40 - mondomix.com afrique dossier sénégalLes Frères GuisséTexte François Bensignor"Cessez le feu, jetez vos armes", chantent les Frères Guissé sur unepolyphonie qui contraste par sa douceur. Leur premier album international,Yakaar, couronne un style impeccable, élaboré à force de patience et deraffinement <strong>du</strong>rant quinze ans d’une carrière exemplaire.Les Frères Guissé ont fait leurs premières armes de musiciens dans <strong>des</strong> orchestresau Sénégal. En créant leur trio, Djiby, Cheikh et Alioune délaissent le bruitsuperflu <strong>des</strong> synthés pour aller vers l’épure <strong>du</strong> son : subtile polyphonie vocale surflui<strong>des</strong> guitares sèches et percussions légères. Ils cultivent le charme serein d’unemusique de nuances, avec <strong>des</strong> mots qui vont droit au cœur <strong>des</strong> gens simples.Nés dans un quartier populaire de Dakar, les trois frères sont élevés dans la traditionhalpoulaar (<strong>des</strong> Peuls) par <strong>des</strong> parents originaires <strong>du</strong> Fouta, au Nord <strong>du</strong>Sénégal. L’une <strong>des</strong> chansons de leur album, "Fouta", rend hommage au berceaude leur famille, avec lequel ils ont gardé <strong>des</strong> liens étroits et où ils vont régulièrementse ressourcer. " Cette chanson est un appel au travail", explique Djiby, "elle dit qu’ilne faut pas attendre <strong>des</strong> autres qu’ils nous mènent vers le développement, quec’est à nous de le créer. Beaucoup de gens émigrent <strong>du</strong> Fouta, alors que c’est unerégion agricole pleine de ressources. Mais les investissements ne vont pas au bonendroit… Nous appelons nos frères peuls à s’unir pour le développement <strong>du</strong> Fouta.Pour notre part, nous aidons les jeunes de Nabadji, le village de notre famille.Nous faisons également partie de l’Association de Développement de la ville deThilogne, à laquelle nous apportons notre expertise. Chaque année, elle organiseles "72 heures de Thilogne", qui rassemblent <strong>des</strong> jeunes Peuls vivant à l’étranger.Cet événement valorise la culture peule afin que ceux qui vivent à l’extérieur ne laperdent pas. Et l’association récolte <strong>des</strong> fonds pour construire <strong>des</strong> écoles, <strong>des</strong>cases de santé… À Dakar, nous servons également de relais aux associations dejeunes <strong>du</strong> Fouta afin de les aider à trouver <strong>des</strong> débouchés et à réussir leur vie."En 1995, Mamadou Konté, qui vient de fonder à Dakar le Centre Culturel Tringa,tombe amoureux de la musique <strong>du</strong> jeune trio. Prenant en main la carrière <strong>des</strong>Frères Guissé, il les propulse en tête d’affiche d’Africa Fête, les 29 et 30 décembredans la salle parisienne <strong>du</strong> Hot Brass (rebaptisée depuis Trabendo). Djiby se souvientde leur première rencontre : "Nous étions programmés au Tringa, mais nousne le connaissions pas. On nous disait : "Attention, Konté va venir !" Mais ça neD.R."II ne faut pas attendre <strong>des</strong> autres qu’ils nous mènentvers le développement. C'est à nous de le créer"nous faisait rien, on était là pour jouer. Tous les jours, on croisait un grand type. Onse disait bonjour. Et c’est seulement au bout de 48h qu’on a su que c’était lui, lefameux Mamadou Konté… Il a été le premier à croire en nous et à nous encadrerprofessionnellement. Grâce à lui, nous avons appris à fonctionner de manière indépendante.Il nous a aussi fait comprendre beaucoup de choses sur le showbizinternational."LIENSÀ écouterLes Frères Guisse, "Yakaar" (Mon Slip)Site web de l'artistewww.freresguisse.comPersuadés qu’ils doivent d’abord se faire un nom sur scène avant de faire undisque, les Frères Guissé se constituent une solide base de public, multipliantles tournées : d’abord au Sénégal, puis dans tous les pays où vivent <strong>des</strong> Peuls(Mali, Burkina Faso, Guinée, Côte d’Ivoire…). Année après année, leur réputations’étend bien au-delà <strong>du</strong> continent. Trois cassettes jalonnent leur parcours : Fama(1995), Ciré (1998), puis N’déye (2000), publié en CD trois ans plus tard sur le seulmarché hollandais, où ils ont un public fervent. Le festival Mundial de Tilburg lesparraine depuis 2005 et ils ont enregistré en <strong>du</strong>o avec deux artistes néerlandais,le jazzman Paul Van Kemenade et la chanteuse folk Leoni Jansen. Djiby explique :"Nous préférions jouer sur scène, être disponible à toutes les sollicitations, et attendrequelqu’un qui croie réellement en ce que nous faisons pour faire un disqueinternational sous notre nom." Christian Olivier, le chanteur <strong>des</strong> Têtes Rai<strong>des</strong>, afinalement craqué sur la beauté <strong>des</strong> voix et l’intégrité <strong>des</strong> frères. Enregistré endécembre 2000 et mixé par Jean Lamoot, Yakaar (Espoir) bénéficiera en juin d’unesortie mondiale sur le label Mon Slip. Un disque à savourer dans la torpeur <strong>des</strong>chau<strong>des</strong> nuits d’été...
