentiel de la vie musicale se dérouleà la dure école des P o rt a l e s, les arcades de la place princi p a l e . Les musiciens du s o n doivent faire face à la ru d ec o n c u rrence sonore des orc h e s t res de m a r i m b a s, à celle desaccordéons venus du nord du pays ou même aux trompetteset aux violons des mariachis.Les trios qui comprennent généralement deux form e sa rchaïques de guitare, la jarana et au requinto, et une harpejouent, en passant d’une table à un autre, les airs préférésdes clients.Graciana Silva Garcia, surnommée La Negra en raison de sesorigines africaines, est l’une des meilleures re p r é s e n t a n t e sde ce son jarocho de la province de Ve r a c ruz. Elle a su adapteravec talent les pièces traditionnelles de ce genre, en choisissantd’accompagner son chant sensible à la harpe, dont ellejoue avec une grande virtuosité. Elle n’a pas d’égale pourchanter avec poésie les émotions qui la traversent lorsqu’elled é c o u v re de nouveaux horizons ou, avec une gouaille irr é s i s-tible et sans méchanceté, les petits travers de ses auditeurs.Henri Lecomte


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C1-40-MMP001 22/11/03 16:58 Page 2626 Là-basRepèresbiographiques, 1968 : naissance le 23 juinà Odienné, ouest de laCôte-d’Ivoire, sous le nomde Moussa Doumbia., 1988 : initiation à lamusique avec Joffrey,guitariste ghanéen., 1990 : forme son premiergroupe, Djelys., 1992 : tournée nationaleen première partie dureggaeman ivoirienSolo Jah Gunt., 1993 : premier passage à laradio et première cassette,Djelys., 1994 : tournée dans lesgrandes villes ivoirienne etseconde cassette, “Missiri”., 1997 : l’album“Mangercratie”, un succèsdès sa sortie fin 1996, seretrouve en tête des ventesde cassettes durant cinqmois. Sur scène, Tiken Jahse produit dans des stades., 1998 : premiers concertsen France., 1999 : enregistrementà Abidjan de l’album“Cours d’histoire”, mixéen Jamaïque. À causede chansons commeDiscrimination et Nationalité,il est interdit à laradio ivoirienne. Tournée auBurkina Faso et en Guinée.Sortie en France de l’album“Mangercratie”, suivied’une tournée en premièrepartie du groupe françaisSinsémilia., 2000 : sortie en Côted’Ivoired’un nouvel album,“Le Caméléon”, et enFrance du CD “Coursd’histoire”., 2001 : enregistrement austudio de Bob Marley enJamaïque de l’album“Françafrique”, produit parBarclay. Certaines chansonsdes trois premiers albums ysont réorchestrées avec desgrands noms du reggae. Lachanson-titre dénonce laduplicité de la politiquefrançaise en Afrique., 2002 : succès de la tournéefrançaise qui suit la sortiede “Françafrique” en février2002. Quand des soldatsfont irruption chez lui àAbidjan le 20 septembre,Tiken Jah, qui se sentmenacé, décide de ne pasretourner en Côte-d’Ivoire., 15 février 2003 : Tiken JahFakoly remporte la Victoirede la Musique dans lacatégorie reggae/ragga/world.Tiken Jah FakolyVictoire !Porte-parole de la jeune générationsacrifiée de Côte-d’Ivoire, Tiken JahFakoly chante pour l’annulation dela dette et reçoit une Victoirede la musique 2003 pour l’albumreggae/ragga/world de l’année.Quel bilan tires-tu de ton parcours musical ?Je dirais que le bilan est positif. Quand je repense à mes débuts dansmon village, à 950 km d’Abidjan, j’étais très loin des médias. Je mesuis battu d’abord pour partir du village et réussir à la capitale, ensuitede la capitale à Paris. Et de Paris, je suis allé au Brésil, au Ve n e z u e l a ,aux États-Unis… Mais le plus dur commence et je continue à travailler.Tu as toujours été très clair dans tes chansons sur la situation enCôte-d’Ivoire. Où en est ton combat ?A u j o u rd’hui, je suis hélas obligé de dire que le message n’est pas passécomme je le voulais. J’avais en face des adversaires qui ont utilisé latélévision nationale pour dire le contraire de tout ce que nous disonsdans nos chansons. Or, beaucoup de gens pensent que la vérité vientde la télé. J’aurais voulu être compris par toute la population, ce quinous aurait évité les massacres et la guerre. Pourtant, ça ne va pas mepousser à baisser les bras, parce que j’aime mon pays. C’est la terre demes ancêtres et je pense que ce sera aussi le pays de mes enfants.Donc, je suis obligé de continuer le combat pour que mes enfants puissenttrouver un pays qui fonctionne, sans le nationalisme, et le racismequi existent aujourd’hui et sont aussi la honte de l’Afrique.Face à une Côte-d’Ivoire coupée en deux, quel est ton message ?Mon message est surtout un souhait. Je souhaite qu’il y ait la paix.Mais je suis convaincu d’une chose : c’est qu’il ne peut pas y avoir lapaix s’il n’y a pas aussi la justice et l’égalité. L’actuel chef de l’Étata été mal élu en 2000. Je l’ai dénoncé dans mes chansons et dansmes interv i e w s : les élections se sont très mal passées. Les socialistesétaient au pouvoir en France et le candidat élu en Côte-d’Ivoire étaitleur protégé. Ils l’ont mis aux commandes contre la volonté du peuple,puisque les candidats des deux grands partis ivoiriens, le PDCI et leRDR, ont été rejetés. À partir de là, j’ai compris que la Côte-d’Ivoir eallait prendre feu et je n’ai pas arrêté de dénoncer. Une partie de lapopulation m’a écouté, l’autre partie a préféré écouter ceux qui voulaientdéstabiliser le pays. Et aujourd’hui, on estbloqué… Je souhaite qu’il y ait la paix, mais pour cela, il faut unejustice. Et pour qu’il y ait une justice, il faut laisser les Ivoiriens voter.Depuis les indépendances, les Ivoiriens n’ont pas voté. Houphouët-B o i g n y, resté tre n t e - t rois ans au pouvoir, a fait voter, avant de mourir,une constitution qui désignait Henri Konan Bédié pour nous diriger.Henri Konan Bédié fait l’idiot jusqu’au coup d’État de Robert Gueïen 1999. Robert Gueï (assassiné le 19 s e p t e m b re 2002, NDLR)a s s u re une bonne transition durant six mois, puis entre dans la dérivedu nationalisme. Et ils organisent des élections entre eux, avec lacomplicité des socialistes français… Je ne suis pas contre l’ingére n c e ,tant qu’elle est positive. Parce qu’il y a deux formes d’ingére n c e :celle qui déstabilise l’Afrique afin que l’Occident en profite pour voler,et celle qui consiste à exiger la démocratie dans tous les pays africains.C’est cette dern i è re que j’appelle l’ingérence positive. Je penseque si les socialistes français au pouvoir à l’époque avaient fait unei n g é rence positive — c ’ e s t - à - d i re exiger que tous les candidats soientacceptés à participer aux élections —, on n’en serait pas là. Parc equ’il n’y avait aucune raison que certaines candidatures soient refu -sées. Aujourd’hui, pour qu’il y ait la paix, il faudrait qu’enfin on laisseaux Ivoiriens le libre choix d’élire leur président. Je pense que c’est laseule solution. L’actuel président a organisé ce qu’on a appelé le“ F o rum de réconciliation nationale”. À l’époque, je l’ai appelé “Foru mde distraction nationale”. Car pour moi, il s’agissait juste de distrairele peuple. L’ H i s t o i re m’a donné raison. Beaucoup de résolutionsprises par ce forum — comme de donner un certificat de nationalitéà monsieur Ouattara, qui dirige le RDR — n’ont jamais été re s p e c-tées. L’actuel président de la Côte-d’Ivoire n’est pas un homme deparole. Il est obligé de diviser pour régner, mais s’il va aux élections,le peuple ne va pas le choisir. On n’a pas confiance en lui.Dans la situation actuelle, avec les massacres perpétrés par les milicesp ro - g o u v e rnementales, est-il possible pour un Fakoly (famille du nord )de vivre à Abidjan ?Non. Aujourd’hui, je suis contraint à l’exil et pour un bon moment.Si je veux aller en Afrique, j’irai au Mali ou au Burkina Faso, maispas en Côte-d’Ivoire, parce que le 20 septembre 2002, des militaire sont débarqué chez moi. Ils ont dit qu’ils étaient venu voir si j’étaisen sécurité, mais je sais que c’était pour m’arrêter… Je préfère vivredix ans en dehors de mon pays sous la dictature et revenir dans uneCôte-d’Ivoire libre et juste, plutôt que de rester. Si j’y restais, je nepourrais pas continuer à chanter comme je le fais, alors que je saisque la jeunesse a besoin de moi. Et je ne veux pas non plus donnerl’occasion à ceux qui sont au pouvoir de m’arrêter dans mon combat.Propos recueillis par François Bensignor.Audio & vidéohttp:// www.mondomix.org/papierwww.tikenjah.net


