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1258, les Mongols prennent Bagdad : les cavaliers de la ... - CESA

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20HISTOIRE<strong>1258</strong>, <strong>les</strong> <strong>Mongols</strong> <strong>prennent</strong> <strong>Bagdad</strong> :<strong>les</strong> <strong>cavaliers</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> steppe bâtissentun immense empireLe 10 février <strong>1258</strong>, <strong>Bagdad</strong> tombe entre <strong>les</strong> mains du Mongol Hougalou,le petit-fils <strong>de</strong> Gengis Khan. La ville est pillée, ses monuments détruits etsa popu<strong>la</strong>tion massacrée. Les Abbassi<strong>de</strong>s ne dirigent plus le mon<strong>de</strong> musulmanalors que <strong>les</strong> <strong>Mongols</strong> bâtissent un nouvel et immense empire. Après<strong>la</strong> conquête arabe qui avait débuté six cents ans plus tôt et réuni <strong>de</strong>ux domainespolitiques, un empire asiatique (Mésopotamie et Iran) et un empireméditerranéen en Asie Mineure, dans le Nord <strong>de</strong> l’Afrique et le Sud <strong>de</strong>l’Europe, <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> <strong>Bagdad</strong> marque l’aboutissement d’un long processus<strong>de</strong> rupture <strong>de</strong> l’unité spatiale <strong>de</strong> l’is<strong>la</strong>m.Un empire musulman bril<strong>la</strong>ntEn 750, <strong>les</strong> Abbassi<strong>de</strong>s, qui tirent leur nom d’Al-Abbâs, un oncle duprophète Mahomet, profitent du mécontentement <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion urbainepour chasser <strong>les</strong> Omeyya<strong>de</strong>s (1) et <strong>prennent</strong> ainsi le pouvoir. En 762, <strong>Bagdad</strong><strong>de</strong>vient le siège du califat abbassi<strong>de</strong>, c’est-à-dire <strong>la</strong> capitale <strong>de</strong> l’is<strong>la</strong>m à l’époque.Une civilisation nouvelle naît alors sur <strong>les</strong> bords <strong>de</strong> l’Euphrate.Les <strong>de</strong>ux premiers sièc<strong>les</strong> <strong>de</strong> leur règne sont une <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s d’« âge d’or » <strong>de</strong><strong>la</strong> culture musulmane. C’est en effet durant cette pério<strong>de</strong> que <strong>les</strong> califes exercentpleinement leur pouvoir dans une prospérité économique retrouvée. En établissantle siège du califat, c’est-à-dire <strong>la</strong> capitale du mon<strong>de</strong> musulman, à <strong>Bagdad</strong>,<strong>les</strong> Abbassi<strong>de</strong>s s’installent au cœur <strong>de</strong>s routes commercia<strong>les</strong> internationa<strong>les</strong> maritimeset terrestres, qu’ils s’efforcent alors <strong>de</strong> contrôler. Sous leur règne, <strong>les</strong> vil<strong>les</strong>et l’artisanat prospèrent et se développent. Les manuscrits grecs, perses et indienssont traduits et commentés, et intégrés à <strong>la</strong> pensée musulmane. La poésie,<strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine, l’histoire et <strong>la</strong> littérature rayonnent au-<strong>de</strong>là du mon<strong>de</strong> musulman.Pour organiser cet empire, qui s’étend <strong>de</strong> l’Espagne aux rives <strong>de</strong> l’Indus, lecalife, monarque absolu, délègue son pouvoir administratif au vizir. Ce <strong>de</strong>rnier,sur le modèle perse, dirige une administration centralisée efficace. Cependant,en raison <strong>de</strong> son immensité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> lenteur <strong>de</strong>s communications, l’empire s’affaiblitet <strong>de</strong>s révoltes éc<strong>la</strong>tent. En Espagne, au Maghreb, en Syrie, en Iran et enÉgypte, <strong>de</strong>s généraux se soulèvent et proc<strong>la</strong>ment leur autonomie. De nouveauxcalifats qui tentent <strong>de</strong> concurrencer le prestige <strong>de</strong> <strong>Bagdad</strong> voient le jour.Emporté par <strong>de</strong>s rivalités incessantes, le pouvoir <strong>de</strong>s Abbassi<strong>de</strong>s s’effondrelentement au moment où, à l’Est, un jeune cavalier organise le peuple<strong>de</strong>s steppes.


