606 eme continentfffggffffgfffggTrilok Gurtu“Spellbound”(Moosicus/Naïve)Fasciné ! Le petitpercussionniste indien n’ajamais masqué le respect quelui évoquait l’immense DonCherry, personnage centralde cet opus. Le trompettistefut l’un de ses médiateurs à sonarrivée en Europe, et l’un de cespasseurs en qui le fils de ShobhaGurtu a toujours vu une figurede grand frère. Voilà pourquoi lenatif de Mumbaï rend hommage àl’immense Don, décédé en 1995 àMalaga. Il ressort une courte pièceoù le souffle de l’Américain passe,en guise d’introduction, avantde s’élancer dans un répertoireconstruit autour de la trompette :classiques de Miles (All Blues) oude Dizzy (Manteca), totalementtransfigurés. Mais Trilok Gurtuconvie aussi à ses côtés une bellebrochette de trompettistes : leSarde Paolo Fresu, le NorvégienNiels Peter Molvaer, le LibanaisIbrahim Maalouf, l’AméricainAmbrose Akinmusire, l’AllemandMatthias Schriefl et le Turc HasanGözetlik. Soit un tour du monde dujazz dans tous ses éclats.J.D.Lo Griyo“Mogador”(Lo Griyo/L’Autre Distribution)Attention, ce disque pourraitvous échapper. Car, ce « Griyo»(orthographe créole du griotafricain) là est libre, affranchides règles et des normes, descastes et des clans. Depuis laRéunion, le fils du grand DanyelWaro, Sami Pageaux-Waro (kora,percussions), accompagné par LucJoly (saxophones, clarinettes etflûtes), Brice Nauroy (machines) etleur invité Mehdi Nassouli (guembri,bendir), jongle avec les musiques,repositionnant son bout de terreau nom prometteur au centre dumonde. Aussi imprévisibles etredoutables que les éruptionsdu Piton de la Fournaise, les dixtitres de cet album hommageà la ville marocaine phare desmusiques gnawa [Mogador estl’ancien nom d’Essaouira] sanctifientl’abandon de soi à travers lamusique de transe, quelle qu’en soitl’origine ou l’expression (maloya,jazz, rythmes gnawa ou desBalkans, electro).SQ’ECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecARAT KILO“12 DAYS IN ADDIS”(Only Music)New York, Lagos, Kingston...Chacun sa Mecque. Pour AratKilo, elle se nomme Addis-Abeba,berceau de l’éthio-jazz. Enpèlerinage en Terre Sainte pour unetournée de douze jours, abreuvésdirectement à la source et sousinfluence constante de vibrationslocales, les Français en ont profitépour composer et enregistrerun récit de quatre titres de leursaventures. Avec des conditions detravail compressées au maximum, lequintet a dû prendre une route plusdirecte. Ni digressions jazz, niintégration massive d’influences,mais préservation de l’essenceéthio : grooves profonds, cuivresenivrants, guitares funky etmélopées féminines assuréespar Mimi Zenebe, recrutée surplace. Une authenticité un peudiluée par les deux remix collés enqueue de EP. F.C.ECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecres dans le mondeRetrouvez deuxtitres extraitsde chacundes disqueschroniqués ici surRadiomix,la webradiode <strong>Mondomix</strong>,disponible sur sonsite en partenariatavec Yasound.Yasmine Hamdan“Ya Nass”(Crammed Discs/Wagram)ffffgChanteuse du duo beyrouthinSoapkills qui anima les nuits dela capitale libanaise au lendemainde la guerre, Yasmine Hamdanrevendique une filiation avec ceschanteuses du Proche-Orient qui,au milieu du XX e siècle, ont suimposer sur scène des répertoiresà la sensualité affirmée et à l’ironiefiligranée. Largement remaniée etenrichie de plusieurs titres dontHal, spécialement composé pourla B.O. du prochain Jarmuschdans lequel Yasmine joue sonpropre rôle, cette réédition deson premier opus solo, enregistrésous la houlette de Marc Collin(Nouvelle Vague), se veut plusdirect. Débarrassé de cet excès deproduction, de cette gangue quiestompait le caractère singulier dechacun des titres et contraignaitl’émotion, Ya Nass peut brillercomme un des phares du triphoporiental. SQ’Joe Driscoll& Sekou Kouyaté“Faya”(Diplomats of Sound)MONDOMIXm'aimefffffC’est le Festival Nuits Métis, quise tient à Miramas, en Provence,qui a initié en juin 2010 cetterencontre entre