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Takana Zion - Mondomix

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04 éDITO mondomix.comLa Mue de <strong>Mondomix</strong> parMONDOMIXCoMmusiques et cultures dans le mondeAprès avoir célébré nos 10 ans d’existence, depuis plus d’un an,nous travaillons ardemment à la mue de <strong>Mondomix</strong> avec un nouveau magazine,un nouveau site web et une ligne éditoriale élargie.Dans un monde en plein bouleversement, où la mondialisation est désormais un faitaccompli, qu’on le veuille ou non, nous ne pouvons plus nous contenter de seulementrelater l’actualité des musiques du monde.Du fait de leur enracinement dans des cultures et traditions parfois millénaires,ces musiques interrogent le monde avec un large recul et nous donnent la possibilitéde le voir autrement, de l’envisager dans sa diversité au-delà des clivages etdes modes du moment.Elles sont portées par des artistes résolument ancrés dans le présent qui sont souventaux avant- postes des courants musicaux de demain. Cette double faculté des musiquesdu monde à être autant enracinées que portées sur l’avenir est un formidable atout pourenvisager la complexité de notre époque.C’est pourquoi, à <strong>Mondomix</strong>, il nous semblait urgent de prendre appui sur ces musiques,que nous défendons avec cœur et passion depuis plus de 10 ans, pour (re)découvrir lescultures du monde ainsi que leurs enjeux sociaux, économiques et politiques.Dans les prochains mois sur mondomix.com ainsi que sur le magazine papier,nous continuerons d’élargir notre champ d’investigation journalistique vers les cinémas dumonde, la littérature, le théâtre, la danse, le cirque, etc… mais aussi les enjeuxde société autour des questions de l’identité, des migrations ou de l’environnement.Cette nouvelle ouverture qui nous fera migrer, tout au long de cette année,des « musiques en couleurs » vers les « musiques et cultures dans le monde »entre en parfaite adéquation avec les Etats Généraux des Musiques du Mondequi se dérouleront les 11 et 12 septembre prochains à Sciences Po Paris à l’initiativedu réseau Zone Franche.Ces Etats Généraux ont pour objectif de situer la question des musiques du monde au seind’enjeux plus vastes, qu’ils soient esthétiques, politiques, territoriaux, ou économiquesgrâce à la participation de chercheurs, d’universitaires, de praticiens, de journalistes etde personnalités de la sphère politique.Vous pouvez d’ailleurs d’ores et déjà participer au débat sur notre Forum en ligne : outilde préparation crucial pour cet événement, il permet à tous d’échanger des points de vue,de partager des témoignages et des ressources en vue de ces Etats Généraux.L’adresse du forum:http://www.mondomix.com/forum/etatsgeneraux/MILONGAFORRÓKLEZMERAFROBEATFOLKREGGAECHÂABIFLAMENCOBHANGRAZOUGLOUBOSSA NOVARAÏMALOYAFADORUMBAGNAWA>Notre édito ou l'un de nos articles vous fait réagir? écrivez-nous !Édito <strong>Mondomix</strong>, 9 cité paradis, 75010 Paris,ou directement dans la section édito de www.mondomix.comn°34 Mai/juin 2009


06<strong>Mondomix</strong>.comKRISTINASBJØRNSENest notre invitéeLes sonsdu Maghreb !EN MAI ET JUIN, LE MAGHREB EST ÀL’HONNEUR, DANS NOTRE MAGAZINECOMME SUR SCÈNE .À L’ARRACHEHans Fredrik AsbjørnsenPropos recueillispar Benjamin MiNiMuMNous lui avons décerné leprix Babel Med <strong>Mondomix</strong>en mars dernier. Lachanteuse norvégienne asu traduire les chants afrospiritualsdans un langagemoderne, leur imprimantune sensibilité personnelleet émouvante, à la croiséede l’Afrique, de l’Amériqueet de l’Europe. Aujourd'huiKristin AsbjØrnsen nous faitpartager son point de vuesur le mondeInterview intégrale surmondomix.com> Commentdécririez-vous l’étatactuel de la culture etparticulièrement de lamusique en Norvège ?Il y a beaucoup d’expressionset d’approches musicales différentesen Norvège aujourd’hui.C’est un petit pays, mais il y aune excellente créativité et uneinteraction innovante entre lesmusiciens, et les styles musicaux; les différentes disciplinesartistiques y dialoguent aussi.La scène jazz est vraimentremarquable. Je pense que lesystème éducatif pour la musiqueet les arts est très bon, maisque le travail d’exportation de lamusique norvégienne pourraitêtre meilleur.n Dans les pages de <strong>Mondomix</strong>, découvrezle résultat de notre concours « Votre Mix duMaroc » (p14), la toute nouvelle rubrique « unenuit à » consacrée cette fois à la ville de Fès(p.19) ou le portrait d' Hasna el Bécharia pourson retour en France.n Alors qu’à Montpellier, Arabesques fête saquatrième édition du 21 au 23 mai, Toulouseconsacre son très copieux Rio Loco auxmusiques du Maghreb du 17 au 21 juin, enpartenariat avec l’Institut du Monde Arabe qui,lui, propose du 12 au 20 juin la 10ème éditionde son festival de musique. Dans le mêmetemps, le Maroc entre dans le cœur de sasaison festivalièreLargement soutenus par la famille royale, lesfestivals musicaux s’y multiplient et favorisentla visibilité des traditions comme l’émergencedes fusions locales. Le marathon démarre parKarqabat sur bendir (percussions du Maghreb)un échauffement du 27 février au 1er mars àDakhla (musiques nomades et sports devent), et se clôt en juillet (du 4 au 7) à Agadiravec Timitar (world et musiques berbères).Entre les deux, les festivaliers pourront surferentre Mawazine à Rabat du 15 au 23 maiet le Festival des Musiques Sacrées deFès du 29 mai au 6 juin, découvrir la jeunescène hip-hop, métal, fusion au Boulevardà Casablanca du 28 au 31 mai, ou encorevibrer lors du festival des musiques Gnaouaet Musiques du Monde d’Essaouira du 25au 28 juin.DURANT CETTE PÉRIODE, MONDOMIXVOUS PROPOSE DE SUIVRE CESÉVÈNEMENTS SUR MONDOMIX.COM.À l’arrache.../ SECONDE VITESSE................................Sensation techno-rock arabe 2008, l'irrésistible mais relativement confidentiel premier album deSpeed Caravan va connaître dès cet automne une seconde vie d'ampleur internationale. Le disqueKalashnik Love va ressortir sur le label Realworld augmenté de nouveaux titres et de remixes. Enattendant la série de concerts attachés à cet événement, les Parisiens pourront venir applaudir MehdiHaddab et son oud électrique au sein du tout aussi excitant projet DuOud le 7 juin au centre FleuryGoutte d’Or, pour la cinquième édition du festival Newbled.www.newbled.com// L’HEURE DU T.......................................En mars dernier, une tournée exceptionnelle a réuni les musiciens touaregs de Tinariwen et leschampions londoniens de folktronica, Tuung. Lors de ces concerts les deux groupes aux approchesa priori éloignées, se sont adonnés à des échanges aussi inattendus que fructueux. Cette rencontres'est avérée suffisamment convaincante pour que certains programmateurs de festivals aientmanifesté leur intérêt pour accueillir cet échange lors des prochaines éditions de leurs festivals.D’autre part, réalisé par Jean-Paul Romann, ingénieur du son de Lo'Jo qui avait déjà travaillé surRadio Tisdas Sessions, le nouvel album de Tinariwen, mis en images par Jessy Nottola, devrait sortir àla fin de l’été.www.tinariwen.com/// TARACE AU PAYS D’OBAMA..............On se souvient de leurs échanges avec des musiciens burkinabés (Abdoulaye Traoré & Kantala) etmaliens (Benkadi Balani) lors de leur tournée africaine de 2003. On se rappelle aussi leur rencontreavec les roumains du Taraf de Haïdouks en 2006. La fanfare francilienne funk et ouverte sur le mondeTarace Boulba se lance aujourd’hui dans une nouvelle aventure voyageuse. Du 20 avril au 1er juin, ilseffectuent une tournée américaine le long du Mississippi, dont on pourra suivre le déroulement sur unblog.www.taraceboulba.comn°34 Mai/juin 2009


08<strong>Mondomix</strong>.comÀ L’ARRACHEBonne nouvelleIl y a toujours des artistes à découvrir. Ils n’ont pas toujours de maison de disques ou de structuresd’accompagnement. Ce n’est pas une raison pour passer à côté !DRCollisionchoro-funk :100% carioca !Texte Anne-Laure LemancelLe pandeiriste Sergio Krakowskiunit son choro au baile funk dudj Sany Pitbull.Lapa, quartier bouillonnant de Rio, temple dusamba, du rock, du forro… mettait l’électro àl’honneur le 7 et 8 mars dernier avec le festivalCultura Digital au Circo Voador.Parmi les découvertes, une fusion embraseparticulièrement le chapiteau. Mené par lepandeiriste fou Sergio Krakowski, le groupeTira Poeira unit sa lecture digressive duchoro aux boum-boum transgressifs dubaile funk de Sany Pitbull. Le mariage d’unevieille demoiselle nationale et virtuose, richeen harmoniques, avec ce voyou des favelas,grandi depuis vingt ans sous joug américain,lascar aux beats violents et à l’image liéeau trafic de drogue, souvent méprisé desmusiciens ? L’union étonne, mais plus que deraison, c’est d’amour dont il est question.Sous les doigts indisciplinés du génialKrakowski, le pandeiro s’est toujours échappédu carcan de ses patterns et desa transe, pour dessiner des fuitesjazzistiques et électroniques.Doctorant en mathématiques,il élabore des logiciels pourune interaction ordinateurinstrument.En bonne logique, ilrelègue donc ses préjugés de «playboyzinho » (jeune de la classemoyenne), pour se tourner verscette « première musique digitalebrésilienne » anthropophage, quidigère les rythmes candomblé,capoeira, coco, phénomènecarioca incontournable. C’est àCopacabana qu’il rencontre soncamarade de jeu, l’orchestral DJSany Pitbull, lors de ses showshebdomadaires.Après une résidence-laboratoire auClube Democraticos (lieu branchéde Lapa), ils reposent ensemblela question de cette collision.Une réponse enthousiaste surgitlorsque la MPC (machine àdéclencher des samples) de Pitbull,percutée, s’envole en harmonieavec le pandeiro, pour recréerdes métissages pur groove. Ellereste parfois en suspens, signed’impossibles fiançailles. La démarche touchejuste, rate, puis rebondit brillamment. Commela vie. Une tournée, des sessions studio chezBiscoito Fino et la magie du temps devraienten délivrer les trésors, dont certains se cachentencore sous d’irrésistibles promesses…www.skrako.com> Quelsconseilsdonneriezvousàun jeunemusicien ?KRISTIN ASBJØRNSEN :Si vous voulez trouver votre propreexpression musicale, vous devez travailleravec minutie, être patient et persévérantdans tout ce que vous entreprenez. Danscette quête, il est question de transformertout ce que vous avez appris, d’intégrertoutes vos références à l’intérieur devotre propre voix. Il y a tant de questionsdifférentes quand on commence à devenirprofessionnel, qu’il est important pourmoi de toujours avoir à l’esprit la raisonpour laquelle j’ai commencé à chanter :le simple vœu de dire quelque-chosed’important à travers la musiquen°34 MAi/juin 2009


10HOMMAGEsManny Oquendo(1931-2009)Chick HowardLa salsa perd uneinstitution avec ladisparition du timbaleroet bongocero MannyOquendo.Doyen des musiciensnuyoricans en activité, cepercussionniste était connupour son jeu sobre etefficace et sa connaissanceencyclopédique durépertoire afro-latin,acquise au fil d’une carrièredébutée dans les annéesManny oquendo1940. Formé à l’écoledes big-bands, il œuvre àla transition vers le son plus agressif de la salsa newyorkaise,au sein du groupe La Perfecta d’Eddie Palmieripuis à la tête de sa propre formation, Conjunto Libre.Portrait sur www.mondomix.comD.R.Ralph Mercado(1941-2009)Promoteur et producteurnew-yorkais de musiquelatine depuis les années1960, manager attitré delégendes comme TitoPuente et Celia Cruz, RalphMercado était le derniergrand mogol de l’industriede la salsa.Il a largement contribuéà la reconnaissance dugenre au-delà du publiclatin et des Etats-Unis, enorganisant des concertsRalph Mercadodans les salles les plusprestigieuses du pays ou enproduisant sur son label RMM les Japonais d’Orquestade La Luz aussi bien qu’un album réunissant les stars dela salsa pour un hommage aux Beatles.Portrait sur www.mondomix.comD.R.Chano Lobato(1927-2009)Daniel Muñozchano lobatoLe chanteur Chano Lobatos’est éteint le 6 avril dernier àl’âge de 82 ans.Il était l’un des derniersreprésentant de la traditiondu Cante gaditan (de Cadix)et avait reçu, en janvier 2008,le prix de La Niña de losPeines, plus haute distinctiondu flamenco attribuée parle Ministère de la Culture dugouvernement andalou.Portrait surwww.mondomix.comn°34 MAi/juin 2009


12<strong>Mondomix</strong>.comOnlyWebLABELS: Test en ligneAlors que certains annoncent les funéraillesdu CD pour un futur imminent, d’autres jettentdéjà une dernière poignée de terre sur soncercueil cellophané et cherchent à passer autout numérique. par Squaaly« Le public d’High Tone ou d’Ez3kiel est encorerelativement attaché à l’objet CD », confie Jérôme encharge de la promo du label lyonnais Jarring Effects « maisnous sentons bien, sur toutes les références de nos autresartistes, un fléchissementdes ventes ». Histoire degénérations, probablement.Quoi qu’il en soit, aprèsavoir habitué la frange laplus jeune de son public àtélécharger les fameusesJFX Bits gratuites, le labelpropose Dub Invaders, unalbum qui réunit les prodspersonnelles de chacun descinq membres d’High Tone etde leur VJ, Led Piperz.« Il est disponible en triplevinyle ainsi qu’en téléchargement payant exclusivementsur www.CD1D.com (une structure de diffusion digitalequi fédère 45 labels indépendants dont Jarring Effectsest partie prenante – ndlr). C’est un test dont les résultatsseront à étudier de près ».Autre essai, la sortie du Diaspora Remixed qui, commeson nom l’indique, compile les remixes du dernier opusdes Marseillais de Watcha Clan par quelques producteurscroisés lors de leurs récentes tournées (TransGlobalUnderground, Earthrise Sound-System, DJ Click…).« Nous étions pressés de donner une suite à l’album, defaire vivre ses rencontres,mais Piranha, notre labelun peu moins. Nous avonstranché pour une sortie vinyleet une distribution digitalevia Zebralution (www.zebralution.com). En faitpour nous, c’est du buzzplus que du biz » avoueClem, l’homme aux machinesdu Clan, avant d’ajouter : « etune façon d’imaginer l’avenirpour notre label ».n°34 MAi/juin 2009


only web / infos 13FORUMVotre avis sur lesmusiques du mondenous intéresse!10 ans après le grand colloquede la Hall de la Villette, ZoneFranche, association regroupantdes professionnels du secteur desmusiques du monde, s’engage cetteannée dans l’organisation des EtatsGénéraux des Musiques du Monde.Les 11 et 12 septembre prochains,des artistes, chercheurs, journalisteset politiques se réuniront à SciencesPo Paris pour dresser un état deslieux de ces musiques, les replacer ausein d’enjeux plus vastes, qu’ils soientéconomiques, sociaux et territoriaux,et en imaginer l’avenir. Une rencontrenécessaire, à l’heure desmutations de l’industrie du disque,de la mondialisation à marcheforcée et d’un net regain d’intérêt,aussi, du public pour les musiquesdu monde. <strong>Mondomix</strong> s’associe àcette démarche en créant un forumde discussion en amont des EtatsGénéraux, accessible depuis le 31mars. Toutes les interventions sontles bienvenues, n’hésitez pas à faireentendre votre point de vue !Jerôme PichonVIDÉOMIX5 vidéos à ne pas manquersur <strong>Mondomix</strong>.comLa soirée Inna De Yard, des artistes jamaïcains du labelMakasound, au Cabaret SauvageAnthony Joseph and the Spasm Band à Paris, deTrinidad au New MorningLors de la dernière édition des 38e Rugissants Smadj,Erik Truffaz et Talvin Singh ont présenté à Grenoble leprojet « Selin »Le sensationnel chanteur camerounais Blick Bassy enconcert au Glaz ‘ArtPlus d’infos :www.zonefranche.comwww.mondomix.com/forum/etatsgeneraux/La Tunisienne Sonia M’Barek à l’Institut du MondeArabe pour le Festival de l’Imaginaire2009 MAi/juin n°34


14<strong>Mondomix</strong>.comonly web / communautéMON RESEAU ... et vous?mymondomix.comGRAND CONCOURS PHOTO « Votre Hongrie Mix »La majesté du Danube,le charme suranné des établissements de bainde Budapest, la furie du festival Sziget… :la Hongrie vous a conquis.Vous en avez rapporté des souvenirset des clichés inoubliables,faites-nous les partager !DU 1ER MAI AU 15 JUIN,PARTICIPEZ À NOTRE GRAND CONCOURS PHOTO« VOTRE HONGRIE MIX » SURwww.mymondomix.comPOUR PARTICIPER, C’EST TRÈS SIMPLE !Il vous suffit de vous inscrire à My Mondo Mix(inscription gratuite) et de partager avec lacommunauté votre photo de la Hongrie,celle qui, selon vous, représente le mieuxvotre vision de ce pays.Le gagnant verra sa photo publiée dans leprochain numéro du magazine <strong>Mondomix</strong>et en home-page de My Mondo Mix !Le gagnant duconcours VotreMix du Maroc,Thomas Héraultest informaticienà Toulouse. Il aréalisé ce clichéintitulé A Boy anda cat lors d'unroad-tripau Marocen janvier 2009http://mymondomix.com/trinitron°34 mai/juin 2009


15CADEAUX D’ARTISTESPassionnés de musiques inattendues et arpenteurs invétérésdu web, les cosmodjs recensent pour vous les perles musicalesinédites offertes par les artistes. Des cadeaux à chaque numéro !Reggaemen du monde entier, unissez-vous ! Ce slogandétourné de la pensée marxiste colle comme trois feuillesde papier à rouler en ce début de virée sur le World WildWeb à la recherche de pépites sonores KDO. En effet, c’estchez nos amis russes (http://dubwise.ru/node) quel’on allume notre première merveille, à savoir 5 titres (tout unalbum) de dub ou d’électro-dub signé Kamuh. Belle trouvailleavec laquelle vous risquez fort de remporter toutes vosprochaines blind-test parties.Plus militant encore, le Tango-Dub, extrait de Mix a Dub,l’album de Dubamix sur son site perso (http://dubamix.free.fr). Ce titre « anarchiste », selon les propres mots deson auteur, sample la voix de Léo Ferré qui n’aimait pas lesélections. Et c’est bien d’élections dont il est question avec cecadeau marocain dont l’initiative incombe à une radio djeunzchérifienne (Hit Radio). En effet, à la veille du prochain scrutinélectoral qui aura lieu le 12 juin, ils ont réuni en studio quelquesunsdes cadors locaux du hip-hop (MC Anou du Fez City Clan,HB2 et Sif Lssane d’H-Kayne, Caprice du Casa Crew…) etdu reggae (Mahmoud de Ganga Vibes). Ensemble, ils ontenregistré Nodo Tsawto (« va voter »), un titre aujourd’huimassivement diffusé sur les ondes marocaines et disponiblesur le net via www.vvv.ma, site qui fédère les initiativesautour de cette campagne de sensibilisation baptisée « taVoix, ton Vote, ta Victoire » (les fameux 3 V).Moins lié à l’actualité ou plutôt reflet de la sienne propre, le labelnew-yorkais Six Degrees (www.sixdegreesrecords.com) offre, comme chaque mois sur son site, un extraitd’une de ses sorties. Ainsi, découvrez Drifting, un destitres du prochain Midival Punditz. Basé à Delhi, ce duo deproducteurs indiens électronise, depuis quelques annéesdéjà, les traditions musicales du Nord de l’Inde.Nouvelle destination pour cette récolte printanière avec ausud du Rio Grande une douzaine de remixes, mash-up etautres versions rares entre cumbia électronique, hip-hop etreggae, à télécharger sur http://sonideronacional.com/blog. Plus au sud, au Brésil, retrouvons sur lesconseils avisés du connexionneur Rémy Kolpa Kopoul, lachanteuse Adriana Deffenti qui sur son site (http://www.adrianadeffenti.com.br) offre une demi-douzaine detitres délicats, dignes d’une B.O. d’un film de Jacques Demy,le swing brasil en prime. Si la tête vous tourne, allumez votretrois feuilles et rendez-vous au prochain numéro.Les CosmoDJs : DJ Tibor & Big Buddhacosmodjs@mondomix.com2009 MAi/juin n°34


16<strong>Mondomix</strong>.comVoyag e s /festivalVOYAGESSYRIEDansl'ambiancede DAMASTexte Patrick LabesseConcerts de qualité,conférencesde haut niveau... :la première éditiond’Oriental Landscapes,festival et forum dédiésà la musique orientale,s’est tenue en février dernierdans la capitale syrienne.« Damas c’est une ville moche, maisaussi une ville magnifique avec beaucoupd’amour et des gens vrais». Coincé dans unembouteillage au cœur de la ville moderne,un touriste amoureux de Damas dit sajoie d’être là, malgré la pluie qui tombe etl’oppression de la circulation. Il y revienttoujours avec grand plaisir. Demain, il seraau concert qui ouvre la première éditiond’Oriental Landscapes.Organisé du 22 au 26 février, à l’initiativede Culture & Heritage, la branche cultureet patrimoine de la fondation Trust ForDevelopment, créée par la première damede Syrie, Asma al Assad, l’événement,à la fois forum et festival, est axé surla musique savante orientale et plusparticulièrement, pour cette premièreédition, sur les maqâmat, les modesmusicaux fondamentaux dans le mondearabe et musulman. Il réunit musicologues,compositeurs, chanteurs et musiciensvenus de plusieurs pays. Conçu parHannibal Saad, par ailleurs créateur d’unfestival de jazz, le programme a de latenue.Umayyaden-Moschee.ORIENTAL LANDSCAPESLa manifestation s’ouvre devant uneassistance choisie. Dans le hall du luxueuxopéra Dar al Assad, inauguré en 2004,cameramen et photographes traquentles VIP. Au cours de la soirée, un grandensemble à cordes national va interpréterdes œuvres contemporaines écrites pardes compositeurs inventifs, des Syriens(dont le très respecté septuagénaire NouriIskandar), le Turc Fazil Say et l’Iranien NaderMashayekhi. Des rénovateurs de traditions,des expérimentateurs qui n’ont pas peurde bousculer les repères pour inventerune nouvelle matière sonore. Ces écrituresmusicales agacent certains traditionalistes.Ceux-là quitteront la salle. Ce concertinaugural a valeur de symbole. Il estrévélateur du processus d’ouvertureculturelle en marche depuis quelquesannées en Syrie.En 2008, Damas, capitale du premier grandempire islamique (dynastie des Omeyyades)était capitale arabe de la culture. Desdizaines de manifestations artistiques ontponctué l’année, mettant en valeur sonriche patrimoine, mais aussi les audacesde la jeune création. Les Damascènesont pu assister au premier festival worldjamais organisé en Syrie, avec notammentAngélique Kidjo et Dhafer Youssef. OrientalLandscapes s’inscrit dans ce processusd’ouverture, offre un espace évident deliberté créatrice, mais n’occulte pas uneautre réalité, moins attractive.D.R.LA LIGNE ROUGEAprès la condamnation, fin octobre 2008,de douze personnalités de la société civilepour leur adhésion à la « Déclaration deDamas pour le changement nationalet démocratique », le 15 mars, lecyberdissident Habib Saleh a une nouvellefois été condamné à une peine de prisonde trois ans pour avoir exprimé sur Internetdes idées jugées politiquement incorrectes.« Ce pays est compliqué », entend-onsouvent dans les milieux intellectuelsdamascènes. Des volontés d’ouverture,des attitudes progressistes y côtoient desrésistances hermétiques à toute avancéeet l’audace de la parole, comme celle dugeste artistique, ne doivent pas franchir « laligne rouge » séparant ce qui est admis dece qui ne l’est pas.Inka Schmidtn°34 mai/juin 2009


