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Georges BRASSENS - Bibliothèque municiaple de Sceaux

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<strong>Georges</strong><strong>BRASSENS</strong>Hommage


La vie <strong>de</strong> bohême<strong>Georges</strong> Brassens est né à Sète, le 22 octobre 1921. Son père est un homme d’unegran<strong>de</strong> indépendance d’esprit, profondément athée et anticlérical. Sa mère, à l’inverse, estune catholique d’une gran<strong>de</strong> dévotion. La musique tient une place importante dans la viefamiliale et le goût <strong>de</strong> la chanson fait l’unanimité. Elève peu studieux, Brassens s’intéressepourtant à la poésie grâce à son professeur <strong>de</strong> français, Alphonse Bonnafé. A la chansonpopulaire et à la poésie s’ajoute une passion pour les rythmes nouveaux venus d’Outre-Atlantique qu’il écoute à la TSF : le jazz. Le jeune homme aime le swing. Il commence, dèsquinze ans, à écrire <strong>de</strong>s poèmes et quelques textes <strong>de</strong> chansons mis aux rythmes <strong>de</strong>s airsdans le vent.Alors qu’il se rêvait poète, il se retrouve impliqué dans une petite affaire <strong>de</strong> vol. Cettefâcheuse aventure se sol<strong>de</strong> par une condamnation d’emprisonnement avec sursis. C’estl’occasion pour lui <strong>de</strong> tenter sa chance à Paris. Il est hébergé par sa tante Antoinette dèsfévrier 1940 dans le XIVe arrondissement et travaille comme ouvrier chez Renault, àBoulogne-Billancourt. Il peut continuer à écrire <strong>de</strong>s chansons sur le piano <strong>de</strong> sa tante, et<strong>de</strong>s poèmes. Mais après les bombar<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> Paris et sa région, qui touchent son usine,il retourne quelques mois à Sète et revient dans la capitale, occupée par la Wehrmacht, enseptembre 1940. Là, il se consacre entièrement à l’écriture et réussit à publier, en 1942, unrecueil <strong>de</strong> poèmes A la venvole. Il mène une vie <strong>de</strong> bohême, faite d’écriture, <strong>de</strong> lecture et<strong>de</strong> réunions entre copains aux bistrots populaires du XIVe arrondissement.En février 1943, il est envoyé en Allemagne pour le S.T.O. (Service <strong>de</strong> TravailObligatoire) au camp <strong>de</strong> Basdorf. Il réussit à composer encore quelques chansons, quidivertissent ses compagnons d’infortune, et à poursuivre l’écriture d’un roman commencéà Paris, Lalie Kakamou – publié à l’automne 1947, à compte d’auteur, sous le titre La Luneécoute aux portes. En mars 1944, il profite d’une permission <strong>de</strong> quinze jours pouréchapper au S.T.O. et s’installe Impasse Florimont chez Jeanne Planche. Avec son mariMarcel, elle habite une maison extrêmement mo<strong>de</strong>ste. Brassens restera dans ce nidinconfortable mais chaleureux durant 22 ans, jusqu’en 1966. C’est là qu’il écrira unegran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> son répertoire. En 1945, Jeanne lui offre sa première guitare.En 1946-47, il participe à la revue Le Libertaire, menée par les militants <strong>de</strong> laFédération Anarchiste, en tant que chroniqueur. Il ne vit pas encore <strong>de</strong> son art. En 1947, ilrencontre la femme <strong>de</strong> sa vie, d’origine estonienne, Joha Heiman, qu’il surnomme« Püppchen », « petite poupée » en Allemand. Dans son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie, Brassens refusetout conformisme social. D’un commun accord, le couple ne partagera jamais le même toit,mais Joha sera sa compagne jusqu’aux <strong>de</strong>rniers jours.En 1951, suivant le conseil du chansonnier Jacques Grello, il tente sa chance dansles cabarets, mais ses débuts sont difficiles. Sa carrière prend un tournant décisif le 6 mars1952, lorsqu’il rencontre Patachou. Convaincue du talent <strong>de</strong> l’artiste, elle <strong>de</strong>vient l’une <strong>de</strong>ses premières interprètes – Brave Margot, Les Bancs publics – et le persua<strong>de</strong> <strong>de</strong> chanterlui-même ses titres, alors qu’il se voyait plutôt dans le rôle discret d’un auteur-compositeur.L’enthousiasme gagne Jacques Canetti, propriétaire <strong>de</strong>s Trois Bau<strong>de</strong>ts et directeur


