Programmation - L'Agence du court métrage

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Argos FilmsConnaissance du cinémaL’Agence du court métrageL’Agence pour le développementrégional du cinémaprésententUne mémoire en courtssix films courts produits par Anatole DaumanAnatole Daumanpour mémoireConception graphique : Anabelle ChapôDans un entretien accordé à la revue Miroirdu cinéma en 1962, Chris Marker précise àpropos de ses projets que “ce n’est pas lemétrage qui compte”. Il semble qu’il en ailleainsi pour Anatole Dauman qui, de 1949 auxannées 90, produira une centaine de courtset une trentaine de longs, travaillant entre autres avecVarda, Resnais, Godard, Baratier, Borowczyk, Rouch,Astruc, Pollet, Bresson, Tarkovski, Wenders…Souvent associé à Pierre Braunberger qu’il considéraitcomme son jumeau, Anatole Dauman aimait direqu’ils appartenaient à la même constellation. S’il admiraitle côté « auteur » de son aîné, il n’en demeure pasmoins lui-même un producteur inventif, à l’écoute despossibles et des désirs des réalisateurs.C’est à la tête d’Argos Films (société fondée en 1949avec Philippe Lifchitz qui l’accompagnera jusqu’en 1970)qu’il produit au début des années 50 une série de documentairessur l’art (L’affaire Manet de Jean Aurel) enécho certainement à son attrait pour l’édition de livresd’art. Éclectiques, ces choix se sont portés égalementsur l’animation, genre en marge et mal aimé à l’époque,auquel il sut donner des œuvres singulières (HenriGruel, Jan Lenica, André Martin et Michel Boschet).Deux auteurs emblématiques ont accompagné le« tracé d’Argos » tel que le décrit Henri Langlois (voirci-contre) et ont impulsé une dynamique dans laconstellation Dauman : Alain Resnais et Chris Marker.Ce fût l’aventure du texte et de l’image, de leur rencontreet de leur encontre. Ce fût aussi l’aventure del’amitié, des correspondances et des collaborationsentre les uns et les autres. Les films du programmedessinent quelques traits de ces aventures. Six films,c’est peu pour rendre toute la pertinence d’un itinérairede producteur, mais c’est beaucoup pour faire(re)découvrir des écritures et des regards singuliersde cinéma.Rodolphe Lerambert et Yann GoupilÀ Valparaiso de Joris Ivens.“Anatole DaumanEn vingt ans, l’histoire du cinéma français indépendant s’inscritdans le tracé d’Argos Films. Nouveau venu, Anatole Dauman tâtonneet cherche une voie dans cet univers fermé, cette grande école académique,ce quasi-monopole professionnel : le cinéma de la fin desannées quarante.Pour ce noir labyrinthe, il fallait une Ariane et beaucoup de courage.Argos Films eut le courage du moyen et court métrages qui seuls pouvaientéchapper aux règles et préparer l’avenir. Le rideau cramoisi futun brillant point de départ. Mais encore fallait-il éviter le piège de cesfaux jeunes gens qui se croyaient du talent et qui voulaient tourner aunom de l’Art. C’est ici que malgré tout son courage, le nouveau venurisquait de périr.Alain Resnais et le surréalisme furent l’Ariane d’Anatole Dauman. Aussine faut-il pas s’étonner de voir Argos Films passer de Nuit et brouillardà Hiroshima mon amour, à Muriel, aux Aventures d’Harry Dickson. Cefilm dont il est évident aujourd’hui qu’il aurait infléchi le destin ducinéma français dans la mesure où s’y perdit un courant qui lui manquaau moment du combat décisif, à l’heure de la récession, de ce climatsi difficile que rencontre la production.En 1959 le Minotaure est tué ; le vrai cinéma est partout chez Argos.Les longs métrages s’y succèdent, tout ce qui est difficile y est tenté.Mais le difficile ce n’est pas seulement Muriel, Deux ou trois chosesque je sais d’elle, Au hasard Balthazar, le difficile c’est aussi de continuerà faire confiance à la fois à la jeunesse et à tout ce qui vit en margeet demeure fidèle au court métrage – Chris Marker, Ruspoli, Prévert,Ivens – à l’Animation, ce genre condamné par la production françaisequi aurait pu y cueillir les fruits d’un art qui se trouvait à l’origine detout le renouveau du dessin animé contemporain. Le propre d’ArgosFilms est d’avoir eu l’intelligence de donner sa chance à Gruel, d’avoirtout fait pour conserver à la France Lenica et Borowczyk.C’est pourquoi aujourd’hui le cinéma français indépendant sans s’êtreessoufflé et alors qu’il ne cessait de monter, de se dépasser, de