Voyag e s /initiation <strong>Mondomix</strong>.com 17VIETNAMNouveau CirqueVIETNAMIENLang Toi (« Mon village »)Texte François BensignorPhotographie D.R.La magie du tout premierspectacle de nouveau cirquevietnamien transcende l’espritdes traditions rurales parla grâce d’une troupe dejeunes musiciens, jongleurs,acrobates, voltigeurs etfunambules.Une belle invitation au voyage !UNE CRÉATION POÉTIQUE.Le cri strident du grand hautbois « cailai » transperce la rumeur envoûtante dequatre gongs en mouvement. Fanal sonoredessinant lentement la courbe magiquede l’espace de jeu, chaque instrumentde bronze irradie l’onde mystérieuse desa tonalité. Alors que la musculature desathlètes qui les portent se pare d’ombresocre, au centre de la piste, des corpss’imbriquent et se chevauchent, faisantsurgir la puissante souplesse de figuresplastiques irréprochables d’abstraction.Impression de finesse, dépassement desoi… Se balançant au bout de cordesinvisibles, un corps s’élève et le vent de safuite imprime un tourbillon graphique à laforêt de longs bambous dressés presquejusqu’à l’atteindre. L’écho de la guimbardeattise la tension quand l’amazone à lacambrure splendide dompte le vertige dansla spirale de sa chute, défie la pesanteurpar la légèreté de son envol. Les bambouss’ouvrent en corolle pour l’accueillir telle uneabeille butineuse. Disparus dans le fonduau noir, ils s’assemblent bientôt en formede maison. Au signal des tambours, desfunambules bondissent et se poursuiventsur le faîtage, pendant que des jongleurs,stimulés par un chant de travail reprisen chœur dans la lumière de midi, fontirruption sur la place du village…UN MIROIR DU PAYS.La dynamique joyeuse des chorégraphiescircassiennes de Lang Toi est le reflet del’énergie d’un peuple entier, occupé à bâtirune nouvelle nation vietnamienne. Douce,fluide, elle a la force inexorable de l’eauqui coule et roule de roches en sables. Lapuissance de la mer, baignant 3260 kmde côtes. L’irrigation des grands coursd’eau : le fleuve Rouge au Nord, nourrissantles plaines alluviales, jusqu’à son embouchurevers les îles magiques de la Baie d’Along ; leMékong au Sud, avec son delta foisonnantde ramifications et ses marchés flottants. Elleconserve également le génie des peuples desmontagnes, traçant les courbes magnifiquesde rizières en terrasses, à cheval sur sesfrontières avec la Chine et le Laos : Hmong,Yao, Pathen, Hanhi, Lolo, Khang, Khmu…Autant de minorités ethniques aux traditionsvestimentaires époustouflantes, riches decouleurs, de dessins de borderies, de formeset de bijoux. Mais aussi de musiques et dechants.« Nous voulions introduire l’idéeque la musique traditionnellevietnamienne peut devenir la tramed’un enchaînement de numérosde cirque », explique Nhât Ly Nguyen,Français d’origine vietnamienne,concepteur et coordinateur de Lang Toi etde sa musique. Hanoi, joyau de capitale,aérée, à taille humaine et réservant desmiracles de rencontres dans le dédale deses vieux quartiers populaires, accueillela première version de Lang Toi en 2005,avec 80 artistes circassiens et 6 musiciensau Cirque National du Vietnam. Le Muséedu Quai Branly en présentera une versionresserrée, réécrite, stylisée, véritablenouvelle création de ce spectacle chargéde rêve, de poésie et d’appel au voyage. Àdécouvrir absolument !Voyager au Vietnam : VIDOTOURwww.vidotourtravel.comhanoi@vidotourtravel.comdehorsLANG TOI, QUAI BRANLYdu 18 au 28 JUIN"À suivre" surà partir du 8 juinRetrouvez un reportage vidéo ducirqueréalisé au Vietnam sur mondomix.com


18<strong>Mondomix</strong>.comVoyag e s /solidaireUNIRLES NOTESPlayingfor changeTexte Arnaud CabannePhotographie D.R.Aventure humaine ouverte surle monde, l'initiative « Playingfor Change » additionne, au filde ses voyages, productionsde films, de musiques et actionhumanitaire. Rencontre avecl'un de ses créateurs :Mark Johnson.MUSIQUE DE LA RUETout a commencé, il y a une dizained’années, un matin où Mark, ingénieur duson à New York, se rendait à son studio.Dans sa station de métro, deux moineschantaient devant un public envoûté.« Là, j’ai réalisé que ce moment pouvaitunir le monde. Je suis arrivé au bouloten me disant : les plus belles musiques,je les ai entendues à l'extérieur. Alors,j’ai fabriqué un studio d’enregistrementportable, j’ai appelé des copains quiavaient des caméras et je leur ai dit :faisons le tour de la planète à la recherchede cette même énergie. »Cela peut paraître naïf, mais c’est cettedécision qui a donné naissance à denombreux projets dont leur premierdocumentaire, A Cinematic Discovery ofStreet music, et une fondation : « Lorsd’un voyage, nous avons réalisé àquel point, pour toutes les populationsrencontrées, il était important d’utiliserla musique pour inspirer la planèteet dépasser les différences. Tout ceque ces gens nous offraient, il fallait leleur retourner. C’est ainsi qu’est née laFondation, afin de construire des écolesde musique et d’art aux enfants du mondeentier.»MUSIQUES DU MONDE.Ils ne pensent ensuite qu’à repartir à larencontre des musiciens du globe. Germel’idée d’un second documentaire intituléPeace through Music et du disque SongsAround The World. L’idée était de faireenregistrer les mêmes chansons par desmusiciens de pays différents puis de lesrassembler au montage pour démontrerle pouvoir unificateur de la musique. Anouveau, le déclencheur vient de la rue,celle de Santa Monica en Californie.« Lorsque j’ai entendu Roger Ridleychanter Stand by Me, j’étais à trois ruesde distance ! J’ai couru pour voir saprestation. Il y avait tellement de “ soul ”qui émanait de cet homme que j’ai penséqu’il serait le meilleur départ possiblepour le projet. Je lui ai demandé si nouspouvions l’enregistrer et emporter cettechanson autour du monde.Il m’a regardé comme si j’étais fou, puism’a dit d’accord. »L’équipe s’embarque alors dans un péripleà multiples escales : les réserves indiennesdu Nouveau-Mexique, la Nouvelle-Orléansoù ils rencontrent le phénoménal GrandpaElliott, « un très grand homme qui chantedans la rue depuis l’âge de six ans », puisils filent en Europe. A Barcelone, alorsqu’ils enregistrent dans une rue, ManuChao croise leur chemin. Séduit par leprojet, il partage un moment avec eux. Ilspassent par l’Afrique noire, descendent enAfrique du Sud, y enregistrent une choralezouloue et le chanteur Vusi Mahlaseladans la cour de sa maison. L’aventurecontinue en Israël, Irlande du Nord, Inde,Népal... Leurs chansons en poche, ils irontchercher Bono qui apportera sa voix àl’édifice.Les documentaires et l’album sontle témoignage de leur voyage. On ytrouve des standards comme War/NoMore Trouble de Bob Marley ou Talkin’Bout a Revolution de Tracy Chapman oudes créations comme Don’t Worry dePierre Minetti. Le dvd qui accompagne ledisque offre les clips réalisés pendant lesenregistrements. Le son capté en extérieurn’a absolument rien à envier à celui d’unstudio. Mark Johnson le confirme : « Il y aquelques années, mon ami Keb’Mo’ m’adit : “le son est d’abord un sentiment. Sile sentiment est bon, le son sera toujoursbon”»…Belle leçon.PLAYING FOR CHANGE Songs around theworld cd/dvd (Hear Music/Universal Jazz)www.playingforchange.comSur les nouveaux modesd’implications des musiciens faceaux causes humanitaireswww.mondomix.com/events/humanitairen°34 mai/juin 2009


Voyag e s / UNe nuit à <strong>Mondomix</strong>.com 19Une Nuit àFèsAu cœur du Maroc, la ville de Fès vibred’une richesse culturelle unique.Musique, littérature, architecture, philosophie,spiritualité ou gastronomie,…tout y est prétexte à célébrer la vie !Pour passer une nuit comme si vous y étiez,voici quelques conseils :B.M.n Un livreDriss ChraïbiLe passé simpleFolio/GallimardDriss Chraïbi (1926-2007)Paru en 1954, deux ans avantl’indépendance du Maroc,ce roman d’expression françaisesoulève avec force les thèmes del’Islam, de la condition de la femmedans la société maghrébine, del’identité culturelle ou du conflit decivilisations. Violement attaqué à sasortie, il est aujourd’hui étudié dans les universités. Avecce roman culte qui l’a fait découvrir, le plus fassi et le plusrebelle des écrivains marocains a révolutionné la littératuredu Royaume.n Un DVDAu Festival de Fèsdes Musiques Sacrées<strong>Mondomix</strong>/Harmonia Mundihttp://laboutique.mondomix.comAu Festival de Fès, les traditionsmusicales du monde parlent àchacun, touchent les cœurs et lesâmes par delà langues, cultures etreligions. Du 29 mai au 5 juin 2004,la dixième édition du festival recevaitSheikh Ahmad Al Tuni, ShahramNazeri, L'Ensemble Al-Kindî, Moneim Adwan, Les MoinesDanseurs du Tibet, Françoise Atlan, Aïcha Redouane…n Un disqueSaïd ChraïbiHolm bi FèsAl SurMAROCAvec ses 1 552 000 habitants, Fès est latroisième plus grande ville du Maroc aprèsCasablanca et Rabat, mais est considéréecomme la capitale culturelle, intellectuelle etspirituelle du Royaume.En 2008, elle a fêté les 1200 ans de sa fondationpar le roi Moulay Idriss IITéléchargersur mp3.mondomix.com24724Natif de Marrakech, Saïd Chraibiest l'un des joueurs de oud les plusraffinés qui soient. Paru en 1997,Holm bi Fès, (rêves de Fès) est unmagnifique hommage au pouvoirévocateur de la ville.Retrouvez le Festival des Musiques Sacrées de Fès sur www.fesfestival.comet sur mondomix http://fes_musiques_sacrees.mondomix.comn Une Recette (dessert)Pastilla au lait et aux amandes10 feuilles de brick150 g d’amandes mondées2 grands verres de lait3 cs de poudre de maïzena1 petit verre de sucre en poudreHuile pour friture1 sachet de vanille1 jaune d’œufPréparationFaire frire les amandes et les concassergrossièrement, mélanger avec le 1/4 du sucre.Couper les feuilles de brick en deux, faire frire dansl’huile chaude et les laisser égoutter. Mélanger lejaune d’œuf et la maïzena et les faire diluer dansle lait.Mettre sur feu moyen et ajouter le sucre.Remuer de temps en temps et retirer dès que lapréparation commence à s’épaissir. Disposer 2 à 3feuilles de brik et les saupoudrer d’amandes. Faireplusieurs couches et mettre le reste des amandes.Arroser de lait refroidi (un peu) et servir aussitôt.Selection réalisée avec la complicité de Yasrine Mouaatarif2009 MAi/juin n°34


<strong>Mondomix</strong>.com 21DOSSIERRayon ReggaePeut-être est-ce le destin des îles de produire des musiques dont l'impact se mesureà l'échelle planétaire? Pourtant, à bien y réfléchir, la pop définie par les Anglais nepossède pas de caractéristiques aussi précises que le reggae, et le calypso, poussé dansla voisine Trinidad, n'a pas eu une influence aussi fulgurante sur le reste du monde que lerythme et la philosophie musicale fleurie en Jamaïque…Aujourd’hui, le reggae n’est plus, depuis longtemps, une histoire que l’on délimite avecfacilité sur la carte du monde. Cette musique est partout, aussi légitime chantée par leGuinéen <strong>Takana</strong> <strong>Zion</strong>, que par les Américains de Groundation. Pour autant, elle n’aévidemment pas déserté le cœur et l’âme des Jamaïcains, des jeunes qui en perpétuentl’esprit ou en affinent la posture contemporaine jusqu’aux anciens qui, comme LarryMcDonald, réussissent à en révolutionner le genre.Petit état des lieux de la Jah Nation2009 MAi/AVRIL n°34


22En couv'« Notre duo avec Winston,Jah Kingdom, le dit : nousévoluons dans le mêmeroyaume » <strong>Takana</strong> <strong>Zion</strong>


dossier reggae<strong>Mondomix</strong>.com 23GUINÉE BISSAU / JAMAÏQUETAKANAZION& WINSTONMC ANUFFTexte Elodie MaillotPhotographie Michel LelievreAu royaumede Jah,le rastaest roi.Une vie les sépare: l’un a 22 ans etl’autre 51. Winston McAnuff maniele patois jamaïcain et la langue deShakespeare ; son cadet, né enAfrique francophone, parle Sosso.Si Winston a connu les belles heuresdu reggae roots aux côtés deMarley et autres piliers historiques,<strong>Takana</strong> <strong>Zion</strong>, lui, a grandi en Guinée,avec des musiques mandingues,du hip-hop et du reggae dans lesoreilles. L’un comme l’autre vouentun amour pur au reggae et à la vierasta, à Sankara, Mandela, Garveyou Obama. Tous deux signéssur le passionnant label françaisMakasound, ils chantent en duo surle dernier album de <strong>Takana</strong>.Petit voyage vers les racinescommunes de ces croyants à unautre monde possible…n Comment avez-vous choisi votre nom d’artiste ?// WMA : C’est le producteur Derrick Harriot qui m’a poussé à gardermon vrai nom, parce que ça sonnait bien !/ TZ : Les gens m’ont surnommé <strong>Takana</strong> parce qu’à mes débuts, jechantais un titre avec un groupe de rap sénégalais dont le refrain faisait« makatakana ». Il se trouve qu’en Sosso, <strong>Takana</strong> veut dire « détruirela ville ». Le pseudo <strong>Zion</strong> (terre promise) est venu plus tard, avec monamour de RastafarI.n Vous souvenez-vous de votre première rencontre ?/ TZ : C’était à Paris, mais je connaissais déjà la musique de Winstonparce que son clip Mama Africa était diffusé sur une chaîne câbléed’Afrique de l’Ouest. C’est un honneur de travailler avec ce vétéran dela culture RastafarI et du reggae.Les Jamaïcains manifestent leur amour pour l’Afrique, et ça nous apoussés, les jeunes Africains, à nous tourner vers notre propre culture.Les Jamaïcains nous ont même révélé des choses sur nous-mêmes.On est entrés dans cette culture rasta en cherchant à comprendre lesparoles de nos grands frères, Marley, Tosh ou McAnuff. Ils nous ontmarqués !// WMA : J’étais impressionné de voir ce jeune Africain posséder si biennotre musique et l’adapter à sa sauce. Il sonne comme un Jamaïcain,même quand il ne chante pas en anglais. Certains aiment mettre desétiquettes et l’ont surnommé le Sizzla africain, mais <strong>Takana</strong> est justelui-même.De la même façon que les jeunes Africains ont essayé de comprendreMarley et ont fini par apprendre l’Anglais grâce à la musique, nousdécouvrons aujourd’hui les langues africaines.n Vous avez appris sur l’histoire de l’Afrique en côtoyant<strong>Takana</strong> ?// WMA : En parlant avec ce jeune, j’apprends beaucoup. Mais detoute façon, où que l’on vive, on découvre le même phénomène :l’exploitation des uns par d’autres. Dans chaque pays, une mêmepropagande répand l’idée qu’il n’y a pas assez de ressources pour toutle monde, alors les gens paniquent et se replient sur eux-mêmes.Nous, les chanteurs de reggae, nous avons toujours voulu mettre engarde, révéler certains faits. On a chanté pour la libération de Mandelaen Afrique du Sud, Bunny Wailer a raconté l’histoire de Lumumba(héros de la lutte pour l’indépendance du Congo-Zaïre), d’autres celle2009 MAi/juin n°34


24<strong>Mondomix</strong>.comdossier reggaeEn couv'n <strong>Takana</strong>, dans votre dernier album, vousparlez de Sékou Touré, un chef d’étatafricain au bilan pour le moins contesté?/ TZ : Le bien et le mal se promènent ensembleparce qu’ils viennent du même ventre. Je rappellejuste que Sékou Touré avait su dire non à DeGaulle, qu’il a préféré la pauvreté dans la dignité àl’opulence dans l’esclavage. Sékou Touré aimaitla Guinée, c’était quelqu’un de bien. Il a été obligéde coopérer avec d’autres, notamment avec lespays communistes, c’est ce qui l’a obligé à tuerbeaucoup de gens malheureusement.En tant que Rastas, nous pensons que Jah faitla justice. Notre travail c’est de combattre le maldans toutes ses formes, même invisibles, sansindexer qui que ce soit.n En tant que Rastas, comment faitesvousvotre éducation?// WMA : Dans la culture RastafarI, il y a certainscodes. Par exemple, on dit souvent que lasagesse n’est pas seulement cachée dansles livres. Un certain savoir peut être transmisoralement. C’est comme ça que nous nouséduquons : grâce aux autres./ TZ : Notre duo avec Winston, Jah Kingdom,le dit : nous évoluons dans le même royaume.Toute l’éducation ne se fait pas à l’école et dansles livres. Certains ont la connaissance, d’autresont la sagesse. Cheikh Anta Diop (historienet anthropologue sénégalais) a démontréscientifiquement que l’Afrique est le berceaude l’humanité et que le monde moderne doitbeaucoup à la civilisation égyptienne ; MarcusGarvey (précurseur américain du pan-africanismeet prophète pour les rastas), qui n’a pas étébeaucoup à l’école, a de son côté pu convaincredes masses de descendants d’Africains deregarder vers leurs racines sur le continent.« Certains aiment mettre des étiquetteset l’ont surnommé le Sizzla africain, mais<strong>Takana</strong> est juste lui-même »Winston McAnuffde Steve Biko (figure sud-africaine du combat contre l’apartheid)ou des indiens Arawak (premiers habitants des Caraïbes). Unequestion nous taraude : pourquoi les gens ne peuvent-ils pasvivre ensemble ?Mais c’est merveilleux de voir que des choses peuvent changer,tout comme ici on a vu le succès de notre label Makasound, audépart juste une petite graine. Aujourd’hui ce même label françaisproduit des disques un peu partout. Qui aurait imaginé que celairait si loin ?/ TZ : En Jamaïque ou en Afrique, le reggae chante notrequotidien, c’est pour cela que les gens se reconnaissent dansnos textes. Je chante la Guinée, un pays francophone au destinsingulier en Afrique de l’Ouest, car il a été indépendant tôt, en1958.n A quoi ressemblait votre enfance ?// WMA : Mon père, qui était prêtre, avait douze enfants, dontcertains sont morts. On vivait une existence simple. Il fallaitêtre aussi vertueux que Jésus. En tant que gens d’Eglise, mesparents devaient « montrer le bon exemple », et me battaientsouvent pour des broutilles. Mais surtout, je chantais beaucoupà l’église, et je mettais une pièce dans le juke-boxe. J’ai grandiavec la justice, de la musique, et le message d’amour de l’Eglise.Alors, pour moi, c’était simple de devenir rasta plus tard, ilsuffisait juste de remplacer Jésus par l’amour de la nature et deprendre conscience de nos racines africaines./ TZ : Mon père aussi a eu douze enfants, dont certainssont décédés. Je suis le dernier d’une famille musulmane.Mes ancêtres sont descendants du fameux chef mandinguen°34 mai/juin 2009


<strong>Mondomix</strong>.com 25Soundiata Keita, et mon père a été deuxième vice-président del’Assemblée Nationale, et fondateur du PUP, Parti de l’Unité et duProgrès. Ma mère était laborantine, c’est une femme très humblequi nous a enseigné le bien. Entouré de gens qui prônaient leBien, l’amour et le respect de nos racines, j’ai toujours eu enviede servir Dieu. C’est ce qui m’a poussé vers RastafarI. Mesparents ont vu d’un mauvais œil mon virage rasta, j’ai dû quitterla Guinée pour porter des dreadlocks.// WMA : En Jamaïque, on battait les rastas qui devaient secacher. Au début, tu es obligé d’être radical et puis tu apprendsdes Anciens, et tu découvres que tout n’est qu’une question decontrôle. L’amour devient plus important que la radicalitén Quelle a été votre première expérience musicale ?// WMA : Je faisais des concerts à l’église, puis vers seize ans,j’ai commencé à travailler dans un groupe de famille et d’amisde ma région, dans la paroisse de Manchester. A partir de cemoment, j’ai réalisé que faire de la musique était possible./ TZ : J’ai toujours voulu chanter : j’étais animé par le verbe, lerythme, et la vie. A l’âge de huit ans, une voiture m’a renversé etm’a blessé grièvement à la main. Ce handicap m’a poussé à medépasser et à me dire : ce qui ne tue pas rend plus fort. Quandje voyais mes frères manger et que je voulais un petit bout, jechantais des petites chansons, mais j’ai vraiment commencéma carrière en rappant sur des beats américains. Puis, j’ai eu unrapport magique avec la Jamaïque : j’ai écouté Shabba Ranks,Shaka Demus et Pliers (il chante) et ça m’a plu, parce que jetrouvais que ça ressemblait aux chants politiques soussous.Parfois, quand les gars chantent en patois, j’ai l’impression deles comprendre, car dans notre argot il y a aussi beaucoupd’anglais. On dit par exemple marketi pour marché, jailmani pourprisonnier…n Respectivement, comment voyez-vous l’Afrique et laJamaïque ?/ TZ : C’est comme si je vivais en Jamaïque, c’est la mêmeénergie, le même climat : un monde tropical où le peuple vit lamême souffrance. Partout, les Noirs ont la même sensibilité.// WMA : J’ai été au Burkina, je reviens du Maroc. Même si jene suis jamais allé en Ethiopie, je sais que je suis « une âmedéportée »./ TZ : Même si j’habitais en Afrique, je serai toujours unambassadeur, je suis même parfois ambassadeur de la Francepuisque je travaille pour un label français. Nous faisons deséchanges culturels, peut-être plus que toute autre organisationd’échange entre la Jamaïque et la France, mais « A vinde palme point d’enseigne » : les bonnes choses serecommandent d’elles-mêmes et n’ont pas besoin depub.// WMA : On est des sacrés travailleurs ; on a mêmecrée des emplois à partir de rien ! Regardez ce label,Makasound, qui emploie des Français et des artistesétrangers ! On aide à ce que les choses se fassent,c’est la réalité ! Quand <strong>Takana</strong> <strong>Zion</strong> est en face de moi,c’est quelque part comme si j’étais en Afrique. Quandtu fais le Bien, tu ne dois pas t’en vanter, mais on faitavancer des choses en unissant nos forces vers unevoie positive, chez nous et à l’extérieur, en Afrique et enJamaïque… à partir de la France.À écouterWINSTON MCANUFF, Nostradamus (Makasound)TAKANA ZION, Rappel à l’ordre (Makasound)Chroniques sur www.mondomix.comEN CONCERTTAKANA ZIONLe 29 Mai à Marseille (13)Le 31 Mai au Garance Reggae Festival àl’Elysee Montmartre, Parisle 11 Juillet à Bagnols Sur Ceze (30)GAGNEZ VOS PLACES DE CONCERTPOUR VOIR TAKANA ZION À L’ELYSÉEMONTMARTRE À PARIS LE 31 MAI.SUR MONDOMIX. COM2009 MAi/juin n°34


26 <strong>Mondomix</strong>.comdossier reggaereportageGOOD MORNINGJAMAICAJAMAÏQUEDe gauche à droite : Chezidek, un jeune rasta et Omar (manager de Romain Virgo)Carnet de routejamaïcainTexte Sacha Grondeau / Reggae.frPhotographies S.G.Kingston, Jamaïque,décembre 2008.Après 15h d’avion,il fait bon retrouver un airchaud et lourd, exact contrairedes grands froids laissésderrière nous à Paris !Dans la patrie du reggae,la température accueillele visiteur avec bienveillance.Nous voici donc fin prêtspour user les « dancefloors »jamaïcains et découvrir lesderniers hits à ramener dansnos valises.BUJU BANTON, TARRUS RILEY, CHEZIDEKLe programme est chargé, car Kingston grouille de soirées reggaeet de festivals où les stars, bien trop rares en Europe, enchaînentdes prestations de tout premier rang. L’événement du momentc’est le concert du Buju Banton que l’on n’avait pas vu depuislongtemps sur scène, y compris dans son île. L’artiste, qui amarqué l’histoire du reggae avec son album Till Shiloh, a pris leprétexte de sa venue au festival « Reggaelution » pour annoncer lasortie de son prochain opus Rasta Got Soul. Ce soir-là, il proposeune électrisante prestation scénique, qui enflamme le publicchaud-bouillant de New Kingston venu acclamer l’auteur d’UntoldStory. La foule est en délire. Il faut dire qu’il vient de succéder àl’artiste new roots (nom donné aux chanteurs de la nouvelle scènereggae) du moment, Tarrus Riley. Fils du vétéran Jimmy Riley quia séduit les fans de reggae de la fin des années 1970, Tarrus aconquis le monde en quelques morceaux dont le plus connu est lelangoureux She’s Royal. Accompagné de Dean Fraser, le mythiquesaxophoniste rasta, véritable chef d’orchestre du groupe, le jeunechanteur fait se pâmer les jamaïcaines des premiers rangs quiconnaissent par cœur toutes ses paroles.Pour se remettre de ces émotions, rien ne vaut un détour par lescollines d’Ocho Rios où nous avons rendez-vous avec Chezidek,l’un des leaders de la nouvelle scène reggae jamaïcaine. EnEurope ce sont ses deux hits Call Pon Dem et Inna di Road quiont su convaincre ; en Jamaïque c’est plutôt Leave the Trees quia remporté les suffrages du public exigeant de l’île. Porté par lavoix aiguë du chanteur, ce véritable hymne écologique a interpelléla population et connu un beau succès. C’est au bord de larivière où il a composé de nombreux titres, que Chezideknous confie sa gratitude envers le public européen qui, s’iln’est pas rasta, a su apprendre et comprendre le sens deses chansons. « En Jamaïque, c’est plus dur, nous expliquel’artiste. Ici le dancehall est roi et les jeunes n’écoutent pas enpriorité de roots ». Ils lui préfèrent son lointain descendant plussaccadé, destiné aux boîtes de nuit. Les mots de Chezidek nesont pas empreints de regret ou de nostalgie : ils sont justelucides.DANCEHALL ET VIOLENCE.Les Européens de passage sont toujours surpris de voir laJamaïque d’aujourd’hui délaisser bon nombre de ses légendesmusicales et la nouvelle génération d’artistes roots pour luipréférer la culture bling-bling du dancehall, dont les deux fers delance actuels sont Mavado et Vybz Kartel. Ces deux-là passentune grande partie de leurs chansons à se défier et s’insulter et,s’ils restent conformes à la tradition du clash né en Jamaïque, ilsne donnent pas un très bon exemple à la jeunesse jamaïcaine.n°34 mai/juin 2009


