10 - mondomix.com - à l’arrachehommage à...Celui qui, comme dit l'une de ses récentesrengaines, "aurait dû chanter la musiqueorientale jusqu’à 120 ans", s’en est allé à87 ans. Il n’était pas monté sur une scènedepuis 4 ans.Lili BonicheTexte Squaaly Photographie J.-B. MondinoChanteur, joueur d'oud puis guitariste, LiliBoniche était l’un <strong>des</strong> grands noms <strong>du</strong>chant francarabe, de la chanson judéoarabeaux racines andalouses. Il s’est éteintle 6 mars dernier à Paris. "Le plus illustrede nos chanteurs, le meilleur interprètede la composition franco-arabe, j’ainommé notre maître, Lili Boniche !", avaitl’habitude d’annoncer en ouverture deconcert le pianiste Maurice el Médioni. Et LiliBoniche arrivait sur scène sous un tonnerred’applaudissements... Dès les premiersaccords, son visage s’illuminait et sonsourire rayonnait jusqu’aux derniers rangs.C’est dans la Casbah d’Alger qu’Elie Bonicheest né en 1921. Joueur d'oud, il convaincson père de le laisser aller étudier à Oranauprès de Saoud l’Oranais. Au contact <strong>du</strong>maître et oncle de Maurice el Médioni, Lili,encore adolescent, découvre les subtilitésde l’art musical arabo-andalou, art qu’ilsaura plus tard populariser auprès <strong>du</strong> plusgrand nombre en composant <strong>des</strong> chansonslégères, où même les sujets graves sontabordés simplement, comme en témoigneson "Il n’y a qu’un Seul Dieu". Maurice sesouvient : "Lors d’un déjeuner en 1956, ila proposé "Alger, Alger" qu’il venait d’écrireà Blond Blond, qui l'a refusé car cela ne luicorrespondait pas. C’est Line Monty qui l’acréée, avant qu’il ne la reprenne lui-mêmeaprès un long break de plus de trente ansloin <strong>des</strong> scènes, pour cause de mariage".Maurice, qui aura 80 ans cette année,continue de défendre sur les routes (enIsraël et en Pologne dans les mois à venir)ces airs célèbres où musiques orientales etrythmes latins s’entremêlent ("L’oriental" oula version arabophone de "Bambino"…). Ala fin <strong>des</strong> années 1990, Lili enregistre pourle styliste Jean Touitou (APC) un albumsimplement intitulé Alger, Alger, décliné enLive dans la foulée et remixé par Bill Laswell.Mikey DreadTexte SquaalyOn le savait atteint d’une tumeur au cerveaudepuis quelques mois. Le chanteur, pro<strong>du</strong>cteuret animateur Mikey Dread est décédéle 15 mars dernier dans le Connecticut(USA). "The Dread at the Control", nom <strong>du</strong>show radio qu’il inaugura en 1976 sur leson<strong>des</strong> jamaïquaines, avant de devenir celuide son label et son autre surnom, resteracomme la marque de fabrique d’un reggaeroots de belle facture. Ren<strong>du</strong> célèbre parles jingles de ses émissions radio qu’ilresservait en guise d’intro de ses morceaux,Mikey Dread - Michael Campbell de son vrainom – était un bidouilleur perfectionniste etexigeant qui ne laissait à nul autre le soin derégler le détail de ses affaires. Pro<strong>du</strong>cteur,il enregistra une flopée d’albums sous sonnom, dont les fameux African Anthem,World War III et Beyond World War III, ainsique <strong>des</strong> opus d’Earl Sixteen, Rod Taylor,Sugar Minott, Edi Fitzroy ou Junior Murvin…En 1980, il collabora avec les Clash surSandinista, en 1983 avec UB40 et plustard avec Izzy Stradin, l’ex-guitariste deGuns’n’Roses.Samy al-MaghribiTexte Patrick LabesseLe jour de son décès, le 9 mars au Canada,la chaîne nationale de la télévision marocaine2M a rediffusé, en hommage à sa mémoire,une émission qu’il avait enregistrée lors d’unpassage au Maroc en 2005. Né en 1922 àSafi, ville côtière marocaine réputée poursa poterie, le chanteur judéo-marocainSamy Al-Maghribi, qui vivait depuis 1960 auCanada, était extrêmement populaire dansle royaume chérifien, où il est considérécomme l’un <strong>des</strong> rénovateurs importants dela chanson marocaine. "Dans les mariages,les événements familiaux, à chaque fois onpasse ses disques, chanteurs et orchestresreprennent systématiquement <strong>des</strong> titresde son répertoire", raconte MaximeKaroutchi, chanteur judéo-marocain vivantà Casablanca. "On peut dire que c’est leCharles Aznavour de la chanson araboandalouse.Il était très apprécié pour seschansons chaâbi (genre populaire citadin,
à l’arrache - mondomix.com - 11ndlr), par exemple "Kaftanek Mahloul" (ton caftan est ouvert),l’un de ses grands succès." Il laisse également derrière lui "unénorme héritage musical qui va de l’interprétation <strong>du</strong> gharnati,au melhoun, au hawzi", écrit le quotidien Aujourd’hui le Maroc.Né Salomon Amzellag, le chanteur avait gardé le surnom que sescompagnons de voyage lui avaient attribué lors d’une traverséede la Méditerranée pour aller enregistrer en France. C’était avantqu’il ne parte s’installer au Canada où il allait devenir rabbin en1967. Une décision qui faillit être fatale à sa carrière de chanteur.La pression de ses nombreux fans pour qu’il reprenne la chansonen décida autrement.Israel "Cachao" LópezTexte Yannis Ruel Photographie Carl Philippe JusteDécédé le 22 mars dernier à Miami à l'âge de 89 ans, lecontrebassiste Cachao incarnait, avec sa centaine d’enregistrementset ses milliers de compositions, l’histoire de la musiquecubaine depuis les années 1930. Synonyme de mambo et de<strong>des</strong>carga, son tumbao (ligne de basse syncopée) était devenuun standard pour tous les musiciens de salsa et de latin-jazz.Né en 1918 à La Havane, Israel "Cachao" López commence àjouer dès l’âge de 8 ans dans <strong>des</strong> orchestres de danse et pourle cinéma muet, tout en suivant une formation classique qui lemène à intégrer l’Orchestre Philharmonique de La Havane. En1938, avec son frère Orestes, il compose pour le charangad’Arcaño un danzón iconoclaste, avec une syncope accélérée,baptisé "mambo". Une innovation qui changera le cours de lamusique latine, même s’il faut attendre plusieurs années pourassister au triomphe <strong>du</strong> mambo comme style musical à partentière. En 1957, Cachao dirige une série d’enregistrements de<strong>des</strong>carga, équivalent latin <strong>des</strong> jam-sessions <strong>du</strong> jazz, qui restentune référence incontournable <strong>du</strong> genre. A New-York, où il arriveen 1962, il accompagne la crème <strong>des</strong> formations d’alors, avantd’être éclipsé par le boom de la salsa. Réfugié en Floride, il sort <strong>des</strong>a retraite en 1993 grâce à l’acteur Andy García, qui lui consacreun documentaire et pro<strong>du</strong>it les volumes Master Sessions quilancent la mode rétro-cubaine de ces dernières années. Doyen<strong>des</strong> musiciens cubains, au même titre que Bebo Valdés, avecqui il forme un somptueux <strong>du</strong>o dans le film Calle 54, Cachaotriomphait depuis sur les scènes <strong>des</strong> festivals <strong>du</strong> <strong>monde</strong> entier,sans rien avoir per<strong>du</strong> de son swing légendaire...