surprendreet de sauvegarder la réputation et par là les marchés du cinémacommercial français, se trouve en difficulté non parce qu’il manque devitalité ou de souffle mais simplement parce qu’il se heurte à l’indifférencede tous ceux qui vivent des prototypes tout en les méprisant.C’est pourquoi Argos Films malgré le silence où sont condamnés, oùse sont condamnés les meilleurs, continue à vivre par le court et par lemoyen métrage en préparant à nouveau l’avenir.”Henri Langlois – janvier 1971 – Texte pour la rétrospective à laCinémathèque française des 20 ans d’Argos Films (dans Souvenir-Écran,Jacques Gerber, éditions du Centre Georges Pompidou, Paris, 1989)

Argos FilmsConnaissance <strong>du</strong> cinémaL’Agence <strong>du</strong> <strong>court</strong> <strong>métrage</strong>L’Agence pour le développementrégional <strong>du</strong> cinémaprésententUne mémoire en <strong>court</strong>ssix films <strong>court</strong>s pro<strong>du</strong>its par Anatole DaumanAnatole Daumanpour mémoireConception graphique : Anabelle ChapôDans un entretien accordé à la revue Miroir<strong>du</strong> cinéma en 1962, Chris Marker précise àpropos de ses projets que “ce n’est pas le<strong>métrage</strong> qui compte”. Il semble qu’il en ailleainsi pour Anatole Dauman qui, de 1949 auxannées 90, pro<strong>du</strong>ira une centaine de <strong>court</strong>set une trentaine de longs, travaillant entre autres avecVarda, Resnais, Godard, Baratier, Borowczyk, Rouch,Astruc, Pollet, Bresson, Tarkovski, Wenders…Souvent associé à Pierre Braunberger qu’il considéraitcomme son jumeau, Anatole Dauman aimait direqu’ils appartenaient à la même constellation. S’il admiraitle côté « auteur » de son aîné, il n’en demeure pasmoins lui-même un pro<strong>du</strong>cteur inventif, à l’écoute despossibles et des désirs des réalisateurs.C’est à la tête d’Argos Films (société fondée en 1949avec Philippe Lifchitz qui l’accompagnera jusqu’en 1970)qu’il pro<strong>du</strong>it au début des années 50 une série de documentairessur l’art (L’affaire Manet de Jean Aurel) enécho certainement à son attrait pour l’édition de livresd’art. Éclectiques, ces choix se sont portés égalementsur l’animation, genre en marge et mal aimé à l’époque,auquel il sut donner des œuvres singulières (HenriGruel, Jan Lenica, André Martin et Michel Boschet).Deux auteurs emblématiques ont accompagné le« tracé d’Argos » tel que le décrit Henri Langlois (voirci-contre) et ont impulsé une dynamique dans laconstellation Dauman : Alain Resnais et Chris Marker.Ce fût l’aventure <strong>du</strong> texte et de l’image, de leur rencontreet de leur encontre. Ce fût aussi l’aventure del’amitié, des correspondances et des collaborationsentre les uns et les autres. Les films <strong>du</strong> programmedessinent quelques traits de ces aventures. Six films,c’est peu pour rendre toute la pertinence d’un itinérairede pro<strong>du</strong>cteur, mais c’est beaucoup pour faire(re)découvrir des écritures et des regards singuliersde cinéma.Rodolphe Lerambert et Yann GoupilÀ Valparaiso de Joris Ivens.“Anatole DaumanEn vingt ans, l’histoire <strong>du</strong> cinéma français indépendant s’inscritdans le tracé d’Argos Films. Nouveau venu, Anatole Dauman tâtonneet cherche une voie dans cet univers fermé, cette grande école académique,ce quasi-monopole professionnel : le cinéma de la fin desannées quarante.Pour ce noir labyrinthe, il fallait une Ariane et beaucoup de courage.Argos Films eut le courage <strong>du</strong> moyen et <strong>court</strong> <strong>métrage</strong>s qui seuls pouvaientéchapper aux règles et préparer l’avenir. Le rideau cramoisi futun brillant point de départ. Mais encore fallait-il éviter le piège de cesfaux jeunes gens qui se croyaient <strong>du</strong> talent et qui voulaient tourner aunom de l’Art. C’est ici que malgré tout son courage, le nouveau venurisquait de périr.Alain Resnais et le surréalisme furent l’Ariane d’Anatole Dauman. Aussine faut-il pas s’étonner de voir Argos Films passer de Nuit et brouillardà Hiroshima mon amour, à Muriel, aux Aventures d’Harry Dickson. Cefilm dont il est évident aujourd’hui qu’il aurait infléchi le destin <strong>du</strong>cinéma français dans la mesure où s’y perdit un courant qui lui manquaau moment <strong>du</strong> combat décisif, à l’heure