<strong>Mondomix</strong>.com 27Toutes les semaines, les journaux de l’île s’interrogentsur l’influence des paroles violentes crachées lors desconcerts et désormais censurées à la radio. Mavado etVybz Kartel leur répondent qu’ils ne parlent que de la réalité desghettos où tous les jours cinq personnes meurent par balle. Leconstat est terrible et la réalité des artistes jamaïcains bien loin duponcif du chanteur rasta baba cool défoncé toute la journée.EN STUDIO AVEC ANTHONY BDe retour à Kingston, nous avons rendez-vous avec Anthony Bpour discuter de son album Life over Death. La Jamaïque estun pays paradoxal et Anthony B en est un digne représentant.Pendant longtemps, il a abandonné les lyrics violents adressésaux colons et à leurs leaders (la reine Elizabeth et le pape),préférant dénoncer les abus de la corruption et de la police.Il consacrait son énergie à éduquer son peuple, conjurait lesenfants des ghettos à aller coûte que coûte à l’école… Depuispeu, il est revenu à des thèmes plus proches du gangsta rap quedu slogan « One Love ». Il justifie cela par son inspiration et citeen exemple Bob Marley qui n’a pas hésité à interpréter I Shotthe Sheriff en son temps. L’icône absolue du reggae a pendantlongtemps chanté les histoires des rude boys, les jeunes voyousdes années 1960 vivant dans les mêmes ghettos qui gangrènentKingston aujourd’hui.Anthony B au studio AnchorHeureusement, en Jamaïque, tout finit toujours en chanson, etalors que la nuit tombe sur la capitale du pays, Anthony B nouspropose de le suivre en session studio où il doit enregistrer unnouveau morceau. Direction le studio Anchor, où l’on croise entreautres Sly & Robbie, Bunny Ruggs – légendaire chanteur desThird World – et une jeune inconnue venue au culot demanderà Anthony B son avis sur un de ses titres. Séduit par le couragede la jeune femme, le chanteur jamaïcain l’écoute patiemment,lui donne deux conseils avant de lui proposer de revenir dans unmois. Si elle s’est améliorée, il posera un duo avec elle. C’est celaaussi la Jamaïque, crise mondiale ou pas… : le reggaepasse de génération en génération et s’adapte à tous. Lefil conducteur de ce pays si accueillant !EN CONCERTCHEZIDEKLe 31 Mai au Garance Reggae Festival àl’Elysee Montmartre, ParisBOB ANDY, KEN BOOTHE ...Le 05 Juin à Mizik Factory, Grande Halle de la Villette, ParisDON CARLOS ...Le 06 Juin à Mizik Factory, Grande Halle de la Villette, Paris2009 MAi/juin n°34


28 <strong>Mondomix</strong>.comdossier reggaeRootsL’esprit du solETATS-UNISGroundationTexte Bertrand BouardPhotographie Philippe GassiesOriginaire de Californie du Nord, Groundation séduit auxquatre coins du monde par son reggae-roots relevé de jazz etimprégné de mysticisme.En ce début avril, Groundation est sur la brèche. Les musiciens viennent d'atterrirà Paris, après un concert à La Réunion en compagnie de U-Roy et Pablo Moses,et repartent dès le lendemain se produire en Grèce. Les semaines précédentes,ils arpentaient l'Amérique du Sud. Malgré cet emploi du temps, Harrison Stafford,chanteur, guitariste et principal compositeur du groupe, et Marcus Urani, préposé auxclaviers, sont dans de bonnes dispositions. Harrison, barbe et bonnet rastafariens,explique avec enthousiasme les racines de sa passion pour le reggae. « J'avais cinqou six ans lorsque cette musique m'a absorbé. Mon grand frère avait des disquesde Marley, Israel Vibration ou Culture. Mon père écoutait du jazz et me berçait avec,mais le reggae était ma musique. J'ai eu la possibilité d'aller en Jamaïque, enfant, enl'accompagnant – il y travaillait dans les ressources humaines pour General Electric. Jem'y suis fait des amis de mon âge et j'y retournais à chaque vacances ».JEUNESSE ET GENÈSEHarrison et Marcus ont grandi à une demi-heure l'un de l'autre, dans la banlieue estde San Francisco, pendant les années 1980. Mais c'est à l'Université de Sonomaqu'ils font connaissance, en 96, dans le cursus de jazz. Marcus a, de son côté, baignédans ce style depuis l'enfance et n'a eu de cesse d'en jouer, mais il affectionne aussile rock, la musique classique et le reggae. En compagnie du bassiste Ryan Newman,ils fondent Groundation en 98. La réputation du groupe va s'établir sur la foi de sesconcerts. « On n'a jamais joué le même set deux soirs de suite, explique Harrison. Ona toujours disposé d'un gros réservoir de chansons et laissé une grande placeà l'improvisation. Il m'arrive même de prendre le micro sans savoir ce que jevais chanter ». Indépendant, le groupe organise lui-même ses tournées et sort sesdisques sur son label, Young Tree Records. Six à ce jour, sur lesquels la présence dechanteurs comme Don Carlos (Black Uhuru) ou Apple Gabriel (Israel Vibration) a valeurd'adoubement. Le prochain, Here I Am, sortira en juin, et ne fait pas exception. On yretrouve The Congos et Pablo Moses, ainsi que Stephanie Wallace et Kim Pommell,deux chanteuses de Kingston qui ont intégré le groupe. Harrison décrit l'album commeun « grand pas en avant», tandis que Marcus précise que Groundation « essaie decontinuer là où le reggae roots s'est arrêté et de laisser son empreinte dessus ».NATURAL MYSTICSéduit par la musique, organique et profonde,le public l'est aussi par la spiritualité quil'imprègne. Harrison : « En allant en Jamaïque,j'étais frappé de voir qu'une musique aussipositive soit issue d'une telle pauvreté. Je mesens obligé, depuis, d'aider mon prochain etde parler de choses importantes. Bosser dansune entreprise, élever une famille, avoir unevoiture, je n'en voyais pas l'intérêt. La musiqueet les gens, voilà ce qui me remplissait. Lereggae, la lecture, la philosophie, les textesreligieux m'ont permis d'acquérir différentspoints de vue et de grandir. Notre musiqueest fondée sur l'espoir, la convictionqu'il ne faut jamais abandonner. Tel estle message du reggae. Et les gens quien écoutent me semblent particulièrementréceptifs à ce genre de valeurs – essayer degrandir sur le plan spirituel, établir l'unité entresoi et le monde extérieur ».Harrison transmet cette pensée à traversGroundation, mais aussi à l'Université deSonoma, où il a enseigné l'histoire du reggaeet de la Jamaïque. Il prépare actuellementun documentaire sur le sujet, Holding on toJah, et dit du Rastafarisme « qu'il n'est pasune religion, mais une conscience, celle del'humanité comme un même peuple, relié parl'amour ».À écouterGROUNDATION, Here I Am (Naïve)EN CONCERTLe 26 Juin aux Solidaysn°33 mars/AVRIL 2009


Sous lesigne dutambourLarryMcDonaldTexte Sacha Grondeau / Reggae.frPhotographie D.R.Après quarante ans de carrière,le percussionniste jamaïcainLarry McDonald, à la têted’un orchestre rythmique,publie Drumquestra,premier opus inspiré.L’une des forces du reggae? Sa capacitéà trouver des déclinaisons originales etune appropriation du style par de grandsartistes, qui en modifient les couleurs. Parmices réussites, citons le Radiodread des EasyAll-Stars, leur récente relecture du SergentPepper’s des Beatles, ou encore l’album StirIt Up, the Music of Bob Marley du pianistede jazz Monty Alexander.Une lignée novatrice dans laquelle s’inscritLarry McDonald. Après quarante ans decarrière, ce percussionniste réputé accouched’un étonnant premier disque, Drumquestra,qui révèle un orchestre de percussionscomposé d’une poignée des plus grandsbatteurs de l’île: Bongo Herman, Sly Dunbar,Alvin Haughton, Isaiah Thompson, RoyoSmith, Simba Messado, Delroy Williams…Un album rythmique donc, qui ne négligepas pour autant le chant : aux côtés deLarry McDonald s’élèvent les voix deMutabaruka, Toots Hibert, Stranger Coleou encore Bob Andy. Des featurings quidécoulent de relations particulièresentretenues avec ces derniers depuisle début de sa carrière. Ainsi, Larryfut la première personne à « backer »le dub-poète Mutabaruka en 1972à Kingston. « Lorsque il a appris quej’étais en Jamaïque pour réaliser mondisque, Mutabaruka m’a fait savoir qu’ilne pouvait se faire sans lui. Il est doncvenu poser un de ses poèmes sur Freeman free ». De même, lorsqu’il croise leleader des Maytals au mythique studioHarry J (Kingston), son vieil ami luipropose de participer à l’opus. De savoix gorgée de soul, il honore Set theChildren free.Autre bonus : cet album réussi mêlerythmes <strong>Mondomix</strong>.com 29le feu polyrythmique des percussionsaux chants d’oiseau (Drumquestra),au ressac de la mer (Mento in 3), ets’enveloppe de la réverbération des« Green Grotto Graves » au nord del’île (sur le titre World Party). Inspiré etéclectique, ce bel opus se situe donc àla lisière entre reggae et influences afrocaribéennes,côtoyées par Larry durantsa longue carrière.À écouterLARRY MCDONALD,Drumquestra (MCPR Music)Chronique sur www.mondomix.comJAMAÏQUE


30 <strong>Mondomix</strong>.comdossier reggaeSHOPpingRasta ShopsTéléchargez !Sélectionde 5 albums reggaedisponibles surmp3.mondomix.comBitty McLean"Movin' On"(Taxi)Texte Elodie MaillotPhotographie St.RitzParis : Patate RecordsPrès de Bastille, une arche tient lebaromètre des tempêtes discographiqueset artistiques du reggae mieux quepersonne. Depuis 16 ans « le disquairequi a la frite » maintient son cap culturel,malgré les secousses digitales, le venthomophobe qui a récemment soufflé dansle milieu ragga-dancehall, la disparition desplatines, l’arrivée des mixtapes et surtoutle raz-de-marée du téléchargementgratuit. « On ne comprend plus le marchéjamaïcain, s’inquiète Pierre, aka KingPatate au milieu de ses milliers de 45tours, jadis supports clefs de l’industriereggae. Des titres sont produits à Kingstonet donnés gratuitement sur le net. Et lesjeunes de 15 ans préfèrent s’acheterun Ipod qu’une platine ». Même si lessound systems commencent eux-aussià se digitaliser, Sir Patate, capitaine auxgrandes oreilles et au look pas très rasta,maintient ses innombrables références etune clientèle fidèle. Et surtout : il produitencore des artistes ! Avec les FrançaisJim Murple Memorial, les JamaïcainsRod Taylor, U Brown, Earl 16 ou quelquessingles du Guinéen <strong>Takana</strong> <strong>Zion</strong>, il tientbon la barre du reggae de qualité, sansavoir jamais mis les pieds en Jamaïque…par peur « d’être déçu du business » !www.patate-records.net/57 rue de Charonne,75011 Paris -Métro : Ledru-Rollin,Charonne ou BastilleOuvert du Mardi auSamedi de 13H à 19Hwww.patate-records.comTéléchargersur mp3.mondomix.com24744Téléchargersur mp3.mondomix.com24374Téléchargersur mp3.mondomix.com11764Finley Quaye"Poundfor Pound"(Intune Records)Africanrebel music"Roots reggaeand dancehall"(Out Here Records)Londres : DubvendorC’est une enseigne mythique en pleincœur de Notting Hill où se négocient45 Tours, maxis, vinyles et mixtapesarrivés en direct de Jamaïque dans lesbagages de Yardies de London.www.dubvendor.co.ukTokyo : DubstoreAlors que le futur du vinyle européensemble incertain, les fameux importsjaponais ont toujours la belle vie ! Cedubstore de Tokyo et son site internetrenferment les plus belles raretésjamaïcaines, avec un soin particulierapporté à la discographie de Kiddus Iet une distribution exclusive du fameuxlabel Studio One de Sir Coxsonedepuis 2006.www.dubstore.co.jpTéléchargersur mp3.mondomix.com24603Téléchargersur mp3.mondomix.com25236Alton Ellis"Collectorama -Story ofmister Soul"(JahSlams)Easy StarAll-Stars"Easy Star'sLonely HeartsDub Band"(Easy Star Records)n°33 mars/AVRIL 2009


LIENSDehors...le 28 mars au Bataclan Paris et voir p. 65À écouterLO'JO, Cosmophono (Wagram)2009 MARS/AVRIL n°33


32<strong>Mondomix</strong>.cominterviewle SONDES RÊVESCANADALhasaTexte et Photographie Benjamin MiniMuM>> INTERVIEWLa chanteuse canadiennes’est mise à nue pourenregistrer une collection dechansons belles à couperle souffle dans sa langueanglaise maternelle et dansles conditions du direct.Lhasa, un troisième album,comme un nouveau départ,qui affine encore un peu plusles contours d’un universparmi les plus envoûtants denotre époque.n On a souvent l'impression quetu es allée chercher tes chansonsdans les rêves…C'est vrai : c'est arrivé plusieurs fois.Dans le dernier album aussi, il y a desimages que j’ai empruntées de mesrêves. Il y a même une chanson qui est précisément une descriptiond'un de ceux-ci. (A Fish on land raconte l'histoire d'un poisson àtête humaine qui se débat sur le sol et qui, une fois remis à l'eau,devient un homme avec qui la narratrice se mariera, ndlr)n Comment arrives-tu à faire tenir ces rêves sur terre ?On en parle comme des trucs très étranges, mais pour moi lesimages des rêves sont très concrètes. Elles parlent d'elles-mêmes,on a juste à les dire et elles ont leur propre magie. Ce n’est pascompliqué !n Comment communiques-tu ces atmosphèresparticulières à tes musiciens ?Les musiciens avec qui je travaille sont des gens très intuitifs. Jeleur explique ; parfois on trouve tout de suite et parfois il nousfaut quelques essais avant d’obtenir l’ambiance recherchée. C'estdrôle, le langage, c'est un peu mystérieux cette façon dont onatteint un but musical qui décrit un état onirique ou un sentiment.J’y parviens souvent avec des couleurs : je peux par exempleleur dire que j'ai besoin de beaucoup d'espace, un sentiment delenteur, décrire des images, mais il faut chercher ensemble. Surce disque, je m’entoure de musiciens avec lesquels je n'avaisjamais travaillé. Alors on s'apprivoise, on apprend à décoder noslangages mutuels. Ca marche vraiment avec eux, parce qu'ils ontla patience et la curiosité de comprendre où je veux aller, avec lesmots que je dis.n°34 mai/juin 2009


34<strong>Mondomix</strong>.comsamba-rockÀ écouterPEDRO LUIS E A PAREDE, Ponto Enredo (World Village)EN CONCERTle 1 juin Musiques Métisses Angoulême (16)le 2 Paris (75)BRESILPainde sucreet murde sonPedro Luise A ParedeTexte Yannis RuelPhotographie Guito MoretoMoteur de la scène carioca de cesdix dernières années, Pedro Luís e AParede débarque en France.Produit par Lenine, son nouvelalbum nous parle de samba enversion rock’n’batucada.TAMBOUR DE LAPAPour recréer l’ambiance du quartier de Lapa,épicentre de la vie bohème et musicale de Rio,les organisateurs de la soirée de clôture dufestival du cinéma brésilien de Paris, l’an dernierà La Cigale, ont eu le bon goût de faire appelà Pedro Luís. Depuis la salle qui n’attendaitce soir-là qu’un riff de cavaquinho funky pours’agiter, à la scène où il réunit autour de lui tousles artistes invités pour l’occasion, le chanteuret guitariste carioca avait de sérieux argumentspour faire l’unanimité. Sous sa panoplie t-shirtjeans-basketspasse-partout, Pedro Luís esten effet une figure bien connue des rues de Lapa. Chaqueannée à l’époque du carnaval, c’est depuis une des salles duquartier, la Fundição Progresso, qu’il donne le départ du défilédu Monobloco. Véritable phénomène au Brésil, cet atelier depercussions à l’origine d’un mouvement de revitalisation ducarnaval de rue (à distinguer du défilé des écoles de samba) estné comme une extension du groupe A Parede (« le mur »).BATUC’N ROCK’N’ROLLAvant de propager ses bonnes vibrations à l’espace public, PedroLuís e A Parede (PLAP) est un projet de batucada d’un genrenouveau, surgi en 1996 sur la scène d’un festival de musique etpoésie de Rio. « J’ai été contacté pour y animer un concert dansant,précise son leader. Avec mes amis percussionnistes Sidon Silva,C.A. Ferrari, Celso Alvim et le bassiste Mário Moura, on s’est ditqu’il fallait être mobiles si on voulait faire danser les gens. Plutôtqu’une batterie, mieux valait s’inspirer du format d’une batucada.En répétant notre chorégraphie, l’idée nous est venue denous aligner fréquemment sur le devant de la scène afinde former un mur sonore de percussions. Et quand on m’ademandé quel nom il fallait annoncer, j’ai spontanément réponduPedro Luís e A Parede ! » L’enthousiasme soulevé par cet essaimotive sa transformation sur disque. Sorti en 1997, AstronautaTupy fera sensation jusqu’au Japon, notamment grâce au hitTudo Vale a Pena, en duo avec Fernanda Abreu. Deux ans plustard, É Tudo 1 Real, puis Zona e Progresso en 2001, achèvent deconsacrer la popularité de PLAP et d’un style défini comme « unebatucada sous la pression du rock ». Si PLAP s’est déjà présentéen France, son nouvel album est finalement le premier à y fairel’objet d’une sortie officielle. Un événement qui pourrait bien voirla musique brésilienne gagner de nouveaux adeptes.LE REMÈDE SAMBA.Pour parfaire son alliage de percussions afro-brésiliennes et desonorités électriques, la formation s’est enrichie d’un nouveaumembre, le guitariste Leo Saad, et d’un producteur averti, complicede la première heure, Lenine. Le thème du disque, celui de lasamba comme antidote à la tristesse, est annoncé dès le premiertitre : « La samba est un saint remède / Pour qui veut vivre ». SiPLAP n’est pas un groupe de samba à proprement parler,le répertoire original de cet opus décline les différentesmodalités du genre dans un chaudron de grooves, commepour mieux enchaîner les tubes en puissance. Au-delà de sesréférences à la tradition sambiste, du style partido alto avec ZecaPagodinho (Ela tem a beleza que nunca sonhei) à celui de Bahiaavec le compositeur Roque Ferreira (Mandingo), Ponto Enredotraduit une recherche de rénovation du répertoire afro-brésilien.Son invitation à la fête se conjugue ainsi à des textes spirituels etengagés et à une esthétique iconoclaste, tendance heavy-metal(Repúdio), blues (Animal), ou mesure ternaire (Luz de nobreza).Clin d’oeil au ponto de macumba, la chanson qui donne sontitre à l’album célèbre l’influence sur la musique populaire desrythmes rituels d’origine africaine, ceux de l’umbanda et ducandomblé brésiliens, mais aussi de la santeria afro-cubaine dontles tambours sacrés sont par ailleurs convoqués sur le morceaucaché en coda du CD. Un mur de percussions, certes, mais dontles briques n’oublient pas de rester mobiles.n°34 mai/juin 2009


interview <strong>Mondomix</strong>.com 35Commeun poissondans lasambaMariana AydarTexte Anne-Laure LemancelPhotographie NikhilBRÉSILFille du chanteur Mario Manga, la paulista Mariana Aydar représente bien cette nouvellegénération de musiciens brésiliens qui puisent dans une tradition vive (samba, forró…)pour construire un style personnel. Son second album, Peixes Passaros Pessoas mêle aupatrimoine des accents pop-rock. Sucré, suave, envoûtant…Eminemment féminin.Peux-tu retracer tonparcours ? J’ai grandi dans unefamille de musiciens, entourée d’unemusique omniprésente, tant à lamaison qu’aux concerts avec mesparents. J’ai toujours aimé cetteatmosphère de liberté, l’émotion surla scène... J’ai commencé par levioloncelle, qui illumine mon art demanière viscérale, puis la guitare.Mais le chant – forme de liberté,d’expression, de catharsis – a toujoursprimé. A 20 ans, j’ai commencé àchanter professionnellement dans ungroupe de forró, que j’ai quitté pouraller habiter Paris.Que t’a apporté ce séjourparisien ? Je souhaitais meconfronter à la solitude et j’ai choisila capitale française pour sonbouillonnement artistique. Parism’inspire ! J’y ai rencontré des gens dumonde entier, entendu de la musiqueà foison, découvert une culture et desvaleurs différentes…Sans parler del’épreuve qui consiste à débarquerdans un lieu ou tu ne connais personne: j’ai beaucoup mûri ! Surtout, je voyaismon pays de l’extérieur, un anglequi m’a finalement incitée à revenirau Brésil pour réaliser mon premierdisque, Kavita 1.Comment as-tu évolué depuisce premier album ? Durant lesdeux années qui ont suivi, je n’ai pascessé de chanter : pour différentspublics, avec des artistes qui étaientmes références musicales ; j’ai eu desresponsabilités que je n’aurais jamaisosé espérer. Mon dernier disque reflèteces heureuses métamorphoses. Il livrebeaucoup de punch.Comment as-tu choisi tesauteurs, compositeurs etproducteurs ? Je souhaitaistravailler avec de jeunes talents, carj’accorde une confiance énorme à cettegénération émergente, et prolixe, demusiciens brésiliens. Si je connaissaisla plupart d’entre eux, certains relèventmême du cercle intime comme monpartenaire Duani qui signe une grandepart des musiques. Après avoir lancénos premières idées en duo, nousavons fait appel au producteur Kassin,pour jouir d’une vision extérieure : uneassociation parfaite !Sur ce disque, tu as conviéMayra Andrade et quelquesautres invités… J’ai découvertl’album de Mayra en France. Unchoc ! Il est rare de rencontrerquelqu’un qui chante avec autantd’émotion et de sincérité àseulement 23 ans ! Nous avonsd’abord communiqué par mailpuis, lors de notre rencontre auBrésil, c’était comme si nous nousconnaissions de longue date…uncadeau que m’offrait la musique !C’était merveilleux de sceller cetteamitié par le chant. Les autresparticipations exceptionnelles ?Zeca Pagodinho, notre maître desamba à tous.Quels thèmes abordes-tu ? Ils’agit de préoccupations que je vivaisalors, comme l’angoisse de composerdans Palavras Não Falam (ma premièreÀ écouterMARIANA AYDAR, PeixesPassaros Pessaos (Universal)EN CONCERTle 6 mai Enghien Les Bains (95), 7 maiFouesnant (29), 9 mai Sable Sur Sarthe (72),12 mai Paris (75), 15 mai Bischheim (67)compo en solitaire), la force ressentiesur scène ( Beleza)…Nous voulionséchapper au thème de l’amourromantique, même si certains titresnous donnent tort : Teu amor é falsoet Tudo o que trago no bolso. Surtout,la critique sociale domine. Le titre del’album Peixes Passaros Pessoas(« Poissons oiseau personnes » ),explique que l’être humain n’a paspayé la facture lorsqu’il a emprisonnépoissons et oiseaux. Mais au-delà d’unsimple message écologique, noustâchons de décrire un phénomèneplus ample, et notre sentiment sur lemonde.La samba et le forródominent…Tu es très liéeaux traditions ? Ma mère étaitproductrice de Luiz Gonzaga (chanteurde forró) ; j’ai donc beaucoup voyagédans le Nordeste. Et j’ai toujours adoréle samba. Je trouve ces deux styles trèssimilaires, en fait ! Ils font partie de monhistoire, restent ancrés dans mon cœur.Je suis très fière d’être brésilienne :mon peuple va de l’avant, et notremusique constitue un trésor qui, surdes racines solides, élabore des bijouxde sophistication…2009 MAi/juin n°34