artistique chez Philips. Il l’engage dans son établissement et lui fait enregistrer quelquesuns<strong>de</strong> ses titres sur quatre disques 78 tours, sous la marque Polydor – Le Gorille et LeMauvais sujet repenti ; La Mauvaise réputation et Le Petit cheval ; Corne d’aurochs etHécatombe ; Le Parapluie et Le Fossoyeur. L’enregistrement <strong>de</strong>s premiers disques duchanteur rencontre quelques obstacles, car les textes <strong>de</strong> certaines chansons scandalisentune partie du public.Dès l’année 1953, c’est la consécration. Son second roman, La Tour <strong>de</strong>s miracles,est publié en juin et son premier album, <strong>Georges</strong> Brassens chante les chansons poétiques(…et souvent gaillar<strong>de</strong>s) <strong>de</strong>… <strong>Georges</strong> Brassens sort chez Polydor en octobre. Brassensrencontre un grand succès public et critique. Les concerts se succè<strong>de</strong>nt dans toute laFrance et, le 16 octobre 1953, il fait sa première gran<strong>de</strong> scène parisienne en ve<strong>de</strong>tte àBobino. Il monte également <strong>de</strong>ux fois sur la scène <strong>de</strong> l’Olympia en février et septembre1954. Il se produira à maintes reprises dans ces <strong>de</strong>ux salles prestigieuses. Puis il part entournée à l’étranger. Cette année-là, il publie aussi un recueil <strong>de</strong> textes en prose et envers, La Mauvaise réputation.En 1956, il joue et chante dans le film <strong>de</strong> René Clair, Porte <strong>de</strong>s lilas, adaptation duroman <strong>de</strong> son ami René Fallet, La Gran<strong>de</strong> ceinture. Ce sera sa seule apparition au cinémaen tant qu’acteur. Il y fera d’autres incursions en tant que compositeur et interprète. En1964, il écrit l’illustre Les Copains d’abord pour le film Les Copains d’Yves Robert ; en1970 et 1971, il enregistre le titre Heureux qui comme Ulysse pour le film d’Henri Colpi, unami sétois – la chanson est écrite par le réalisateur et composée par <strong>Georges</strong> Delerue –puis il compose la musique du film <strong>de</strong> Michel Audiard, Le Drapeau noir flotte sur lamarmite, adapté d’un autre roman <strong>de</strong> René Fallet, Il était un petit navire.Brassens poursuit les tournées et les récitals sur un rythme effréné <strong>de</strong> 1957 audébut <strong>de</strong>s années 1960. Mais <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années, il souffre <strong>de</strong> coliquesnéphrétiques et <strong>de</strong> calculs rénaux. Il subit sa première opération <strong>de</strong>s reins en 1963, puisune <strong>de</strong>uxième en 1967. Il suivra les événements politico sociaux <strong>de</strong> mai 1968 sur un litd’hôpital suite à une nouvelle crise <strong>de</strong> coliques néphrétiques. Cette année 1968 seraen<strong>de</strong>uillée par le décès <strong>de</strong> Jeanne Planche, à 77 ans. Le 12 octobre 1965, il a l’occasion<strong>de</strong> chanter avec Charles Trenet, qu’il admire <strong>de</strong>puis sa jeunesse, lors <strong>de</strong> l’émissionradiophonique Musicora, enregistrée en direct du Théâtre <strong>de</strong> l’ABC. L’année suivante, ilquitte l’Impasse Florimont pour emménager dans un appartement près <strong>de</strong> la