LA NEGATION DU PARADIGME PRODUCTIVISTE

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UNIVERSITE DES SCIENCES SOCIALES DE GRENOBLEUER FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUESLA NEGATION DUPARADIGME PRODUCTIVISTETI-ESEPOUR LEDOCTORAT D'ETAT ES SCIENCES ECONOMIQUESPrhenth el soutenue publiquement le20/12179 parHervé DIATA..--- ..\,. ,'0,.~, ~ ',:"'"JURYPrhldent:S "lfragants:" ,',,1 ,-' . \l,Monsieur DESSAU Jen, Professeur as.o'êI6 àl'Unlversll6 des Sciences Sociales de GRENOBLEMonsieur COUVREUR Louis, Maitre de Conf6renceassocl6 à l'Unlverslt6 des Sciences Sociales deGRENOBLEMonsieur BAREL Yves, Maitre de Rec~erc~e au C.N.R.S.Monsieur REY Pierra - P~llIppe, Maitre Assistant à"Unlversll6 de PARIS VIIMonsieur PERNET François, C~arg6 da Rec~erc~e àl'Unlvarsll6 des Sclances Sociales de GRENOBLE.

UNIVERSITE DES SCIENCES SOCIALES DE GRENOBLEUER FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES<strong>LA</strong> <strong>NEGATION</strong> <strong>DU</strong><strong>PARADIGME</strong> PRO<strong>DU</strong>CTIVISTETI-ESEPOUR LEDOCTORAT D'ETAT ES SCIENCES ECONOMIQUESPrhenth el soutenue publiquement le20/12179 parHervé DIATA..--- ..\,. ,'0,.~, ~ ',:"'"JURYPrhldent:S "lfragants:" ,',,1 ,-' . \l,Monsieur DESSAU Jen, Professeur as.o'êI6 àl'Unlversll6 des Sciences Sociales de GRENOBLEMonsieur COUVREUR Louis, Maitre de Conf6renceassocl6 à l'Unlverslt6 des Sciences Sociales deGRENOBLEMonsieur BAREL Yves, Maitre de Rec~erc~e au C.N.R.S.Monsieur REY Pierra - P~llIppe, Maitre Assistant à"Unlversll6 de PARIS VIIMonsieur PERNET François, C~arg6 da Rec~erc~e àl'Unlvarsll6 des Sclances Sociales de GRENOBLE.


A TOU SLESP A Y SAN SEXP LOI TES


AVANT_PROPOS-.----­Bi.n que la tatalitj de. point. de vu. exprim~sdens c.tta th.s. n'engag. que l'aut.ur, cau.-ei daivent capendent'tre cansidjr~a com.a 1. fruit d. no_breuaes discussiansavac des camarade. eangalais ~tudient A Grenoble. exarçantden a la fanction publique congolai.e ou fai.ant partia dugouv.rn•••nt congolais, ainsi qu'avac un certain nombrad'~tudianta at charcheurs de l'Inetitut de Recherche Economiqueat de Plani'icatian~ Que ce. ca~.rsdea trouvant ici l'axpraesionde toute notra raconnai.aanca.~a cont:ibution la plue d~tarminante pour lam.t~rialisation d. eatta riflaxion aur lea problAmea du djvelop_pemsnt aura cepandent ftf cella de certain.. peraonne. euxquall~!nous adraa.ans toua noe ramerciements at exprimons toute notregretituda.Au nombre da cee per.onn.a fiqurant d'.bord l.epayaane congolaie qui n'ont jamais h~eit', pendant l"tudeaff.ctu'e sur le t.rrein d'eoOt • octobre 76, 1 noua livra~l'anaemble d•• conneie••nce. qu'ile evaient de. phjnom.nes6tudi6s et tout c. qu'ile saveient et pen.eient sur lee qUee~icn!que nous leur poeione~ C'est d'ebord • eu. que cette th.ee estd~dife~ Qu'ils eoiant an outre e.eurés d. notre engagement 1feira netra. leure lutt.s quotidiennes.Parmi ces pa~.onnee figura ensuite le P~ofesseu~Jan DESSAU qui, an e.surent la dirac~icn ~. cette thèse, n'a


M'neg' eucun effort ~our ~ettre ~ notre di.~oeition touta son.x~'rienc. ~'dagogique .t 1•• conditiona ~t'riallee d'une~roduction int.llectu.ll. qu'il n'. c.s.' d'encourager.Il a'agit au••i d••on.ieur Yvel BAREL qui, ~tc.v.r• • • • 'crit., • tr.v.rs l.e .'.in.1:•• org.ni.'•• l'IREP.t au CEPRES .t le. di.cu.sion. ~ulon • pu avoir, non eeuleme~tnoue • 'Ineibili.' .ur 1. n'c•••it' d. toujours ~oe.r 1••-bonnee qu••tione~, ••is • incont••tablem.nt 1. plue influenc'l'.pp.r.il conc.ptu.l utlli.' dan. c.tta recherch••Il .'.git .nfin d. Pi.rr.-Philipp. REY qui, par.on 'tud••ur 1. Congo et 1•• ~u.lqua. 'ch.ng•• verb.ux ~uton •pu Ivoir, noue • p.r-i. d. noue d'••rqu.r d'un. tr.dition.thnologi~u••t 'cono.ique p••••nt ~ cet' de l' ••••nc. desph'no.'n•••oci.ux ob••rv'••n mill.u sou.-d'v.lopp'.


-1-1 N T R 0 0 U C T ION•


-z-Le tMlDe du "d6'veloppeœnt" ocr:upe,àepuis un peu plus d'unquart de siècle. me place si ~rtante clans la littl!i1'3:ture socioeconomiqueque certains auteurs ÇClIIIœ Ipt.aey Sachs n'ont pas hésité 11cansidlrer la th'oTie du dIve!appeiii51t a:mme ''la clef de voO.te" des,d.eor:es sociales.Sa di:œn5icn idéololique est fonc'tiCJll des contradictions conerëeesqui donnent naissance il sa fonœ d'e.."q'Tessicn partiOJl.ière l.lIPDent, les politiques que ce-tte expression suggère et les rbultats 1attendre de la me en oe\JV'n, de ces politiques. En partiOJlier. c'es tle dtveloppement du sous~loppeœut et les luttes qu'il a engendrfesqui ont façonnf les id6Jlogies et théories du dfveloppeœilt diffus!esdepuis plus de ving't cinq ms.lm.Ai.nsi. selon que le sous~loppeli&iiltest considén ClJllIDl!un ensœle de c:arences ou d' insuffisances J CCllIIIlI' un retard dans l'indus't"I'ia.l.isaticn.CCIlIœ un duali sme seCtoriel ou enfin e::t:lIlIœ un produi tde la dépendance. l'idéologie du clêveloppeœnt se prëeeneera sous lafo'œe d'une théorie da "Tatt't'1lP&ge", d'une théorie de la ''DJ:ldernisation''.d'une th'oTie de la '''réduction d'kartS", d'une théorie du "cëveicppeantendcgëae" ou d'une théorie du .. dIl!veloppeDEtlt atnoc:entn".Sans faire l 'histoire de ces théories, il convient ~ndantde degager les grandes lignes des plus importantes d'entre elles, avantde fcrt:!mJler les rema.:t'ques qu'elles suggèl"ef1t et de se prononcer enfaveur de l'une ou l.'autre, ou, tout s~lement de d!finir les conditionsde leur dépassement. une fois leur i.nac:iéquation déeorrtrëe .


-3-L'idéologie predominante du développement correspond â ladivision int:etnationale du travail. C'est la théorie de la ''IlI:)dernisation''basée sur la politique d' iq)on-substitution et la 'l'évolution verte, etqui s'est gênénlisée • panir des années 50.La politique d' import-substitu'tion peut-être définie çomœ"la JUbsti"Oltion d'une producticn nationale â l'iJqxlrtation de eieœindustriels desti.nfs 1 satisfaire des demandes intérieures exfstantes etsuffisaœent 8q)les déj! pour jw;tifier la rentabilité des i.nvestisseœnt,t.ce qui signifie la PTOduction de biens de consODlD&tion manufacOIr'fs"(1).Les raisons de la mise en oelJYTe' de cette politiqueresident en premier lieu dans la supétiorité des opportunités de gainsoffenes par l'implan:tation de ces indust'ries dans les êo:momies sousdéveloppéespar nppart 1 celles offenes par leur implan:t.ation dansl' k-onallie d'origine.Gependant, la demande des Formations ëccoœdeœs et socialessous-d!velopp&s en biens mnufactu:"es, compt:e tenu de l'absence d'indust:riesp:r6éxistantes, donc de demande intenœdiaire, perte essentiellelDl!lntsur ëes Canscmmations de luxe. &aanant des bourgeoisies Iccafes ,tels les autallJbiles. appareils 1II!nagers, téléviseurs, radios. horlogerie,etc... . La politique dl iJqxln-substitution ne peut: donc conce-merqu'un des stades de l'élaboration du pT'Oduit.le dernier, c'estl-direl' assembla~. ce qui revient! substi'tUer une importation. (lespièces dét.aehées) 1 une autre (le pTOdilit fini).Le développement: k-rmomique fondé sur cette strat:égie rencentreun brccage-corecaeë dans tOUS les pays qui l'ont aè::Qptl!e·lo~ue l'impon-substitu'tion reecnee aJ.L'I'i: biens d'équipeJœJlt et produ.i:t5interm!diaires. L'impossibilid de reacnter le processus deproduction est: due, selon. C. PalloL-t (2)1 l'êpuiseœnt: raçdde dans(1) C. PALLOIX. L'économie mndiale caoitalis'te et les :i:nœs mu.ltinationa.LI:s,MâSPêro, P.tîJUs, 19~7, tome ~, ?age3Do(2) C. PAl.l.DIX, CIO. ca r , , page 31Cl


l'écommie sous-développée, de la capacité d'absorption de capital etde eecœcrs de PT'Oduc'tion dyD.amiques. c'est-l-dire ceu:c devant PT'Oduireles piaces de'taChfes ~rtfes ainsi que ceu:c pl"Oduisant lesmachines servant 1 fabriquer les pièces (1).D'autre pan. les bourgeoisies locales ne cCZlSClllJ:œnt qu'unepan i.nfiJœ de la producticm, l'essor des industries d'ÏJlÇKln-substitutiond'pend. essentielleœnt de la dcmnde intérieure des œasses rorales eturbaines dont les nRnU5 sont très bas. Aussi, le taux d'expansion deces i.ndustties, eprës fpui;eœnt de la demande pr6alable, est-il limté,puisqu'elles n'aiissent pas sur les fJ,c:tmIrs detenaiDant ceeœ dcmnde,DDt.azmœnt sur le niveau du nVImU agricole.La deuxiêlœ cOIlpOsante de la sttatégie de la ŒOàemisationest la réwlution verte , Celle-ci consiste essentiellement 1 généraliserl'usage des semences aml!lioms. Ici éga:JAment, l'é


~sassuzerle développeœnt des F.E.S. sccs-ëëveioppëes, Ces auteursinsistent sur la ~cessit! pour ces F.E.S. de t'I:lIDpre avec le, systèlœc.a:pi tal.is'te. Lê dlwlappelllmt indêpendant ou d6wloppelllmt "aireccencrë"(S. Amin)de .... que 1.


-6-A Ilindrieur de ce lIIiœ CQurm:t. certains auteurs caameSlmir AIIi:i.n considèrent. cependan:t que la priorité première est l' _1iora~tion. iJlm!diau de la prod1E.tivitêi et du niveau de vie des grandes masses,D:rtal!lll~n:t rurales Pl. car dans la perspective d'une rupture avec lelIIBI'Ché capitaliste. le surplus paysan est le ~ le plus sûr de rëa­User cette indu5'trial.i5ation~Bien que c:e'tt,e seccnde théorie parte d'une négation del'icl.6Jlogie cl. 1iJlçon-subnitution. l'une et l'autre repcseae cependant5UI' le paradigme produc.tivisu de la lib'ratiœ au'taœ.tique par le progrèstechnologique. L'id!e centnle de ce paradigme en que la croissancekanœi.C{Ue. petmi..se surtout par l'industtialisatian et enu"tmue par leprogrls uchnolopque. est le llIOUur du développement. scctc-ëcœœaqœqui assun fpSDOUissement et progrls des virtual..ieëa, des libertés etdes pccvcrrs de d.cmi.nation de l'hoame sur la nature et éven'tUelleœnt SUI'la so:.ié'tl!!. D'CIl la


-7-I.D1iwrselles, ç'est-il-di:re qu'elles soient les meilleures partout etpour touS. D'uœ maniêre gén!rale en effet. la science et la techniquesant considfrfes c:œme i.ndependantes des rapports de production et liéeslmiqueœn't à la logique du déwloppement des forces producti'185. Ce quiest souvent mis en cause, c'est le fait qu'elles sant utilisées pour leprofit et/ou la puis53DCe d'une mincl'rit!, au lieu de l'@tre pour le bien@tte de touS. En d'sutTes eerees , al s'est limitê à uœ distinction errrre.la "bonne substanCe" de la science et sa ''mauvaise utilisation" par lesysd!_ capitaliste. Il .suffirait aloTS de lever les obstacles sectekoncmiques- dal:inatiCll et exploitation capitalistes notalllœnt .. pourque les technologies cessent de pervertir et d'uTOphier le développement.C'est ainsi que la plupart des pays ci) les rapports de production ontëeë transfonll!s par la l'!vtllutian socialiste n'œ:t pas soumis! la entiquesyst!matique les optiClZlS technologiques du capitali5Iœ (1) ..ceue pasitien s'appuie sur la fallace de la sépaTabilitétotale des IIDyeI1S et; des fins, la science et la technique hant considfr&:sCOIIIœ purs ~J en elles-mêmes neutn5 quant; aux fins. MaisfiDs et IID)"ellS sont iDdisociables. amme le llJJrJ.t:rent" les analyses consacreesà la O'ise kologique ac'tlJelle. La pluprln des auteurs panentd'\.m c:cnstat d.'k!Jeç de la teclmologie dans le doma.i.ne êcologique etc:hercœnt ensui te â cerner les raisons de cet ëcjec ,Le travail le plusconnu êffec'tué dans ce sens en celui de Coummer (2) qui a eu le mhi.tede dépasser la s~le distinction êvoquêe plus haut entre bonne subs't8lJ.cede la tedmclogie et sa œuvaise utilisation, et de :rechercher les causesproftndes de l'ëcœc dans le contenu de la science.L'analyse admise cO'l..II'aIIIlJent est celle qui concerne lesrelations entre acClJlll.llation du. opita1, productivité, progrès techniqueet à!gTada.tion des kosystèœs. La recherche du profit ma.:riIlDDn et lesbesoins d.'ac::u<strong>DU</strong>1ation du opit.a.l poussent" les capitalistes â eccrcîrre(1) C'est ce que rëvëje la stl"atégie de l'U.R.S.S., consistant â utiliserla technologie amêricaine pour rejoindre et dépasser le niveau dedéveloppement des Etats·lJnis.(Z) Barry CO~ L' encercleuent. ProbUIœs Ce 5iJI"Vie en milieuterrestre Sêllll, Pans, 19n


-8-sans cesse la productivité du travail et du capita.l. Le rfsultat en estune expansion continue de la pT'Oduction petmise paT la mise en oeuvredes iJmovatians tedmologiques. Mais l'application des nouvelles tedmologiesJdam la production agric ole et industtielle not.amœnt. engendredes effeu dfvasuteurs sur l'écosphêre dont on s'Ç!et'Çoit alors qu'ilC~l"te des limites dans sœ r"'f"tJ:mJ! d'activitl et ses dî.Iœnsions.Si l'on adlœt lEVeCLaura Conti Cl) que la dégradation del'envi:rcnneœnt ett proporticcnelle soit 1 la productivite soit au vc­11.111! total de la production (autreRllt dit : .2 égalitl de productivité,elle est proportionœlle au voluœ de la pT'OCbrtiœ• .2égalité de production,elle est proportionnelle 1 la productivité). pour enrayer cettedégradation, il faut faire baisser soit la productivit!, soit le voluœde la pl'Odu::tiœ. soit Ies deux. Mais uœ 1"êduc:ticn de la prodlctiviténe peut pas se faire sans œtt-re en cause la na:ture mêœ du capitaliSIœqui en exige l'accroissement cont:i.m.l. De m&me,la baisse du volume dela pT'Oduction. si elle ne 5'ao:~gnait pas d'une réduction de la population• obligerait le systêlœ 1 diJDi.mzr le niveau de vie • donc .2s' e:xposer .2 de ëeeeee tensicns sociales. La crise kologique fai t ainsiapparaiere tm e contTadictiœ entTe la 1"eCherc.he par le systi!me capi'talisted'un accrcissemmt con'tinu de la productivité et la -reproduction dela base écologiqU!!: sur laquelle il s'appuie.La aitique de l'usage capitaliste de la science s'avèrecependant insuffisante pour rendre ~te des causes et des oriiines del'échec de la tec!mologie dans le daDa.ine 6cologique. puisque les probli!!lœsrelatifs .2 la dégradation des ëcosvscëœs constatés dans lespays c.a:pitalistes semblent se PJ.5er de la même manière dans les pays(2) Laura CONTI: lest-ce aU!!: l'écolo .e ? CitaI tTavail etennronnement • ro , ans.