C1-40-MMP001 22/11/03 16:58 Page 27Marre des supermarchés culturels ?www.cdmail.fr, le disquaire online indépendantvous propose chaque mois toutes les nouveautésdu disque en Musiques du monde.www.cdmail.fr, c’est aussi une des plus grandes vitrinesdu web pour les autoproduits et de labels indépendants.www.cdmail.fr, c’est le disquaire de toutes les musiques :variétés françaises et internationales, pop, rock, blues, jazz,classique et musiques électroniques.Vous êtes disquaire ?bibliothèque ?libraire ?http://pro.cdmail.fr, c’est le site leader dans son domainede vente online aux professionnels.Contact : Trevor BROOKESwww.cdmail.frCD Mail9, chaussée Jules-CésarBP234 Osny 95523CERGY PONTOISE cedexT. +33 1 30 75 11 55F. +33 1 30 38 61 26E. cdmail@cdmail.frR C S Po n toise B340282870depuis 1987


C1-40-MMP001 22/11/03 16:59 Page 2828 @Cadeaux d’artistesDans cette rubrique, retrouvez des adresses de sites Internet où des artistes vous invitentà télécharger leur musique gratuitement.étachez votre ceinture et dégoupillez votreDsouris, la pre m i è re étape de ce voyagecosmopop est malaisienne. Rendez-vous surw w w.popshuvit.net pour télécharger S k a t e r’sA n t h e m de Pop Shuvit. Basé dans la capitaleKuala Lumpur, ce groupe produit un hip hop hardco re avec grosses guitares en avant façon LimpBizkit, comme en témoigne ce titre qui a plusieurssemaines durant squatté les pre m i è res places desc h a rts indonésiens. Pour le fun, vous pouvez aussirapatrier leur reprise de J u m p, le tube des gaminsKriss Kross qui fit un carton en 1992. Dix ansaprès, le titre re s s u rgit à l’autre bout de monde,c’est ça aussi la mondialisation !Et puisque le monde n’est qu’une grosse boule,continuons la virée d’un clic de souris surw w w. u z d e s s e rt.uz/ver4/music/music.html et plongeonsen Ouzbékistan. Là, dans cette ancienneRépublique soviétique — les amateurs de musiquesdu monde connaissent la pop énergisante de la divaYulduz Usmanova (dont on trouve des titres sur ces i t e ) —, découvrez Yor Yor de la chanteuse SevaraNazarkhan. « Yor Yor est une chanson traditionnelledestinée à la jeune mariée qui quitte la maisonp a rentale pour s’installer chez son mari » , précise labiographie accompagnant Yol Bolsin, son album, lep remier produit par Hector Zazou pour le comptede Realworld, le label de Peter Gabriel. Quel intérêta l o r s ? Le plaisir de re t rouver la chanson dans uneversion plus roots et de s’apercevoir que si lec h a rme y est diff é rent, le titre fonctionne tout aussibien. N’ayez pas peur d’user de votre index etd’abuser de patience, le site (manifestement àpetit débit) re g o rge de musiques et propose mêmequelques vidéos. Tout comme le site www. v i d e o-hat.com qui, outre une multitude de titres américains(sans grand intérêt pour cette colonne),aligne dans sa rubrique A r a b i c une pléiade det i t res moyen-orientaux ou égyptiens. Son DJ cornerpropose, lui, une des dern i è res tendances enm a t i è re de production electro : le bastard pop, lemix de titres antinomiques comme ont pu le populariserl’an passé les 2 Many DJs. Là, DJ Compup ropose un Mohamed Mounir vs Eminem. Cert e sun peu tiré par les cheveux, ce mix à l’effet garantien soirée ouvre de nouveaux horizons aux amateursdu genre qui connaissent certainement déjàl ’ a d resse du site référence du bastard pop( w w w. b a s t a rdpop.co.uk). Pas bâtarde du tout parc o n t re, la re n c o n t re entre les dubbers lyonnais duKaly Live Dub et ceux d’Hightone. Tout simplementbaptisée Kalton, cette fusion momentanée des deuxf o rmations livre un premier maxi vinyle disponiblefin février sur leur label commun Jarring Eff e c t .Rocœurs. Un de ces titres est depuis une quinzainede jours récupérable sur le site de ce dern i e r :h t t p :// j a rr i n g e ff e c t s . f re e . f rLes CosmoDJs : DJ Tibor et Big Buddhawww.fe.up.pt/~fado/Ce site portugais dédié au fadoa obtenu le prix de l’Unesco en1999. Disponible en versionanglaise et portugaise, il a étéoptimisé pour les versions 4des navigateurs Netscape etExplorer et nécessite le plug-inFlash. Assez agréable pour l’œilet l’oreille, son contenu est toutefoislimité. S’il éclaire sur lesorigines de cette musique, ilnéglige totalement l’actualitéde cette musique en pleinrenouveau. La partie la plusintéressante se trouve dans lasection “sons” des pagesalbums où l’on peut, si l’onpossède une bonne connexion,entendre une quinzaine declassiques, diffusés en stéréoet interprétés par AlfredoMarceneiro, Hermínia Silva,Amália Rodrigues, Carlos doCarmo ou Nuno Oliveira.www.webchaabi.comIl serait dommage de se laisserrebuter par l’aspect inesthétiqueet peu érgonomique de cesite. Car derrière ces petitsdéfauts, se cache un contenud’une grande richesse. Lechaâbi — que l’on peut traduirepar populaire — est unemusique festive dérivée de lamusique classique arabo-andalousequi a inspiré webchaabi.Ici vous trouverez un historique,un glossaire, des biographiesd’une cinquantaine d’interprètes,quelques photos etune vingtaine d’interviews enarabe et une centaine de chansonsen Real Audio ou en mp3,qui vont du classique Ya rayahpar El Harrachi à des curiosités,telle une adaptation enarabe de Ne me quitte pas(Ghir Khalini N’Rouh) par SidAli Lekkam.www.massilia-soundsystem.comAccueilli par les sons descigales, le site de Massilia leurre ssemble. On se re t rouve auc e n t re d’un village de bord demer aux teintes naïves. Chaquesection est renommée en fonctionde ce parti pris ludique.Les vidéos se trouvent aucinéma Aïolliwood, les dates dec o n c e rt à la salle des fêtesR o b e rt Marley, la discographieau Fono Fadoli et l’aide à lanavigation au syndicat d’initiative.Les membres du gro u p eont aménagé leurs pages persosen boutiques (bar, salon de coiffu re, boulangerie…). On yt rouve des histoires drôles, un“chat”, des recettes et des jeux.Le tipi est un lien qui mène àune association d’infos sur lesrisques liés aux toxicomanies.La version en occitan et le sitede l’association Chourmo sonten construction mais le site estfréquemment actualisé.Plug-ins nécessaires : Flash,Shockwave et Real Player.www.arcade-paca.com/tradSous-section du site Arcade-Paca qui renseigne sur tousles styles de musiques et dedanses pratiqués dans larégion. Les acteurs desmusiques traditionnelles etdu monde sont présentés sousforme de fiches (artistes, associationslabels et luthiers). Ontrouve aussi un calendrier desmanifestations, des stages etformations qu’ils organisent,ainsi que des textes extraits duguide, qu’ils ont publié cetteannée. Comme souvent avec lessites institutionnels, le designn’est pas très sexy, mais lesinfos y sont précises.www.lafriche.orgLa Friche la Belle de Mai foisonned’activités et son siteg rouille d’infos. Ce haut lieu dela vie culturelle marseillaiseabrite près de soixante-dix résidents,répertoriés par ord realphabétique et par discipline.Chaque entrée renvoie sur unminsite. Les compagnies det h é â t re musical Corps à Sons etVoix Polyphoniques y ont éludomicile, tout comme le BambooO rchestra, le label Dernier Cri etl’association Ami qui depuisquinze ans agit dans le champdes musiques actuelles (ateliersde pratiques artistiques, studiosde répétitions, résidences d’artisteset organisation de festivals,MIMI, Logique Hip Hop). C’estaussi de La Friche que diff u s e n tles radios associatives Galère etG renouille. Si Galère n’a pasde section réservée, on tro u v edans les archives de celle deG renouille des émissionsau format Real.Benjamin MiNiMuM