place Denfert-Rochereau, d’où il partira en 1969 pour une maison du XVème arrondissement. Al’automne 1966, il se produit sur les planches du TNP avec Juliette Gréco, qui en assure lapremière partie. Chaque soir, il présente son Bulletin <strong>de</strong> santé et chante sa Suppliquepour être enterré sur la plage <strong>de</strong> Sète en réponse aux rumeurs propagées sur son comptedans une certaine presse. Le 6 janvier 1969, à l’initiative du magazine Rock & Folk et <strong>de</strong> laradio RTL, il participe à un entretien historique avec Jacques Brel et Léo Ferré.Dans les années 70, il enchaîne toujours les concerts et se produit encore à Bobino,son music-hall <strong>de</strong> prédilection, avec en première partie <strong>de</strong> jeunes chanteurs, dont MaximeLe Forestier, Philippe Chatel ou Pierre Louki. Affaibli par ses problèmes <strong>de</strong> santé, il abeaucoup vieilli, alors qu’il n’a qu’une cinquantaine d’années, et les concerts répétés<strong>de</strong>viennent très fatigants. En 1973, il mène sa <strong>de</strong>rnière tournée en France et en Belgique


et donne un concert exceptionnel au Sherman Theatre <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> Cardiff, enGran<strong>de</strong>-Bretagne, le 28 octobre. Le Live In Great Britain, paru en 1974, est l’un <strong>de</strong>s raresenregistrements publics <strong>de</strong> l’artiste. Entre 1952 et 1976, il a enregistré 14 albumsoriginaux. Le 20 mars 1977, il monte pour la <strong>de</strong>rnière fois sur la scène <strong>de</strong> Bobino après sixmois <strong>de</strong> concerts dans ce lieu où il a réuni un public nombreux et admiratif. En 1979, sur laproposition <strong>de</strong> son ami et musicien Moustache, il accompagne à la guitare plusieursjazzmen américains pour l’enregistrement d’un album <strong>de</strong> reprises <strong>de</strong> ses plus célèbrestitres dans <strong>de</strong>s versions jazz. Cette même année, il tient le rôle du hérisson dans le contemusical <strong>de</strong> Philippe Chatel, Emilie Jolie. En 1980, très mala<strong>de</strong>, il enregistre un album surlequel il chante <strong>de</strong>s chansons <strong>de</strong> son enfance au profit <strong>de</strong> l’association pour l’enfancehandicapée Perce-Neige, fondée par Lino Ventura. Atteint d’un cancer, il subit unetroisième opération <strong>de</strong>s reins. L’année suivante, le 29 octobre 1981, il meurt à Saint-Gélydu-Fesc,un petit village près <strong>de</strong> Sète.Par sa simplicité, <strong>Georges</strong> Brassens est l’un <strong>de</strong>s artistes les plus aimés dupatrimoine culturel français. Ses chansons sont reprises par <strong>de</strong>s artistes du mon<strong>de</strong> entier,parmi lesquels Graeme Allwright en anglais ou Paco Ibanez en espagnol. En France, sesdignes successeurs, Maxime Le Forestier et Renaud, mais également Barbara, JeanBertola ou les Frères Jacques lui ont consacré un album entier. Les hommages qui lui sontrendus sont encore aujourd’hui nombreux et <strong>de</strong>s chanteurs tels que Renan Luce ouBénabar sont souvent présentés comme ses héritiers. Mais on peut citer aussi d’autresenfants <strong>de</strong> Brassens comme Loïc Lantoine, Les Têtes Rai<strong>de</strong>s, La Tordue qui distillent unepoésie réaliste et engagée.PortraitLe poèteDès 1936, le jeune Brassens s’ouvre à la poésie grâce à Alphonse Bonnafé, sonprofesseur <strong>de</strong> français à Sète, qui l’intéresse à la technique <strong>de</strong> la rime et <strong>de</strong> la versification.Il se passionne pour la poésie et prend conscience <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s mots. A Paris en1940, il fréquente assidûment la bibliothèque municipale <strong>de</strong> son quartier