-9-socialistesindustrialisés(l).Il faut d'abaf'd. préciser q12 !'êc.hac d'Xl:t il en quenicnne œnceme pas les objectifs assignés aux technologies mœrnes. Dansla plupart des cas en effet. la technique s'est 1IDrltde capable de réaliserce que l'an attendait d'elle. mais les rbulut.s obt.en\.1$ dans ledl1lllll!;ne de la production industrielle etagricole noUDlDent, ont eu uncertain nombn de ccn.séquenc:es SUI' le plan écologique. C'est cette constatationqui a amené CoamJDer ! rechet'Cher le défaut de la technologiedans le cmtenu eëee de la science.CClllD:Jner rema:l''que deux cacses , D'une part. la pratiquescientifique QanrjNnte repose sur la nécessité de faire coIncider lat9:che paniOJ.llère qu ' l.D1e technologie deit accoq:tlir avec œ rtainssecteurs bien délimit!s de la ccnnaissance scientifique et tectm.ique.Ce'tt.e Décessit.é est ch.Jeau cloisonneDltnt des disciplines scientifiquesrêsuJ:tant de la çroyance ql.:e la seule façon d'atteindre la coq,.rEhensiond'un syst_ ~lce en d'envisager sëperëœrre les prcpraëtës de chacunede ses parties. D'autre part, les techniques sant cOl'\Ç'Ul!s pourr!soUdre des pTtlblbs pa:rticuliet'S et isolés et ne prennent pas enconsidération d'inI1vitables "effets secondaires" qui se pl"Oduisen't dufai't que, dans la nawre, aucune partie ne se trouve isol!e de la ~nmeécologique d'ensemble. Ces remarques conduisen't CaUIIElner il voir dans lefiasco kologiGue de la tedmologie lIIJderne une conséquence de la naturefraglll!!n:tai:re de ses bases sc.ientifiques et; de son L"lC3pllCi'té à a::pprtThenderglobaleœnt le sys't_ SUI' lequel portent; ses interventions.(1) C'eS't la conclusicn à laquelle l'analy!>e d'un certain nombre d'ë'radesccnsacrëes aux problêlœs de l'environnement en U.R.S.S. amèneCI)M,DœR (op. ch. pages 276 ! 279). Cet auteur fai't en outre reearquel'que les tec.hnol


-10-La contestation 6cologique apparait dès lors COIlIœ laremise en cause la plus radicale des COIl'tem1S et lDI!thodes de la sciencedcminante. A travers elle, c'est aussi la n.euttalitE des teehni.quesqui. est remise en questiall. En effet. le sys't!me tedmologique d'unesoc.iEté ne peut pas Itre sëeerë de ce que cette sociEtE est. ~i latechnique, ni les objectifs de ccœceeaedon, ni les fol"lDes d'organisationne sont neutres car ils vëluculent; . la division du travail (manuel/intellectuel. de conception /d'êxêcution) et donc le principe cie lahiérarchie i.nhérent a. toute soci'tf de classe. et le fait que l'impor~tation ou l'imitation des tedmologies soient assurées par le secteurp.Jblic ne change rien w problème.La deuxième remarq,ue se t'3RXlrte a. la dffinition desstTatEgies de développemeut des paY5 sous~lopplis çcmœ sC'3.dgiesde "rattta:page" des paY5 développlis au de "réduction des écarts dedéveloppement" eeœe les uns et les aunes.Tout d'abord., envisager le d4velappement cœme processusde rattrapage c'est assimiler le SOU5~veloppement a. un retard dansl'Î1IdUS'ttialisation et prEtendre y remedier en faisant franchi.r a.l'6c.onl::InU sous-d.évelcpp6e aux lIIJindres coOu et avec le œxjnan derapidid - en ''brûlant, les Etapes" -, la r~e unifoTme et inévitabled'Etapes Cl) conduis~, ...ecccee aes socU" pers uœ même situation,celle des sociEtEs· -~lles c~~tÎ\c,.. '" 5 consddérées coame eodèlede r'fêrence. ',._~" -,~Or, les ëtndes consacrées a. ce qu'on a appel' la "crisedu dêveloppement" ecmrene que le développement rêalisE par ces socdëtës,en même temps qu'il accroit les possibilitEs de développementde l'hcmœ et de la sccrëeë, engendre des tares profondes qui précfs é-.ment minent ce développement.En eiiet, les progrès considêrables(1) cf. W.W ROSrcW : L.es êta'Ces de la croissance économiaue, Seuil,Par:..s,1960.


-11-réalisés par les sciences et les techniques modernes dans la connaissanceet la manip.1lation de la matière, au lieu de perïeet'rre un. ëjargUsementde 1& liberté mmajne, ont abouti 1 la généralisation d'unesi'tuation can.ctérisfe; par trois phéncmènes œjeurs : la mécanisationcroissante de la. vie, la polarisation, centralisation et concentrationdu pcuv'Qir de dëctston, l' hcm:Igênéisation socio-culturelle, et, biensûr, ces pbfnam!nes sont plus sensibles dans le b.as que dans le hautdes pyramides sociales.La. JDfcanisation de la vie résulte de la spécialisation, fon.dfesur le principe de la correspondance encre mu:nae et fonction, et quitend. 1 affaiblir la fonoation globale de l' hc:mIœ et son épanouissementdans plusieurs directions 1 la fois. Ainsi, le travailleur de basedevient de plus en plus lm être eëcamsë, aux gestes et aux pensëesprofessionnels s~réotYPés, dont la richesse humaine n'est que trèsiJJ;:larfaitement utilisée. Le même travailleur ne peut ni s'épaoouj.::", ni serkliser en dehors de son travail, parce qu'il TetrolJ'le un 5Y5tême deçenscazation, de loisirs, de culture, voire un syst!me politique euxaussi en voie de "mêcanisation fcrcenëe". (1)On assiste d'aune pan 1 un développement de la centralisation,de la polarisation et de la concentration du pouvoir de décisionen~ les mains d'une élite, le travailleur de bue devant se contenterd'obêir aux insttuetions des supérieurs. Il en résulte ure dëpcssesstoncroissante de l' autananie et une atrophie du pouvoir d'agir.C'est enfin une hoDDgfnéisation qui stcpëre en ruinant lescultures locales, régionales et ethniques. Cette homogénéisation cultunllelcivilisationnelle (2) née de la(1) Y. BARa. Le~rt h~i."', 1 la ['8-tière, Action c~ncertée DGRST,!~oms, JUl.llet 19i6, Toœ 1, page _(2) Edgar. IDR.I~,"Dfvelappement de la crise du développement",in le\fyIbe -lu èévl'l "tJlZ'l"'"Dr, ouvrage collectif sous ladirection de Candide ~landès. Seuil, Paris, 1977,page ':49.


ÜJCtion lDll'th&latique de la rëaidcë, engendre au niveau individuel etdans le cas des ethnies d.6sarticul6es et laminfes une aise à' identitéet se tTaduit sur le plan collectif par l'~sition dtun 1II::lC!!1e unique.Bien sür, ces ph.ênaDèœs ne sont plIS absents des pays sousdéveloppés.En particulier, au lieu que leurs origiDalith s'exprimentet se fortifient, au lieu qu'apparaissent_les caractères singuliers despeuples et des culesree, c'est 11\mi.fonnisation. des fonœs d'orpnintion.de productian. de consoamatian. de pensée qu'en esstsee, De sorte quele "d6veloppement" au lieu de se tTaàuire par un progrès vers un "ê'ereplus", un "être mieux". devient un p'rOgrès vers un"ê'tre COUlD!."qu,i. !quivautnkessairement J pour


- 13 -de plus en plus maitres de leurs destinées grâce i la fom.ùationde pTOjeu individuels et sociaux viables, ces't-ê-di.re fondés surtm.!I dialectique ucendante d'objectifs et de myens, roboTd.onn6el une axiologie et nourrie par l'esprit d' invention institu'timmelle.spirituelle et madrielle" Cl).En ce qui conceme les myens permettant la réductionde l'kart, on a vu qu'il s'agissait essentiellsent de l'implantationd'industries industrialisantes. Or. ccmae le mntTe le ProfesseurDestmme de Bernis, les iDdustries ayant une telle vocation ne sontpas les mimes l toutes les fpoques historiques (2). et si on ajoute1. cela l'avanuge dont di..sposent les pays dlj 1. fonsent industrialiséspar rapport aux pays socs-dëvetoppës dans la. création deces industries, la réd:uctiOD. de l'ec.art ne peut pas ne pas êrreconsidlrie cœme une ccerse sans fin où le développement des F.E.S.sous-dtveloppées appara.itrait de plus en plus cemae un. arythe.Les lignes qui pric.&dent avaient pour but de rendrecœzpte des idfologies les plus en vogue à l'heure actUelle enstiare de dével~t ai.nsi que les limites des stratfgies quien ont dkcul'. S'il est facile de se so.J,Sttaire il l'idfologie del'import-substi'tUtion et 1. celle de la révolution verte, ces deuxpolitiques ayant comDJ une application ~raJ.is" et favorisé partOUtle développement du so.J,S-dlveloppement, l'appdciation correctedes possibilitEs et liJllites des srracëgtes de dlvel~t définiesCl) - Ignacy SAOiS, '~loppement, Utopie, Projet de Sccdërë",Tiers~, Tome XIX n- i5, juillet-septembre 19~8,page 6J6.(2) - G. OESTANNE DE BERNIS, art. cit., page 424.


• 14 -en réaction 1. l'idlologie d'~-substitutionest plus d!licate,ces st:ratl!gies n'ayant carmu qu'un faible deçe d'application (1).N6sDacins Jl'eU""'" de ces id.êologies. bien que) succinlt.. a mis en Mden.c:e les àangers que rectlent la CCI1Ceptualisationdu developpsmt des F.E.S. scus-d!veloppées par rëfërenceau devel~nt rfalisE par l'occident. la subord.ination dudlveloppeœnt 1. la croissance koDaDique et le transfert. miJD6tiquedes tedmoloiges. En fa!e, ce qui est en cause, c'est la defiJ'l.itiondes stratégies de d!veloppt5Ll!rlt 1 partir de ccncepts et critênsn'ayunt de silDification que dans et par rçport 1. un sysdme, soc:io-konali.que particulier. le sys't!me capitaliste en l'occufm:::e.C'est dœc le probl!me du cOOix des c:rittres et de la d!finition desccœepes permettant de penser le develappemm1t des F.E.S. sous-\," - dlvel~s qui se pose.La prisente reche'rche portera essentiellement surl'agricu.ltu:re. Ce cOOix ne constÎ'tue nullement une reponseau dileame êvoqui plus haut opposant dlveloppment par l'iJ1dus'tTieet dlvelappelDl!tlt par l'agrlcu1'tllre et n'exclut pas l'analyse desinterrelations possibles entre ces deux secuu:rs. Il tiemtout(1) - La priorité absolue accordée 1 l' iDdustrie lOU1'd.e a certes peIllli.s1. l'Union SOViétique de rf:aliser un dlveloppl!ment êconaniquerapide. I118.Î.s les canditions de l'Union SOViétique au IŒIDe%1tde l'adoption de cette stTatêgie ne sant pas caaps.rables a cellesdes F.E.S. ac'tuellement sccs-dëvejoppëee, L'application dogmatiquede la ~ st:ratêgie ~ plus petits Etats d'Europe orientaleet a la 01ine encore seus-dëvefcppëe de 1958 a connu. de lourdsëcnecs et conduit ce dernier pays au bord de la famine. Lapolitique d'industries indust1'ialisantes mise en oeuvreactuellement en Algérie l'est sans que la deuxi~ des troisconditions d'tmDlantation des ces industries (l'intégrationrégionale) ait été réalisée et cette expérience est beaucouptrop récente pour qu'on puisse en t Irer des leçons. De mê:ne.la politique des villa.ges UJ~ en Tanzanie, dans laquellela priorité est donnée .1 l'organisation et a l'autonomie paysannesen est encore a sa. premiêre phase d'application.