C1-40-MMP001 22/11/03 16:59 Page 29, Nord de l’Afrique, Afrique Occidentale, Afrique Centrale, Afrique Orientale, Afrique Australe, Océan IndienMondotek 29N’gou BagayokoKULU(FRIKYIWA/NOCTURNE)Le directeur musical et ex-maride Nahawa Doumbia est unmusicien de l’ombre. Mais cesplendide guitariste rivalise sanspeine avec les cord o p h o n i s t e sles plus agiles du Mali. Cedisque intimiste et familiala l t e rne des instrumentaux deblues ensoleillé et des chansonsp a rmi les plus belles récemmentp a rvenues d’Afrique. NahawaDoumbia enfile deux perles mandingues,la jeune Maï Songointerprète brillament une balladeenlevée. Avec sa voix de miel,Ramatta Doussou, fille de N’gouet Nahawa, réussit sur le sensuelKulu la plus belle contributiond’un disque attachant.Benjamin MiNiMuMBissa du BurkinaFasso(VOL. 32)(COLLECTION PROPHET- KORA SONS/UNIVERSAL)Dans le volume 32 de la collectionP rophet, on entend des voix dignesdes meilleurs chanteurs de soul,des rythmes auxquels ne pourraientrésister les amateurs demusiques urbaines et des sons auplus proche des racines del’Afrique. Les instruments (sanzaet luth koné, arc musical dienguèla,flûte traversière lontoré ouclarinette boumpa) dialoguent avecles esprits des ancêtres ou louentles chasseurs valeureux. “Bissa duBurkina Fasso” nous prouve unenouvelle fois que l’Afrique est bienla mère de toutes les musiquesque l’Occident croit avoir inventées,la magie, souvent en plus.B. M.Daara JBOOMRANG(BMG)Pour “Boomrang”, enregistrépour le marché occidental, les troisb-boys de Dakar ont fait appel à lalangue tricolore. Disposant demoyens plus larges que pour leursdeux précédents albums, ils ontp rofité de ce confort pour constru i re un son ample. Loin d’êtremonothéiste, leur rap mélodiquese décline avec des nuances r’ n ’ b ,soul, reggae mais aussi latino enaccueillant le Sergent Garc i a .D ’ a u t res invités (China, Disiz laPeste ou Rokia Traoré) apport e n tune touche “people” à ce“Boomrang” qui pourrait bienf a i re un long vol planant dans lesc h a rts et re n c o n t rer le grandpublic qu’il semble viser.B. M.Percussions Elima &Ma ître Nono Ma n z a n z aKINKUNGU(COBALT)Les ambiances alternent, maischaque morceau livre sa pro p reh i s t o i re. Là, un instru m e n t a lenvoûte et entraîne à suivre lespas des sorciers balubuilu.Ailleurs, une voix ou deux, port é e spar de puissants chœurs fémininsou masculins, chantent ce paysappelé autrefois Congo, puisZ a ï re. Son histoire, ses traditions,ses rites initiatiques. Et toujoursrésonne le son des tambours traditionnelsdes Percussions Elima,g roupe créé dans les années1970 à Kinshasa, et re m o n t éa u j o u rd’hui par son fondateurM a î t re Nono Manzanza, pour lam é m o i re de la musique africaine.Arnaud GarriguesSengeFATEDRA(COBALT)Senge est de re t o u r. Depuis ledécès de Sengemana, les surv i-vants du trio initial, Jean et Yv o n ,n’ont cessé de maintenir laflamme allumée par leur leader.A u j o u rd’hui quartet, Senge a enregistréce nouvel album de polyphoniesmalgaches au pays. Douzechansons et autant de contesmoraux dans lesquels il est beaucoupquestion de respect écologiqueet identitaire. Les instruments(kabossy, langoro, kantsa etg u i t a res) soulignent les rythmes etles riches harmonies des quatrevoix. Sympathique, même siquelques chansons s’étirent unpeu, “Fatedra” devrait pre n d retoute sa saveur en concert .Niger — MUSIQUE DESTOUAREGS (VOL. 1 & 2)(AZAWAGH. AIMP LXVIII/VDE CD-1105)(IN GALL AIMP LXIX/VDE CD-1106)Soufis d’Algérie(VOL. 31)(COLLECTION PROPHET, KORA SONS/UNIVERSAL)La collection dirigée par CharlesB. M.Ces deux CDs sont le fruit deplus de vingt ans de fréquentationdes campements touareg duN i g e r. D’étonnants chants deg o rge des fillettes, qui évoquentle son d’une flûte, voisinent avecdes soli de vièle à une corde (uniquementjouées par les femmes)ou la flûte d’un pasteur. Dans lesecond CD, une soliste entonnedes chants finement orn é saccompagnés par un tambour etl’ostinato vocal des autre sfemmes du campement, créantun effet hypnotique. Les hommessont les maîtres de la flûte, qu’ilsjouent en même temps qu’ilschantent un bourd o n .Henry LecomteDuvelle ne cesse de nous apporterde passionnants documents.Le volume 31, “Soufisd’Algérie”, est consacré auxchants de trois confréries (tarîiqa)de Mostaganem. Les mélopéesentêtantes des mystiques musulmansdeviennent totalementenvoûtantes et spectaculaires surla longue plage de trente minutesqui clôt l’album, Imara Alawiya.Lors de cette “danse des astre s ”,deux mille personnes chantentAllah en accélérant peu à peu larécitation, dhikr, en l’amplifiantet en raccourcissant les syllabesdivines qui se transforment en uns o u ffle d’énergie pure .B. M. Tany MangaSOA(MARABI)Dans les musiques métisses, il y a les rapprochementsappliqués où les effets l’emportent sur lenaturel et les réunions amicales exigeantes où unfluide magique agit sur la musique comme preuve de sincérité des sen -timents. Tao Ravao, Vincent Bucher et Karim Touré connaissent parfaitementcet état de grâce. Tany Manga en est le reflet. Le métissage couledans leur sang. Tao et Karim sont à moitié français et à moitié africain.Le joueur de kabossy est né à Madagascar et le père du percussionnistevient du Sénégal. Leur ami harmoniciste est parisien mais a reconnu trèsjeune ses racines dans le blues. Ce style les réunit, toutefois leur bluesest depuis longtemps sorti du carcan américain, a renoué avec l’Afriqueet, au fil des voyages, a perdu tous sens des frontières.B. M.


C1-40-MMP001 22/11/03 16:59 Page 3030 MondotekTaos AmroucheCHANTS BERBÈRES DE KABYLIE(L’EMPREINTE DIGITALE)Riche et bien documenté, cecoffret rend compte de l’œuvrede Taos Amrouche, et de savolonté de porter et préserver laculture berbère de Kabylie. Unevoix virevoltante qui a eu l’habitude,à ses débuts, de s’exprimeren solo, et qui par la suites’est faite accompagnée parquelques instruments discrets.À découvrir en cinq disques :“Chants de l’Atlas”, “Chantsespagnols archaïques” de LaAlberca, “Incantations, méditations,danses sacrées berbères”,“Chants berbères de lameule et du berceau”, ainsiqu’un concert enregistré auThéâtre de la Ville de Paris.A. G.Zoubeïda IdrissiQAYNA –BALADES ARABO-ANDALOUSES(NIGHT & DAY)Zoubeïda Idrissi voulait devenircantatrice, multipliant les coursde son Maroc natal à Nice,Paris et Londres. Mais larudesse de cet apprentissage etl’éveil de ses origines vontl’amener à redécouvrir lamusique arabe et berbère. DansQayna, sa voix de mezzosopranorevisite la musiquegharnâti, en y faisant diffuserson apprentissage du chantlyrique. Ainsi se perpétue lemétissage culturel de cettemusique trad’, ensemble depièces vocales et instrumentales,aux carrefours d’influencesarabes, berbères etandalouses.Makan TounkaraN’GONI(CINQ PLANÈTES CP 03266)Makan Tounkara est bien connudes amateurs de musique mandingueparisiens, puisqu’il viten France depuis de nombre u s e sannées. Il est un virtuose dupetit luth n’goni, habituellementà quatre cordes auxquelles il arajouté trois supplémentaires.Il a choisi ici la voie périlleusedu solo pour une musique quiallie précision rythmique etfinesse mélodique et nousplonge dans un univers quin’est pas sans rappeler parfoisles racines du blues.H. L.Boum Ba ClashGNAWA NJOUM EXPERIENCE(NO FRIDGE/NIGHT & DAY)Projet enthousiaste mélangeantgnawa (musique trad’ maro c a i n e ) ,dub et drum’n’bass, ce disqueest le nouvel opus des soiréesBoum Ba Clash (live d’improvisation),initiées par DJ Click etJahbass. Ils regroupent les troismusiciens traditionnelsmarocains de Gnawa Njoum etune dizaine d’artistesd’horizons différents, dont CyrilAtef (Bumcello) et DJ Ben(Laurent de Wilde). Nul douteque sur scène, l’interaction doitfonctionner. Mais en studio, lasauce a du mal à prendre.Dommage.A. G.BauCAPE VERDEAN MELANCHOLY(HARMONIA MUNDI/LUSAFRICA)La musique de Bau est si tranquillequ’on s’imagine déjà auCap-Vert, allongé au bord del’eau, alanguis. Pour nousreposer, il joue de tous les instruments.Il va mêmejusqu’à les fabriquer, commeson père luthier lui a appris.