et lit les poètes(Villon, Bau<strong>de</strong>laire, Verlaine, Hugo…). Il possè<strong>de</strong> une culture chansonnière pointue etacquiert une gran<strong>de</strong> culture littéraire. Il écrit quelques recueils <strong>de</strong> poésie – Les Couleursvagues, Des coups d’épée dans l’eau et À la venvole.Sans mettre en opposition « Art mineur » et « Art majeur » tels que les distingueSerge Gainsbourg, Brassens considère la chanson comme un moyen d’accès simplifié à lapoésie : « Je ne pense pas être un poète… Un poète, ça vole quand même un peu plushaut que moi… Je ne suis pas poète. J’aurais aimé l’être comme Verlaine ou TristanCorbière ». Extrêmement exigeant, il s’attache à écrire les meilleurs textes possibles. Avecune gran<strong>de</strong> rigueur, il procè<strong>de</strong> à un travail inlassable sur les mots. Il met également en


musique beaucoup <strong>de</strong> textes <strong>de</strong> poètes, dont ceux <strong>de</strong> Paul Fort, rencontré en 1955 et qui<strong>de</strong>vient son ami.Reconnu comme un interprète au style novateur, Brassens l’est aussi et surtoutcomme un poète d’une gran<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnité, maîtrisant brillamment la langue française.Mêlant langage populaire et style académique à la versification soignée, il a ouvert la voie<strong>de</strong> toute une génération d’artistes et posé les jalons <strong>de</strong> nombres <strong>de</strong> courants actuels. Il areçu <strong>de</strong> nombreux prix au cours <strong>de</strong> sa carrière, dont le Grand Prix du disque <strong>de</strong> l’AcadémieCharles Cros pour Le Parapluie en 1954, le Grand Prix international du disque <strong>de</strong>L’Académie Charles Cros pour le coffret Dix ans <strong>de</strong> Brassens en 1963, le Grand Prix <strong>de</strong>Poésie <strong>de</strong> l’Académie Française en 1967, le Grand Prix <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Paris en 1975, puisle Prix du disque en 1976. Ses textes furent présentés au concours d’entrée <strong>de</strong> l’EcoleNormale Supérieure en 1969 et sont encore aujourd’hui au programme <strong>de</strong> l’EducationNationale.Le libre-penseurArtiste authentique, chantre du non-conformisme, Brassens est sensible aux idéesanarchistes. En 1946, il se lie avec <strong>de</strong>s militants <strong>de</strong> la Fédération Anarchiste. Il écritquelques chroniques dans leur journal, Le Libertaire, sous divers pseudonymes. Sesarticles sont virulents, teintés d’humour noir et attaquent tout ce qui porte atteinte auxlibertés individuelles. Il quitte la Fédération l’année suivante, mais gar<strong>de</strong> intacte sasympathie pour les anarchistes. Plus tard, il participera bénévolement aux galas organiséspar Le Mon<strong>de</strong> libertaire.Doté d’un vieux fond libertaire étayé par un individualisme aigu, d’un anticléricalismeviscéral et d’un athéisme profond, il adopte une distance critique face à toute doctrineétablie. Méprisant le confort, l’argent et la considération, il affiche une gran<strong>de</strong> liberté faceau mon<strong>de</strong>. S’il récuse la notion <strong>de</strong> message, il exprimera toute sa vie sa pensée, enluttant, par ses textes, contre une certaine hypocrisie <strong>de</strong> la société, dont il dénonce lestravers. Ses chansons pleines <strong>de</strong> verve ont souvent, en effet, un parfum <strong>de</strong> scandale.Europe 1, apparue au milieu <strong>de</strong>s années 50, est la seule radio à diffuser <strong>de</strong>s titres tels queHécatombe ou Le Gorille, interdits sur les radios d’Etat. Avant sa mort, il connaît uneultime satisfaction : la peine <strong>de</strong> mort, contre laquelle il avait écrit Le Gorille, manifesté,signé <strong>de</strong>s