- 15 -siJçllS1mt au fait que la centradictdcn principale sur notrechamp d'etude. le CONG'J.Cc:IIIIle dans de ncmbreux pays afric.ains.- oppose la pa:ysan:neTie prise.. dans sen ensemble au capital qui ladœline et que la ville S')'IDbolise. On vern. en effet que dansla F.E.S. ~aise, le milieu T'IJI'8l est celui où se IIIU1i.festele plus le p~ du 5OU5~loppellltlnt. Aussi l'objectif viseconsiste-t-U l mettre au point un ensemble de paradipes propresà penser la 'tT1m5fOTllllltion de l' agria.l1'tIJre congolaise. Larealisatian de cet objectif est Liee l l'examen d'un certainnaabre de questions d'ordre tMoti.que qui vont c:enstitlJer la.probHlllllltique de ceUe recœecbe, l la dtfinition d'un cO'I1'sd 'hyp:)'th~sessur le.5qUelles reposera l'analyse des probl!mesSOUlevés ainsi qu' à celle d'une mfthode d'approc:..1.e de ces prcbtêaes .La façon la plus globale de concevoir le développementc'eSt. de le ccnsidJrer cœme un precessus visant la libéra.tionde l'm:mœ vis-A-vis des con'traintes mat!rielles par l'améliorationdu rapport que celui-ci entretient avec la matière. l1ne fois admisle principe de la ~e ccmme obstacle majeur au développementdes F.E.S. 5~-dêv'e~~5,il- devient ëvtdent que la c:ondition- _.premi~re de cette libf'ration est la néption des valeurscapitalistes, de la àcmination et de l'exploitation impft'ialistes.Le développemeut est cependant c:cndi. tionnf par d'aurres facteursqui sant au wins iIllSsi importants que la négation des valeursapitalist~s.1 - L'amélioration du 't"ÇpOrt humain â la mati~t'e passenkessairement par une mattrise croissante de la matière.c'est-à-dire par un progrês dans sa connaissance et sa :nanipulation.Les sciences et les techniques ont donc un rOle de premi~reimpoT"tanœ à jouer dans cette liWration. Le "sous-développementtumain" consécutif à l'application de la science et de la techniquedominantes dans les sociétés industtielles ccneeepcradnes ne doitpas conduire à l'alternative simpliste consistant à rejeter 5Y'StêmatiqueT'.el"'.~


- 16 -toute science. toute technique et toute industrie. Il s'agit de'l'tIDpT'e avec le système scientifique et technique danjnant et dedéfinir les ctmditiaDs de la


• 1i .3 - On peut postuler d'autre part que le développementne doit plus êere pensé en 'terses çcmparatifs et qlW1titatifs, maisplutat en termes absolus et qualitatifs. Plus précisément. unestraUgie de dlveloppement doit tenir çampte de tous les aspectsde la vie et de toutes les variables influant sur un ph!noaêne dcnnë .Or, le rapport tuma.in 1 la matière, C:0IIIllele préciseY. Bare! (1), est d'uce P'Jrt. un rapport ccacret, ph:y5ique, etd'autre part, un rapport iJzmatêriel, symbolique, c'est-il-dire unec:ertaine reprësentat.icn que l'haame se fait de la matière,de la Da:OJI'e, des dieux. de lui-même, de ses semblables. L'en.smbleformé par les sciences, les techniques, les philosophies et lesidlologies çonstitue le rapport symbolique l la matière , tandisque le tn:vail reprësenre le rapport IU.tEriel. L'actionma.têrielle des haames est irldissociable des activitês liêesaux reprEsentations de toute, sortes qu'ils c:onst'I'Uisent decette action.Le dlveloppement doit donc reposer sur une stratEgied'!quilib'l'e entre a.etivitê matErielle et actIvi.të desymbolisation. L'analyse de, systi!mes agric:oles ayant fonc.tionnêsur nette chsmp d'Etaie avant la pénëeratdcn capitaliste nouspeTmettra de voir en quoi peut çansister une telle stratEgie.4 - Le développement des forces productives subcrdcnnëau développsent tuma.in doit permettre la reproduction de cequi. çonstitue la base fondamentale de l'existenc:e et desactivitE, humaines, c'est-â-dire la biosphdre et en particulierles systèmes Eçologiques.Il ne s'agit pas ici de la limitation des ressourcesna:turelles cceeces , cettes-ca Eunt fonCtion des besoins. maisplutôt dJ..J. problême global de l' har.DOnisation des objecüfssocio-économiques avec une utilisation des ressources na~~elleset du milieu favorable à la repTOdul:tion des écosystèmes. Ceproblœ est d'autant plus impor..ant que le développement agricole: des pays scus-dêvekcppës a souvent été envisagé ceœe une promotionCl) - Y. BAAEL, "Sêmi.na.i:re S"~ les sytènes sociaux". IRE.? , 19i5-76.


-18-une promotion de l'Iiriculture industrielle, c'est-ldire unsysteme agricole qui se fonde SUT l'utilisation de divers typesde réa.lisations -techniques, en premier lieu les machines agricoles,les vari'tés de semences séleCtionnées. les alimentspréparés pour le bétail, les engrais inoTianiques (notammentles engrais azotés) et les pesticides synthétiques. Or ce typed'agriculture est 1 l'origine de nombreux problêmes écologiquescomme le montre Commoner (1).La question est:doit-on. pOUTréaliser cette harmonisationnécessaire, procéder 1 une régulation, posteriori desécosystèmes.prendre en compte les variables êcolosiques auniveau de la décision ou, au contraire, considérer celles~comme base dans la conception des politiques de d~veloppement 1La réponse d~pend des situations auxquelles on est confronté.La r~gulation t posteriori s'imposera 11 o~ les ~cosystêmesmanifestent un certain recul en d~pit des précautions prisespour leur exploitation. En principe, aucune intervention éco-. '.nomique ne doit itre d~cidée sans qu'il·soit tenu compte desvariables écoloiiques. Il vaut mieux cependant que les paramètres~cologiques interviennent au niveau de l'orientation etde la conception des stratégies de développement.Mais toute action visant l'harmonisation des relationsentre systèmes sociaux et systèmes ~cologiques suppose,pour être efficace,une certaine connaissance empirique ouscientifique des conditions de reproduction des écosystèmes.Il est donc nécessaire de voir quelles sont ces conditions,é tan t; donné le caractère récent de l'écologie, "d.isciplinescientifique qui étudie les rapports liant les êtres vivants etles processus rattachant chaque être à un environnement physique(1) Cet auteur souligne d'ailleurs que "l'agriculture industrielleest le principal responsable de la crise actuellede l'environnement" (op. e i e . paget a ê I


et chimique"CT)L'unité fonctionnelle de base en écologie est l'écosystèmequi peut se dêfinir comme "un ensemble localisé de populationsanimales ou vêgêtales et des éléments physiques etchimiques qui constituent leur environnement, ces populationsétant liées"(Z). La reproduction de cet ensemble s'analyse parrapport A un état donne de ses relations correspondant à unesitUAtion d'équilibre stable de l'écosystème. D'où la placecentrale occupée par la stabilite en tant que concept, problèmeet phénomène dans la réflexion écologique. Les écologues distinguenttrois types de stabilite ; la stabilité du climax,la st.abilit.é "seruc eura ï.e" et la st.abilité due 1 l'actionhumaine,La stabilit.é du climax caractérise un écosystèmeparvenu 1 l'êtat. mûr .::.Elle est. ana.ly~ _ A travers le phénomènede succession écologique caract.érisant. le developpement aut.ogèned'un écosyst.ème. Cet aut.o-développement peut se définir par lestrois paramètres suivants :"c'est. un processus ordonne, dirigéet. prévisible ; il en résult.e des modificat.ions imposées aumilieu par les communautés elle-mêmes ; il se termine par unebiocénose stable, en équilibre avec le milieu qualifiée decUmax"(3)Cl) Cett.e définit.ion est préférable à celle d'OOUM qui fait del'écologie "l'étude de la s e rwc eure et du fonctionnement ciela nature, en considérant que l'humanité est partie intégrantede la nature" (E.P. O<strong>DU</strong>M : Ecologie, éd. HR1'i, :-lo:n::Z'~3.:1976, page 1). Les hommes font cert.es partie de la nat.uremais il vaut mieux les dist.inguer des aut.res ~tre5 biolo·giques compte tenu du rôle particulier qu'ils jouent da~sla gestion de cette nature.(2) Jan DESSAU, Séminaire sur la politique des ressourcesnaturelles, tREP, 1975-ï6(3) R. JAJO: : Précis d'Ecologie, nuxo». Paris, 197'1, z ême éd.page 167


-20-La suçcession peut être çon5id~r~e comme uneaugmentation progressive de la biomasse ou masse de matièrevivante jusqu'au climax. oü elle devient constante et maximale1 certaines fluctuations près. Le climax correspond à un stadede d~veloppement de l'~co5ystème où vie et mort sont en ~quilibre:"la matière qui naît est ~gale 1 la matière qui meurt'.' (1La conceptualisation de la stabilit! par rapport autemps a conduit O<strong>DU</strong>M et certains auteurs à consid!rer "qu'unfcosystème est stable si sa structure gEnErale, sa compositionspécifique et son fonctionnement demeurent essentiellement lesmêmes d'une année 1 l'autre" (2). Ces auteurs insistent cependantsur le fait que la stabilité n'exclut pas les changements.En etfet, selon eux, l'~cosystème est toujours soumis à undynamisme tendant à reconstituer le climax, lorsqu'une actionpertubatrice l'~ fait r~gresser. Les changements dynamiquesqu'on peut y observer sont donc lih à une " ac.tivitf de simplem.aintenance"(3). La stratfgi~~~,le succession ë ee-.système l court terme se dt4'~l'oppe COmm'l,- , une tendance vers une"homéostasie" entre le m.ilieu physique et\ la b i ccënose .,~ ~'. ". " ,~,-,'j'L'existence de é~ngementsau Sein de l'écosystèmeparvenu au climax a amen~ cereains écologues l d~finir undeuxième type de stabili eë ·:.....:~.a~,S_tabilitf "structurale" ou de"voisinage". 11 s'agit d'une conceptualisation physique de la(,)P. <strong>DU</strong>VIGNEAU, La Synthèse fcolosiaue. Doin, éditeurs, Paris'974, page 76. Dans le même sens, O<strong>DU</strong>M, considérant l'écosystèmecomme une boîte noire, c'est~l·dire "une unitédont la fonction peut être déterminee sans en specifier lecontenu interne", caracterise l'écosystème en etat destabilité comme celui dans lequel les entrees et les sortie~s'equivalent (op. cit., page 11)(2) O<strong>DU</strong>M. op. cit. pages 11 et SS(S] EDWARD J. KORMONDY, conce~ts of ~colog~. Prentice·Hall.Inc.nglewoods cl~ffs, ~ew JERSEY,"aie 153


·21 -de la stabilité comme le laisse apparaître la èéfinition deCommoner pour qui la stabilité est "la capacité d'un écosystèmeil 'resister Il des tensions"(l), en postulant que "les eens t onsque doit subir un écosytème ont toujours une origine extérieure"(Z) •Enfin, la stabilité due 1 llaction humaine,concerneessentiellement la création par l'homme d'agroêcosY'stêm~envue d'obtenir un maximum de productivité dela nature, endéveloppant des types décosystèmes jeunes (monocultures), ouen rajeunissant constamment les écosystèmes mQrs sanS leslaisser évoluer vers leur climax.Quand aux conditions de la stabilité, la théoriela plus courante fait dépendre celle-ci de la diversité, cedernier concept étant défini différemment suivant les auteurs.Dajo: définit la diversité comme "la richesse en e spëce s del'écosystlme"(3). La stabilité d'un écosystème parvenu au cli­Ilax. s'explique, selon cet auteur, par le fait que. "ladiversité y est la plus élevée" et qu'il existe le plus grandnombre de relations entre les divers organismes"(4). La st.abilit!serait ainsi fonction du nombre de constituants del'écosystème.La dlversité spécifique définie par Dajoz n'estque l'une des composantes de la diversité biochimique analyséepar par Duvigneau. Pour ce dernier auteur en effet, la diversitéde l'écosystème concerne non seulement la dive=sitéspécifique qui se présente sous deux formes a savoir lavariabilité spécifique ou nombre--------------~-----(1) B. COMMONER, op. cit., page 39. En effet, le physicien mesuregénéralement la stabilité en terme de résitance àune pertubation : un système est stable s'il revient rapidementà un état d'!quilibre aprês qu'une torce extérieurel'a jeté hors de cet état.(Z) B. COMMONER. op. cit., page 33(3) 0'0. cit. page 258(4) ~, page 26:'


-Il -d'esp~ces par unité de surface et l'fquitabilité ou répartitiondes individus entre les diverses esp~ces • mais aussila stratification et l'hétérogênéité spatiale. Ainsi, dansune succession tendant vers le climax, la stratification etl'hétérogénéité spatiale faiblement organisées au départ.s'organisent de œîeux en mieux. L'augmentation de la diversitébiochimique concerne aussi bien les constituants essentielsde la biomasse, y compris les enzymes et les pigments, queles sous-produits du m'tabolisme excrétés dans le milieuextérieur ; ces extram.éubolites c rganfques voient leur rôleacquérir de plus en plus d'importance, lors d'une successionvers un ëccsvstëee climax, dont ils "régularisent et stabilisentla croissance et la COll1:position"(I).Commoner par contre conçoit la diversité de l'écosyst~mecomme une diversification des rapports internes. Ladiversité ainsi conçue se ref~re non pas au nombre d'éléments-compris dans l'écosyst~me mais l sa structure. La stabilités'explique alors pu le fait que "la diversification, quifournit des possibilités d'échappatoires, accroît la forcede résistance d'un syst~me écologique soumis l des tensions" (2:Sans nier la corrflation existant entre diversitéet stabilité, d'autres auteurs consid!rent que la diversitéen soi ne produit pas nécessairement la stabilité. C'est lecas d'Odum, qui émet la th.éorie selon laquelle "l'optimumest déterminé par l'entrée d'énergie dans le syst!me et lesflux des ressources 'lui y sont associés"(Z). Lorsque ladisponibilitê d'une ou de quelques sources d'énergie ou desressources favorisant la croissance exc!de les besoins courantS(1) <strong>DU</strong>VtGNEAU, op. cit., page 78• (2) B. COMMONER, op. cit.• page .10(3) "-P. DOUM. 00. cit.• p.ge 55.


