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Mondomix 31

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à l’arrache - mondomix.com - 07Premier album en vuepour Kamel El HarrachiLe fils du célèbre chanteurde chaâbi algérois DahmaneAmrani (décédé en 1980),créateur de Ya Rayahvient de terminer à Parisl’enregistrement de sonpremier album solo, réalisé parle guitariste et ingénieur du sonAbdelghani Torqui. Attendupour le premier semestre2009, Ghana Fenou résonneracomme un hommage à sonpère. Kamel el Harrachi, quipratique la mandole depuisl’âge de six ans, y reprendrasix de ses morceaux, ajoutanttrois titres de sa composition,entouré entre autres dePhilippe Soriano (contrebasse),Nabil Mansour (tar), SarhatAbid (violon) et Sid Ali Oudane(banjo).Peuples et musiques aucinémaL’association toulousaine Escambiarorganise, à l’initiative dumusicien et ethnomusicologueClaude Sicre, membre du groupeoccitan les Fabulous Trobadors,des rencontres cinématographiquessur le thème desmusiques, chants et danses dumonde. Cette 9ème édition, du30 octobre au 2 novembre, nousinvite une fois de plus à emprunterce pont cinématographiquevers des musiques et des peuplesméconnus. Pour aller plusavant dans ces découvertes artistiques,des stands, des miniconcertset des débats complètentles projections en présencedes réalisateurs (Patrick Kersalé,Sandrine Chevassu, Marc Oriol,Sarah Benillouche, Hugo Zemp),à la cinémathèque de Toulouseet à la Cave Poésie.http://www. escambiar.comParticipezau Grand Jeudevenezreporter pourmondomix auxtransmusicalesde rennes,du 3 au 6décembre 2008 !En partenariat avec lesTransmusicales de Rennes,<strong>Mondomix</strong> vous proposede devenir notre reporterspécial pendant 4 jours.Faîtes-nous vivre vos Trans2008 en animant votre blogen Une de <strong>Mondomix</strong>.comavec vos impressions deconcerts !Pour participer au Grand Jeu,c’est très simple : raconteznousvotre plus beau souvenirde concert*. Ajoutez-y, sivous le souhaitez, photos,vidéos et autres ingrédientspersonnels. L’heureux(se)gagnant(e) sera choisi parla rédaction de <strong>Mondomix</strong> le17 novembre 2008.A vos plumes ! Rendez-vousà partir du 22 octobre surwww.mondomix.com pourparticiper !Clôture des candidatures le11 novembre 2008.Lot en jeu : transport +hébergement + pass festivaldu 3 au 6 décembre 2008 àRennes (un seul gagnant)Ce jeu est ouvert à toutepersonne majeure, quelleque soit sa nationalité, dontle domicile est situé enFrance métropolitaine (horsCorse) et disposant doncd'une adresse postale enFrance métropolitaine (horsCorse). Règlement completsur www.mondomix.com.* texte au format de 1 000 à 1 500caractères maximum, espacesinclus2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


08 - mondomix.com - à l’arracheCoups de Pousses /////////////////Depuis 3 ans ça devient une habitude et une très bonne habitude.Baicila (le Réseau des Musiques et Danses en Seine-Saint-Denis)et le festival Villes des Musiques du Monde s’unissent pourpousser de jeunes talents d’Ile-de-France sélectionnés par unjury de professionnels. Chaque « Coup de Pousse » assurera unepremière partie. Puis ils se réuniront pour une soirée spéciale le18 novembre à l’Espace Fleury Goutte d’Or - Barbara, Paris 18 e .Fabienne NuryErik :Karayib’ !Texte François BensignorSa voix a déjà fait craquer lesAntilles. Mais c’est ici, en métropole,que le talent d’Erik esten train d’imposer toute sonenvergure. Échappant au pièged’une fabrique de produitsformatés radio-télé-doudou, ila traversé l’Atlantique et marquéson territoire dans la jungleparisienne.Au hasard d’un couloir de métro,Erik rencontre Siam Lee.La musique qui l’habite trouveenfin le chemin de son expressiond’artiste. Mus par la mêmepassion et la même exigence,les deux garçons construisentun langage musical en phaseavec leur temps.En créole, en français, en anglais,Erik écrit des textesécorchés. Multi-instrumentiste,Siam a le génie des arrangements.La voix profonde duchanteur, il la met en espace.Comme s’il maniait une caméralibre de ses mouvements, iltrace les couleurs, modèle despaysages.L’imaginaire d’un artiste n’estjamais aussi riche qu’avec uneforte assise le laissant vivrepleinement sa création. ManuelMondesir, héritier de la traditiondu bèlè, met sa réputation deguitariste compositeur et sonétoffe de producteur au servicede cet équilibre. Erik a vingtdeuxans, ses compagnonsà peine un quart de siècle.Ensemble, par l’énergie deleur passion, ils se donnent lesmoyens de vivre et nous fairevivre une aventure sans précédent.Au moment où le public dufestival Villes des Musiquesdu Monde va découvrir Eriket son équipe, sortira leur premieralbum, Chayé Kow. Unchef- d’œuvre au plein sens duterme : en tant qu’album initialet parce qu’il présente, dansune créativité à la fois uniqueet multidimensionnelle, toutela palette des sons et stylesque leur inspire la Caraïbed’aujourd’hui. Une fulgurantedémonstration de talent !LIENSDehors...en concertERIK le 18/11 à la soirée Coupsde Pousses à l’Espace Fleury-Goutte d’or-Barbara, Paris.le 22/11 et le 29/11 à l'OpusCafé, ParisContactselernot@gmail.commalika@souffle-k.comn°<strong>31</strong> nov/dec 2008


à l’arrache - mondomix.com - 09////////> Quels conseils donneriez-vous à unjeune artiste?Philippe Conrath: Un seul : ne pas penser en fonction des soitdisant goûts du public. Jouer la musique de son quartier, de sonvillage ou de son immeuble plutôt que d’essayer de passer à tout prixà la radio.NOUROUTexte Eglantine ChabasseurL’histoire de Nourou commenceà 4180 kilomètres de Paris,quartier HLM Patte d’Oie,Dakar, Sénégal. El Hadj y traînesa guitare et sa voix. Il vient duFouta, cette région désertiquedu nord du Sénégal, d’oùsont originaires Baaba Maalet les Frères Guissé. A Dakar,Erwan et Julien découvrentles percussions dioula, etfinissent par « jammer » avecce grand Peul. Les deuxtoubabs rentrent dans leurEssonne natale. En 2001, ElHadj vient en France. Visad’un mois rapidement écoulé,compositions en pagaille, etenvie de tenter sa chance dansun groupe. Il décide de rester.Nourou est né. Pas de papiers,petits boulots et musique :la partition de Nourou s’écritau gré des opportunités, desscènes, de la personnalité dessix membres et surtout de cequ’ils appellent « le mix », cettemixité qui fait leur force. Baséesur des percussions plutôttraditionnelles (ouest-africaines,mais aussi brésiliennes oucubaines), un énergique trioguitare-basse-batterie et destextes chantés en wolof, peul,français ou anglais, la musiquede Nourou dessine au stylobille un Paris-London-Dakarvia La Havane. Un premieralbum, Eurafrican Carapit,autoproduit en 2007, leur apermis de multiplier les scènes.Mais le groupe aimerait sortirde l’Essonne, soigneusementquadrillé depuis sept ans.Grâce au dispositif Coups dePousses du festival Villes desMusiques du Monde et duréseau Baicila, Nourou est partijouer en Ukraine début juilletet y a été très bien accueilli.Aujourd’hui, le groupe rêvede se produire sur le goudrondakarois qui l’a vu naître.LIENSÀ écouterNOUROU, "Eurafrican Carapit"(Dalou Production)Dehors...en concertNOUROU le 18/11 à la soiréeCoups de Pousses à l’EspaceFleury-Goutte d’or-Barbara,Paris.Guillaume Batiste2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


10 - mondomix.com - à l’arracheCoups de pousses ////D.R.PAD BRAPADMOUJIKATexte Eglantine ChabasseurIls sont tous les six fans deCypress Hill et du Taraf deHaïdouks. Ils jouent tous d’uninstrument de musique etappartiennent au jeune groupePad Brapad Moujika. Sinon,rien à voir ! L’un a appris defaçon très classique la musiqueklezmer, l’autre vient durock indépendant, le troisièmedu théâtre, le quatrième duswing manouche, le cinquièmedu jazz et le dernier est unDJ old school... Pad Brapad adigéré toutes ces influences etréinvente avec énergie des airsde l’est de l’Europe. Le groupe,d’abord un quintet, naît en2004 et commence à composerpour accompagner LeMandat, une pièce de théâtreinédite en France qui se dérouledans une banlieue de Moscousept ans après la révolutionrusse… L’un des morceaux dela pièce Hum…Hum !, donneson titre au premier album quisort courant 2007. Au mêmemoment, une rencontre met lesPad Brapad dans l’embarras :ils trouvent celui qui manquaitpour donner à leur musiquetoute sa dimension urbaine.C’est DJ Coltsilvers qui ajoutetrès vite scratches et samplessur les harmonies survoltéesde leurs compositions un peufolles. Influences turques,macédoniennes, roumaines,klezmer, bulgares, et pourquoipas du hip-hop new-yorkais ?Pad Brapad prend un nouveautournant et décide d’enrichir « lamusique du voyage » grâce auson avec lequel ils ont grandi :entre deux violons, on entendainsi du House of Pain ou duCypress Hill… Hum…Hum !,dont les compositions ont deuxans, leur semble alors un peuobsolète. Ils travaillent beaucoup,réarrangent d’anciensmorceaux, prêts à être jouésen live dès que l’occasion seprésente. A ne pas manquerd’ailleurs ! Chaque concert dePad Brapad est un petit cabaretcosmopolite. Le groupejoue de son univers décalé,entre deux mondes, et conviepour la route une danseusede claquettes ou un breakdancer.LIENSÀ écouterPAD BRAPAD MOUJIKA,"Hum…Hum!" (Pad Brapad & Cie) 2007Dehors...en concertPAD BRAPAD MOUJIKA le18/11 à la soirée Coups dePousses à l’Espace Fleury-Goutte d’or-Barbara, Paris.n°<strong>31</strong> nov/dec 2008


à l’arrache - mondomix.com - 11Le chant quotidienSénart est une ville nouvelle deSeine-et-Marne qui regroupedix communes et comptabilise108 000 habitants répartissur 12 000 hectares. Surcette seule portion d’Ile-de-France on compte plus de50 nationalités qui cohabitentavec leurs différences etleurs traditions. Pour mettreen valeur cette mosaïqueculturelle, le Pôle des Musiquesdu Monde de Savigny-le-Temple a organisé fin 2007,une enquête-collectage auprèsdes différentes communautésde ce territoire.Un premier cd Femmes duMonde et de Sénart regroupeles collaborations de 17femmes, chanteusesd’occasion, venues des cinqcontinents. Chacune y dévoileune chanson apportée dansses bagages, en raconteson origine et ce qui les lie àces mélodies. Air de mariageukrainien, traditionnel ghanéen,chant d’exil du Mexique ou deNoël à la Guadeloupe, sontautant de parcelles de vierestituées, de vérités identitairesoffertes à l’auditeur.www.scenedumonde.frD.R.Philippe CONRATH> Quelle association, initiative privée ou publiqueà l'origine d'actions qui vous sont chères, aimeriezvousfaire découvrir à nos lecteurs?RESF, Réseau Education sans Frontières, initiative la plusexemplaire pour moi en France. Elle s'appuie sur le courage etla ténacité de chacun pour le soutien aux sans-papiers, avec unesprit de résistance et d'ouverture qui me bluffe. Je suis restéun peu idéaliste : les frontières me « gavent » à tout point de vue,artistiquement et politiquement. Une association qui défendénergiquement le « sans frontière », je trouve cela tonique !Alors que les « contrôles au faciès » se sont multipliés en 2008en vue d’atteindre le sombre quota de 25000 reconduites horsde France, le soutien aux sans-papiers s’est développé. Parmiles mouvements les plus actifs, citons le Réseau Éducation SansFrontières (RESF). Parce qu’agir, c’est avant tout informer etéduquer, cette association est une mine de ressources. Le siteinternet, très complet, propose des pétitions, une bibliographiesur les problématiques de l’immigration, des revues de presseet tout ce dont vous avez besoin pour participer au combat.Les expulsions évitées ou effectives y sont soigneusementconsignées. Car le combat de tous c’est aussi le combat dechacun : derrière les chiffres, il y a des vies et des noms. Vousn’aurez plus aucune excuse pour rester les bras croisés : desguides pratiques sur les moyens d’action sont téléchargeablesainsi que les contacts des collectifs dans chaque département.À l’heure où les lois liberticides du gouvernement Hortefeuxdétruisent des familles et des vies, il est impératif de saluer cegenre d’initiative. Fabien Maisonneuvewww.educationsansfrontieres.org2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


12 - mondomix.com - à l’arrachehommage à...Hector ZazouTexte Emmanuelle Eymard Photographie D.R.Pierre Job, alias Hector Zazou,naît le 11 juillet 1948 à Sidi-Bel-Abbès en Algérie et y vit pendantune dizaine d’années, avant d’allerhabiter en France.Hector Zazou, un nom d'artiste choisi en référenceaux fans de jazz afro-américain, àl'époque où la musique prenait un sens à lafois identitaire et intégrationniste, pour unhomme qui s'attache à ses effets intrinsèques: « A quoi sert la musique, s'exclamait-il, si cen'est à changer le monde ? ». Il devient ainsifacilitateur de rencontres métissées, en mêmetemps que celui qui aime à déterritorialiserses compositions pour les entraîner dans unrhizome d'imaginaires où chacun sembletrouver sa place.Il commence à se faire connaître à la fin desannées 1970 lorsqu’avec Joseph Racaille ilinitie le projet ZNR, une musique impressionnisteà base de free rock déjanté (Barricade3, 1976). Hector Zazou y dévoile son génieprécurseur. Touche-à-tout prêt à transcenderles limites de son époque, il crée de nouvellesformes musicales.Après le rock, il s'intéresse à l'Afrique. Avecle Congolais Bony Bikaye, il concocte unemusique novatrice entre traditions africaineset rythmes électroniques. L'opus Noir etBlanc (1982) est ainsi le fruit d'une union insoliteà la croisée de ces deux univers. En1992, l'album Les nouvelles polyphonies corseslui vaut une Victoire de la Musique. Auxchants séculaires de l'île française, il associecette fois le talent du Camerounais Manu Dibango,du Japonais Ryuichi Sakamoto et del'Américain John Cale.La même année, Gérard Depardieu et Khaledprêtent leur voix à des textes d'Arthur Rimbaudpour un Sahara Blue audacieux ; en1994, Björk et Suzanne Vega interprètent lesChansons des mers froides où la traditioncôtoie de nouveau la modernité électro ; en1998, Zazou s'intéresse aux chants religieuxet rituels irlandais avec le non moins infatigablePeter Gabriel (Lights in the dark). En 2001dans 12 (Las Vegas is cursed), il se concentresur la texture sonore et pousse plus loin savolonté « d'appréhender les notes par un processusde grossissement de certains éléments» (1) alors que Sandy Dillon lui offre saforce vocale.Il fut aussi sous son vrai nom journaliste pourTélérama et Libération, mais avant tout compositeuret réalisateur. Pour le label RealWorld, il fait enregistrer la vocaliste tibétaineYungchen Lhamo et l'Ouzbèque Sevara Nazarkhanou encore le galicien Carlos Nuñez.Il écrit par ailleurs des musiques de films, cellede La Passion de Jeanne d'Arc de Carl-Théodore Dreyer (2003), de Nanoukl'Esquimau de Robert Flaherty (légendairedocumentaire en noir et blanc paru en 1922),de Djanga de Tassere Ouedraogo (2007).Enfin pour l'album In the house of mirrors,Hector Zazou réunit quatre instrumentistesclassiques venus d'Inde et d'Ouzbékistan,ainsi que Diego Amador, Carlos Nuñez, ZoltanLantos et Nils Petter Molvaer. Ce disquesort à titre posthume en octobre 2008.« Créer, c'est créer sa langue et le monde quiva avec », disait-il. L'électron libre del'exploration sonore s'est éteint le 8 septembre2008, laissant derrière lui une œuvreéclectique, comme des parcelles de sonmonde singulier.(1) Citation extraite de la dernière interview d'HectorZazou, réalisée par Eliane Azoulay pourwww.telerama.frn°<strong>31</strong> nov/dec 2008


à l’arrache - mondomix.com - 13Paroles de ZazouTexte Par Jean-Pierre BruneauEclectique et prolifique (il a collaboré à plus dequarante albums), Hector Zazou, né Pierre Job àSidi-Bel-Abbès il y a soixante ans et disparu enseptembre dernier, était le plus imprévisible – etl’un des plus créatifs – compositeur français.Rendons-lui la parole avec ces extraits du textequi accompagne son album Strong Currents,publié en Italie en 2003.A propos de Noir et Blanc (1983), sans doute le premierdisque à mélanger électro et musiques africaines :« Un soir, j'ai vu jouer Papa Wemba qui avait dans son groupeun jeune bassiste nommé Bony Bikaye. J'ai été immédiatementséduit et j'ai voulu échanger des idées avec ces musiciens. Jevoulais approfondir ma connaissance du rythme, je n’y pigeaisrien. Je ne me réfère pas au rythme africain, mais au rythme engénéral. Ces musiciens africains s’intéressaient à l’électronique,donc il s’agissait d’un échange naturel. Ce fut une collaborationspontanée, presque naïve. Nous ne pouvions pas prévoir le résultat.A cette époque, les musiciens africains étaient très pauvres(nombre d'entre eux le sont d'ailleurs toujours) et la plupart jouaientsur des instruments empruntés appartenant au leader quiles prêtait : dans l'appellation marxiste du terme, les musiciensétaient des prolétaires, sévèrement exploités. »Sur Nouvelles Polyphonies Corses et Sahara Blues (1991et 1992) :« J’ai découvert le chant traditionnel corse alors que je travaillaiscomme producteur pour une chanteuse locale. Je lui ai suggéréde laisser tomber ses chansons pour s’investir dans un projet plusouvert qui pourrait rassembler les plus belles voix de l’île. C’étaitune idée d’autant plus iconoclaste que les femmes ne sont pascensées chanter la polyphonie. Avec Passion, Peter Gabriel avaitouvert une porte que je voulais franchir : mélange traditionnel/moderne, synthétique/acoustique, Nord/Sud, tout était dans cedisque que j’ai utilisé comme un mode d’emploi. J’ai eu la chanceincroyable que tous ces éléments du puzzle trouvent leur place etque l’ensemble soit non seulement cohérent, mais qu’il plaise àpas mal de gens. Pour Sahara Blue, j’ai continué d’appliquer lesmêmes recettes en les personnalisant d’avantage. L’idée de mettreen musique des poèmes de Rimbaud est de Jacques Pasquierqui m’a demandé de composer quelque chose pour le centenairede sa mort. On a travaillé en studio et produit un « work in progress» que Jacques a voulu finaliser sur disque ».Au sujet de son album le plus célèbre Chansons des mersfroides (1994) avec les voix de Björk, Värtinnä, SuzanneVega, ou Siouxsie :« Une expérience inoubliable. Pour la première fois, je pouvais inventerun monde à la fois réel et totalement abstrait où les languesm’étaient totalement hermétiques mais racontaient des histoirespassionnantes. Une variation chromatique autour du blanc. Pourmoi, le morceau le plus réussi est cet Inuit Song avec les voix deces deux jeunes chanteurs de l’île de Baffin et, derrière, des bruitsélectroniques durs comme la glace, inquiétants comme la banquise.Le Grand Nord n’est pas paisible. C’est un lieu de souffranceet de peur. On s’y sent attaqué, au plus profond de soi, et passeulement par le froid. »> voir chronique de son dernier album p612008 nov/dec n°<strong>31</strong>


14 - mondomix.com - numériqueMy mondo mixA vos My Mondo Mix !FocusVoici notre sélection de projets My Mondo Mix :Réseau social de l’action, My Mondo Mix s’intéresse aux projets des membres de sacommunauté plus qu’à leur égo.Pour cette fin d’année, MyMondoMix.com offre à ses acteurs beaucoup de nouveautés etd’innovations techniques. Désormais disponible en quatre langues (français, anglais, espagnolet italien), le site se dote d’un système de recherche plus efficace pour permettre à tous decréer des réseaux de contacts en cohérence avec leurs initiatives.Aujourd’hui, My Mondo Mix compte près de 500 projets éco-citoyens, culturels,musicaux, sportifs ou sanitaires. Au travers de cette plateforme, des idées novatricess’expriment et le dialogue s’ouvre entre les différents acteurs de la communauté, qu’ilssoient « explorateurs », « médiateurs », ou « créateurs ». Si d’autres réseaux sociaux sevoient progressivement abandonnés par les internautes, c’est par manque de sens oud’intérêt. My Mondo Mix tente d’apporter une réponse adaptée !www.mymondomix.comTranses occitanesDeux groupes très remuants dumonde musical occitan présententleur projet commun : Ten Aqui !,mariage heureux entre électroniqueet tradition séculaire.Le Maroc, en images eten sonsParties sillonner le pays sur lestraces d’un aïeul, deux photographesen ont ramené un témoignage richeet coloré, entre passé et présent.Tout a commencé au festival des Sudsà Arles, en 2007, où se produisaitTenareze, quintette gascon mêlantmusique occitane et instruments bricolés.Présents ce soir-là, les musiciens deD’Aqui Dub sont impressionnés. Laformation phocéenne, plus portée sur lafusion entre électro et tradition, proposealors une collaboration : Ten Aqui ! estné. L’intérêt du projet est de marier à latranse vocale des premiers les rythmesdansants des seconds, avec la langueoccitane pour dénominateur commun.On y retrouve, bien sûr, l’instrumentariumimprobable des Tenareze (tubes en pvcpour la clarinette, saladiers en plastiquepour les tambours à eau…), et surtoutce sens des harmonies et rythmeshypnotiques, témoins des racinesorientales de l’Occitanie. Jérôme PichonToutes les informations et quatre morceauxen écoute sur le site My Mondo Mixà cette adresse :http://mymondomix.com/tenaquiChez les Ricordeau, l’exploration descontrées marocaines est une histoirede famille. Le grand-père, Bernard,avait parcouru le territoire en caravaneentre 1946 et 1968, prenant à chaqueescale une foule de clichés. Quelquesdécennies plus tard, sa petite-filleCharlotte décide à son tour de s’envolerpour le Maroc fin 2007. Aidée d’uneamie, Audrey Denis, photographeprofessionnelle, elle s’équipe de plusieursappareils photo, d’une caméra et d’unenregistreur de sons et parcourt le norddu pays pendant trois mois. S’ensuiventplusieurs projets d’ouvrages et d’expos,dont l’emblématique « Maroc d’hier etd’aujourd’hui », magnifique regard croiséentre les photos de Bernard et celles duduo, prises aux mêmes lieux. J.P.A découvrir sur le site de My Mondo Mix,des enregistrements sonores (gnawa,muezzin et vie nocturne), des extraitsde carnets de voyage en images etdes bouts du projet « Maroc d’hier etd’aujourd’hui » :http://mymondomix.com/maroc1duo3projetsPas d’âge pour lerecyclageFin septembre, un percussionniste inventiflançait, via notre site, un projet éducatifambitieux autour des instruments de musiqueissus du recyclage.Après Moleque de Rua ou Lutherie Urbaine (déjàmentionnés dans ces colonnes), c’est au tour de JimmyBraun, spécialiste des percussions, de se passionnerpour une pratique née dans les faubourgs d’Afrique etd’Amérique latine et devenue rapidement universelle.Baptisée sommairement « Musical Recycling », sonidée est simple, mais originale : permettre à desenfants des pays riches de construire des instrumentsde musique à partir d’objets à recycler et de les offrir àleurs camarades des pays en développement. Grâceà un site Internet en voie de création, ces luthiers enherbe pourraient confectionner leurs instruments enconsultant des vidéos ou des photos explicatives.Une manière ludique de sensibiliser, dans le mêmetemps, au respect de l’environnement, aux rapportsNord-Sud et à la musicologie. A suivre de près ! J.P.Retrouvez le descriptif complet du projet et une vidéosur le site My Mondo Mix :http://mymondomix.com/jimmybraun/musicalrecyclingn°<strong>31</strong> nov/dec 2008


Only WebNUMÉRIQUE - mondomix.com - 155 classiques de laBossa novadisponibles sur :mp3.mondomix.comAntonio Carlos Jobim"Ao vivo em Montreal"(Biscoito Fino)Maria Creuza"Interpreta Baden Powell"(Iris)Un forum pour la bossa novaThéorie musicale, coups de cœur du moment et même quiz…Tout s’échange et se débat sur ce forum spécialement dédiéaux internautes passionnés de João Gilberto et consorts…comme aux novices.« La bossa nova est-elle une branche du Jazz ? », « Lemeilleur disque pour s’initier à la bossa ? » « The Man fromIpanema’ ou Getz/Gilberto’ ? »… Les « topics » ne manquentpas pour nourrir la discussion sur un genre musical souventcaricaturé, pourtant infiniment complexe et varié. Baptisé « Oamor, o sorriso, et a flor », du nom du second album de JoãoGilberto, ce forum francophone – une section est toutefoisréservée pour les lusophones – accomplit le petit exploitd’aborder tous les sujets sans jamais tomber dans la vaineérudition. Pour les musiciens amateurs, une large section estconsacrée à la composition et à la pratique instrumentale :on y apprend, au hasard, la structure des accords bossa,le type de micro ou de cordes à utiliser pour obtenir le sonrond et précis de ses idoles, ou des astuces pour déchiffrer leredoutable classique Chega de Saudade. Difficile, cependant,de parler Bossa Nova sans évoquer ses affluents : samba etmusique populaire brésilienne en général, mais aussi choro,forro et autres traditions moins connues. Le forum, là encore,ne décevra pas les plus curieux. Inscrivez-vous!http://bossa-nova.forumactif.com/FOCUSBaden Powell"Os Afro Sambas"(Iris)Marcia Salomon"Geminiana"(Dabliu Discos)L’underground brésilienAnimée par deux journalistes radio brésiliens,Caipirinha Appreciation Society (CAS) défriche depuisplusieurs années les recoins sombres de la musiquebrésilienne. A découvrir en podcast.« La musique brésilienne au-delà des clichés, c’est ici ! ».Telle est la devise de cette émission entièrement consacréeaux artistes non médiatisés de la scène brésilienne d’hier etd’aujourd’hui. En guise de clin d’oeil, on trouve sur le blog deCAS une animation gentiment corrosive : quelques icônesde la musique brésilienne (Caetano Veloso, João Gilberto)foudroyées au laser par une soucoupe volante en forme decitron vert ! Créée autour de l’an 2000 par MdC Suingue, unjournaliste brésilien en exil à Londres, l’émission entendaitrévéler au monde tout un pan de la musique brésiliennejusque-là royalement méprisé par les majors. Produite pourla radio de l’University of London, l’émission s’exporte àRio et devient bi-nationale avec l’arrivée de Kika Serra en2006. Chaque semaine, ou presque, ces deux animateursattachants délivrent deux heures de musique de tous styles(samba, bossa nova et même rock psyché) par des groupessouvent totalement obscurs, mais toujours de qualité.http://www.cas.podomatic.com/Chega de Saudade"Historia Da Bossa Nova"(IRIS)


16 - mondomix.com - numériqueCadeauxd’artisteswww.sabadabada.comEmbarquement immédiat surair-web avec comme destinationunique de ce nouveau tour dunet des musiques du monde :le Brésil. Une sage décision àl’approche de l’hiver !Atterrissage réussi sur http://www.sabadabada.com, un site qui, sansêtre celui d’un artiste, est celui dePeter, un collectionneur heureuxde partager avec la communautédes internautes, ses trouvailles etperles rares voire introuvables (LPsou 45T - musiques et pochettesd’album) car d’un autre temps.Ainsi, vous pourrez, plutôt quede les ignorer à tout jamais,savourer ces quelques fabuleuses« masterpieces » enregistrées dansles années 1960 et 1970. Despremiers enregistrements du trioEsperança au Regresso (1972)d’Ely Arcoverde, ou le 20 Palavrasao Redor dol Sol (1979) de Cátiade França.Plus ancien encore, le deuxièmecadeau est un dessin-animé,Aquarela do Brasil, produit en1943 par les Studios Walt Disney,sur lequel apparaît pour la premièrefois José Carioca, un sympathiqueperroquet, compagnon d’aventuresen terres brésiliennes de DonaldDuck. Ce petit bijou d’animationvintage disponible sur youtube nousa été soufflé par le brasilophile enchef et MC (maître en connexions)réputé, Rémy Kolpa Kopoul. Labande-son vaut son pesant decacahuètes (n’est-ce pas MonsieurJosé Carioca ?) puisqu’elle dérouleen ouverture Aquarela do Brasil.Composée par Ary Barroso en1939 et interprétée ici par AloysioOliveira, cette samba qui donneson nom à l’animation a été élueen 1977 « Meilleure ChansonBrésilienne du Siècle » par uncomité d’experts réuni à l’initiativede l’Académie Brésilienne desLettres. Elle est suivie par Tico TicoNo Fubá, une autre célébrissimesamba écrite, elle, par Zequinha deAbreu et chantée ici par ZezinhoOliveira.Beaucoup plus actuel, http://www.barbatuques.com.br, le sitedes Barbatuques propose deuxtitres (Barbapapa’s Grooves etSkarabush) à rapatrier sur votredisque dur. Ce gang formé il ya une douzaine d’années parFernando Barboza dit Barba, n’estpas à proprement parler bossa,ni quoi ce soit en particulier. LesBarbatuques s’amusent en jouantde la musique avec leur proprecorps et ont inventé un répertoirepercussif sur cet "instrument". Toutsimplement bluffant ! Si voussouhaitez en savoir plus sur cegroupe à entendre et à voir, deuxvidéos mi-démos/mi-interviewssont également disponibles surmondomix.com.Toujours en lien (pas de doute, onclique) avec le Brésil : Napalma,un band composé des BrésiliensCid Travaglia et Rafael Jabah auxpercus, du Mozambiquais Ivo Maiaau chant et du Sud-Africain BenAmato au laptop, sax, flûte…,impose un son club à la croisée deschemins entre kwaito, drum’n’bass,grooves brésiliens, chanté enportugais, anglais et shangaan (undialecte du sud du Mozambique).Redoutable d’efficacité sans êtretrop spé’. Leur site (http://www.napalma.com.br) expose trois“kdos” révélateurs de la richesseet de la diversité de leur univers,ainsi qu’une flopée de titres enstreaming.Une belle moisson pour un bilancarbone tout à fait raisonnable.Les CosmoDJs : DJ Tibor & Big Buddhacosmodjs@mondomix.comn°<strong>31</strong> nov/dec 2008