de la récession, de ce climatsi difficile que rencontre la pro<strong>du</strong>ction.En 1959 le Minotaure est tué ; le vrai cinéma est partout chez Argos.Les longs <strong>métrage</strong>s s’y succèdent, tout ce qui est difficile y est tenté.Mais le difficile ce n’est pas seulement Muriel, Deux ou trois chosesque je sais d’elle, Au hasard Balthazar, le difficile c’est aussi de continuerà faire confiance à la fois à la jeunesse et à tout ce qui vit en margeet demeure fidèle au <strong>court</strong> <strong>métrage</strong> – Chris Marker, Ruspoli, Prévert,Ivens – à l’Animation, ce genre condamné par la pro<strong>du</strong>ction françaisequi aurait pu y cueillir les fruits d’un art qui se trouvait à l’origine detout le renouveau <strong>du</strong> dessin animé contemporain. Le propre d’ArgosFilms est d’avoir eu l’intelligence de donner sa chance à Gruel, d’avoirtout fait pour conserver à la France Lenica et Borowczyk.C’est pourquoi aujourd’hui le cinéma français indépendant sans s’êtreessoufflé et alors qu’il ne cessait de monter, de se dépasser, de surprendreet de sauvegarder la réputation et par là les marchés <strong>du</strong> cinémacommercial français, se trouve en difficulté non parce qu’il manque devitalité ou de souffle mais simplement parce qu’il se heurte à l’indifférencede tous ceux qui vivent des prototypes tout en les méprisant.C’est pourquoi Argos Films malgré le silence où sont condamnés, oùse sont condamnés les meilleurs, continue à vivre par le <strong>court</strong> et par lemoyen <strong>métrage</strong> en préparant à nouveau l’avenir.”Henri Langlois – janvier 1971 – Texte pour la rétrospective à laCinémathèque française des 20 ans d’Argos Films (dans Souvenir-Écran,Jacques Gerber, éditions <strong>du</strong> Centre Georges Pompidou, Paris, 1989)


Une mémoire en <strong>court</strong>sUne mémoire en <strong>court</strong>s est un regard sur celles etceux qui ont œuvré pour que soit faite sa juste place aufilm <strong>court</strong>. Depuis sa création, l’Agence <strong>du</strong> <strong>court</strong> <strong>métrage</strong>n’a cessé de mesurer l’héritage laissé par lesBraunberger, Dauman, Tati ou le Groupe des Trente dontle manifeste de 1953 contre la disparition <strong>du</strong> <strong>court</strong> nousapprend beaucoup sur le difficile accès des <strong>court</strong>s<strong>métrage</strong>s au public tout au long de l’histoire <strong>du</strong> cinéma.Dans cette déclaration signée entre autres parBraunberger, Franju, Kast et Resnais, on pouvait lire ceci:“Personne n’aurait l’idée de mesurer l’importance d’uneœuvre littéraire au nombre de ses pages, un tableau àson format.”L’Agence pour le développement régional <strong>du</strong> cinémaet l’Agence <strong>du</strong> <strong>court</strong> <strong>métrage</strong> conjuguent leurs effortsafin de proposer aux salles de cinéma dans les meilleuresconditions (copies neuves, document d’accompagnement,interventions) ces films qui font partie de notreexpérience imagée comme on parle d’expérience lettréeà propos des livres.Les six films pro<strong>du</strong>its par Anatole Dauman constituentle troisième volet de la collection Une mémoire en<strong>court</strong>s (après Pierre Braunberger et Jacques Tati). Ils présententune diversité de styles et de genres, de <strong>du</strong>réeset de tons, tout en rendant compte d’une volonté collectivede faire des films dans un format <strong>court</strong>. Ils constituentdes traces de ce qui a été ; de ce qui a été impressionnésur la pellicule et de ce qu’a été la créationcinématographique à cette époque.Symphonie mécanique ▲1955, 35 mm, noir et blanc, 13 mn, 1,37.Réalisation : Jean Mitry. Image : Paul Fabian. Musique : Pierre Boulez.Ballet musical obtenu au moyen de formes mécaniques en mouvement.Sélection officielle au Festival de Venise 1958.Les oiseaux sont des cons ▼1965, 35 mm, noir et blanc, 3 mn, 1,37.Réalisation, commentaire, voix et dessins : Chaval.Petit poème bouffon sur des dessins représentant des oiseaux fantastiques.Prix Émile Cohl 1965.L’ADRCL’Agence pour le développement régional <strong>du</strong>cinéma, créée sur l’initiative <strong>du</strong> ministère de la Cultureen 1983, intervient en concertation avec tous ses partenaires(collectivités