le guitariste newyorkaisJoe Driscoll, dont le nomn’est pas inconnu aux fans dehip-hop, et le « Jimi Hendrix de lakora », Sekou Kouyaté, repéré auxcôtés de Ba Cissoko. Une belleaventure qui dépasse la simpleinvitation au voyage formulée parDriscoll en ouverture d’album. Aufil de ces neuf plages enregistréesl’année suivante au 6Toyz Studio(Marseille), les deux protagonistesaffirment un son où les riffs dekora et de guitare, le groovesourd des calebasses et lesvoix chantées ou rappées enanglais et sossou, opèrent unsyncrétisme entre polyrythmiesafricaines, blues, afrobeat, hiphop,rock, et même reggae. SQ’ECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecECOUTEZ sur <strong>Mondomix</strong>.com avecn°57 Mai/Juin 2013
Selection / Collection 61Collection MIXATACTexte : Lauriane Morel et Benjamin MiNiMuMMixatac #1 Bamako, #2 Essaouira et #3 Beyrouth.Produits par l’équipe du festival marseillais de musiques urbaines Marsatac,ces trois albums enthousiasmants témoignent de la rencontre fertile entre des musiciensde la ville et des acteurs de ces villes effervescentes d’Afrique et du Proche-Orient.« Le festival ne s’interdit plus grand chose »« Je connais bien le Mali, explique Dro Kilndjian,co-fondateur du festival Marsatac,fondé en 1999. Je voulais lier mon activité, ladiffusion de musiques actuelles, à cet amourdes musiques traditionnelles mandingues etd’Afrique de l’Ouest ». Voilà qui marque en2008 le début du projet Bamako, la premièrecréation de Mixatac. Pour cette aventureafricaine, l’organisateur emmène avec luideux artistes marseillais, David Walters etAlif Tree. Une fois dans la capitale malienne,au studio Bogolan, ils se tournent vers IssaBagayogo, pionnier de la musique electromalienne. « Il a invoqué l’esprit de la forêt,a mis ses gris-gris autour du cou et c’étaitparti ! », raconte le directeur artistique. Enchemin, le casting se complète : aiguillé parle multi-instrumentiste mandingue AhmedFofana, les chanteuses Massaran Kouyatéet Mangala Camara s’agrègent à la création.La soirée de présentation enthousiasme lesBamakois. Le premier album de Mixatacreproduit cette expérience, avec l’apportde nouvelles recrues comme l’orchestre debalafonistes Neba Solo et le guitariste KasséMady Diabaté.« Micro-famille »« Avec le résultat qu’on avait entre lesmains et les oreilles, on s’est dit que ceserait dommage d’arrêter, poursuit le fondateurde Marsatac. On a donc proposéà Marseille 2013 d’étendre ce projet àune collection et d’explorer des territoiresautour du bassin méditerranéen ». DirectionBeyrouth en 2011, un voyage dontle Français d’origine arménienne rêve depuisson enfance. Il y explore la scène localerock alternative : « Le but n’était pasd’interroger les musiques traditionnelles,mais plutôt ce qu’il s’y fait d’actuel ». Lejoueur de bouzouk « punk et électrifié »Abed Kobeissy et le rappeur Rayess Bekle bluffent. Conquis par l’humanité de cespersonnes, ils les intègrent à sa « micro--famille » naissante.L’année suivante, à Essaouira, ville réputéepour son festival gnaoua, Le programmateurde Marsatac emmène dans ses bagagesNasser, « un groupe de rock electromarseillais, pour exploiter le choc de larencontre ». Les musiciens des deux villesse soudent moins facilement, mais le projetfinit par aboutir, connectant la cité phocéenneà une troisième rive de la Méditerranée.A l’arrivée, le voyage a-t-il changé laface de Marsatac ? « Le festival ne s’interditplus grand chose », annonce Dro Kilndjian.En témoigne une adaptation scénique destrois projets qui devrait happer le public enclôture de la prochaine édition, le 29 septembre.Les réjouissances ne s’arrêtentpas là, puisque la matière des albums seraremodelée par des groupes habitués de lascène Marsatac, en vue d’un quatrièmeopus de remixes.n www.marsatac.comMixatac #1 Bamako,(Marsatac/l’Autre Distribution) 2 avrilMixatac #2 Essaouira(Marsatac/l’Autre Distribution) 27 maiMixatac #3 Beyrouth(Marsatac/l’Autre Distribution) 9 septembre