18- mondomix.com - Mots du métierMohamedBELDJOUDIPropos recueillis parBenjamin MiNiMuMPhotographie D.R.ProgrammateurLe directeur programmateur du Capà Aulnay-sous-Bois (93) vit son métiercomme un engagement. Fervent défenseurde la diversité, il accueille des évènementsouverts sur l’autre comme Africolor ou Villesdes Musiques du Monde et prend le risque del’innovation avec le festival Aulnay All Blues/ Comment définissez-vous votre métier?Comme tout métier artistique, celui de programmateur comprendune grande part de subjectivité. Chaque individu porte sonhistoire, une vision plus ou moins tronquée de la réalité. Pour mapart, la musique prend le pas sur le reste. Je suis avant tout unmusicien-programmateur.Le Cap est un lieu de partage et d’échange autour des musiquesactuelles, sans frontière entre les esthétiques. Cette particularitéoblige à réfléchir constamment aux publics. La grande diversitéculturelle au sein d’Aulnay-sous-Bois est un autre facteurdéterminant. Programmer devient une alchimie qui se nourrit degoûts personnels et du regard porté sur l’autre ; ne pas brusquertout en bousculant, tendre l’oreille et anticiper les tendancesavant qu’elles ne nous dictent la programmation.// Quelles limites rencontrez-vous dans votre action ?Comme nombre de mes collègues, je m’interroge sur ladétérioration du climat social et l’insouciance de nos gouvernantsqui n’hésitent pas à détruire les fondements de l’indispensableexception culturelle. Le désengagement de l’Etat ne doit pascontraindre les collectivités territoriales à porter seules lesdépenses culturelles. Le financement de nos actions reste fragileet les possibilités d’élargir le panel de nos projets limitées./// Quels aspects aimeriez-vous développer ?Heureusement, la créativité et l’esprit d’initiative sont moteursdans nos métiers. Mettre l’accent sur des actions en direction despublics jeunes, l’éducation artistique à l’école ou encore l’accueilde projets citoyens (forums et débats) m’intéresse vivement.Pourquoi pas les prémices d’une université populaire…//// Vos activités croisent celles d'autres structures,comment s'organisent ces mutualisations ?J’essaye d’imaginer chaque programmation comme unévénement à part entière. Le premier réflexe est évidemment dese tourner vers l’ensemble des structures culturelles de la villeet du département mais pas seulement. Le rôle des réseaux estessentiel dans la construction de partenariats. Les idées et projetdes uns et des autres se nourrissent pour aboutir à de bellesaventures. Cela permet de partager des expériences uniques.Je crois profondément aux rôles d'agitateurs et de facilitateursde projets au sein des réseaux, notamment dans un départementriche et créatif comme le nôtre où culture et solidarité vont depaire.Festival Aulnay All Blues du 15 au 23 novembre> www.aulnaysousbois.comn°<strong>31</strong> nov/dec 2008


La capoeiraPratiques - mondomix.com - 19Texte et Photographies Fabien MaisonneuveCet art afro-brésilien complexe,mélange de danse, lutte, musique et chant,est né parmi les premiers esclaves africainsamenés au Brésil il y a près de 400 ans.Initialement basées sur des rituels tribaux,les pratiques ont ensuite évolué, formantun terrain propice au développement decet art pluridisciplinaire. La capoeira a,au fil des siècles, intégré des dimensionsplus symboliques, comme la relation demaître à esclave, évoquée dans nombre dechansons.Deux capoeiristes, au milieu d’une roda(ronde) rivalisent de malice pour mettrel’autre à terre ou simplement offrir un beaujogo (jeu), sous les encouragements del’audience et l’œil avisé d’un mestre (maître,professeur). Autrefois, l’aspect ludique servaità masquer, aux yeux des esclavagistes, lescapacités de cet art martial. Utilisée commeun divertissement puis comme une armepar les jeunes esclaves, la capoeira perdson idéologie en étant reprise par les gangsdes métropoles brésiliennes à la fin du XIX esiècle. Las des ravages perpétrés par cefléau, le gouvernement l’interdit en 1890 ettraque ses pratiquants. Il faut attendre 1932pour que Mestre Bimba (Manoel dos ReisMachado, 1900-1974) ouvre une premièreécole à Salvador de Bahia, lui redonnant ainsiun cadre idéologique. Le label Biscoito Finovient de consacrer un DVD à l’histoire de cepère de la « capoeira regional ». À la mêmeépoque, Mestre Pastinha (Vicente FerreiraPastinha, 1889-1981) ouvre une école d’ungenre plus traditionnel, la « capoeira angola »,généralement plus près du sol mais non moinsefficace, insistant sur la malicia (la ruse).Point de jeu sans musique : le berimbau,arc musical, est l’instrument par excellencede la capoeira. Étonnamment rudimentaire,il développe, entre de bonnes mains,une multitude de rythmes. Il galvaniseles joueurs, donne le ton et les ordres :rentrer dans la roda, accélérer, ralentirou sortir du cercle. Les musiciens jouentdifférents toques (rythmes) en fonction descirconstances : le rythme Iuna est ainsiréservé aux maîtres et la cavalária étaitjouée autrefois lors des rencontres de ruespour avertir les participants de l’arrivée de lapolice montée. Agogo (cloches), atabaque(tambour), reco-reco (racloir) et battementsde main complètent cet univers sonore.Lacapoeira bénéficie depuis vingt ans d’unessor sans précédent et les académiesont fleuri de par le monde. Art de vivre etoutil didactique, elle fait partie de nombreuxprogrammes éducatifs, comme le montre leDVD Capoeira Angola du groupe Ypirangade Pastinha, à travers son travail dans lesquartiers défavorisés de Rio.DVD MESTRE BIMBA, a Capoeira Iluminada(Biscoito Fino/DG Diffusion)DVD « CAPOEIRA ANGOLA »Centro Ypiranga de Pastinha (Hélico/AbeilleMusique)Capoeira Angola from Salvador BrazilGrupo de Capoeira Angola Pelourinho(Smithsonian Folkways)Curso de Capoeira Regional Mestre Bimba(Dam Music)> www.capoeira-france.com2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


20 - mondomix.com - ATLASCarnet de route mongolneuf heures de bus et de fabuleux paysages traversés,nous arrivons dans un joli camp de yourtes,authentiques et confortables.Le 25 août débute une résidence de huit joursdans un vieux théâtre aux lignes très soviétiques.Belle surprise: des yourtes installées autour decelui-ci servent de lieux de création. Quelquesjours seront nécessaires pour sentir les affinités,entrevoir les complicités et développer les créativités…Mélanger accordéon, voix diphoniques,zabumba, violon à tête de cheval, guitare, beatbox, harpe plate, est parfois compliqué… Dansle théâtre, un studio d’enregistrement est aménagé– la scène sert de cabine – afin de pouvoirgraver ces rencontres sur un disque à paraîtrebientôt.Musiques de l’exil,de la steppe, des montagnesDans les steppes mongoles,l’instrument le plus en usageest le violon à deux ou quatrecordes, accompagné par letambour. Comme les Tibétains,les chanteurs mongols lesplus accomplis sont capablesde produire plusieurs notesà la fois, pratique spécifiqueà cette région du monde.Parmi les chanteuses les plusremarquables, NamdiziliinNorovbanzad, précurseur dela sauvegarde des formestraditionnelles, et SainkhoNamtchylak, ouverte à toutesles expérimentations. Yat Khaet Huun-Huur Tu, groupesoriginaires de Touva, au nordde la Mongolie, reflètent unetradition vocale similaire,comme Okna Tsahan Zam,maître du chant diphonique.(Extrait du parcours "Musiquesd'Asie Continentale"Petit Atlas des musiques dumonde, Cité de la Musique -<strong>Mondomix</strong> - Panama)// FESTIVAL HOS AYASTexte et photographies Alain ArsacL’association « Les Champs de l’Homme »organisait en Mongolie le festival Hos Ayasdu 23 août au 6 septembre 2008. AlainArsac, moitié du duo provençal Fatched’Eux, était du voyage. Il nous livre soncarnet de route.Objectif du projet : provoquer un dialoguecréatif entre groupes français (La MalCoiffée, Fisto, PHM, Sam et Fred des Ogresde Barback) et formations mongoles (AltanUrag, Altaï Khangaï, Nomadic Winds, McMo et Snep). N’hésitons pas à saluer l’effortfinancier considérable de l’association quia pris en charge le transport, la nourritureet l’hébergement pour les artistes et les bénévoles(billet d’avion exclu pour ces derniers).Arrivée à Oulan-Bator le 23 août : conférencede presse en présence des radios ettélés nationales. Première soirée, premièresvodkas…24 août: départ vers Kharkhorin, anciennecapitale fondée par Genghis Khan. Après1er septembre à Kharkhorin : premier concertet immense succès populaire, devant une sallepleine à craquer! Les Mongols prennent un évidentplaisir à venir voir et écouter ces échangeset ces musiques si différentes. Au final, pas tantque cela ! PHM et Fisto se fondent avec une facilitédéconcertante aux mélodies et chants traditionnelsd’Altaï Khangaï et des Nomadic Winds.Le beat-box des deux Marseillais impressionneun public sidéré ! Leur travail avec MC Mo etSnep est singulier. Flows français et mongols semélangent et détonnent, au gré d’une très bellerencontre. Sam, Fred et la Mal Coiffée séduisentpar leurs chants colorés et leurs mélodies populaires.Ils jouent avec tous les artistes mongols,et offrent au public de superbes moments musicaux,légers, intenses, généreux et fraternels! Leur rencontre avec Altan Urag est une vraiemerveille. De l’avis général, les Mongols sont trèscurieux, attentifs et… enflammés ! L’équipe dufestival a atteint son but: créer un spectacle gratuit,populaire, et de qualité !Retour à Oulan-Bator le 3, et concert au UBPalace le 4 : malgré les problèmes d’organisationliés aux « spécificités » locales, la capitale mongoleréserve un accueil fervent aux artistes.Dernier concert le lendemain à Zunraja (nord dela Mongolie), avec la même réussite !De retour à Oulan-Bator la veille du départ, lesmusiciens jouent dans un orphelinat. Le publicprésent apprécie ce moment aussi rarequ’émouvant. Une conclusion magique, touchanteet réussie à l’événement…LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez un reportage audio à partir du 26 nov.Site webwww.leschampsdelhomme.comn°<strong>31</strong> nov/dec 2008


22 - mondomix.com 6 e continent rencontreDes hommes DEBOUT// Danyel Waro et A FilettaCorse/Ile de la RéunionTexte Benjamin MiNiMuM Photographie Benjamin MiNiMuMS’il y avait une rencontre que l’on n’attendait pas,c’est bien celle du chamane du maloya réunionnaisDanyel Waro avec les enchanteurs polyphoniquescorses d’A Filetta. La fougue de l’un semblaitincompatible avec le chant introspectif des autres.Pourtant, leurs musiques insulaires ont entamé,aux Rencontres Polyphoniques de Calvi (septembre2008), un dialogue inédit qui pourrait bien êtrel’évènement majeur de la prochaine éditiond’Africolor.Rencontre avec Danyel Waro et Jean-Claude Acquaviva, chef dechœur d’A Filetta au lendemain de leur première représentationpublique.B.M. : Chacun enraciné dans votre culture propre, sur desîles éloignées mais attachées au même hexagone, tous deuxmusiciens liés à des traditions fortes, avez-vous ressenti desparallèles dans vos façons de travailler, de penser et de vousengager ?J-C.A. : Dans toutes les collaborations que nous avons eues avecd’autres musiciens, il y a toujours des choses positives et très fortes. Jeretiens du travail avec Danyel le plaisir inégalé que nous avons éprouvésur scène ! J’avais l’impression d’être vraiment libéré, je n’avais pas lesentiment d’être en concert, ce qui ne m’était jamais arrivé en trenteans! C’est quand même fort de chanter avec quelqu’un qui arrive àte faire oublier que tu es devant un public. Il y avait une jubilationextraordinaire à être ensemble. Tout ça a des origines : d’abord, desparentés de vue, sur le plan de l’amour du verbe, de notre vision dela musique, mais aussi de l’homme et du monde en général. Le faitque nous soyons des insulaires nous donne à la fois un sentimentde puissance et d’enfermement. On a l’impression de régner sur unterritoire défini, bien délimité mais, en même temps, on est écraséspar le fait que, quel que soitle chemin que l’on emprunte,on arrive toujours à la mer.Pour nous, elle est un peula fin du territoire. Ce sontdes notions que l’on retrouvedans notre façon d’être, dansnotre musique. Quelqu’unnous faisait remarquer hierqu’au-delà de la danse, desrythmes et de leur fougue,on sentait aussi, danscertains chants, des réalitésdouloureuses liées à unehistoire, à des données quiont marqué les habitants dela Réunion et de la Corse. Cequi vraiment nous rapproche,c’est notre engagement fort,qui ne se conçoit que dansun rapport respectueuxà l’autre. Bien que l’onrevendique haut et fort notreréunionnité ou notre corsité,que l’on réclame haut et fortde pouvoir parler notre langueet chanter notre musique, çane peut pas se faire en excluant l’autre, en devenant haineux, même àl’encontre de celui qui nous refuse ces droits. Cette façon de penserla relation à l’autre nous est commune, ce qui explique que l’on se soitbien entendu. Pendant notre semaine de travail, on ne voulait pas segêner réciproquement, ni donner l’impression de venir déranger unéquilibre. Dans ce respect mutuel, la rencontre prend une dimensionparticulière. C’est plus une façon de se sentir les uns les autres, qu’unproblème purement esthétique ou musical, finalement au secondplan.Daniel Waro (à gauche) et A FilettaDW : Les choses mûrissent peu à peu, on prend du temps pourdevenir ce que l’on est, c’est une évolution. Au fur et à mesure, oncomprend que ce que l’on veut, c’est de l’amour et de la liberté.Ça ne peut pas se faire sur le dos des autres. Il faut que l’on soittoujours respectueux de nous-mêmes et ça passe obligatoirementpar le respect de tous les autres. Je le conçois comme ça. Il faut quej’avance, que la forme soit aussi le fond, que la fin soit aussi le moyen.Pour moi, il n’y a pas une fin noble qui justifierait des moyens tortueux,incompatibles ou paradoxaux. Il y a des difficultés, des contradictionsà vivre mais les moyens, c’est de la vie. II n’y a pas de fins, il n’y a pasde moyens, c’est la mêmes chose, il faut que ça tourne… C’est uncomportement, une manière d’avancer que je retrouve avec A Filetta.Je dis souvent à mes musiciens qui sont plus jeunes et s’enfermentencore parfois dans des rages, qu’il faut abandonner la colère ; je lesguide à ma façon en parlant de mon expérience. Qu’est ce qui estimportant, essentiel ? C’est le combat pour la vie, pour remplir sa vieet faire son chemin à sa juste place sans dominer, ni être dominé. Voicima façon de voir : être debout.LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez une vidéo à partir du 26 nov.Site webwww.africolor.comDehors...en concertWaro-A Filetta le 7/12 au Nouveau Théâtre de Montreuil pour AfricolorÀ écouterDANYEL WARO, "Grin n syè" (Cobalt/Harmonia Mundi) (2006)A FILETTA, "Bracanà" (Deda/ Harmonia Mundi)n°<strong>31</strong> Nov/dec 2008


portrait AFRIQUE mondomix.com - 23A l’image de sa présence scénique, on ne peut pas arrêter Bongalorsqu’il parle de son pays, étoiles dans les yeux et trémolos danssa voix chaude. Il habite pourtant entre Lisbonne et Paris depuisune trentaine d’années. Son parcours n’en reste pas moinsredoutablement cohérent : « J’ai commencé ma carrière dans lacontestation au Portugal, puis en Angola. Mais le peuple perd toujoursau final. L’Angola possède des richesses incroyables. On peut enfinbâtir en paix un pays qui nous appartient. On aspire à être heureux.Aujourd’hui, il existe une autre vie pour les Angolais, sans qu’ilsappartiennent à tel ou tel parti. Je ne veux pas faire de politique. Jesuis trop vrai dans ce que j’exprime.»QUARTIERSd’AngolaLorsqu’il signe chez Lusafric en 2000, son disque aux accents deréconciliation nationale Mulemba Xangola annonce symboliquementla fin de ce conflit. Cette nouvelle phase de l’Angola moderne,indépendant depuis 1975 et en paix depuis 2002, passe par une vitalitéremarquable de la scène locale. C’est dans les quartiers de Luandaqu’émergent les artistes angolais les plus importants. Bonga sait d’oùil vient et rend hommage au lieu de sa naissance en 1943 dans sonnouvel album Bairro (« quartier ») : « Un quartier résiste toujours auxépreuves. On y trouve une joie de vivre et une expérience fortes. Cettenotion permet de comprendre l’angolanité. Ma musique s’adresseavant tout au peuple auquel j’essaye de donner le maximum. Bairroinvite au rassemblement. Le chant et l’expression culturelle, élémentsvitaux de l’identité africaine, passent évidemment par les quartierspopulaires».Cet ancrage demeure d’ailleurs l’une des forces du semba (style"J’essaye surtout de préserver lestyle instrumental et les chants desdifférentes régions d’Angola."// BONGA ANGOLATexte Florent Mazzoleni Photographie DRLe nouvel album de la star angolaise Bongamarque un retour officiel dans son pays, aprèsdes années de tourments et de concerts semiclandestins.Son semba y résonne aujourd’hui àciel ouvert.La carrure imposante, cintré dans un costume pied-de-poule,Bonga est en forme olympique cet après-midi d’août 2008. Il vientde rencontrer le président angolais Dos Santos le matin-même.Longtemps interdites par le régime, ses venues à Luanda sontdésormais des événements nationaux. Le président ne s’y trompepas : recevoir Bonga fera la « une » de la presse. Véritable institutionde l’africanité, chez lui comme à l’étranger, Bonga est toujours restélibre de pressions. A l’heure où le pays connaît la plus forte croissancemondiale, avec des pics de 25% par an, il demeure alerte par rapportaux évolutions de son pays. Sans forfanterie, il déclare : « Ma venue enAngola représente toujours un poids énorme. Les salles sont remplieset je suis désormais mieux payé ici qu’à l’étranger. J’ai enfin rencontréle président. On a parlé. Les autorités savent que j’ai du caractère.Même lorsque j’étais interdit de séjour, j’y venais chanter, sans peur.Je les défiais. C’était ma conscience qui répondait librement à mesenvies d’artiste. Je surveille toujours ce qui se passe dans mon pays.Je crois qu’aujourd’hui, il ne faut plus critiquer. Il faut rencontrer toutle monde, président comme opposition. Nous ne sommes plus dansune phase de destruction, mais de construction. »propre à Luanda, l’une des bases du samba brésilien) dont Bongademeure l’ambassadeur. « J’exprime toujours mon amour profonddu semba. L’intérieur du pays m’inspire pour les paroles. J’essayesurtout de préserver le style instrumental et les chants des différentesrégions d’Angola. Je fais des émules : le jeune Yuri da Cunha* défendla tradition du semba. Cet « héritier » se manifeste conformément àmes souhaits. J’aime sa façon d’être : respectueux du passé ».Trois ans après Maiorais, Bonga s’élève donc une nouvelle fois audessusdes frontières, musicales et géographiques. Cosmopolite,dansant et porteur d’une revendication identitaire forte, Bairro assoitla stature de Bonga comme patriarche de la musique angolaise etchantre d’une africanité sublimée, aux semelles de vent.*Grande vedette populaire encore inconnue ici, Da Cunha vientd’enregistrer une magnifique chanson hommage à Bonga.LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez des reportagesDehors...en concertBONGA le 29/11 à Villepinte pour AfricolorÀ écouterBONGA, "Bairro" (Lusafrica/SonyBMG)2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


24 - mondomix.com europe traditionENVOL Napolitain// Neapolis Ensemble ItalieTexte Nadia Aci Photographie Benjamin MiNiMuMBenedetto Croce, philosophe et historien de la findu XIX e siècle, décrivait déjà Naples comme « unparadis habité par des diables ». A l’ombre du chaosprintanier, rendez-vous est pris avec le NeapolisEnsemble, dans l’antre de Ciro Costabile, producteurdu groupe, sur le Corso Umberto I. Autour d’unetable garnie, nous échangeons nos points de vue surles merveilles et les décadences qui font de la citéle fruit juteux et amer de leur inspiration.Il y a cinq ans, assis à une terrasse de café, Ciro Costabile entend lavoix d’une chanteuse au timbre puissant et sans artifices ; il s’éprendde sa vitalité. Maria Marone connaît bien le public de la rue. Elle jouedepuis quinze ans, accompagnée d’une mandoline et d’une guitare,la « posteggia napoletana », un répertoire traditionnel qui parcourt lesrestaurants et les fêtes de mariage. L’âme du Neapolis Ensemble atrouvé son sourire.VILLE MEURTRIEAprès un premier album et de nombreuses tournées internationales, legroupe revient avec un nouvel opus fort d’une atemporalité qui contebien les séismes de son héritage vésuvien. « On s’inspire du répertoiremusical traditionnel de la région en y insufflant notre regard surl’actualité, explique Ciro. C’est intéressant de traiter de sujets brûlantsà l’aide de textes ancestraux. » Le thème du moment serait plutôt lacorruption et ses dérives. En ce mois de mai 2008, Berlusconi vote undécret qui prévoit l’ouverture de dix nouvelles décharges pour tenterde remédier à la crise sanitaire qui sévit en Campanie. Mais la gestionillicite et catastrophique des déchets est une tare qui touche larégion depuis une quinzaine d’années : il faudrait alors plus que cetengagement de surface pour contrôler les normes de sécurité de cescarrières et éviter d’intoxiquer la population et la planète. Epicentresde ce problème complexe, les intérêts financiers, mafieux, industrielset politiques masquent depuis trop longtemps les risques réels pour lasanté publique. Une véritable révolte populaire a donc éclaté.De tous temps, Naples a ainsi étéconvoitée mais damnée, et lesmouvements sociaux à travers lesévènements de la vie politique sontun leitmotiv cher au Neapolis Ensemble: « Napoli (2006) avait pourthème l’Unité italienne. Le nouveaudisque (Palumella, petit papillon) meten scène des « animaux volants »qui ont longtemps été porteurs demessages de liberté à travers deschants révolutionnaires. Ce patrimoinesonore, composé entre leXVII e et le XIX e siècles, emprunte lescouleurs de l’Amour et de la Résistance.»L’HÉRITAGEDans la même veine que ce premieralbum, les auteurs et les œuvres quiont inspiré Palumella traversent lesépoques, du classique Riturnella àl’émouvant Viento de Pino Daniele,d’une réadaptation de la Tarantelladel Gargano par Enzo Gragnaniello(« ‘Stu criato ») à l’ironique Tarantelladel cacare composée par le célèbreethnomusicologue Roberto De Simone. Dramaturge et précurseurdes recherches sur le folklore musical de la région, ce dernier resteune figure incontournable dont Ciro, comme tant d’autres, revendiquela filiation : « J’ai commencé ma carrière avec lui, j’ai été son agent.Il n’a pas reçu les hommages qu’il mérite. Notre travail est un échode son enseignement. » Celui d’une mémoire régionale qui, plus quejamais, veut combattre la disparition de ses dialectes, les pillages et labanalisation dont elle est victime.Pour illustrer ce panorama complexe, Ciro sollicite le photographeSergio Riccio pour la pochette de Palumella. L’image souligne bience contraste entre décrépitude et avenir : une petite fille souriante estassise sur les escaliers d’une église délabrée. Le visuel autant que latraduction des textes sont, selon Ciro, primordiaux pour exporter unrépertoire. Maria Marone, fidèle à sa spontanéité, se fie aux réactionsdu public qu’elle accueille avec la sensibilité d’une artiste du quotidien: « Lorsque l’on joue à l’étranger, l’unique filtre pour parler denotre culture, c’est la musique. Les spectateurs reçoivent l’essencede ce que l’on veut transmettre. C’est une période très dure pourNaples, je devrais sans doute partir moi aussi, mais le germe de notretravail vient de notre terre, donc je dois la respirer. Notre projetest une contribution infime mais essentielle à l’amélioration de notreterritoire. On veut faire résonner la beauté de Naples. L’auditoire doitla sentir sur ma peau. »LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez un reportage audio à partir du 12 nov.Dehors... en concertLe 6 novembre à La Roche-sur-Yon, le 7 à Compiègne, le 17 à Paris(Théâtre de l'Athénée, le 19 à Aubusson, le 21 à Saint-Louis, le 26 àSaint-Jean-d'Angély et le 27 à LimogesÀ écouterNEAPOLIS ENSEMBLE, "Palumella" (Musicaetcetera/Harmonia Mundi)n°<strong>31</strong> nov/dec 2008


occitan EUROPE mondomix.com - 25// Moussu Te lei Jovents FranceTexte SquaalyPhotographie Jules DromignyPuisqu’il faut rendre à César cequi est à César, abandonnonsle bar de la Marine sur leVieux-Port de Marseille pourl’O’Central, un estaminet de laCiotat qui fait face, lui aussi,à la grande bleue. C’est là,dans la douce chaleur d’unaprès-midi de septembre, queMoussu T et ses Jovents (Bluet Zerbino) nous ont donné unenouvelle leçon d’arithmétiqueen revisitant la célèbre règledes quatre tiers.La règle desquatre TIERS« Moussu T e lei Jovents, c’est quatretiers », explique presque sérieux Tatou alias Moussu T devantun café bien noir. « En studio, on est quatre : Blu aux guitares,banjo, viole ciotadine ; Zerbino à la batterie, au washboard etaux percussions ; Jam da Silva aux percus et au berimbau et moiaux cougourdons (calebasses niçoises) et au bronzinaire (kazooprovençal en roseau). Le hic, c’est que Jam est brésilien et qu’iln’existe pas de convention entre la France et le Brésil, qu’il lui fautun visa et qu’en plus, son destin n’est pas forcément de devenirmusicien brésilien en France », précise le Ciotadin qui, pour tousles fans de sound-systems solaires, est l’un des fondateurs duMassilia. « Mais il est bien là dans le décor ! », ajoute-t-il regardantau loin, au-delà de l’horizon.MUSICIENS DU QUOTIDIENC’est donc à trois, en terrasse comme sur scène, que nos Ciotadinsprésentent Home Sweet Home, leur troisième album studio etquatrième référence si l’on comptabilise Inventé à La Ciotat, doublecd-dvd paru l’an passé. « Rien n’a changé », confie-t-il. « Les influencesmajeures (les opérettes marseillaises et les musiques noires des annéestrente, les rythmes des Caraïbes ou du Brésil) sont toujours là et notreposture, celle de musiciens du quotidien, est intacte. Quand je chanteMa rue n’est pas longue, elle n’est effectivement pas longue, tu peuxaller vérifier, elle est juste là. Mais cette rue toute petite donne sur lamer, donc sur le monde et comme la terre est ronde, forcément onrevient par l’autre bout ! » C’est aussi ça, Home Sweet Home : unesavante dialectique entre l’intime, la maison, le local et le vaste monde.Par exemple, au cœur de Labour Song, une chanson de travailleursen anglais, Moussu T a choisi de traduire l’idée de « week-end » parson équivalent occitan « dimenchada », « beaucoup plus précis quen’importe quelle expression française ».L’ESSENTIEL EST DANS L’ÉPUREQu’elle revendique le reggae ou les musiques traditionnelles commeporte d’entrée, cette triplette en bleu de Marseille aime à décortiquer lamusique pour en tirer le nectar, « comme un mécano qu’on démonte» précise Blu. « Nos morceaux, quand on les travaille guitare-voix, ontla pompe du reggae. Seulement, plutôt que de céder aux charmesdu riddim, on se débarrasse de la basse pour lui préférer le son d’unecontrebasse ou d’un soubassophone. On épure, on retire là où avanton aurait ajouté. Cela fait quatre ans que l‘on joue ensemble. La scènenous a beaucoup apporté. On est un groupe de rue. »BANJO« Groupe de rue », Moussu T e lei Jovents ne se contentent pasde l’affirmer. Sur plusieurs titres perce le son du banjo, instrumentemblématique – à la fois rythmique et mélodique – de cette musique.« Banjo, c’est aussi le titre d’un roman de Claude McKay (1) , unJamaïcain qui, à la fin des années vingt, a brossé le portrait d’uneMarseille cosmopolite, d’une Marseille qui a su alors, dans sesmusiques, accueillir le blues, le jazz ou les influences créoles »,commente-t-il, avant d’étayer son propos : « L’orchestre qui jouait lesarrangements de Vincent Scotto s’appelait « Le Jazz Marseillais ». Lapetoulette, un nouveau pas venu d’Amérique, fit à l‘époque dansertous les Marseillais ! » Cette connaissance du passé est selon lui « unpied-de-nez à tout ce qui a été écrit sur la ville dans les années quatrevingt.Ça permet de comprendre la place qu’a Marseille dans le hip-hopou le ragga aujourd’hui. A l’heure de Marseille capitale européenne dela culture, nos élus feraient bien de ne pas oublier», clame-t-il. Cetterécente nomination les fait d’ailleurs sourire. « Nous, ça fait longtempsqu’on est persuadés que Marseille est capitale ! »(1)Banjo, roman de Claude McKay publié aux Editions André Dimanche,est aujourd’hui au cœur d’un hommage en préparation à ce poète etécrivain jamaïcain, dont l’œuvre est désormais rattachée à l’histoirede Marseille, à la mémoire collective de la cité. Un témoignage dereconnaissance auquel participent Moussu T e lei Jovents.LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez des reportagesDehors... en concertle 13 novembre à La Bellevilloise - ParisÀ écouterMOUSSU T E LEI JOVENTS , "Home Sweet Home"(Le Chant du Monde/Harmonia Mundi)2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