pétitions et participé à <strong>de</strong>s galas, est abolie le 9 octobre 1981.L’ami fidèleLe côté « ours » <strong>de</strong> <strong>Georges</strong> Brassens, souvent évoqué quand on parle <strong>de</strong> lui nel’empêche pas d’aimer être entouré <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> et d’amis. Il a tout autant besoin <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>que le culte <strong>de</strong>s copains.Au fil <strong>de</strong>s années se sont constitués autour <strong>de</strong> lui <strong>de</strong>s clans d’amis distincts et trèssoli<strong>de</strong>s. Au Moulin <strong>de</strong> la Bon<strong>de</strong>, à Crespières dans les Yvelines, acquis en 1958, il reçoitainsi ses copains d’enfance <strong>de</strong> Sète – Victor Laville, Emile Miramont, Henri Colpi, Roger


Therond –, ceux <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> 1940 – ses compagnons <strong>de</strong> camp <strong>de</strong> travail en AllemagneRené Iskin, André Larue, Pierre Oténienté –, les anarchistes du Libertaire, les amis dumon<strong>de</strong> du spectacle et <strong>de</strong> la chanson – Marcel Amont, Guy Béart, <strong>Georges</strong> Moustaki,Jacques Brel, Jean Bertola, Lino Ventura, Raymond Devos, Bourvil et bien d’autres. Ilaccor<strong>de</strong> autant d’intérêt à ceux qu’il aime, connus ou non. A partir <strong>de</strong> 1954, PierreOténienté sera son secrétaire, logisticien et homme <strong>de</strong> confiance tout au long <strong>de</strong> sacarrière. Ensemble ils créent les Editions Musicales 57.Au début <strong>de</strong>s années 1970, Brassens vend le Moulin <strong>de</strong> la Bon<strong>de</strong> et achète unemaison à Lézardrieux, près <strong>de</strong> Paimpol en Bretagne. Il a découvert la région parl’intermédiaire <strong>de</strong> Jeanne Planche – née Le Bonniec – qui en était originaire. Il y vient pourflâner paisiblement et fréquenter le petit mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pêcheurs qui lui rappelle son portnatal.Les thèmes <strong>de</strong> ses chansonsLes thèmes abordés par <strong>Georges</strong> Brassens reflètent sa personnalité et sonexpérience <strong>de</strong> la vie : la mort, les institutions, l’amitié et l’amour. Son imaginaire hors dutemps, drôle ou mélancolique, parfois irrévérencieux ou même grivois, constitue unpaysage familier. Dans un entretien avec Philippe Nemo, sur France Culture, il dit : « Lesthèmes sont rares. Je crois les avoir tous plus ou moins bien traités. Je les ai presque tousrencontrés : la nature, Dieu, la vie, la mort, l’amitié – l’amour et l’amitié, c’est la mêmechose… Enfin, il y a peut-être d’autres choses, mais ça m’a échappé jusqu’ici. »L’amitié et l’amourEn 1965, le film d’Yves Robert, Les Copains offre à Brassens l’occasion d’honorerson sens aigu <strong>de</strong> l’amitié à travers une chanson, Les Copains d’abord, composée pour legénérique. Cette chanson rencontra un grand succès public. Il n’oublie pas non plus <strong>de</strong>rendre hommage au couple Planche qui le cache pendant la guerre et l’héberge paramitié : la bonté <strong>de</strong> Jeanne et Marcel est saluée dans les chansons La Cane <strong>de</strong> Jeanne,Jeanne, et Chanson pour l’Auvergnat.La femme est protéiforme et partout présente dans son œuvre : elle apparaît enbourgeoise, fille <strong>de</strong> rien, fille <strong>de</strong> joie, jeune, vieille… De chanson en chanson, le poète nouslivre une véritable géographie du corps féminin, qu’il évoque avec autant <strong>de</strong> pu<strong>de</strong>ur que <strong>de</strong>précision. Outre les innombrables titres où la femme est célébrée, on en compte unedizaine qui font référence à un prénom féminin et tous sont joyeux – Mélanie, Margot,Fernan<strong>de</strong>, Marinette…Jo, jeune fille <strong>de</strong> 17 ans avec laquelle Brassens eut une relation tumultueuse en1945-1946, lui inspira peut-être quelques chansons : P… <strong>de</strong> toi, La Princesse et le croque-