36<strong>Mondomix</strong>.comHIP - HOPToujoursdansla place !Bulletin du rap africainETRE FIERDe passage à Paris, pour la promo de Sunugaal, une compilation detitres chocs de son précédent album Un autre monde est possible(2005) et de nouveaux morceaux, Awadi est surtout venu pourAwadi,Hip Hop Kanouet Negrissim’MALI / SÉNÉGALTexte Eglantine ChabasseurA la fin des années 1970, lehip-hop débarque à Abidjan,puis s’installe à Dakar, avantde prendre racine dans toutesles capitales du continent.Aujourd’hui, le rap permetà la jeunesse africaine defaire entendre sa voix. Maisla première génération derappeurs est toujours là !Preuve par trois : dans les bacsavec Awadi, sur scène avecAmkoullel (Hip Hop Kanou) etau quartier en compagnie deNegrissim’…«Le rap à Dakar ? Il va, il vient… Il y aquelques temps, c’était un peu morose,mais là, ça repart : il faut dire que lemouvement n’est pas tout jeune ! Ilcommence à prendre quelques petitesrides… ». C’est Awadi, le grand frère duhip-hop sénégalais qui parle. Son groupe,Positive Black Soul, a permis au rap des’enraciner à Dakar. Le morceau dePBS Boul Falé (« T’inquiètes »), hymnedésabusé de toute la génération 90’sfêtera l’année prochaine ses dix-huitans : l’âge de la majorité. Depuis, DidierAwadi a décidé d’utiliser son micro pour« secouer le cocotier », en faire tomberles questions qui dérangent: colonialisme,néocolonialisme, démocratie…Awadiaffiner son projet « Présidents d’Afrique ». D’abord un spectacle,mêlant extraits de discours de figures mythiques de l’histoirecontemporaine africaine, images d’archives et rap panafricain, leprojet d’Awadi prend désormais une autre tournure : « Ce seraun film musical avec, je l’espère, une vraie valeur historique. Lajeunesse d’Afrique manque vraiment de repères. Pour l’instant,elle se fout de l’histoire : ses modèles, c’est 50 Cent ou Lil’Wayne.Pourquoi pas, mais c’est réducteur pour moi ! Je veux reconstruireces raisons d’être fier d’être Africain. Recréer le rêve : c’est notremission ! ». Patrice Lumumba, Julius Nyerere, Nelson Mandela :autant de figures dont le discours est peu ou mal connu des jeunesgénérations… « A l’école personne ne nous apprend l’histoire denos héros contemporains ! Alors, quand je parle des discours deSankara ou de Cheikh Anta Diop, au quartier, les gars kiffent ! ».Parallèlement à ce projet militant en cours depuis deux ans, Awadireste inlassablement un activiste hip-hop à Dakar. L’année 2009a d’ailleurs démarré en trombe : Awadi et toute la crème du hiphopsénégalais ont organisé au Centre Culturel Blaise Senghor,un marathon de 72 heures de hip-hop non-stop. « Il y avait desconférences, des concerts, des breakers, des stands de marquesde streetwear de Dakar. Les jeunes ont la culture en eux, ça faitvraiment plaisir ! On s’est dit: c’est notre mouvement, il faut ledéfendre, car personne ne le fera pour nous ! Et tout le monde aparticipé à monter, démonter les scènes, c’était assez nouveau :d’habitude on se clashe ! »MANQUE D’INFRASTRUCTURESA Bamako, capitale du Mali, les anciens tentent aussi deconsolider le mouvement. Vétéran de la scène rap, Amkoullel,« l’enfant peul », déplore la difficulté de passer le cap de laprofessionnalisation. Car les infrastructures maliennes n’ontstrictement rien à voir avec celles du Sénégal… La dernièreenquête d’Aziz Dieng, président de l’Association des MétiersPascal Goudetn°34 mai/juin 2009


38<strong>Mondomix</strong>.comrencontreSous un soleiléthiopienETHIOPIE /ANGLETERREMulatu Astatke& The HeliocentricsTexte Arnaud CabannePhotographies D.R.Lorsque le musicien éthiopien Mulatu Astatkecroise le collectif anglais à facettes multiplesThe Heliocentrics, l'éthio-jazz s'abreuve d'unenouvelle lumière.Une fusion à découvrir d'urgence !LA LÉGENDE ÉTHIOPIENNEYegelle Tezeta utilisé par Jim Jarmusch pourambiancer le film Broken Flowers est sans aucundoute le titre le plus connu de Mulatu Astatke. Cesubtil musicien, arrangeur, fait fusionner depuisplus de quarante-cinq ans les harmonies jazzavec les musiques traditionnelles azmari ou cellesdes rites coptes. Toujours cité aux côtés desMahmoud Ahmed, Alèmayèhu Eshèté et autreslégendes du fameux son d’Addis Abbeba, il aécrit quelques-unes des plus belles mélodies dela musique éthiopienne. Il en est aussi l’un desplus fervents modernisateurs : « J’ai rajouté descordes au krar (lyre traditionnelle) pour lui permettrede jouer des standards comme Mercy, Mercy ouSummertime », souligne-t-il. Dans sa musique, ilmêle aux cuivres et aux instruments électriques, labéguéna (harpe d’accompagnement aux prières)ou le masengo (instrument à cordes frottées).Travailleur acharné, il possède un club, l’AfricanJazz Village, à Addis Abbeba, donne des cours àÀ écouterMULATU ASTATKE & THE HELIOCENTRICS,Inspiration Information vol.3 (Strut/pias)EN CONCERT à FIESTA SÈTE le 3 aoûtchronique http://astatke-heliocentrics.mondomix.comBoston, des conférences à travers le monde et nous a gratifiés dequelques galettes inoubliables comme Mulatu of Ethiopia, sortieen 1972 ou le volume 4 de la collection « Ethiopiques ».Réalisé avec la complicité du collectif anglais TheHeliocentrics, ce nouvel opus propulse les mélopéesdéjà terriblement modernes de Mulatu vers d’autresdimensions, sans les dénaturer.UN COLLECTIF COSMIQUEThe Heliocentrics sont de ceux qui placent le soleil au centrede l’univers. Avec Mulatu Astatke, ils ont trouvé un astreautour duquel graviter et avec l’éthio-jazz, un nouveau mondeà enrichir. Mené par le talentueux Malcolm Catto, le groupevirevolte de galaxie en galaxie : rock psyché, jazz, hip-hop,funk… Cette matière agglomérée, digérée, transformée,donne un son original, découvert sur l’album Out There en2007. Il s’est aussi forgé une réputation de backing band deluxe derrière Dj Shadow ou pour les productions de Madlib.UNE FUSION RÉUSSIEMulatu Astatke croise leur route en avril 2008. « Je donnais uneconférence à Londres. Karen P, programmatrice pour le Cargo,m’a proposé de faire un concert et m’a présenté le groupe. Nousavons eu juste une journée pour répéter avant le show ». Lemusicien éthiopien ne fera alors que fugacement connaissanceavec ses nouveaux camarades de jeux. Enregistré à Londres enseptembre 2008, l’album InspirationInformation vol. 3 s’est construit parétapes : « Ils m’ont envoyé du matérielpour que j’écoute et choisisse... J’aicomposé, fait des arrangements, etleur ai renvoyé. Après ça, nous noussommes rejoint à Londres pour unesemaine de travail acharné. »Une session durant laquelle leursinfluences mutuelles se sont fermemententrelacées. Les connaisseurs yretrouveront des chants de villages dela région du Tigré et même d’anciensmorceaux revisités par le Maître commeDewel ou Mulatu, joué ici en ternaireau lieu du binaire originel. Bien sûr, lesévolutions ne sont pas que rythmiques,la patte du néo big-band londonienest présente derrière chaque envoléedu maestro. En témoignent les titresAddis Black Widow, Blue Nile ou AngloEthio Suite qui portent à l’expressionéthiopienne des reflets jazz-rock etabstract hip-hop.Et lorsque l’on demande à MulatuAstatke ce qu’il pense de cette nouvelle fusion, il répond avecun sourire qui ne cache pas sa fierté : « C’est le prolongement, ledéveloppement de l’éthio-jazz ».n°34 mai/JUIN 2009


électro <strong>Mondomix</strong>.com 39De l'ancestralau digitalPEROU / FRANCE« L’idée du nom RadioKijada était d’associer un objetextrêmement brut, la quijada, à la technologie moderne, commeune onde qui permet de voir le squelette au travers du corps. »RadioKijadaTexte Isadora DartialPhotographies D.R.Née de l'union de Rodolfo Muñoz,percussionniste péruvien, et de ChristophH.Müller, l'homme-machine du Gotan Project,l'onde généreuse de RadioKijada parcourtles répertoires afro-péruviens. Un périple surplusieurs fréquences !AU DÉBUT ÉTAIT LA PERCUSSIONLes deux musiciens qui se sont rencontrés quinze ans plus tôtlors d’un concert de Ray Baretto, décident, après une premièrecollaboration, d’entamer ce projet début 2000. L’idée étant defaire connaître la richesse de ces sonorités nées sur la côtepacifique du Pérou. Christoph explique : « J’ai découvert cesrythmes sur une compilation de David Byrne en 1995 puis j’aipu explorer cette musique ternaire dans le folklore argentin avecdes sons comme la zemba, la cueca qui sont liés aux musiquesafro- péruviennes. Ces instruments sont très particuliers : ils ontdes sons secs et une histoire assez incroyable. Vous avez lecajón, que les gitans ont popularisé dans le flamenco et la kajita,petit cajón avec couvercle qui servait, à l’origine, à collecterl’aumône lors des processions, mais aussi la quijada, qui est lapartie inférieure d’une mâchoire d’âne». Ils ont d’ailleurs choisid’illustrer la pochette du disque avec cet instrument ancestralqui, « dans une région côtière désertique a servi aux esclavesde percussion », explique Rodolfo. L’idée du nom RadioKijadaajoute-t-il, était « d’associer cet objet extrêmement brut à latechnologie moderne, comme une onde qui permet de voir lesquelette au travers du corps. »INITIATIONScanner pour mieux fairerésonner : landos, zamacuecosou encore festejos, autant debattements qui, dans les mainsexpertes de Christoph, sefondent dans l’ère numérique.Une exploration qui, en onzetitres rend le particulier…universel. Au top-départ : lesaventures musicales de RodolfoMuñoz. De Lima à Cuba, lepercussionniste-compositeurdes groupes Sandunga etChinchivi s’est formé tant auconservatoire que dans la rue.Des années à jouer, capterl’essence des rythmes auprèsde plusieurs générations demusiciens péruviens, cubainset colombiens que l’onretrouve, pour certains, sur ledisque. « Quand j’étais à laHavane où j’ai passé huit ans,je faisais des allers-retoursentre le Pérou et Cuba. Onpartageait nos savoirs : jeleur montrais le jeu de chezmoi et eux m'enseignaientles percus afro-cubaines, leyoruba. C'était important derapprocher ces deux cultures,du coup, je les ai invités sur ledisque », raconte-t-il.DANSE ET CONSCIENCE« Tumba y Cajón fut le premiertitre», explique Christoph.« Rodolfo m’a fait écouterce festejo d’un trio decompositeurs de Lima, j’aiadoré et par chance, on apu avoir en studio l’un desauteurs de passage à Parispour un concert de SusanaBaca.» D’autres sons ont étéenregistrés au Pérou. C’est lecas de Quema ! Façon deephouse, ce titre parodie unedanse, «l’alcatraz », remise augoût du jour il y a quelquesannées par le groupe PeruNegro, et dans laquelle chacundes partenaires essaie de brûlerle mouchoir coincé dans lederrière de l’autre. Mais chaquetitre a son histoire ! Huit ans dematuration, ça laisse le tempsaux allers-retours, rencontresnouvelles, feelings différents.Des instants de vie qui se mêlentaux musiques et si la fête estprésente, les textes n’oublientpas d’être revendicatifs commeAgua E Nieve, du nom de cetteboisson à base de canne àsucre interdite du temps descolonies, qui rappelle quela musique afro-péruvienneest aussi le fruit de la plusimportante migration forcéedans l’histoire de l’humanité.À écouter RADIOKIJADA, Nuevos SonidosAfro Perunaos (xWrasse Records/ULM-Universal)Chronique http://radiokijada.mondomix.com2009 MAi/juin n°34


40<strong>Mondomix</strong>.comhistoireHISTOIRELes musiques tirent souvent leurs origines de circonstanceshistoriques et sociales particulières.La rubrique « Histoire » a pour ambition d’éclaircir la genèseet le développement de mouvements musicaux.NOUVELLE-CALÉDONIEGulaanPour beaucoup d’Européens, la Nouvelle-Calédonie est une terreplus ou moins mythique située aux antipodes. Long caillou gorgéde nickel, enfer du bagne pour les Communards de 1870, paradisécolo bordé de lagons bleus…: à chacun son fantasme ! Or, ce quifrappe, après plus de vingt heures de vol, ayant remonté le tempsde dix fuseaux horaires, c’est d’y rencontrer la mémoire vive d’unecivilisation millénaire, à des années-lumière des codes européens.Une culture que missionnaires et colons ont cru pouvoir nierd’abord en lui interdisant la pratique musicale. C’était trop vitenégliger la force de résistance des Kanak… Vanité que de croirepouvoir faire table rase d’une culture que des sociétés humainesont élaborée durant des siècles. Ranimant sur des instrumentsmodernes les rythmes et harmonies vocales de l’archipel, le kanékaest devenu l’étendard de l’identité culturelle contemporaine de cepeuple premier de la Mélanésie.CRÉATION POLITIQUE« Le kanéka est née d’une volonté de nos leaders politiques »,explique Dick Buama, pionnier du genre, élu meilleur artiste dekanéka au concours des Flèches de la Musique 2008 pour sonalbum Malamala. Le terme « kanéka » a vu le jour en 1986 lorsdes Rencontres Tradition et Création, organisées par Jean-MarieTjibaou. Homme de culture, avant de devenir le chef charismatiquedes indépendantistes et de créer l’éphémère gouvernementKaneka :l’identite neo-caledonienneTexte François BensignorPhotographies ADCK - Centre culturel TjibaouEn 20 ans, le kanéka s’est imposé commeréférent musical de la Nouvelle-Calédonie.Créé par la jeunesse, ce genre moderneirrigué de traditions autrefois interdites, estd’abord l’affirmation de la culture kanak.Ferment de réconciliation entre communautéshostiles, il a gagné l’intérêt de toute la Mélanésie.Les héros de ce « reggae du Pacifique » – Dick &Hnatr, Edou, Vamaley, Sumaele – débarquent enEurope. Autant d’acteurs de l’histoire d’un peupleà découvrir en CD, en DVD et sur scène.DISCOGRAPHIE :Compilation Kanéka(Dist. Mosaïc, 2009)Dick et Hnatr –CD et DVD Live au New Morning(Mangrove, 2008)Théo Ménango –Fin d’un monde (Mangrove, 2008)Dick Buama –Malamala (Mangrove, 2007)Edou –Live à Cairns(Mangrove, 2005)SITES :Le journal du Poémart :www.endemix.orgSacenc :http://www.sacenc.ncVente de CDet DVD de kanéka :http://www.pacific-bookin.comLes Flèchesde la musique :http://www.lesflechesdelamusique.comprovisoire de la République socialiste de Kanaky en décembre 1984,il a une vision très claire du pouvoir de la musique. Pour lui, si lesKanak veulent exister face aux colons qui les oppriment ets’approprient leurs terres depuis 1853, ils doivent se forgerune musique d’aujourd’hui. Ainsi rassemble-t-il quelques jeunesmusiciens motivés, en vue de réfléchir à la création d’un genremoderne, puisant dans les riches traditions des danses, chants etrythmes appartenant aux clans qui se partagent les territoires dela Grande Terre et des Iles Loyauté.ADAPTER LES FORMES ANCIENNESChanteur issu de la cité mélanésienne de Nouméa, où viventles ouvriers de l’usine de nickel toute proche, Théo Ménangoavance le terme K’n’K (clin d’œil au Rock’n’Roll), qui devientkanéka. Dès la fin des années 1980, dans toutes les tribus,fleurissent de jeunes groupes organisés en associations. Lesguitares acoustiques et les ukulélés s’électrifient. Les synthés sefrayent un chemin afin de soutenir la splendide polyphonie deschœurs à plusieurs voix. Certains sont hérités des chants « ae-ae», dont la mémoire se perd dans la nuit des temps et qui, dit-on,sont « le sourire de l’eau ». Batteries et percussions reproduisentles rythmes fabuleux des danses ancestrales, comme le «pilou » ou le « cap » [prononcer “tchap”], joués à l’origine surdes instruments faits d’écorces ou de feuilles, des bambouspilonnant ou des tambours à fente. S’il n’y a pas de mot dansles langues kanak pour dire « musique », une même substancen°34 mai/juin 2009


<strong>Mondomix</strong>.com 41Le kanékaen 5 dates• 13 & 14 février1986 : élaborationdu concept de jeunemusique kanak,(“kanéka”), lorsdes RencontresTradition et Création,organisées àl’initiative de Jean-Marie Tjibaou.Tjibaou• 1992-93 Le labelMangrove publie lespremiers albums desgroupes de kanéka :Bwanjep, Mexem(avec Edou), Guréjélé(avec Dick & Hnatr),Vamaley, etc.• Juillet 2004 :Création de laSociété des Auteurs,Compositeurs etEditeurs de Nouvelle-Calédonie (Sacenc).• Décembre 2007 :Création du PôleExport de la Musiqueet des Arts deNouvelle-Calédonie(Poemart), suite aux1ère Rencontresprofessionnellesinternationales descréateurs musicauxde l’Océanie / Asiedu Sud Est enseptembre 2007.• Juillet etnovembre 2008 :Avec le soutien duPoemart, premièrestournées en Francemétropolitaine pourles pionniers de lascène kanéka Dick &Hnatr et Edou .anime danses et chants traditionnels : le « rythmekanak ». Raymond Ammann explique : « Dansl’intérieur [de la Grande Terre] ou sur le littoral, ilexiste deux éléments principaux : les sensations etles sonorités provoquées par le mouvement continude l’eau ou de la mer en arrière-fond permanent, etle rythme discret de l’eau jaillissante ou des vagues.Ces éléments sont tous deux partie intégrante dela métaphore du “rythme kanak”. » De ce mystèreocéanien découle la vague du kanéka.DU MILITANTISME LOCALÀ LA VISION GLOBALE« Dans la langue maré, chanter se dit “yéra”, quisignifie “s’aimer”», raconte Dick Buama. Ainsicertaines mélodies très douces portent-elles desparoles beaucoup plus engagées qu’il n’y paraît…Dans les années 1990, le mot Kanak — si dévaloriséque les chanteurs mélanésiens eux-mêmes n’osaientpas le placer dans leurs paroles dix ans plus tôt —est devenu l’étendard d’une génération créative etdécomplexée. Bwanjep, Gurejele, Mexem, Vamaley,OK ! Rios, We Ce Ca : tous ces groupes fondateursdu kanéka font la fierté de leurs tribus respectives etrapidement de l’archipel. Élaboré dans la tourmentede la révolte qui, après la tragédie meurtrière de lagrotte d’Ouvéa, a trouvé son épilogue en 1988 grâceaux Accords de Matignon, le kanéka est un puissantmoteur de réconciliation entre communautés. Enquête de leur « destin commun », les jeunesCalédoniens adhèrent massivement à cettenouvelle musique qui leur ressemble et leurdonne l’énergie d’aller de l’avant. Accompagnéspar quelques maisons de production dynamiques(Mangrove…), diffusés sur les ondes des radiosprivées (Radio Djido…) et public (RFO), les artistesrassemblent de plus en plus de monde à leursconcerts et leurs disques se vendent. Si bien quel’onde de choc du kanéka résonne jusqu’aux îlesvoisines : Vanuatu, Fidji, Salomon, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Tahiti…Dans les années 2000, la plupart des grands nomsdu kanéka s’émancipent des tutelles politiques, sansrenier leur engagement. « Je suis un Kanak, je suisun artiste, mais je ne veux pas chanter seulementpour les politiciens », affirme Dick Buama. Il prendégalement ses distances avec son groupe, Gurejele,et se lance en solo, comme d’autres : Edou exleaderde Mexem ou Gulaam du groupe OK ! Rios.Avec la création fin 2004 de la Société des Auteurs,Compositeurs et Éditeurs de Nouvelle-Calédonie(Sacenc), puis celle du Pôle d’export des musiqueset des arts de Nouvelle-Calédonie (Poemart) fin2007, le secteur des musiques se structure. Il se doted’une plateforme permettant aux artistes de viser audelàdes circuits du Pacifique et au kanéka de faireentendre enfin sa voix originale et envoûtante.en concertLE GROUPE VAMALEYen tournée le 4 mai LYON au Double Six,6 mai TOULOUSE (31), 7 mai BORDEAUX (33), 8 maiPOITIERS (86), 9 mai RENNES (35), 10 mai PARIS (75)2009 MAi/juin n°34


42<strong>Mondomix</strong>.comlégende« Sans savoir ni lire ni écrire la musique,il y a une précision dans chacun de ses mouvements.Comme si les notes passaientd’abord par son âme. »Silvia Coarelli, sa managerALGÉRIELe retourde larockeuse du désertHasnael BechariaTexte Nadia AciPhotographies Elodie GaillardLa France a découvert Hasna el Becharia aufestival « Femmes d’Algérie » il y a dix ans. Elle yavait consumé un Cabaret Sauvage déjà brûlant àcoups de riffs du désert. En 2009, elle fait le bilanavec Smaa Smaa, fruit d’un retour aux sourceset de rencontres transversales qui ravivent unetradition remise au goût du jour.Celle que l’on surnomme la « rockeuse du désert » est loin d’êtreune inconnue en son pays. Née en 1950 à Béchar, une ville ausud de l’Algérie dont elle porte le nom, fille d’un père marocain,Hasna découvre son instrument de prédilection à ses côtés : legumbri, un luth de tradition gnawa réservé aux hommes. Malgréles interdictions, elle apprend à en jouer en cachette et, de soiréesen mariages, devient célèbre dans tout le sud du pays. Lesreprises de Cheb Hasni et autres stars du raï déclenchent les crisdu public, à tel point qu’elle ne s’entend plus jouer et se met alorsà la guitare électrique !LES NOTES DE L’ÂMERestée en France après son succès au Cabaret Sauvage, grâceà l’appui de <strong>Mondomix</strong>, celle qui refusait d’enregistrer un disquepar manque de confiance envers les producteurs sort finalementDjazaïr Johara réalisé en 2001par Camel Zekri pour Label Bleu.Elle poursuit l’aventure cette année avec Smaa smaa, un deuxièmealbum aux couleurs du Sud, témoin d’une autre rencontre, celleavec son actuelle manager Silvia Coarelli. Spécialiste des traditionsorales, co-fondatrice du projet Taranta Power avec le Napolitainen concert1 juin Angoulême (16), Musiques Métisses17 Juin: Toulouse (31), Festival Rio Locoà suivreLa saga d’Hasna el Becharia sur mondomixhttp://hasna_el_becharia.mondomix.comEugenio Bennato, elle invite Hasna en 2004 à participer à unfestival dans le sud de l’Italie: « Elle joue une musique hypnotique,on croirait qu’elle invite ses ancêtres avec elle sur scène. J’ai toutde suite été très touchée par Hasna, par sa façon de travailleret d’appréhender la musique, instinctivement, organiquement.Sans savoir ni la lire ni l’écrire, il y a une précision dans chacun deses mouvements. Comme si les notes passaient d’abord par sonâme. Elle a une noblesse d’écoute et de présence qui la rendentcapable d’absorber toutes les musiques. Elle s’inspire de sestraditions, mais avec une approche contemporaine. » Aujourd’huiproductrice du « Canto di Lilith », une association qui prône la libertéde la femme à travers la musique, Silvia continue de promouvoircette étoile discrète à la rage rythmique sans failles.LE SON DU DÉSERTPour retrouver le souffle lunaire qui anime les mélodies de sonSahara natal, elles décident de partir enregistrer en Algérie, dansle désert, cette atmosphère mystique et sans limites où Hasnapuise sa force tranquille. « On a passé trois semaines à Taghiten avril 2008. Elle a enregistré avec des musiciens de là-bas.C’était incroyable de travailler dans ces conditions, si adaptéeset pourtant sans confort. L’acoustique des maisons en font desstudios d’enregistrement naturels. On a tourné un clip avec unevieille 404 bâchée. Tout ce contexte accentuait le sentimentd’harmonie entre Hasna et la magie du paysage. »De retour en Italie avec trente-deux morceaux, elles retravaillentles arrangements : « Je voulais que ce disque représente non plusla musique gnawa mais une Hasna libre ! » Grâce à la collaborationde Teofilo Chantre, musicien capverdien d’exception qui fait le lienentre les différents intervenants, l’ensemble acquiert une touchemoderne et nomade, tissée entre le sacré et le profane, entrecette soif de révolte et cette paix intérieure qui attisent la transed’Hasna.En juillet prochain, Hasna sera l’invitée du Festival Panafricaind’Alger qui fêtera sa deuxième édition après 40 ans de silence.« Symboliquement, c’est un évènement de taille. Hasna et samusique représentent une « Afrique algérienne ». Avec ce retourofficiel, elle reprend une place d’honneur dans son pays. »n°34 mai/juin 2009