26 - mondomix.com Afrique INSTRUMENTLA LANGUE CABRIn’a pas tout dit// Menwar Ile MauriceTexte Philippe Krümm Photographie D.R.Le séga et sa percussion emblématique— la ravanne — ont conquis les îles du Sud-Ouestde l’océan Indien par les mains et les voix desesclaves. Aujourd’hui Menwar s’impose commel’emblématique ségatier de Maurice, mais latradition est fragile. À l’occasion de la sortie chezOcora d’un disque dédié à la ravanne et réalisé parFrançoise Degeorges, notre regard se porte sur unstyle en danger.HISTOIRESur l’île Maurice, les esclaves venus d’Afrique et de Madagascardès le XXVII e siècle se sont au fil des ans forgés une nouvelle identitéde déracinés. Les chants et les danses, les rythmes de l’Afrique del’Ouest se sont confrontés, faisant émerger une nouvelle musique : leséga. Il découle des rythmes nés de la pratique de la ravanne, grand« tambourin » (50 à 90 cm) en peau de chèvre, du maravanne (sortede boîte contenant des graines séchées) et du triangle, instruments quicomposent le trio indestructible du «séga ravanne» mauricien.Rapidement, les rythmes et les danses pratiqués par les esclaves, puispar le « petit peuple » deviennent insupportables aux chastes oreillesde l’Eglise et des autorités de l’époque. Le séga est donc interdit. ÀMaurice, dans les années cinquante, Ti Frère sera le révélateur dustyle. Ironie de l’histoire : il fut fréquemment invité par les grandspropriétaires à venir jouer son séga et faire résonner ses ravannes lorsde grandes fêtes privées.Le séga se modernise avec l’apport de l’accordéon, des violons,du banjo puis avec l’arrivée des instruments électriques. Il devientalors un véritable phénomène commercial dans l’île, et la base de lamusique populaire.Durant toutes ses évolutions, la ravanne est toujours restée au sein desdifférentes formations. De grands anciens, comme Fanfan, MarclaineAntoine, Ton Georges ou Michel Legris, ont maintenu la tradition.MENWARAujourd’hui, le flambeau semble repris par Menwar avec ses qualitésde percussionniste et sa volonté de transmettre, particulièrement auxjeunes des banlieues dont il est issu. Aujourd’hui, peu d’écoles depercussions traditionnelles fonctionnent. L’une a été fraîchement crééeà Cité Vallejee par les « batteurs » Kurwin et Kirty qui accompagnentMenwar. Avec talent, ce dernier ramène le séga vers ses origines.Né en 1955 à Cassis, l’un des « quartiers » de Port-Louis, la capitalede l’île Maurice, Stéphano Honoré alias Menwar (« main noire »)découvre la musique très jeune en se fabriquant de petits instrumentsà cordes ou des percussions et en pratiquant le chant dans deschorales catholiques ou protestantes.Sous le nom de Lelou, il enregistre quatre quarante-cinq tours produitsà Madagascar sur le label Green Turtle. C’est le début d’un richeparcours musical vissé sur la tradition. Sa musique trop enracinée nelui permet pas de vivre de son art à Maurice : il s’exile et passe, dès1985, par l’île de la Réunion où il côtoie Danyel Waro, Ziskakan et tousles tenants du maloya. Dans cette quête, il séjourne même deux ans àMarseille et à Paris. On l’entend alors dans une compilation contre lesida produite par Martin Meissonnier aux côtés de Lokua Kanza, PapaWemba, Ray Lema, Cheb Mami. En 1996, il rentre sur son île. Il créele groupe Megaravanne, constitué uniquement de percussionnistes.A ce moment-là, prenant conscience du manque de traditions et dela disparition des anciens ségatiers, il imagine une école qui voit sesprémices dans la banlieue de Port-Louis.Il édite ensuite une méthode, un livre et une cassette sur la ravanne.Avec le groupe Sagaï et l’album Ay ay Lolo sur le label français Marabi,il reçoit le début d’une reconnaissance internationale. Le travail quilui tient le plus à cœur, la transmission et la révélation du séga et dela ravanne auprès des jeunes, peut enfin commencer. La « languecabri » comme disaient les anciens (la peau de la ravanne est enchèvre), a encore beaucoup de choses à dire.« Il faudrait créer des écoles, enseigner aux jeunescette musique, en être fier, mettre notre cultureen valeur. » Menwar en est sûr : la ravanne est uninstrument unique et contemporain. « Au départ,tu joues simplement, tu ne cherches ni paroles nimélodies. Après c’est la ravanne qui chante et lamélodie est là, avec les paroles… »LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez des reportagesÀ écouterILE MAURICE, "Tambour ravanne" (Ocora/harmonia Mundi)n°<strong>31</strong> nov/dec 2008


eggae AFRIQUE mondomix.com - 27// Marcel Salem SénégalTexte et photographie SquaalyAuteur, compositeur et interprète sénégalaispartagé entre son pays et la France, MarcelSalem signe Africa Vigilance, un deuxième albumlargement influencé par le son roots jamaïcain.Mais ne vous y fiez pas : cet ancien boxeur qui aconvié le virtuose de la kora Djeli Moussa Diawaraà le rejoindre en studio est capable de décrocher,sur fond de riddims apaisés, quelques crochetsmusicaux typiquement mandingues.Débarqué en pleine nuit et accueilli par un Marcel Salem souriantqui s’excuse comme s’il était directement responsable de la panned’électricité qui prive le quartier de jus – « un sport national ! » ditil–, le premier contact avec la terre sénégalaise est certes jovial,mais particulièrement obscur. Heureusement, le lendemain, le jourpointera, laissant apercevoir un Marcel qui ne s’est pas départide son convivial sourire. Pourtant, sa vie n’a rien de l’imposantetranquillité du baobab. Il naît Marcel Cissé, mais son père, uncultivateur à Montrolland en pays Sérère, le surnomme Salem. « Ilm’appelait ainsi quand on n’était que tous les deux, parce qu’il avaitvu l’amour et la paix que j’avais sur moi », explique-t-il. Le reste dela famille l’appelle plutôt « Liguatchao » (le muet). « A 5 ans, je neparlais toujours pas, c’est pourquoi mon père n’a pas insisté pourque j’aille à l’école. » Galérien, sans réel souci, Marcel qui a depuisapprivoisé les mots, rejoint Dakar où il découvre la boxe. « J’aivécu dans la peau d’un boxeur professionnel durant une dizained’années, remportant 28 combats sur 32.» C’est durant ce séjourdans la capitale, qu’il s’ouvre à la musique.JEHSUS RASTAFARI ALLAH SÉLASSIÉ IAprès quelques années de rodage, Carroy 44, un premier opus,est enregistré en 2003 à Paris sous la houlette de Michel Lorentz,producteur que l’on retrouve sur ces treize nouveaux titres. Plusaffirmé que la première livraison, l’album Africa Vigilance allie riddimroots dans la lignée des grands maîtres jamaïcains et sonoritésdes talkin’drums ou des koras de l’ouest africain. Pour lui, « BobMarley, Peter Tosh, les Wailers et de nombreux autres ont marquéune grande époque, une révolution musicale. Aujourd’hui, c’est uneautre génération donc forcément, on a d’autres Jah », explique MarcelSalem qui, s’il est attaché au son roots du reggae, n’en est pasmoins catholique pratiquant. « Chez les Sérères, mon ethnie, Dieu estappelé Copé. Mais c’est le même, que tu dises Jésus, Allah ou Jah »,explique-t-il. « Les dreads que nous portons ici ont plus à voir avec latradition mouride (une confrérie soufie fondée au XX e siècle par CheikhAmadou Bamba) qu’avec les pratiques capillaires des rastas. »DU REGGAE AVEC DES VRAIS BOUTS D’AFRIQUE DEDANS.C’est sans conteste ces bouts d’Afrique qui chatouillent agréablement,à la première écoute, l’oreille du fan de reggae. Marcel et sesmusiciens – une véritable formation sur ce deuxième opus, aveccuivres, chœurs, tama et kora – ont su trouver la nuance juste, le pointde jonction, l’accord entre ses deux continents musicaux. Si la formeest équilibrée, le propos n’en est pas moins précis. « Marcel est unReggaeEN BROUSSErural. Il a des préoccupations de villageois, de villageois sérère qui plusest. Dans un pays où la diversité linguistique est de mise, qu’il ait aussichoisi de chanter en français et en wolof ce deuxième album (pourl’instant un cas unique dans l’univers reggae sénégalais), souligne sonenvie d’aller vers ses concitoyens. S’il n’est pas de ceux à s’attaqueraux responsables politiques, il n’hésite pas à alimenter la réflexion surla condition des femmes, sur les mariages forcés, l’excision ou l’avenirde l’Afrique », explique Mohamed Lô, journaliste à Icône Magazine.« Ce qui est passé est passé », clame le chanteur. « On ne pourrapas réécrire l’histoire. Aujourd’hui, mieux vaut penser à construireune Afrique indépendante, qui va de l’avant et façonner une sociétéoriginale aux croisements des religions chrétiennes, musulmanes etanimistes. »LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez des reportagesÀ écouterMARCEL SALEM, "Africa Vigilance" (Socadisc)2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


28 - mondomix.com Afrique AFRobeat(…) La vie est un combat quotidien pour la justice et la vérité. On nepeut qu’adhérer à ce postulat, même si certains n’ont pas le couragede leurs opinions » (You Better Ask Yourself).Avec des arrangements efficaces comme jamais au service de parolesengagées, ce nouveau diamant noir a déjà séduit les chanteusesCamille et Julia Sarr, qui assurent les chœurs sur Day By Day. « Il n’y apas de “guests” sur l’album, ce sont tous des “amis”». Ils sont passéspar le studio, Sodi leur a fait écouter des maquettes, ils ont aimé etils ont travaillé dessus. Le guitariste Sébastien Martel, que je connaisdepuis 1995, a toujours été partant pour mes projets. » Keziah Jones,qui gratte son swing sur Tell me et Dem Funny, est venu au studio surl’invitation de Sodi. « Il a adoré ! Il a pris sa guitare et il a commencé àjouer ! ». La voix pugnace de Femi va droit au but, dénonçant la foliede Lagos dans Demo Crazy, la corruption dans Tell Me et rendanthommage à ses mentors (John Coltrane, Billie Holiday, son père…)dans Do You Know. Lignes de basses entêtantes, orgues hurlantes,guitares excitées et cuivres agressifs se joignent à cette protestationcontre la mainmise des politiciens corrompus, les inégalités socialeset le mépris sous toutes ses formes.« Femi Kuti fait une musique nouvelle et passionnanteau Nigeria. Bien sûr, j'ai beaucoup plus de disques deson père, Fela. Femi est franc et intelligent et il est, luimême,un formidable chanteur-auteur-compositeur. »Wim WendersLe combatQUOTIDIEN// Femi kuti NigeriaTexte Fabien Maisonneuve Photographie Fabien MaisonneuveQuatre ans après son Live at the Shrine, FemiKuti ravive la flamme afrobeat avec Day By Day,nouvelle diatribe contre l’injustice. Rencontre avecle fils ainé du Black President.Jouant aux côtés de son père dès son plus jeune âge, Femi formetrès vite son propre groupe, le Positive Force. Shoki Shoki (Barclay,1998), premier succès international, et les albums suivants brillentd’un afrobeat métissé, aux incursions jazz, soul et hip hop. Enregistréà Paris par Sodi, son producteur et complice depuis quinze ans, Dayby Day sonne comme une renaissance, une relecture mélodiqueet rythmique de l’afrobeat. C'est un voyage intérieur, un concentréd'émotions amassées par l'artiste au fil des années. « J’ai beaucoupévolué en dix ans. Ceux qui ont suivi ma carrière entendront ladifférence et apprécieront cette maturité. » Si la musique a mûri,enchaînant des instrumentations singulières, le message, lui, resteimmuable : « Politiquement, économiquement, socialement, cetalbum parle de ma lutte, avant tout intérieure, pour devenir meilleur.Si l’influence de Fela est évidemment palpable, Femi hausse la voixquand on parle d’héritage : « Je ne veux pas vivre dans l’ombre de monpère. J’espère que les gens aiment ma musique pour ce qu’elle est,non pour ce à quoi elle ressemble. Si mon fils décide d’être musicien,j’apprécierai son propre talent, je le respecterai pour l’homme qu’ildeviendra ». Pour l’instant, le jeune Made Kuti, qui joue du sax altosur tout l’album, n’accompagne son père que pendant les vacances :priorité à l’école ! Quand au frère, Seun Kuti, de vingt ans son cadet :« Je le laisse jouer dans mon club mais mon travail et mes projets sontà des lieux de ce que son management lui fait faire ». Pas de duo Kutià l’horizon, donc, « peut-être quand il le décidera par lui-même ».Le Shrine (le club fondé par Fela, détruit par la police et reconstruit parFemi en 2000) pâtit de nombreuses tentatives d’intimidation, dont ladernière en décembre 2007. Au fil des ans, de nouveaux musiciensremplacent ceux qui ne supportent plus la vie au Nigeria. « Ils nerestent pas pour se battre ; ils ne comprennent pas la musique. »Mais Femi ne se décourage pas. « La police a fait fuir beaucoup declients. Mais j’ai un nouveau slogan : “Le Shrine est un lieu pour leshommes qui se battent pour leurs convictions. Si tu n’es pas prêt, tun’as rien à faire ici”. Même si les gens ne viennent plus, je n’aurai pasperdu le combat. Car je serai encore là. Quand l’injustice et la violencevous touchent personnellement, vous ne pouvez pas abandonner.J’ai toujours su que ce serait difficile. Mais je continuerai de jouer.C’est ce que je fais de mieux. » Comme le suggère la chanson titrede l’album, jour après jour, nuit après nuit, Femi œuvre et prie pour lapaix. Inlassablement.LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez l'interview audio à partir du 5 nov.Dehors...en concert7nov. à Créon, le 8 à Ris-Orangis, le 11 à Mulhouse, le 12 à Paris, le 13à Lyon, le 16 à Toulouse, le 18 à Dijon, le 19 à Florange, le 21 à Nice, le22 à Marseille.À écouterFEMI KUTI, "Day By Day" (Label Maison/Pias)n°<strong>31</strong> nov/dec 2008


interview AFRIQUE mondomix.com - 29Enfant de laDIASPORAlieu de faire un album trop proche du hip-hop, j’allais le réorienter versun art plus acoustique. Certains morceaux sont nés sur scène, Du rizet des armes par exemple, que j’ai composé pour Africa wants to befree, première compilation de l'association Survie. La musique existait,mais la version qu’on entend sur l'album est née du live.n A propos de Survie justement : tu as participé aux compilationsde l’association qui dénonce la Françafrique. Une action qui anourri ton côté militant ?Survie est l’une des rares associations qui effectue un travail defond en ce qui concerne l'Afrique. Issu de la diaspora, je suis arrivéen France à onze ans. Quand tu commences àsortir de l’adolescence, tu regardes tes référencesculturelles et tu te tournes à nouveau vers l'Afrique.Je cherchais alors les causes qui font qu’aujourd’huije suis ici devant toi et non là-bas. Survie m’a fournides réponses, comme la lecture de Françafrique*de François-Xavier Verschave. (ndlr : fondateur del’association)n As-tu joué en Afrique ?Oui, à Bamako, en 2005, au contre-sommetFrançafrique. Quand j’ai chanté Du riz et des armes,les gens réagissaient avant la fin du premier couplet :jamais je n’ai senti une relation aussi électrique ! Ily’a un écho, ce qui signifie qu’il y a une attente de lajeunesse africaine, systématiquement déçue par lespolitiques. Ça rompt avec l’image d’une générationqui fuit…// Apkass RDC CongoTexte Isadora Dartial Photographies D.RApkass quitte Kinshasa pour la France à l’âgede onze ans. Dans En marchant vers le soleil,il raconte son Afrique: un premier disque dontchaque piste empruntée par le musicien nousmène vers la Terre-Mère.Celui que l’on a connu au sein du collectif de poésie « Chant d’Encre »,dans ses soirées « Un Café chez Apkass » au Divan du Monde et,de façon moins confidentielle, sur les compilations de l’associationSurvie et le documentaire Fangafrika sur la jeune scène hip-hopd’Afrique de l’Ouest, nous raconte ses premiers pas solo et dévoileses inspirations.n Quand s’est imposée l’idée d’un album ?Il faut remonter à 2004. C’est là que j’ai commencé à me structurer. Ala base, je voulais réaliser un album-concept de huit titres qui reposaitsur Mbiya kitoko et Afrique, les deux morceaux fondateurs du disque.Là d’où je suis, par exemple, est une déclinaison d’Afrique, idem pourMbiya kitoko qui devient, avec un autre arrangement, Plus qu’un nom,un poème. Musicalement, au début, c’était très hip-hop. Le contactavec le public a fait évoluer le style.n En quoi la scène a-t-elle alimenté l’album ?Sur les planches, j’ai pu travailler avec des musiciens. L’apport dusaxophone, des percussions et d’instruments traditionnels comme len’goni et le n’tama m’ont fait repenser le projet. Je me suis dit qu’aun Dans En marchant vers le soleil, tu convoquestes référents à tes côtés. Sont-ils seulementpolitiques et littéraires ?Les figures musicales sont conviées également,comme celle de Gil Scott-Heron. J’ai découvertson premier album Small Talk at 125th and Lenox où le type te parlependant une heure en spoken-word avec deux percussionnistes.Ca m’a bluffé ! Imagine ! En 1969 ! Il inventait une autre manière des'exprimer. L’autre figure, c’est David Mandessi Diop. En découvrantson recueil Coups de pilon, j’ai évolué dans ma manière d'écrire. Çam’a libéré de la contrainte de la rime. Il écrit des mots simples, tout enexprimant des réalités très acerbes.n Autre filiation : la tête du politicien Thomas Sankara apparaîtà tes côtés sur la pochette du disque…Lumumba et Sankara constituent des figures politiques importantes.Evoquer la mémoire de ces hommes permet de rappeler des voies,pas de célébrer des noms. Je convoque celles qu'ils ont tracées maisqui malheureusement, n’ont pu être menées jusqu’au bout. Ils ontdonné une direction qu’un jour ou l'autre, nous suivrons tous. Quandtu parles de Sankara, tu penses à sa phrase, slogan fondateur de l’altermondialisme : « Consommons ce que nous produisons, et produisonsce que nous consommons ». Le concept était précurseur…LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez des reportagesDehors...en concertle 20 nov. à AngersÀ écouterAPKASS, "En marchant vers le soleil " (Basofone/anticraft)À lire*LA FRANÇAFRIQUE : Le plus long scandale de la République,François-Xavier Verschave (Stock/2003)2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


30 - mondomix.com 6 e continent créationaccompagnée du groupe L’Hijâz’Car, convoquait les Cavaliers del’Aurès – bruits des sabots, poussière, écume – pour une cavalcadeimaginaire, transcendait des statues devenues de chair, pétrifiaitl’auditoire d’un indivisible souffle. Une légende et un répertoirebrûlants, portés par une « Janis Joplin » à la force tellurique ; et parcequ’elle pleurait, nous pleurions aussi.RÊVES D’ENFANCEL’alchimie échappe aux artistes et les sublime, lorsqu’une puissancedivine traverse leurs corps réceptacles. Elle émane surtout d’unpertinent travail, tissé de respect et de bonheur, de joie, de regardsqui, portés sur l’autre, ne relèguent pas, pour autant, leur proprelumière. Ainsi de la vision d’Houria qui ressort des vestiges du tempset de la mémoire collective la figure des hommes de sa culture, conviele jeu subtil, discret, puissant entre le cavalier et la dame, ressuscite laséduction opérée par la gestuelle, la poésie et le cheval. Ce fantasme quila poursuit depuis la naissance, cet éblouissement éveillé s’imposentsur sa route. Le rêve ne vaut que s’il est partagé : l’artiste réclame unmusicien qui l’accueille, l’emmène hors des musées, sur les cheminsséculaires de la modernité ; une âme sœur pour passer l’imaginaire,sans trahir. L’inspiration visionnaire de la directrice artistique MartinaA. Catella suggère la tête de L’Hijâz’Car, Grégory Dargent, pour parerle chant d’arrangements somptueux.CHIMÈREaurésienneAlgerie / FranceTexte Anne-Laure LemancelPhotographie Benjamin MiNiMuMUNION SACRÉEDoué d’une simplicité honnête, d’une humilité qui voit la musiquecomme « compagne à vivre» et non comme « autel sacralisé », lejeune homme reçoit les collectes sonores amassées par la sociologueHouria ; il en comprend l’utopie et l’enjeu engagé, avec une intelligencehumaine, précise et généreuse : « Je ne saurais être mercenaire ; jem’implique dans la musique que j’écris. Innocent des Aurès, je mecontentais de la voix d’Houria, me laissais guider par son ressenti, etcherchais à transmettre une tradition au travers de ses yeux, mêlésà ma perception. » « J’étais très émue de voir le regard émerveilléde Grégory, d’y lire un étonnement total », répond en échos Houria.« Mon rêve l’avait touché ; il retrouvait la part de mon paradisd’enfant. J’imagine qu’il possède l’énergie et la puissance desgens enracinés, comme mes cavaliers ». Interprétation frontaleet sensible, donc : lorsqu’elle reçoit les arrangements, la surprisese hisse à la hauteur d’une attente candide et confiante, quand lasuccession des répétions apporte son lot d’émois ensoleillés. Undialogue à trois voix s’instaure alors entre la chanteuse, le groupe etMartina, un échange qui apprivoise Houria au sein des garçons, recadredes rythmes parfois incohérents, freine Grégory dans ses envoléessolitaires, concilie écriture, tradition vécue, et compréhension destextes : une approche de l’autre dans l’intimité et l’amour, perceptibledéjà dans l’harmonie de L’Hijâz’Car, dont chaque membre trouve sonexcellente et juste place. « L’énergie s’additionne sur scène lorsquel’on s’aime », souligne Grégory «Le son de groupe provient de cetteaffection, présente à chaque instant du jeu. Nous repoussons toujoursles limites de l’émotion. »Voici donc les bras solides qui portent la chimère d’Houria, à lafois dame et cavaliers, puissance masculine du cheval, fronde, etdélicatesse féminine. Une fusion magique, portée par leur charismerespectif, qui laisse, au-delà de la musicalité, éclore l’humanité et labeauté. A travers les protagonistes, la réalité devenue « rêve » vibre ets’écoule : universelle.La musique, ou l’apparition de prodiges : ceux qui accréditent unequête de sens, un envol loin des matériels pour palper le mystère,susciter la mémoire et l’avenir, cristalliser une émotion vive. Un miracleeut lieu un soir d’été arlésien au musée d’art antique. Par-delà lespierres modelées de souvenirs, la chanteuse algérienne Houria Aïchi,LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez des reportagesÀ écouterHOURIA AÏCHI ET L’HIJÂZ’CAR, "Les Cavaliers de l’Aurès " (Accords Croisés)n°<strong>31</strong> nov/dec 2008


Création 6 e continent - mondomix.com - <strong>31</strong>JAZZNomade// Sig FranceTexte Fabien MaisonneuvePhotographie DRRéalisateur, scénariste,compositeur, photographe:Sig répond à toutes cesdéfinitions. En témoignent seslongs métrages, véritablessymphonies visuelles etsonores, vagabondagesurbains (Louise (take 2), 1998)ou intérieurs (Sansa, 2003).Rencontre avec un poètevoyageur.La sortie du triple album Free CinematicSessions est née d’une volonté de donner uneplus grande place à la musique. « Après avoirpassé beaucoup de temps sur des films, il étaittemps de faire du live, comme tout musicien.Avec Kus et Stalk, on a monté un trio et donnéplusieurs concerts. » Violoncelliste, pianiste,percussionniste, le travail musical de Sig neconnaît pas d’autres partitions que celles dela liberté, de l’improvisation et de l’éphémère.« Je vois la création scénique comme unetoile que l’on peint à plusieurs. L’idée desFree Cinematic Sessions, c’était de faireuniquement de la musique improvisée,spontanée. Ça demande énormément detravail. » La collaboration avec des amisde longue date a rapidement fait naître delongues sessions d’échanges musicaux.« Les trois albums n’ont pas été pensésensemble mais ils ont été créés à la mêmepériode. Un peu comme trois films dotésd’ambiances différentes, trois voyages àentreprendre séparément. » Si Hip BlueSession est assez sombre et urbain, un hiphop abstrait né de la fusion du violoncellede Sig, du beatbox de Kus (MarkusRuchmann) et du saxophone de Stalk(Christophe Turchi), Elegia Session tire plusvers le jazz grâce à la trompette aérienned’Erik Truffaz. Cameleon Session, avec leflûtiste Chris Hayward, se pare d’accentsorientaux et flirte avec la transe. « AvecKus, on a beaucoup travaillé ensemble.Je connais Stalk depuis des années, onest collés ensemble harmoniquement.Avec Erik, c’est pareil. Les sessions sontévidentes. On n’a pas besoin de se parler,on joue, tout simplement. » Emergent alorsdes dizaines d’heures de bande dont ilfaut ensuite sélectionner le meilleur. « Lessessions sont totalement libres, il n’y aaucune composition. J’organise ensuite lemontage pour donner du sens en jouantsur les mouvements. » L’artiste insiste surl’absence totale d’ordinateurs sur scène.« 80% du son vient du violoncelle. Celadonne une touche assez unique. C’estvraiment une sensation organique demusiciens. »Avec une culture classique, une approcheliée au jazz et non aux musiquesélectroniques, Sig se sent plus proche desmusiques d’Inde et d’Asie, aux sonoritésrépétitives et transcendantales. « Toutest dans les espaces, dans l’attente. »Ses musiques voyagent, véritablement,et résonnent des innombrables samplescaptés de par le monde. « Il y a beaucoupd’enregistrements d’atmosphères: le métrode Tokyo, une chanteuse thaïlandaise, desoiseaux au Maroc… Jouer avec les sons,les mixer avec un solo de sax, et voici unautre climax qui naît ! » Arpentant les scènesde par le monde depuis plus de deux ans,le trio Sig-Kus-Stalk invite régulièrement desartistes locaux dans un esprit de partage etd’improvisation. « Je donne ce que je viset sais faire, proche de mes battements decœur. Je donne ma musique comme ellecoule dans mes veines. »LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez un reportage audio à partir du12 nov.À écouterSIG, "Free Cinematic Sessions " (Makasound/Pias)2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


estereofonico50 ANS


34 - mondomix.com DOSSIER BOSSA NOVATom Jobim et Vinicius de MoraesLA VAGUEéternelle// BOSSA NOVA BrésilTexte Dominique DreyfusPhotographie D.R.Voilà la bossa nova toute « nouvelle » comme ladésigne son nom, qui fête ses cinquante ans. Etl’événement qui, pour tout autre genre musicalbrésilien, se contenterait du Brésil intra-muros,franchit les frontières du pays et fait souffler desbougies un peu partout dans le monde occidental,preuve de son universalité.Mais la bossa nova existe-t-elle toujours ? Du mouvement circonstancielet mûrement réfléchi qui balaya, de ses théories et manifestes, toutsur son passage (samba traditionnelle, forro nordestin, musiquesde carnaval…), de son absolue domination sur le paysage musicalbrésilien entre 1958 et 1964, il ne reste rien. La star a vieilli, d’autresengouements ont pris sa place sous les feux de la rampe. On auraitpu la croire à la retraite. En fait, elle s’est discrètement faite éternelleet planétaire. Ayant « fait école », elle est devenue un style musical,un tempo appartenant au domaine public, une sorte de patrimoinede l’humanité. Comme le rock, comme le jazz, comme la musiqueclassique. A ce titre, elle est partout : au détour d’une reprise deZazie (Les eaux de mars), du dernier succès d’Henri Salvador (Jardind’hiver). Elle se niche dans le répertoire de Jun Miyake au Japon, danscelui de Stéphane Belmondo en France en passant par les musiquesde Quincy Jones aux USA. Un brin techno chez Bebel Gilberto,relookée rap par Marcelo D2, évoquée par Georges Moustaki. Sanscesse recréée par les successives générations de Brésiliens : ViniciusCantuaria, Marcio Faraco, Aline de Lima, Joyce, Maria Rita … outelle qu’en elle-même avec les papis du genre, Carlinhos Lyra ouRoberto Menescal, toujours de service. Et plus généralement dans lesharmonies des compositions les plus diverses, dans les syncopes desguitaristes, dans le beat des batteurs, dans le répertoire des chanteursde toutes origines, de toutes nationalités.Ainsi, pas plus que son contemporain le rock’n roll, la bossa nova n’estmorte. Curieusement, à leur naissance, ces deux quinqua formellementantagoniques provoquèrent le même choc : l’exubérant, iconoclaste,adolescent Rock around the clock de Bill Haley and his Comets en1955 et l’adulte, minimaliste, tout en retenue et sophistication Chegade saudade de João Gilberto furent, l’un et l’autre, révolutionnaires etnovateurs à leur sortie. Mais si le rock « résultait de liens longtempsclandestins, traditionnellement tissés aux Etat-Unis entre Noirs etBlancs de condition modeste » (Michka Assayas in Dictionnaire duRock) la bossa nova résultait de la relecture par des Blancs issus declasses plutôt aisées et cultivées, de ce que la musique brésilienneavait de plus emblématique : la samba.Car la bossa nova, qui signifie littéralement « nouvelle manière», n’estrien d’autre qu’une façon différente d’interpréter la samba traditionnellenée au début du XX e siècle, dans les quartiers pauvres de Rio. Et quidit « pauvre » en ces temps si proches de l’abolition de l’esclavage(1888), dit majoritairement « noir ». Transfuge du rythme des tamboursvaudous, la samba désacralisa le chant rituel, le sortant du huis closn°<strong>31</strong> nov/dec 2008