notes, Une jolie fleur. D’autres chansons sont directement liées à sa relation avecPüppchen : La non-<strong>de</strong>man<strong>de</strong> en mariage, Saturne, J’ai ren<strong>de</strong>z-vous avec vous, Je me suisfait tout petit, Rien à jeter.La mortCe thème est fortement présent dans le répertoire <strong>de</strong> Brassens, dès les premierstitres parus. Dans chaque disque, une chanson lui est essentiellement consacrée et bonnombre d’autres textes y font une mention épisodique.La mort, souvent désignée sous les termes <strong>de</strong> « camar<strong>de</strong> » ou <strong>de</strong> « faucheuse », quitémoignent du goût <strong>de</strong> l’artiste pour les tournures anciennes, apparaît à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés divers,souvent sous forme ironique – Oncle Archibald, La Supplique pour être enterré sur la plage<strong>de</strong> Sète, Trompe-la-mort – parfois sous forme grave – Le Fossoyeur, Pauvre Martin,Bonhomme. Brassens a vingt ans lors <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, il connaît l’exo<strong>de</strong>en 1941, les camps <strong>de</strong> STO en 1943. Il fait aussi l’expérience <strong>de</strong> la maladie. LeTestament, le premier titre évoquant explicitement et en longueur sa propre mort, sort alorsqu’il n’a que trente ans.Plusieurs chansons évoquent la cérémonie <strong>de</strong>s funérailles – Grand-Père, La Balla<strong>de</strong><strong>de</strong>s cimetières, Les Funérailles d’antan, Les quat’z’arts. Brassens aura toute sa vie uneattirance pour les cimetières et les cérémonies d’enterrement. Liée à la mort, l’obsessiondu temps qui passe plane sur <strong>de</strong>s chansons comme Saturne, Boulevard du temps quipasse, Trompe la mort ou Le Bulletin <strong>de</strong> santé. L’artiste y affirme son caractère éphémère.La natureLes textes <strong>de</strong> Brassens sont parsemés <strong>de</strong> fleurs. Chez lui, la fleur est toujours liée àla femme et à l’amour. Une place <strong>de</strong> choix est donnée à la marguerite, effeuilléeanxieusement par les amoureux. Elle peut être citée comme symbole <strong>de</strong> la fidélité dusentiment dans Pénélope ou La non-<strong>de</strong>man<strong>de</strong> en mariage, mais dans Cupidon s’enfout ou Sale petit bonhomme, elle <strong>de</strong>vient celui <strong>de</strong> l’amour empoisonné et voué à l’échec.D’autres végétaux poussent encore en abondance dans les chansons. Les orties,par exemple, dont chaque buisson cache une soutane – Le Mécréant – ou l’ « herbedouce » du printemps – Il suffit <strong>de</strong> passer le pont – qui offre aux amoureux <strong>de</strong> Cupidons’en fout une couchette. Les arbres s’invitent également dans le répertoire avec uneprédilection pour le chêne, son alter ego – Auprès <strong>de</strong> mon arbre –, arbre <strong>de</strong> vie et d’espoirmais aussi arbre <strong>de</strong> mort – Le Grand chêne, La Messe au pendu.On trouve encore un bestiaire abondant et varié, peuplé <strong>de</strong> papillons, <strong>de</strong> chevaux <strong>de</strong>corbillard, d’un gorille, <strong>de</strong> poux et d’oiseaux en tous genres. C’est bien sûr aux chats queva toute la tendresse <strong>de</strong> Brassens, qui apprécie sans doute l’indépendance <strong>de</strong> cet animal.Cette connivence entre l’écrivain et les chats s’inscrit dans une longue tradition littéraire,<strong>de</strong> Bau<strong>de</strong>laire à Colette, sans oublier Huysmans ou Léautaud – Don Juan.