-23 -une faible diversité est avantageuse pour la stabilité. Parcontre, lA où l'énergie et/ou les ressources sont modestes,c'est-A-dire complêment. utilisfes pour le maintien du systême,la stabilitf dépend d'une diversité plus élevée.C'est le cas fgalement de W. Murdoch pour qui laco-adaptation (co-fvolution) est une variable décisive de lastabilid(1) .En ce qui concerne les mécanismes de la stabilité,il faut distinguer ceux utilisés par les écosystêmes naturelsde ceux qui se rapportent aux agroécosyst!mes. Dans un écosyst!meparvenu au climax, les mécanismes régulateurs SOntessentiellement homéostatiques c'est-A-dire que la Stratéiied'évolution de l'écosysttme vi~ 1 accroltre son contrOle surle milieu physique de façon 1 développer une protection maximaleCDn~re les per~uba~1nDs ~e eetui-ci.Le contrôle dépenddu feedback ou rétroaction. Tandis qu'un feedback positif,"accélérateur de dëvda t Lcn'", assure la croissance des ë cc-.syst!mes jeunes, la régulation de l'écosysttme climax estassurée par un feedback négatif "opposé 1 la déviation" (2).C'est ainsi que certaines populations des écosyst!mes tendentAs' auto-limi ter. leur .taux de croissance dil1ünual1t- -evecl'augmentation de leur densité. D'autres populations par COntretendent à cro!tre d'une mani!re exponentielle jusqu'à cequ'elles soient stoppées par d'autres populations ou par lesrestrictions générales de l'écosyst!me.(l) William W. MUROOŒ, "mve r s r cv , c cap texr rv , s::ability andPest control", J. aDDl. Ecol. 1:.December 1975, paies 795 â 30ïC:) E.P. GOUM, op. cit., page 222


-24-Dans les agroécosystèmes, oü la population desplantes est fortement réduite puisque tOute concurrenceinterspécifique est réduite ou éliminée pOUT favoriser unpetit nombre d'espèces et afin d'obtenir une productivitEElevée. la stabilité ne peut !tre maintenue que par une inter·vention constante de l'homme visant soit l maintenir lesprocessus biologiques les plus importants pour la régulationdes Ecosystêmes comme c'est le cas des agricultures prEindustrielles,soit l les développer comme le fait l'agriculturebiologique, soit enfin l introduirel'énergie decombustibles fossiles liée l l'utilisation des machines (tracteurssurtout) et de l'énergie de fabrication de pesticideset insecticides comme dans l'agriculture inciJstrielle. Cetteintervention est rendue nécessaire par la suppression desmEcanismes de feedback négatif qui s'étaient développés ausein de l'Ecosystème prEexistant pendant son évolution et lemaintien d'un puissant feedback positif favorisant une croissanceet une production quantitative de l'agToécosystème.Ces considErations sur les conditions de la reproductiondes écosystèmes appellent quelques remarques. Premièrement,si les causes de la stabilité varient d'un auteur a.l'autre (absence de tensions d'origine externe, diversité,co-évolution, entrée d'éneriie, flux de ressources), leslimites de celle-ci tiennent, pour la plupaTt des auteurs ,aus forces pnysiques extérieures l l'écosystème. Bien que lesoscil.l-ati ons de t t ë ccsvs t êse soient dues à l'interactiondes facteurs physiques (climatiques ou géologiques) et desprocessus de dEveloppement internes, c'eSt le milieu physiquequi, selon les écologues, dEtermine le type de cnangements etpar conséquent le degré de stabilité.Cette position devient insoutenable si l'on chercheâ savoir pourquoi de deux écosystèmes afiect~s par les ~êmesforces physiques, l'un s'adapte mieux que l'autre. Il faut


-23 -PlutBt considérer que les condition5 internes sont déterminantespour la stabilité d'un système vivant. Tout systèmevivant dispo5e en effet d'une source propre d'énergie. Cetteénergie qui revêt l'apparence d'Un "surplus d'énergie disponible"(l), c'est-,l-dire une énergie qui n'est liée ,l aucunusage prédéterminé, permet au système de décider de la manièredont les pertubations externes Vont influencer son comportement.L'énergie libre ainsi définie s'incarne dans la complexitdu système. La stabilité d~un écosystème complexe s'expliquealors par le fait que si une de ses parties est agressée,neutralisée, ou éliminée, son rBle est pris par les autresparties.En second lieu, les lignes qui précèdent ne peuventavoir de sens qu',l condition de ne pas reduire la complexitéau nombre de relations existant entre éléments invariants,ni à la disposition des divers constituants dlunsystème les uns par rapport aux autres. Si la complexité seréduisait à cela, on s'expliquerait Qifiicilement le fait quecertains ensembles très diversifiés intérieurement comme laforêt équatoriale soient très vulnéra~les et que d'autres trèssimples comme certains écosystèmes des pays tempérés soienttrès. résistants. Les ensembles très diversifiés intérieurementet ceux très simples peuvent ne l'être qu'en apparence.Derrière l'apparente simpliCité formelle de certains ensemblespar exemple, se cachent peut-être des structures complexesqui ne sont pas analytiquement appréhendables- du moins dansl'état des connaissances au moment de l'observation - etimmédiatement observables. De même, des ensembles apparemmentcomplexes peuvent reposer sur des éléments si~ples, ce qui lesrend très fragiles.(1) Y. BAREL, "Séminaire sur les systèmes sociaux", op. cd t .


-26-La ~omplexite d'un système repose au çontrairesur la multipliçité des relations existant entre ses diversconstituants, en tant qu'elles sont des relations entre struçturesvariantes et Don entre éléments invariants. Aussi. ladéfinirons-nous comme l'existence de formes variées et variante:d'organisation des diverses structures d'un ensemble entreelles. C'est cette complexité qui permet le développement desmécanismes homéostatiques et des feedback négatifs au seinde l'écosystème.Les trois points suivants peuvent donc atTeretenuS. :- la stabilité n'excluant pas le changement,l'harmonisation des objectifs socia-économiques avec uneutilisation des ressources et du milieu favorable a lareproduction des écosystèmes ne doit en aucun cas correspondrel un gel de l'évolution de ces derniers.- l'exploitation des écosystèmes, en même tempsqu'elle permet de satisfaire les besoins croissants en ressourcesnaturellles de l'ensemble de la société. doit assurerla préser.vation de la capacité de reproductio~ naturelle deces ressources.- cette préservation nécessite la connaissanceet le respect des mécanismes régulateurs des écosystèmes surlesquels on doit intervenir. Ce qui implique que les agrosystèmesne soient plus soumis ~ la seule influence desfeedback positifs permettant d'accrottre la production à courtterme mais qu'on y favorise en .ême temps des feedback négatifsafin d'éviter leur éclatement.Mais i:i, comme dans toutes les questions SOulevéesplus haut. le problème essentiel est celui de la définitiondes conditions socio- politiques et technologiquespouvant favoriser cette harmonisation.


s~ L'objectif poursuivi par cette recherche suppose,pour être atteint, que les problèmes soient abordés autrementque par les méthodes traditionnelles. La position des problèmesthéoriques liés à cet objectif a montré implicitementla nécessité de le3 appréhender en termes de systèmes globauxet donc çl.e recourir à l'approche systémique. Le recours àce mode d'approche s'impose en effet si l'on considère quela maitrise croissante de la matière est une c~ndition nécessairemais non suffisante pour la libération éffective del'homme, celle-ci n'étant possible que si l'on prend en comptetouS les aspects du rapport humain à la matière.Cette recherche concernera essentiellement l'ensembledes connaissances que les systèmes socia~~ étudiés ontde la matière, l'ensemble également des procédés techniques,les règles de fabriCation des outils et de mise en oeuvre destechniques, les règles d'usage du corps dans le domaine del'agriculture et des activités qui lui sont directement liées.L'analyse des techniques agricoles devra cependant être éclairéeet complétée par la connaissance des autres constituantsdu rapport symbolique et du rapport matériel(l).L'une des façons de donner une dimension globaleaUX phénomènes et aUX problèmes sociaux est de les insérerdans le cadre des interrelatiOns entre systémes sociaux etsystèmes écologiques. En procédant de la sorte, les problèmesrelatifs à la reprcaccei cn de la base écologique de l'existe .'l.C'2et de l'activité humaines ne peuvent plus être exclus dede l'analyse. Vu l'importance accordée par cette recherche à(1) ~ous nous rêfdrerons souvent pour cette approche systémique,à l'appareil conceptuel ~i5 au point par Yves 3AaE:.


-28-ces problèmes, il conviendra de privilégier cette forme particuliêrede l'approche systfmique qu'est l'approche écologique,ce qui nous obligera 1 rechercher les effets lointainsdes interventions humaines sur les écosystèmes et nouspermettra de saisir la relation l double sens entre ces deuxpales que sont les systèmes socia~~ et les systèmes écologiquesBien que la première place soit généralement reconnue auxtransfertS de matière dans la relation mutuelle entre systèmessociaux et systèmes écologiques, il ne peut être question denégliger les autres aspects de cette relation.Précisons maintenant ce qui sera notre "unitéfonctionnelle de base", 1 savoir le système agricole. Ncusentendons par système agricole l'ensemble constitué par lestechniques mises en oeuvre pour exploiter les populationsvégétales et animales (savoir-faire, savoir-être, savoirgérer)et tout leur environnement matériel (moyens de production:équipements, outils, matières, terre) et immatériel(règles juridiques ou rapports fonciers, croyances, rites,forma tion, information, décision, etc. . .)La notion de système agricole ainsi définie débordelargement celle d'agrosystème(ou agroécosystème).L'écosystème (ou ensemble d 1écosystèmes) simplifiées) quiforme l'agrosystème ne constitue qu'une partie du systèmeagricole qui comprend en outre le système de culture etl'ensemble des activités l caractère religieux, les croyanceset les lois nées de la pratique agriculturale. L'évolution deL 1agrosystème dépend de celle du système agricole.Le système agricole constitue à son tOU~ unsous- système du système socio-~conomique son processus de


-29·de finali.ution es t Ht 11 celui du sy5t!me scct a i ï t j .Le chaix de l'approche 5ystêmique nous amènera linous situer, au COUTS de nos analyses a l'intérieur de laformation sociale et des systèmes agricoles é tudf ê s , contrairementl certaines analyses "marxistes" qui se fondent uniquementsur la nature et le mode de fonctionnement du capital pOUTrendre compte du processus de destructuration des systèmesprêcapitalistes. Pour les auteurs de ces analyses en effet,"tout dépend de la fraction de capital mise en oeuvre". ladynamique interne des systèmes agress~5 n'étant prise en compteque pour expliquer certains phénomènes marginaux.Sans négliger la corrélation pouvant exister entrela fn.ction de capital &naagée, le mode et: le de rr ë oie de s t ruc ­turation, nous croyons cependant, COmBe on l'a vu à propos desfcosyst!mes que ce sont les conditions internes qui sont endéfinitive déterminantes pour la reproduction d'Un système.Cette position ne vise pas à minimiser le rele du systèmecapitaliste dans la genèse et le d~veloppement du sous·développement. Elle signifie tout simplement que le processusde destructuration doit être appréhendé à tr~vers une oiialectiquede la synchronie et de la diachronie et qu'il convientpeur Cette appréhension, oie partir oies fondements internes dela F.E.S. consid~rée et de les analyser à travers leur conditionnement par l' imp~rialisme.Comme on le verra, les questions contenues dansla problèmatique trouvent, en partie au moins, une réponse(1) La distinction entre système et sous-système réside dans ~fait que l'autonomie locale du second s'accompagne d'unedépendance globale vis·!-vis du premier. Uncomme le note Y. BAREL, l'est parce qu'il est finalisé, e~pour se finaliser et la "pleine autonomie d'un système e ';dndt s scc.i ab ï e de son appropriation du processus de finalsa tion" (Y. BAREL, te Rapport humain }, la ma t t ë r e , op, c _.Tome 2 : "Sociétés contemporaines. r appc r r JO la matièreet travail", page 213)système autonc~


dans les principes d'organisation des ,ystfmes agricolesantérieurs à la pénétration capitali,te sur notre champd'étude. C'est pour~uoi cette étude commence~a par la con·naissance du mode d'adaptation de ces systèmes considérésdans le temp s .Le but de leur destabilisation et les remèdesaux maux que cette destabilisation a engendré' ont été, outrela ,oumis,ion de ces systame, au capital. l'instauration deformes nouvelles d'agriculture. L'implantation de nouveauxsystèmes agricole, n'a cependant pas entralné le développement.L'examen des modèles importés. des cause' de leu~ échec'urtout. et une réflexion ,ur les conditions et les voie, dudéveloppement agricole au Congo alimenteront la deuxifmepartie de ce travail.


• 31 -


- 32 -Tenter de cauprendre l'évolution d'une serœecre en setenant l ses fondmlents internes c'est admettre dis le Gfpart quecette s'tT'UCtUre a 5011 dyTwm; sne propre qui ne saurait se rêdu.ire 1U!1e" àyn8mique iMuite par l'agression. C'est ~si prendre le contrepied.des theories telles que le dualisme. mettant l'acceat surl' jncapacité du "secteur traditionnel" 1 ccncevcâ.r son dynamiSllle.La maitrise thforique de ceeee !volution est fcms:tion dela capacité explicative des concepts utilisés, c'est-l-dïre lapossibilité offerte par Q.es omeepu de saisir plus ou III)Uu globalementla rfalité et les 9hênom!nes êeudiês. Il n'existe pas. l no~connaissance, de concept mieux: iDdiqué que '-elui de repTOduction(111 d'autorepuxhrtion) pour rendre compte de la amiare dont unsyst!me se perpëeœ ou disparait.Mais le rot de cecre ncherc:.he étant en premier lieude amtnT ce que peut être uae stratégie d'équilibre entre tous lesaspec:'tS de la vie d.ans un système soc.io-êconanique. c ' est. le conceptde stabilité qui sera reuml, quitte 1 lui donner un autre çon:teID..l.Il semble en effet que la çaaprehension et la C3T8Ctêrisation d'unetelle strategie passe par l'analyse des principaux: pt'Oblêmes thfoTiquessoulevfs par la c:.c:nception fcologiqu.e de la stabilitë, nctaJ!lDl!ntle rale de la diversitê et de la complexite des stT'UC'tl.ll'es. ladialectique de 1& synchronie et de la diachronie. la nature desçhangments affecunt un systi!me.La. connaissance de la stabilitê dans les systèmesagricoles antécapitalistes (c'est-l-dire antérieurs à la pénétra~ioncapitaliste) ,e fera ici l travers l'étude du système agricoleHgnager, ainsi déncaIné parce que l' ac::tivitê agricole s 'r organisesur une base l ignag!re. ceeee on le verra. Le recensement et l'examende ses constituants ainsi que des principes qui les articulent s' imposent


- 33 ~COlIIlle premiare étape decette étude. Une fois les diverses cœposantesdu systeme cocnues (chapitre 1) 1 son dynamisme peut être saisi àtravers l' ftude du lDie d'adaptation de ses sttuCtures dans le tenps.Le second c:.hIqlitre tentera de dêgager le contl!J111 de ce etynam; sneen consi.d6rant les facteurs d'6cla.tement tenant au seul fonc:.tionn.ementinterne du S)"5t!me. Le cœœace êubli avec l'ext6Tieur fait dépendrela subU1't6 du systeme à la fois de ses propres per"'tUl'bations etde celles dues aux systemes avec lesquels il est en relation. Lareeccnere de la fonation sociale congolaise avec les fO'I'lll&.tionssociales ewop6ewses engendre un rappon de subordination du systèmeagricolf


- 34 -QlAPI'IllE l U; S'lsrEME AGRIaJU; L100GEll , Sl'RIJCl1lRES aJN5TI11JAN'TFS-~-----_. -.-.-.-.-.-.-.-.-.- ..-.-.---.-.--.-..----- ..----- ..--- ..-.-Er ProCES DE 1'IlŒU:l'1Cf/ IMotEDIATS.-.---.- ..-..-.---..-..---..-..-.-----.-Le syn.!me agricole lignaaer se c:lasse parmi les sys'tl!!D1esagricoles gfn!ralem=t cildgnés SCUS le 'terme d'agriculture desubsistanœ et que l'id601ogie dan;Mnte c.aract6rise par quatretnits pTiJJcipaux : archa1.sme. rapine. plIUVTet! et simplicit!.L' agriculture de subd.st.anc.e est appat"lJe ccmme uneagriculture primitive, retardataire. empirique et rcutinil!re pourd.eI.Jx raisons essentielles. D'aboni parce qu'elle est associée à lacresse, la pk.he et la c:ueillette, la stparation de l'agriculture etde ces trOis activit!s ëeane perçue ccmme le signe d'une agricultureêvcfuëe, Ensuite pl;rce qu'elle emploie des techniques anciennes etdes instlUœl:1ts rudiJœnuires. les conditions dans lesquelles cestechniques ant tt! conçues et les causes rëe.ljes du blocage deleur fvolution !unt 1U!g:1igées.Cette agriculture a !galsnent et! ccn.sidfrêe ccmoe uneagriculture destI'UC'tTice ou de n:pine cClllpte teI1lJ de son caractêreextensif et i tînénmt. et parce qu 1elle recourt aux feux de brousseJX'Ur le d!frichemen:t. Ici encore, les conditions socio-économiquesqui sont 1 l'origine des destructions constatées sont ignor!es.En plus de ces considérations tedmiques, l'agriculturede subsistance est apparue sur le: plan !conanique coume un systèmede pauvret'. La pauvret! dont il est question se rappcr-te à 1&faiblesse du rendement et du niveau de ccnsœeatfon, sans rëfërenceau ~e de d!termination sociale des besoins.