BOSSA NOVA DOSSIER mondomix.com - 35religieux, pour en faire l’expression identitaire d’une communautéécartée par la société blanche. Marginale, la samba le resta jusqu’à lafin des années vingt, quand une première génération de compositeursissus de la petite bourgeoisie, donc blancs, mais un peu bohèmesquand même, s’y intéresse. Dans ce mélange de genres – humains– la samba prit alors ses marques et s’affirma « rythme national »patenté. Main dans la main, les sambistes dessinèrent les contoursd’une épopée musicale qui n’a jamais cessé de se diversifier : sambade roda, samba de carnaval, samba de breque, samba enredo, sambacanção, samba-choro, pagode, samba-reggae, samba-funk, sambarocket, bien sûr, bossa nova…Malgré sa richesse, la samba n’a jamais réussi à se défaire de son imagede cliché exotique, suscitant le plus souvent la curiosité goguenarde desétrangers. Seule la bossa nova, avec ses « nouvelles manières », a franchiles limites du pays pour conquérir une reconnaissance planétaire.et de bécarres sous influence revendiquée de Debussy, Ravel, Bach,Gershwin, Cole Porter… ), par les mélodies du bonheur de Viniciusde Moraes et le chant murmuré d’Astrud Gilberto (femme de…)devenue chanteuse parce qu’il n’était pas nécessaire de l’être dansla bossa nova (ce qui a permis aux auteurs/compositeurs de devenirleurs propres interprètes), jazzmen et crooners yankees adoptèrentla bossa nova. Stan Getz, Gerry Mulligan, Frank Sinatra, HerbieMan, Charlie Byrd, Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald – pour n’en citerque quelques-uns – s’en firent à partir de 1960, les interprètes ensolo ou en duo avec les pères du genre, Antônio Carlos Jobim (aliasTom Jobim) et João Gilberto notamment, dans des albums devenussouvent cultes… Et propulsèrent ainsi la bossa nova sur le devant dela scène internationale.Il convient de noter que la France, pourtant toujours aux avant-postesde la découverte des musiques du monde – free-jazz, salsa, reggae,rap, rythmes d’Afrique, raï… – a commencé par louper le coche de labossa nova. Dédaignant le nouveau style dont le parolier Eddy Marnay,dès la fin des années cinquante, avait fait de nombreuses adaptationsrestées dans un tiroir, les maisons de disques lâchaient, dubitatives :« Ça ne marchera pas », alors qu’Orfeu Negro, film français de MarcelCamus, avait remporté en 1958 la Palme d’Or du festival de Cannes.Sa BO, signée Tom Jobim et Luiz Bonfa, portait en elle tous les signesavant-coureurs du renouveau de la samba. La France dut attendrePierre Barouh, grand découvreur de musiques devant l’Eternel,Georges Moustaki avec sa gueule mais surtout son goût de métèque,Claude Nougaro, amateur de qualité sans discrimination ou encorel’arrivée en France, en novembre 1963, d’un jeune guitariste génial,Baden Powell, pour sortir de son coma.Entre temps, un DJ nord-américain avait rapporté de ses vacancescariocas les nouveautés discographiques de la place qu’ildivulguait sur les radios US. Et un danseur people lançait dansles discothèques « la nouvelle danse brésilienne » dont il avait luimêmeélaboré la chorégraphie : bien obligé, la bossa nova n’ajamais été une danse ! Ce qui aurait pu n’être qu’un effet de mode,acquit cependant un autre statut grâce aux musiciens. Fascinés parle swing syncopé de João Gilberto (« J’essayais juste de reproduire lerythme du tambourin sur ma guitare »), par les harmonies incongruesde Tom Jobim (un déluge d’accords diminués, de bémols, de dièses2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


36- mondomix.com DOSSIER voyage// Voyage au centrede la bossa novaTexte Dominique DreyfusPhotographie Marc BenaïcheSi l’on part à Rio de Janeiropar une compagnie brésilienne,il y a toutes les chancespour que le voyage à traversla bossa commence dèsl’avion, à l’atterrissage, avecl’incontournable diffusion ducélèbre Samba do avião de TomJobim.Première étape du parcours en bossaland :le pèlerinage aux origines, à Copacabana,dans une petite impasse qui donne surla rue Duviviers et dont on ne sait plus levéritable nom. Surnommée dans les années1950, Beco das Garrafas (« l’impasse desBouteilles »), Beco das Garrafas elle estrestée. Le surnom lui fut acquis à la faveur desbouteilles vides que balançaient les habitantsdes immeubles environnants pour faire tairela bande de joyeux fêtards agglutinés devantle Ma Griffe, le Bacara, le Little Club et leBottle’s, tous situés dans l’impasse. DeSérgio Mendes à Baden Powell en passantpar Dom Um Romão, Airto Moreira, ChicoBatera, Elis Regina, Leny Andrade : tout legotha de la bossa a défilé sur les scènesexiguës de ces lieux mythiques.Puis l’ingratitude de l’histoire aidant, vint letemps du déclin puis de la fermeture. LuisCarlos Miele, un ex de la bossa, a reprisrécemment les destinées du Little Club et duBottle’s qui ne devraient pas tarder à rouvrirleurs portes. A surveiller donc.En attendant, on peut aller écouter de labossa ailleurs…Car, curieusement, si le genre a perdu sasuprématie, il reprend vie à mesure que sesmentors la perdent. Ainsi surgit à Ipanema,après la mort en 1980 de Vinicius de Moraes,Le Vinicius. Situé dans la rue portant le nomdu poète de la bossa nova, à quelquesencablures de l’ex-Veloso – rebaptisé LeGarota de Ipanema, car c’est dans ce bistrotfameux qu’est née la célèbre chanson –,le Vinicius programme les jeunes loups dugenre comme les pères fondateurs ayantsurvécu aux excès de whisky.Hommage encore à Vinicius de Moraes :dans la même rue, au 129, on se doit d’allerà la Toca do Vinicius. Dans cette librairespécialisée où l’on peut trouver tout sur labossa nova, livres, disques, magazines,dvds, affiches, le propriétaire, Carlos Alberto,aussi passionné qu’adorable, vous conseille,vous guide et vous fait visiter le muséeaménagé au premier étage, dans lequel ilorganise régulièrement des concerts.C’est Rue Adalberto Ferreira, 32 à Leblon,juste après Ipanema, que le Bar do Tom aouvert ses portes après la mort de TomJobim. Selon les jours, on peut y écouteraussi bien du jazz que du tango, du rockou de la samba. Mais la bossa nova y tientencore une place de choix.On peut aussi écouter de la bossa au MisturaFina, av. Rainha Elizabeth da Bélgica,à Ipanema, avec au choix happy-hoursmusicaux au bar ou concerts nocturnesdans la salle de spectacle.A Copacabana, rue Barata Ribeiro 502, leModern Sound, le plus grand magasin dedisques de la ville vous ouvre grand les bras.Une mine d’or. Jetez-y vous, mais attention !Tout y est absurdement cher. Dans le bar-sallede spectacle, on peut assister à des showscase.Plus informel : des musiciens installentsouvent leurs pénates le temps d’une soiréedans l’un des kiosques parsemés le longde la promenade qui longe la mer dans laZona Sul. Assis à une table ou carrémentsur la plage, sirotez une boisson en écoutantde la musique. Ambiance pur jus de bossaassurée !n°<strong>31</strong> nov/dec 2008


source DOSSIER mondomix.com - 37// En attendantla vagueC’est entendu : l’acte officiel de naissance de la bossa nova futsigné en juillet 1958 avec la sortie du 78 tours de João Gilbertoavec, sur la Face A, le classique Chega de Saudade signé ViniciusCantuária et Tom Jobim, et le Bim Bom de João Gilberto surl’autre. Pour autant, le style sensuel et chaloupé qui devait placerla musique brésilienne sur la carte du monde, n’est pas tombé duciel!Voici la théorie démontrée par le charmant double-cd Lesprécurseurs de la Bossa Nova 1948-1957 concocté et commentépar le musicologue Philippe Lesage pour Frémeaux & Associés.Au début des années cinquante, entre les cadences frénétiquesde la samba, les arrangements ampoulés du boléro ou les airsfolkloriques du baião nordestin, commencent à s'exprimer ici etlà des sentiments plus sophistiqués. Le swing jazz et le veloursdes crooners du riche voisin américain soufflent des idées auxinterprètes, aux compositeurs, aux paroliers brésiliens et, commepartout durant la période d'après guerre, la jeunesse rêve demodernité. Dick Farney s'inspire un peu de la diction de Nat KingCole, Johnny Alf chante des romances moins surannées quenombre de ses collègues.Surtout, Antonio Carlos Jobim compose déjà des mélodiesraffinées pour quelques chanteurs à succès (Lucio Alves, SilviaTelles, Claudia Morena, Doris Monteiro, Roberto Paiva). Parfois,Vinicius de Moraes en signe les vers et Luiz Bonfá les solos deguitare. On entend aussiles premières mélodiesde Dorival Caymmiet, dans un registrequi n'est pas encorele sien, les premiersenregistrements deJoão Gilberto datés de1952.En décembre 1957 lebahianiais et sa guitaredécalée ne restentpas longtemps enstudio pour les séancesde l'enregistrement de l'album Canção do Amor Demais. Lachanteuse Elizete Cardoso perturbée par son jeu, et peut-êtrepar le caractère notoirement difficile de Gilberto, préfère se passerde ses services. Découverte à seize ans par Jacob do Bandolim,fameux musicien de choro à qui l’on prête la formule « je n’aimepas la bossa nova, c’est une musique d’appartement », ElizeteCardoso goûte le succès depuis les années quarante. La paireJobim et Moraes forment alors un tandem recherché par lesinterprètes. Ils lui offrent treize morceaux inédits qu’elle chante avecson style coutumier, légèrement emphatique, accentuant les effetsdramatiques. Ce disque n’aurait pas changé la face du monde s’iln’avait été la préface d’une révolution. Quelques mois plus tardl’auteur, le compositeur et le guitariste congédié se retrouvent pourréenregistrer à leur façon une partie des chansons de Canção doAmor Demais, Outra vez et Chega de Saudade, titre emblématiquesur lequel João Gilberto devait imprimer son empreinte définitive,son éternelle couleur. B.M.À écouterLES PRÉCURSEURS DE LA BOSSA NOVA 1948-1957 (Frémeaux et associés)ELIZETE CARDOSO , "Canção do Amor Demais Biscoito"(Fino/DG Diffusion)2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


En couverture AMERIQUEs mondomix.com - 39FLEUVE Tranquille// Márcio Faraco brésilTexte Sandrine TeixidoPhotographies BanjeeAvec l’album Um Rio (un fleuve), Márcio Faracodonne une leçon de musique sous formed’hommage à la bossa nova. A sa manière :singulière et poétique.Rendre hommage à la bossa nova : voici un joli prétexte que MárcioFaraco n’a pas hésité à mettre en avant pour montrer ce qu’il devaitet ce qu’il ne devait pas jouer. Une leçon de musique qui commencepar un morceau à mille lieux du genre, car ce serait bien mal connaîtreMárcio que d’imaginer de sa part une interprétation littérale ! Kanoê,une ballade typique de son univers, raconte sur un air doux une véritablecatastrophe humaine : la disparition de l’ethnie du même nomdont il ne reste, à ce jour, qu’un frère et une sœur dans l’impossibilitéde faire perdurer la communauté.DE RIO À RIOLa bossa, c’est une ville et une seule, qui a cristallisé la naissanced’un style devenu propriété internationale : le Rio de Janeiro de la findes années 1950 jusqu’au milieu des années 1960. Mais dans la viede Márcio Faraco, il y a plusieurs Rio : Rio de Janeiro, ville d’adoption,Rio Grande do Sul où il est né, Rio Grande do Norte où il a vécu avecsa famille.La bossa, c’est une harmonie différente, capable de créer une syncopedissonante par l’inachèvement des phrases. Un exercice auquels’est livré Márcio en réarrangeant la célèbre chanson interprétéepar Edith Piaf A quoi ça sert l’amour. Par un petit effort que seul unBrésilien (ou un Henri Salvador) est susceptible de fournir, la musiquelui est apparue singulièrement ressemblante à un célèbre titre du genreintitulé So danço samba. Au lieu de finir chaque vers comme dansla version française, il a laissé la mélodie courir un peu plus loin danscette suspension aérienne caractéristique. Et voilà qu’après une petitetorsion harmonique, l’un des classiques de la variété hexagonalese transforme en une petite vague bien carioca.LA MAIN DROITE DE JOÃOEt puis il y a le monument, João Gilberto, que Márcio n’a cessé deréécouter pour la composition de ce disque : « Il fallait que je meconcentre de nouveau sur sa main droite. » Cinq doigts qui ont révolutionnéla musique, rien que ça ! Par quel prodige ? « Je peux donnerdes clés, mais je ne peux pas expliquer João Gilberto. » Disons, pourfaire simple, que l’immense artiste se joue du tempo : « Avec sonpouce droit, il joue une rythmique à priori stable, sauf qu’elle arriveà des moments qui ne sont jamais évidents. Et puis il y a la voix quichante la mélodie jouée à la guitare, mais là-encore, João Gilbertoattend le dernier moment pour l’entonner, ce qui donne l’impressionque l’air chanté et celui gratté naissent ensemble tout en étant encontretemps. »Mais cette musique, c’est aussi un son : celui des clubs de jazz oùelle s’est inventée dans la fumée de nuits sans sommeil. Ce son,Márcio Faraco et Philippe Baden Powell l’ont cherché partout à Rio deJaneiro jusqu’à tomber sur un studio vintage qui possédait le matérield’enregistrement des années 1950, un piano et des micros d’époque.Un travail titanesque pour retrouver cette atmosphère qui donne auxcompositions de l’album, pas toujours orthodoxes, une esthétique quinous ramène indéfectiblement au célèbre style musical.Si João Gilberto reste la référence ultime de tout guitariste, citons unautre artiste dont Márcio ne se lasse pas : Milton Nascimento, invitésur Um Rio. Fortement marqué par la bossa, personnage atypiquedans le paysage musical brésilien, ce dernier continue d’influencerdes générations de musiciens après lui. C’est de sa voix que toutprend forme : l’interprétation, la création, la composition ; une voixtravaillée en couches et surimpressions comme sur Cidade Miniatura,où les vocalises superposées peignent un paysage musical nouveau.Et comme chaque fois, Milton s’approprie la composition de l’autre,l’histoire d’un homme qui, comme lui, naît dans l’intérieur du pays.Revenu dans sa ville natale, il en avait gardé l’image de son enfance :une ville gigantesque, qui, aujourd’hui, lui paraît toute petiteLa bossa, ce sont aussi des noms mythiques comme celui de BadenPowell, fabuleux guitariste et compagnon musical du non moins légendaireparolier Vinicius de Moraes. C’est avec ses deux fils PhilippeBaden Powell au piano et Marcel Powell à la guitare, que MárcioFaraco se produira d’ailleurs pour l’hommage aux cinquante ans de labossa nova salle Pleyel. Lors de leur dernière rencontre, Baden Powella laissé à son fils Philippe Berceuse, une musique inachevée. MárcioFaraco en compose les paroles, imaginant ce qu’aurait dit un fils àson père s’il avait pu prévoir sa mort. Un beau cadeau mais surtout lanaissance d’une collaboration fructueuse.2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


40 - mondomix.com ameriques En couvertureMiltonET TOM// Milton NascimentoBrésilTexte Sandrine TeixidoPhotographie BanjeeComme la bossa nova, MiltonNascimento a été pour bon nombre demusiciens contemporains une sourcecontinue d’inspiration. Ce que l’onsait moins, ce sont les liens forts quil’unissent au style et particulièrement àTom Jobim. Une relation qui fait de Milton l’uniqueinterprète du maître.Il y a des destinées qui naissent au bout d’une allumette, commecelle de Milton Nascimento, jaillie en 1963 des flammes d’un bout depapier, une inscription en cursus d’économie, brûlée par deux amis(Milton et Marcio Borges, compagnons de toujours) au coin d’une rue,un « Clube da Esquina » (un club du coin de la rue) pérennisé quelquesannées plus tard avec la sortie de l’album Clube da Esquina (1972).L’endroit rassemble alors toute la génération émergente de la capitaledu Minas, Belo Horizonte, alors prolifique musicalement. « Rien de toutcela, mon truc, c’est la musique ! », s’est écrié le jeune homme noir dedix-huit ans. Il avait déjà fait une croix sur un rêve d’étoiles, des étudesd’astronomie envisagées à la suite de ses nuits d’enfance passéesaux côtés de son père à deviner le nom des déesses grecques quipeuplaient le ciel. Il s’apprêtait à remplacer la figure paternelle par cellede Miles Davis, et pourquoi pas celle de Dieu aussi, le roi noir du jazzne distillait-il pas un divin nectar?UNE VIEILLE COLLINE (MORRO VELHO)Sans le sou à São Paulo dans les années 1970, une ville qui déjà secaractérise par sa violence urbaine, Milton Nascimento joue dans desboites de jazz toutes plus sombres les unes que les autres, jusqu’àl’apparition d’une lueur en la personne d’Agostinho dos Santos,chanteur rendu célèbre par son interprétation des classiques du filmde Marcel Camus Orfeu Negro, palme d’or 1959. Ce dernier réussit àfaire enregistrer trois chansons à Milton Nascimento qui, malgré sonrefus initial, seront présentées au Festival International de Musiquede Rio de Janeiro. Milton est ainsi repéré en 1967 (prix du meilleurinterprète) et commence une carrière discographique avec Travessiapuis Courage.La même année, Milton Nascimento rencontre Tom Jobim parl’intermédiaire du même Agostinho dos Santos, qui depuis son arrivéeà Rio, s’entiche de le présenter à tout ce que compte de meilleur legotha musical. Au petit matin d’une nuit arrosée chez les Jobim, Miltonse souvient encore de Tom, s’élançant à sa poursuite sur l’asphalte,lui chantant les paroles de Morro Velho, une composition qui racontesa propre vie. Le chanteur garde encore intacts l’émerveillement et lasurprise que lui a procuré cet élan inédit, l’histoire d’un jeune hommevenu de la campagne et débarqué à la ville pour conquérir sa vie. Cejeune homme est fils de blanc et de noir, comme Milton, enfant noiradopté par des parents blancs.n°<strong>31</strong> nov/dec 2008


mondomix.com - 41L’ORAGE DANS L’AIRMais c’est avec Paulo Jobim, le fils de Tom, aujourd’hui l’un destrois musiciens du Trio Jobim aux côtés de Paulo Braga et du petitfilsDaniel Jobim, que Milton Nascimento se lie d’une amitié forteet indéfectible. C’est d’ailleurs avec Milton que Paulo jouera pourla première fois sur scène, lors de la tournée de l’album Geraisen 1976. Cette amitié conduira Milton à fréquenter la maison dumaître et à écouter les nouvelles compositions « toutes plus bellesles unes que les autres » selon l’artiste, qui raconte cependant queleur relation était relativement orageuse. Ainsi, dans les années1990, Tom Jobim invite Milton Nascimento à chanter l’une de sescompositions pour un concert qu’il prépare à Rio de Janeiro. Desrépétitions au domicile du compositeur sont nécessaires pour unemusique particulièrement ardue, aux paroles signées Chico Buarqueet Vinicius de Moraes. A un moment, Tom donne un coup violentqui interrompt le chant de Milton et crie : « ça ne va pas, cette notene peut pas être chantée comme cela et avec les arrangementsqui l’accompagnent, elle ne peut en aucun cas être modifiée ! »Surpris, puis blessé et en colère, Milton se défend, argumentantque son interprétation découle directement de la beauté des textesécrits par Chico Buarque et Vinicius de Moraes.La singularité de Milton Nascimento réside justement dans lechant qui l’a conduit insensiblement vers la composition. AvecMilton, l’art de l’interprétation s’étire jusqu’à ses propres limites, semétamorphosant en création d’une force incroyable. Tom Jobiml’a toujours su car, dès le lendemain, il recommence le même coupviolent mais cette fois, pour lui demander : « Milton, tu ne veuxpas enregistrer toutes mes musiques ? ». Jobim lui avait d’ailleursavoué qu’il était l’unique personne à pouvoir chanter ses œuvresdans le ton et de la manière qu’il souhaitait! Hélas, la maladiequi atteint bientôt Tom Jobim empêche ce projet de se réaliser.Lorsqu’il y a deux ans, le trio Jobim propose à Milton de se joindreà eux pour interpréter les compositions du maître, une évidencese réalise enfin : la bossa nova trouve un hommage à sa mesure,entre fidélité et liberté.LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez des reportagesDehors... en concertMILTON NASCIMENTO & BELMONDO QUINTET- le 29 novembre au théâtre Simone Signoretà Conflans-Sainte-HonorineMARCIO FARACO & MILTON NASCIMENTO- 5 novembre à la Salle Pleyel à Paris (75)- 25 novembre à Sete (34)MARCIO FARACO-5 decembre à l'Européen à Paris (75)À écouterMARCIO FARACO, "Un Rio" (Le Chant du Monde - Harmonia Mundi)MILTON NASCIMENTO / JOBIM TRIO, "Novas Bossas" (EMI)Site web de l'artistewww.marciofaraco.comhttp://www2.uol.com.br/miltonnascimento/2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


42 - mondomix.com ameriques traditionsur les pas des danses rituelles desIndiens, folkloriques du Portugal ou desalon de l’Europe du XIX e siècle. Elle faitsien l’héritage autochtone qui résonnedans le timbre traînant, haut perchéet égrillard des voix. Elle délaisse lepiano étudié depuis toujours, s’entoured’instruments traditionnels et se lancedans la pratique du violon « rebeca »,domaine privé des hommes. A l’arc deRenata Rosa, il faut ajouter la corded’un féminisme opiniâtre. De cetteplongée, naît en 2003 Zunido da Mata,son premier album, florilège de rythmesdu Nordeste, savamment bouturéspar la griffe de l’artiste. Cependant, siles semences de l’identité musicalebrésilienne viennent d’Europe, d’Afriqueet des Amérindiens, la part indigènedemeure vague et non identifiée.Renata Rosa décide d’aller voir sur leterrain : un vaste champ qui compte descentaines de communautés, d’ethnies,de villages.LA ROSEdes vents// Renata Rosa BrésilTexte Dominique Dreyfus Photographie Rocha MirandaEpaisse chevelure noire prise dans un turban,sourire éclatant, Renata Rosa, voix claire etjuvénile aux étonnants vibratos, tourbillonnegracile sur scène, et emplit l’espace de singulièressonorités venues des tréfonds de la tradition duNordeste brésilien.Renata Rosa est une musicienne dans une peau de musicologue, oule contraire, mue par une insatiable curiosité des sons, des rythmes,des chants qui ont germé dans la nuit des temps du Brésil. Tous cesbruits qui vibrent à la racine de ses racines, à l’origine de ses origines,à la source de ses ressources. Et elle sait combien sont riches etdiverses ces racines. Encore faut-il, pour les mettre en chanson, lesdéterrer.PREMIERS PÉTALESRenata Rosa est née et a grandi à São Paulo, dans le Bras, quartierdes Nordestins, où dès l’enfance, elle s’imprègne de leurs traditionsmusicales. En 2000, après des études de lettres et de musiqueà l’université de São Paulo et d’innombrables vacances dans leNordeste, elle décide d’y poser ses valises.Là, elle s’initie aux traditions du folklore régional, dont certainesremontent au moyen-âge français et vibrent indifféremment sous lesaccents envoûtants des tambours africains, lancinants des percussionsindigènes ou déjantés des fanfares balkaniques. Elle apprend le Côco,la Ciranda, les Toadas, le Forro, dont les chorégraphies se dessinentFLORAISONC’est chez les Kariri-Xocó, dans l’étatd’Alagoas, au bord du fleuve SãoFrancisco, qu’elle installe ses quartiersde fouineuse ès musique, à l’invitationde jeunes gens du village rencontrés àSão Paulo en 1991. Auprès du maîtrechanteur du village, le Pajé (chamane)Julio, elle apprend les rythmes, leschants polyphoniques, les structuresmusicales de cette ethnie, et pose surce terreau son engrais personnel.La recherche eut pu s’arrêter là. Lecinéma en a voulu autrement. Adaptant A Pedra do Reino, romanen vers d’Ariano Suassuna pour la télévision, Luiz Fernando Carvalhodonne le premier rôle féminin à Renata Rosa et lui confie la mise enmusique de certains passages du livre.La rencontre avec le texte de Suassuna plonge la compositricedans la part hispanique (et par ricochet, tsigane) et arabe du Brésil.Hispanique parce que longtemps, Espagne et Portugal se confondirenten une épineuse fusion. Arabe parce que la péninsule ibérique vécutdes siècles sous domination maure, s’imprégnant de la culturede l’envahisseur. Envahisseurs à leur tour, les Portugais semèrentl’empreinte arabo-andalouse sur le sol brésilien, où elle perdure defaçon plus sensible dans le Nordeste.Avec le magnifique Manto dos sonhos, son nouvel opus, Renata Rosapuise dans cet imbroglio d’origines et d’influences, éclaire de sa bellelumière le lien entre Brésil, péninsule ibérique, Europe de l’Est, Moyen-Orient et Afrique, nous fait voguer sur les méandres de cette histoirede racines, ramifications, terreau, eau, engrais, épines, senteurs. Unehistoire de Rose, en somme…LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez des reportagesDehors... en concertle 28 oct. à Orleans, le 29 Délémont, les 30 et <strong>31</strong> à Yverdon-les-BainsÀ écouterRENATA ROSA, "Manto dos sonhos" (Outro Brasil - L'Autre Distribution)n°<strong>31</strong> nov/dec 2008