24 heures <strong>Mondomix</strong>.com 43Que mange un maître du sitar au petit-déjeuner ? Comment se déroule la journée d'une directrice de festival de tango?Qu'écoute un chanteur polyphonique à l’heure du thé ? Où un programmateur passe-t-il la soirée ? Autant de questionsauxquelles la rubrique « une journée avec ... » peut répondre, tout en offrant un portrait à vif de personnalités passionnantes.Texte Patrick LabessePhotographie Sunara Begum24hUnejournéeavec TundeJegedeCompositeur, violoncelliste etjoueur de kora, métis londonienné d’un père nigérian et d’unemère anglaise originaired’Irlande, dandy éclairé, TundeJegede célèbre l’utopie d’unemusique universelle sansâge reliant les mondes et lesépoques.Il était invité au festival de Saint-Denis (banlieueparisienne) en 2003, par Talvin Singh, poursa création Songs For The Inner World. Ily revient cette année, artiste en résidenceet maître d’œuvre d’un projet transversal,Fleuve Niger, ligne de vie, impliquant sonAfrican Classical Ensemble, un quatuor àcordes anglais (Brodsky Quartet) et des starsdu Mali (Oumou Sangaré, Toumani Diabaté,Kassé Mady Diabaté).Le 2 avril, Tunde Jegede s’est réveillé dansun hôtel parisien, près de la Gare du Nord.Carnet de bord.Matin« Le matin est un moment toujours trèsimportant pour moi car c’est là que je suisle plus créatif. » Tunde Jegede s’est levé tôt.Entre 6 et 8, c’est la meilleure heure. Le petitdéjeuner ? Ni thé ni café, mais du yaourt, desfruits. « L’habitude du bien manger me vientde ma mère, très branchée bio et produitssains ». Le matin, c’est un moment pour lui.Celui où les questions qu’il pouvait se poser laveille trouvent leurs réponses. « La nuit porteconseil» ? Tunde Jegede adhère au dicton.« Aujourd’hui est une journée particulièrepuisque je suis à Paris ». Il doit y rencontrerdes gens avec qui il travaille, notammentOumou Sangaré, qui était en concert laveille. Il ira l’écouter ce soir, à Pierrefitte, enbanlieue.Midi« C’est le moment où la journée bascule. Lafin de la première période. Après l’espace dumatin réservé pour moi, j’entre dans une phased’interaction avec les autres. » L’Ipod qui lequitte rarement va être en pause prolongée. Ilcontient 40 Go de musique. Cela représentepeut-être un quart de sa discothèque. Hier,dans le train, il écoutait Sorry Kandia Kouyatéet la musique du film de Steven Spielberg, LaListe de Schindler, écrite par John Williams.Un compositeur dont il apprécie le travailpour l’image, comme il apprécie celui deMaurice Jarre qui vient de décéder. Il avaitfailli travailler avec lui pour la B.O. du film IDreamed of Africa (2000), réalisé par HughHudson, avec Kim Basinger. « Tout à l’heure,j’écoutais Jessye Norman, chantant Purcell ».Et s’il ne devait emmener qu’un seul disqueavec lui – terrifiante hypothèse –, ça seraitsans doute Exodus de Bob Marley.Après-midiPas de sieste au programme. Tunde Jegedeva profiter de cette après-midi pour rencontrerCrystal Night, une chanteuse de nu soul / jazzavec qui il collabore. Il sera son invité lors desconcerts que celle-ci doit donner en juin àl’Albany Theater de Londres. Tunde Jegedea également prévu de voir Juldeh Camara,musicien gambien, installé à Londres, joueurde riti, un violon traditionnel à une corde. Ilparticipera à la création. Camara se produisaithier soir avec le guitariste Justin Adams, enpremière partie d’Oumou Sangaré, mais ill’a raté. « Je ne savais pas dans quelle salleil jouait. » La nuit n’a pas tous les pouvoirs.Elle ne lui a pas fourni la clé pour retrouverCamara hier soir.SoirDirection l’église Sainte-Thérèsedes Joncherolles, à Pierrefitte-sur-Seine, où chante Oumou Sangaré.Après le concert, Tunde Jegedeparle avec elle du projet. Leschoses s’affinent petit à petit, lesidées se mettent en place. La bellehistoire s’écrit lentement. De retourà l’hôtel, l’heure est à la réflexion.« J’essaie de réfléchir aux chosesqui attendent des réponses, ce quim’amène, déjà, à la journée dulendemain. » Un peu de musiqueavant de plonger dans le sommeil? Peut-être ou peut-être pas. Ceserait alors éventuellement ArvoPärt ou de la kora, du jazz, Bach...« Je suis fait de tout cela ». Quellesera la journée de demain ? « Pourconnaître ton futur, regarde tonpassé », dit un proverbe qui faitsens pour lui. Bonne nuit, MonsieurTunde Jegede. Que celle-ci voussoit encore porteuse de bonsconseils.Tunde Jegede, avec l’AfricanClassic Ensemble,Espace Paul Eluard, le 28 avril(20h30), à Stains (93).Création Fleuve Niger,ligne de vie,Basilique de Saint-Denis (93),le 30 juin (20h30).Interview surmondomixhttp://tunde_jegede.mondomix.comNIGÉRIA / ANGLETERRE2009 MAi/juin n°34


44<strong>Mondomix</strong>.comFadosPORTUGALLe Fado,en quête de perfectionDe son vivant, Amália Rodrigues a porté lefado à un niveau de qualité extrême, laissantà ses héritiers un défi quasi intenable. Dixans après, une poignée d'artistes portugaiscommencent à se détacher de cette ombreimmense. Rencontre avec trois d’entre eux.Soigner l’âme et le cœurKatia GuerreiroTexte Benjamin MiNiMuMPhotographie D.R.Depuis dix ans, Katia Guerreiro mène une doublevie : celle de médecin et celle de chanteuse defado. Elle ne conçoit pas une activité sans l’autre,ni de s’y investir en amateur.Adepte d’un fado classique et sans compromis, où l’on joue sonva-tout à chaque chant, Katia Guerreiro a démarré sa doublecarrière de fadiste et de médecin il y a près de dix ans, unpeu après la mort d’Amália Rodrigues. Elle est l’une des plusferventes et remarquables héritières de la diva.Mais elle n'est pas seulement fidèle à celle qui lui a donnésa vocation, elle l'est aussi à ceux avec lesquels elle l’aexercée. Depuis les premières scènes, les mêmes musiciensl'accompagnent. Avec João Veiga à la guitare, Paulo Valentimà la guitare portugaise et Rodrigo Serrão à la contrebasse, ellea franchi les étapes qui séparaient la fervente amatrice de lasoigneuse d’âmes aguerrie. A leurs côtés, elle a tant vécu etÀ écouterKATIA GUERREIRO, Fado (Milan Music)EN CONCERTle 21 juin Cathédralede Reims (51)à suivre Interview complète et portrait-vidéo surmondomix.compartagé. Leur union s’est scellée avec les larmes de bonheur queleur musique pure et sincère a fait naître à travers le monde.Aujourd’hui, son souci est de transmettre surdisque la même spontanéité, la même intensité qu’àses débuts. Alors, lorsqu’elle entre en studio, ellerecrée un rituel. Elle se vêt de ses robes de scène et, avecses musiciens, tourne le dos aux hommes et aux machines quicontrôlent l’enregistrement. Face au mur, les yeux clos, elleimagine son public, elle sent son souffle bienveillant qui la pousseà se dépasser, à offrir ce qu’elle a de plus fort, de plus vrai.Sa vie de médecin aussi a changé. Après avoir longtemps vécuau rythme des urgences d’un hôpital public, elle est aujourd’huichirurgien dans le privé, ce qui lui permet d’organiser plussereinement sa vie d’artiste. Ainsi, elle peut se lancer dans desaventures au long cours comme avec l’Ensemble de BasseNormandie, orchestre de 18 musiciens (12 cordes, quintette àvent et piano) qui, après s’être frotté aux tambours sénégalais deDoudou N’Diaye Rose ou au tango de Juan José Mosalini veutcréer un spectacle autour du répertoire de Katia Guerreiro. Lesrépétitions démarrent en mai-juin de cette année et une tournéeest prévue pour 2010. Pendant cette période, le médecin nedonnera aucune consultation.De son temps.Cristina BrancoTexte Anne-Laure LemancelPhotographie Augusto BrazioDans son dernier album sur le temps (Kronos),Cristina Branco se conjugue au présent :une jeune femme moderne, au fado optimiste etlibéré, qui secoue le joug de la fatalité.Le soleil tutélaire des géants, Cristina Branco n’y a pas nonplus échappé. Au jour de ses dix-huit printemps, un cadeau deson grand-père détourne l’histoire d’une jeune fille biberonnéeà l’âme d’Ella, Janis et Billie: Rara e inédita d’Amália lui ouvrela route irréversible du fado, patrimoine et horizon, force dudestin. Cristina chantera. Produira des albums de belle facture –Murmurios (1999), Corpo Illuminado (2001), Ulisses (2005)… –,modelés du grain précieux de sa voix incarnée, voluptueuse.Pour secouer l’héritage, l’apprivoiser, s’en libérer, Cristina choisitl’approche frontale : embrasser les arts d’Amália (Live, 2006), etde José « Zeca » Afonso (Abril, 2007) … Des fondements solides,reconsidérés, d’où s’élèvent les volutes d’une architecturefine, infiniment personnelle. A 36 ans, cette pétillante brunette,heureuse, vague donc sur ses propres sentiers. En toile de fond,l’épineux sujet de son dernier album : le temps – perdu, retrouvé,manqué.Bien loin d’un traitement dramatique, lacrymal ou monochrome,Cristina colore sa métaphysique d’infinies nuances. Pour luidonner forme, elle invite dix auteurs-compositeurs, de 30 à 85ans. Leurs notes et mots d’orfèvre cisèlent un paysage en creuxet bosses, dont les chemins de traverses se nomment bonheur,n°34 mai/JUIN 2009


<strong>Mondomix</strong>.com 45amour, insouciance, jeunesse, tristesse, maturité… Au sein deces vocables ronds et d’arrangements idéaux, sa voixse love, résolument au centre, auréolée, illuminant.Comme le dieu qui prête son nom à l’album (Kronos), Cristinamange le temps. Un désir de vie et d’absolu, une assimilation dupassé, l’hypothèse d’un futur pour construire « sa » présence.« Je porte un Fado qui est né/Sur la paume de ma main/(…)/Oùavant d’être Fado il est passion », chante-t-elle en ouverture. L’artde tout un peuple, traverse son corps, en parcourt la peau. Unespontanéité, une osmose avec son art, qui ne saurait l’enfermerdans les carcans orthodoxes, les règles étroites de la tradition,tristes augures d’une mort lente. L’artiste prend des libertés etson envol, travaille avec des musiciens d’univers disparates,sans pour autant renier l’esprit d’une musique qui n’est « rienmoins que la vie, sa vie». Du destin, elle récuse désormaisl’inévitable, démontre le jeu possible sur le temps, se détachede l’aura tragique véhiculée par Amália, pour ouvrir grand lesfenêtres de l’existence. Comme tous les beaux fados, l’art deCristina parle au ventre, suscite son tribut de larmes, bouleverse…mais derrière sa poésie, se lève un sourire espiègle, l’espoird’un nouveau matin, et celui d’un éternel présent.À écouterCRISTINA BRANCO, Kronos (Emarcy / Universal)à suivre Interview et portrait-vidéosur mondomix.comTout en OAntonio ZambujoTexte et Photographie Benjamin MiNiMuMCe jeune chanteur venu du sud-ouest du Portugalest en train de révolutionner le fadotout en douceur.Depuis la mort de la divine diva, des vagues de chanteuses auxprénoms en « A » nous ont fait découvrir Misia, Cristina (Branco),Katia (Guerreiro), Mariza, Mafalda (Arnauth), Ana (Moura) ouAmelia (Muge). L’heure est venue de nous familiariser avecun chanteur tout en « O » : Antonio Zambujo. Ce n’est pas lepremier garçon à sortir de son pays en chantant le blues duTage. Avant lui, Camané s’était largement fait applaudir dans lereste de l’Europe, mais son style brillant, quoique légèrementempesé, peinait un peu à conquérir d’autres publics que sescompatriotes.Ce qui frappe en écoutant Zambujo, c’est que sanschercher à s’imposer ni même à convaincre, il séduitimmédiatement. Pour le situer, il est plus aisé de se référer àl’histoire de la chanson brésilienne qu’à celle du fado. Sa retenuesensuelle et sa formidable décontraction rythmique ont pousséCaetano Veloso à le comparer au créateur de la bossa nova,l’immense João Gilberto.Mais avant d’arriver à cette finesse expressive, l’enfantde Beja est passé par un chemin initiatique. Sa quêtecommence par le « Canto Alentejano » ce chant polyphoniqued’accompagnement du travail, typique de sa région du sudouestportugais. En parallèle, il apprend la clarinette et s’initiedonc au jazz. Il n’échappe pas non plus à l’ombre d’Amália,en croisant d’abord l’un de ses anciens compagnons deroute, seigneur de la guitare portugaise : Mário Pacheco, quiremarque Antonio et le programme dans son illustre Clube doFado au cœur du quartier de l’Alfama à Lisbonne. Ensuite, lechanteur est embarqué dans l’aventure Amália, une comédiemusicale retraçant la vie de la chanteuse. Durant six années,il écume le moindre village du Portugal, quelques capitaleseuropéennes, parachevant ainsi sa formation de fadiste.L’étape suivante est la plus décisive, celle de la prised’indépendance vis-à-vis de l’héritage. Il se met à écouter samusique intérieure et réunit toutes ses inspirations. Dès sonsecond album, il peaufine un registre subtil et en demie teinteoù l’évocation prend le pas sur la description des sentiments.Avec son contrebassiste et arrangeur Ricardo Cruz, il dessineun son raffiné qui se précise encore plus avec le disque suivantOutro sentido (2007), accueilli avec chaleur en France tant parla critique que par le public. Sur scène comme sur disque, qu’ilchante des compositions originales ou des classiques, AntonioZambujo pèse chaque vers et le colore de façon unique, au filtred'une voix qui sait réveiller l'esprit des anges endormis à la lisièredu silence et du bruit.À écouterANTONIO ZAMBUJO, Outro Sentido (Ocarina / H.M)EN CONCERTle 10 juillet aux Tombées de la Nuit de Rennes (35)à suivreUn compte-rendu de concert sur mondomix.com2009 MAi/juin n°34


46<strong>Mondomix</strong>.comportfolioLA RÉUNIONZONGPropos receuillis par Benjamin MiNiMuMPour la réédition en versionremasterisée de l’albumFractures, le combo dechanson-dub réunionnais Zonga mis les petits plats dans lesgrands, avec l’ajout d’un cdd’inédits et celui d’un copieuxlivret de photos retravailléespar leurs soins. Nous avonsdemandé à Drean (voix),Yann (machines) et Fever(percussions) de commenterquelques-unes des ces images.n Qu’est-ce qui vous a motivésà éditer cet objet ?Drean : On a toujours été très attirés parl’image. J’adore la photo et Fever (le batteur)est graphiste. C’était l’occasion de montrerune autre facette de Zong, de révéler cequ’est le quotidien d’un groupe en tournéeavec l’aspect backstage et les paysages quinous touchent, ce que l’on va retenir d’unpays, les gens que l’on rencontre…n Quel matériel utilisez-vous ?D: Je suis partie avec deux boîtiers, unnumérique et un argentique, Nikon les deux.Ensuite, les argentiques ont été numériséespour que Fever puisse travaillerFever : J’avais toutes les photographiesde Sandrine de côté. Il fallait faire un tri enfonction de ce que l’on avait vécu, desendroits qu’on avait traversés. Le traitementdes images, on voulait en faire quelquechose à nous, pas seulement coller desphotos dedans et que ça soit un simplerecueil. Ca n’était pas le but.n Parlez-nous de l’imagede couverture ...F : L’image de couverture, c’est une imageprise à Djibouti durant les nombreux trajetsentre l’hôtel et la salle où on l’on jouait, leCentre Culturel Français. L’image d’origineest une photo en noir et blanc. Le grain étaitmagnifique. Je crois que Drean l’a prise enmarchant.n Ce paysage ?Yann : Ce paysage représente beaucoupde choses pour nous. C’est la ravine danslaquelle nous avons enregistré Fractures.Une ravine, à Saint-Leu, c’est un espaceentre deux montagnes au milieu desquellescoule une rivière. Un plateau a été aménagéet c’est un lieu de concert magnifique.Pendant la saison morte, on a rassemblétout notre matériel et on a installé notrestudio dans deux loges de la ravine Saint-Leu. On a vécu là pendant un mois et demipour enregistrer Fractures. Voir ce genred’images et cette tasse de café, posée là,j’adore. J’aime cette page. Ca représentevraiment ce qu’on a pu vivre pendant unmois et demi.n Cette jeune femmedans la rue ?D : C’est encore Djibouti, l’hôtel où nousétions. C’est entre l’hôtel et le camion, surle trottoir à un moment donné. Il me sembleque c’est une des fois où on voyait quej’étais en train de prendre une photo. Elles’est retournée au bon moment.À écouterZONG, Fractures (Bi-pole)EN CONCERT21 mai Lamoura (39), 29 mai Aubagne (13)à suivrehttp://zong.mondomix.comwww.zong.mu


<strong>Mondomix</strong>.com 47n Ces taxis ?D : C’est devant l’hôtel.Y : Les taxis, c’est autre chose, mais ça,c’est le choix de l’hôtel. Pour moi, on diraitque c’est issu d’une pellicule de cinéma. Ondirait un décor de cinéma.D : On est sur le toit et c’est le matin denotre départ. La veille au soir, en rentrantd’une soirée assez tôt le matin, les garçonssont montés sur le toit de l’hôtel et ont vuqu’il y avait un accès – un petit escalier –donc Yann m’a dit : « Il faut que tu ailleslà-haut, hier soir c’était magnifique, onvoyait le lever du jour, les petites lumières ».Juste avant de partir, j’ai fait mes sacs et jesuis partie faire quelques vues, notammentcelle-là.F : C’est une photo en noir et blanc qui ajuste été mise en couleur. Pour expliquerun peu le processus d’un livre comme ça,ça me semblait important de trouver desarticulations en fonction des lieux, des gens,des paysages, des objets. La photo était ennoir et blanc mais j’ai colorisé le petittaxi pour le mettre en cohérence avecla page d’après.n Ces vélos ?D : Ca, c’est à Bujumbura (Burundi).On est passés à côté d’un endroit oùils venaient ramasser des bananespar kilos. Il y avait toute une série dephotos. Il y avait des personnes à véloqui avaient des montagnes de bananede chaque côté.Y : Celui-là a peut-être 120 kilos debananes. Ils sont plusieurs à releverle vélo.D : C’était étrange, parce qu’onpassait sur une route et c’était laperpendiculaire. C’est le genre de chosesqu’on aurait pu rater. On s’est retournésau bon moment, on ademandé au chauffeur deralentir, et dans l’allée, il yavait un amas de banane.C’était monstrueux,comme un immeubleentier de bananes etles gens qui viennenten chercher au fur età mesure. Ils font unebière à base de bananeà Bujumbura. C’est prisd’une voiture pendantun transit aéroport-hôtel,comme beaucoup dephotos.n Ce club ?D : Ca fait deux fois qu’on joue à l’AstraStube à Hambourg. C’est assez étrangeparce que je trouve que Fever a bienreproduit l’ambiance. C’est sous un pontet on dirait que deux routes débouchentsur le club : c’est assez bizarre. Il y a uncroisement qui se fait et il y a un bruitinfernal. On a enregistré en sortant lesmicros.Y : Le métro passe juste au-dessus, c’estinsupportable.


48<strong>Mondomix</strong>.comPLAYLISTDis-moi...ce que tu écoutesBOOKER TPropos recueillis et photographie par Benjamin MiNiMuMAncien clavier et leader des MG’s, Booker T. Jonesa accompagné sur scène comme sur disque laplupart des stars du mythique label de black musicde Memphis, Stax Records. Musicien de Sam &Dave, Wilson Pickett, Rufus Thomas, Eddie Floydou Otis Redding, il a aussi signé le classique GreenOnions. Après deux décennies discrètes, Booker Test réapparu aux côtés de Neil Young en 1994. Il ad’ailleurs fait appel à ses talents de guitariste pourson tout nouvel album Potato Hole.n Le dernier disque écouté ?C'était du Beethoven, Mais j’écoute de tout, de Jill Scott àMiles Davis, en passant par les Foo Fighters. J’aime toutessortes de musiques.n Le premier disque que vous avez acheté ?Louis Hamilton chantant I’m tired. Mais j’écoutais aussi PatsyCline, Hank Williams ou Chet Atkins.n Vos cinq morceaux préférés dans le catalogue Stax ?I’ve been away too long de George BakerBorn under a bad sign d’Albert KingYour good thing de Mable John,I’ve been lonely too young des Young RascalsEt You don’t miss your water de William Bell, qui est le premiermorceau que j’ai joué pour Stax. Ce ne sont pas les plusconnus, mais ceux qui me touchent le plus.n La chanson d’Otis Redding qui vous émeut le plus ?Try a little tenderness, mais j’adore aussi These arms of mine.n Votre reprise préférée de Green Onions et la plusétonnante?Celle d’ Henry Mancini avec son big-band. Il l’a arrangé pourun grand orchestre hollywoodien avec cuivres et a fait jaillir lesflammes de l’enfer de ce morceau.La plus étrange, c’est sans doute une version que j’ai entenduejouée sur un orgue d’église à la Nouvelle-Orléans.n Vos cinq morceaux de Neil Young favoris ?Only love can break your heartSouthern manHelplessDifferently sur l’album Are you passionate ? que j’ai produitavec lui. Et aussi bien sûr Down by the river.n Un son ou un morceau qui évoque l'Afrique ?Le dernier truc qui a amené l’Afrique chez moi était The soundof Blackness – Africa to America. C’est génial, c’est produitpar Jimmy Jam, Terry Lewis et Gary Hines (producteursde Mineapolis, anciens acolytes de Prince). Cet album estexcellent, il mélange la musique africaine, le gospel…. Il parlede choses qui viennent du cœur, de l’esclavage et expliquecomment des gens ont été mis dans des bateaux depuisl’Afrique en direction des Etats-Unis.n Un son ou un morceau qui évoque l'Europe ?J’adore la musique britannique, les anciens trucs des Stones,Stevie Winwood ou Eric Clapton. Lorsque j’étais en France,j’étais un grand fan de Joe Dassin, c’était un bon chanteur etune personne exceptionnelle. Je travaillais pour son père, lecinéaste Jules Dassin et Joe m’avait invité chez lui pour dîner.Il m’a fait visiter Paris, m’a trouvé un bureau Quai Carnot(Saint-Cloud). C’est là que j’ai écrit Time over there. Je vivaisau Manhattan Palace Hôtel sur les Champs Elysées. Je mangeaisdes Chateaubriand frites, j’ai passé de bons momentsici en 1968-1969. C’est une belle ville.n Un son ou un morceau qui vous évoque l'Asie, le Moyen-Orient?J’aime beaucoup la philosophie asiatique, j’aime le « i ching »,qui est une ancienne forme de philosophie chinoise très belle.Mais je n’ai pas de musique de là-bas. J’aime certaines piècesde musique indienne. Au Moyen-Orient, j’aime beaucoup lavoix d’Oum Kalsoum. Sa musique s’adresse directement àl’âme de l’auditeur, elle rend insignifiantes les barrières qui peuventexister entre individus.n Un son ou un morceau qui résume l'Amérique ?De là ou je viens, le Sud où j’ai grandi, le morceau qui metouche le plus c’est That’s the way of the world de Earth Wind& Fire, un groupe monté par Maurice White, mon vieux potede lycée. C’est une chanson qui incarne le sentiment d’être« humain » et de ressentir au plus profond de son âme cequ’est la vie, ce qu’est un combat.BOOKER T Potato Hole (Anticraft)n°34 mai/juin 2009


La Fnac Forumet <strong>Mondomix</strong>aiment...Buraka Som SistemaBlack Diamond(Pias)Kamel el HarrachiGhana Fenou(Turn Again Music)Las Ondas MartelesOn Da Rocks(warner)Larry McDonaldDrumquestra(MCPR Music)Staff Benda BililiTrès Très Fort(Crammed/ wagram)LuraEclipse(Lusafrica sony)Madagascar All StarsMalagasy All stars(5 planètes)NassimaDes racines et des chants(rue stendhal)MONDOMIXCoMmusiques et cultures dans le monde