- 35 -En ce qui concerne le degré d'organisation enfin, cetteagriculture est perçue comme consti~e de réalités simples. Cetteappt'lSc:iation repose d'abord sur la constatation du l"apIX)rt directqui relie l'hcaIœ 1. la terre: il n'existe auC1.m detour de production.Le syst~ ne permet ,pas non plus le recours 1. un travail salarié.l'a.c:tivite !concmique 'tant O1'ganisêe sur une base familiale.Un autre courant de pensëe con.sidêre cependant qu'il ne:s'apt mJlll!De11t d'une agric.ùture retarda:tai.re, mais d'uneagriculture r6alisant sur la base d lune tedmique définie, un6quilibn ent1"e les nkessit!s de 1& pt'Oduction, densit' de lapopulation et les c:onditions naturelles, et que seul un examensupeTficiel a fait œjuger des mêthodes consacrfes par des sièclesd'exp6rience et adaptêes, SOU\"eI1t parfllitement à des canditiansfc:onœiques et et./mographiques anciennes.Il faut dcnc voir de plus prës ce qu'il en estuacnment. Si la ~'t1"'ation capitaliste sur norre champ d'étudedate de la fin du 19ê siècle, l'insertion de la logique capitalistedsDs la diachraDie du système agri


- 3(, -Ce chapitre se limitera 1 l'analyse lie, stTucntresproductives et des prccës de production :iJlIIIIfd.ia.ts, les probl!mes lié'1 la rfpartition. la conscmaatian et d'une manitre iéMnle ll'autoreptoduction du !)"St_ devant !tte abordés ult'Tieu:relllmt.Nous examinerons succ:essivement les princ:ipa.ux traits de l'a.gric:u.l'tUl"ept"Opreaent dite (section 1), CeuJ: des activith qui lui sentdirec:tement liées et l'artic:ulOlt1cn des stTuctures au sein desquelleselles s'exercent.Les appt"fc.iations faites par les t8D8Dts de 1 f idéologiedrJninante, si elles c:oncemertt l'enMmble du syste-e Olgricole, portenten premier lieu SUI' l'agric:ulnee pI1Jprement dite, dans la me5UI"ecë elle C:0n5ti~ l'activité dominante de ce !)"St!me. C'est doncic:i. plus qu'ailleurs, que doit être llÙ.5 en ëvtëence le caractèrefcnlé ou erroDf de ces iugeDmts. La d!marc.he ~tée consiste lprésenter les différents 6l&ents ms en oeuYTe dans c:ette activitê,avant de voir C:CIIIDl!Ilt ils sent structurês., • 1. t.' infnstl"lX:ntreLe nation d'i.n:frutroeture, telle qu'elle est d6finie parGodelier, d6signe "la. c:anbinaisan. dans toute sccfëtë de tretsensembles au mins de conditions IlIIlt!rielles et sociales qui pe1"ml=:ttentaux lIIl!IDbres d'une société de produire et reproduire les moyensmatêTiels de leur existence" (1). ces ensembles êtant les5Ysti!!mes éc:ologiques. les forces produc:tives et les rapports sccdauxde prcdcccren.Cl) - ~.aJIlELIER : "Infrast:rucntres. scctëeës , hist~ire".Dialec:tioues n~ 21, automne 19';''';',".~thiôPôlog1.e tous terrains", page ~8


- 37 -L'etude de l'i.nfrastruc'tUre 5llppOse donc la prise enCClIIpte de toutes les cemposantes de ces trois ensembles. Cependant,on se limi:tera ici par cClllllXii.te aux forces prcxiucUves materielleset aux agr"D6:osystèmes, l'analyse des fOf"Ces productivesiDDatêrielles et des rapports de production devant se faire à eraverscelle du sous syst_ de cult:ure et de l'autoreproduc::tion dusystème açicole.1.1.1. Les forces woductives IlBthielles1.1.1.1. L'l.mite de productionIl s'agit de l'ensemble au sein du::(uel s'organise letravail agricole. Celui~i ne peut se définir que par rapport à lasttw:'tUre sociale globale qui. l'engendre. Les etudes consacreesaux societes lignagêres sur natte champ à.' etude mettent en EvidencetT'Ois types à.'organisation SOCiale en fonction de la descendanceet de la rdsid.ence :- les societes patrilinéaires et patTilocales, telles lesDjem et les Balcwell! etudies par C. Robineau (1) :- les societes matrilinfaires et patrilocales, telles lesKoukouya e'tUdUs par B. Q.lillot (Z)P.P. Rey (3) ;et les Kuni. Tsangui e'tUdies par- enfin. les societes manilinfaires et virilocales casde, !lakcngo êtudils par G. BalllIld.ier C').(l) - C. PDBINEAU, Evolution éconaniaue et sociale ~·.-\friaue centrale.Li eXemDlëâf[§îJâî# (R!pûbligue PôOîïIure au Congo),l'ans, OR5"'l'o:·(,"lm'".(Z) - 13.GUlI..LOI', La Terre WOU rCongo), Paris, )buton et Co, La Haye,196d(3) P.P. REY , Colonialisme, néo


- la -Lapar ces 8llteuts eCIIIIIeCtll"""mslItf de résidence ou cohabitation en présentéele priIlcipe selon lequel sont argani..3&s leslDlité, de production de l'agricul'tUre. Aimi clans les deux pnmierscas. l'unité de procb::tion cCIIlpTer:d l'en58Ilble des halmes de lIIêmepere (ou de misœ g:t"IUId. père), leurs f1!!!lDe5. leurs fils et petits-filset, eYen'Nll!:l1ement les esc:laves. Cette tmité se dlfinit dtmc: par ladesceOOance en ligne paternelle et la rfsidence sur la terre pattiligna~re.Il faut prëcfaer cependant, dans le cas des sociétésma:tTiliMaires et pattilocales, qu'lD1 hoaIe peut quitter cette unitépour Si installer sur la terre de son propre lipge (celui de sa. _relen cas de canflit C\I ,'il en appelé J. d.evWr chef de lignage. De 1D!me,les filles ne font partie de l'lDl.iU de production qtz jusqu'aumariage, leur lII&ri ne résidant presque jamais au lD!me endroit qu'ellesdu fait de l'exoga.ie.Dan5 las sex!été, œtril~aires et virilocales. la feaoeva Ep.l5leD.t vivre chez son mari et y d8Deure jusqu'1 la. 1IIJrt de cedemier aJ au diVOT'Ce, DÛS les enfants n'y restent ~ jusqu'à lapuberté. rejoignant ensuite le village de l'oncle œternel. Ici.l'tmité de produc:tian se ccmpose de l'ensemble des frères utérins.leurs neveux: œteTnels et leurs fllllli.lles restreintes. les soeurs etles niAces IlIilternelles encore célibataires, les enfants 'trop jeœespour avoir rejoint le village de leur oncle œtenlel.Dans tous les cu, chaque Imité de product.ion consti'tlJeun groupe matérialisé par un ~ier de village ou un hameau isoléet 5)'Illbclisé par LID. hangar. C'est dans ce hangar que les hcaIIIIesadultes du groupe prenœnt en ccmm.m leurs repas. L'unité de prod:uct.ionest donc en lIII!me temps unité de consOlIlDlltion. A sa tête se trouveun chef qui peut-être le grand-père, le père ou le frère a1né dansle cu de la pattilocalité, l'oncle maternel ou le frère aîné danscelui de la virilocalité. Lorsque le c-1ef du hangar est en même tempschef de lignage. il çonvient d'ajouter les esclaves pour compléter


- 39 -l'unit! de production. Enfin, c:hacun des a.1nh figurant cœme père,grand-pare au oncle maternel selon les cas. peut aspirer à constituerune telle UD.it!.1.1.1.2. Les "'?YeIlS de predUc:tionLe myen de production essentiel est la terre. L'inst"IUllentle plus cowaument utilisé pour la travailler est la houe. Houe forgéeen un fer deux obtenu dan5 des fourneaux d'argile au


- 40 -5CJlS le naD de ''Ma.ssamœla'' et il prëctse qu'il s'agit. d'un soriM (1).Le riz est egaleœnt. signale par Pipfetu, mais celui-ci ''n 1a pasbewcC>Jll de valeur",Pumi. les lêl\DiDeUSes. an peut citer le "'fandu". espècede petit pois, cueilli sur un arbrisse811 (c.ajanus c.ajan Druc:e) quipeut vivre trois ans et qui est cultivé pour ses graines c~sà mit!!! venues. On peut. egalement citer le ''Dkasa'' (c.ajlUD.LS ind.ica).lêl\DiDeUSe de grand t'eDdpment dont les graines sent de couleurrose et nS5_lent aux b&rtcots. Une llU'tre legu;ineuse est le''nsamba'' OJ. voand3Ju (Voameia subterT"lD1ea) !liple par W.G.L. Randles (2).Les tube'IUÛ.es fuient essentielleamt nprfsentfs parles ignames (Dioscorl!acfes) qui cOllS'ti'tU&ient l'al:i.ment de base. LesBakongo actuels. qui connaissent une douzaine de vsrfëeës , en. OJl.tivel1'tà peine trois ; la plus repandue êtant l' "igname aiUe" dont lestubercules se c:onscIIIIIent. cuits 1 l'eau ou sur la braise.Les Ba.kcngc produisaient aussi des ba:naIu::s. AlI temps dela dëcccveeee, ce sont les seules varietes du type MJsa paradisiacaqui et.aient COJmIJeS, et en rrês grand naJlbre • Les:"u,t! • à IXJlpefarineuse, sont d'un caracttre grossier et sont appel.s éU:tuel1~tba:nane-pain ou banane-eochcn.Ce tableau des produits provenant de la culture doit êtreccmp16tE : d' 8lltTes tubera1les. des courges. des agumes second.airescœee les êpina:rds ou l'oseille, des cond.iments cœme le piment sonteplement OJ.1tivés. Il ~t!'e n68l'J1Œ)ins l' i.nc:ontestable dive!'sid desproductions recœmues, au cours du tëê sikle par les cbservateursét!'8Ilgen.(l) - W.G,L. RANDLE5,(2) ~ Ibid, page 66.L'ancien rovau:œ du Congo, des oTiginu à la findû :U:G S],êÇle. "'Eûton et Co, Pans, Lâ Haye.1968. page 65.


- 41 -1.1.2.2. Les tYPes de champIl est nfcessaire, au prëarebte, de dlfinir ce qu'on entendp&r type de champ. Nous ncourons 1 la d6finition de ~rnard Guillotpour qui les types de d:amp sont "des assoc.:iations originales,cClllbillmt d.iffêrents l!l!lœnts : cheix d'un sol, d'un lot de plantes.succession de OJl:tures nettement d6finie nec les façons cultlJr3.1esappropri&s 1 c:hacune, temps de jachm pre et post OllturaUX dëterndnës ,et qui jouent un raIe psrtiçulier dans l'ensemble du système agricole" (1).Cette dlfinition fait çependant abstraction d'un élémentqui est sœvene pris en ccmpte. au mi!me titre que ceux énonces parl'auteur, pour distinguer d.ifférents types de champ : il s ' agit de latedmique de pr6paration du champ qui constitue dans certains casle principal ou l t l.mique critère de disti.nc'tion.Les anciennes relations ne ccmportent aucune indicationçODCemant les divers types de champ. Plusieurs observateurs distinguentcependant les champs proprement dits des petites parcelleso.ütivfes rfparties entre les habitations. Ces dernières constituentles "jantins de case", sortes de petits potagers qu'entretiennent lesm6nagêres 1 proximité iJlmêd.iate de leur case. Dans ces lopinspcussent plle-.He des 8l.lbergiDes. plusieurs ëpânards , toute uneserie de piments, des plantes m1dkina1es ou ayant une valeurlIIllaique, tous vé_taUX qui, gric.e 1 un arrosage rfigulier et auxd6ttitus acc:LlllJ.les autour des habitations, croissent avec une grandevigueur.G. :Balandier (2) et G. Saatter (3) qui ont ê'tUdié l'agrio.üturedes Bakongo actuels distinguent deux types de champ : les '':!laya''ou champs de savane et les '"nsitou" ou champs de forêts. De plus(1) - B.[2) - G.(3) - G.GUILLDT, 0'0. cit.. page 31BA.IAi'IDIER, Soçlologie aç'tUel1e de l'Afriaue noire. op. cit.SAIJ'ITER. De l'Atlantiaue au fleuve c~o. Une 3êogry:ohie dusous-!;,!uclement. RéOObhque c~o Rl!ouohqueGâbonaJ.se. Pads. }wton et Co, 1iye , 1966.


- 42 -G. Sautter fait observer que les Ba.k.ongQ font eux-œœs la distinctionemre deux rrandes catégcrdes d'emplacemenu. Un "ya dya libiti" ou''ya dya ndimba" est un champ insull' dans. ou prês d '1.m fond ~un "l'a da tenu" (champ de colline) ou "l'a dya. ns&é" (champ de brousse),cccœe une p::l5ition ëievëe, replat, fperon ou sallDet de colline (1).Les c&racdristiques ê


- 43 -d'arachiàes 00.1'00 plante aussi le mats. Apr!s la récolte desarachides. on nplllll'ten dans ce champ des bananes , du manioc.des .scnges. des patates ëciœes, des lég\llle$. C1JCinq types de champ sent recensês par B. Willot SUT laTene EnJccu. dant quatre en savane : les l'bibuomo". les ''bipa'', les''mBnzan'' et les "matrv1,IIIa" j les champs de for!t portent le ncm de "ngumu".~)Les deux pTi.nc:ipaux critms sur lesquels l'auteur fende sa distinCtionsent 1& tee:lmique et l'espèce danina::ntesà l'intérieur du champ.--- -._ ..TenainaD5 par les buttes géantes des Lil:o\..b.a décritespar G. Sautter (3). Il s'agit de d1amps rfalisfs en milieuaquatique et daniMJl.t l'eau au la vase de deux ! trois mènes. Lesfomes, tris dfverses , se flDll!nent .l quatre grandes variétés. Lesdeux. preadêres sont const.i~es par les buttes allongées de 10 à 1Z :lide longueur, sur 2 l1 3 de l.a:rgeur et les buttes avales ou rendes, LatroisUme vuifté cœceme les bunes étt'Oites se recourbantau se refeTmBn.t en cerere (4). Le qua:tTible et dernier type de buuesCCJXerne les vastes 'difiœs quadrangulaires dont les plus petits font8 III sur 8. ou 1am sur , 0 et les plus grands a'tteïgnent 30 A 40m de côtëet aDt jusqu'à 5m de hauteur. Sur la ptare-ëorae sœmitale, un billonfait le tour de la butte quadrangulaire ; un second billon, parfois,(1) - Dans la mesure ail la plupart des plantes cultivEes sur ce I:hampsont des plantes Et'I"IDlg:ères, il est diffiçile de dire si ce typede çhamp exi.sUit avant l'introduction par les Européens deplantes nouvelles.(2) - La remarque prëcëdente vaut également pour les types de d1ampdégagés par B. Guil60t. Aussi nous ccreeatcns-rccs ki de lessignaler. Ils feront: l'objet: d'une analyu plus approfondielorsque nous abcrdertms les relations entre système ete cultureet densité de population.(3J - G. SAI..1'I"ID., op. dt.. paies Z62 et 263(.t)- La f!!llllle qui cultive une butte cfrculafre ou en fer â chevaren tire un double parti : quand l'eau se retire, un haveneaupl.acê en travers de ~ 'ouverture capture les poissons â la sortie.