DiogalTexte Patrick LabesseChanteur/pro<strong>du</strong>cteur installé en France depuis 6 ans, Diogal tissede sobres balla<strong>des</strong> où se croisent messages forts et vibrantshommages.Le <strong>monde</strong> perd la boule, les problèmes qui bousculent la planètene cessent de croître. Il semblerait que tout nous échappe. "Qu’est-cequi se passe ?", s’interroge Diogal en wolof (Li Lan La) à travers sontroisième album. "Pourtant, tout ce que nous déplorons, c'est nousqui l‘avons provoqué", dit-il. "Alors plutôt que de nous plaindre sansarrêt, réagissons et agissons vite. Il est encore temps de stopper leréchauffement de la planète", ajoute le chanteur, qui croit à une prisede conscience collective, "même si certains se déresponsabilisent touten voulant donner <strong>des</strong> leçons, comme les Etats-Unis".Diogal parle comme il chante. D’une voix douce et posée, il peutaborder <strong>des</strong> sujets graves, le timbre reste toujours éclairé d’une lumièresouriante. Qu’il se soucie d’humanisme, d’humilité nécessaire, qu'ilpointe l’orgueil <strong>des</strong> hommes ou rende hommage à de chers disparus(Ali Farka Touré, Doudou Mah, un ami d’enfance musicien), il donnetoujours l’image d’un homme apaisé. "J’ai écrit le titre dédié à AliFarka Touré quand il était encore vivant. Je voulais lui faire écouter...Malheureusement, il est parti avant. C’était un grand Monsieur qui abeaucoup apporté à la musique, il a ouvert bien <strong>des</strong> portes. Quant àDoudou Mah, c’était un cousin éloigné, un chanteur sénégalais décédél’année dernière." Comme Diogal, Doudou Mah était de Ngor, unvillage en bord de mer non loin de Dakar. "Il avait sorti une cassette enseptembre à Dakar, et je m’apprêtais à le faire venir pour le pro<strong>du</strong>ire."Installé en France depuis six ans, Diogal a enregistré son nouvel albumau studio Wasia, qu’il a monté chez lui à Champigny-sur-Marne, enbanlieue parisienne. "J’ai fait deux ans de formation dans une écoled’ingénieur <strong>du</strong> son puis j'ai décidé de créer mon propre studio". Il vientd’y terminer l’enregistrement d’un album de la chanteuse sénégalaiseFania, dont la sortie est prévue en septembre, et y enregistre égalementl’album d’un autre compatriote, Ignace Fofana. Wasia est le nom d’uneplage de Ngor sur laquelle Diogal passait beaucoup de temps pendantson enfance. "Nommer mon studio ainsi, c’est un peu commeramener la mer à Champigny, cette mer avec laquelle j’ai une relationparticulière puisque j’ai failli me noyer à l’âge de six ans." Ramenerla mer à Champigny, c’est raviver les souvenirs : celui de son père,pêcheur, ou encore celui de son oncle, qui possédait une guitare et luia donné le goût de la musique. Ramener la mer à Champigny, c’estrester conscient de son appartenance à une terre, à une famille. "Il fauttoujours se rappeler d’où l’on vient, garder le fil qui nous relie à nosaïeux. Si tu ne connais pas tes racines, si tu ne connais pas ta famille,il y aura toujours mentalement <strong>des</strong> choses qui te manqueront."LIENS"À suivre" sur <strong>Mondomix</strong>.comRetrouvez Diogal sur notre site : www.mondomix.comDehors... en concerts1 er mai au Satellit Café à Paris (75)À écouterDiogal, "Li Lan la" (Wasia)Site web de l'artistewww.diogal.comB.M.