50<strong>Mondomix</strong>.comchroniquesAfriqueMadagascar All Stars"Madagascar All Stars"(Cinq Planètes/L’Autre Distribution)Ne vous fiez surtout pas à sapochette, ce disque est bien lemoment de finesse et d’excellencetant attendu. Et comment aurait-ilpu en être autrement avec auxcommandes quelques-uns desplus grands musiciens de l’Ilerouge. De gauche à droite : leguitariste Erick Manana, le joueurde kabôsy et percussionnisteFenoamby, le maître de la valihaJustin Vali, le subtil accordéonisteRégis Gizavo et Dama, l’ancienmembre du célèbre groupeMahaleo.Initié par Régis Gizavo suiteà un concert qui les a réunisen février 2003, ce projet estune remarquable vitrine pourles musiques de Madagascar.Ensemble, ils égrènent les balladeset les blues avec virtuosité,s’échangent délicatement le microet les émotions. L’éditeur a eu labonne idée d’agrémenter l’albumd’un beau livret, avec les textesdes chansons traduits en français,permettant de voguer doucemententre la parfaite carte postale et laréalité de la vie malgache, racontéepar ces grands artistes. Si vous neconnaissez pas ces musiques,jetez-vous sur ce disque, et sivous les aimez déjà… Vous avezcompris. Arnaud CabanneLuraTéléchargersur mp3.mondomix.com25223"Eclipse"(Sony Music)La petite Lura du quartier créolede Lisbonne se destinait à lanatation… mais elle a finalementopté pour l’océan chatoyant de lamusique. Devenue une sirène derenommée, elle ondule aujourd’huivers un retour à ses originescapverdiennes entre morna,batuque, coladera et funana. TelUlysse, on succombe aux chantsde Lura sous un vent revendicateuret insulaire jalonné de jazz(Quebrod Nem Djosa - « fauchécomme les blés ») ou d’accordéonmalgache (Marinhero). Enregistréentre Bruxelles, Lisbonne, Paris,Praia et Naples, Eclipse, sonquatrième opus est composé parB. Leza, déjà repéré chez CesariaEvora. En bonus, Canta Um Tango,un titre signé Teofilo Chantre… Dequoi vouloir troquer sa queuede poisson pour des talons etdanser jusqu’au lever du soleil.Gayle WelburnTéléchargersur mp3.mondomix.com24866Nassima"Des racines et des chants"(Rue Stendhal)Fière ambassadrice du çan’a(musique arabo-andalouse propreà la région de Blida), Nassimas’accorde un détour et ouvre lesailes de son chant au genre chaâbi.Au fil des mélodies de cetteœuvre composite, on distingue unbendir, des « youyous », la douceintonation du chanteur Idir sur unair de Slimane Azem qui chantel’exil et la Kabylie. Puis un gumbripousse une rythmique mystique,accompagné par la puissancesacrée de la voix, lovée plus loindans une prière en français à cesFemmes de toutes les couleursdont elle se fait la porte-parole.Tout en restant fidèle à latradition, Nassima explore lesfolklores de sa terre, « la douceurdes soirs parfumés » de sonenfance, avec un message depaix et une richesse de stylesqui réchauffent l’âme au plusprofond. Nadia AciMONDOMIXVOUS OFFRELA POSSIBILITÉD’ACHETER EN MP3LES MUSIQUESCHRONIQUÉES DANSLE MAGAZINE.Téléchargersur mp3.mondomix.comXXXXXPour cela, il vous suffitd’aller sur http://mp3.mondomix.com/ etde saisir le numéro quitermine certains articlesdu magazine dans lemoteur de recherche, enayant sélectionné l’option« Code magazine ».Kamel El Harrachi"Ghana Fenou"(Turn Again Music/Mosaic)Musicalement parlant,ce premier de Kamel ElHarrachi est digne d’intérêt.Psychanalytiquement aussi. Car,qui doit porter le fardeau d’unedescendance aussi lourde quecelle du créateur de Ya Rayahet de nombre de succès duchaâbi (genre musical dont le nom veut dire « populaire » enarabe) est forcément un peu prisonnier de son hérédité. Soitil se défausse, passe son tour et fait la carpe, soit il plongeà corps perdu dans une carrière prédestinée et cherche àimposer un personnage à même d’habiter ce costume de« fils de », de le transcender. Longtemps, Kamel, l’aîné deDahmane El Harrachi a louvoyé entre les bornes de cettealternative. En reprenant à son compte le nom d’artiste deson père bien après la mort de celui-ci en 1980, plutôt quecelui d’Amrani sous lequel ils sont tous deux déclarés sur lesregistres de l’état civil algérien, il s’est laissé porter par cetteressemblance physique qui, d’un premier coup d’œil, soulignela filiation. Kamel est bien le fils de Dahmane, même si savoix, beaucoup moins rocailleuse que celle de son père, neprocure pas exactement les mêmes émois.Musicien depuis sa tendre enfance, ce n’est que l’an passéqu’il a osé se confronter à l’œuvre du commandeur en luirendant hommage via ce CD aujourd’hui commercialisé.Simplement baptisé Ghana Fenou du nom de la chansonoù il parle de patte personnelle de son père, du talent de cedernier à relater au fil de son art la vie et les passions desgens de peu, à les émouvoir sur un air de fête comme sur untempo plus apaisé, cet album principalement composé dereprises (à l’exception donc de deux titres) est un marqueur.A la veille du trentième anniversaire de la disparitiond’Abderrahmane Amrani, il est indéniablement une étapedans la vie du fils, mais aussi dans celle du chaâbi que cedernier espère bien régénérer. Là est toute la difficulté etseul l’avenir pourra nous dire si une fois ses valises posées,Kamel a su poursuivre sa route d’un pas qui laisse sespropres empreintes dans nos mémoires. Mireille Squaaly DumasTony Allen"Secret Agent"(World Circuit Records)Le retour du maître de l’afrobeatse fait tout en contrôle. Alors quele style musical qu’il a inventéaux côtés du roi Fela ne s’estjamais aussi bien porté, Tony Allenvient donner une leçon à tous lesgroupes qui cherchent leur voie surson territoire. Après ses multiplesfusions et son retour au pays avecle disque Lagos No Shaking, SecretAgent semble se poser en albumcharnière dans son évolution. Samusique y est plus que jamaisaboutie, son groove toujours aussidévastateur. Les influences quiont nourri Tony Allen durant sa viesont toutes là, jamais plaquées,assimilées avec une finesse rare.Cet album brille par sa précisionet sa modernité, gardant chevilléau texte son engagement politiqueet social. Excellent, commed’habitude. A.C.Téléchargersur mp3.mondomix.com25 333B.M.n°34 mai/juin 2009


51Boolumbal"Fuuta Blues"(PlayaSound/Harmonia Mundi)Fuuta Blues, c’est l'histoire d'unerencontre. Celle de Malick Dia,chanteur du groupe mauritanienBoolumbal, et du bassiste NicolasLebault, musicien français tombéen admiration devant les chansonsdu premier. Une quinzaine de titresest enregistrée : ils prennent del'ampleur à mesure que d'éméritesmusiciens accourent au studioajouter du balafon, du pianoélectrique, du guembri, de la kora...Composées par Dia sur des textesdu poète mauritanien AbdoulAziz Ba, les chansons prennentleur source dans la musiquetraditionnelle sub-saharienne maisjaillissent avec une force nouvelleà la faveur d'un large éventail decouleurs et de sons. Gorgé dejolies vibrations, Fuuta Blues estun disque enjoué, généreux dansson intention comme dans sonaboutissement. Bertrand BouardamériquesJoyce/ Naná Vasconcelos / Mauricio Maestro"Visions of Dawn"(Far Out Recordings)Visions of Dawn est une sessionoubliée, perdue dans le gigantesqueplacard des bandesenregistrées et négligées. Elley est restée pendant une trentained'années et sa récentedécouverte n’en est que plusjubilatoire.Réunis à Paris en 1976, la chanteuseJoyce, le maître de percussions Naná Vasconceloset le multi-instrumentiste Mauricio Maestro, ont donnénaissance à un trio surprenant et par la même occasion àun magnifique moment de légèreté brésilienne.Ces musiciens avaient déjà eu l’occasion de croiser leurstalents avant leur rencontre parisienne. Naná Vasconcelosétait apparu aux côtés du groupe de Joyce, A Tribo, et tousles trois faisaient partie du « Clube Da Esquina » (« Bardu coin ») de Milton Nascimento. Ensemble, ils ont aussienregistré le légendaire album du même nom sur lequelJoyce et Mauricio Maestro signaient la chanson Mistérios.Pourtant cette formation resserrée est totalement inédite.L’album Visions of Dawn ne tire pas sa valeur des annéespassées enfermé à la cave : sa sortie aurait été tout aussiréjouissante à l’époque de son enregistrement. Les trois artistesbrésiliens y distillent une musique simple, fraîche, untropicalisme aux accents folks et aux envolées éthérées,qui fait jaillir toutes les couleurs des plus belles années dela MPB. On y trouve des petites perles de chansons, lespremières versions de tubes comme Banana, Clareana ouNacional Kid que Joyce réenregistrera plus tard, et de véritablespièces flirtant aux frontières d’un psychédélisme naturellementdébranché avec la suite Memorias Do Porvir/Visões Do Amanhecer/ Carnavalzinho.Les percussions et les chœurs de Naná Vasconceloshabillent la finesse des mélodies d’une énergie spontanée.La voix de Joyce, finalement peu connue en France, estd’une sobriété que l’on aimerait retrouver plus souventchez les chanteuses brésiliennes. Mauricio Maestroexcelle entre chant, guitare et basse. Un moment debonheur absolu à écouter en boucle. Ca ne sera pas tropdifficile, l’enregistrement ne dure que 35 minutes…Arnaud Cabanne2009 MAi/juin n°34


53CandombeCachila y los tambores deCuareim 1080 ( n°2)(Buda Records/Universal)Cuareim est une partie du« Barrio Sur » (« quartier sud »)de Montevideo qui a tellementmarqué l’histoire du candombéqu’il a donné son nom à unevariante du genre : le styleCuareim. La comparsa de« Cachila » Silva, revendiquecette appartenance : son père,Juan Angel Silva, a permisau candombé de sortir deMontevideo. Le candombé, – à nepas confondre avec le candomblébrésilien ! – musique de résistancepuis de carnaval, a été pendantlongtemps l’expression musicaledes Afro-Uruguyens.Aujourd’hui, « Cachila » aprolongé en famille cette traditiondes tambours de style Cuareimavec des compositions originales,des llamadas (appels), descandombés vocaux ou arrangéspour voix et tambours. Avechumour, elle mêle héritage etcréation. G.W.Casuarina"Certidão"(Biscoito Fino)On peut détecter dans le timbrede João Cavalcanti, voix leaderde Casuarina, quelque familiaritéavec le timbre de Lenine. Normal,c’est son père. La similitudes’arrête là. Casuarina naviguesur des océans musicaux auxantipodes du son fiévreux etélectrique du célèbre papa. Fossédes générations oblige, la nouvelleprêche le retour aux racines.A Rio, la samba retrouve sonempire. Casuarina est de ceuxqui lui redonnent sa noblesse, laconjuguant avec justesse.A l’appui : une instrumentationacoustique originelle, la gouaillenonchalante du chant et unefocalisation du « je » amoureuxdéçu comme thème essentiel.Avec le savoir-faire des anciens,Casuarina décline dans cedeuxième CD un répertoirede son propre crû, où figurentdifférentes variantes rythmiquesde la samba. Irréprochable etirrésistible. D.D.Téléchargersur mp3.mondomix.com25233Téléchargersur mp3.mondomix.com24905OMAR SOSA"ACROSS THE DIVIDE "(Half Note Records/ Naïve)Il nous revient tous les ans commeune hirondelle. Après plusieursprojets consacrés aux liens entremusiques cubaines et africaines,Omar Sosa poursuit sesexplorations transatlantiques ensens inverse, direction la CôteEst des Etats-Unis. Enregistréau Blue Note de New-York avecses complices Childo Tomas,Marque Gilmore et Leandro Saint-Hill, ce concert témoigne ainside la rencontre entre le pianistecubain et un jeune chanteur etmulti-instrumentiste (banjo, violon)spécialisé dans les musiquesroots américaines, Tim Eriksen.Contre toute attente, leursinterprétations d’un vieux chantbaptiste ( Promised Land ) oud’un classique hillbilly (Sugar BabyBlues ) s’inscrivent à merveilledans l’univers spirituel et éthéréqui traverse l’œuvre de Sosa.Yannis RuelRoberto Fonseca"Akokan"(Enja Records/Harmonia Mundi)C’est en 2007 avec Zamazu,son quatrième album, le premierà l’international, que le cubainRoberto Fonseca alors âgé de32 ans, s’est imposé commeun grand du piano au-delà desfrontières de son pays et non plusseulement comme le talentueuxaccompagnateur d’Ibrahim Ferrerou d’Omara Portuando.Akokan (« cœur ouvert » enyoruba) prolonge la destinée dupianiste en convoquant dans lesmythiques studios Egrem de LaHavane les musiciens avec qui iljoue depuis des années. Jazz auxsonorités latines ou imprégné derythmiques funk, cette douzainede plages, instrumentales pourla plupart, ne manquent pas desouffle lyrique au point que lesvoix de Mayra Andrade, invitée surSiete Potancias, ou celle de RaulMidon sur Everyone deservesa 2nd Chance sont presquesuperfétatoires. SQ’2009 MAi/juin n°34


54<strong>Mondomix</strong>.comBarbara Luna"Ruta Tres"(Alvaro Lemos)A l’image de la route à laquelle ilemprunte son nom et des sentiersqu’elle coupe, le nouvel albumde Barbara Luna (son 4ème)traverse les nombreux paysagesmusicaux argentins (candombé,tango, murga) ou non (salsa,boléro, jazz…). En effet, c’est surcette Ruta 3 qui démarre dansla capitale Buenos Aires pour seperdre 3000km plus au sud, quela lumineuse et souriante BarbaraLuna a choisi d’avancer, le cœuren oriflamme. Inspiré autant par lesfièvres urbaines que par le calmedes espaces aux horizons infinis,par les tensions du barrio que lesfrissons du vent sur la plaine, cetalbum enregistré avec quelquesinvités (Raul Paz…) est uneinvitation à découvrir l’Argentineavec comme guide ce « roadmusic» sensible et passionnant.SQ’Carnaval brésilien1930-1956(Frémeaux & Associés)Ce double album du labelFrémeaux & Associés se penchesur les sambas, marchinhas,frevos et autres musiques qui ontrythmé les carnavals brésiliens de1930 à 1956. Autant le dire toutde suite, les enregistrements étantd’époque, le son n’est pas toujoursparfait (surtout sur le premierdisque). Cela n’enlève pourtantrien à la force des compositionsqui se trouvent réunies sur cetteanthologie. Dans cette assembléede légendes brésiliennes, lessambas d’Orlando Silva côtoientcelles composées par Jamelãopour la fameuse école Mangueiraou les chansons de CarlosGalhardo. Les interprètes fémininesne sont pas oubliées avecMarlene, Carmélia Alves, EmilinhaBorba… Une très belle plongéedans le passé d’une musiqueindémodable. A.C.Bitty McLean« Movin’On »(TAXI/Jamaica Distribution)A priori, le casting a de quoiséduire : une des voix les plusprometteuse de la jeunesseanglaise associée aux « jumeauxrythmiques » les plus parés deJamaïque, Sly et Robbie (collèguesde jeu de Grace Jones, Tosh,Shakira, Black Uhuru, …).Tous trois ont prouvé que leurassociation en live dépotesacrément, en traversant les styles(lover, rocker, ska ou même ragga).Et pourtant, le résultat sur galettesonne froid et sent terriblement leXXIe siècle. Seule la reprise d’OtisRedding (Try a Little Tenderness)et quelques bons mix dubsnous ramènent à la chaleur desseventies…Elodie MaillotCaetano Veloso"Zii & Zie"(Emarcy / Universal Jazz )Caetano Veloso nous revient avectreize chansons environnées parune pop minimaliste, presquedésossée et paradoxalementchatoyante. La voix del'icône musicale brésilienne atoujours cette fraîcheur juvénileconfondante. A 66 ans, il peutpartir dans des registres aigusenchanteurs et chante avecdouceur et limpidité. Guitaristeau toucher des plus fins, il estcomme un poisson dans l'eau ausein de son groupe constitué dePedro Sá, Ricardo Dias Gomes(respectivement guitariste etbassiste) et du batteur MarceloCallado, amis de son fils Moreno,lequel a travaillé à la production.Fait marquant, Caetano a décidéd'associer son public et lesinternautes au choix des versionsretenues pour l'album. Leschansons, structurées concertaprès concert ont été mises enligne sur le blog obraemprogresso.com.br ainsi que sur You Tube.Toutes les ébauches ont étédivulguées, Caetano les acommentées, et un vote a étéorganisé. Comme souvent dansses albums, Veloso nous faitpartager ses coups de cœuresthétiques. Dans cet album,il rend hommage à la sambisteClementina de Jesus à traversdeux reprises de chansons d'unLP de 1976: Incompatibilidade deGênios et la très belle Ingenuidade,composée par Serafim Adriano DaSilva. Ses propres compositionsparlent de rencontres (Menina daRia, bien partie pour faire un hit,relate, épisode furtif et sensuel, lessentiments conjugués pour unefemme noire venue lui demanderd'être pris en photo ensemble,lors d'une visite à Aveiro auPortugal). Elles évoquent aussides lieux qui lui sont chers (Lapa,un des quartiers du centre de Riole plus animé le week-end, avecson dédale de bars et de petitessalles de concerts: « Lapa, minhainspiração », « Lapa, choro erock'n'roll »). Et puis, elles se fontpolitiques et pamphlétaires: Basede Guantánamo (« Le fait que lesaméricains violent les Droits del'Homme sur le sol cubain est bientrop fort symboliquement pourque je ne me manifeste pas ») etDiferentemente qui clôt brillammentl'opus: (« Et contrairement àOsama et Condoleezza, je ne croispas en Dieu »).Zii & Zie (« Oncles et tantes »,en italien) laisse présager que lechanteur bahianais, parolier etmélodiste de génie, ne baisserapas les armes de si tôt. P.C.K’Naan"Troubadour"(OctoScope Music)Avec ce nouvel album, le rappeurd’origine somalienne K’Naanse lance dans une traversée del’Atlantique, mais nous laisse unpeu perdus au milieu de l’océan.On balancerait bien quelquescaisses à la flotte avec, entreautres, les tubes formatés d’AdamLevine (chanteur de Maroon 5)et de Kirk Hammett (guitaristede Metallica). Heureusement, lestitres ne ressemblent pas tous àde grosses machines prêtes àécumer les radios. Damian Marley,Mos Def, Chali2na relèvent un peule niveau. Ce résultat, qui sembleabandonner le « philosophe auxpieds poussiéreux » un peu loinde chez lui, est d’autant plusdommageable qu’une bonnemoitié de l’album laisse entrevoirune identité bien plus intéressante.Après son rafraîchissant premieropus, on attendait mieux… A.C.Avishaï Cohen"Aurora"(Blue Note/EMI)Vous connaissiez Avishaï Cohencontrebassiste et pianiste ?Sur ce bel album, signé chezle prestigieux label Blue Note,l’un des fleurons du jazz actuelplace sa voix au centre d’unitinéraire qui emprunte le retouraux sources de son pays,l’Israël. En hébreu, ladino ouanglais, son chant pudique,doté d’une instrumentationinattendue (oud, percussions,contrebasse, chœurs, piano) etépaulé de l’art des Belmondo(guests), construit un territoireaux confins du swing et de laMéditerranée. Exit les tensionsjazzistiques : irisé d’épicesorientales et flamencos, Auroras’écoute comme un éveil dessens, un matin apaisé auxharmonies délicates, un tempointerne alangui et fluctuant quirayonne vers d’autres sphères.Une divagation généreuse etenvoûtante. AllSoname"Plateau"(World Village/Harmonia Mundi)Soname, dont le nom signifie« bonne fortune » en Tibétain,est née il y a 35 ans au Tibet.Installée en Angleterre depuispratiquement une décennie, ellesigne un deuxième album qui,sans perdre la force tranquilledes chants de son pays natal,s’inscrit dans une démarched’ouverture aux confins d’uneesthétique pop. Enregistréeentre Calcutta et Londres etréalisée par le producteur DavidM. Allen (The Cure, Sisters ofMercy, Depeche Mode…), cettedouzaine de plages cultive unesorte d’équilibre, de juste milieuentre deux mondes. Servie parun riche instrumentarium (tabla,harpe celtique, sarangi, viole…),la voix de cette femme au visagedoux en guise de fléau ne basculejamais dans la faute de goût.C’est probablement cela sa bonnefortune ! SQ'Téléchargersur mp3.mondomix.com24766n°34 mai/juin 2009


ASIE55Gamelanof Central Java"X. Sindhen Trio""XI. Music of Remembrance"(Yantra Productions/Orkhestra International)Tel un bouddha reposantsereinement sous une cloche enpierre du Temple de Borobudur,on prend la route du nirvana àl’écoute du sublime gamelan.Emblème musical et rythmiquede l’île de Java, le gamelan estun orchestre de percussionsmétalliques (gongs, cymbales,xylophones…) auxquelles s’ajoutent d’autres instrumentsà cordes et/ou à vents, selon les régions. Ici, autour durebab à cordes frottées, se posent des chœurs masculinset féminins harmonieux et puissants. Dans Sindhen Trio,le volume 10 de la collection consacrée à cette traditionpar le label Yantra, les voix séduisantes de Sri Suparsih,Rini Rahayu et Yayuk Sri Rahayu envoûtent, grâce à leurschants en Javanais, colorés d’imperceptibles influencesoccidentales. Les interprétations des pesindhen (soliféminins), doués d’une grande liberté d’improvisation,bercent non seulement les oreilles mais aussi les esprits, enparticulier dans le Gendhing Budheng-Budheng. Derrièredes règles rythmiques cadrées par des gendhings (élémentde composition de la musique) sur lesquels sont chantésdes sindhenan (poèmes), se cache une réelle intimité desmusiciens avec leurs instruments. A travers leurs sons, sedégage une atmosphère onirique et délicate.A Java, une croyance affirme qu’une musique douloureuseet triste en hommage aux défunts ne ferait que réveiller lesesprits malveillants-jeteurs-de-mauvais-sorts. D’où l’humblerépertoire du volume 11, Music of Remembrance, danslequel les chants font vibrer des notes sereines et optimistes.L’orchestre de cet album se compose de quatre musiciensdont la force réside dans le son fluide et langoureux,particulièrement dans le Ketawang Ghending Tlutur.Dommage que les livrets des albums, complets et signés pardes musicologues, ne soient pas franchement accessiblesà ceux pour qui le jargon musical du gamelan reste… duJavanais ! G.W.LaosMolams & Mokhènes"Chants et orgue à bouche"(Inédit Maison des Cultures du Monde)Dans les vallées énigmatiques duLaos, une femme aurait inventéle khène pour imiter le chant desoiseaux… Révélé à travers cetalbum, l’orgue à bouche laotien estle point commun des 68 ethnieséparpillées du nord au sud du pays.Parfois doux, parfois trompetant,cet instrument en bambou disposed’un large éventail de mélodieset de rythmes que le mokhènejoue en soufflant et en aspirant,tel un harmonica, et se pratiqueà la moindre occasion festive ouspirituelle. Molams & Mokhènes estune collection de titres choisis oùles chants improvisés et poétiques(lams) de talentueux chanteurs(molams) voguent sur les sonsfluides et charmeurs du khène.Une mise en abyme de voix et desons envoûtants auxquels nosoreilles ne sont encore que troppeu habituées. G.W.Téléchargersur mp3.mondomix.com248042009 MAi/juin n°34


56europeKnut BryTerje Isungset"Hibernation"(All Ice Records / le maquis)Téléchargersur mp3.mondomix.com24929Igloo, Two moons… autant detitres d’albums qui laissaientprésager l’arrivée du dernier ovnide Terje Isungset, Hibernation.Multi-instrumentiste norvégien, ildéploie au fur et à mesure de sescompositions les ombres sonoresd’un monde polaire qui se transformeen musique. La neige et le vent apportent ici un soufflehumain, et les instruments (conçus avec la complicité d’unsculpteur américain), faits de granit, de cloches de moutonou de glace, façonnent une acoustique fascinante. On croitlire une histoire scandinave qui raconte un ours blanc et unefillette, dont on suit le chemin avant de s’endormir. Le joik(chant chamanique traditionnel) de la jeune Sara MarielleGaup s’ajoute harmonieusement à la douceur de l’ensemble.Et l’on succombe à l’envie de s’emmitoufler… N.A.Christina Rosmini"Sous l’Oranger"(Le chant du Monde/Harmonia Mundi)Christina Rosmini est de cespersonnalités joyeuses quientrent dans votre vie dans untourbillon, mettent tout à l'enversavec un immense sourire, vouslaissent haletant à la porte devos habitudes prêt à la rejoindredans une sévillane endiablée, pourpeu que vous courriez assez vite.Son premier album de chansonsméditerranéennes additionneses propres compositions etcollaborations à quelques reprisesqui délimitent bien son universchanson populaire française(Julien Clerc), espagnole (Mecano)ou poésie militante (VioletaParra). Joliment cadrée par lesarrangements délicats de LucienZerrad et quelques musiciensvéloces, dont le guitariste JoséLuís Montón, la belle se fait tourà tour ironique, grinçante oucajoleuse. Elle amuse, agaceou séduit, mais ne laisse pasindifférent. B.M.Stelios Petrakis"Orion"(Seistron)Sous le firmament musical etau carrefour de l’Orient et del’Europe, brille Orion, le dernieropus du crétois Stelios Petrakis :des voix claires et transparentessur des textes poétiques etmélancoliques, mélangées à descordes puissantes comme lafoudre de Zeus. Après les« confins du monde » (Akri toudounia, son dernier opus), cevirtuose s’envole vers la voielactée où vibrent lyra, luth crétois,kopuz (mandoline), accompagnésdes daff, zarb, bendir et autresudu, percussions maniéesde mains de maître par BijanChemirani… Plus d’instrumentsscintillants, donc, que de Pléiadeschassées par Orion sans jamaispouvoir les atteindre ! Pour lesanimer, de talentueux musiciensont traversé les mers, tel lepersonnage mythologique, pourse rendre en terre crétoise et ainsidonner vie à cet opus abouti. G.W.n°34 mai/juin 2009