- 44 -se llIOUle indrieurement sur le premier. L1espace central. est cccccëpar l.mesf:rie de billons droits en lignes pa:ra.11èles. De l'anglede certaines buttes part un appendice parallèle â L' l.m des !:OtlSs ;le passage en cul-de-sac, sl'parant la butte de cette sorte d'aile,fait offia de pièges l poissons.Des é'tUdes œnées dans d'autres rêpons du Congo auraientceruineuent penais de d!ncmbrer plusieurs autres types de chImp.En re'tensnt le seul aitêre de la technique utilide par exemple.on obtient fac:ilelllmlt au mins autant de types de çhamp ClU 1il Y Ild'ensembles kologiques. Reten0D5 donc, pour l'ins'tant. l'extr@me.divenité des types de champ, les forœs d'orga:nisaticm l l'intérieurde chaquetype seront analysées plus loin.1.2. Le 5OW5-5'V5t_ de Clll't1,JI'eUn des a:ments auquel peuvlmt etre saisies les rela'tionsuisunt entre les divers consti'tUants I118.tériels et iBmatêrielSde l' infra.stTlJC'tlÏre est. le prccës de production iJDDêdiat. Ces relations.en ce qui concerne le procès de production agricole, Ç!l8:raisslmtil tt'CIis niveaux : l'organisation du travail, c ' est-l-dire la distributiondes forces productives dans l'espace et dans le temps. les opérationsculturales et l'agencement des cul:oJ:res. On Il d!:jl signale la carencedes textes anciens quant 8l.Dl: informations relatives au sYstème deO1l'CJre. Cependant., les teo:.hlùques agricoles ayant 6tf longuementconsid!'rées dans les êtudes rorales actuelles, ces œnuères nouspermettront de reconst.ituer le syst._ de culture e.'tUtant antêrieurem.ent..1 la pênétnt.ion cçitalist.e, .1 condit.ion, baen sOT, de décelerles llDdi:fications SOlNeIU.LeS.


- oiS •1.2.1. L'organisation du tnvail.1.2. 1• 1. Le ca.lendrier agricoleL'observation et la cormaissance des flI:luvements des astresa pemi.s aux papulatians congolaises de se représenter le temps,de déterminer le rythDe saisonnier et de lllIl!.suret' e't prfvoir le cyc.lede la v6gftation.Le Jll)i5 correspond lla période lunaire : il s'agit d'unDlJU de 28 jours associé également au cycle de la femne.Bien quele DlJis de 28 jours donne une année de 1:3 DlJis, c'est l'année de, 2 1II)is qui a été retenu, le d.!c&lage étant rectifié à l'aide decerttines étoiles, les Pléiades en général. On ;it appel à plusieursrites reliaieux pour expliquer le problème 111 treüiêmemis et coru:ilier1 '~e solaire de dau:.e mois &"IrC'C l':mn6e lunaire de treize lunes (1).L' a:DI1éeccmœnce avec les preetêres pluies et comportequatte saisons dont la. durée varie selon les rêgdcns et en fonctiondes conditians geoi1"SPhiques(prox.imi.té de l'êquateur, acnemn:tagMUSe, vallée, proximité de I 'océan, etc). La l'l'sUre desquatre saisons va de septellbre au octobre, suivant les régions.l janvier. Elle est tIIlll'qUfe par l 'lICl:tIIIplissment des rites defertilité et de prospérité ouvrant l'époque des travaux agricolesles plus durs. les plus intensifs et les plus impoTtants. Dansl'ancien rtTy8UIlIe de Kcn.go, deux rituels disti.nc'tS Visant la recherchede bonnes recoltes avaient lieu lcette période. Le pn!!D.i.erassociait le chef et son hemHop f~, les "aînés" représentantles femDes et les sou:hes des lignées, les ''notables'' symbolisantles cfans et lignages concernés. A l'occasion d'un repas de ccmmmionet d'offrande, la cOl'ZllLlnica.tion 'tait ét..tlLie avec les ancêtres.Les IIl8l1àataires y acqu!raient un renforcSient nécessaire l taus ceux,femmes et membres des lignages, dent ils étaient les représentants.(1) - Selon W.G.L. ~~LES (~. cit. pages:33 et 34), le treizième moisre;Jrésentait au Laango~ Période néfaste, vécue avec apprëhensâcn ,oü L'univers apparaissait comme déréglé, période ~quée pardes rites fétichistes partiCUliers".


- 46 -La deuxiême sErte de cér!mDn.ies concernait la mise en cultured'un champ sacrë ; en cultivant pour les p.dssances invisibles,les hcmDes atteDkient de ces dernitres UtIe provocation 1 lagfné'I'Clsitê de la nature, une ~Ttaine abandance (1).Cette p-reaitre saison est c~t domi.n& par lestravaux de semis et de plantation. ce qui n'extiut pas la poursuitedes tra"I&UX de dlfrichment et de laOOur entrepris au cours de lademâêre sai.5on de l'ann& ptfc6:iente et non encore ecœvës, ni ceuxde sarclage ou de rfcolte sur certains champs ouverts beaucoup plusl-""'P' wparavant.Vient ensuite la petite saison skhe allant de janvierl février a), dœi.J3e la rfcolte des eepëces 1 cycle végf:tatif court,sans que celle-ci constitue l'wique apfration culturale effec'tUéeau ClJ.n"S de cette saison.La petite saUan skM est suivie d'IJN! période caracaërdsëepar des' grandes pluies et qW. s'étale jusqu'en juin. Le travail dcminantau çcurs de cette saison concerne la préparation des champs en vuedes cultla'es du second. c:ycle (il s'agit surtout du sarclage etde la 'l'6fec:tion des buttes) et la mise en terre d'aunes espëces! cycle court a..insi que de ~lles dont les besoins en eau sontréduits et qui, de ce fait, ne risquent pas de voir leur croissanceen'tl"aVée par la saison sk.he.Enfin, la grande saison skhe tennine l'3I1I1& (juinseptl!!llbn).C'est au dfbut de cette saison que le chef de lignage.a.ssutê des chefs de hangars, prccëde l la répartition des terresde culture encre les différentes unités de p'I'Cl~ion.Tandis quejuin voit s'achever les demitres plantations et le dêfric.heuent denouveaux champs forestiers, le reste de la saison sera surtout sarccëeE!!.!~!_~~!.!!s2!E~s.(1) - Ces rituels ont étê obser/ês par le P. <strong>LA</strong>URENTDE LUQL~, citêpar G. BAUNDIER in La vie quotidienne av. rova.ume de Kongo,09. cit, page 3~.


- 47 -Une certaine maItrise des variations climatiquesapparait donc à travers ce caieccrfer , .itrise que traduit la.'quenc••daaiDance, .l chaque saison, d'une des - du ~tème de OJlture,sans pour autant que soit dflaiss6e la réalisation des autresopl!rations•1.2.1.2. La division du traVailLe travail açicole se rtplrtit etrrre les Illl!Dbres d'uneunité œproduction principalement selon les sexes. La pT'ell1i~reapfration oJJ:turale pour laquelle les lJ:mDes ntervi.ennent dans lesttsvau:x agricoles, ce en lIIiIDe t~s que les feames. c'est ledlbroussa1llalle par lequel o:mœnc::e le dffric:hement des chmpsforestiers. L' abatuge des arl:Ires qui suit est effectué en CODllllmplI' les lJ:mDes dêpendant d'tm mi!œ hangar qui fonoent ainsi ungroupe d'entr1aide ou de çoopl!ration (1). Ce sont en iWral lesjeunes hcmDes qui sont cccceœës par les travaux de dffrichement. lesplus 19és se consacrant t d'autres activités (chasse, artisanat,. c:onsnuction ou t'ffeçtion des cases, etc..•).Les semis, la planution. l'entretien et la récolte dansles ch&mps forestiers ainsi que la totalité des rravaux effectuéssur les c:bamps de savane le sont par les fl!lllllles. Celles-ci travaillenten i1'OUP85 ccnstit'U6s, sous la conduite d'un chef, généralementchoisi cœme la personne la plus I!Xpl!riment6e et la plus énergique (2).Cl) - Il De semble pas que ce groupe soit chargé d'une significationsoc:iale paniOJlière, mis t part le fait qu'ici, la coopérationest une n1cessité technique.(2) - L'expérience et l'énergie au travail ne semblent cependantcOl15tit:uer que des erltères secondaires pour le choi.'C du chefde groupe, si l'on se r~f1re t l'observation faite par G. SAUTTERchez les Bakongo, observation selon laquelle "la ''mf01..1lOOu l bakento",litt~ralement "chef des feames" est d'habitude la soeur du chefde kanda (HiMge ou clan). revenue veuve au village, ou bienson épouse et dans ce dernier cas, il s'agit d'une fenme latatrut; servile. rat'tachêe l la famille" (on. cit. page 503).Dans la mesure OÙ, CClllllle on le verra, ces groupes decultu:re ont pour fonctions la collecte d'une partie des produitsagriçoles au profit du chef de lignage et des aînés, et; l'encadrementsolide de tcutes les feames qui n'ont pas d'autre lienavec le lignage que le mariage. c'est donc l'apti'tUde d'une fe!llœl favoriser la reproduction des rapports sociaux de prociuctionqui est; le cri'têre d~teminant pour naniJla tion l la tête dugroupe.


- 48 •En ngle gfnfrale, les groupes de travail f!mi.nins sontc:aJ.qu6s sur les unit6s de product.ion 9 les feames vivant sous leœme "bangar" font partie du a6e gIVape. Nfa:moins. l'appartenanc:eil tel au tel groupe fonctiomumt sur la terre lignagen est p:JUI'une part affaire d'affinit6s personnelles et de choiX individuel.D'autn part. chaque fl!llllDe cütivmt SOlIV'mt deux ou trois parcellesde savane l la fois, elle peut fort bien participer sÎ1ll.ù.tan""'ent àplusieurs groupes.~t au foDc.tiOI1IU!Dlnt des rroupes 1 il repose sur unecertaine di..sl:ipline de travail qui peut s'observer lors du d6frichement00 la part de chaoJne est mesurEe et pendant la recelte 00 une feamequi arrive en ntard le matin se veit obligfe d'aller tnv&illerseule. Le foDc.tiCJDI1!llœD.t dfpead IIgalemmJ.t de l'aptitude du chef degroupe à as.sumer son l'Ole. Las cbefs-feames D. r internement pasp:JUI' c1kider de la mise en cüture ·laissée à l'a:ppréciation des membns-.mais elles lIlDIltreD.t lUX IDellbres du groupe camœnt il faut cütiveret vont travailler tau:r l tour avec chacuœ des femaes. Leur roleconsiste en outre l accepter ou nfuser les DOUVelles candidatures,à rëgterte tTavail en ccmm m et l arbittlrr les conflits.Enfin, l'existence des fOTlDl!s de coopération rendueD.écessain par le faible nivuu de dfveloppemeht des forces pTOductiveset dont l' ~SC!lllllmtest fInowisé par la co-résidence n'exclut pasle travail iDàividuel dam le damaine de l'agriculture. Il n'est pasrare en effet que les d6frichaDenu foTestiers soient effectués parun seul hoaIIIe nct8Illœnt lorsqu'il n'a qu'une seule felllDe et,les fl!mDes sont ncmbreuses qui n'a:ppartietm.ent l aucun groupe. Voyons.'quancasmaittlnant en quoi can.sistent les diverses . du tnvail agricole.


- 49 -1.2.2. Les opérations CUlturales1.2.2.1. Le dxIi,x des solsNotons d'abord que les lmitês de production n'ontd'existence rfeUe qu'au sein de l'unid r6sidentielle fondamenule,le village. Tant que ce dnnier est maintenu A un endroit, les solscJxlisis le sont suivant différents c-idres c:œme la fertilid, letemps de ja.chtre, la proximité ou l'tloignement des habitationset S\Irtoot l'&11u:re de la. vtgêtation.Mais dis que la. nécessité de dlplacer celui-ci est ressentiepar la cCJm'!!mmtté villageoise, le dxIi,x des sols revêt un caractèrebeaucoup plus camplex:e : les crâ'têres géographiques et écologiquesse doublent de considérations œgico-religieuses pour déterminerle nouveau lieu d'implantation et de prtduc'tion (1).1.2.2.2. La. 'DT'!oaration des ehamps.Cette "P'ration a déjà été dëcrâte lOTS de la présentationde certains 'types de chazI;I. Seules serent examinées ici, par ccœëcœne,les teclmiques de COl13titution des buttes géantes des Liltouala, lapréparation des c:ha:mps de fori!t et certaines "P'rations cencemantles champs de S&VlIne.La confection des buttes géantes consiste lacOJlllJ1er laterre en tas suffî sanment hauts pour dfpasser au lOOins le niveau despetites crues , et si possible celui des grandes. les Likouala emploient(1) - C'est ce que souligne J.P. HARROY lorsqu'il !nonce le principede la calture semi-nœade. "Lorsque la iertili':.é des c:.'1amps quiviennent d'i!tTe cultivés est considérée Caœte épuisée, ou quele sol en est devenu tT'QP dur a ameublir, êçrit cet auteur, lesdirigeants intéressés de la collectivitê rurale : le chef, lemaitTe de la Terre 1 les anciens. les sorciers. choisissent.selon un rituel SOl..IVlmt canpliqu! où se combinent les fO'I"lllLÙesmagiques et l'observation d'L~ices écologiques objectifs, unenouvelle rene de couver-t végétal naturel 011 l'on dêcide que legroupe ira êtablir ses cultures pour les quelques saisonsculturales a venir".J.P. HAAADY 1 Economie des ~les sans :nac:."liJ1isme, Etudes d'écologiehumaine. U.L.E., i9~O, page 37.