À l’écoute, on pense bien sûraux ambiances de CesariaEvora (dont il dirigea l’orchestreentre 1995 et 1998). Mais ici,l’instrument tient le premierrôle. Guitare, cavaquinos (sortede guitare à quatre cordes) ouviolon, il les passe en revue,avec une douce virtuosité.A. G.Mississipi John HurtFRANKIE & ALBERT(TOMATO RECORDS TOM 2070)Mort en 1966 et “redécouvert”en 1963 après avoir gravéquelques faces dans les années1920, ce géant de la musiquepopulaire américaine n’étaitpas seulement un bluesmanmais un “songster” commeF u rry Lewis et Elizabeth Cotten :tous trois avaient aussi puiséleur inspiration dans lesballades anglo-irlandaises, leragtime, et les chants religieux.Sur cet album “live” sansindication de date ou de lieud’enregistrement, Hurt chanteseul — comme à l’accoutuméeuniquement accompagné de saguitare — une vingtaine de sestitres, enchanteurs.Jean-Pierre BruneauShoübouSHOU… BADOU(CRÉON MUSIC/VIRGIN)Chanteur de Tabou Combo,Shoübou re g a rde lui aussi dans ler é t roviseur en interprétant quelquesbiguines, chansons de tro u b a d o u ret formes créoles antérieures aukompa. Comme sa voix est large etqu’il est accoutumé à une cert a i n eopulence instrumentale, tout celap rend vite beaucoup d’ampleur,t rouve facilement une solide eff i c a-cité. Son chant puissant n’a alorsaucun mal à convaincre, commedans sa reprise du vieux Tu peuxcompter sur moi du Mart i n i q u a i sP i e re Louiss ou dans Shoub Yo s u run texte de Patrick Chamoiseau.Et ses pro p res compositions re t ro u-vent un joli parfum d’ancien(notamment P a u l e t t ). eBertrand DicaleJoe CormierCHÉTICAMP(MODAL MPJ111022/L’AUTRE DISTRIBUTION)Cormier, c’est la classe, leviolon canadien, acadien plusprécisément, dans ce qu’il a deplus attachant. Ce mélangesavant d’influences écossaises,tangibles, tenaces comme lasaveur d’un vieux malte, avecce petit plus qui serait venu dela cohabitation avec lesFrançais en Nouvelle Ecosse.Une musique qui raconte lesfaces à faces entre la mer et laterre, avec un archet qui tangueet qui swingue sur un accompagnementde guitare. Splendide.Étienne BoursLes Charbonniersde l’enferWÔ(LA TRIBU TRICD-7205)Ce qui est sûr, c’est qu’onchante bien en enfer et on yfait la fête ; à la québecoise,ce qui ne gâche rien. Voici lesecond CD de ces cinqchanteurs qui se contentent deleurs voix et de leurs pieds pournous promener dans lespaysages qu’ils ont collecté auplus profond du Québec et del’Acadie. Ça chante, ça tapedes pieds, ça turlutte, entredrame et truculence. MichelFaubert, André Marchand,Michel Bordeleau, Jean-ClaudeMirandette et Normand Mironchauffent comme de bonscharbonniers. Vive l’enfer.É. B., Amérique du Nord, Amérique Centrale& Antilles, Amérique Andine, Amérique non A n d i n eNul Bof Pas mal Bon ExcellentIncontournable


C1-40-MMP001 22/11/03 16:59 Page 31Mondotek 31Harry ChoatesDEVIL IN THE BAYOU(BEAR FAMILY RECORDS BCD 16355 BH —SITE INTERNET : HTTP://WWW.BEAR-FAMILY.DE/ )Violoniste mort en 1951, à 27ans,dans une prison texane, après unvie d’excès en tous genres, HarryChoates fut l’un des premiers innovateursde la tradition cajun (qu’il mixa avec le western swing et le jazz).Ce double CD (accompagné d’un somptueux et très copieux livret de1 1 2 pages) rassemble tous ses enre g i s t rements dans les genres les plusvariés et plusieurs chefs-d’œuvre : Louisiana Boogie, Dragging the Bow,un étrange Devil in the Bayou qui préfigure les ambiances vaudou à la DrJohn et même un très “laidback” Good Rockin’ Tonight, bien avant ElvisPresley et Eddy Mitchell !J.-P. B.Ry Cooder &Manuel GalbanMAMBO SINUENDO(PERRO VERDE/NONESUCH/WARNER JAZZ)Manuel Galban, qui participaaux sessions Buena Vista SocialClub, est un guitariste de72 ans qui durant les années1960 dirigea Los Zafiros,légendaire formation doo wap àla cubaine. Cet album inégal,largement instrumental, plusproche du easy listening que dela world, ressuscite quelquessuccès de Perez Prado etconsorts dans un curieuxmélange de rythmique mamboet de guitare twang à la DuaneEddy, Ventures ou autresShadows. Manifestement uneœuvre mineure dans laproduction de Ry Cooder.Édith LefelSI SEULEMENT…(CRÉON MUSIC/VIRGIN)On trouvera toutes les symboliquesimaginables à cet ultimedisque d’Édith Lefel, paruquelques semaines avant samort brutale, le 20 janvier.Entre zouk et variété française,on retrouve son romantisme etsa gravité dans un album bienconstruit et plutôt varié, avecnotamment Apartheid de PauloRosine, Tomaline de MariejoséAlie et une grosse moitié detextes dûs à la plume d’ÉdithLefel, sorte de réaliste sentimentalequi incarne sans peineune bonne part de l’âme féminineantillaise. Un bon disqueconsensuel antillais.B. D.Ralph ThamarUN JOUR(CRÉON MUSIC/VIRGIN)Voici la livraison annuelle deRalph Thamar, soucieuxd’incarner dans toutes sesnuances la culture créolemartiniquaise. S’il croisefrançais, créole, salsa, biguine,jazz, calypso, chanson sucréeet zouk, c’est l’expressiond’une identité – au singulier.Sourire carnassier et œil develours dans le même instant,il livre ici un album fort enarôme, mais parfois victime deformules d’écriture un peudatées (Si tu manges, parexemple). Toutefois, le charmede l’interprétation est éclatant,et le travail musical de belleclasse.J.-P. B.B. D.The Studio One St o r y(COMPILATION)(SOUL-JAZZ RECORDS/DISCOGRAPHE)Après les compilations “StudioOne DJ’s” et “Studio One Soul”,le label Soul-Jazz exhume encoreles souches du reggae jamaïcain.Un DVD de quatre heures et unl i v ret de cent pages sont vendusavec cette compilation de seizet i t res, retraçant l’âge d’or du plusp rolifique label re g g a e: le fameuxS t u d i o1 du producteur CoxsoneDodd. Des Skatalites à SugarMinott, de Tommy Mc Cook à KenBooth, c’est la Jamaïque authentiquedes années 1960 qu’onre t rouve ici. Ce véritable documentd’histoire s’avère tru ffé detémoignages, de musiques, et dephotos aussi rares que passionnants.Indispensable.Misty In RootsROOTS CONTROLLER(REAL WORLD/VIRGIN)Pour ce premier numéro deM o n d o m i , xil fallait impérativementc h roniquer “Roots Contro l l e r ”,même six mois après sa sort i e .P a rce qu’en brisant douze longuesannées de silence, le légendaireg roupe jamaïcain toujours installéen Angleterre signe l’album re g g a ede 2002. Le tracklisting est partagéentre classiques revisités, etquelques nouvelles compositions,perles de mélodies et d’harm o n i e ssplendides. Le tout enregistré etp roduit avec les moyens du labelReal World de Peter Gabriel, q u ileur a même concocté unepochette et un livret part i c u l i è e- rment classieux. Des racines curativesdans un écrin de soie.Ti Jack &Dédé Saint-PrixA LA TINGAWA !(CRÉON MUSIC/VIRGIN)R e n c o n t re entre kompa haïtien et chouvalbwa martiniquais, ce disque est une étonnanteleçon de vitalité musicale : avectoutes les figures classiques d’un genremusical surabondamment pratiqué (l’emprunt aux voisins cubains, lerefrain dénué de sens, le chant posé sur l’arr i è re du temps, l’entêtanttchiktchik sur la cymbale), les deux complices composent des figure sd’une incroyable efficacité. Ainsi on devrait bien considérer, s’il y a unejustice dans la musique, que Sa Ta Bèl est l’un des kompas les plus musiciensdepuis belle lurette. La gourmandise musicale de Dédé Saint-Prixest toujours aussi savoureuse à partager.B. D.Juan Carlos CaceresFROM BUENOS AIRES TO PARISBEST OF(MÉLODIE)Entre 1958 à 2003, JuanCarlos Caceres a bien roulé sabosse. Des clubs de jazz qu’ilanimait à Buenos Aires jusqu’àson départ pour Paris en 1968,où il s’oriente vers un latin-rockpsychédélique insoupçonné(avec son groupe Malon). Après1990, il opte pour une fusiontrès réussie entre jazz et tango(avec Tangofon). Et l’âge de laraison arrivant, sa musiqueretrouve l’influence de sontango originel. Beaucoup destyle, en somme, mais sa voixn’a pas changé. Chaude, graveet pleine de “rrrrr” bien roulé.A. G.David CommeillasD. C.