57LE FREYLEKH TRIOfeaturing GOULASHSYSTEM(MusiKaKtion/ Mosaïc )Sur des trames tsiganes ouklezmer, le Freylekh Trio (constituédes frères Feterman, guitare,contrebasse, et de JacquesGandard, violon) a offert debeaux espaces d'improvisationà leurs invités issus du meltingpotparisien. Ces derniers s'ensont saisis avec délicatesseen apportant leurs couleursmusicales respectives sur ces14 pièces instrumentales etvocales. Que ce soit la chanteusetsigane Erika Serre, Yom et FlorinGugulica (deux clarinettistesau top !) Kayou Noubomo(saxophoniste camerounais), TimSparks (guitariste de la bande deJohn Zorn) ou l'accordéonisteenchanteur Jaško Ramić, tousont improvisé sur le jeu soupleet aéré de ce remarquable trioà la belle sonorité. Dans ce CD,pas d'effets tonitruants, mais unemusicalité constante et un sensde l'écoute partagé. P.C.Du Bartàs"Fraternitat !"(Sirventes)L’esprit est à la fête ! Avec leurtambourin, leur accordéonet leurs chœurs entraînants,les musiciens de ce trio enprovenance du Languedoc-Roussillon se réapproprientdes mélodies collectées et enfont des hymnes à la joie. Portépar Laurent Cavalié, auteurcompositeurde culture occitane,Du Bartàs (traduction en occitande « derrière la broussaille »)revisite dans ce deuxième albumles airs populaires du Sud, etinvite à ses côtés ses amies de LaMal Coiffée. Chanté en Françaiset en Occitan, on pense à unmix entre La Rue Kétanou et lespolyphonies occitanes, avec desassauts de rythmes brésiliens etde cumbia. Fraternitat ! sent lesoleil, les bals et les tabléessans fin. Le Sud, en somme.Et de cette broussaille naît lafraternité. N.A.Hasan Yarimdünia"Gargona"(Innacor/ L’Autre Distribution)Originaire de la région desDardanelles, en Turquie, HasanYarimdünia est considéré commel’un des meilleurs clarinettistesau monde. Sa musique ouvreles frontières des folklorestraditionnels en retraçant unparcours sonore tzigane aux milleinfluences.Avec Gargona, deuxième opussoutenu une fois de plus par lelabel breton Innacor, il revisite laGrèce, la Bulgarie, la Macédoine,et bien sûr la Turquie, berceau deson inspiration d’improvisateursur des thèmes populaires. Lessoubresauts de la mer Egée etde la mer Noire, dont les couleursrejaillissent dans chaque morceau,sont perçus à travers les rythmesendiablés d’une danse zeybek,d’un mode hicaz, ou d’un makam« hüzzam », qui naviguentensemble vers des horizonsvierges de toute légende. N.A.Almasäla"Ahora"(Ventilador Music/Mosaic)Paloma Povedano, au centrede ce projet, fut au début dusiècle la voix d’Ojos de Brujo, letemps d’un album (Vengue!), puiscompagne de scène de nombreuxgroupes de la scène mestizobarcelonaise(Dusminguet,Wagner Pa, 08001…). En 2006,cette Andalouse publie Eolh, unpremier solo.Sur Ahora (« maintenant »), elledissèque l’âme du flamenco àl’aide d’un bistouri électroniqueafin de lui mettre les tripes à nues.Novateur par le son de sesproductions finement ouvragées,le flamenco d’Almasäla estancré dans notre réalité. Ouvertsur le monde, chaleureux etgénéreux, il plaide sur le ton dela confidence, revendique surcelui du murmure pour un mondealtier tout autant qu’alter, pour unmonde ou l’humain ne serait plus« émajusculé ». SQ'Téléchargersur mp3.mondomix.com249722009 MAi/juin n°34


586 éme continentBuraka SomSistemaAna Gilbert"Black Diamond"(Enchufada/Pias)Tapis en banlieue lisboète, lebruit et la fureur de BurakaSom Sistema attendaientpatiemment leur heurepour sauter à la gorge,défriser tripes et tympansd’amateurs de groove grave et de danse lourde. A laguerre comme à la guerre : les spirales de ce « trou dusystème son » entraînent l’organisme dans d’imprévusdommages collatéraux. Cerveau en vrille, impromptusde gym-tonique, veines dopées au piment…la liste dessymptômes de cette imparable contagion devrait infiltrerles courants musicaux de la sono mondiale, en courtcircuiterles dance-floors, en bousculer les conventions.A l’origine, les producteurs portugais Lil’ John et Riot,bricoleurs fous de sons grime, house, ghetto-tech,s’associent aux angolais Kalaf et Conductor pour chasser,au lasso de leurs boucles ingénieuses, le « kuduro ».Né en 1996 dans les faubourgs luandais, ce cousin dubaile funk fut déjà introduit en terres hexagonales parFrédéric Galliano et sa compile Kuduro Sound System(2006). Mais là où le dj français servait l’orthodoxie dustyle, BSS cuisine le « cul dur » à sa sauce, européenneet très personnelle… Inouïe. De savantes structuresnumériques et polyrythmiques, abîmées de clameurstribales, tambours cariocas, hip-hop dézingué, mutineriesurbaines, délivrent une pulsion orgiaque, pyromane etsexuelle, qui redonne à la noblesse du genre, ses lettresvulgaires. Avec une énergie sur le fil, de la première àla dernière seconde, BSS sublime le mauvais goût, lescabreux et la fièvre, en œuvre solaire et dévastatrice.Citons au hasard le tribut Luanda Lisboa (feat. Znobia), letrès carioca Aqui para voces (feat. Deize Trigona), Soundof Kuduro, syncopé à souhait, qui convie l’anglaise MIA,ou encore le flow saccadé de MC Patty qui, comme unetraînée de poudre, embrase plusieurs pistes…Rien à jeter : les pépites s’enfilent sur la platine, et commeson titre l’indique, l’opus noir, brut et étincelant, révèleplusieurs facettes. Une galette incontournable, en somme.Buraka’s calling ? Vous ne résisterez pas…Anne-Laure Lemancel>> En concert le 12 mai au Point EphémèreDe Kift"Hoofdkaas"(Express/Moka Inc)Les ex-punks hollandais n’enfinissent pas de rouler leur bosse.Après des adaptations littéraireset cinématographiques, les voilàde retour. La fanfare excentriquecroque la musique à pleinesdents dans les pages d’un livrede cuisine élaboré et original quiaccompagne l’album. Hoofdkaasn’est pas seulement un « fromagede tête », c’est aussi un mix barioléet délicieux de cuivres électriques,de trompettes pétillantes etmélancoliques qui valsent avec desrythmes endiablés sous une pluiede poésie chantée en néerlandais.Les De Kift ont aussi choisi defêter leurs vingt ans, en proposantà d’autres artistes dont Calexico,Franz Ferdinand ou Zita Swoon,d’échanger leurs compositionsavec les leurs pour une série limitéede 45 tours partagés. G.W.n°34 mai/juin 2009


60A hawk and a hacksaw"Delivrance"(The Leaf Label/Differ-Ant)Depuis Albuquerque, NouveauMexique, un jeune couplede musiciens épris de swingklezmer et de fièvre balkaniquea dompté ses instruments àrugir vers ces directions...Sur Delivrance, Jeremy Barnes(accordéon et percussions) etHeather Trost (violon) jubilentau centre d'un orchestrecomposé de francs-tireursanglo-saxons glanés au fil dutemps et de gitans hongroiscaptés à Budapest au premierrang desquels on distingue lesjoueurs de cymbalum (cithare àcordes frappées) Kalman Balogh,Balázs Unger et son Hun HangárEnsemble. L'énergie et la vélocitéde ces virtuoses transportentles deux Américains au-delàde leurs plus beaux espoirs. Acette authentique bonne humeurmusicale, ils apportent uneapproche décalée, nourrie de popindé et de fantasmes romantiquessur cette vieille Europe. Celas’entend dans leur façon dechanter et dans la productionsubtile de cet album, qui ne ferapas pâle figure entre vos Tarafde Haïdouks et Fanfare Ciocarliafavoris. B.M.Samia Farah"The Many MoodsOf Samia Farah"(On U Sound/Sam Productions)Il y a une dizaine d’années,Samia Farah, chanteusefrançaise d’origine tunisienne,marquait les esprits de quelquesaficionados avec un opustravaillé en partie avec AdrianSherwood et Skip McDonald.Sa voix traînante, alanguie,se fondait délicieusement auxambiances dub hors-format duduo. Prolongeant sa collaborationavec le gourou de l’hybrid-dub(Sherwood), elle revient avec ces« many moods » qui en disentlong sur l’univers ou plutôt lesunivers de la chanteuse. Car si ledub transcende cet album dansses grandes largeurs, Samiaflirte aussi du bout des lèvresou plus goulûment avec le jazzet la soul. Sa plume ne s’interditrien, pas même les double sens.Quand, en ouverture d’album,elle fredonne l’air de rien : « riensans rien, et rien n’est gratuit…», Samia ne se contente pas detirer les oreilles des fossoyeursd’un vieux modèle économique:elle souligne aussi la force de sonexigence. SQ’JUSTIN ADAMS& JULDEH CAMARA"Tell No Lies"(Real World / Harmonia Mundi)Après Soul Science, récompenséaux «BBC Radio 3 World MusicAwards» en 2007, retour d’unduo pas si improbable. JustinAdams, guitariste de RobertPlant, est l’homme qui le premierenregistra Tinariwen aux côtésde Lo’Jo, début 2000. Quantau Gambien Juldeh Camara, ilest le descendant d’une famillede griots et l’un des virtuosesdu ritti, violon peul à une cordehérité de son père. Simplemententourés d’un percussionniste, leLondonien Salah Dawson Miller,ils proposent sur disque commesur scène un véritable retouraux sources du blues jusqu’auxpeuples d’Afrique de l’Ouestet du Sahara. A la fois rock etélectrique, tournoyant et enfumé,circonvolutif et mystique… Onn’est évidemment jamais loin de latranse. Indispensable. J.B.Trio Soulaÿrès"Native Land"(CPDM/Discograph)Un collectif artistique qui regroupetrois musiciens issus d’universdifférents : voilà le point de départd’une aventure commencée il ya six ans maintenant à Lyon. Etqui fête aujourd’hui un nouveauné,Native Land, un disqueaux influences variées selonles terres vers lesquelles seposent les refrains. Une chansonpéruvienne de Javier Lazo, uneballade de Suzanne Vega, unemilonga argentine, et le trio repartSur la route de Beyrouth avecpour tout bagage des instrumentsà cordes, des percussions, etla voix confiante de SéverineSoulaÿres qui ouvre le chemin.Avec des reprises intéressantes etdes arrangements personnels, letrio s’évade en plusieurs languesvers un univers intriguant. Et meten musique Emily Brontë avec unSleep enivrant ! N.An°34 mai/juin 2009


<strong>Mondomix</strong>.com 61Tri a Tolia"Zumurrude"(Homerecords)Sous le voile somptueux deslégendes, de l’amour et de laséduction, Zumurrude (nom d’uneprincesse rêveuse des Mille etUne Nuits) révèle ses perles rareset poétiques. Sobre, solennel etenvoûtant, cet album est le premierd’un trio brillant, Tri a Tolia. Lachanteuse d’origine turque Melikelaisse briller des étoiles dans sa voixgrave tandis que les mains satinéesdu musicien irakien Osama glissentsur le qanun (cithare à cordespincées) et que Lode, le Belgevirtuose, caresse amoureusementun violoncelle. Dans ce mystèreoriental et musical, les rythmes fousd’Azk ile cavalent derrière un SeninAskin plein de sagesse et devancentle romantique Yemeni baglamiz tellibasma qui regarde sa belle cueillirl’éros de la vie et les roses del’amour. G.W.Téléchargersur mp3.mondomix.com24120Cirrus"Mama Please"(Iris Music/Harmonia Mundi/Kalima Productions)Du nuage, Cirrus possède la soie,les rêves voyageurs et les périplessonores, les reliefs palpables etles risques d’intempéries. Dansses métamorphoses, il se gonfledu tellurisme des percussions,divague sur les mélopées orientaleset balkaniques de ses archets,sans perdre le fil d’une aventureamoureuse tissée avec Björk, Nosfell,le rock et le blues. Dans la voixrocailleuse, incarnée, hypnotique dela jeune franco-tunisienne Nawel BenKraiëm, roule une poésie coloréeen anglais, arabe et français, quiporte si bien cet univers à la croiséedes mondes. Une transe planante,des histoires au corps à cœur :en 2008, Cirrus a remporté le prixRMC Doualiya à Alexandrie. Dejolis bourgeons qui promettent unefloraison enthousiasmante. A suivre.AllTéléchargersur mp3.mondomix.com24984et aussichroniqués sur mondomix.comAFRIQUENaab Democrisis (Naab/anticraft)Ndidi Onukwulu Move Together (Naive)Les Maîtres du Bèlè Musiques au Tambour de Martinique Vol 2(Buda Musique)<strong>Takana</strong> <strong>Zion</strong> Rappel à l’Ordre (Makasound/PIAS)AMÉRIQUELhasa Lhasa (Warner)Freddie McGregor Mr. McGregor (VP Records/Wagram)Maria Bethânia Cânticos, Preces, Súplicas ... (Biscoito Fino)Sizzla Ghetto Youth-Ology (VP Records/Wagram)Larry McDonald Drumquestra (MCPR Music)EUROPENils Okland Monograph (Ecm)Kal Radio Romanista (Asphalt Tango Records/Abeille Musique)Erika et Emigrante Gypsy from Mars (iris/HM)Maria Teresa Era uma vez um jardim (Le Chant du Monde)Divna La divine liturgie de St Jean Chrysostome (Jade)6 ème CONTINENTRadioKijada Nuevos SonidosAfro Perunaos (Wrasse Records/ULM-Universal)


62<strong>Mondomix</strong>.comcollectionLeila Flying Lotus Mira Calix Aphex Twintexte Laurent CatalaPhotographie D.R.En mai,le célébrissime label anglaisd’electronica Warp Recordsinvestit la Cité de la Musiquepour fêter ses vingt ans.Un anniversaire qui lanceune série de concerts etde performances àTokyo,New York, Londres et Berlin.L’occasion de constater devisu leur ouverture au monde.Warp est à l’évidence l’une des maisons dedisques pionnières en matière d’electronicaet d’IDM (Intelligent Dance Music), desgenres qui ont façonné le son de latechno européenne du début des années1990 avec des artistes comme Autechre,Aphex Twin, LFO, Two Lone Swordsmen,Squarepusher, Black Dog/Plaid ou encoreBoards of Canada.Depuis cette époque, le label a cependantconsidérablement évolué. A travers WarpFilms, le label de Sheffield s’est élargi àla production audiovisuelle, permettant àdifférents réalisateurs indépendants commeChris Morris, Shane Meadows et surtoutChris Cunningham, réalisateur de plusieursvidéo-clips d’Aphex Twin, de sortir des filmsdécalés et acides, comme le tout prochainToute L’histoire de Mes Echecs Sexuels, deChris Waitt, prévu en mai.OUVERTURE STYLISTIQUE…Mais c’est surtout musicalement quele changement s’est fait le plus sentir.Sans renier complètement ses originesélectro – on peut l’entendre à l’écoutede quelques nouveaux-venus commeTim Exile, Flying Lotus ou Bibio – Warpa sensiblement métissé son catalogue,offrant de nombreuses ouvertures à desgenres voisins, où l’électronique n’apparaîtparfois qu’en filigranne. Les approchespop/folk, déjà initiées dans les années1990 avec Seefeel – qui se reformeraexceptionnellement pour le concert du 9mai – se sont diversifiées avec des groupescomme Gravenhurst, Broadcast, GrizzlyBear, touchant même quelques piliers dulabel comme Mira Calix sur son album EyesSet Against The Sun. Le rock avant-garde(Battles, Pivot) a fait son entrée dans uneécurie sans oeillères, mais ce sont les axessoul/funk (Jamie Lidell) et hip-hop (d’AntipopConsortium en 2002 jusqu’aux plusrécents Beans, Prefuse 73 ou HudsonMohawke) qui suscitent le plus la curiosité.Le principe n’est pas nouveau puisquequelques piliers du label comme AndrewWeatherall, qui avait déjà introduit dudub jamaïcain dans sa techno (écoutez leHaunted Dancehall de son groupe Sabres ofParadise), Red Snapper ou les Nightmareson Wax – dont les albums Carboot Soul etSmokers Delight mariaient déjà électronica,acid jazz et hip-hop/funk – avaient montréla voie dans les 90’s.…ET GÉOGRAPHIQUE.Aujourd’hui, c’est à l’ouverture géographiqueque s’élargit cette tendance. Les bouclesorientales de Leila sur son Blood, Looms& Blooms en étaient déjà un signe, maisc’est surtout l’arrivée d’un artiste commeDJ Mujava – aux platines le vendredi 8 mai –,originaire d’un township de Pretoria, quimarque une certaine continuité dans lebrassage. Avec son électro typée, symboled’une Afrique urbaine et désenchantée, DJMujava révèle autant le « modernisme »sonore d’un pays injustement ignoré dansle genre – rappelons-nous l’excellentecompilation Cape Town Beats de JarringEffects – que la qualité du label à dénicherles talents là où ils se trouvent. Une explosiondes barrières qui résume à lui seul l’éthiqueportée par Warp.Warp à la Cité de la Musique, les 8 et 9 mai,www.warprecords.comwww.cite-musique.fr


64<strong>Mondomix</strong>.comà voir / CINémaMohammed Ali“Soul Power ”de Jeffrey Levy-Hinte(Etats-Unis, 2008)Durée / 1h33S'il prend le temps de mettre en placele décor, le film réserve sa plus largepartie aux performances musicales,absolument ébouriffantes. Starsaméricaines et africaines se succèdentsur la scène, une première qui ne serenouvellera guère. Les Spinners ouvrentle concert, puis défilent Celia Cruz,Franco et Tabu Ley Rochereau, les starslocales, Miriam Makeba, The Crusaders,Bill Withers, B.B. King. Et tous sont ausommet de leur art ! Le film s’achève enapothéose avec la vedette du festival,James Brown, adulé jusqu'au Zaïre,qui délivre un The Payback tonitruant,avant que le générique ne défile (avecun étonnant à-propos) au son de Say itLoud - I'm black and I'm Proud.texte Bertrand BouardPhotographie D.R.Le combat de boxeentre Mohammed Aliet George Foremanen 1974 au Zaïreappartient à lalégende de la boxe.On sait moins qu'unfestival de musique sedéroula en amont ducombatCe Soul Powerdu réalisateur Jeffrey Levy-Hintedevrait singulièrement tirer cet événementde l'oubli. Il en restitue la dimensionépique, symbolique, ainsi que saprodigieuse qualité musicale. Fondé surles images filmées à l'époque, Soul Powercommence par superposer l'angoissedes organisateurs face aux embûcheslogistiques et l'insouciance des musiciens; dans l'avion qui les amène à Kinshasa,Celia Cruz et ses musiciens déclenchentune joyeuse foire, dansant et chantant àtue-tête, tandis que B.B. King tente de lesaccompagner à la guitare acoustique. Lefilm montre aussi l'enjeu de l'événement.Pour les musiciens afro-américains, ceconcert en Afrique a une résonance bienparticulière, et les voir prendre le pouls decette société si proche et si lointaine estl’un des intérêts majeurs du film.James Brown Miriam Makeba B.B. KINGLa figure de proue de cette consciencepolitique afro-américaine n'est toutefoispas un musicien mais MohammedAli, qui crève l'écran à chacune deses apparitions. Au sommet de sonart oratoire, il délivre des rimes aussipercutantes que ses crochets, véritablerappeur avant l'heure. Une successionde scènes savoureuses mènent auconcert : Manu Dibango jouant dusaxophone dans la rue parmi unetroupe de gamins complices ; un groupecongolais esquissant un morceau derumba au coin d'une rue ; le chanteurdes Spinners s'essayant à un combatcontre Mohammed Ali lui-même !Un seul regret : que cetteimmersion dans cetévénement unique ne durequ'1h33. On guettera la sortieDvd, que l’on espère richeen bonus. En attendant, lesfans de musiques noires,qu'elles soient américainesou africaines, savent où allerà partir du mois de juin : dansles salles.Sortie le 10 juin 2009Distribution Océan Filmsn°34 mai/juin 2009


65Cinémix/ TEMOIN INDESIRABLE..............................Un documentaire en forme de cri d'alarme ! Juan Jozé Lozanolève le voile sur la réalité du journalisme en Colombie, sur ceshommes et ces femmes qui risquent leur vie à dénoncer laguérilla et la corruption qui ensanglantent leur pays. Censure,menaces de mort, exil forcé : là-bas, la presse est devenueune cible, un témoin indésirable à bâillonner. Hollman Morrisrefuse pourtant de céder aux intimidations. Avec son émissionde télé multi-primée, il se bat pour faire tomber les trafiquantsde drogue et ceux qui les couvrent. En creux, c'est son portraitqui se dessine, le quotidien et les dilemmes d'un homme prisentre sa déontologie et ses responsabilités de père de famille.Continuer le combat ? Préserver les siens ? Ses questions sontcelles de l'avenir de sa profession.D'utilité publique, comme on dit.Réalisé par Juan Jozé Lozano, distribué par Eurozoom,Colombie, 1h25Sortie le 15 avril// LES ENFANTS INVISIBLES ........................Grands réalisateurs ou non, rien n'y fait : les meilleures causesdonnent rarement les meilleurs films. Cas d'école : ce recueilde sept courts-métrages qui nous balade aux quatre coinsdu monde et braque ses caméras sur les victimes innocentesde notre monde d'adultes, les enfants. Sujet miné. D'un film àl'autre, on balance entre chantage à l'émotion (le Spike Leesur une sidéenne new-yorkaise, le John Woo sur une orphelinechinoise) et didactisme bon teint (le Mehdi Charef sur les enfantssoldats d'Afrique), comme s'il fallait absolument asséner lemessage pour qu'il passe. Finalement, Il n'y a guère que l'opusde Katia Lund, périple picaresque dans une favela brésilienne,qui se joue du misérabilisme sans rien lâcher sur le fond. C'estpour son portrait tragi-comique de deux gamins condamnés àramasser les ordures que Les Enfants invisibles mérite le détour.Réalisé par Spike Lee, John Woo, Ridley Scott, EmirKusturika... distribué par Acte films, France-Italie, 2h04Sortie le 20 mai/// CE CHER MOIS D'AOUT ........................Ils sont rares les films à assumer leur modernité, appeleraux larmes et se concentrer sur leurs héros. Ce cher moisd'août y parvient pourtant, l'air de rien, avec la puissancetranquille des chefs d'œuvre. D'abord docu sur l'été portugaiset ses bals populaires, le film de Miguel Gomes prend viteun tour pirandellien, mêle la vie au tournage, les acteurs auxpersonnages, jusqu'à nous paumer corps et âme quelque partentre fiction et réel. Pas grave. Une beauté magmatique irradiede cette confusion : ici une surimpression d'images sur fond depop lusitanienne, là les larmes de l'héroïne qui se muent en fourire sans que l'on sache si elle joue encore... Et surtout cettegalerie de personnages, qu'ils soient comédiens ou gens du cru,qui transforme l'exercice formel en peinture solaire du Portugalprofond. Une toile de maître.Réalisé par Miguel Gomes, avec Sandra Bandeira, FabioOliveira, distribué par Shellac, Portugal, 2h27Sortie le 17 juinPar Julien Abadie2009 MAi/juin n°34