Enfin, les éléments naturels sont en dialogue dans les textes <strong>de</strong> Brassens.Etonnamment pour un enfant <strong>de</strong> Sète, les images aquatiques concernent davantage le cielque la mer. Les averses peuvent aussi bien jouer les trouble-fête – La Marche nuptiale, Jerejoindrai ma belle – qu’être l’occasion d’une heureuse rencontre sous Le Parapluie ouL’Orage. Le vent souffle aussi beaucoup sur ses poèmes, par bourrasques souvent. Il estmême personnifié dans une chanson qui porte son nom – Le Vent. La terre quant à elle, setrouve souvent liée à l’évocation <strong>de</strong> la mort – Le Fossoyeur, Le Vieux Léon, Pauvre Martin.Le feu en tant que tel est très peu présent. On le voit notamment dans la Chanson pourl’Auvergnat. Mais il est plutôt symbolisé par la flamme <strong>de</strong> l’amour.Les institutions« Je crois que je n’attaque jamais les hommes, toujours les institutions »Brassens, anarchiste convaincu et déclaré, a le verbe libre, imagé et fron<strong>de</strong>ur, maisparadoxalement étroitement soumis au carcan d’une métrique et d’un classicismerigoureux. Ses cibles constantes sont les policiers, les hommes d’Eglise, les patriotes,mais aussi les bourgeois dont il dénonce la bêtise – Le Roi, Le Temps ne fait rien àl’affaire. Plus globalement, c’est l’esprit <strong>de</strong> groupe, <strong>de</strong> meute, tout embriga<strong>de</strong>ment collectifqui lui fait peur et qu’il critique : « Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on est plus<strong>de</strong> quatre on est une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> cons » – dans Le Pluriel. Bon nombre <strong>de</strong> ses chansonsévoquent l’idée d’un cheminement solitaire, hors <strong>de</strong>s sentiers battus – La Mauvaiseréputation, La Mauvaise herbe. Il refuse ainsi toute récupération, même quand il est aufaîte <strong>de</strong> sa gloire et que tout le mon<strong>de</strong> sollicite son analyse. Une discrétion parfois décriéepar ceux qui attendaient son soutien.<strong>Georges</strong> Brassens est un créateur généreux et humaniste. Ses textes sont avanttout <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> position en faveur <strong>de</strong>s laissés-pour-compte, <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> la société –Stances à un cambrioleur, Chanson pour l’Auvergnat, Celui qui a mal tourné, La Femmed’Hector, L’Assassinat. Son répertoire impertinent trace un portrait sans pitié, et pourtantassez tendre, <strong>de</strong> ses contemporains. Dans chacune <strong>de</strong>s institutions visées, un contreexempleservira <strong>de</strong> base à une chanson et sera remercié pour sa conduite à contrecourant.Dans La Messe à un pendu, notamment, le curé se bat pour sauver un pendu etdans L’Epave, un policier prête sa pèlerine à un malheureux.


Les documents que vous pouvez emprunter à l’espace Son / Image <strong>de</strong> labibliothèque municipaleA écouter…Les albums <strong>de</strong> <strong>Georges</strong> BrassensAnthologie vol. 1 : la mauvaise réputation. Polygram, P 1952-1954 – 099.2 BRAAnthologie vol. 2 : auprès <strong>de</strong> mon arbre. Polygram, P 1954-1957 – 099.2 BRAAnthologie vol. 3 : le pornographe. Polygram, P 1957-1961 – 099.2 BRAAnthologie vol. 5 : supplique pour être enterré à la place <strong>de</strong> Sète. Polygram, P 1964-1966 – 099.2 BRAAnthologie vol. 7 : mourir pour <strong>de</strong>s idées. Polygram, P 1970-1983 – 099.2 BRAAnthologie vol. 8 : tempête dans un bénitier. Polygram, P 1976-1979 – 099.2 BRADon juan. Polygram, 1986 – 099.2 BRAAnthologie vol. 2 : les amoureux <strong>de</strong>s bancs publics. Universal, P 2001 – 099.2 BRAAnthologie vol. 3 : chanson pour l'Auvergnat. Universal, P 2001 – 099.2 BRAAnthologie vol. 6 : le mécréant. Universal, P 1960 – 099.2 BRAAnthologie vol. 7 : les