C1-40-MMP001 22/11/03 16:59 Page 3232 Mondotek, Proche etMoyen-Orient, Caucase, Asie Centrale, Asie Méridionale etHimalayenne, Extrême-OrientBrazil Capoeira(PLAYA SOUND/MÉLODIE)La capoeira cette “danse decombat”, est aujourd’hui bien àla mode. Mais avez-vous déjàsuivi toutes les règles, tous lesrites pour comprendre et entrerdans la danse ? Non, certainementpas. Grâce a ce disque,vous rentrerez dans le groovetranquillement. Et peut-êtrecomprendrez-vous la force quecette musique et les rythmesdu berimbau peuvent apporterà chaque combattant. La voixde Nazaré Peireira envoûteramême ceux qui resteront autourdu cercle face aux maîtres de lacapoeira.Paul BarnenCelso FonsecaNATURAL(ZIRIGIBOUM/CRAMMED/WARNER MUSIC)Celso Fonseca a pris son tempspour enregistrer ses compositionset quelques standards debossa-nova, dans le studio qu’ilpartage avec Gilberto Gil. Et ças’entend. La voix caresse lesoreilles. La guitare limpides’enroule dans les percussionsde Robertino (batteur de MiltonNascimento), le piano deDaniel Jobin (le fils de Tom) etla basse de Jorge Hélder (quijoue dans le groupe de ChicoBuarque). Sans parler de la voixde Cibelle, avec qui Celso signeun duo de toute beauté, enreprenant le Ela é carioca deCarlos Jobim. La force tranquille.A. G.Bob Marley &The WailersREBEL — THE FINEST OF THE COMPLETEBOB MARLEY AND THE WAILERS(JAD RECORDS)Bob n’a pas toujourschanté : « Smile, you’rein Jamaica! » Et il n’a pastoujours été rasta nonplus. Ces enre g i s t re m e n t ssont issus de son époque “rudeboy”, musicien du ghetto qui tentait depercer dans les grands studios de Kingston entre 1967 et 1972. Le songratte, les basses saturent, les guitares aussi, mais l’inspiration et lesmélodies divines de Marley sont déjà là, lumineuses de talent. Pour ceuxqui en seraient restés à ses albums “officiels”, ce coffret de quatre CDsd e m e u re la meilleure façon d’approfondir la discographie de l’idole rasta.D. C.ÉvenkCHANTS RITUELS DES NOMADESDE LA TAÏGA(BUDA 3015792/UNIVERSAL)Huitième disque de la série Sibérieconsacrée par Buda aux enre g i s t rementset commentaires d’HenriLecomte. Après avoir déjà abord éles traditions de quelque quatorz epeuples diff é rents des taïga ettoundra, ce nouveau volume nousemmène chez les Evenk poure n t e n d e rleurs chants, a cappella ouaccompagnés au tambour chamanique,dire la beauté de la nature ,la force de la tradition et l’espoir d’yvoir encore évoluer les générationsf u t u res. Comme un message fort ,i n c o n t o u nable, r que l’on prend enpleine gueule si l’on veut bienp re n d re la peine d’écouter ce queles natifs de la terre ont à dire !É. B.Kong NayUN BARDE CAMBODGIEN(INEDIT/NAÏVE)Frappé de cécité à l’enfance, Kong Nay nepouvant bénéficier d’une éducation classiquese tourna vers l’alphabet du luth chapey desb a rdes cambodgiens khmers. Ce CD donne un aperçu de cet art proche decelui des griots africains et nous démontre le grand talent de cet artiste.Commentateur social et poète habile, il détournait les chants patriotesdes Khmers rouges pour commenter les exactions de ces tyrans jusqu’àce qu’ils ne s’en aperçoivent et l’envoient dans un camp de travail. Il adepuis repris ses activités musicales et s’est imposé comme l’un des tro i smeilleurs représentants de ce blues asiatique. Soutenu par un jeu vif duc h a p e y, son art vocal subtil souligne merveilleusement ses textes imagés,entièrement traduits dans le livret de ce très beau disque.B. M.Brij NarayanRâga Bhatiyar &Râga ShankaraZIGZAG TERRITOIRES (1 CD)(ZZTI 030101)Brij Narayan est l’un des maître sdu s a ro d, un luth de la musiqueclassique de l’Inde du Nord, dontle manche est re c o u v e rt d’uneplaque métallique, ce qui perm e tau musicien d’effectuer de subtilsglissandos qui évoquent lavoix humaine. Deux r â g a( c o m p o-sitions sur un mode) sont icii n t e r p r é t é s: dans la cultureindienne, ils sont liés re s p e c t i v e-ment à l’aube et à un sentimentde nostalgie, et à la nuit pro f o n d eet à la dignité. Le dernier r â g ae s tl’un des plus difficiles à jouer, etBrij Narayan nous montre icitoute l’étendue de son talent.H. L.Samir JoubranTAMAAS(DAQUÍ)Joueur de oud virtuose vivant àRamallah, Samir Joubran signeavec “Tamaas” son tro i s i è m eopus. Profondément engagé pourla reconnaissance d’une identitéc u l t u relle palestinienne, le jeuneoudiste retranscrit en musiquel’intensité d’un combat. Avec sesjoies, ses victoires, ses pleurs etses moments d’espoir, toutel’émotion distillée dans lesi m p rovisations est encore soulignéede silences écrasants. Enduo avec son frère Wissan, à laville comme à la scène, la créationmusicale de la fratrie Joubransignel ’ e x p ression douloureuse d’uneréalité qui leur échappe.Dans les bacs le 14 mars.Nul Bof Pas mal Bon ExcellentIncontournable


C1-40-MMP001 22/11/03 16:59 Page 33Mondotek 33, Europe du Sud, Europe de l’Ouest, Europe du Nord, Europe de l’EstUstad ShaganNOOR JAHAN(HARMONIA MUNDI)À 74 ans, Ustad Gulam HassanShagan est le plus pur représentantde la tradition millénairedu Bhara-Khayal, formede chant hindoustani mystiqueet incantatoire. Grave et méditatif,son dernier album reflèteune vitalité débordante canaliséepar une extrême rigueurtechnique. Sa voix pure,capable de passer du grave àl’extrême aigu avec facilité etsubtilité, puis renforcée par lesornementations les plus sophistiquées,touche les auditeursau plus profond de l’âme.Ustad Shagan est aujourd’huil’un des plus grands maîtres dechant indien.S. G.Amann Rik(PLAYA SOUND/MÉLODIE)Un basson chez les Bretons.Ce qui surprend tout de suite,c’est le timbre, le son de cettemusique. Il est vrai qu’il estrare d’entendre un basson enmusiques traditionnelles. C’estle pari du groupe Amman Rik etsurtout celui de l’étonnantJean-Michel Alhaits, connuégalement en Bretagne commejoueur de bombarde capable dejouer sur le terrible instrumenten souffle continu ! En compagniede camarades à la flûtetraversière, à la contrebasse eta la guitare, Il nous propose unparcours musical original. Ilsentraînent la musique bretonnedans une sorte de fest nozintimiste.P. B.Wolf KrakoswkiGOYRL: DESTINY(TZADIK 2002)Passé presque inaperçu enFrance, ce deuxième CD duchanteur yiddish est une perlerare. Loin des standards d’unrépertoire étiolé, Wolf nousoffre une œuvre rageusementpop, sombre, profonde,électrifiée (guitare dobro,orgue…), rappelant AlainBashung ou Scott Walker. Avec“Goyrl: Destiny”, le yiddish sortenfin des clichés. Un albumvivant, à la fois surprenant etévident. Essentiel.Blaise GoldensteinAmbrozijnKABONKA(WILD BOAR WBM21038)Groupe flamand de Belgique,Ambrozijn en est à son troisièmeCD. Il revient chez l’artisandu coin, à savoir l’excellentlabel Wild Boar dont L’AutreDistribution se fait souvent ledigne représentant sur le solfrançais. Ambrozijn fait duciselage original avec cedisque, tant francophone queflamand, sur lequel planel’ombre et la production demaître Yacoub. Le disque enfera rêver plus d’un, pour sesambiances, sa qualité musicale,la visite de Sylvie Berger,le son des accordéons, mandoleset violons. Un disque horsdu temps. Mais de queltemps ?Daniele SepeSENZA FILTRO(DUNYA RECORDS FY 8049)Ce musicien complet, « ductileet polyédrique » comme il sedéfinit, est une figure incontournable,une référence transalpine(voir article). Composéd’inédits et d’extraits d’albumsantérieurs, ce voyage dans lesmusiques du Mezzogiorno estune réussite. Ses “décompositions”aux horizons sanslimites, sérieuses et divertissantes,graves etburlesques, revivifient voirepoétisent la tradition. Le propossolide, stylistiquement cohérentet d’une conduite infaillible,montre une griffe unique.Pietro CarfiFrank London’sKlezmer Brassall starsBROTHERHOOD OF BRASS(PIRANHA, 2002)Le deuxième disque de cettefanfare klezmer emmenée parle bouillonnant Frank Londonforme le projet de réunifier la“Tour de Babel”, image desdifférents courants ayantmodelé la musique klezmer.Trois orchestres de cuivres sontdonc réunis : le Klezmer BrassAllstars, la fanfare balkaniquede Boban Markovic et leHasaballa Brass Band égyptien.Trompettes, trombones, tubaset percussions s’en donnent àcœur joie. Un groove puissantplacé sous le signe de larencontre.B. G.NorthCreggMI.DA :ZA(MAGNETIC MUSIC MMRCD1032/L’AUTRE DSITRIBUTION)Groupe irlandais parmi tantd’autres, NorthCregg en est icià son deuxième ou troisièmeCD, si je ne me trompe. Un deplus, sans doute ; mais lesIrlandais font bien les choses etce groupe tient la comparaisonavec de nombreux autres.Violon, accordéon, banjo tenor,guitare, percussions et unexcellent piano font la belle vieaux reels, jigs et polkas.Le chant de John Neville faitmouche dans quelques excellentesballades. À noter aussi laprésence de Bernard Subert etsa clarinette. Irréprochable.É. B.TeadaIRISH TRADITIONAL MUSIC(CEOL RECORDS CEOCD001 –SITE INTERNET : WWW.CEOLRECORDS.COM)L’Irlande n’arrête pas de jouer.Les jeunes et très jeunes ne sefont guère prier pour saisirl’archet ou le plectre oupousser de la voix. Teada est ungroupe à la fois fougueux etraffiné. Ces quatre jeunes separtagent violon, banjo, guitare,flûte, bouzouki, piano, bodhranet voix. Ils vous balancent unsens de la tradition qui force lerespect. Mais sans oublier leurpropre personnalité et le plaisirde jouer. À écouter fort.É. B.Magic Malik Orchest ra00-237(LABEL BLEU)Flûtiste d’exception, MagicMalik délivre avec son doublealbum “00-237 XP-1” un brassageincessant de rythmes et destyles. Le résultat donne deuxdisques inclassables, oscillante n t re jungle électronique etp o l y rythmies africaines, raggasindiens et riffs de jazz. Grâce àun Orchestra bien soudé, MalikMezzadri impose les XP, sesrègles de compositions inspiréesde la musique sérielle et desséances de studio en compagniede Steve Coleman. Au-delàde la technique ou du style,la musique du Magic MalikO rchestra incarne avec éléganceémotions et sentiments.S. G.