à voir / dvd <strong>Mondomix</strong>.com 67/ PIER PAOLO PASOLINI« Carnets de notes pour une Orestie africaine »(Carlotta Films)Le mythe d’Oreste transposé dans l’Afrique décolonisée, conté et traduit du grec Eschyle parl’un des plus grands poètes italiens du XX e siècle, l’enchanteur Pasolini. C’est au cours d’unvoyage en Tanzanie et en Ouganda, à la veille des années 1970, qu’il décide d’initier le projet, defilmer ces images, témoins d’un état des lieux pour un film qui ne verra jamais le jour. De visagesen silences, de chants russes en free-jazz, Pasolini traque avec la grâce d’un aigle le regard noird’Agamemnon, l’arbre qui évoque les Furies, dans ces relents de guerre du Biafra qui paraphrasecelle de Troie. Scandé par des débats entre l’auteur et des étudiants africains de l’Université deRome, le sujet est sans cesse remis en question, défriché, tiraillé entre l’archaïsme et l’actualitépolitique brûlante d’un peuple dont « le futur est dans sa fièvre du futur. Et sa fièvre, une grandepatience ». Dans la même veine, Notes pour un film sur l’Inde (extrait d’un projet d’envergureresté sur le papier, intitulé Notes pour un poème sur le Tiers-Monde) parcourt l’Inde moderneà la recherche d’un maharadjah, d’un palais, de tigres, capables d’illustrer une vieille légendehindoue. Appuyé par des analyses de spécialistes et de proches, ce dvd porte à la lumière une« poétique de l’inachevé » caractéristique du Pasolini des derniers temps, bouillonnante desensibilité autant que de révolte, reflet incontestable d’une âme visionnaire. N.A.// MOHAMMED JIMMY MOHAMMED(EthioSonic / Buda Musique / Socadisc)En décembre 2006, le chanteur éthiopien Mohammed Jimmy Mohammed s’envolait vers lalumière…Heureusement, Stéphane Jourdain a filmé, quelques mois auparavant, l’incroyableconcert de clôture du festival Banlieues Bleues. Han Bennink, complice du disque Takkabel,était venu spécialement des Etats-Unis pour accompagner le trio. Chanteur aveugle, à la santéfragile, Mohammed Jimmy Mohammed apparaît ici entouré de proches, en pleine confiance.La voix portée par la rythmique du batteur Han Bennink, l’incroyable mélodie du krar (harpe)de son « meilleur ami » Messele Asmamaw, et le kebero de Asnaqè Guèbrèyès, MohammedJimmy Mohammed finit par irradier d’une énergie sublime, profondément humaine. En interlude,seulement quelques courts extraits d’interviews, où Mohammed explique par exemple quenourrisson il a vu la lumière pendant quarante jours. Où, les mains tordues d’angoisse, il racontedes fragments de son histoire familiale, qu’il connaît mal, car séparé de ses parents à sept ans.Enfin, les paumes tournées vers le ciel, sa rencontre avec la musique. Moments d’interviewsmagnifiques, mais trop courts. C’est la seule nuance qu’on peut apporter à ce vibrant hommage.Eglantine Chabasseur// ANTONIO CARLOS JOBIM« Antonio Brasileiro»(Biscoito Fino/DG diffusion)En 1987, la chaîne brésilienne TV Globo consacre un programme au plus célèbre compositeurdu pays. Co-inventeur de la bossa nova, Tom Jobim (1927-1994) fut reconnu de son vivantmonument de la musique brésilienne et, lorsqu’il est question de lui faire honneur, tout lemonde accourt. Chico Buarque, Edu Lobo, Caetano Veloso, Joyce ou Gal Costa sontvenus lui donner la réplique chantante. Filmées en studio, les séquences musicales sont parfoisentrecoupées d’images illustratives des plus kitsches ou d’interviews malheureusement nonsous-titrées. Les Parisiens auront plutôt intérêt à découvrir La maison de Tom, documentaireréalisé par Ana Jobim, femme du compositeur qui le présentera elle-même pendant l’excellentFestival du Cinéma Brésilien de Paris, qui se tient du 29 avril au 12 mai au cinéma Le NouveauLatina. B.M.www.festivaldecinemabresilienparis.com


68 à lireHistoire// THIBAULT EHRENGARDT« Histoire ancienne de l’île dela Jamaïque,… »(Editions Natty Dread)Ce livre n’est pas une énième histoirede la musique jamaïcaine. Ici, il n’estpas question de dreadlocks, de BobMarley ou de rastafaris enfumés,mais bien de leurs ancêtres. ThibaultEhrengardt, rédacteur en chef dumagazine Natty Dread, a raconté lagrande histoire de cette île mythique, desa sanglante découverte par ChristopheColomb en passant par son entrée dans le Commonwealthanglais et les nombreuses guerres qui ont suivi. Un récit peupléd’Indiens massacrés, d’aventuriers, de religieux, d’esclaveset d’esclavagistes. Au travers des écrits témoins de figureshistoriques, l’auteur montre la formation d’une civilisation dansla violence, la souffrance, le métissage et les révoltes. Illustréde nombreuses gravures, comme l'ahurissant plan d’un bateau« négrier » (à faire froid dans le dos), ce livre précis et très biendocumenté, digne des meilleurs manuels universitaires, vientcombler le vide qui subsistait depuis la dernière publication enfrançais d’une histoire de la Jamaïque en ...1751 ! A.C.Polar// LE POLAR MUSICAL(Editions Moisson Rouge )«Une musique mélo, fade et fausse,s’égrenait mollement, une voix rachitiquechantait El día que me quieras commes’il s’était agi d’une chanson insignifiantesans nom et sans histoire. J’enlevai lecasque et Charly me demanda :Vous comprenez maintenant pourquoije dois le tuer ? Vous me comprenez,Octavio ?» Celui dont Charly veut lapeau n’est autre que Julio Iglesias…Bienvenu dans l’univers déjanté deCarlos Salem, journaliste et écrivainargentin installé à Madrid, où il écritdans son bar, le Bukowski. Son dernierouvrage, qui met en scène un chanteurde tango plutôt escroc, des truandsboliviens et autres hippies, vient d’êtretraduit sous le titre d’Aller Simple parl’éditeur Moisson Rouge, spécialisédans le roman noir. La petite structurea également publié Rasta Gang dePhillip Baker, autour d’un jeune émigrantjamaïcain dans le Brooklyn des gangsdes années 1970. Le volume le plusrécent de cette collection très musicales’intitule Jazz Me Blues, recueil denouvelles (noires bien sûr) autour desdeux styles, commises par des écrivains (Davis Grubb, NathanSinger) et des musiciens (Laurent De Wilde, Bob Garcia)…A découvrir. Jean Berryn°34 mai/juin 2009


70<strong>Mondomix</strong>.comDEHORSMONDOMIX AIME !Voici 10 bonnes raisonsd’aller écouter l’air du temps/ JAZZ NOMADESla voix est libreDu 12 au 14 mai (Paris)Attachez vos ceintures ! Ce « manifestival » promet de vous propulserau cœur de créations sur-mesure, mêlant slam, danse, théâtre,musiques écrites et improvisées ! Le 12, « La voix est libre »(anciennement baptisé « Jazz nomades ») orchestre la rencontreentre la kora du Malien Ballaké Cissoko, les pas de danse duMarocain Taoufiq Izzediou et les vers affutés du poète Lazare.Puis, se mettant à l’heure de l’année de la France au Brésil, leschants de Renata Rosa, familiers au Nordeste Brésilien, croisentceux des Occitans du Còr de la Plana. Le 13, la voix encore tropméconnue en France du Hollandais Jaap Blonk, est portée par lestablas ou la clarinette du trio Extenz’O. Le piano et la batterie deBernard Lubat s’acoquinent ensuite à la verve du slameur Dgiz,aux roulements du batteur Philippe Gleizes et aux expérimentationssonores de Médéric Collignon. Le 14, le poète sonore AndréMinvielle invite la clarinette de Jacques di Donato, ainsi que MarcPerrone et son accordéon diatonique, qui donnera du souffle à lavoix d’Arthur H. Attention, décollage certifié ! Lucie Combeswww.jazznomades.netFESTIVAL MÉTISÀ SAINT-DENISDu 13 mars au 18 juilletSaint-DenisLe festival poursuit sesallers et retours entre Maliet Italie sans s'interdirepour autant quelquesdétours…Saluons la venuede la chanteuse malienneFantani Touré, les reprisesde musiques de filmsitaliens du Traffic Quintet,l'hommage à Nino Rota etla vièle chinoise de Li Yan.Pour ceux qui auraientraté le flirt de la pizzicad'Officina Zoé avec lesrythmes percussifs duMalien Baba Sissoko:ils remettent ça! Enfin,Fleuve Niger, Ligne de vie,création de Tunde Jegede(voir p.43) qui réunit notammentle maître de la koraToumani Diabaté, OumouSangaré et la contrebassisteclassique ChiChi Nwanoku s'impose,incontournable.www.metis-plainecommune.comBANLIEUE RYTHMEDu 22 avril au 3 maiGuédiawaye - DakarComme chaque année,l'édition 2009 de BanlieueRythme se tient à Guédiawaye,en banlieue deDakar. Le guest de cetteannée? Le guadeloupéenAdmiral T et son raggadancehall. Bien d'autresartistes seront présents,de Conakry, du Sénégal,de France ou d'Espagne.Du hip-hop avec Noura(Mauritanie) et Mouna(Bénin), des percussionsavec Amazones, lafanfare Semtazone oude la chanson avec Yoro:le festival propose unesélection d'artistes variée.Coup de chapeau à cetévénement qui joue surplusieurs tableaux avec sesrencontres pro, ses atelierset même son carnaval!n LES CYCLES PARISIENSEn mai et juin, le Théâtre de la Ville, celui des Abbesses, la Cité de la Musique ou l’Auditorium dumusée Guimet terminent leurs saisons Musiques du Monde avec une cavalcade de virtuoses. LeMusée du Quai Branly ouvre ses portes au nouveau cirque Vietnamien (Voir p.17). Le festival MizikFactory (La Villette) attaque ces deux derniers week-end sous le signe de la Réunion, d’Haïti et de laJamaïque, et la salle Pleyel offre ses planches au génie de la danse flamenca, Israël Galvan.02/05/200909/05/200915/05/200915/05/200916/05/200916/05/200916/05/200917/05/200923/05/200929/05/2009Ensemble ShanbehzadehMusique du golfe Persique (Iran)Théâtre des AbbessesPushparaj KoshtiDhrupad (Inde du Nord)Théâtre des AbbessesThurgot Theodat - Jazz (Haïti)Xiomara Fortuna - Jazz (République Dominicaine)Ram - Rock Vaudou(Haïti)Mizik Factory, Grande Halle de la VilletteTrivandrum VenkataramanVina (Inde du Sud)Auditorium du Musée GuimetSharam Nazeri & Alim QasimovTraditions savantes (Iran/Azerbaïdjan)Salle PleyelSyrine Ben Moussa - Malouf (Tunisie)Théâtre des AbbessesSalem Tradition - Maloya (Réunion) Baster - Reggae (Réunion)Mizik Factory, Grande Halle de la VilletteK Koustik - Jazz (Guadeloupe)Mizik Factory, Grande Halle de la VilletteNawal - chansons (Comores)Salon de Musiques, Musée du Quai BranlyArvind et Purvi Parikh - Chant khayal et sitar (Inde du Nord)Auditorium du Musée Guimetn°34 mai/juin 2009


<strong>Mondomix</strong>.com 71TÉMA L'ALGÉRIEDu 14 au17 maiParis-Goutte d’OrParmi les foules emmêléesde la Goutte d'Or, demeurela plus vieille communautédu quartier : l’algérienne.Expositions, concerts,tables rondes, débats ouencore repas de quartier,ce « Téma l'Algérie »entend sillonner la mémoiredu pays depuis les années1950 avec un focusparticulier sur sa musique.Eh oui, le quartier fut unlieu clé de l'émergence duchaâbi et du raï en France!Cela vaut bien une célébration:en fanfare avecZiyara, en chanson avecSamia Diar et en motsavec le MAP.www.myspace.com/algeriealagouttedorFESTIVAL MAWAZINEDu 15 au 23 maiRabat - MAROCPrêts pour une baladerythmée en ce joli mois demai? Rabat s'est gorgéed'invités de renom pourcette 8ème édition etdéroule le tapis rouge,de la pop américaineau répertoire classiquemarocain! Un programmeplus que chargé quitraverse le chant musicalmondial, d'Emir Kusturikaà Sergio Mendes enpassant par Ojos de Brujoet le grand Faiz Ali Faiz.Difficile de choisir car laFanfare Ciocarlia, SkaCubano, Khaled, EnnioMorricone, Johnny Clegg,Dobet Gnahoret, MouniraMitchala, Buika, MayraAndrade, Misia et LiuFang seront de la partie!Sans parler des nombreusesperles marocaines ouinternationales, StevieWonder en tête!www.festivalmawazine.maJAZZ SOUS LES POMMIERSDu 16 au 23 maiCoutances,Basse-NormandieAccrochez-vous bien :cette année, le festivalsecoue les pommiers avecun programme qui n'oubliepas les musiques dumonde. Du Brésil au Burkina,des océans de sonss'offrent à la dégustation.Renata Rosa caresseravos oreilles de sa voix troublante; Yom, de ses mélodiesde clarinette et Va FanFahre, de sa fanfare métissée,vous feront frémirjusqu'au bout des orteils.Un peu de Mamani Keita,du Yaël Naim revisitantJoni Mitchell, une pointede Roberto Fonseca, unzeste de Sitala Lillin'ba,un flacon de Victor Démé,et les écoutilles en alerte,voilà la recette d'un festivalréussi!www.jazzsouslespommiers.com30/05/200904/06/200904/06/200905/06/200906/06/200906/06/200906/06/200906/06/200907/06/200912,13,14/0618 >> 28/0619/06/200903/07/2009Sanjay Subrahmanian - Chant Carnatique (Inde du Sud)Théâtre de la VilleKaushiki Chakrabarty - Chant Hindoustani (Inde du Nord)Théâtre de la VilleRama Vaidyanathan - Danse bharatanatyam (Inde du Nord)Auditorium du Musée GuimetBob Andy, Ken Boothe - Reggae (Jamaïque)Mizik Factory, Grande Halle de la VilletteTefa - Chant Sarandra (Madagascar)Théâtre des AbbessesRama Vaidyanathan - Danse bharatanatyam (Inde du Nord)Auditorium du Musée GuimetAblaye Cissoko - kora (Sénégal)Après-midi musical, Musée du Quai BranlyDon Carlos - Reggae Roots (Jamaïque)Mizik Factory, Grande Halle de la VilletteDanyel Waro - Maloya (Réunion)Mizik Factory, Grande Halle de la VilletteLe Khêne - orgue à bouche (Laos)Master class, Musée du Quai BranlyLang Toi (« Mon Village ») - Cirque Musical (Vietnam)Musée du Quai BranlyTriambaka, sitar, sarod, tablas (Inde du nord)Auditorium du Musée GuimetIsrael Galván - Danse Flamenco (Espagne)Salle Pleyel2009 MAi/juin n°34


72<strong>Mondomix</strong>.comDEHORSJOUTES MUSICALESDE PRINTEMPSLes 29, 30 et 31 maiCorrens, VarVéritable petit laboratoiremusical, le Chantier, centrede création varois, croiseles sons et techniquesde musiciens d'horizonset traditions différenteset nous en livre les fruits,le temps des joutes. Lethème? Les femmes dansles musiques du monde.On pourra ainsi se délecter,entre autres, des chantsvenus d'Europe de l'Estavec Bielka, du kotode Mieko Miyazaki, duchant malien de RamataDiakité ou encore desenvolées occitanes de laMal Coiffée. Mais biend'autres rendez-vous sontà noter pour ces joutesqui, comme chaque année,promettent de se dérouleren toute convivialité, dansle premier village biologiquede France !www.le-chantier.comMUSIQUES MÉTISSESDu 29 au 1er juinAngoulêmeQue de bruit à Angoulême,que de couleurs! Laville se laisse bercer par laprogrammation métisséede son festival, apaiséepar la Tchadienne MouniraMitchala et la MalienneOumou Sangaré, remuéepar l'Ivoirien Alpha Blondyet les Français de Fanga.Elle prend le rythme desmusiques du monde ets'enivre entre les cordesorientales de DuOud ou dutrio Joubran. Comptentégalement parmi les convives: Hasna El Becharia,Pedro Luis, Victor Démé,So Kalmery et Erik Aliana& Korongo Jams. Mais lefestival a caché bien dessurprises dans ses baffles:que la fête commence !www.musiques-metisses.comFESTIVAL DES MUSIQUESSACRÉES DU MONDEDu 29 mai au 6 juinFesS'ouvrant sur une soiréeaux accents libanais,hommage de l'éminentMarcel Khalifé aupoète non moins louableMahmoud Darwiche,le festival s'annonce detoute beauté. Entre lesublime Radif iranien deMohammad Motamedi, lepuissant gospel de MarwaWright et les chantsorthodoxes de Divna, lesémotions se diffusent, toutcomme xxx les sons se mêlententre les mains de KeyvanChemirani, à la direction,pour une soirée autour deschants méditerranéens. Lefestival s'aventure aussidans les hauteurs et laisseplaner la voix d'I Muvriniet de Souad Massi: unévénement majeur.www.fesfestival.comGORANBREGOVICl Mardi 26 Maià 20h00 à Paris(75) - Grand Rex lVendredi 29 Mai à20h30 à Mulhouse(68) - Filature lSamedi 27 Juin à20h30 à Orleans(45) - Campo SantoA Orleans dans lecadre du festivalORLEANS JAZZ lDimanche 28 Juin à19h00 à Puteaux (92)- Esplanade De La Defense dans le cadre du festivalLA DEFENSE JAZZ FESTIVAL l Lundi 06 Juillet à20h00 à Freiburg (Allemagne) - Zirkus Zelt A Freiburgdans le cadre du festival ZELT MUSIK l Mardi 14Juillet à 18h00 à La Rochelle (17) - EsplanadeSaint Jean D'acre A La Rochelle dans le cadredu festival FRANCOFOLIES DE LA ROCHELLE2009 l Samedi 25 Juillet à 20h30 à Saint PierreDe Chartreuse (38) - Chapiteau A St Pierre DeChartreuse dans le cadre du festival RENCONTRESBREL l Dimanche 26 Juillet à 19h30 à Meze (34) -Port De Meze dans le cadre du festival FESTIVAL DETHAU - ESCALES MUSICALES l Mardi 04 Aoûtà 22h00 à Lorient (56) - Espace Marine A Lorientdans le cadre du festival FESTIVAL INTERCELTIQUEDE LORIENT l Mercredi 05 Août à 19h00 à PortLeucate (11) - Plein Air A Leucate dans le cadre dufestival LES MEDITERRANEENNES l Vendredi 07Août à Saint Florent (20) - Citadelle De St Florentdans le cadre du festival PORTO LATINONebojsa BabicTAKANA ZIONl Vendredi 29Mai à 21h00 àMarseille (13) - LePoste A Galene lDimanche 31 Maià 19h30 avec JAHMASON à Paris (75)- Elysee Montmartredans le cadre dufestival GARANCEREGGAE FESTIVALl Samedi 11 Juilletavec ANIS / ELECTRO DELUXE à BagnolsSur Ceze (30) - Parc Arthur Rimbaud ABagnols Sur CezeDEOLINDAMichel Lelievrel Vendredi 26 Mai à l'Européen Paris (75)Rita Carmon°34 mai/juin 2009


<strong>Mondomix</strong>.com 73GRAND SLAM DE POÉSIEDu 16 au 21 juinBobignyVenus des quatre coinsdes dictionnaires, gonflésd'emprunts et d'inventions,les mots s'invitent àBobigny, ou se tiennent àla mi-juin des joutes internationalesde slam. Coupedu monde et nationale depoésie, loin des cerclesfermés de l'académisme,cet événement est un vraibonheur pour ceux quise délectent des mots etsavent en puiser la saveursans hausser le menton.De nombreux momentsludiques et conviviauxau programme, avecdes ateliers, concerts, etautres surprises au coursdesquelles la poésied'Eluard côtoiera notammentle fonnker créole. Unévénement pour les curieuxet les conquis !www.ffdsp.comRIO LOCODu 17 au 21 juinToulouseRio Loco accueille leMaghreb Central avec uneprogrammation béton!Outre des têtes d'affichetels Khaled, Idir, DuOudou Rachid Taha, le festivalcompte des pointuresplus confidentielles et nonmoins éminentes: HasnaEl Bécharia du désertalgérien, le rai de BoutaibaSghir, la folk marocained'Hindi Zahra, Akli D, etd’heureuses rencontres:Mounir Troudi et ErikTruffaz, Archie Shepp etDar Gnawa de Tanger ouencore Majid Bekkasset Ramon Lopez, sansoublier les ovnis DJ U-Cefet Amazigh Kateb. Avecpour base chaâbi, rai etmusique gnawa, les portede Toulouse sont ouvertesà toutes les sauces!www.rio-loco.org/ Festival Arabesque21 au 23 mai (Montpellier)Montpellier se drape aux couleurs du monde arabe pour la quatrièmeédition du Festival Arabesque ! Le 21, Fellag dresse une tendrecritique de son Algérie natale à travers son spectacle Tous lesAlgériens sont des mécaniciens. Puis, le 22, se succèdent MagydCherfi et Natacha Atlas qui nous offre une flopée de repriseségyptiennes et occidentales des années 1950 et 1960. Le 23, la voixdouce et envoûtante de Souad Massi achève cette immersion dansun monde qui n’aura plus aucun secret pour vous !www.festivalarabesques.fr// Parfums de musique6 - 7 juin, puis 13 - 14 juin (Val-de-Marne)Vos narines vont frétiller à l’approche de ce festival qui célèbre lamultiplicité des sonorités durant deux week-ends ! La musiquemandingue explosive du Super Rail Band de Bamako, groupemythique qui a compté parmi ses membres Mory Kanté et Salif Keita,ouvre le bal le 6. Puis, place aux voix féminines ! Le 13, la Canadienneoriginaire d’Haïti Mélissa Laveaux sera relayée par la blueswomanPura Fé, fière représentante de ses racines indiennes Tuscarora. Dequoi embaumer votre quotidien de douces saveurs d’ailleurs !www.cg94.fr/// Les Nuits Métisses26 au 28 juin (Auxerre)Avis à tous les oiseaux de nuit : trois soirées de sonorités éclectiquesse profilent ! Le festival fête cette année ses 10 ans et s’ouvre le 26sur une nuit persane avec le duo Iranien Shanbehzadeh, pour unedécouverte des musiques et des danses traditionnelles de Boushehr.Le lendemain, direction la Côte d’Ivoire, à travers un voyage musicalrythmé par le groove mandingue des Go de Koteba. Et le 28, cap surl’Egypte avec la voix envoûtante de Natacha Atlas ! Le réveil risqued’être difficile…www.lesnuitsmetisses.comAgendawww.mondomix.com/fr/agenda.phpLe nouvel agenda complet des concerts, sorties, festivals, expo...est sur www.mondomix.com/fr/agenda.php !Pour aller écouter l’air du temps en mai et juin partout en France et au-delà,laissez-vous guider par la sélection des évènements « <strong>Mondomix</strong> aime »BanjeeKHALED: 22 marBanlieues BleuesGonesse (95), 15mai à l'OlympiaParis, 30 MusiquesMétisses àAngoulême


ABONNEZ-VOUS ÀMONDOMIXET RECEVEZ LE DERNIER ALBUM DETAKANA ZION "Rappel à l'ordre"(makasound)dans la limite des stocks disponiblesOui, je souhaite m’abonner à<strong>Mondomix</strong> pour 1 an (soit 6 numéros)au tarif de 29 euros TTC.(envoi en France métropolitaine)NomPrénomAgeAdresseVilleCode PostalPayse-mailOù avez-vous trouvé <strong>Mondomix</strong> ?Furie musicaleen HongrieB.M.Renvoyez-nous votre coupon rempliaccompagné d’un chèque de 29 eurosà l’ordre de <strong>Mondomix</strong> Média à l’adresse :<strong>Mondomix</strong> Média - 9, cité Paradis 75010 ParisTél : 01 56 03 90 85abonnement@mondomix.comHors France métropolitaine : 34 eurosnous consulter pour tout règlement par virement> Prochaine parutionLe n°35 (Juillet/Aout 2009) de <strong>Mondomix</strong> sera disponible fin juin.Retrouvez la liste complète de nos lieux de diffusion surwww.mondomix.com/papier<strong>Mondomix</strong> remercie le Ministère de la Culture pour son soutien et tous les lieux qui accueillent lemagazine dans leurs murs, les FNAC, les magasins Harmonia Mundi, les espaces culturels Leclerc,le réseau Cultura, l’Autre Distribution, Staf Corso ainsi que tous nos partenaires pour leur ouvertured’esprit et leur participation active à la diffusion des musiques du monde.MONDOMIX - Rédaction9 cité Paradis – 75010 Paristél. 01 56 03 90 89 fax 01 56 03 90 84redaction@mondomix.comEdité par <strong>Mondomix</strong> Media S.A.SDirecteur de la publicationMarc Benaïchemarc@mondomix.comRédacteur en chefBenjamin MiNiMuM benjamin@mondomix.comConseiller éditorialPhilippe Krümm philippe@mondomix.comSecrétaire de rédactionAnne-Laure LemancelDirection artistiqueStephane Ritzenthaler graphimix@mondomix.orgCouverture / PhotographieMichel Lelievre michellelievre.ml@wanadoo.frOnt collaboré à ce numéro :Julien Abadie, Nadia Aci, François Bensignor, Jean Berry,Bertrand Bouard, Arnaud Cabanne, Laurent Catela,Églantine Chabasseur, Lucie Combe, Pierre Cuny, IsadoraDartial, Dominique Dreyfus, Charlotte Grabli, SachaGrondeau, Jul, Patrick Labesse, Anne-Laure Lemancel,Élodie Maillot, Jérôme Pichon, Camille Rigolage, YannisRuel, Squaaly, YvesTibor, Gayle Welburn.Responsable marketing / partenariatsLaurence Gilleslaurence@mondomix.comtél. 01 71 18 15 95Partenariats / Relations aux publicsYasmina Bartova Zouaoui yasmina@mondomix.comtél. 01 71 18 15 95MONDOMIX RegieChefs de publicitéAntoine GirardMathieu Prouxtél. 01 56 03 90 88MONDOMIXREGIEantoine@mondomix.commathieu.proux@mondomix.netTirage 100 000 exemplairesImpression Rotimpres, EspagneDépôt légal - à parutionN° d’ISSN 1772-8916Copyright <strong>Mondomix</strong> Média 2009- Gratuit -RéalisationLe Studio <strong>Mondomix</strong> info@studio-mondomix.comtél. 01 56 03 90 87Toute reproduction, représentation, traduction ou adaptation,intégrale ou partielle, quel qu’en soit le procédé, lesupport ou le média, est strictement interdite sans l’autorisationde la société <strong>Mondomix</strong> Média.<strong>Mondomix</strong> est imprimésur papier recyclé.

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