territoriales, exploitants, distributeurs,pro<strong>du</strong>cteurs, réalisateurs) afin de favoriser ladesserte cinématographique de l’ensemble <strong>du</strong> territoiredans un objectif d’aménagement culturel. Sesinterventions consistent à la fois en des études, uneassistance et un conseil relatifs aux projets de modernisationet de création de salles de cinéma, et en uneaide directe, par le financement de copies supplémentaires,pour le meilleur accès des salles à uneréelle diversité de films. L’accès aux films comprendnotamment les films destinés au jeune public, lesœuvres <strong>du</strong> répertoire cinématographique et les <strong>court</strong>s<strong>métrage</strong>s. Depuis maintenant trois ans, l’ADRC a notammentpermis de faire circuler des films en copiesneuves de Bresson, Buñuel, Kubrick, Ozu ou Truffautdans près de 250 villes. Une mémoire en <strong>court</strong>s s’inscritdans cette nouvelle mission de diffusion qui complèteainsi l’action menée sur les longs <strong>métrage</strong>s.Broadway by Light1957, 35 mm, couleur, 11 mn, 1,37.Réalisation : William Klein. Conseiller technique : Alain Resnais. Montage : Léonide Azar,Josée Matarasso. Musique : Maurice Le Roux.“Les Américains ont inventé le jazz pour se consoler de la mort, la star pour seconsoler de la femme. Pour se consoler de la nuit, ils ont inventé Broadway.”Chris MarkerLa première nuit ▼1957, 35 mm, noir et blanc, 20 mn, 1,37.Réalisation : Georges Franju. Scénario : Marianne Oswald, Remo Forlani. Image : EugenShuftan. Montage : Henri Colpi, Jasmine Chasney. Musique : Georges Delerue.Interprétation : Pierre Devis, Lisbeth Persson.“Ce film est dédié à tous ceux qui n’ont pas renié leur enfance et qui, à dix ans,ont découvert à la fois l’amour et la séparation.” Boileau-NarcejacGrand Prix Festival de Mannheim 1958.L’Agence <strong>du</strong> <strong>court</strong> <strong>métrage</strong>Créée en 1983 sous l’impulsion de réalisateurs,pro<strong>du</strong>cteurs et diffuseurs regroupés autour de FrançoisOde, l’Agence <strong>du</strong> <strong>court</strong> <strong>métrage</strong> développe une missionde “service public” en faveur <strong>du</strong> film <strong>court</strong>, de sesauteurs, de ses pro<strong>du</strong>cteurs, des salles de cinéma et<strong>du</strong> public. Son action s’articule notamment autour desaxes tels que le service <strong>Programmation</strong> (qui accompagneet conseille les programmateurs – salles, associations,festivals – dans l’élaboration de séances decinéma de leur choix), le R.A.DI. (le Réseau alternatif dediffusion diffuse sur 240 salles un complément de programmepar semaine), la Régie TV Câble, le magazinetrimestriel Bref. Par ailleurs, l’Agence <strong>du</strong> <strong>court</strong> <strong>métrage</strong>s’implique dans l’approche pédagogique <strong>du</strong> cinéma(choix des films dans les dispositifs scolaires, documentspédagogiques, formation, mise en place d’ateliersde programmation) et dans le soutien des œuvrespeu diffusées (moyens <strong>métrage</strong>s, documentaires).Argos Films,26 rue Montrosier 92200 Neuilly-sur-Seine.Tél.: 0147229126 / fax: 0146400205.Connaissance <strong>du</strong> Cinéma, 122 rue La Boétie 75008 Paris.Tél.: 0143590101 / fax: 0143596441.ADRC, 4 avenue Marceau 75008 Paris.Contact : Rodolphe Lerambert.rlerambert@adrc-asso.orgTél.: 0156892030/fax: 0156892040.www.adrc-asso.orgRenseignementsL’Agence <strong>du</strong> <strong>court</strong> <strong>métrage</strong>, 2 rue de Tocqueville75017 Paris. Contact: 0144692660.www.agencecm.comVive la baleine ▲1972, 35 mm, couleur, 17 mn, 1,37.Réalisation : Mario Ruspoli, Chris Marker. Texte, son et montage : Chris Marker.Voix : Casamayor, Valérie Mayoux, Lalan.“Chaque baleine qui meurt nous lègue, comme une prophétie, l’image de notrepropre mort.” Chris MarkerÀ Valparaiso1963, noir et blanc & couleur, 29 mn, 1,37.Réalisation : Joris Ivens. Texte : Chris Marker. Voix : Roger Pigaut. Image : GeorgesStrouvé. Montage : Jean Ravel. Musique : Gustavo Becerra, dirigée par Georges Delerue.“Valparaiso est une ville extraordinaire… Une ville qui a tout connu : lesEspagnols, l’incendie, le tremblement de terre, les pirates, la tempête, tout.Une ville torturée.” Joris IvensPrix de la critique internationale Mannheim, 1963.

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