44 - mondomix.com 6 e continent créationJaponaisMIX-BRIDE// Jun MiyakeJapon / France / BrésilTexte Anne-Laure Lemancel Photographie Jean-Paul GoudeAvec Stolen from strangers, le compositeuret trompettiste japonais Jun Miyake livre uneœuvre extraordinaire : un disque incroyablede minutie, d’ampleur et d’originalité, unalbum-concept autour de la mémoire et del’ « étranger ». Incontournable.Quel point commun relie Arto Lindsay, Lisa Papineau,Vinicius Cantuaria, Dhafer Youssef, Sanseverino, RémyKolpa Kopoul, Arthur H, Jean-Paul Goude et les chœursde Bulgarie? A priori aucun, si ce n’est l’incroyable talentd’un japonais iconoclaste qui convie, sur une mêmegalette, cet ahurissant casting!LE THÉÂTRE DES MÉMOIRES PERDUESDe la pop moirée d’électro, de la bossa nova saucenippone, une chanson orchestrée jusqu’au cinémamuet : le trompettiste, pianiste, producteur et compositeurJun Miyake incarne, assimile, signe un art prodigieux,dérobé aux étrangers. Vol, clin d’œil, honneur ? Le pirate gourmet,artiste esthète, refuse de lever le voile sur la poésie prophétique de LisaPapineau, qui donne le titre et le ton: « I will wrap you/in memories/stolenfrom strangers » (« Je t’envelopperai/dans les mémoires/volées desétrangers). La tentation de se laisser séduire, surprendre, détrousser,avec un plaisir charnel : le fil rouge remonte l’étrange, l’inconnu etl’excitante sensation d’éprouver le décalage. A l’origine d’une longuegestation (cinq ans), Jun projette d’écrire une musique destinée à unhypothétique « Théâtre des mémoires perdues », fantasmé d’aprèsBlade Runner, film de Ridley Scott, où les « androïdes » (« replicants »)évoluent sans mémoire. La science-fiction rejoint une expérience pluspersonnelle qui pousse Jun à creuser le phénomène : « A Tokyo, lestremblements de terre forcent la destruction, tous les vingt ou trenteans, de bâtiments, bars, théâtres, lieux de ma mémoire, envolée aveceux. Où ? J’ai rêvé d’un endroit, où nous pourrions récupérer nossouvenirs enfuis ». Loin, toutefois, de constituer le reflet d’une mémoireunique, le disque amasse les bribes historiques de ces étrangers d’unjour, les artistes conviés. Puis la vie fait son œuvre, et l’œuvre sa vie :elle emprunte d’inattendus chemins de traverse, s’éloigne du conceptoriginel pour redessiner les contours d’un séduisant road-movie. Peutêtreparce que l’existence de Jun, toujours en mouvement, a stoppésa course depuis une sédentarisation parisienne il y a deux ans?LA FIN DES ILLUSIONSAvant d’écrire les premières notes, Jun Miyake réunit sa sélectiond’artiste, les formes qu’il souhaite épouser, les amis qu’il rejoint au gréd’une musique anthropophage, humour et tendresse en prime: ArtoLindsay, idéal collaborateur d’un précédent opus Innocent Bossa InThe Mirror, Arthur H croisé au Japon il y a treize ans, Lisa Papineauprésentée par son éditeur… Un jour, une humeur, une atmosphère àlaquelle répond un chanteur: Jun Miyake s’offre ainsi, insaisissable,inclassable. Il leur envoie la musique, arrangements et mélodies,leur laisse le choix du thème, évoque une vague mémoire, celled’un étranger, habillé sur mesure…Sa construction parfaite provientde connaissances musicales inépuisables, nées d’une heureusedésillusion : « Trompettiste, je ne jouais que du jazz, jusqu’au comebackde Miles Davis en 1983 où j’ai perçu la mort du style : ce grandgénie n’était plus capable de m’étonner, plagiant ce qu’il faisait dix ansauparavant, sans innovation. Je me suis alors mis à écouter de tout,avec frénésie : rap, classique, musique brésilienne… » Pour autant,Jun ne revendique aucune idole vivante, mais affirme avoir puisé saforce créatrice dans l’exercice de compositeur pour la publicité (plusde trois cent jingles à son actif) : « Dans les années quatre-vingt, havreéconomique, je jouissais d’une entière liberté, une sorte de labo payé,qui m’a permis d’expérimenter les combinaisons musicales les plusaudacieuses. » Clin d’œil à ce passé et à cet univers plastique : lelivret de l’album se pare des illustrations précieuses du légendairepublicitaire et photographe français Jean-Paul Goude, qui a marquél'imaginaire de cette époque.De ses collaborations et expérimentations, de son génie pourl’arrangement résulte donc un art unique et affirmé, lumineux, dematière vive et de couleur, l’œuvre d’un architecte au goût raffiné.Stolen from strangers s’impose comme une cathédrale, où le moindredétail participe à l’équilibre, une histoire dont le moindre mot ne sauraitêtre retiré, un disque à écouter à l’infini et à « offrir en cadeau aux gensque l’on aime ». Une plénitude ronde, qui chemine, sans aléas maisenveloppée de mystère, vers le temps retrouvé.LIENSÀ écouterJUN MIYAKE, "Stolen from strangers" (Yellow Bird / harmonia mundi)Site web de l'artistewww.junmiyake.comn°<strong>31</strong> NOV/dec 2008


interview 6 e continent mondomix.com - 45Wim WendersL’ŒIL du club// Wim Wenders Allemagne// BUEna vista social club CubaTexte Benjamin MiNiMuMPhotographie DRDix ans après la déferlante Buena Vista SocialClub et la sortie du film que leur a consacré WimWenders, sort l’intégrale du concert au CarnegieHall qui apparaît dans le long métrage. Leréalisateur allemand se souvient avec émotion deces supers héros de la musique cubaine.n Lorsque vous avez tourné le film du Buena Vista, était-cevotre premier voyage à Cuba ?Je n’y avais jamais été auparavant ! Alors bien sûr, j’avais certainesidées sur la façon de filmer, mais une fois là-bas, tout ceci est tombérapidement à l’eau. Avec le directeur de la photographie Jörg, etl’opérateur steadycam, nous avons travaillé au jour le jour, découvrantau fur et à mesure les lieux et les endroits.n Etait-ce différent de ce à quoi vous vous attendiez ?Quand Ry m’a fait écouter un mix brut sur cassette, du temps s’était déjàécoulé depuis l’enregistrement initial. Il m’a dit qu’il pouvait y retournermais je n’avais pas d’autres moyens pour préparer le tournage quede regarder quelques livres de photos de la Havane et apprendre unpeu l’histoire de Cuba. De toute façon, vous ne trouveriez pas grandchosede plus en Amérique. Cuba a été rayé de la carte. Et puis Rym’a appelé un jour et m’a dit : « on y retourne la semaine prochaine,tu veux vraiment venir ? » J’avais juste une semaine pour rassemblerune équipe et trouver un peu d’argent pour financer ce tournage àla Havane. Alors pour répondre à votre question : je n’en savais pasassez pour avoir de véritables attentes.n Qu’est-ce qui vous a le plus surpris?Peut-être la façon dont l’histoire est apparue : elle différait de lafabrication « classique » d’un documentaire. Rubén, Compay, Pío,Omara et Eliades devenaient chaque jour davantage des personnagesde fiction. Lorsque nous sommes finalement arrivés à New York, c’étaitcomme si nous avions en réalité raconté une histoire et que nousavions terminé un cycle narratif.n Quel est votre principal souvenir du tournage ?A la fin de Silencio, pendant le concert d’Amsterdam, Omara acommencé à pleurer et, très gentiment, Ibrahim a essuyé ses larmes.Pour moi, ce moment résume tout le projet.n Le moment le plus drôle ?Rubén sur l’Empire State Buildingn Le plus difficile?Parfois, l’électricité n’était pas très constante. Et faire manger l’équipen’était pas simple car la nourriture reste un triste problème pour lescubainsn Parmi les différents musiciens cubains, quels sont ceux quivous ont le plus attirés ?Grâce à la nature atypique de ce tournage, j’ai pu passer un peu detemps avec tous les personnages principaux. Ibrahim était le rêve detout cinéaste, comme si vous ne pouviez pas inventer personnage plusintéressant. Rubén était si drôle. Ry l'a décrit comme un croisemententre Félix le chat et Thelonious Monk, ce qui était vrai. A travers mesyeux, Pío ressemblait à Groucho Marx et j'adorerais faire un film avecOmara dans une région imaginaire. Je suis sûr qu'elle serait formidable.Compay était tellement « plus grand que la vie », du haut de ses 90ans, son infinie énergie et son incroyable maîtrise de soi…n Si vous pouviez le refaire avec tous les protagonistes vivants,changeriez-vous quelque chose ?Au-delà du « simple documentaire de musique », une histoire beaucoupplus grande est apparue pendant que nous tournions. Nous étions enréalité témoins d'une sorte de formidable conte de fées en train de seproduire devant nos yeux. Nous avions une chance inouïe d'être là aubon moment, au bon endroit. L’ascension vers la gloire mondiale parces musiciens clochards était une histoire profondément émouvante.Et, pour une fois, c’était VRAI! Je ris toujours quand je vois cette lignesous un titre de film : « D’après une Histoire Vraie ». C'est d'habitudeune expression qui se contredit d’elle-même ! Mais pas dans notrecas. C'est la raison principale du succès de BVSC. Et bien sûr, Cubaavait été retirée de l'ordre du jour mondial pendant une longue période.Le pays méritait donc cette attention!Bien qu'il puisse y avoir quelques bricoles techniques que je voudraischanger, je pense que la voie organique par laquelle ce projet est apparuest quelque chose que vous ne pouvez pas vraiment orchestrer. Peutêtreque cela n’arrive qu’une seule fois dans une vie.n Autour de quelle musique aimeriez vous travaillez maintenant ?Je veux vraiment faire un film au Mali, avec la musique d’Afriqueoccidentale!Voir p 50 "Dis moi ce que tu ecoutes"2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


electro EUROPE mondomix.com - 47MARIAGE arrangé// Caravan Palace FranceTexte Patrick LabessePhotographie D.R.Le swing manouche comme on ne l’a jamais entendu !Des couleurs sonores électro, une mue radicaleprovoquée par une poignée de petits Françaismalins et fins musiciens.Ils s’appellent Caravan Palace et sortent unpremier album qui, franchement, décoiffe.Ne leur dites surtout pas qu’ils sont au swing jazz ce qu’est GotanProject au tango, comme vous auriez pu le lire quelque part. Ils veulentêtre uniques et se méfient à juste titre des analogies. Et c’est un fait :ils sont assez uniques en leur genre !Leur mixture de swing mijoté aux effets électro sonne sacrémentdélurée dans le paysage. Violon, clarinette, contrebasse, guitare ettrombone, scratches, voix, programmations, samples divers et variéstournicotent dans un bain d’effets électroniques sans jamais s’y enliser.Souvent d’une réjouissante tonicité, cette partie de plaisir musical s’estd’abord tricotée à trois.RENCONTRESAux avant-postes de l’aventure, il y avait donc Hugues au violon,Arnaud à la guitare et Carlos à la contrebasse. Trois gaillards avecchacun des parcours différents mais les mêmes intérêts musicaux : lejazz manouche, mais aussi les sons urbains. Dans les bars et quelquesmariages, ils commencent à se faire repérer comme des petits enfantsde Django dans l’air du temps. C’est une commande de bande sonorepour des films pornos muets du début du XX e siècle qui va leur permettrede se lâcher et de laisser libre cours à leurs idées de grand mix. Cellescitombent dans les oreilles de quelqu’un dont le métier est d’écouterde la musique pour la faire ensuite écouter aux autres. Journaliste ?Perdu ! Programmateur radio ? Perdu ! La réponse est : directeur desalle de concert ! En l’occurrence Loïc Barrouk, qui tient la barre duCafé de la Danse, vaisseau musical bien connu du quartier Bastille, àParis. Il leur fait enregistrer des maquettes qu’ils mettent sur Myspace.Une visiteuse, un jour, repère ce son qui l’interpelle. Elle est fan, dit-elle,et leur suggère sur le net de la prendre comme chanteuse. Les garçonscraquent. L’affaire est dans le sac. La pétillante Colotis Zoé, chanteuse,clarinettiste et comédienne, rejoint le trio. Le cercle s’agrandit et lesenvies aussi. Pourquoi ne pas recruter d’autres compères sur la toile ?Ils fouillent, grattent, trouvent. Débarquent alors dans l’affaire Camille(clarinette), Toustou (trombone et programmations), Aurélien (guitareet DJ), qui depuis a quitté l’aventure. La petite bande est prête. On sejette à l’eau, sans se soucier des blocages de ceux qui vont se nouerle cerveau avec des questions insolubles : est-ce vraiment de l’électro? Ou bien : qu’est-ce que le swing manouche a à gagner dans cetteaffaire ?L’ÉPREUVE DU FEULes concerts s’enchaînent, dont un qui va particulièrement compterpour des musiciens en quête de reconnaissance. Le 28 juin 2007,ils sont sur la scène du festival Django Reinhardt à Samois surSeine, le rendez-vous annuel des véritables porteurs de la flammedu swing manouche. Au programme de cette édition, du fort beaumonde, comme d’habitude, des virtuoses, des héritiers déclarés :Florin Niculescu, Angelo Debarre, Samson Schmitt, Mike Reinhardt,Tchavolo Schmitt, Dorado Schmitt... « On avait vraiment la trouille », sesouviennent les Caravan Palace. C’était « ça passe ou ça casse ». C’estpassé. En un rien de temps, « tout le monde s’est mis à danser sur leschaises ! ». Depuis, ils ont fait le Printemps de Bourges, Solidays, LeRock dans tous ses états, Jazz à la Défense. Un passage au Womexleur a ouvert les frontières de la Pologne, la Hongrie, la Slovénie…Partout, ils mènent leur swing manouche boosté à l’électro. Sur scène,ils reprennent Minnie the Moocher, de Cab Calloway. Pour tout lereste, ce sont leurs compos, librement inspirées par l’esprit Django,mais aussi le charleston, les Andrews Sisters, Billie Holiday. Ceux quiles ont déjà vus en concert rêvaient d’un disque. Ils l’ont fait !LIENSDehors... en concert16 octobre Montpellier, 17 Montauban, du 20 au24 octobre Paris (Cafede la Danse), <strong>31</strong> aux Primeurs de Massy, 28 novembre au Havre, 29 àJazz au Fil de l’OiseÀ écouterCARAVAN PALACE , "Caravan Palace" (Café de la Danse / Wagram)2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


48- mondomix.com europe créationLe côté électriquede BIRÉLI// BiréliLagrène FranceTexte et Photographie Jean-Sebastien JossetAu mois d'octobre dernier,Biréli Lagrène a ouvertla 35ème édition du festivalNancy Jazz Pulsation.Laissant momentanément decôté ses cordes argentines et lerépertoire de Django Reinhardt,le guitariste est venu présenterau public Electric Side, nouvelopus audacieux qui fusionnejazz, rock et sonorités électrohiphop.Pour souffler dignement ses 35 bougies,l'organisation du festival Nancy JazzPulsation a souhaité marquer les espritsen invitant le guitariste Biréli Lagrène et sanouvelle formation, « Electric Side » pour unesoirée placée sous le signe du jazz et du hiphop. Le public, fidèle au jazz manouche du« Gypsy Project », a naturellement réponduprésent à l'appel, curieux d'entendre le « côtéélectrique » de Biréli. Après une premièrepartie assurée par les talentueux ISWATH?!,formation soul-hip hop américaine, chaquespectateur est impatient de savoir si leguitariste prodige est parvenu à renouvelerle répertoire jazz-fusion très complet qui afait sa notoriété.La réponse est donnée dès le début duconcert : le style se modernise en puisantune inspiration nouvelle dans les grandestendances musicales que sont l'électroet le hip hop. Cet aspect du collectif estassuré par l'excellent DJ Afro Cut-Nanga.Ce dernier, seul sur scène, ouvre le concertpar un redoutable set de scratch qui metla salle en ébullition, offrant aux musiciensune formidable rampe de lancement pour lasoirée. Lorsque Biréli prend enfin la parole,il plaisante sans pour autant cacher sonémotion : « Je suis surpris de vous voir tousdebout, je suis tellement habitué à voir lepublic assis. Ça change ! Vous savez j'aicommencé ici, sur scène, tout petit... ».S'ensuit un regard vers les musiciens, et l'« Electric Side » se met en action pendantprès de deux heures avec des compositionsincroyables où l'improvisation érigée enmode d'expression parcourt le jazz, le rock,le swing ou encore l'électro et le rock. Surscène, Biréli offre d'incroyables phrasésmélodiques dont lui seul a le secret etpartage la vedette à part égale avec sesmusiciens. Le bassiste prodige HadrienFéraud et le clavier Michaël Lecoq lui volentn°<strong>31</strong> NOV/dec 2008


mondomix.com - 49Les sorties de disques de swingmanouche ont été abondantesces derniers temps et c'est unebonne nouvelle, car la qualitéest au rendez-vous.même la vedette à plusieurs reprises. Enfin,le moment clé du concert réside dansl'hommage extraordinaire que la formationrend au pianiste Joe Zawinul (disparu enseptembre 2007), cofondateur avec WayneShorter du groupe de fusion mythique des70's, Weather Report. Bireli est très ému,car c'est avec Jaco Pastorius, bassiste luiaussi disparu, et Zawinul qu'il connaîtra lesuccès dans les années 1980.Si, de l'extérieur, cette nouvelle aventure deBiréli Lagrène semble signer un retour réussidu guitariste sur la scène jazz-rock, ce derniertient à préciser les choses : « Electric Side nesignifie pas que je délaisse le Gypsy Project etle jazz de Django Reinhardt. J'ai toujours jouéces deux types de musique conjointement,elles ne sont pas en opposition. J'ai rencontrédes musiciens formidables et j'ai eu envie dejouer avec eux. » Fidèle à l'esprit de nomadismemusical de Django Reinhardt, le titre mêmed'Electric Side signifie bien que la démarchede Biréli s'inscrit au-delà d'un ancrage dansun style musical défini. L'électrique (fusion)et l'acoustique (Django) ne sont que lesdeux faces d'une exceptionnelle volonté decréer et de voyager.LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez une vidéo à partir du 3 dec.À écouterBIRÉLI LAGRÈNE, "Electric side" (Dreyfus)La compilation Le frisson manouche fait unebelle incursion dans l'univers et les originesdu swing manouche en couvrant sur 52titres la période 1935-1960. Le Quintet duHot Club de France et Django Reinhardt ysont évidemment omniprésents avec desclassiques inusables comme Minor Swing,I'll See You in my Dreams, Minor Blues ouencore les belles versions de Crépuscule etBlues Clair. Mais tout l'intérêt de ce triple CDvient de la sélection judicieuse réalisée dansle répertoire de la valse musette, terreaumusical qui a donné naissance aux talentsde Django. Les titres Boum Boum de TonyMorena, La valse des Niglots par le TrioFerret et la Ballade de Gus Viseur donnentainsi une épaisseur qui fait trop souventdéfaut aux compilations. Autre beau disque,Nothing but Django, compile éditée àl'occasion du festival Les Nuits Manouches2008 : l'auditeur y trouvera 46 classiques deDjango revisités par les grands noms de lascène manouche actuelle.Du côté des sorties d'albums, RaphaëlFaÿs visite les contrées andalousesavec Andalucia, double-album orientéflamenco, tandis qu’Angelo Debarre revientavec un Trio tout à cordes riche de 11belles compositions inédites. Mais c'estincontestablement Tchavolo Schmitt quicréée l'événement avec son nouvel opusMiri Familia. Accompagné par Mandino etSony Reinhardt, Hono Winterstein, GeorgesBerdebes et le contrebassiste GautierLaurent, Tchavolo livre 12 titres inspiréspleins de poésie. Entre les standards deDjango tels que The Sheick of Araby, LadyBe Good ou encore After You've gone, tousinterprétés avec brio, le guitariste dévoile sescompositions. Avec Valse d'automne, Valsepour nous et surtout en solo sur l'incroyableDjeské, Tchavolo démontre une nouvellefois l'intensité de son jeu riche en nuanceset donc en émotions. Enfin, les blues SonyBoy (d'Al Johnson), Jean-Paul Blues et MiriFamilia tissent un lien subtil entre la culturemanouche et afro-américaine. Un disqued'ores et déjà indispensable. J-S.J.2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


50 - mondomix.com playlistDis-moi... ce quetu écoutes// Wim WendersTexte Benjamin MiNiMuMPhotographie D.RTous ses fans le savent,le réalisateur allemand est un fou de musique.Il le prouve encore ici.Dis-moi ce que tu écoutes Wim Wenders?Moi-même, je ne joue pas de musique, même si j’ai essayé d’apprendrela clarinette et le saxophone. Ca ne m’a pas mené bien loin et mon saxa terminé chez un vendeur sur gages. Mais je collectionne les disqueset les cds, et écoute énormément de musique. Je suis assez fandes bandes originales de certains de mes films, en particuliers Paris,Texas (avec Ry Cooder) ou Until the end of the World (avec U2, LouReed, Peter Gabriel et beaucoup d’autres), Ainda (avec Madredeus)ou The End of Violence (à nouveau avec Ry, mais aussi U2, MichaelStipe, The Eels…). J’apprécie toutes sortes de musiques : classique,blues, jazz et musiques du monde. Toutefois, mes racines se trouventdéfinitivement dans la scène rock anglaise du début des annéessoixante avec les Kinks, Van Morrison et Them, les Pretty Things, lesYardbirds, les Stones et les Beatles.Quel est le premier album que tu as acheté ?Le premier single, c’était Petite Fleur par Chris Barber. Les suivantsétaient tous de Chuck Berry. Le premier album était le premier desKinks, simplement intitulé The Kinks avec une pochette rouge et YouReally Got Me, Bald Headed Woman et Long Tall Short dessus...Quelle est ta pochette de disque préférée ?La pochette « banane » d’Andy Warhol pour l’album du VelvetUnderground & Nico.Quel fut ton premier « choc » du à une combinaison musiqueimagesen mouvement?La musique est une source d’inspiration et d’énergie permanente.La partie que je préfère dans le processus de réalisation d’un film,c’est cet instant précieux lors du montage où tu vois la musique et lesimages se marier pour la première fois. C’était le cas du premier filmque j’ai fait jusqu’au plus récent. Quelles que soient les épreuves, ladouleur et le trouble que l’on ait eu à traverser durant le tournage, cetunique instant les vaut bien.Quel est ton film musical favori ?The Girl Can’t Help It (La Blonde et Moi) de Frank Tashlin en 1956,avec les apparitions de Fats Domino, Little Richard, Gene Vincent,Eddie Cochran…Quel est le dernier disque que tu as acheté ?Vous obtiendriez une réponse différente presque chaque jour. « Ledernier qui a vraiment compté » serait le Lie Down in the Light deBonnie « Prince » Billy.Quel est le dernier disque que tu as téléchargé ?Je ne le fais jamais. J'aime trop posséder les CD et les 33 tours!Quel est ton disque préféré avant d’aller te coucher ?C'est le seul moment où je n'écoute pas de musique. Au lit, je bouquineuniquement. Je mets de la musique quand je me lève...LIENSÀ écouterBUENA VISTA SOCIAL CLUB, "At Carnegie Hall"(World Circuit/Harmonia Mundi)Site web de l'artistewww.wim-wenders.comVoir p 45 l'interview / Wim Wenders, l'oeil du club


chroniques Afriquemondomix.comKassé MadyDiabaté"Manden Djeli Kan "(Universal Music Jazz )Cet album sera-t-il enfincelui qui va révélerce chanteur malien?Coproduit par le guerrierdébonnaire CheickTidiane Seck - qui,comme à son habitude,sut réunir pour cettebelle affaire un all starsmandingue premièreclasse - et Jean Lamoot, une référence parmiles réalisateurs artistiques actuels (Bashung,Souad Massi, Nneka, Salif Keita), Manden DjeliKan s’apprécie comme un plaisir musical aulong cours, gracieux, épique et captivant. Leçonde mise en espace, fluide et aéré, il illumine lavoix souple et ambrée de Kassé Mady Diabaté.Entouré de valeurs sûres (Toumani Diabaté etquelques membres de son Symmetric Orchestra,des musiciens de Salif Keita, l’as du balafonLassana Diabaté et le fin tricoteur de n’goniMoriba Koita), le chanteur vient rappeler qu’il ya une autre voix d’or au Mali. A l’instar de SalifKeita, celui dont nous parlons ici s’impose commel’un des plus grands vocalistes de l’Afriquemandingue. Contrairement à son collègue, enrevanche, il reste un nom obscur chez le publicvaguement sensible aux musiques africaines.Réapparu discrètement en 2000 dans l'albumKulanjan de Taj Mahal et Toumani Diabaté, KasséMady Diabaté a chanté avec Las Maravillas duMali, puis l’orchestre national Badéma, avantd’enregistrer son premier album solo à la findes années 80. On le verra également impliquédans le projet d’identités croisées Songhai 2,avec le groupe de flamenco espagnol Ketama etToumani Diabaté. Quand le monarque de la koramonte son Symmetric Orchestra en 2005, KasséMady Diabaté est naturellement là.Bref, ce monsieur est un VIP du son mandingue !Après cet édifiant quatrième album solo enregistréau studio Bogolan à Bamako, il ne sera pluspardonnable de négliger encore l’une des fiertésdu Mali artistique, et en particulier celle de Kela,village près de la frontière guinéenne, où KasséMady Diabaté naît dans une famille de griots, unjour béni des djinns. Patrick LabesseManu Dibango"African Woodoo"(Frémeaux & Associés/Nocturne)Pas complètement récent,ce nouveau Manu Dibangoréunit 17 titres jamais gravés,enregistrés à Paris en 1971et à New York en 1975,17 illustrations sonorescomposées pour le cinéma,la télé ou la pub. Nous voicidonc en pleine période (avantet après) Soul Makossa,tube qui a métamorphosé lesaxophoniste en légende de lamusique afro-américaine. 17titres entêtants, ronds, chauds.17 titres qui soignent l’art de laboucle parfaite, avant mêmeque la production binaire ne secharge de « looper » le beat.Tous n’ont pas la force de SoulMakossa, mais tous donnentune idée de la puissance decette époque, de l’émergenced’une scène féconde. Mentionspéciale au livret qui, aufil des réponses de Manu,nous permet d’approcher leDibango de ces années-là.SquaalyBara Sambarou"Gambari 79"(Totolo/Harmonia Mundi)Conteurs et musiciens, lesgriots sont détenteurs destraditions de leur peuple. Legriot peul Bara Sambarouvit à Mopti, ancienne citéaccrochée à une boucle duNiger, à mi-chemin entreBamako et Tombouctou.Connu dès les années 1960,il développe un jeu subtil,d’une grande poésie, qu’il apartagé depuis avec nombred’élèves, dont le grand AliFarka Touré. Le morceauGambari, très populaire danscette région, fait référence autissu noble ramené du Nigeriapar les riches négociants àleurs épouses. Si son thème,au potentiel sans fin, peutparaître monotone aux oreillesnon avisées, il est en fait richede subtiles variations de voixet phrasés de hoddou (luth àquatre cordes, emblème despeuls) qui traduisent au plusprès toutes les « blessuresde l’âme ». Le DVD, quant àlui, dévoile l’univers musicaldu légendaire griot peul etnous offre 30 minutes deGambari live. L’enregistrementoriginal date d’un concert de1979, habilement restauré àpartir d’une vieille K7 par lefameux producteur brésilienKassin. S’apprécie pleinementconcentré et les yeux clos.Fabien MaisonneuveMamadou Diabaté"Douga Mansa"(World Village/Harmonia Mundi)Un an après son splendideHeritage, le virtuose nousoffre une heure de kora solo.Si la plupart des morceauxsont des traditionnels (Bi AllahLa Ke, Taabara, Soundiata),les quelques compositionssont de grande qualité etl’ensemble est empreint d’unesubjuguante clarté sonore ettechnique. Douga Mansa (« leVautour du Roi »), qui donneses ailes à la pochette, évoquejoliment, par sa structurecyclique, les vagues de lavie. Si sur certains morceauxapparaît en filigrane la pattedu cousin et mentor Toumani,la singularité de leurs jeuxécarte toute comparaison.Toujours précis, jamaisnerveux, Mamadou Diabatépasse aisément d’envoléesimprovisées en mélodiessyncopées, jonglant aupassage avec nos émotions.Un album instrumentalincontournable. F.M.Sir Victor Uwaifo"Guitar-Boy Superstar1970-76"(Soundway)Immense star au Nigeria, VictorUwaifo est inconnu dans noscontrées. Cette magnifiqueanthologie devrait rattraperl’injustice. Uwaifo fut le premiermusicien africain à récolter undisque d’or en 1969 avec lemorceau Joromi. Sa musiquedévoile une nouvelle facetted’une scène musicale – leNigeria des années 1970 –en pleine effervescence. Acette époque, Uwaifo mêle lerythme traditionnel de sa ville,Benin City, aux sonorités soul,rock et highlife qu’il entend àLagos. Un mélange détonnanten résulte, régulièrementembrasé par les étincellespsychédéliques de la guitared’Uwaifo. Les morceaux, laqualité sonore, les notes depochette, les photos : tout iciest remarquable.Bertrand Bouard51