C1-40-MMP001 22/11/03 16:59 Page 3434 MondotekPanta RheiSTRIDES(WILD BOAR MUSIC WBM21037)Le nouveau Panta Rhei estarrivé. Après une absencerelativement longue et unchangement de personnel, legroupe reprend la route avecSteve Houben, Didier Laloy,Pascal Chardome, Kathy Adamet une excellente rythmique àla contrebasse et percussions(Van Dongen et Pougin).Compositions et traditionsd’Europe retrouvent unenouvelle âme, un équilibre,un souffle jazz, une ampleurchaleureuse partagée par lediatonique, le violoncelle, laguitare et les saxophones etflûtes.É. B.Lo Còr de La PlanaES LO TITRE(NORD-SUD)Né au cœur du quartier de la Plaine àMarseille, le chœur de peines et dejoies mené par Manu Théron re p re n dles choses là où l’album culte “Polyphonies marseillaises” de GachaEmpega les avait laissés. Depuis, Manu Théron n’a cessé de fouiller le sillonoccitan avec un souci constant de le réactualiser avec rigueur et sensibilité.“Es lo titre” est composé de dix-sept chants religieux provençaux et médite rranéens. Ce choix est moins l’expression d’une piété aveugle qu’un désirde renouer avec une ferveur populaire. En réinventant leurs mélodies, enles ornant d’orchestration minimales où des rythmes orientaux se juxtaposentà des enluminures électroniques, ciselées par Ange B et la Phocéennede Dub, ces prières rejoignent la société civile en regagnant éclat et vérité.B. M.Duo Fabrice Besson& Grégory JolivetMUSIQUES TRADITIONNELLESD’AUJOURD’HUI(NORD SUD NSCD1110/NOCTURNE)Fabrice Besson joue de la corn e-m u s e ,du saxophone, des clavi e r s. Grégory Jolivet pratique lavielle à roue et la guitare. On nedoit pas la tradition à nosa n c ê t res, c’est eux qui nous ladoivent, ou nous la donnentsans doute. C’est du moins l’impression qui re s s o rt de ce beautravail, osé, vif, intelligent, prenantle vent d’aujourd’hui ensachant qu’il soufflait sansdoute pareil hier. Aucunemusique de tradition ne mourr atant que de jeunes musiciensaussi talentueux les secouero n tavec une telle adre s s e .É. B.17 HippiesSIRBA(BUDA 822592)Ces 17 Hippies viennent deBerlin ; ils sont parfois 24 oualors 21 ; ils furent 17.Qu’importe, ce groupe déjantéjoue tout et n’importe quoi,chante et s’amuse avec lesrépertoires d’Europe et dumonde entier. Le tout pour leplaisir, dans une convivialitédébordante et dans un espritanarchique mais engagé plusque tangible. Cordes, cuivres etaccordéons se bousculent avectendresse pour jouer tsigane ouklezmer, allemand ou latino,français ou anglais, ukulele outrompette bouchée. Impossiblede s’ennuyer.É. B.B r o u - Ha m o n - Q u i m b e rtGARÇONS SANS-SOUCI(COOP BREIZH CD940)P renez trois gars qui savent chante r, se répondre et se re l a n c e rmutuellement. Imaginez qu’ilsont glané un répert o i re riche ets a v o u reux fait de complaintes, dechansons à répons, de chants àb o i re ou de chansons de compagnons.Le tout vient de HauteB retagne mais aussi du Québec.Et les voix suffisent, graves oui roniques, pour en faire le tour.Mais quel tour ! Brou, Hamon etQ u i m b e rt chantent comme s’ilsétaient chez eux ou chez vous, dela manière la plus naturelle quisoit mais avec une convictiondévastatrice. Les écouter, c’estc o m p re n d re pourquoi l’hommea toujours chanté.É. B.GjallarhornGRIMBORG(AB VINDANGA MUSIC VDMCD802/L’AUTRE DISTRIBUTION)Troisième CD de ce groupefinlandais jouant les traditionsdes enclaves suédoises de leurpays. Traditions revisitées,boostées, avec ce justemélange de tact et d’audacedont les jeunes Scandinavesont décidément le secret.Violon, mandole, percussions,guimbarde, didjeridoo créentune ambiance plus que nordique,décor somptueux pourqu’évoluent la voix de JennyWilhelms et ses mystérieusesballades médiévales. Ne ratezpas l’expérience.É. B.Annbjorg LienBABA YAGA(GRAPPA GRCD4158 – INTÉGRAL)Le charme de la Norvège, d’unejeune Norvégienne qui n’économiseni son sourire ni son talent,du jeu de violon et d’un répert o i reancestral ancré dans les traditionsdes multiples vallées enneigées.Cette tradition de violon, AnnbjorgLien la connaît bien et s’en inspi re pour abreuver ses pro p re scompositions. La musicienne n’enest pas à son premier disque.Celui-ci se veut sans doute plus“ m o d e rne” (entendez moins traditionnel)que les précédents.Mais la fougue est là, l’ambiance,la qualité, le parfum nordique, letout emballé de guitare, synthé,p e rcussions, clarinette ou flûte. Àdécouvrir de toute urg e n c e .É. B.Claude Chalhoub(TELDEC CLASSICS/WARNER)« Le monde doit s’unir en harm o-nie. Chacun doit écouter l’autre .Sinon ça ne marchera jamais. »C’est la leçon qu’a apprise lejeune violoniste virtuose libanaisClaude Chalhoub depuis qu’il aquitté son Beyrouth natal pours’installer à Londres. C’est aussile message qu’il tente de transme t t re dans son tout pre m i e ralbum. Un disque dans lequel lesmusiques classiques occidentales,indiennes et arabes, secôtoient avec respect. Une unionp a rfaite teintée de subtilesnuances electro grâce au pro d u c-teur Michael Brook et d’uneapparition re m a rquée de la voixpleine d’émotion de Forro u k hFateh Ali Khan, frère de feuNusrat.KarmaLIESLIW(COOP BREIZH CD AN-K-03)K a rma est un groupe de fest-noz,plutôt habitué à faire danser.Leur maîtrise des instruments dela tradition bretonne le pro u v e .Mais ils nous proposent ici unes o rte de suite musicale où sesuccèdent danses traditionnelleset compositions ancrées dans lemême terreau. Le groupe esté t o ff é; basse et perc u s s i o n senveloppent les accordéon, violon,bombarde, biniou et guitare .Des invités y joignent leurs violoncelleou uillean pipes et flûte.Le tout donnant une musiquei n s t rumentale à la fois traditionnelleet ouverte sur d’autres langages,sans outrance, avec unegrande musicalité.É. B.Nul Bof Pas mal Bon ExcellentIncontournable


C1-40-MMP001 22/11/03 16:59 Page 35Mondotek 35Patrice MarzinSoïg SiberilJean-Charles Guichen(COOP BREIZH CD937)La Bretagne entre les trois fois sixcordes de trois des meilleurs guitaristesdu coin. En acoustique,avec l’appui ponctuel d’une pousséeélectrique, ces trois musiciens s’amusent à faire rebondir les sonsd’un manche à l’autre pour un répert o i re où traditions et compositionss’épousent dans un même élan, celui de sentir la Bretagne et de la fairev i b re r. Les trente doigts font merveille, entre finesse et fougue, entre dentelleset accords rock. Pas une seconde d’ennui dans ce son d’enfer.É. B.Hadouk TrioNOW(CELLULOID/MÉLODIE)Voyageuse, inspirée, la musiquedu trio Hadouk est à l’image deses auteurs, défricheurs insatiablesde nouvelles routes etmétissages sonores. Sorte deconte philosophique instru m e n t a l ,“Now” livre onze compositionsfusionnelles, définitivement“hadoukiennes”.Saxophones etclaviers se mêlent subtilement auxsonorités chaleureuses des instrumentsgnaoui, arméniens, mandingues…Jazz espiègle, coursese ffrénées au sax sopranino, bluesextra-lents s’enchaînent dans unalbum sensuel d’une parfaite fluiditéqui se clôt par une explosiveÉchappée belle où surgit la voixhallucinée de Danyel Wa ro .L u m i n e u x .NaabSALAM HALEIKOUM(BLOOM RECORDS/UNIVERSAL JAZZ)Chants orientaux, gembri,tablas, bruitages electro sur unbreakbeat jungle, drum’nbass… Le premier album de ceberbère de Brest inspiré par sesrencontres entre Paris etOuarzazate rend hommage àses racines. Sur scène, Naab(la tchatche en marocain)surprend tantôt en MC, tantôten chant, ou derrière lesmachines. À noter le featuringde l’émouvant chanteur SofianeSaïdi. Un mélange d’énergie,de mélancolie pour vousamener aux portes du désert…La spiritualité de Naab dans unalbum troublant.Karine PenainPatrick TiernayAU NOM DE LA CIVILISATION —COMMENT ANTHROPOLOGUES ET JOURNALISTES ONTRAVAGÉ L’AMAZONIE(GRASSET)Encore un rêve quidisparaît. Nousavions tous imaginéles formidables rencontresentre despeuples hors d’atteintede la civilisationavec des aventuriers,desjournalistes ouencore mieux, desethnologues voiredes ethnomusicologues.Ces confrontationssemblaientformidables. Descivilisations dialoguaiententre elles, pour la première fois. C’était commesi nous avions pu remonter le temps à la rencontre despeuples premiers. Quelles aventures ! Nous aurions tantvoulu en être. Pouvoir côtoyer des tribus vierges detoutes les tares pesant sur nos modernes civilisations.Vivre quelque temps auprès d’hommes et de femmesfaisant partie de la nature…Et patatras, voilà le livre dePatrick Tierney, “Au nom de la civilisation”. Dans lespages de ce gros livre, on croise autour des célèbresYanomani nombre de journalistes, d’affairistes, descientifiques, entre autres l’incroyable NapoléonChagnon. Un, anthropologue éminemment trouble. Aufil des pages de cette enquête longue et documentée,l’auteur nous entraîne dans une profonde