- 50 -sur leurs buttes un lIIXi.e de fertilisation original : avant la ec.seen terre des plantes. les billons sent ouverts et la terre rejetéesur les cet's ; l'ext:KVatiOll reçoit les d.fbris vtg6tau:x disponibles.mauvai.Hs herbes d' aboTd, branches au-dessus, palmes coiffant letout i les billons sant &lOTS ref~s 1 reprofilês et remis 1l ~ &ligt1elœnt. Les cultures tireront ainsi parti de la _tUrev6g6tale en dkClllpQsition.En fcrêt , le dffTichement a lieu peu avant la saisons!che. Il commence par le dfbTOUSsaj 11age, c'est-l-dire le nettoyageàu sous·bois cClllpO~ de limes et d'arbustes. Les bœmes s'attaquentensuite aux. arbres lIIJ)"eJlS ou. ceux; dont. le tronc n 1exc:llde pas 60 1 SO cmde di_ne qui sont w6Den.t abat'tU5 en les entAillant avec deshaches 1 eIlV"iron UD _t're au-dessus du sol. QJant aux pfus gros-ce sont souvent des gUnt5 de plusieurs dues de tour 1 la baseonconstl'Uit des fchafaudages qui 5 '616Vent 1 S ou 4 mêtTes au-dessusdu sol et, c'est 1 cette hauteur qu'an ceinture le tronc d'entailles1 la hache. ),U bout de quelques 1Œ)i,s l'arbre cœmence 1 se dëssëcaer,mais il ne œurt pas toujours. Troncs, branchages. lianes, broussailleset. feuillages skhent sur le scl, p.1i.s sont réunis en tas aco.mul6sde prff&ence au pied des arbres aux. troncs entailles. Viens ensuitee-bt'Olis. l'inCin6ration rfalisant detJx objectifs poursuivis par lescultivateurs: elle dlgage la teTTe des obstacles qui l'encambnntet l'enrichit. au IIJ)ÎIlS temporairement, d.'un apport minEral feI"tilisantcon"esp:mdant aux cendres subsistant çris cette calc.ination. Maisle premier objectif n'est a.tteiDt qu'en partie car on ne va pasjusqu'l Obtenir des chaD!ps ''propres'' (1). Les semis int.ervierment enfodt sans qu'8IXIJD travail ne soit fait au sol lui-même.(1) - C'est ce qui apparait ! travers la description faite par A. QŒVALIE.i.du champ tout prit pour la culture: "Le sol est. tout jonché detroncs d' arbres 1 demi-calcinés et EtalEs dans tous les sens ;1 travers, se dressent les arbres encore debcut, les uns JOOrts(par suite du ceinturage et du feu). les autres demeurés vivants.E."l outre, demeurent en place tout.es les souc.hes et la base destrOnCS coup6s. le sol est tapissé de cendres que les pluies et leruissellsen.t ont étalées". (A. œEVALIER. AgriC'..ù.tu:re colonialeorigines et évolut.ions, M. Paris. 1949. page 4i)L'intérêt de ce rœde de défrichement apparaît surtout dansla lut.te entd-ërosdve,


- 51 •En s...-ane, 1. dUricheDentprk:~ ou suit l.s feux debTOUSn. Dans le pt'emieT cas, les fends garnis d'une savane épadssesont dffril:h6s au dfbut de la saison seche, avant l'fpoque des feuxde bTOUSn. tes grandes touHes d'herbes étant arrach6es avec Leersracines. Ces dernifreJ sont dtspcsêes de façon â fomer des billonsdont la longueur varte entTe deux ml!tTeS et plus de cinquante IDètTe!'i(toute la lugeur du champ). QJ8:n4 par cenere les feames d!fricbentla savane d.ejl brëiëe, elles disposent ce qui Teste des touffesd 'herbes avec leurs paquets de rac:ines soit en un seul US au centredu çM:mp. soit en plusieurs us rêpa:rtis sur tecee la surface duchamp. fOl'mMt ainsi deJ buttes.La pt'6paration deJ chalps de :savane se tennine par lelabour. Celui-ci se fait il la hDue et çonsiste il trancher la terrea plAt et ! la retourner sur le eëeë. La malléabilité du métal et lesfaibles diJamlsians de l'outil font que cekud-cr ne s'attaque qu'ala COUl:he ~icielle du sol, étendant rarement son actaon il une']:rI"O'fondeur supérteure il une di:taine de çentiIœtres, respectant d'autrepart, 1.J sOJChes et les rac:ines trop dures.1.2.2.3. La lIlise en teTTe cI.e!'i esœcesElle s'effKnle de plU5ieurs manUTes. suivant les espècesOJ.ltivfes. Ainsi, perjera-c-cn de semis pour la mise en tet-re desgrains de riz et de ccccœere, de plantaie pour celIe de l'ignameet dl! repiquage pour le bananier.1.2.2.4. L'entretien de!'i chamDsLe travail d'entretien revêt deux for.nes prdncàpafes . Ily a cl'abord les divers sarclages effec'tUês il la main ou 1 la houe.Les mauvaises herbes ainsi supptiJIlées sont enterrëee et dans ce cas,la ter-re est soigneusement placee au pied. des plantes ; elles peuventl!tre rejetées il la pêrtphêTie du Champ, mises au pied. des banaaters ,


- 52 -ou enfin mises en petit tas au bord du champ. Suivant la viKLJeUI' aveclaqueUe CTOissent les mauvaises herbes, on effectuera lm au plusieurssarc:l.&ges avant la eëeeiee.L'entretien des ch8:aIps. c'est aussi le traitementphytosanitaire des plantes. L'unique procl!dé phytosanitaire que nousayons ebsetvë au cwrs de notre enqu@te et qui consiste! êtalerdes cendres dcmestiques sur les plantes atuintes au susceptiblesde l'!tre, pose un probl_ quant. à son utilisation 1 une !poqueantmeure au ceeeact du sys'tfllle qui nous 0C0Jpe avec les fOImationssociales, ~s. Rien ne I:tl:US permet, en effet. de dire sice pt"Odd.ê est d'utilisation ancienne ou s'il est simpleœI1tle produit de l'imitation de cl!t't&iMs pratiques cbservëes sur les''planutiOIl5 ~.5".N68DlŒ1ins. certaines pratiques culturales contribuentde façon indi:recte 1 la lut'te cenere les maladies des plantes. Ainsi,les brOlis -que ce soit les feux: de brousse ou les incininticnseffecUl&s lOTS de la pr6paration des champs- "sttrilisent" d'unecertaine mani~re le milieu, êl.iJDinent les ennemis des plantes. Oufait de la ccmposition et des faibles d.imensions des champs (de un1 douze ares). un 616œnt pathog!ne spfcifique d'une plante a t'rhpeu de chances de se propager panai ces petits lapins ail prêdcminela culrore mélangée. D'autre part, la cozap't.ition qui. s'établit entreles divers él6œnts pathog!nes est également de œeœe ! évitercertaines ma 1adj es aux espèces cultivées. Enfin? le ~la.cementdes champs peTIllet a'ëvaeer les maladies des vieilles cultures etempiche souvent la propagation des ~idêmi.es et des p&n.sites., .2.2.5. La t'fcolteCCIIIlIe la mise en terre, les techniques de rëcckte varientavec les espèces concernées. Celle-ci peut en effet consister âccuper , arracher C'U dêterrer, )fais ce n'est pas elle qui terminevéritabl~t. les opérations cul:urales. Il conviendrait d'ajouter letransport des produ:i.ts effectué 1 l'aide des paniers que les fenmesportent sur la tête ou sur le dos.


- S3 -1.2.3. L'agencement des culturesEn foret. en savane, çœme en ''milieu aquatique", lesrst- de cul••• se caT8CtErlse paT un rytlIDe extensif avecdeplacement des chsmps mais 8ll$si par une distribution çomple.'œdes espëces Al'intérieur du c:hamp et des types de c:hamp dansl'espace agricole.1.2.3.1. Dans le temps.La S\.E:cession OJltu:rale est inaugu::r6e paT une culturede nka.sa, de -.ndu au de nsBlllba (1)suivant les rëgdons , ou bien paTune association de courges. CODCtIlIbTes sorgho et de léguDl!s, ou enfinpar une association d'ignames. de çourges et de cërëafes (éleusine,sorabe). Elle se poursuit par une cul'tUre apte, dans une cer-tainemesure au mÎM, l refaœer la fertilitê (haTicots nuupants parexemple) ou par un bTef temps de repos allant de daIx l vingt missuivant la na'tUre de la 0Jltu:re ina:ugura.l.e. Dans le as al laOJlture i.naugura.1e est une cul'tUre de nsasa, wand:u ou voandzou, lasucçessian se poursuit par une association d'ignames, courges etdiven ltgœes. en fin de succession vient g6néral~t la culturede ban&nie!'s.ce scha n'est pas rigide; il est assorti. de varianteset d'options. Les assolements sont en effet ëëeeecaës par plusieursfacteurs: habindes al.imentaires. espèces euetvëes , çonditionskologiques. lII:Xi.a de prEparation des chsmps, etc..'ÜJl5i. il peutarrive!' paT exemple que les boutures de bananiers soient nti.ses enterre en mime temps que les ignames, cccrges et divers léilJllles.(1) - Si l'on retient l'hypothèse d'..wgus-:e OiEVALID. (0'0. dt., page '+5)selon laquelle l'anchi.de au:ra.it remplacé le voandiou (nsamba)dans les a.ssolements et si l'on tient çompte du fait q",J,' ac~llenent.l'a.rach.ide est SOlNent assccdëe au mars, on peut penser que lensamba n'intervenait pas seul çCllllle cul'tUTe inaugurale maisétait ~ralemmt assccâë aux ''ma.sa ma kongo" qui ont é'téTemplacés par le mats.


- S4 -Le temps d'cx:cupation du champ est de trois ans enViron.Temps au bout duquel, la. chute de fertUitf ~inêe avec unenvahissement des plantes herbac"'s qui ftouifent les cultures incitele cultivateur 1. se déplacer et 1 recœeeecer plus loin la lI!mecpëratfcn, En. rêalitl!!, le champ n'est jalllll1s caaplètment abandonné,les arbres fruitiers planti!!s au dEbut ou 1 la fin de la. p'rioded'cx:cupatian du champ continuant 1 produire (le bananier par exemplept'Oduit pendmrt cinq ms) ; le chaalp abc1daJ'mI eanstitue alorsun àaDaine privilfgil!! de cueUlette.Le m'CIme se caractfrise par un rytlme de culture extensifle recours mtematique 1. la j~n pour obtmûr une reconstitu'tionde la fertllitf des sols est en effet un de ses tnits dœinantS.Il faut environ dix ans pour que la. fertilité d'un sol de savane soitreconstitu& et la. regfn6ration pédologique n'est cœplète en forftqu'au bout de vin~1. vingt-einq ans.1.Z.S.Z. Dansl'eS]:!CeLes divers auteurs reviennent cons't3lllœIlt sur le caractèreœlangf et cifsordcDnl des cultures.Notons d'abord. que les champs n'ont pas de fonDe géallétnqueciffinie. QJant 1 la. d.Upesition des difffrentes plantes dans un champ,celle-ci ne laisse appara!tre auo.m ordre chronologique, ce qui nesigniIie pas que leur distribution se fait au hasard plisque plusieurscritêres ccmœ les exigences des plantes interviennent dans la. mise enterre des sesences ,Selon C. Robi.neau. cette si'tUation senit imputable au100de de défric.hement (1). Le eeëe de défrichement n'explique qu'enpartie-et ce en foret IJIÙquement- la structure du champ. Les champsde savane ne constituent pas des champs "propres", mais il n'y .:1(1) - C. ROBDŒAU, otI. cit., page 1li


- ss -cependan't ni 'troncs d'arbres. ni carrés de broussailles, en tou't casaucun obs'taCle physique qui jus'tifie la oùture mêlang~e et"dfsOl'dœnêe" qu'on peu't ~galsen't y observer. Un !lfmen't d'explica'tionde ceeee pratique peut etre avancE et il tien't 1 la TelB.tivit~ dfj3signal6e du dfsordre : un oùtivateur n.'admetuait pas par exempleque le vœDitou, plante rrês exigeante. soit cultivé 1 I:Ot~ del'igname. plan'te très exigeante elle au3~i.En ce qui concerne la çu,1:ture mélang~, c::elle-ci s'expliqueen premier lieu par le souci des CUltivateurs de Rin'tWT au solUDe


• S~ -Ils seront examinés 1 travers les activités auxquellesils servent de support. Nous distinguerons l'exploitation des pap.ù.ationsvégétales et animales fondfe sur l'acc;uisitian et celle qui reposesur la daoesticatian.2.1. Les activités ba56es !Ur l'acquisitionIl s'aiit priDc:ipalemmlt de la CJeillette, de la chasse et de lapfdlo,la pJace la plus lmporunte Etant cx:0Ipê< par la deuxi!me destrois activités. que c:e soit du point de vue social ou de celui ducontenu des techniques.Z. 1. 1. La. cueilletteZ. 1. 1. 1. Les eStlèces cueilliesL'activité de c:ueil!ene répond 1 trois gnndes catégoriesde besoiJls ; aliJDenUiresfmêdicaux, hygiéniques et toxiques ;arti$éUWJX. La cueillette effectuée en vue de l'aliDmt.aticn consistesurtout dans la r6c:olte de, chaçignons COlW1S cowaDilEnt sous lafonoe d'une Vingtaine dl espèces ou de variétés. la collecte des herbesutilis&s 1 la manière des êpi.nards, l'arrachage des ignames nonculti~s. Il faut Y ajouter la cueillette de multiples fruits commeceux du manguier sauvage. seT'V1D1t lc:onfecticrnner des sauces deviande qu'en ccnsaaœ tout de suite et des pads de viande qu'en peutconserver très longtemps, les noix de palme (il s'agit de palmierspoussant l l'état sauvage) J les noix de karitf sauvage donnant unehuile qui r~lace l'huile de palme des Elaeis Ho 00 Us sont absents, etc.