La Fnac Forumet <strong>Mondomix</strong>aiment...Reda & TalianiEl Djazair(Royal Music)Mamadou DiabateDouga mansa(World Village/harmonia mundi )52Sound Affects"Africa"(Mr Bongo)Cet album est une très belle idéeartistique : un premier disquecomposé de dix titres afrobeat,enregistrés dans les années 1970au Nigeria, au Ghana ou au Zaïreet un second comportant lesmêmes morceaux remixés pardes Djs. L’ensemble fonctionne àmerveille : les morceaux originaux,particulièrement obscurs, propulsentdes grooves incendiaires, auxquelsles remixes, réalisés avec goût,apportent une nouvelle dimension.Mais Sound Affects : Africareste une belle idée tout court,puisque l’objet du disque est desoutenir l’association Bottletop,à l’origine d’actions en Afriquepour la prévention du Sida et ledéveloppement de productionsartisanales. Un disque qui a toutpour lui, en somme ! B.B.Lula Côrtes e ZéRamalho"Paêbirú" Réédition(Mr Bongo Recordings/Nocturne)La réédition en CD de ce Paêbirúfera-t-elle baisser le prix de cedouble vinyle paru en 1974 ? Rienn’est moins sûr, puisqu’en ravivantl’intérêt pour ce joyau de l’époquepsyché, elle nourrit la gourmandisedes collectionneurs.Considéré comme le premierconcept album de l’industriemusicale brésilienne (chaqueface incarnait un élément : terre,air, feu et eau), Paêbirú colleà merveille aux sons et auxmouvements contestataires deson époque. Délicieusement àl’"ouest", cet enregistrement réalisépar deux musiciens originairesdu Pernambuco au nord-est dupays souligne à la fois la force dece mouvement qui a secoué laplanète entière, et la capacité desartistes brésiliens à intégrer à leurbackground des cultures exogènes.SQ.YomNew king of klezmer clarinet(buda music)Kocani OrkestarThe ravished bride(crammed/ wagram)Narmine DucapAntónio ZambujoOutro sentido(Ocarina/Harmonia Mundi)Strings TraditionStrings Tradition(Felmay/Orkhestra International)Warsaw Village BandInfinity(Jaro/Abeille Musique )Hector Zazou et SwaraIn the House of Mirrors(Crammed/Wagram)"Ségas instrumentaux(1966-1976)"(Takamba)Véritable hommage au guitariste quifut souvent associé à la carrière desa fille Michou, ce disque met en lumièreles compositions instrumentalesde ségas de Narmine Ducap.Enregistrées entre 1966 et 1976,elles témoignent de l’électrificationd’un genre créole moins prisé que lavalse ou le quadrille. Accompagnéd’un beau livret explicatif et d’unsecond cd qui rassemble des extraitsd’entretiens de l’auteur, lesmorceaux prennent plus d’ampleuret rythment des thématiques chèresà la Réunion de cette époque :l’alcool, les bals, la vedette BenoîteBoulard, le boogie, les chanteursde rue… Narmine raconte illustreen mots ce que l’on comprenait àtravers les accords d’un orchestrefestif ou nostalgique selon le tempoet l’histoire qu’il évoque. Nadia AciBuena Vista SocialClub"Live at Carnegie Hall"(World Circuit/Harmonia Mundi)Succès mondial avec plus de 8millions de pièces écoulées surla planète d’un album enregistréen 6 jours seulement aux studiosEgrem de la Havane, le BuenaVista Social Club est de retourdans les bacs (le 16/10) avec undouble CD live au Carnegie Hallde Nueva York. Ce concert estl’un des trois enregistrés pourle « musicumentaire » commel’appelle Wim Wenders, qui aprolongé l’aventure du disque.Rappelez-vous l’allégresse deces papys sur scène dans l’autrecapitale de la salsa. Rappelezvousleur plaisir et l’intensité del’émotion partagée alors avec lepublic et regrettez qu’au fil de cettedécennie soient partis CompaySegundo, Ruben Gonzales etIbrahim Ferrer, rendant un peu plusessentiel encore ce témoignaged’une époque révolue. SQ.n°<strong>31</strong> NOV/DEC 2008


chroniques Ameriquesmondomix.comARRIBA CUMBIA !"Arriba La Cumbia !"(Crammed Discs/Wagram)53Après le succès instantané deLa Colegiala (la bande-son de lapub Nescafé en 1981) de RodolfoY Su Tipica, qui aurait misé unpeso colombien sur la cumbia ?Pas grand monde ! Typique, presquedésuète, trop connotée, elleaccumulait les clichés : du petittrain crachant cahin-caha sa noirefumée sur les hauts-plateauxandins aux vagues de bonnetsmulticolores en laine de lama faisant le pied de grue dansles gares ou sur le marché au café.Pourtant, depuis quelques mois, ce genre musical néen Colombie avant de gagner la grande majorité des paysde l’aire hispanique du continent américain - du Mexiqueau Chili - connaît un véritable regain. Au croisement descultures africaines, indiennes des Antilles et espagnoles,la cumbia pénètre le domaine des musiques actuelleset s’acoquaïne sur un tempo d’enfer avec les différentescomposantes de la palette électro, du dub au hip-hop, enpassant par le reggaeton ou la house comme en témoignecette compilation réalisée pour Crammed par le DJ anglais,Russ Jones.Parfois mixé à la « va comme je te pousse », ce recueiltrouve toute sa pertinence dans le choix des tracks qui allietitres rustiques et compositions ou remixes actuels. Citonsdans la première catégorie l’entraînante Cumbia Cienaguerad’Alberto Pacheco, Tabaco Mascao d’El Combo LosGalleros ou La Cumbia en Do Menor de Lito Barientos y suOrchestra. Une cumbia que le DJ/selecta aurait aussi puproposer dans une version au pied qui fait boom dans taface (Chica Bonita par Temple of Sound d’ex-TransglobalUnderground). Pour ce qui est des versions plus actuelles,l’engouement dépasse le clivage Nord-Sud ; avec sous lestropiques Fulanito, Calle 13, Aniceto Molina ou Gladkazukaet dans des studios à quelques milliers de kilomètres de là,Mo'Horizons, Basement Jaxx ou Up, Bustle & Out. Après lavague salsa qui a jadis réchauffé le dancefloor, voici le tourde la cumbia qui, aux côtés du reggaeton, de la latin-houseou du spanish-hip-hop, devrait aider à passer l’hiver.SQ.Tango Crash"Bailá Querida"(Galileo/Spirale/DG Diffusion)Tango Crash est la BO d’unedéglingue organisée, plutôt qu’uneentreprise de réhabilitation d’unvestige de notre patrimoine àtous. Comme dans le cas d’unereformation de ligue dissoute,chacun des protagonistes se veutplus royaliste que le roi Gardel,plus "free" qu’un empanadades baraques à frites des ruesde Buenos Aires. Dire que cetensemble utilise des instrumentsacoustiques et des poêlons binairesne suffit pas à relater l’originalitéde cette intrépide tambouille, aucœur de laquelle le piano à souffletde Rodrigo Dominguez bande aunéon du plafond. Ici, rien n’est toutà fait vrai et tout mitonne, mi-sonneà merveille. Bailá Querida inventel’abstract-tango, une sorte dedanse de travers, de danse obliquequi ose. Un régal. SQ.2008 NOV/DEC n°<strong>31</strong>


54Jamaican Soul Kings"Roots era rare tunes"(Jahslams/Discograph)Le label dénicheur de pépitescontinue de nous abreuver de sesbelles rééditions en illustrant icil’intérêt des stars jamaïcaines desannées 1960 et 1970 pour la soulaméricaine, alors en plein essor.S’inspirant des Ray Charles, MarvinGaye et autres Stevie Wonder, lereggae, genre perméable s’il en est,exploite le succès de cette nouvellemode en y apportant sa petitetouche caribéenne, son grooveincomparable, son contretempsdansant. Une soul qui flirte detrès près avec le rocksteady !On retrouve avec plaisir certainsclassiques comme Ba ba boumtime des Jamaicans, What does ittake to win your love d’Alton Ellis ouI need your loving des Jubilees. Unefois de plus, Jahslams vise justeavec cette compilation métissée.F.M.Winston Mc Anuff"Nostradamus"(Makasound/Pias)Deux ans après son Paris Rockin’,sur lequel figuraient Java, Cyril Atefou encore -M-, cet incontournableGrand Monsieur du reggae revientavec un album très roots, preuvequ’on ne perd pas ses racinesà planter des bourgeons aux 4coins du monde. Réalisé par lemusicien et producteur Clive Hunt,Nostradamus offre un reggae debonne facture que fait tourner sansrelâche le Black Kush Band sur11 nouvelles pistes. Des accentsdub (Mix Up Moods, Slave Driver),des chansons plus enlevées(Takin It All), un magnifique triovoix-flûte-guitare (Love Is TheSong I Sing)… Ce nouvel album100% roots reggae, accompagnéd’une tournée française avec lelégendaire guitariste Earl ChinnaSmith, consolera les réfractairesaux antécédents expérimentaux del’Electric Dread. F.M.Reggae Time # 1Par Sacha Grondeau / Reggae.frCet été, les aficionadosde musique jamaïcaine sesont déhanchés à Cologne (auSummerjam, le plus grand festivalreggae d’Europe), au Reggae SunSka (deux jours de reggae en plein vignoble médocain) ouencore au carnaval jamaïcain de Notting Hill (deux millionsd’amateurs de reggae, de soca et de dub en plein centreville)Ȧprès ces chaleurs estivales, le retour à Pariss’annonçait difficile. Malgré les temps cléments, les artistesreggae ne se sont pas bousculés pour venir réchaufferles premières soirées de la rentrée. On a bien pu voir DonCarlos, l’ancien chanteur des Black Uhuru enflammer leNew Morning, et écouter le new roots et le crunk suédois deMillion Stylez et Jah Knight au Divan du Monde, aucuneautre date marquante n’est venue s’immiscer dans l’agendareggae de septembre.Pour combler ce vide, il restait heureusement lapossibilité d’écouter en boucle nos derniers coups de cœurmusicaux. Les deux très bons albums de Yaniss Odua etStraika D., sortis chez Legalize Hits, et celui de Stone J.(Blasta Records) montrent que le reggae antillais a ses plusbelles heures devant lui. Côté reggae jamaïcain, le secondopus de Perfect, Born Dead with Life, s’annonce commela belle surprise new roots de la rentrée et le nouvel albumde Fantan Mojah confirme tout le bien que nous pensionsde lui.Le salut est donc venu de mon lecteur cd et de maplatine vinyles qui ont compensé l’absence de concerts dumois de septembre et m’a permis d’attendre les tournéesdes Jamaïcains Anthony B., Tanya Stephens, WinstonMac Anuff, des Français de Dub Inc., et un peu plus tarddes Néo-Zélandais de Fat Freddys Drop.Quelle que soit la saison, il n’y a donc aucune raisonvalable pour ne pas écouter de bons morceaux reggae,chez soi ou en live, avant d’esquisser plusieurs pas dedanse en rêvant que les vacances ne sont pas finies et quel’été prochain arrive déjà dans… dix mois.n°<strong>31</strong> Nov/dec 2008


chroniques asiemondomix.com55Sunil DevShrestra"The music of Sunil Dev"(General Pattern/Studio 4)Jeune flûtiste népalais, SunilDev Shrestra développe un répertoireclassique népalais et indien,avec une mirifique poésie et unesurprenante maturité. Il faut direque le musicien compte parmises gourous Prem Autari, luimêmeélève de l’incontournableHariprasad Chaurasia. Déjà trèspopulaire, il interprète des ragasd’Inde du Nord dans des festivalstraditionnels et des temples millénaires de la régionde Bakhtapur, principalement habitée par des Newars,peuple indigène de la vallée de Katmandou dont la religionmêle hindouisme et bouddhisme. De sa flûte de bambous’échappe un son doux et puissant, un souffle qui alterneau plus juste retenue mélancolique et envolées nerveuses.Loin des canons hindoustanis ou carnatiques, l’albumd’improvisations de Sunil Dev donne une rare occasiond’écouter une musique classique très ancienne, dévêtuedes multiples parures techniques qui, au cours des siècles,ont contribué à la complexité de la musique classique indiennetelle qu’on la connaît aujourd’hui. Dans les notesde Sunil Dev, gouttes d’eau remontant vers les cieux, sereflète la culture de sa région et de son peuple, un mélanged’animisme, d’hindouisme et de bouddhisme. Son manageren France, Martin Meissonnier, dit de lui : « Sa musiqueest une expérience de méditation, un véritable massage decerveau. » Il est donc naturel que l’on retrouve le musiciensur la bande originale de La Vie de Bouddha, documentaireonirique dudit producteur-réalisateur. Par son origine et sajeunesse, Sunil Dev apporte une vraie fraîcheur à un genreparfois prisonnier du carcan traditionnaliste des vieuxmaîtres. Réduite au plus strict nécessaire (flûte et bourdon),la musique invite immédiatement au rêve à travers ses délicatesmélopées et les images himalayennes qu’elle inspire.Comme une douce brise de montagne, le premier soufflevous donne la chair de poule. Un album indispensable pourla paix du cœur et de l’âme, ou juste pour le plaisir.Fabien MaisonneuveHanggai Band"Introducing Hanggai"(World Music Network/Harmonia Mundi)Attention, choc musical ! HanggaiBand est une formation de sixmusiciens mongols à la mineaussi patibulaire que leur musiqueest sympathique. Basés à Pékin,ils ont à leur tête l’ex-punk Ilchiqui, tombé sous le charme duchant diphonique (« khöömei »), avoyagé en Mongolie Intérieure pourredécouvrir et étudier ce répertoireanémié par l’histoire chinoise. Ils fontpartie de cette nouvelle générationd’artistes désireux d’explorer lepatrimoine musical et culturel deleur peuple. Le premier morceaudonne le ton : la vielle morin-khuurdémarre au galop, vite rejointe par letob-shuur, luth à deux cordes, pourune course au milieu des plainesmongoles. Five Heroes, troublanteode à des justiciers locaux, mêleses cordes aériennes à une guitareélectrique, mélancolique commeun vieux western. Wuji repousseles limites du chant diphoniqueet Drinking Song rassemble desenregistrements improvisés lorsd’une soirée bien arrosée…Habile mélange des genres et desépoques, ce premier album est unetotale réussite ! F.M.2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


56Rahayu Suppangah,Garasi Seni Benawa"Cokekan- Javanese Chamber Music"(Felmay Records/Orkhestra International)Unique en Asie, le gamelan est unensemble instrumental emblématiquedes traditions musicales d’Indonésie.Les cloches, gongs et autrespercussions, accompagnées derebabs ou cithares, recréent demanière envoûtante un univers delégendes parfois mis en imagespar le célèbre théâtre d’ombreswayang kulit. Rahayu Suppangah,ethnomusicologue indonésien etmusicien renommé, dirige sur cetalbum le Garasi Seni Benawa, un petitorchestre de chambre javanais. Loindes énormes gamelans, cet atelierpluriforme ouvert à tous fait pourtantpreuve d’une grande richessemélodique. Les quatre thèmes,inspirés de traditions scéniques etrurales, se déroulent autour de lavoix gracieuse de la chanteuse EniSuryani. Un joli voyage extrêmeorientalqui illustre la vitalité desmusiques indonésiennes. F.M.Sultana"Söhret Yolu"(Positif Records/D.G. Diffusion/La Spirale)Repérée en 2000 avec Çerkez Kizi,un premier album signé sur le labelstambouliote Doublemoon ou lorsde tournées internationales, Sultanas’était un peu fait oublier depuis. Ilfaut dire que les lyrics mordantset les mouvements ondulants debassin de cette turkish girl avaientirrité au pays les oreilles d’unepoignée de dervish-censeursquand ils ne révulsaient pas leurspupilles au fond de leurs orbitesoculaires. Depuis, l’eau (de rose) àcoulé sous les ponts du Bosphore.Sur Söhret Yolu, Sultana invite aumic quelques collègues (Suikast,Aziza A., Fresh’B) et trace une voiemédiane, plutôt excitante quandle hip-hop se pare de gimmicksanatoliens et tout à fait dispensablequand il mollit façon loukoum’n’b.Opération camouflage ! SQ.Le Théâtre Opérade Pingyao"Enregistrement sonorein situ - Chine"(Frémeaux & Associés)Tombée dans la misère après lachute de son empire financier,Pingyao est l’une des rarescités chinoises épargnée par lamodernisation. L’âge d’or decette ancienne cité vit l’essor d’unopéra singulier, reflet artistique deslégendes locales. Inscrite en 1997au Patrimoine mondial de l’Unesco,la ville, en restaurant le hall del’opéra, s’efforce de faire revivrecette tradition. L’enregistrementin situ nous plonge dansl’atmosphère chaleureuse desdistractions d’antan. Se répondentainsi chanteurs, danseurs etinstruments traditionnels (l’orgueà bouche sheng, la cithare qin, lehautbois suona, la vièle er-hu, luths,tambours, gongs et flûtes de toutessortes). Si certaines sonoritéspeuvent déranger les oreilles noninitiées,l’ensemble est tout demême très plaisant. F.M.Yom"New King of Klezmerclarinet"(Buda music/Socadisc)Ok, Krakauer et l’Amérique fontbeaucoup pour la re(co)naissancedu klezmer. Mais c’est en Franceque son destin se réincarne versionbling bling! Le « nouveau roi de laclarinette » en bagouzes et chaînesen or s’y fait appeler Yom. Pasencore trentenaire, Yomguih a déjàsoufflé sur l’Orient Express MovingShnorers, Klezmer Nova, AngéliqueIonatos et surtout en duo avec lelumineux pianiste, Denis Cuniot, quil’accompagne sur ce disque avecdeux autres « jeunes » au tuba etau tapan, une percussion bulgare.Yom y voue un culte irrévérencieuxet joyeux à Naftule Brandwein,premier souverain autoproclamédes musiques juives né en 1889en Ukraine et devenu virtuose auxEtats-Unis. Drôle et furieusementémouvant: royal ! Elodie Maillotn°<strong>31</strong> NOV/DEC 2008


chroniques Europemondomix.comTiti Robin"Kali Sultana,l’ombre du ghazal"(Naïve)57Il était une fois une Insaisissableà la grâce exaltante, une reine à nulleautre pareille, une déesse courtiséedepuis la nuit des temps. Oyezl’histoire de Kali Sultana, la reinenoire, l’incarnation féminine d’unequête qui devrait, dans l’idéal, êtreuniverselle mais que beaucoup négligent.Kali Sultana symbolise labeauté et l’harmonie. « Celles quel’artiste cherche à atteindre sanscesse », dit Titi Robin, à propos de la belle histoire musicalequ’il propose aujourd’hui. Une aventure longue et fascinante,pour laquelle il conviendra de se libérer de toute contraintede temps. Un récit en apparence sans paroles (hormisdeux moments chantés par sa fille Maria) mais pourtantchargé de sens, de murmures, de vécu, tendre ou violent.Suite instrumentale entre miel et piment, univers ambivalentfait d’ombres et de lumières, le tissage musical imaginé parTiti Robin garde les sens en éveil. La musique porte en ellesuffisamment de pouvoir évocateur et de force émotionnellepour tenir en haleine, tonifier l’attention.Vers ses propres cordes (oud, bouzouq, guitare), le musiciena amené celles de deux alto et d’un violoncelle quiaccentuent la profondeur, dramatisent la trame du récit.Des interventions d’archets réglées par deux des fidèlescompagnons d’aventure de Robin, l’accordéoniste FrancisVaris et le souffleur Renaud Gabriel Pion qui chacun amènentleurs couleurs, leur univers dans celui du « patron ».Sans oublier le rôle décisif que tiennent ici encore les fidèlesmarqueurs de rythme de l’Angevin imprégné d’Orient et deculture gitane : le bassiste Pascal « Kalou » Stalin et le coloristepercussionniste Ze Luis Nascimento. « Chacun a sapart dans le résultat final », déclare Titi Robin, comparantla musique de Kali Sultana à « un fleuve, avec tous sesaffluents, toutes les rivières qui se jettent dans son lit etcharrient les choses qui flottent en surface ou se diffusenten profondeur ». Beau geste d’humilité que cette déclarationde reconnaissance à l’adresse de ses musiciens.Patrick LabesseAntónio Zambujo"Outro sentido"(Ocarina/Harmonia Mundi)Natif du sud du Portugal où il s'estimprégné de l'art vocal du CanteAlentejano, António Zambujoa accédé à un destin nationalen incarnant le mari d'AmaliaRodrigues dans une comédiemusicale à succès retraçant la viede la diva du fado. Outro sentidoest son troisième album et le plusambitieux. Une fois l’hommagerendu à Amalia, à travers unereprise de l’un de ses standardsAmor de Mel, Amor de Fel, il necesse d'ouvrir sa palette à d'autrescouleurs, sans trahir sa profondevocation de fadiste. Quelquesaccords de guitare électrique envibrato, des notes de cuivres, unloop discret, une reprise du poètede la bossa Vinicius de Moraes,une invitation aux aériennes voixbulgares du groupe Angelite ouun intermède jazz déstructuré nesont que de nouvelles manièresde conjuguer au présent l'éternellesaudade portugaise. Epaulé pardes musiciens subtils et pertinents,le chanteur égrène les vers et lesnotes avec un art de la nuanceremarquable. Son chant sensuelet enveloppant éclaire avecraffinement le fado contemporain.Benjamin MiNiMuM2008 NOV/DEC n°<strong>31</strong>


59Duo Artense"Basile Brémaud & HervéCapel"(AEPEM)Bourrée et accordéon : deux motsqui peuvent faire sourire – encoredu folklore ! Certes. Mais avecHervé Capel (accordéon) et BasileBrémaud (violon, chant), c’estbien de « musique actuelle » dontil retourne! Les deux musiciensont lentement, par imprégnation,assimilé leurs traditions, cellede l’Artense, ce beau plateauauvergnat.Dans ce disque produit sur unlabel de copains, ils restituent leurmusique traditionnelle avec uneforce et une fraîcheur sans limites.Qu’il s’agisse de bourrées, depolkas ou de mazurkas, les airssont envoyés avec gourmandise.Ça tourne « grave » ! La voix a peut-être encore besoin de s’affirmer.Mais la rondelle est là… Solide.L’une des plus belles façons des’immerger dans l’univers de lamusique auvergnate, sans risque etsans complexe. Enfin !Philippe KrümmLaXula"IN X-ÍLE"(Via Lactea/ Mosaic Music)A classer parmi les bonnes surprisesde la « música mestiza », commeon nomme en Espagne cette scènefusion notamment populariséepar Ojos de Brujo, laXula ne s’endistingue pas moins avec un universsingulier, théâtral et déstabilisant.Peut-être parce que ce groupeespagnol est né dans les squatslondoniens et a fait ses armes surla route, mais surtout en raisonde la personnalité de son égérie,Monte Palafox. L’élégant alliagede sonorités flamenco-rock, auxaccents tout à la fois balkaniques,orientaux et tango (Soberbia, Mama,La Luna), gagne dans son chantune profondeur mystique dignede Chavela Vargas. Féministes,torturés et surréalistes, ses textesrappellent que LaXula n’est pas làpour rigoler. Son intrigante musiquene tarde pas à devenir envoûtante.Yannis Ruel.Diego Amador"Río de los canasteros"(World village)Célèbre pour faire vibrer avecénergie ses cordes vocales commecelles de sa guitare ou d’un pianoandalou aux effluves de jazz, DiegoAmador revêt une fois de plussur ce nouvel opus des habits demulti-instrumentiste. Dans cetapparat qui ajuste tous ces vibratosen un même costume, il choisitde dialoguer avec des invitésprestigieux autant que complices,de Tomatito à la cantaora La Susi,sans oublier Luis Salinas ou encoreRaimundo Amador, frère de sang deDiego, célèbre membre du groupeflamenco-rock Pata Negra. Sur desairs de rumba, bulería, fandango outaranta, les rythmes et les battementsde main syncopent les mélodiespour atteindre le « duende », cet étatde l’extase musicale typiquementhispanique, convoqué ici par un cruprometteur. N.A.Kocani Orkestar"The Ravished Bride"(Crammed Discs/Wagram)Après s‘être imposés sur scèneet sur disques au fil de la dernièredécennie comme l'un des meilleursbalkans bands, les Macédoniensdu Koçani Orkestar sont deretour avec The Ravished Bride(La Mariée Ravie), six ans aprèsla sortie d’Alone at my Wedding.Manifestement, les Koçani ont dela suite dans les idées et l’espritvagabond. Au fil de cette douzainede plages où s’additionnent auxsonorités de l’Orchestre la voixdu jeune Ajnur Azizov, les guitaresd’Uri Kinrot (Balkan Beat Box),du réalisateur Vincent Kenis ou laderbouka de Sunaj Mehmedov, ondécouvre un Koçani tellement sûr desa tradition qu’il peut se confronteravec aisance au classique mexicainLa Llorona ou s’aventurer dansdes contrées musicales extrêmeorientales(Papigo). SQ.2008 NOV/DEC n°<strong>31</strong>


6017 hippies play guitar"Featuring Marc Ribot & JakobIlja"(Hipster Records/Buda Musique)Ils ne savent plus précisément d’oùvient leur nom, mais quelle importance? Les musiciens des 17 hippies ontcommencé à trois et sont souventtreize sur scène. Depuis quatorze ans,ils bouleversent les univers sonorespour faire de Berlin une véritablecarte du monde. Influencée par lapop-rock des années 1980, leurmusique s’imprègne d’Europe de l’Est,comme le révèle une fois de plus cettecollaboration avec Marc Ribot (célèbrepour avoir accompagné Tom Waitsou John Zorn) & Jakob Ilja. Enregistrélors d’un concert à Cologne en 2004,ce disque souligne la complicité desdeux guitaristes et la fusion efficaceopérée avec les autres instruments,vagabonds, mais pourtant toujoursancrés dans ce demi-rêve un peucabossé, propice au délire ! N.A.Oana CAtAlina ChiTu"Bucharest tango"(Indigo/Asphalt tango Records)Comme Paris ou Berlin, laBucarest enfumée des années1930 dansait au son d’un tango« à la romanesque ». Inspirée parce répertoire tombé en désuétudedurant la République Socialisted’après-guerre autant que par lesballades de Maria Tanase (la « Piafroumaine »), Oana Catalina Chiturevisite avec noblesse et passionces airs d’une autre époque sansen altérer l’authenticité. A l’aided’arrangements parfois jazzyou gypsy, swinguant avec uneclarinette errante, un cymbalumavant-gardiste et un violon tzigane,les pas suivent le tempo d’un tangoqui parle une langue qu’on nelui connaissait guère. Ce disquede toute beauté offre un paneld’atmosphères filmiques, et l’oncroit percevoir en fond le bruit duprojecteur d’images en noir et…rouge. N.A.Urs Karpatz"Fusions Bohémiennes"(Aquarius/Socadisc)Formé par Dimitri, ancien dompteurd’ours, le groupe Urs Karpatzs’aventure encore une fois versles sentiers de terre battue qu’ontfoulés les gitans du monde entier.Le voyageur s’initie au son destablas, danse du ventre dans unefête orientale, déambule au largedes feux de camps espagnols,s’installe en Roumanie et nousquitte sur un Boléro de Ravel quiflirte avec le swing manouche.Avec, comme invitée d’honneur,la hongroise Erika Serre, jeuneprodige de la chanson tsigane, cesRomanichels de cœur et d’espritne cessent de nous décrire lesroutes sinueuses qui ont enrichileur culture de sonorités toujoursplus nomades. Après plus de 1000concerts et une dizaine de disquesà leur actif, ces ours n’ont pas finide mener la danse. N.A.Warsaw Village Band"Infinity"(Jaro/Abeille Musique)Depuis plus d’une dizained’années, les membres du WarsawVillage Band tissent des liens entreles mailles du temps. Ce nouvelalbum, simplement baptisé Infinity,arrive dans la foulée d'Upmixing, unalbum tampon réalisé par des DJsamis le temps d'une grossesse.Sans modifier la démarche originaleet lourde de sens de ce sextetpolonais, ce quatrième opus studioouvre de nouveaux espaces deréflexion. Sur Polska Fran Polska,ils mettent en lumière les liensentre certaines traditions musicalessuédoises et polonaises. Sur Skipfunk, ils cherchent à enraciner lefunk sur les rives de la Vistule ens’appuyant sur les scratches deDJ Feel-X. Chaque titre constitueun élément distinct de cet infini, decette mosaïque qu’est l’univers dece W.V.B. SQ.n°<strong>31</strong> NOV/DEC 2008


chroniques 6 ème continentmondomix.com61HECTOR ZAZOU& SWARA"IN the house of mirrors"(Crammed Discs/Wagram)Parti avant même la sortiede ce nouvel album, son dernier,Hector Zazou aura, au fil d’unecarrière originale, marqué sonépoque. Préférant toujoursinventer ses propres traces plutôtque de marcher dans celles desautres, surtout quand elles sontl’empreinte de pantoufles usées,il n’a eu de cesse de découvriret d’inventer. A commencer parla musique africaine dont il sera le premier à expérimenteravec Bikaye, son « alter-negro », les voies de la fusion«électro». Belles et lumineuses années 1980 dont il est àtout jamais l'un des créateurs-phare, même si, au regard del’évolution de ce que l'on a fini par appeler « world-music »,il préféra prendre des distances.Toujours entre deux périples, entre deux rêves lointains,il croque à pleines dents des carnets de voyages, commece dernier opus enregistré en Inde avec la complicité duquartet Swara, des musiciens indiens et ouzbeks joueursde tambûr (un luth à long manche), de oud, de violon, deflûte et de slide guitare indienne. D’autres intervenants (letrompettiste Nils Petter Molvaer, le pianiste Diego Amador,le flûtiste Carlos Nuñez…) participent de manière plusfugace à cet édifice où l’électronique a su se faire discrètetout en restant une composante essentielle. Son approcheminimaliste qui atténue l’effet redondant des jeux de miroirsdonne à réfléchir sur la condition humaine. Que reste-t-il del'image une fois la source disparue ?Comme un adieu apaisé, cette dizaine de titresdélicatement composés distille une musique de passage,une jonction entre deux états, une sorte de transformationmétabolique. Presque liquides, ces morceaux tout endéchirement vaporeux, entre insouciance et gravité,courtisent l’au-delà, prennent des marques avant legrand voyage. Jamais seul, il sait la force des rencontreset cherche à en distinguer les reflets dans les moindresrecoins de son existence, reflets qu’il nous offre sublimés.Pour l’éternité.SQ.Ablaye Cissoko &Volker Goetze"Sira"(ObliqSound / Abeille Musique)Ceux qui achèteront cet albumferont une double bonne action.D’abord, ils soutiendront le travailde Tostan, une ONG basée à Thiès,au Sénégal, lauréate 2007 du Prixd’alphabétisation Roi Sejong del’Unesco. Une partie des bénéficesdes ventes du disque lui serareversée. Ensuite, ils se feront dubien à eux-mêmes, car la musiqueciselée par ce duo a des vertuséminemment apaisantes. L’un,Ablaye Cissoko, chante et joue dela kora. Fils de griot, il vit à Saint-Louis du Sénégal, appartient àla jeune génération des artistessénégalais et s‘est déjà fait repéreren 2005 avec son second album,Le griot rouge, qui contait l’unedes (nombreuses) légendes de lacréation de la kora. L’autre, VolkerGoetze, est allemand. Trompettisteau jeu feutré et enveloppant, il afréquenté Nana Vasconcelos, SteveLacy et a beaucoup écouté DonCherry. Leur conversation indolente,entre échos de la tradition etvocabulaire inventé, berce et grise.Rien de spectaculaire dans cetteeau musicale mais un intimismeaccueillant, incitant à l’abandondans la lueur d’une bougie. P.L.2008 NOV/DEC n°<strong>31</strong>