<strong>1258</strong>, <strong>les</strong> <strong>Mongols</strong> <strong>prennent</strong> <strong>Bagdad</strong> : <strong>les</strong> <strong>cavaliers</strong> …21Un empire « océanique »Né entre 1155 et 1162 au sein d’une tribu dirigée par son père, Temüjin aneuf ans lorsque sa tribu est massacrée par <strong>les</strong> Tartares. En 1209, lors d’uneassemblé plénière <strong>de</strong>s <strong>Mongols</strong> appelée qouri<strong>la</strong>ï, il prend le titre <strong>de</strong> GengisKhan, c’est-à-dire « souverain océanique » ou « souverain universel ». Àpartir <strong>de</strong> cette date, il bâtit un vaste empire qui s’étend <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer Caspienneà <strong>la</strong> Chine. À sa mort, en 1227, selon <strong>la</strong> coutume mongole, l’empire est partagéentre ses cinq fils, dont l’aîné reçoit l’allégeance <strong>de</strong>s ses ca<strong>de</strong>ts et qui estproc<strong>la</strong>mé empereur. Les héritiers <strong>de</strong> Temüjin n’ont <strong>de</strong> cesse d’agrandir et <strong>de</strong>stabiliser <strong>les</strong> conquêtes. Ainsi, en 1255, <strong>les</strong> troupes mongo<strong>les</strong> envahissentle territoire <strong>de</strong>s Abbassi<strong>de</strong>s et se dirigent vers <strong>Bagdad</strong>. Le 10 février <strong>1258</strong>,après un siège <strong>de</strong> quinze jours, <strong>la</strong> ville tombe entre <strong>les</strong> mains <strong>de</strong>s <strong>Mongols</strong>.Le petit-fils <strong>de</strong> Gengis Kan applique <strong>la</strong> tactique <strong>de</strong> son grand-père : faireun exemple en terrifiant <strong>les</strong> popu<strong>la</strong>tions pour dissua<strong>de</strong>r toute velléité <strong>de</strong> révolte.En une semaine, entre 90 000 et 500 000 personnes sont massacrées(<strong>les</strong> chiffres varient selon <strong>les</strong> sources). L’élimination systématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tions’accompagne <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction et du pil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> nombreux pa<strong>la</strong>is etmosquées. Enfin, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion survivante connaît une famine sévère après<strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s canaux d’irrigation qui servaient à l’agriculture.Les nouveaux envahisseurs rétablissent bientôt <strong>la</strong> paix ; <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>svoies commercia<strong>les</strong> favorise <strong>les</strong> échanges entre l’Orient et l’Occi<strong>de</strong>nt. Ainsi,<strong>de</strong>s missionnaires catholiques, <strong>de</strong>s commerçant italiens et le célèbre MarcoPolo sont éblouis par cette bril<strong>la</strong>nte civilisation. Quant aux Abbassi<strong>de</strong>s survivants,ils se réfugient en Égypte, où <strong>les</strong> sultans mamelouks leur <strong>la</strong>issentexercer le titre honorifique <strong>de</strong> calife.Toutefois, à l’instar <strong>de</strong>s autres empires, au gré <strong>de</strong>s successions, <strong>les</strong> territoiresconquis par <strong>les</strong> <strong>Mongols</strong> sont divisés en plusieurs entités qui vont peuà peu prendre leur indépendance et n’avoir <strong>de</strong> cesse que <strong>de</strong> s’affronter.BibliographieJean-Paul Roux, Gengis Khan et l’Empire mongol, Gallimard, coll. « Découverte/ Histoire », 2002.Jean-Paul Roux, Histoire <strong>de</strong> l’Empire mongol, Fayard, 1993.John Andrew Boyle, The Mongol World Empire 1206-1370, Londres, 1977.Dominique Farale, De Gengis Khan à Qoubi<strong>la</strong>ï Khan, Economica, 2003.1. Dynastie qui dirige le mon<strong>de</strong> musulman <strong>de</strong> 661 à 750.Sous <strong>la</strong> haute direction <strong>de</strong> monsieur François Pernot, maître <strong>de</strong> conférences en histoire mo<strong>de</strong>rneAdjudant-chef Jean-Paul TalimiRédacteur au <strong>CESA</strong>

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