déprime parfoisdans une forte révolte. Il est comme un voyou quicasserait nos beaux jouets. Mais peut-être est-ce pour labonne cause. Il est bon de rêver mais surtout, en cesmoments difficiles, indispensable de nous remettre lespieds dans la terre et de nous faire passer brutalementà l’âge adulte. Fini le rêve, bonjour la réalité, celle oules derniers « Yanomami sont devenus des ethnographesexperts en matière de folie des anthropologues ».Philippe KrümmÉtienne BoursDICTIONNAIRE THÉMATIQUE DES MUSIQUES DU MONDE(FAYARD)Ce livre est celuid’un collectionneurde mots. Passionnéde musiques traditionnelles,ÉtienneBours a très tôt nonseulement appréciéles musiques despeuples du mondemais en plus il futséduit par le vocabulairequi l’identifiait.Chaque motétait beau, avait unson particulier. Delà à connaître leursignification, il yavait un grand fossé que pendant sept ans, notre auteura choisi de franchir. Il lui a fallu sept ans où, semaineaprès semaine, il prit de nouveaux mots, les étudia, lesassimila pour nous proposer une définition. Cette œuvreest un éclairage fondamental pour les amateurs demusiques du monde. Ce gros livre renferme 1 500notices, toutes enrichies de références de disques. Unouvrage incontournable, à lire tranquillement pour comprendreles mots des mondes que l’on aime écouter.Sous la direction deFrançois BensignorGUIDE TOTEM — LES MUSIQUES DU MONDE(LAROUSSE)P. K.F a i re le point surl’état des musiquesdu monde n’est pasune mince aff a i re .Pour cela, il suffit dep romener avec unepetite équipe sonre g a rd et ses ore i l l e ssur la planète bleue.Puis de cette quête,s e reinement, extrairedes articles documentéset clairs. Et ainsicréer pour la pre m i è refois un vrai dictionna i re où, de A à Z,défilent les noms et les musiques qui font le grandc o n c e rt des musiques du monde. Illustré par de nombre u xdocuments photos et pochettes de disques, ce livre est labonne façon de re n c o n t rer les musiques du monde en sebalançant lascivement vautré dans un moelleux hamac.P. K .


C1-40-MMP001 22/11/03 16:59 Page 3636 IciMusiquebretonne, justeun coup de froid?Février 2003. Est-Bretagne.Froidure persistante. Je viensdécouvrir Jhaptal, un triobombarde, biniou coz et tablaconcocté par trois savantsroutiers de la scène bretonne.Les gammes et les mélodiespakistanaises ou fisel semétissent naturellement.Cela ferait un beau disque...S’il voit le jour. Ce sacré paysse paie une crise de croissanceen matière culturelle.Les musiciens n’ont jamaisété aussi bons, aussi inventifs.Ils savent désormaisqu’on ne peut ouvrir sesoreilles vers le jazz ou lesmusiques d’autres mondesqu’en ayant d’abord les piedssolidement plantés dans sespropres racines. Tout a été ditet compris sur ce sujet.Mais ces musiciens ne sontpas seuls dans la nébuleuseé c o n o m i c o - c u l t u relle du pays !Il y a d’abord les gens, qu’onappelle le Public, et puis lesproducteurs. Les premiers,volontiers avides de festounozhebdomadaires, traînentles pieds pour écouter desconcerts de musique bretonne.Les seconds ont, pourcertains, réalisé que lamusique irlando-américainese vendait mieux que celled’ici. D’autres ont constatéque cela coûtait cher de produireun bel album et ne rapportaitpas toujours beaucoupplus que la mise de fonds.Alors ça renâcle. Les concertsde musique se signentaujourd’hui hors Bretagne.L’essentiel de la productionbretonne est autoproduite etmême, et cet aspect estlamentable, autodiffusée.À moins que cela ne soitl’avenir, justement ? Depuisdeux ans, pourtant, quelquesréunions et bonnes volontéstentent d’installer un discourset une stratégie communeentre tous les labels bretons.Presque en vain. Ça cafouille,ça hésite, ça frissonne.Février 2003, les Bretonsn’aiment pas la froidure...Vivement le printemps, leshirondelles et les premiersfestivals.Ronan ManuelMerciSaint Patricke a n - P i e re Pichard, le patron du “Festival interceltique” deJLorient, rêve toujours en XXXL. Aussi, quand le Stade deFrance lui proposa de réaliser à la puissance dix ce qu’il élaboraitavec brio dans son stade breton, il ne put qu’accepter. Pourcette deuxième édition, le 15 mars 2003, c’est avec un budgetde 2,2 M d’euros qu’il a mitonner cette soirée. On y attend quarantemille personnes. Déjà plus de 45 000 billets sont vendus.On y croisera en vedette le Galicien Carlos Nunez, sa gaita et sesflûtiaux, Denez Prigent (l’autre voix de la gwerz), pour l’IrlandeSinead O’connor (joli ovni) et Lyam O’Flynn au uilleann pipesaccompagné par un orc h e s t re symphonique, et l’historique AlanStivell. Autour de ces cinq stars de la celtique attitude, le metteuren scène Pichard fera évoluer nombre de cornemuses, bomba rdes et autre binious venant des quatre coins des terres celtes.Trois heures d’un son et lumière hypert rophié. À vos jumelles.Sinead O’Connor — La voix libre de l’IrlandeDans le dernier album “Sean-Nós Nua” (Keltia Musique), levieux chant nouveau de Sinead O’ Connor semble pro u v e rqu’elle replonge profondément dans ses traditions. Il fautdire que le parcours de la dame est riche de voyages de rencontreset d’expériences. Pensez donc, elle a croisé dans sadense carrière entre autres : Prince, Peter Gabriel, MassiveAttack, Moby ou The Chieftains.Denez Prigent — Jeune et vieux à la foisChant dramatique traditionnelle breton, la gwerz prend faro u-chement de la profondeur et une amplitude mystique quandLes sœursGoadecTrois voix pour une partitionDenez l’interprète a cappella. Seul, le petit jeune homme à lavoix ancienne vit chaque chant. Il semble souffrir ) chaque mot.Mais quelle forc e ! On ne peut qu’écouter, sans compre n d re mot,mais l’histoire chemine dans nos esprits. Il la façonne et nousentraîne toujours très loin. Aujourd’hui, Denez a choisi d’êtreaccompagné, de se confro n t e r, lui le soliste, à d’autres art i s t e s ,à d’autres instru m e n t s: les traditionnels (cornemuse, bombard e ,vielle à roue) mais aussi les actuelles machines électro n i q u e s .Pour parler de son pays de son histoire, Denez ne se refuse rien.Philippe Krümmvec la disparition d’Eugénie Goadec, un siècle d’histoire et deAmutations défile devant nos yeux et dans nos mémoires. Évoquerles sœurs Goadec, c’est avant tout mettre en avant leur qualitéa rtistique. Il y a bien sûr le répert o i re. Et dans une société rurale, onchante pour raconter une histoire, un fait divers, un drame, une aventu re… La plus âgée des trois, Maryvonne, le rappelait d’ailleurs souve n t: « Me ouia ur bern kanavennou. (Je sais beaucoup de chansonset un air pour chaque chanson) » Ceci est la plus grande re c o n n a i s-sance que l’on puisse re n d re à un chanteur. Dans le contexte d’unedanse, la société toute entière se re t rouve sur son cercle, coude àcoude, sur un pas d’égalité, dans un même mouvement, sous l’impulsionde deux ou trois voix. Il suffit d’écouter les enre g i s t re m e n t sdes sœurs Goadec, notamment le disque publié à l’occasion de leurpassage à Bobino, pour voir combien le plaisir était au rendez-vous. Lepublic, venu nombreux, était en pleine osmose avec leurs “vedettesd’un soir”. C’était l’heure des re t rouvailles et du partage. Des spectateursn’hésitent pas à les interpeller. Ce à quoi elles répondent : « I l sveulent telle chanson ? On leur donne. » Le premier morceau est égalementémouvant. Elles cherchent l’air. Tout naturellement, elles chantentcelui de leur mère. Dès les premiers mots, on est séduit et port épour un magnifique voyage, tout en rythme et volupté. Telle aura étéleur vie de chanteuses. Humbles, joyeuses, rieuses, malicieuses parfois,mais toujours dignes, respectueuses et soucieuses du part a g e .Dans l’après-guerre, elles ont recommencé à chanter et à se fairec o n n a î t re hors de leur région de Carhaix. La vague folk et la mouvancedes années 1970 les portent au sommet de la notoriété. En puisantdans leur répert o i re, Alan Stivell contribue à les mettre en avant. Desmilliers de re g a rds se tournent alors vers cette génération, prenant àla fois conscience d’un trésor musical, linguistique et patrimonial, à lafois vivant et sur le point de disparaître. À cet instant, elles auro n tjoué un rôle essentiel : celui de relier et de perm e t t re le passage. Pourma part, moi qui les ai rencontrées et connues, elles ont pro f o n d é-ment marqué ma démarche d’homme et d’artiste. Pour ce cadeauqu’elles ont laissé, merci encore et kenavo.Yann-Fanch Kemener


C1-40-MMP001 22/11/03 16:59 Page 37Une féerie en son et lumièresans précédent !enet VHSD I S P O N I B L E600 musiciens danseurs et chanteurs venusde toutes les contrées celtesDan Ar Braz - Carlos Nuñez - Gilles ServatYann-Fañch Kemener - Rita ConnollyLe Bagad de Lann Bihoué et bien d'autres...