62Ben’Bop"Ben’Bop"(L.A.pd/Pias)Il est difficile de croire que lesparticipants à ce projet viennentd’univers aussi hétérogènes tant ilest abouti. Ben’Bop est le fruit de larencontre entre Arnaud Samuel, levioloniste de Louise Attaque, deuxdes chanteurs du groupe de hiphop No Bluff Sound, Mao et Kadou,et le producteur de ces derniers,Vincent Stora. Leurs pointscommuns ? L’absence d’a priori etla volonté de laisser l’inspiration dumoment guider leur musique. Unedémarche concluante : on trouvebien des traces de chanson, de hiphop, de ragga, de rock ou mêmede musique classique (citation trèsfine de Vivaldi sur Kouné Ak…) surl’album, mais chaque chanson estune entité en elle-même, supérieureà la somme des musiques quila composent. Il émane de cedisque une fraîcheur revigorante,une légèreté malgré la gravité decertains sujets traités. En wolof,Ben’Bop signifie « une seule tête ».On aurait presque pu s’en douter.B.B.Kora Jazz Trio"Part III"(Celluloïd/Rue Stendhal)Du grand art ! Comment ne pasêtre enthousiaste à l’écoute de cePart III ? Comment ne pas apprécierce trilogue mandingue, cettenouvelle rencontre entre les virtuosesDjeli Moussa Diawara à lakora, Abdoulaye Diabaté au pianoet Moussa Cissoko aux percus?Enregistrés en quatre jours (cequi peut expliquer que certains titresfinissent sur des shunts) avecle renfort du joueur de calebasseMamadou Koné, ces onze titres auswing impeccable surlignent le lienentre Afrique et jazz. Virtuellement,notre KJT fait même escale à laHavane le temps d’une reprise deChan Chan, fidèlement adaptéepour instruments exotiques. Uneville qui fait plus insidieusement, surquelques autres titres, la jonctionparfaite entre ces deux continentsmusicaux ! SQ.Mango Gadzi"Laï Valima"(ATEA Productions/L’Autre Distribution)Pour son troisième album, MangoGadzi a fait le pari du live. Missionréussie puisqu’une des grandesqualités de Laï Valima est deretranscrire à merveille l’énergiescénique des huit musiciens.Enregistré à l’Institut du MondeArabe à Paris en mai 2008, cenouveau voyage autour de laMéditerranée est plus plaisantque jamais, cultivant la diversitémélodique (rock, jazz, hip hop…)et instrumentale (flûte, oud, guitareflamenca, saz, contrebasse,violon…) du groupe. Empruntantdes phonèmes sur chaque rive,le chanteur continue de noussurprendre avec sa langue imaginée,mais la voix peine à convaincre,semblant parfois susciter uneémotion différente des thèmes qui laportent. Somme toute, ce brassageautoproclamé « orientalo-tzigane »ravira les oreilles curieuses. F. M.Nitin Sawhney"London Undersound"(Cooking Vinyl)Si My Soul, titre enregistré avecla collaboration de l’ex-Beatlesanobli Paul McCartney, n’est pas lemeilleur titre de ce huitième opus deNitin Sawhney, il en dit long quant aurefus de ce musicien londonien d’êtrecontraint par son ADN artistique.Celui qui a traversé quelquescourants musicaux majeurs de cesvingt dernières années – de l’acidjazzà l’asian-beat, de la cosmopopau flamenco en passant par leDrum and Bass – signe ici un albumcohérent au-delà de la diversitédes featurings recensés (l’IndienneAnoushka Shankar, les Espagnolsd’Ojos de Brujo, le Londonien Natty,l'hispano-brésilienne Tina Grace…).Ce bel ouvrage au vernis pop intègreau fil de ses lyrics la complexité dumonde actuel. SQ.n°<strong>31</strong> NOV/DEC 2008


63U-Cef"Halalwood"(Crammed Discs/Wagram)C’est avec une pointe d’ironieque U-Cef, Marocain de Londresprécurseur du reubeu-beat,surnomme son deuxième opusHalalwood. Soutenant son proposd'un détournement du cliché de la villedes stars, il prolonge celui d’Halaliumqui, il y a un peu moins de dix ans,annonçait la couleur : « Halal Groovesfor the new millennium from theMoroccan digitaliser ». Aussi accueillantqu’une oasis dans le désert, sonmelting-beat se fait l’écrin des voixde Natacha Atlas, Damon Albarn,Uk Apache, Mbarka et JustinAdams, Amina, Rachid Taha (dansune nouvelle réinterprétation dutubesque Ya Rayah). MarhaBahiaqui joue la grande traversée enreliant groove gnawa et batucada,ouvre de nouvelles perspectivespour le prochain opus. Espéronsqu’il déboule avant 2018. SQ.Mamadou Diabaté,Vieux Farka Touré"Remixed : UFOs Over Bamako "(Modiba/ Naïve)Le Mali inspire les musiciens detous bords. Les onze djs américainsqui se sont emparés des bandesdu premier album de Vieux FarkaTouré ont, avec finesse, tiré partide l'occasion offerte d'amener unpeu de rouge terre africaine sur lesdancefloors. Creusés ou rehausséspar l'apport de corps étrangers, lechant et la musique du fils d'Ali selaissent joyeusement entraîner pardes effluves dub, transe, électro outechno-jazz. L'héritier du célèbreguitariste de Niafunké trouve ainsiune façon plaisante de s'aventurerau-delà des seules traces de sonpère. Karsh Kale, Fabian Asultany,Cheb I Sabbah et leurs compèresont créé une joyeuse et cohérentecollision qui de plus participeraà la lutte contre la malaria par lebiais d’un reversement de 10 %des recettes de ce disque au profitd’une ONG affiliée à l’UNICEF. B.M.Shujaat Husain Khan,Lagudi GJR Krishnan"Stings Tradition"(Felmay/Orkhestra International)Le titre de cet album est assezétrange, car loin d’être en présenced’une tradition, nous assistonsà la rencontre inédite de la koramandingue avec le sitar hindoustani(Inde du Nord) et le violon carnatique(Inde du Sud). Mamadou Diabaté,Shujaat Husain Khan et LagudiGJR Krishnan possèdent chacunun ancrage profond dans leurshéritages respectifs et la mise encommun de leurs arts patrimoniauxn’avait jamais été explorée. Tousappartiennent à des lignéesd’artistes parmi les plus respectésdans leurs disciplines, mais sontaussi des musiciens au sommet deleur art qui dialoguent entre pairs.Au lieu d’échanger des recettestechniques implacables, les troisvirtuoses se laissent imprégner parles émotions musicales des uns etdes autres pour y répondre avecjustesse et respect. B.M.La Casa Bancale"Casa Nostra"(Créazart/La Casa Bancale/Rue Stendhal)Ils sont 7 dans cette casa bancale. 7à jouer d’un ou plusieurs instruments.7 à chanter et à faire les chœurs. 7 surce Casa Nostra, à maintenir le capd’une musique tout en détours, envoyages incessants, un art nomade,singulier et pluriel.Forcément, à un moment ou unautre, au fil des 14 étages decette maison sur trois pattes, çatangue sur un skank à Kingston, çajumpe sur la pompe des Balkans,ça roule du « cul-bassin » à laHavane quand ça ne roucoule pas« cubano » à Santiago de Cuba.Si, si ! Assurément festif (mais passeulement), nos sept « maffiozizi »inventent un autre monde pour leplaisir d’en jouer les contours etd’en faire résonner les entraillesjusqu’à pas d’heure. Groupe descène, La Casa Bancale est unebonne adresse, même sur disque.SQ.2008 NOV/DEC n°<strong>31</strong>


64Afia Mala à Cuba"Afia Mala à Cuba"(Frochot Music / Cantos / Distribution Pias)Après cinq ans d’absence, Afia Mala,l’une des voix les plus fameuses duTogo, réapparaît à Cuba, pour unalbum purement salsa, escortéepar l’infatigable Orquesta Aragon.Depuis la moitié des années 1970,Afia Mala flirte avec l’afro-cubain :cet album, enregistré aux studiosEgrem de La Havane, sonne donccomme un rendez-vous explosif.Chantées en mina, la languematernelle d’Afia et en espagnol,les compositions célèbrent leTogo, Cuba, l’amour, la vie et, biensûr, le caractère exceptionnel dela rencontre! La voix d’Afia Mala,dopée par l’émotion et le jeu del’orchestre, n’a jamais aussi biensonné. La mythique formation avaitaccompagné Myriam Makeba, maisn’avait jamais enregistré d’albumstudio avec une chanteuse africaine :voilà chose faite. Et réussie. E.C.Improvisators Dubmeets IrationSteppas."Inna Steppa Dub"(Hammerbass/Modulor)Familiers de ce type de rencontrespuisqu’ils croisaient leur musiqueavec The Disciples (UK) en 2000 etsignaient en 2004 un Highvisatorsen compagnie des Lyonnais HighTone, Les Improvisators Dubremettent le couvert avec cet InnaSteppa Dub. Autour de la table(de mix’), le gang bordelais et lesAnglais d’Iration Steppas, groupelégendaire et bicéphale (DennisRootical et Mark Iration) du UKDub, rivalisent d’ingéniosité. Aufinal, ils réalisent dans l’hexagoneune douzaine de plages nerveuseset elliptiques, marque de fabriquede ce dub made outre-Manche.Tous en Anglais (un plus quand ilest chanté par les British), ces titresou leurs dubs rajeunissent les liensantédiluviens entre Aquitaine etAngleterre. SQ.Khalifa"Khalifa"(Taxi/Discograph)Chanteur du Positive Radical Soundavec lequel il a sorti deux opus,Khalifa revient en solo avec un albuméponyme sous le bras. « Un deplus! », songerez-vous. Sauf quelà, tous les riddims portent lagriffe Sly & Robbie et affichent unbacking-band classieux. Pardon!Un peu comme si, plutôt de sesaper chez Tati, Khalifa confiait sadégaine à Lagerfeld. Haute couturejamaïcaine pour bavard roots dansl’âme, et engagés.Au Ségolène et Nicolas, attractionmusicale archi-rabattue lors desdernières présidentielles, préféronsle Love and Kisses, au piano dubbésur un instru lover ou Président qui,sur un riddim rondouillet, pointe ledécalage entre la population et lepremier fonctionnaire de Franceembauché en CDD de cinq ans parla majorité des votants. SQ.Gilfema+2"Gilfema+2 "(ObliqSound/Abeille Musique)L’équation est simple. Si les Etats-Unis attirent toujours les migrantsdu jazz, alors USA = Bénin +Hongrie + Suède. Soit GilFema+2= Lionel Loueke alias GIlles (guitare)+ FErenc Nemeth (batterie) +MAssimo Biolcati (contrebasse), untrio d’immigrés aux Etats-Unis quise sont connus à la prestigieuseécole de musique Berklee etinvitent deux clarinettistes sur leurdeuxième opus. La formule dece jazz métissé est toujours plusproche des lois du groove que decelle de la gravité, avec un Loueke(auteur du remarqué Virgin Forest)impérial, qui claque, s’envole,chante, harmonise, vocalise, etrejoint ses comparses rythmiques.Bref, ces trois instrumentistesn’oublient pas de respirer entre leslignes, avec de bons airs. CQFD ?E.M.n°<strong>31</strong> NOV/dec 2008


FrequenceSubliminaleLABEL - mondomix.com - 65//SUBLIMEsFREQUENCEStexte Laurent CatalaEnvie de traverser les ondeshertziennes de l'Asie, du Laosà Java en passant par le Tibet,de saisir au vol les humeursmusicales vagabondes et insolitesdu Sahel au Moyen-Orient ou defolâtrer aux contacts des gangssud-américains ?Sublime Frequencies s'occupe detout.Davantage qu'un label, Sublime Frequenciesest, avant tout, un collectif d'explorateurs.Tels des anthropologues de l'ombre, unnoyau d'activistes piste les contours de traditionsurbaines et rurales méconnues, le plussouvent ancrées dans des contextes politiquescompliqués. Qu'il prenne la forme d'unevidéo, de « field recordings » de scènes derue ou d'un programme radio officiel, chaquetémoignage audiovisuel devient l'occasionde se transporter vers de nouvelles esthétiquesqui subliment réalité géographique ouculturelle pour aboutir à une redécouverte del'expérience de l'écoute.Au-delà de leurs particularismes régionaux,les disques et les dvds Sublime Frequenciesconstituent autant de passerelles versde véritables documentaires sonores d'uneworld-music hors système. Ils délaissent leplus souvent les sentiers battus des industriesmusicales locales pour puiser, au cœurdes sphères sociales visitées, la matièresonore propice au voyage sensoriel.Plongé dans la réalité des souks syriens (IRemember Syria), dans celle de minoritésethniques ostracisées (Ethnic Minority Musicof North Vietnam, Ethnic Minority Music ofSouth Laos, Among The Tuareg of Lybia)ou dans les favelas de Rio (Forbidden GangFunk from Rio de Janeiro), l'auditeur transitegrâce à Sublime Frequencies dans un intrigantunderground planétaire. Les modeséphémères y sont sacrifiées sur l'autelde morceaux choisis où pop, rock et folks'adaptent pour révéler des identités culturellesmutantes, pétries d'influences externes etde métissages cinglants. Pour exemples : lessalves de guitare électrique qui accompagnentla musique sahraouie du Group Douehsur Guitar Music From Western Sahara oule psychédélisme sixties qui anime le Latinamericarpet: Exploring The Warp Vinyl ofLatin American Psychadelia.RADIO VAGABONDEA ce titre, les captations radio présentent unesource intarissable pour le label et alimententune véritable collection dans son catalogue.Radio Pnom-Penh, Radio Sumatra, RadioAlgeria, Radio India, et même Radio Pyongyang,dévoilent un patchwork de musiques,de jingles, de pubs, de flashs d'informationspassées à la moulinette des ondes. Ellesinduisent le dynamisme tourbillonnant desociétés culturelles en construction permanente,entre traditions séculaires et tentationoccidentale. Un chassé-croisé autant vecteurde créativité artistique que de tension interne.C'est d'ailleurs du côté d'un pays récemmentsous les feux de l'actualité avec le cycloneNargis et les massacres d'opposants, quepointe la dernière publication SF. Dépouilléedes éléments de propagande, Radio Myanmarexfiltre, des émissions de la radio nationalebirmane, les sources d'un conflit culturelsous-jacent, celui d'une société hermétiquementclose mais où la soif de liberté rejaillitinconsciemment dans la frénésie d'habillagessonores, babillant entre singularité locale etd'universels motifs pops et électros. Unemanière originale de rompre un isolementdont les jours sont comptés.Sublime Frequencies est distribué en France parOrkhêstra International.www.sublimefrequencies.com2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


focus DVD - mondomix.com - 66FILMER la musiquede manière novatricerares », se félicite Stéphane Jourdain) esttacitement reconduite chaque année. Unecollaboration qui oblige les réalisateursà construire un film autour d’un concert,puis à travailler à la mise en image de cettemusique, puis à la mise en musique d'autresséquences (nulle contrainte de ne filmer quedes musiciens).// LA HUITFREEDOM NOWtexte Jean-Pierre BruneauL’association entre le festivalBanlieues Bleues et la sociétéde production La Huit a permisl’éclosion d’une collectionoriginale de films pour latélévision, qui interroge avecbonheur les rapports imagesmusique.Parce qu’il en avait « marre de voir à la télédes trucs mal filmés qui ne donnaient pasplus envie de les regarder que d’écouter lamusique », le producteur Stéphane Jourdaina décidé de parier sur une musique filmée,susceptible de générer de nouvelles formescinématographiques. L’idée ? Offrir une carteblanche à des réalisateurs aussi préoccupésde musique que par l’envie de sortir dessentiers battus.Ainsi naît en 2003 la collection « FreedomNow » dotée aujourd’hui de trente films d’unecinquantaine de minutes où l’on trouve aussibien Marc Ribot, Tom Zé que MahmoudAhmed. L’intitulé « Listen to the film, watch themusic » (« écoute le film, regarde la musique »)définit sa démarche.L’association avec Banlieues Bleues (« unfestival très ouvert, porté sur les croisementsAvec la qualité au cœur de ses exigences,Stéphane Jourdain tient à soigner lapréparation de chaque tournage, à ne lésinerni sur le nombre de caméras (de six à huit)ni sur les pistes son (jusqu’à quarante-huit).Chaque réalisateur a ainsi tout loisir delaisser sa « patte » : plans très serrés deClaude Santiago, belles images noir et blancde Jacques Goldstein, délirant graphismepsychédélique de Jérôme de Missolz.Pour « faire vivre ces films » au-delà de ladiffusion télévisée, ils paraissent maintenanten dvds, au nombre de six par an. Ce nesera pas le cas, hélas, pour des questions dedroits, de l’enfant chéri de Stéphane Jourdain,« Conjure » (filmé par de Missolz), un collectifqui réunissait pour ce concert David Murrayet Taj Mahal sous la direction artistique dupercussionniste Kip Hanrahan. Sur scènecomme sur disque « Conjure » conjuguerock, funk, blues, jazz, salsa et poèmesd’Ishmael Reed. Pour se consoler, on verrabientôt sur Mezzo un Fred Frith et surtout, surTrace TV en décembre, le formidable concertà Aubervilliers des Last Poets, pionniers durap militant new yorkais des années 1970,de nouveau réunis pour l’édition 2008 deBanlieues Bleues.Les six dvds actuellement disponibles(distribution DG diffusion) :- Raï ! Raï ! Raï !, Cheikha Rabia & MessaoudBellemou, un film de Claude Santiago.- Tribute to Batata, Justo Valdez & la RumbaPalenquera, un film de Claude Santiago.- Sainkho Namtchylak, un film de Guy Girard.- Abaton, Sylvie Courvoisier Trio, un filmd’Anaïs Prosaïc.- Eclipse, Wadada Leo Smith Golden Quartet,un film de Jacques Goldstein.- Yohimbe Brothers, un film de Jérôme deMissolz.www.lahuit.comn°<strong>31</strong> nov/dec 2008


livres / dvds - mondomix.com - 67DvdsFayrouz" Live in Dubai "(Enja Records/Harmonia Mundi)Longtemps symbole d’un Liban unifié, idéeaujourd’hui bien mise à mal, la chrétiennemelkite Fayrouz demeure l’icône de lachanson de langue arabe. Aujourd’hui semiretraitéeà l’âge de 73 ans, elle n’apparaîtsur scène qu’exceptionnellement. Ainsi, en2008, elle ne s’est produite qu’en Syrie audébut de l’année – une démarche, on s’endoute, diversement appréciée dans sonpays natal.Ce dvd constitue la captation d’un concert déjà ancien et forcémenttriomphal donné en 2001 à l’université américaine de Dubaï. La diva, dontni la voix ni la silhouette ne laissent deviner le poids des ans, s’y révèletoujours aussi hiératique, digne et concentrée sur son chant. Accompagnéede choristes et d’un grand orchestre à dominante arménienne dirigé parKaren Durgaryan, elle y interprète presque uniquement des compositionsfamiliales, que ce soit celles de son défunt époux Assi Rahbani (décédé en1986) ou celles de son fils, Ziad Rahbani. Pour compléter le tableau, c’estsa propre fille, Rima Rahbany, qui réalise ce dvd avec de gros moyens,mais pas vraiment de point de vue ni d’originalité. Nous sommes icidavantage dans le domaine de l’hagiographie pieuse que dans celui de lacréation cinématographique. JP BruneauTinariwen"Live in London"(Independiente)La force de Tinariwen est de délivrer unemusique aussi puissante que la mystiquequi l’entoure. Ce dvd, enregistré au Shepherds Bush Empire en décembre2007, témoigne ainsi du charisme du groupe sur scène et de sa maîtrisemusicale. Si les silhouettes enturbannées guitares en main constituent lepremier choc, le second doit tout au son du groupe : un groove dont lafausse nonchalance emporte l’auditeur, des éclairs de guitare électrique etdes voix gorgées de sentiments. Le dvd ne comporte que douze titres duconcert, mais se rattrape avec ses généreux bonus : un reportage sur legroupe dans le désert malien, une interview de Justin Adams, producteurde leur premier album et du dernier, Aman Iman, et surtout une interviewde près d’une heure du fondateur du groupe, Ibrahim Ag Alhabib. Au coindu feu, il raconte la fascinante histoire de sa vie. Un objet de tout premierordre pour qui s’intéresse au groupe ou aux musiques touarègues.Bertrand Bouard.2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


68 - mondomix.com - livresB.M.LivresCHRISTOPHE APPRILL"TANGO. LE COUPLE, LE BAL ET LA SCÈNE "(Autrement)Danser ouvert ou fermé ? Tangonuevo ou milonguero ? Bal ou tangode scène ? Sociologue et danseur,Christophe Apprill pointe les enjeuxcontemporains de la pratique du tango,cachés sous ces questions. Son nouvelouvrage présente une synthèse de sesenquêtes publiées dans Sociologie desdanses de couple et Le tango argentinen France, dont la problématiquecroisée interroge les stéréotypesassociés au caractère sexué du tango. Encore faut-il les cerner,et la question réfléchit sur les tensions produites par la diffusiond’une danse mondialement pratiquée, qui ne cesse pourtant dese référer à son berceau d’origine. Après un historique du tangocomme catégorie de « musique à danser », l’auteur s’intéresseà la répartition des rôles masculins et féminins au gré de laprofessionnalisation d’une pratique qui peine à accéder au statutde discipline artistique, justement en raison de son image dedanse sociale et érotique. Concluant par un tour d’horizon deces contradictions qui accompagnent l’essor du tango depuisles années quatre-vingt, le livre interprète la fascination qu’exercecette danse par son ambigüité, comme « lieu de construction dusoi dans une interaction sensuelle tendue vers la sphère du couple,qui n’est pas simplement vouée à être amoureuse. » Yannis RuelGUILLAUME SAMSON /BENJAMIN LAGARDE /CARPANIN MARIMOUTOU"L ‘univers du maloya "(Editions de la DREOI)Sous-titré Histoire, ethnographie,littérature, cet ouvrage, édité parles Editions de la Dynamique deRecherche en Ethnomusicologie del’Océan Indien (DREOI), n’est pas àmettre entre toutes les mains. C’estdu sérieux, de l’érudit, tout sauf unouvrage à lire pour passer le temps.Austère dans sa présentation maisriche dans son contenu, coordonnépar l’un des trois auteurs, Guillaume Samson, collaborateurdu très dynamique Pôle Régional des Musiques Actuelles de laRéunion (PRMA), il réunit les travaux de trois fouineurs savants, deceux qui aiment aller jusqu’au bout des choses et ne se contententpas de superficialité. « A l’instar de la langue créole, la musiqueconstitue à la Réunion un enjeu de culture central », dit la premièrephrase du livre, justifiant ainsi en raccourci le décryptage sérieux,dans les quelques 200 pages suivantes, de la musique phare del’île. Celle, qui au-delà de son sens culturel et identitaire, a rendu laRéunion visible sur la scène internationale. P.L.n°<strong>31</strong> NOV/DEC 2008


livres - mondomix.com - 69Clément Ossinonde"Les Bantous de la Capitale"(Cyriaque Bassoka Editions)La « Danse des Bouchers », vousconnaissez? Grâce à ce livre, voussaurez que c’est une danse inventée en1965, sur la musique des Bantous dela Capitale. Une information parmi descentaines d’autres, à propos de cetorchestre formé en 1959 à Brazzaville.Un groupe légendaire qui a participéà l’écriture de la bande-son de cetteépoque cruciale où les deux Congos(Brazzaville et Léopoldville) gagnent leurindépendance. La formation interprètela fameuse rumba congolaise, unemusique à danser aux accents cubainsmarqués qui a surgi dans les années1950, s’est propagée d’abord à Brazzaville et à Léopoldville(rebaptisée Kinshasa en 1966), avant de se répandre danstoute l’Afrique. Ancien chroniqueur de musique sur des radioscongolaises, l’auteur retrace la saga de cet orchestre historique,sous forme d’une chronologie de 48 ans. Pourquoi ne pas avoirattendu le 50ème anniversaire ? Peut-être un signe des temps decrise. On ne sait pas de quoi demain sera fait… P.L.Lhasa"La Route Chante"(Editions Textuel )Jolie idée que d’avoir proposé à Lhasa de concevoir ce livre illustréqui permet d’agrémenter l’attente de son prochain album. En trentechapitres thématisés, l’artiste mexicano-canadienne livre quelquesclés de son histoire et dévoile la facette graphique méconnue deson imaginaire. Pensées, photos, dessins et collages dépeignentavec délicatesse ses affectueuses relations avec sa famille, sesmusiciens ou ses créations « … j’ai tellement de tendresse pourmes chansons. Je ne peux pas les laisser tomber. J’ai besoind’aller le plus loin possible vers ce que j’entends dans ma tête.Plus cela sera proche de cette musique intérieure, plus la chansonvivra réellement », avoue-t-elle. L’on comprend alors ce qui nousfascine chez Lhasa : cette capacité à faire entendre un mondedense, profond et intime, tissé de rêves et de sons.Les reproductions de ses peintures expressionnistes et de sescollages surréels complètent ce paysage intérieur, alors que lesphotos de sa famille et de son quotidien de chanteuse nomadenous la rendent plus proche : l’impression d’ouvrir le livre d’uneétoile et de refermer celui d’une amie. B.M.2008 NOV/DEC n°<strong>31</strong>


70 - mondomix.comDehors !38 e rugissantsGrenobleDu 14 au 29 novembreGrenobleTendez l'oreille et écarquillez les yeux !Pour sa 20ème édition, les 38 e rugissantsvous éloignent une nouvelle fois dessentiers battus. Objectif: composerle monde. Entre tradition mongole,danse contemporaine et musiqueélectroacoustique, Galop du temps,Galop du vent ouvre la voie. A suivre, uneplongée dans un Liban imaginaire par unescénographie sonore, des ondulationsentre percussions traditionnelles orientales et contemporaines avecRavashni, le mariage du violoncelle d'Ernst Reijseger avec kalimba,xalam et polyphonies sardes, puis ONI, qui oscille entre théâtre nô etexpérience contemporaine. En clotûre « Jubilation Orientale » réunirale joueur de oud Smadj, le trompettiste Erik Truffaz et le tabliste TalvinSingh.Villes des Musiques duMonde17 octobre au 23 novembreSeine-Saint-Denis et Pariswww.38rugissants.comwww.villesdesmusiquesdumonde.comM.B.Pour la 20ème fois Benoit Thiebergien signela direction artistique des 38 e Rugissantsde Grenoble, il nous explique comment s’yrejoignent tradition et modernité.Pourquoi les 38 e Rugissants se sont-ils ouverts auxmusiques traditionnelles ?Parce que la tradition, loin d’être une musique figée, reste enperpétuelle évolution, dans une dynamique d’innovation, sans pourautant se couper de ses racines. En ce sens, elle enrichit la créationmusicale contemporaine de l’extraordinaire diversité de ses formeset de ses esthétiques ; elle l’invite à élargir ses représentations d’unmonde devenu hybride et composite. C’est aussi notre façon debousculer le vieux débat sur l’opposition entre tradition et modernité,fondement même d’une forme de domination culturelle occidentalesur les autres cultures.Comment avez-vous composé la programmation decette édition ?« Composer le monde » : voici justement le fil rouge de cette édition.Une façon de faire « l’inventaire » de vingt ans de création musicaleaux « 38e », tout en ouvrant la programmation sur des perspectivesnouvelles. La thématique est déclinée selon trois axes : composerle monde dans son rapport à la nature, aux paysages sonores, àl’environnement et aux menaces qui pèsent sur notre planète bleue; composer le monde à la rencontre des hommes qui l’habitent, àleurs traditions et leurs rapports aux territoires ; puis composer lemonde du futur en l’imaginant à travers le prisme des images etdes technologies du présent. Seize jours pour composer le mondeà travers opéras, ensembles orchestraux, rencontres transculturellesinternationales, spectacles musique-danse-images, installationssonores, événements extra-muros, jeune public, etc.FocusMéditerranéeDu 8 au 14 décembreDijonProfitant de cette « AnnéeEuropéenne du DialogueInterculturel », ZutiqueProductions lance la premièreédition de Focus Méditerranée,dans le cadre du festival Nuitsd’Orient. S’appuyant sur uneprogrammation musicaletransméditerranéenne (KeyvanChemirani, Manu Théron, CarloRizzo, DuOud, Dj Click, RabihAbou-Khalil…), l’événementcomplètera son propos avecforce projections, contes,conférences et dégustations.Du Liban à Lisbonne, de laProvence à l’Algérie, les rivesde la Méditerranée serontprétextes à de très bellesrencontres.www.zutique.comUne table-ronde nationale rassemblera enfin les acteurs de la musiquesur les nouveaux enjeux de la création contemporaine.Retrouvez la suite de l'interview sur : www.mondomix.comn°<strong>31</strong> nov/dec 2008