trompettes <strong>de</strong> la renommée. Universal, P 1961 – 099.2 BRAAnthologie vol. 10 : la religieuse. Universal, P 1969 – 099.2 BRASupplique pour être enterré à la plage <strong>de</strong> Sète. Universal, P 1966 – 099.2 BRAAnthologie vol. 12 : <strong>Georges</strong> Brassens chante les chansons <strong>de</strong> sa jeunesse. Philips,P 1991 – 099.2 BRALes interprétations <strong>de</strong> <strong>Georges</strong> BrassensAnthologie vol. 9 : <strong>de</strong>rnières chansons <strong>de</strong> Brassens par Jean Bertola. Polygram,P 1982 – 099.2 BRAAnthologie vol. 10 : le patrimoine <strong>de</strong> Brassens interprété par Jean Bertola. Polygram,P 1985 – 099.2 BRA


Ils chantent Brassens. WMD, 1997 – 099.2 BRALes Oiseaux <strong>de</strong> passage. Universal, 2001 – 099.2 BRAMaxime LE FORESTIER. Douze nouvelles <strong>de</strong> Brassens : petits bonheurs posthumes.– 099.2 LEFRenaud chante Brassens. Virgin, P 1996 – 099.2 REN<strong>Georges</strong> Brassens et le jazz. Universal, P 2011 – 1 BRA 30Christian Escoudé joue Brassens : au bois <strong>de</strong> mon cœur. Universal, P 2011 – 1 ESCUn entretien avec <strong>Georges</strong> Brassens<strong>Georges</strong> Brassens : Radioscopie <strong>de</strong> Jacques Chancel. Radio France, P 2001 – MUS704 BRAEt pour les enfantsMaxime LE FORESTIER. Le Cahier récré : 17 chansons <strong>de</strong> Brassens à l'usage <strong>de</strong>sgarnements. Coïnci<strong>de</strong>nces, P 1998 – 710 LEFPhilippe CHATEL. Emilie jolie : conte musical. BMG Ariola, P 1979 – 733 CHAA voir…<strong>Georges</strong> <strong>BRASSENS</strong>. Elle est à toi cette chanson. Universal Music, cop. 2004 – 099.2 BRA<strong>Georges</strong> <strong>BRASSENS</strong>. 15 chansons mythiques. INA : Polygram Vidéo, 1995 – 099.2 BRAA lire…Les écrits <strong>de</strong> <strong>Georges</strong> BrassensLa Tour <strong>de</strong>s miracles. Jeunes auteurs réunis, cop. 1953 – R BRAOeuvres complètes : chansons, poèmes, romans, préfaces, écrits libertaires,correspondance. Le Cherche midi, 2007– MUS 704 BRA


Poèmes et chansons. Seuil, 1993 – MUS 704 BRASege cansoun. L' Astrado, 1973 – Oc- D j BRALes écrits sur <strong>Georges</strong> BrassensAlphonse BONNAFE. <strong>Georges</strong> Brassens. Seghers, 1963, 2001 – MUS 704 BRAMichel BARLOW. <strong>Georges</strong> Brassens : chansons. Hatier, 1985. (Profil d’une œuvre ; 71)– MUS 704 BRAHervé BREAL. <strong>Georges</strong> Brassens <strong>de</strong> A à Z. Albin Michel, 2001 – MUS 704 BRALouis-Jean CALVET. <strong>Georges</strong> Brassens. Payot – MUS 704 BRADEROUDILLE, SFAR. Brassens ou La liberté : [exposition, Paris, Musée <strong>de</strong> lamusique, 15 mars-21 août 2011]. Dargaud : Cité <strong>de</strong> la musique, 2011 – MUS 704 BRASophie DUTERTRE. Le Brassens. Mango-Jeunesse, 1999 – MUS 704 BRAHenri GOUGAUD. <strong>Georges</strong> Brassens, pour les enfants. R.S.T., 1969 – MUS 704 BRALouis NUCERA. Brassens : délit d'amitié. Archipel, 2001 – MUS 704 BRAJacques VASSAL. Brassens, homme libre. Le Cherche-Midi, 2011 – MUS 704 BRAFrançois-René CRISTIANI. Brel, Brassens, Ferré : trois hommes dans un salon.Fayard : Chorus, 2003 – MUS 703 CRIDossier Brassens in Chorus (n° 17, du 18/09/1996)A cliquer…http://www.ina.fr/recherche/recherche?search=brassens&vue=Vi<strong>de</strong>ohttp://www.ina.fr/recherche/recherche?search=brassens&vue=AudioSur le site <strong>de</strong> l’INA, <strong>de</strong>s archives vidéo et audiohttp://fr.wikipedia.org/wiki/BrassensUne biographie <strong>de</strong> l’encyclopédie Wikipédiahttp://www.cite-musique.fr/minisites/1103_brassens/in<strong>de</strong>x.aspxL’exposition temporaire « Brassens ou la liberté » à la Cité <strong>de</strong> la musique, qui a eu lieu du15 mars au 21 août 2011


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