C1-40-MMP001 22/11/03 16:59 Page 38<strong>Mondomix</strong> Papier remercie tous les lieux qui ont bien vouluaccueillir le magazine dans leurs murs, particulièrement lesdisquaires indépendants et tous les magasins Harmonia Mundi,les espaces culturels Leclerc, les Cultura pour leur ouvertured’esprit et leur participation active à la diffusiondes musiques du monde.Où trouvez <strong>Mondomix</strong> Papier ?Réseau Cultura• Zac Beaulieu 200017138 Puilboreau• 12 bd de l’Europe31120 Portet-sur-Garonne• BP 34031313 Labège Cedex.• Parc commercial Chemin LongRue Georges Ohm33700 Mérignac• ZAC du Mazaud SudAvenue Pierre Mendès France RN 8919100 Brive• Espace commercial Quartier LibreLot n° 4764230 Lescar• Zone Commerciale Cap sud36250 Saint-Maur• ZI de la Vallée du Giers69700 Givors• Centre cial La Madeleine35400 Saint Malo• Zone commerciale Avignon NordZAC porte de Vaucluse84700 Sorgues• ZAC de la Fontaine au Brun44570 Trignac• ZAC du Linkling III57180 Terville• 89/91 Route de Lyon - RN6Carrefour Pompidou71000 Macon• Centre cial des Portes du FuturN° 1 Espace Colette Ouvrard86360 Chasseneuil-du-PoitouEspaces culturelsE.Leclerc• 6 rue du soldat Bellot83400 Hyères• Avenue du Gal de Gaulle03700 Bellerive/Allier• 580 avenue de Paris BP 851279025 Niort Cedex• 11, avenue Jean Jaurès78390Bois d’Arcy• Espace Clichy167, Bd Victor Hugo92110 Clichy• Le Moulin de ViryRoute de Fleury911170 Viry-Chatillon• 2 rue Eugène Henaff94405 Vitry-sur-Seine• Boulevard du Bab64600 Anglet• Route de Pau65420 Ibos Tarbes• 1234 av du VigneauRocade Est40000 Mont-de-Marsan• 14 route de Paris44071 Nantes• La ConraieC.D.Route de Rennes44700 Orvault• Z.I. de l’étang au Diable35760 Rennes-St-Grégoire• 1 rue OrdonneauRoute de PornicCP 2417 Atout Sud44406 Reze cedex• 55 bd des Déportés35400 St Malo• La TuilerieRoute du Mans72300 Sable-sur-Sarthe• Zone d’activités AtlantisMoulin neuf44807 St-Herblain Cedex• Av Jean Burel44460 St-Nicolas-de-Redon• Le CadivaisRoute de Nantes — BP 7744160 Ponchateau• La GuérinièreAv François Mitterrand85340 Olonnesur-Mer• Av Louis Sallenave64000 Pau• Route de FumelLa Justice47300 Villeneuve-sur-Lot• 50 place du Marché47200 Marmande• Route d’Auch65800 Orleix• RN 113 — Rue des Bastions47400 Tonneins• RN 10 — Le Busquet64600 Anglet• ZAC du MadrilletAv de la Mare aux DaimsBP 8276803 St-Etienne-du-Rouvray• Route de Rouen — Menneval27300 Bernay Menneval• SA Laury Chalonges DisRoute de Clisson44115 Basse Goulaine• Rue Amiral Duchaffault85600 Montaigu• Parc Lann56000Vannes• 19 rue de Luneville — BP 23857402 Sarrebourg• Zone artisanale57150 Creutzwald• ZACBetting-lès-St-AvoldBP 15757804 Freyming-Merlebach• Bd industriel de la Liane62230 Outreau• Route de Maizières57210 Hauconcourt-Maizièresles-Metz• Rue Aristide Briand60230 Chambly• RN195570 Moisselles• CC Clichy 2Allée de la Fosse Maussoin93390 Clichy-sous-Bois• ZAC du Plateau22190 Plérin• 3 av de Gourvilly29000 Quimper• Moléon33210 Langon• CC Grand Tour33560 St-Eulalie• Rue Jules Vallès35065 Rennes Cleunay• Rue du Mee35500 Vitre• ZAC du Grand Noble2 allée Emile Zola31175 Blagnac• Route de Paris82000 Montauban• Quartier St-Eloi12000 Rodez• Route du Muret31120 Roques-sur-Garonne• Départementale 11234130 St-AulnesRéseauHarmonia Mundi• 20 place de Verdun13100 Aix-en-Provence• 5 rue de l’Hôtel de Ville81000 Albi• 8 rue des Vergeaux59000 Amiens• 3 rue du Président Wilson13200 Arles• 18 rue Bonneterie84000 Avignon• 5 rue du Pont Neuf64100 Bayonne• 9 rue St-Martin41000 Blois• 5 rue des Remparts33000 Bordeaux• 15 av Alsace Lorraine01001 Bourg-en-Bresse• Place Gordaine18000 Bourges• 139 rue St-Pierre14000 Caen• 41 Grande Rue71100 Chalon-sur-Saône• 23 rue Juiverie73000 Chambéry• 1bis rue Grande Rue50100 Cherbourg• 22/24 rue Piron21000 Dijon• 43 rue Pérolière05000 Gap• 11 Grande Rue38000 Grenoble• 4bis av du Général de Gaulle83400 Hyères• 63 rue des Merciers17000 La Rochelle• 153 rue Victor Hugo76600 Le Havre• 9 rue du Sec Arembault59800 Lille• 23 rue du Clocher87000 Limoges• 21 rue du Pdt E. Herriot69000 Lyon• 24 rue Vacon130001 Marseille• 6 rue des Carmes82000 Montauban• 29 rue de l’Argenterie34000 Montpellier• 21 rue Crebillon44000 Nantes• 33 rue de l’Hôtel des Postes06000 Nice• 36 rue Jeanne d’Arc45000 Orléans• 15 av de l’Opéra75001 Paris• 20 rue de Rivoli75004 Paris• 54 rue St-Placide75006 Paris• Très Grande Bibliothèque75013 Paris• 18 rue de l’Ange66000 Perpignan• 11 rue du Guéodet29000 Quimper• 3 rue Jean Jaurès35000 Rennes• 28 rue Ganterie76000 Rouen• 4 rue Ste-Catherine42000 St-Etienne• 21 rue des Juifs67000 Strasbourg• 2 rue du Maréchal Foch65000 Tarbes• 56 rue Gambetta31000 Toulouse• 15 rue Nationale37000 Tours• 12 rue Vernoux26000 ValenceVous pouvez trouver <strong>Mondomix</strong>Papier chez des disquaires, dansles salles de concerts, bars,médiathèques et lieux spécialisésmusique du monde à travers unréseau de partenaires sur les villesde Paris, Bordeaux, Rennes,Toulouse, Lyon, Marseille,Montpellier et dans lesmédiathèques de la communautéfrançaise de Belgique.Pour connaître les datesde concerts, consultez lesdifférents gratuits :• Paris : Lylo au 01 42 09 65 02• Bordeaux : Clubs et Concerts au05 56 520 995• Montpellier : Coca ‘Zine au04 67 06 95 83• Marseille : César au04 90 18 44 46• Rennes : La Griffe au02 23 30 04 44• Toulouse : Let’s Motiv au05 61 14 03 28• Lyon : O’Range Tour au06 63 18 19 91Pour recevoir chez vous<strong>Mondomix</strong> Papier :Abonnez-vous à prix coûtantau prix du postage.Adressez-nous dans une enveloppetimbrée votre adresse sur papierlibre plus un chèque de 20 € pour11 numéros (à l’ordre de “ABCS.A.R.L.”). 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C1-40-MMP001 22/11/03 17:01 Page 39Une musique sereine, pleine de maturité, une volupté qui soigne les âmes.Bouziane Daoudi, LibérationAussi inutile, donc vitale, qu’un nuage dans le ciel, la musique du Hadouk Trione rendra pas meilleur. Mais elle n’interdira pas d’essayer.Christian Larrède, Les InrockuptiblesSimplement juste, comme une sorte de conte philosophique rayonnant d’uneévidence contagieuse.Jean Théfaine, Ouest FranceLe meilleur de Bévindaet de Juan Carlos Caceresenfin disponible !Em caminhoBest of 1958-2003From Buenos-Aires to ParisSortie Avril 2003a fine selection of acoustic world musicIdir, Bévinda, Ismael Lo,Silvia Torres, Bonga,Eliades Ochoa,Simentera...Pas d’effet ni de trucages, sansélectronique ni sampler, So realest un authentique disque deWorld chillout, une élégantesélection de quelques merveillesdu monde.


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