MONDOMIX AIME !Voici 12 bonnes raisons d’aller écouter l’air du tempsmondomix.com - 71Festival Jazz’n’Klezmer25 octobre au 18 décembreParisMusée du Quai BranlyNovembre-décembreParisSalle PleyelNovembre-décembreParisMusée GuimetNovembre / décembreParisGuitares 2008Du 13 novembre au 5 décembreRégion Rhône-AlpesLe jazz et le klezmer voguent versle même horizon sonore pour unmariage atypique de rythmeshétéroclites. So Called se produiraen ambassadeur d’un hip-hop àl’accent yiddish, Frank Londonfera vibrer les âmes au son de satrompette hypnotique en réponseà l’association de la clarinetteet du piano respectifs de Yom etDenis Cuniot, tandis qu’Oy Divisionnous invitera pour un voyage auxorigines de la culture juive. Cesera aussi l’occasion de découvrirl’ensemble de Yuval Amihaï ou lesmarseillais de Kabbalah. Et pourpimenter le tout, DJ Click et EstelleGolfrab offriront un « Flavourshow Jazz’n’Klezmer » declôture. De quoi vous fairedresser l’oreille !Le Musée du Quai Branlycontinue à satisfaire votre soif dedécouvertes ! La calotte glaciairen’aura plus aucun secret pourvous avec l’exposition « UpsideDown - les Arctiques » surles arts esquimaux (jusqu’au11 janvier). Du 30 octobre au2 novembre, préparez-vous àapprocher la grande faucheuseavec le spectacle « Le Gangeà Bénarès, renaître en Inde »,qui vous fera partager la visionhindouiste de la mort à traversdanse et chant. Le 15 novembre,Phillip Perris, dont le didgeridoosera accompagné par guimbardeet tablas, offrira un salon demusique. Un dialogue entre lescultures, loin d’être à bout desouffle !www.sallepleyel.frLe pouls de l’auditorium dumusée Guimet bat au rythme duJapon et de la Chine à travers unesélection de spectacles raffinés.Le 7 novembre Koma revisiterala musique traditionnelle du paysdu soleil levant avec shamisen,wadaiko et shakuhachi. Les 21 et22 Eiko Hayashi nous entraînerasur le terrain de la danse, pourun spectacle déployant toute laforce du kabuki. Le 12 décembrela chinoise Ling Ling Yu mêlerales mélodies de son pipa à cellesdu flûtiste Henri Tournier. Le 13décembre les chants courtois etl’art léger du koto d’Etsuko Chidaachèveront ce tour d’horizonenchanteur.www.guimet.frLes guitares se désinhibentet dévoilent leurs formesvoluptueuses ! Elles se donnentrendez-vous en région Rhône-Alpes, pour s’acoquiner à unemultitude de styles musicaux.Soïg Sibéril, originaire deBretagne, en libèrera dessonorités celtiques, et Moriartynous les fera déguster saucefolk. Juan De Lerida s’emparerade sa guitare pour échauffer lescœurs sur des airs flamenco,alors que le Keith B. Brown Trio,en provenance des USA, noustransportera à travers la magiedu blues. Preuve que l’instrumentn’a pas fini de surprendre !www.netleoville.orghttp://www.myspace.com/jazznklezmerwww.quaibranly.frAgendaTOUTES LES SELECTIONS SORTIES SUR www.mondomix.com/fr/agenda.phpA Compas Del Corazon : 14 nov LeMans (72) ; 27, 28 Rennes (35)A Filetta : 7 dec Montreuil (93) ;9 Chartres De Bretagne (35) ; 12Saint Martin des Champs (29) ; 14Marseille (13)A Sei Voci : 21 nov Pontoise (95)Abdel Halim Hafez : 1 nov Paris (75)Abdel Sefsaf : 4 dec Saint Etienne(42)Abderrrahim Souiri : 28 nov Paris(75) ; 29 Paris (75)Abidat R'Ma : 14 nov VandoeuvreLes Nancy (54)Adama : 13 dec Alfortville (94)Afincao : 8 nov Sciez (74)Ahmed El Salam : 7 nov Laxou (54)Ahouzar Abdel Aziz : 13 decNotre Dame de Gravenchon (76)Aj De Comapala : 12 dec Paris (75)Akli D. : 7 nov Issoire (63)Al Andalus : 14, 15 nov Paris (75)Altai Khangai : 26 nov Paris (75)Alte Voce : 21 nov Murs Erigne (49)Angelique Ionatos : 18 nov MarlyLe Roi (78)Angelo Debarre : 22 nov Ozoir laFerriere (77) ; 4 dec Courbevoie (92)Anna Torres : 7 nov Paris (75)Annie Ebrel : 19 au 22 nov Lyon (69)Antibalas : 12 nov Rouen (76)Antiquarks : 14 nov Lyon (69) ; 29Saint Martin d'Heres (38)Antonio Perez : 16 nov Paris (75)Antonio Placer : 1 dec Paris (75) ; 2Voiron (38)Asif Ali Khan and Party : 18 novBischwiller (67); 23 Carhaix Plouguer(29)Ba Cissoko : 14 nov Montpellier (34);15 Fayence (83) ; 16 Pantin (93) ; 20Angers (49) ; 21 Tullins (38)Baba Sissoko : 18 nov Portes lesValence (26)Badala Foly : 15 nov Boulogne SurMer (62)Bako Dagnon : 20 nov Bordeaux(33); 23 Guilvinec (29)Balkadje : 20 nov Nancy (54)Ballake Sissoko : 12 nov Wimereux(62)Bnatuani : 11 nov Paris (75)Barbara Furtuna : 15 nov SavignyLe Temple (77) ; 26 Montargis (45) ;28 Reze (44)Bayarbaatar Davaasuren : 19 novLille (59)Bernardo Sandoval : 10, 11 decToulouse (<strong>31</strong>)Bevinda : 21 nov Bouguenais (44)Bia : 12 dec Berre L'etang (13) ; 18Reims (51)Bonga : 11 dec Coulommiers (77);29 Villepinte (93)Boubacar Traore : 07 nov LesMureaux (78) ; 08 Dole (39) ; 14 PontSte Maxence (60) ; 21 Beaucourt(90) ; 28 Fougères (35) ; 24 decBobigny (93)Bratsch : 22 nov Pierrefitte SurSeine (93)Brice Wassy : 04 nov Paris (75)Buika : 12 nov Bordeaux (33) ; 03dec Decines (69) ; 04 dec Echirolles(38)Calle Real : 07 dec Paris (75)Camel Zekri : 29 nov Grenoble (38)Caminho : 27 nov Olivet (45)Canta U Populu Corsu : 14 decMarseille (13)Carlo Rizzo : 23 nov La Tronche (38)Carlos Nunez : 22 nov Nantes (44); 06 dec Dijon (21) ; 7 Beauvais (60); 8 Lille (59)Carlos Perez : 1 nov Strasbourg (67)Cherifa : 11 dec Reze (44)Chet Nuneta : 13 nov Paris (75)Chiwoniso : 7 nov Paris (75)Chorda : 21 nov Le Mans (72)Chucho Valdes : 25 nov Paris (75)Coco Briaval : 5 dec Sarlat (24)Conga Libre : 22 nov Bayonne (64)CONGOPUNQ :7 nov La Roche SurYon (85) ; 15 Agen (47) ; 22 Arles(13) ; 29 Dunkerque (59) ; 13 decPerpignan (66)Cumbia Ya : 22 nov Paris (75)Dan Ar Braz : 21 nov Brest (29)Danyel Waro : 4 dec Nantes(44) ; 7 Montreuil (93) ; 14 Epinay SurSeine (93)Dede Saint Prix : 13 dec Sevran (93)Denis Cuniot : 20 nov Paris (75)Desert Rebel : 21 nov Chelles (77) ;6 dec Saint Ouen (93)Dobet Gnahore : 6 dec Cholet (49)Domb : 5 dec Istres (13)Dromenco : 28 nov Eguilles (13)Du Griot au Slameur : 7 novArgenteuil (95)Duo Artense : 12 dec Savigny LeTemple (77)Dyaoule Pemba : 4 dec BerreL'etang (13)El Hadj N'Diaye : 18 nov Portes lesValence (26)Electro Dunes : 7 nov Marseille (13) ;8 nov Bobigny (93)Ernesto Tito Puentes : 16 decVernouillet (28) ; 17, 18, 19, 20 Paris(75)Etenesh Wassie : 5 dec Cannes (6)Etran Finatawa : 22 nov Savigny LeTemple (77)Etsuko Chida : 13 dec Paris (75)Fabienne Magnant : 2 dec Paris (75Fadima Kouyate : 22 nov Bondy (93)Fanfaraï : 23 nov La Plaine SaintDenis (93)Fanga : 5 dec Stains (93)Fara fina : 21 nov Joue LesTours (37)Femi Kuti : 7 nov Creon (33) ; 8Ris Orangis (91) ; 11 Mulhouse (68); 12 Paris (75) ; 13 Lyon (69) ; 16Ramonville (<strong>31</strong>) ; 18 Dijon (21) ; 19Florange (57) ; 21 Nice (06) ; 22Marseille (13)Fenomamby : 7 nov Le Bourget (93)Frères Guissé : 7 nov Montreuil (93)Fundpouk : 16 nov Bagnolet (93)Gabriela Mendes : 13 dec Nantes(44)Gadjo Combo : 21 nov Fleury lesAubrais (45)Geoffrey Oryema : 07 nov Lillebonne(76)Gerald Toto : 21 nov Labege (<strong>31</strong>)Gilles Servat : 7 nov La Verriere (78); 8 Scaer (29) ; 22 Guidel (56) ; 5 decCrolles (38)Giovanna Marini : 12 dec Aimargues(30)Glik : 4 dec Cournon (63)Guappecarto : 1 nov Paris (75) ; 13Paris (75) ; 15 Magny le Hongre (77) ;18 dec Savigny Le Temple (77)Guem : 28 nov Perpignan (66)Gueorgi Kornazov : 8 nov Paris (75)Hadouk Trio : 08 nov Nevers(58) ; 13 Le Portel (62) ; 14, 15Dunkerque ; 29 Aulnay Sous Bois(93) ; 30 Acheres (78)Haidouti Orkestar : 28 nov Sarzeau(56)B.M.Huong Thanh"Parfum du pays viet" :21 dec (Paris) Café de la DanseI Muvrini : 14 dec Yutz (57) ; 16Merignac (33Idir : 27 nov Maromme (76) ; 12 decFranconville (95)Imperial du Kirkistan : 14 novVilleurbanne (69) ; 20 dec Coustellet(84)Jaipur Kawa Brass Band : 19 novLe Blanc Mesnil (93)Jean-Luc Amestoy Trio : 7 novBeaucourt (90)Jordi Savall : 10 dec Perigueux (42)Juan Carlos Caceres : 14 novBagnolet (93)Juan Carmona : 11 dec La SeyneSur Mer (83) ; 12 dec Cavaillon (84)Juan De Lerida : 5 nov Paris (75) ;21 Courpiere (63) ; 2 dec Caluire EtCuire (69)Juan Gomez "Chicuelo" : 6 decColomiers (<strong>31</strong>)Juan Jose Mosalini : 4 dec SanarySur Mer (83)Julien Jacob : 21 nov Montreuil (93)Kamilya Jubran : 26 nov SaintMartin d'Heres (38)Khaled Ben Yahia : 5 dec Bourg EnBresse (1)Kiran Ahluwalia : 12 nov Paris (75)L'Otxote Lurra : 8 nov Vierzon (18) ;9 Nevers (58)La Caravane Passe : 1 novDunkerque (59) ; 10 dec Paris (75)La Panika : 12 dec Castres (81) ; 18Maromme (76)Lavach' : 10 nov Caromb (84)Laxula : 24 nov Paris (75)Le Chauffeur est dans le Pré : 21,22 nov Clermont L'herault (34)Le Choeur de la Roquette : 13 decSavigny Le Temple (77)Lee Joung-Ju : 14, 15 nov Tours (37)Léon Larchet : 27 nov Cournon (63)Leonarda Sanchez : 4, 5 decToulouse (<strong>31</strong>)Les Barbarins Fourchus : 1 novBourg Les Valence (26) ; 21 Beziers(34) ; 29 Saint Martin d'Heres (38) ;12 dec Lille (59) ; <strong>31</strong> Grenoble(38)Les Bardes D'Asie Centrale : 15nov Paris (75)2008 nov/dec n°<strong>31</strong>


72 - mondomix.com - dehorsFes Jazz festival14 au 16 novembreMarocFestival Aulnay all blues15 au 23 novembreAulnay sous bois 93Théâtre de la VilleNovembre / décembreParisAfricolor21 novembre au 24 décembreSeine-Saint-DenisLe Fes Jazz festival a papillonnéentre Nord et Sud, pour nousoffrir des pépites musicalesen provenance des deuxhémisphères. A la tête del’African Rhythm Quintet, lepianiste américain de génieRandy Weston nous enivrerade ses compositions inspiréesde la musique gnaouie. Soncompatriote Mike Mainieri nousfera explorer les méandresénigmatiques de son jazz fusion,accompagné de son groupeSteps Ahead. Le Porto Rico sera,lui aussi, à l’honneur, avec PlenaLibre et son jazz salsa. Une choseest sûre : le jazz sera dégusté àtoutes les sauces !Renseignements :info@fesfestival.comUn pont tissé de sonoritésblues est lancé entre l’Afriqueet l’Amérique, afin d’arpenterles deux rives adeptes de cestyle musical. Nous plongeronsdans la région de Ségoudont est originaire BassekouKouyaté, joueur émérite den’goni et dégusterons le brakkadu congolais So Kalmeryavant de s’embraser sur lesaccords du guitariste LurryBell. Immanquable, le roi del’harmonica Billy Branch porterale blues de Chicago. Otis Taylorcomplètera le tableau avecun son aérien et hypnotique.Expositions, projections, etconférences achèveront deparfaire cette initiation !www.aulnaysousbois.com/Le Théâtre de la Ville vous donnel’occasion de mettre des notessur des noms qui vous sont peutêtreencore inconnus. Plusieursbardes d'Asie Centrale serelaieront le 15 novembre : UljanBajbusinova et Ardak Issataevamêleront chant et dombra duKazakhstan, en annonce au dotard'Ouzbékistan de OrynbaevaAlymbaj. Le 22 novembre seraplacé sous le signe de l'Inde duNord avec le chant hindoustanid'Ashwini Bhide. La Syrie seraà l'honneur le 6 décembre avecl'ensemble musical Al-Kindîet la transe soufie de SheikhHabboush. Elle cèdera la placeà l'Iran avec le kamantché deKayhan Kalhor (13 décembre).Un véritable parcours initiatique!www.theatredelaville-paris.comL'éclatant vent d'Afrique souffle ànouveau sur le 93 avec une belleprogrammation qui s’étend de lavoix murmurée de Julien Jacobaux éclats de la griotte malienneFadima Kouyaté, du chant érailléde Bonga au flow d'Amy D. De lakora, des tambours du Burundi,des incursions « jazz » avec HadoukTrio et Benkadi, « choro » avec3por6, « afrobeat » avec Fanga,« innovantes » avec l’unionMoriba Koita-Moriarty : unefois encore, Africolor prometd’exaltantes soirées !www.africolor.comTOUTES LES SELECTIONS SORTIES SUR www.mondomix.com/fr/agenda.phpLes Frères Guiche : 21 nov Brest(29)Les Gitans Dhoad du Rajasthan :07 nov Annecy (74) ; 11 Change (72)Les Yeux Noirs : 22 nov Ris Orangis(91)Lila Downs : 18 nov Paris (75) ; 21Conflans Ste Honorine (78)Liu Fang : 12 dec Paris (75)Lo Griyo : 11 dec Pantin (93)Lo'Jo : 14 nov Poligny (39); 22Angers (49)Los Calchakis : 4 dec Chaville (92)Lounis Ait Menguellet : 6 decAmiens (80)Lura : 20 dec Saint Denis (93)Luz Casal : 15 nov Conflans SteHonorine (78)Madina N'Diaye : 27, 28, 29 novLyon (69)Mah Damba : 1 nov Aubervilliers (93); 8 Montreuil (93)Mahama Konate : 21 nov Joue LesTours (37)Mahmut Demir : 14 nov Paris (75)Maîtres Tambours du Burundi : 13nov Issoudun (36) ; 21 Bischheim (67); 1 Albi (81) ; 4 Villetaneuse (93) ; 5Stains (93) ; 6 Flamanville (50)Mamadou Kibie Diabate : 8 novRouen (76)Mango Gadzi : 7 nov Faverges (74); 14 Lyon (69) ; 18 Paris (75) ; 12 decSaint Jean De Vedas (34)Marc Perrone : 18 nov Paris (75)BanjeeMarcio Faracoavec Milton Nascimento5 nov Salle Pleyel Paris (75)25 Sete (34)5 dec à l'Européen Paris (75)Maria de Medeiros : 16 nov Paris(75)Maria Dolores y los Crucificados :2 nov Calvi (20)Mariana De Moraes : 5 nov Paris(75) ; 25 nov Sete (34)Mariza : 5 dec Chalon sur Saone (71); 6 dec Conflans Ste Honorine (78)Massak : 7 nov Rennes (35)Mellino : 14 nov La Chapelle SurErdre (44) ; 15 Nantes (44) 29 et 5, 6dec Paris (75)Michel Etcheverry : 13 nov Dax (40)Michel Guay : 18 nov Trelaze (49)Mohamed Bajeddoub : 14, 15 novParis (75)Monica Passos : 12 dec Lillebonne(76) ; 19 Portes les Valence (26)Monsif : 7 nov Laxou (54)Mor Karbasi : 7 nov Limoges (87) ;28 Paris (75)Moriba Koita : 28 nov Tremblay EnFrance (93)Mounira Mitchala : 15 nov Castres(81)Moussa Hema : 17 dec Les Lilas(93) ; 21 dec Saint Denis (93)Moussu Te Lei Jovents13 nov Paris (75) ;14 Allonnes (72) ;22 Seguret (84) ;29 Montpellier (34) ;13 dec Istres (13)Jules DromignyMukta : 7 nov Change (72) ; 18Trelaze (49)Nabil Bali Orchestra : 22 novAubervilliers (93)Natacha Atlas : 13 dec Nantes (44)Nawal : 13 nov Sevran (93) ; 18Paris (75)Neapolis Ensemble : 7 novCompiegne (60) ; 17 Paris (75) ; 21Saint Louis (68)Noa : 8 nov Paris (75) ; 9 Evry (91) ;12 Sanary Sur Mer (83)Norig : 20 nov Thouars (79) ; 22Irigny (69)Nourou: 18 nov Paris (75)Olli and the Bollywood Orchestra :14 nov Change (72)Omar Sosa : 29 nov Les Lilas (93) ;19 dec Saint Denis (93) ; 20 Albi (81) ;Omara Portuondo : 2 dec Paris (75)Orange Blossom : 23 dec Riorges(42)Orchestre National De Barbès : 7nov Bischwiller (67) ; 5 dec SainteLuce sur Loire (44) ; 19 Serignan (34); 20 Cannes (6)Orishas : 6 dec Paris (75)Oumou Sangare : 6 nov Paris (75)Poum Tchack : 20 dec Saint Quentin(2)Rabih Abou Khalil : 6 dec Rouen(76)Raghunath Manet :9, 10, 11, 12, 13dec Paris (75)Ramiro Musotto : 14 nov Grenoble(38) ; 5 dec Rennes (35)Raul Paz : 15 nov Avoine (37); 18Gap (05) ; 21 Bobigny (93)Remy Kolpa Kopoul (RKK) : 15 novParis (75)René Lacaille : 14 dec Epinay SurSeine (93)Ricardo Herz : 4 dec Marseille (13)Richard Bona: 19 nov Nancy (54) ;20 Bobigny (93) ; 21 Aix En ProvenceRio Baile Funk : 14 nov Grenoble(38)Rita Macedo : 17 nov Saint Aubin duCormier (35)Robert Santiago : 16 novAubervilliers (93)Rokia Traore : 8 nov Saint Malo (35) ;9 Le Mans (72), 13 ,14, 15 Paris (75); 21 Merignac (33) ; 22 Conflans SteHonorine (78)Rona Hartner : 7 nov Annemasse(74) ; 8 Nice (06) ; 12 Strasbourg(67) ; 13 Vanves (92) ; 12 dec LeMans (72)Rue de la Muette : 6 nov Grenoble(38) ; 7 Saint Genest Lerpt (42)Rumbabierta : 2, 16, 30 nov Paris(75)Sabor a Son : 5, 7 nov Paris (75)Salem Tradition : 2 dec Bagnolet(93) ; 11 Pantin (93) ;Salim Ali Amir : 10, 15 nov Sevran(93)Sam Karpienia : 22 nov Venelles (13)Samarabalouf : 1 nov Crest (26) ; 11nov Mamers (72) ; 15 La Talaudiere(42) ; 5 dec Gensac la Pallue (16) ; 6Saint Georges De Didonne (17)Sayon Bamba Camara : 22 novAix En Provence (13) ; 6 dec ClichySous Bois (93)Sekouba Bambino : 6 dec ClichySous Bois (93)Sharp Sharp :15 nov Mantes LaJolie (78) ; 22 Bagnolet (93) ; 23Bagnolet (93)Shisui Arai : 2 dec Gignac(34)Sina Sinayoko Ensemble : 28 novTours (37)Slonovski Bal : 22 nov La Ricamarie(42) ; 18 dec Grenoble (38)So Kalmery : 20 nov Aulnay SousBois (93)Soha: 4 nov Paris (75) ; 6 LeMans (72) ; 7 Arcachon (33) ; 18Saint Sebastien Sur Loire (44) ; 21Chaumont (52) ; 28 Marseille (13) ; 29novSoig Siberil : 21 nov Villeurbanne(69)Susheela Raman : 15 nov Niort(79) ; 26 Saint Martin d'Heres (38); 27 Besancon (25) ; 28 Ostwald(67) 2 dec Saint Ouen (93) ; 5 PontAudemer (27)Swing Gadge : 7 nov Cahors (46) ;14 dec Armentieres (59)Talvin Singh, Smadj, Truffaz : 29nov Grenoble (38)Taraf de Haidouks : 23 dec Paris(75)Tariqa Burhaniya : 7 nov Rennes(35)Tekere : 12 nov Paris (75)The Campbell Brothers : 7 nov LesMureaux (78)The Carolina Chocolate Drop : 18nov Mezy sur Seine (78)The Victory Gospel Singers : 2 decAnnecy (74)Louis vincentThierry “Titi” Robin8 nov Douarnenez (29) ;1 dec Paris (75) ;23 Annecy (74)Tiken Jah Fakoly : 22 nov ClermontFerrand (63) ; 28 Saint Etienne (42) ;29 Grenoble (38) ; 4 dec Tournefeuille(<strong>31</strong>) ; 6 Marseille (13)Toko Blaze : 8 nov Vitrolles (13)Tomatito : 28 nov Elancourt (78) ; 29Reims (51)Tony Allen : 1 nov Aubervilliers (93) ;6 L'Ile Saint Denis (93)Toubab All Stars : 19, 20 dec Paris(75)Toumani Diabate : 18 nov Paris (75); 22 Bordeaux (33)Tram des Balkans : 12, 14, 15nov Paris (75) ; 21 Voiron (38) ; 26Toulouse (<strong>31</strong>)Tri Yann : 7 nov Beauvais (60) ; 8 Lille(59) ; 15 Deols (36) ; 21 Bressuire (79); 22 Nantes (44) ; 5 dec Auxerre (89) ;6 Dijon (21) ; 13 Montlucon (3)Tribeqa : 1 nov Poligny (39) ; 21Cholet (49) ; 4 dec Rennes (35) ; 6Ris Orangis (91) ; 11 Rennes (35)Trilok Gurtu : 6 nov Paris (75)Trio Chemirani : 12 dec La Valettedu Var (83)Trio Esperanca : 5 nov Paris (75) ;25 Sete (34)


mondomix.com - 73Cité de la musiqueNovembre-décembreParisPlongez dans le plaisir de sonscomplexes et de minutieusesmarionnettes indonésiennes. Lethéâtre d'ombre Wayang offrele spectacle d'une délicieuseépopée musicale qui prendravie le 22 novembre. Ensuite,direction l'Amérique latine pourun week-end de traditions mayas,aztèques et huichols : Mexiqueet Guatemala seront à l'honneurle temps de cinq concerts. Notezenfin le parachutage (25 novembre)d’un OVNI musical de la galaxieautrichienne: Musikfabrik. Ununivers à la fois doux et inquiétant !www.cite-musique.frLes Transmusicales3 au 6 décembreRennesPrêts pour la 30ème traverséemusicale rennaise ? YannTiersen et Orka assurerontl'embarquement pour les îlesFéroé et seront là les 4 soirspour des excursions insolitesprécédées d'un Budam flottantentre Dylan et Waits. Le 4 seramarqué par Tribeqa, le 5 parl'excellent Ramiro Musotto etle folk de Bon Iver. Quant au 6,place à Anthony Joseph and theSpasm Band (peut-être KeziahJones en guest) et aux cultissimesResidents. Des indie rockerset DJs venus de toute l'Europeseront aussi du voyage.www.lestrans.comTrio Joubran : 2 dec Toulouse (<strong>31</strong>) ;17 dec Grenoble (38)Urs Karpatz : 18 nov Divonne LesBains (01) ; 21 La Chapelle Sur Erdre(44) ; 22 Le Grand Quevilly (76)Victor Deme : 7 nov Cholet (49) ; 8Dole (39)Wasis Diop : 13, 14 nov Paris (75)Watcha Clan : 1 nov Brignoles (83) ;8 Meyrargues (13) ; 14 Chelles (77) ;15 Crolles (38) ; 13 dec Saint Brevinles Pins (44)Werrason & Son Wenge Musica : 8nov Paris (75)Yasmin Levy : 20 nov Vendome (41); 22 Fontenay Aux Roses (92) ; 26Cherbourg (50) ; 30 Pontchateau (44); 3 dec La Motte Servolex (73)Yom : 20 nov Paris (75)Youss (Youcef Seddas) : 8 novBobigny (93)Zen Zila : 5 nov Paris (75) ; 5 decSaint Etienne (42)Zuco 103 : 13 dec Les Ulis (91)En partenariat avec :INFOCONCERT.COMConcerts et festivals //Information et réservation sur> www.infoconcert.comEcoutez le fil d’infos live sur> Infoconcert Radio 100% live, 24h/242008 nov/dec n°<strong>31</strong>


ABONNEZ-VOUS ÀMONDOMIXET RECEVEZ LE DERNIER ALBUM DEMarcio faraco "um rio"(le chant du monde / harmoniamundi) dans la limite des stocks disponiblesOui, je souhaite m’abonner à<strong>Mondomix</strong> pour 1 an (soit 6 numéros)au tarif de 29 euros TTC.(envoi en France métropolitaine)NomPrénomAgeAdresseVilleCode PostalPayse-mailOù avez-vous trouvé <strong>Mondomix</strong> ?Renvoyez-nous votre coupon rempliaccompagné d’un chèque de 29 eurosà l’ordre de <strong>Mondomix</strong> Média à l’adresse :<strong>Mondomix</strong> Média - 9, cité Paradis 75010 ParisTél : 01 56 03 90 85abonnement@mondomix.comHors France métropolitaine : 34 eurosnous consulter pour tout règlement par virementAFRIQUEDU SUDLA FIN DUKWAITO?> Prochaine parutionLe n°32 (Janvier/Fevrier 2008) de <strong>Mondomix</strong> sera disponible début Janvier.Retrouvez la liste complète de nos lieux de diffusion surwww.mondomix.com/papier<strong>Mondomix</strong> remercie le Ministère de la Culture pour son soutien et tous les lieux qui accueillent lemagazine dans leurs murs, les FNAC, les magasins Harmonia Mundi, les espaces culturels Leclerc,le réseau Cultura, l’Autre Distribution, Staf Corso ainsi que tous nos partenaires pour leur ouvertured’esprit et leur participation active à la diffusion des musiques du monde.MONDOMIX - Rédaction9 cité Paradis – 75010 Paristél. 01 56 03 90 89 fax 01 56 03 90 84redaction@mondomix.comEdité par <strong>Mondomix</strong> Media S.A.R.L.Directeur de la publicationMarc Benaïchemarc@mondomix.comRédacteur en chefBenjamin MiNiMuM benjamin@mondomix.comConseiller éditorial / BoutiquePhilippe Krümm philippe@mondomix.comSecrétaire de rédactionAnne-Laure LemancelDirection artistiqueStephane Ritzenthaler graphimix@mondomix.orgCouverture / PhotographieBanjeewww.banjee.netOnt collaboré à ce numéro :Nadia Aci, Alain Arsac, François Bensignor, Jean Berry,Bertrand Bouard, Jean-Pierre Bruneau, Laurent Catala,Églantine Chabasseur, Audrey Chauveau, Lucie Combes,Pierre Cuny, Isadora Dartial, Dominique Dreyfus, Jean-Sébastien Josset, Anne-Laure Lemancel, Élodie Maillot,Fabien Maisonneuve, Florent Mazzoleni, Jérôme Pichon,Camille Rigolage, Yannis Ruel, Squaaly, Sandrine Teixido,Yves Tibor.Responsable marketing / partenariatsLaurence Gilleslaurence@mondomix.comtél. 01 71 18 15 95Assistante marketing / partenariatsAudrey Baradataudrey@mondomix.comtél. 01 71 18 15 95Chefs de publicitéAntoine Girardantoine@mondomix.comMathieu Prouxmathieu.proux@mondomix.nettél. 01 56 03 90 88Publicité (Grands Comptes)MINT (Media Image Nouvelle Tendance)125 rue du Faubourg Saint Honoré 75008 Parisfax 01 42 02 21 38www.mint-regie.comDirecteurs associésPhilippe Leroytél. 01 42 02 21 62Fabrice Régytél. 01 42 02 21 57philippe@mint-regie.comfabrice@mint-regie.comTirage 100 000 exemplairesImpression Rotimpres, EspagneDépôt légal - à parutionN° d’ISSN 1772-8916Copyright <strong>Mondomix</strong> Média 2008- Gratuit -RéalisationLe Studio <strong>Mondomix</strong> info@studio-mondomix.comtél. 01 56 03 90 87Toute reproduction, représentation, traduction ou adaptation,intégrale ou partielle, quel qu’en soit le procédé, lesupport ou le média, est strictement interdite sans l’autorisationde la société <strong>Mondomix</strong> Média.<strong>Mondomix</strong> est imprimésur papier recyclé.

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