~ Si -Les "spécialistes" collectant aussi la grosse part desprod:ui.ts il usage lIIêdical, vëeërücatre, hygiénique au toxique. Il s ' agitnotaDlDl!l1t cles plmtes lDêdicinales, dee plantes 1 poison peur lapêche et la chasse, cles flfchettes d'aI"ba1!tes de chasse. des excitants.Les plantes artisanales sont celles qui fournissent lesproduits nkessaires pour la constNC'tion des cases et des cteccres ,1 la fabrication de paniers, d'objets d'art, etc. C'est incontesubl~ntle palmier qui oco.zpe la premi!re place parmi ces plantes.2. t .1.2. Techniques et principes d'acquisitionA pnmi.!re vue. la Cleillette se caractërdse par uneextl_ simplicité quaD,t aux tedmiques. .eeceprë dans quelques t'arescas ClJIIIIela récolte des noix et du vin de palme.Les techniques de cueillette se dSl.JDe1lt dans la plupartdes cas en une ges'tUelle erës simple : ccuper, arracher, récolterles vflêtaux. Il s'agit en effet d'exploiter une aa'eure qui se laisseac~tir sans ~ser une grande rësdstance . Cependant, en ce quicancerne la Cleillette des noix au du vin de palme, les seuls gestesqui consistent l couper le régime de noix au a err-aire la sêve dupalmier ne suffisent plu.s. Il faut avant tout savoir grimper auxpalmiers. Le palmier ayant une stNe'tUre asse! spéciale par rapportiWlt autres arbres. la technique de IŒIntée s'avère rrës délicate etsu:pp::lse, pour être ac.qu.ise, plwieurs séances d'initiation. De mê!me,la cueillette de certaines plantes lIIêdicinales surtout, exige unelongue période d'initiation.En réalité, la simplicité des techniques ne concerne quecertains types de cueillette car si l'on considère les principesqui cœmandent leur utilisation, on s'aperçoit qu'il ne s'agit qued'une Simplicité superlicielle. L'acquisition des espèces végétales


- sa -se fait en effet, suivant un ensemble CCIIIplexe de crdeêres allantdes qualitflsphysiques aux erayences magiques, en passant parla. destination des produits cueillis. Ainsi, les produits dontl'acquisition exige certa1nes qualiUs CCIlIIle la dext6rid, l'agilitéou la fOTCe sont OJeillis par les halmes : c'est le cas des noixde palme ou de karité sauvage. du vin de pa.lme et de cena.ins fNits.La cueillette des produits destinés l la fabric.atiao. des pUiges ou ~la constl"lK:tion des cases est également le fait des hœmes. tOUt cœmecelle des plantes ID6dicinales effectuêe par les ''hœmes-ml!decines''ou les deviJ:l.s-guIrlsseu:rs et elle est en principe: secrëee. De même Jla. collecte des plantes l poison est essentiellement le fait deshalIœs et ceci peut 5 1 ~liquerselon C. Rcbîneau p::lUl' deux nuons'"premièrement. la fabrication des poisolu: est uc. fait magique quirel.êve de l'activité des hœmes ; ensuite, la fabrication des poisonsest une tedmi.que c.aopll!menta.ire accessoire de la chasse. activité1laSculinc" (1).En feV3J1l:he. les plant.es alimentaires et. les plantesllIfdicinales que tout le monde carmait sont OJeillies par les feumes.le cas kh'ant sur 1'iJ:ldic.ation des halmes lOT5qU 1ils sont malades.Il en est de même des plantes set'Vant pour la fabrication de certains1IIJ'YeDS de produc.tian CClllDe les paniers et le... nasses. Les ut'rones quifont tJTOfession de sage-fl!lDllle y ajoutent les plantes utiles l leurart. Final1!llllent, c'est la cueillette des plantes courantes qui est laplus importante en naabre et en voll.E1e et elle est le fait des fl!lDllles.Mais les princi}MSs qui viennent d'!tre !noIu:bn'interviennent jamais isoHment. Il existe toujours plusieurs critèresdétenainant un type de cueillette dormé et chaque critère intervientdans la. détetmination de plusieurs types de cueillette. Ainsi, malgréles creyances attaehêes aux. plantes ID6dicinales, hygiéniques ettoxiques et malgr6 le fait que les activitb magiques -ee d'une manièregénérale les activités de 5)'IlIbolisation- soient llJJnlJIX)lisées par les(1) - C. RDBINEAlJ. 0'0. cit., page 112


- S9 -hc:mœ:s, certadnes de ces plan'tes sont cueillies par les ëeees :c'est le cas des plant.es A poison utilisées pour la pêche. De m&ne.les halmes interviennent dans la cueillette des plantes alimentaires,bien que celle-ci soit du ressert des fa-es et les plantes artisanalessont cueillies aussi bien par les b:mmes que par les feames.La cueWettedes plantes 1Dl!!didnales. bygieniques. toxiqueset artisanales se fait individuellement. Celle des plantes alimentairesmobilise toujours un gTQUpe de feDlnes et d'enfan't3. mais l'acquisitionse fait de mzmî.are individuelle. sans division des tlches, caaptetenu de la simplicid des ecces d'acquisition (couper, arracher,rëccreer) .Au t'egard des principes d'acquisition, an ne peut donc pasparler de la simplicité des techniques de OJeillette. Celles-ci sontd'autant plus CCIlIplexes que l'activité de cueillette repose surlD1e ebservatdon patiente et aigUe de la rëeftcë, et qu'elle n'estpossible que grâce 12 une àltection minitieuse des resssiances etdes diffl!'te:DCes entre les espèces ainsi que par l..IM connaissance assezprëctse des propriêtês de chaque plante.Z.1.2. La c.hasse2.1.2.1, Les çhasses collectivesLa première des techniques de chasse collective consisteâ rabattre le gibier vers un site naturel CIl il sera cCllDllOde del'abattre ou de l'achever. üne expédition de Chasse mbilise tousles bcmmes valides du village. Elle est toujours prkêdée par uneprëparectcn matérielle (répartition des tiches entre les diversgTOt.lpes, réparation et aiguisage des armes, discussion de la tactique: adopter) et spirituelle (invocation des fêtiches. offrandes auxancêtres. proteçtion symbolique). Les seules ar.nes utilisêes dans cetype de chasse sont les sagaies.


- 60 -Il convient


e61 _La 'technique collective la pâus remarquable en la chasseau feu. Les raba't'teurs sent remplacl!s ici par un incendie de savanejudicieuseme:o.'t alltJDé le long d'une ligne en fer 1 cheva.l. Laprogression du feu est; accl!Urêe par l 1 appel d'air au centre. Certainschasseurs surveillen't les filets .1la base du fer 1 cheval, tandisque le ptus gnnd. nœbre progressen't avec le feu et tuent les bêtesqui eeeeeee de sauter a. tTaveni les fi_s. Les chasseurs sontdans ce cu. beau:oup plus nallbreux que pour une chasse lU filet. etrepr6senten't les effectifs de plusieurs villages.2.1. Z.2. Les techniques individuellesLa chasse indiViduelle !tait pratiqub par des myen.sIIIl1tiples caJJprenant surtout de naabreux pi!ges. Pigafett.a a décTitla chasse .1l'!lfphant par pi6geage : ''Pour capturer les êlêphants. encreuse des fosses tT!s profondes aux: endroits oQ ils ont COU~ depaîne. Ces fosses sont I!troites dans le fond et s'l!largÎ5sent d.ansla partie supfTieure, de façon que rien. ne p.Ji.sse aider .1 s'enéchapper les bêtes qui y sont tcmbées. Pour que les êlfphants nes'aperçoivent pas du pUge, on couvre les fosses de terre, d'herbeet de feuillage : lorsque l'animal passe dessus. il s'abat dans letrou" (7).Pigafett.a fait Egalme:nt êt.at de la chasse 3Ult fauvesdangereux -tes "tigres"- (Z) par empoisonN!lleJ\t et piêgeage avec unecMvrette e:tIIIDephac.oc:ha~s.appIt, de la chasse aux: buffles, aux antilopes et auxIl signale enfin l'usage des sagaies et l'al'baUte.Les pi~ges constituent les techniques par excellencedu cha.sseur Lsc.lé, Leur nombre est ërecë et ils sont ~r@ment varfës .CEl"aînes techniques sont banales. Call1le les trappes 11D'autres sont plus complexes : ainsi les collets 11___e(1) - PlGAFEI7A, op. cit.• page S4(2) - Il s'agit certainement de l!opards._cochons sauvages.chauves-souris


- 61 -cœpcsës de noeuds coulanu en fibre de peJ.m.ier raphia, suspendusl UDe œrde tmldue enere deux poteBUJ: d'une dizaine de IlIètte.s dehauteur, les pièges-nasses effiles capturant les rongeurs. le.s collet5­miniatures guettant les oiseBUJ: qu.i. courent sur le sol. le pUge-eolletil .;hat sauvage installé sur une grosse branche ~zontale.les pil!a:es-usaDOirs ou pil!ges-êcraseurs mis tin place peœ- les an.imauxCh!n!lSODS. sibissis. rougeurs divers). La glu sert également.On en finirait pas de dkrire tclttes les sortes œpi.êges .Le type d'ouvrage le plus spec:taculaire et le plus cœplexe consisteen une palissade. soigneuM'œDt ccnaeruree, qui. c:ourt il 'tTll'leT'S laszvane sur des centaines de mètres. barre lm ou plusieurs varices,tTsv'erse des p8nS de forit ; rfgulil!T8IIIeD.t espac6es. les OUV'eTtU:ressont garnies œpitges variés. choisis en fonction du teTTain et de lavfiftation : fosse. eenees, ou asSClŒlirs.2.1.3.1. Les techniquesNcus avons PJ recenser dix techniques di,fffrentes dans unvillage Ollia peche n'éUit pratiqu& qu'il titre secondaire. UneenquIte effec'tl.J& sur le Stanley Pool en 1956 a penai.s de dénombrer"17 genres de filets, 12 genres de lignes de pêche, 12 mdêles de nasses,1Z types de 1.ances l soude::-, 8 types de lances-harpons • .3 paniersde p!che diHérent.5. 3 sortes de banages. 3 genres de pil!ges" (1).Cette diversit& des moyeI1$ de production laisse entrevoir la diversitédes techniques et il est permis de croire que celles-ci sont en usagedepuis 1 t époque prëccïcciaie,(1) - Gilles SAUTT'ER. OD. ci':.• page 440


- 63 -La pêche la. plus impon.ante. pratiquée en régions desavane, est celle qui a lieu en saison skhe dans les lacs asséchés.Elle peut regrouper plusieurs centaines de persomes peDdant unediza.ine de jours 1U'toUr d'un lac. Cette pkhe nêc:essite touteune série d'apêTations qui i.mpliquent la c:oopfration. d'un ~naabre de t'raVailleurs : nettoyage de l'êtanS dont la vase est enlevéepar lf"/II1d.s blocs tailles au couteau ; halaie li1un fllet qui peutatteinire plusieurs centaines de matres par les hallDes situes surla rin ; ramassaie des poissons qui ont kbappé au filet lI'aidedes nasses.Un autre 'type de p@che collec:tive est la pkhe au poison.Sous la direction d'un chef de pkhe, un gTOJpe de parents ou devillalJeOi.s va s'wta.Uer sur une gt"IUJde rtvtëre, l la période desbasses eaux. Chacun a apport! les lianes qui contiennent le poisonet les a ëeeesëes avec de la boue avant de les jeter dans l'eau. Aucontact de l'eau. le poison se rtpand et atteint les pcasscœ , lesgens entrent alors dans la rivUre et les rëccitent evee des nasses.Ce mode de pkhe est assez rare, il faudra attendre au moins sulIDis avant que la pap.1lation de poissons se reconstitue. Il y a unaspec:t eminmDent religieux qui se manifeste tout au long de la pêchele c:hef de pkhe a et! consultu,.avant le départ, le spécialiste despoissons. Pendsn:t l'0p6ration, il sera aussi bien un magicien qu'unchef d'équipe: il prepare avant le d.épart le repas que doiventprendre les pkheu:rs sous peine de ne pas ceptarrer de poisson, ilest le premier à pënërrer dans l'eau pour y pl~r la liane qu' il aécrasée, il capt:urera le premier poisson qui sen. atteint et lecoupant en 3:lrCeaux qu'il rejette dans l'eau çà et 11. il donnerale signal de la rëccree, Le poisson pêché ne sera partag! qu'entreceux qui ont ëcrasë les lianes.


- 64 -Ce type de pkhe peut Egaleœnt êere pn'tiqué individuellelDm1't: il s'agit &lors li'une opéradon effec'tUfe dans un petitc:aJrS, cl' eau. On utilise \IDe pspilionacêe (Tephrosia vogelii) &m't,on broie les feuilles jusqu'l les riduire en une pite qu'on faitdissoudre dans l'eau l empoisonner.Une autre technique en la pkhe par le barTage d.'unerfvtëre, pratiquée individuellement. Celui-ci est fait de piqueuavec des rameaux: de ~ers entTec:roisE,. Il est établi pour plusieursmis et le pkheur s'établit dans \IDe lnJ.tte 1 demeure : le baTTagefa.i:t dfversoir au-desscus duquel U place des claies pour recueillirles p:lusons. Une variante consiste A in.5heT dans le barrage del(nDdes nasses coniques fabriquées en tiges de raphia coupées dansles ma.r6c:.ages et qui servent l. t'feal'ter le poisson : ;l cau:se de laviolence du c::ourant, les poissons ne peuvent s'fcha:pper de la nasse.Uœ technique exclusiveaen:t fémjnine est la pêche dans lespetits roissea1JX avec des nasses: les (l'Bndes nasses servent ;lEcoper la surface liquide j il Y a aussi des casses-ptëges qui. ont laforme de pet.i'tS paniers cylindriques dont le cor est occupé parlm entOlll1Oir.D'autres tecbn1ques caaae la pikhe au ba:rTap oobile.la pkhe au ban'age de terre et la pkhe 1 1& ligne de fond IDl!ritentEgalement li'et:re signalées.2.1.3.2. Unités de tttion et impOrtance soc:ia1e de lac:hâSse et e a Pêëhe.A cêeë des c:hasses et des pêches pratiquees individuellementcu il lm très petit nanbre de partic:ip8t1ts (entTe deux et c:inq). lestechniques c:ollecti~s sont adses en ceevre au sein d'tmitb deproduction supérieures ou. inférieures au groupe l1gnager..1Jn.si les chasses


- 65 •au filet, pratiqul!es en fOT!'t et. les pkhes collectives de saisonstc.he dans les T'ivieres se font au sein de la Mœ unité de prodt.I(:tionque cell., d.e l'a.Irieul.'tl.1r'e. !..es it3Ddes t:ha.sses S1l feu et la pêchedm15 les lacs 1 par eeaere, qapnt plusieurs lignages. C' est surtout1 travers ces dermëres qu'a:ppara,.t't l'iJq:lortance sociale de la chasseet de la pkhe. Leur œise en oeuvre est uœ occ:asion pour lesdifférents lignages de renforcer leurs liens et


- 66 -Raphia gentil! fournit le plus apprkU des vins de palme. ''IIIalafu.IDa taDW", celui que requiarsnt le cœaerce des anc8tTes et les1IICIDlm'tS solennels de La Vie ccllect.ive. Rçhia l.aurentii produit'galeœnt du vin. des fruits CClDestihles et des feuilles qui servent1. rec;ouvrir les habitations, il dcm:ae surtoUt des fibres utiliséespour le tissage des ftoffes-uamaie et des pUces nk:essaires l lacenfec:tion des vêtsm1'tS.D'autres arbres daDestiquis par 183 Ba1congo sant lesafutier (PacIlylo,,", edulis) _t des fruits (safu) lla l'-Ùperosée et de "saveur àkoncerunte" (1). et le kola, plante estim!!epropice 1 la sand du corps et l l!excitation de l'esprit ou desse:ntizœn:ts. les noix de kola stÏJll.l.1ent les forces et accentuentl'acuid des sens.La claDestication des espêees Végê:tales caaporte plusieursê:~s. La prem:U!rre consiste 1 observer les conditions dans lesquellesl'espèce ê:wlue l l'6tat sauvage. La cormaissance de ces conditions permetde dAteTllliJler le sol sur lequel l'espèce doit être plant'eainsi que l'êpoque de l'BID1fe. Vient ensuite le cheix des noyauxou des jeunes plants. La lIIiJe sn terre intervient alors et avec. ellecaane:ncent les soins qui vent de la protection cceere les d!prêd.atiOIlSdaDestiques et les flNX de brœsse a. l'Uiminatian des llllUJV3,isesherbes. Lorsque les arbres daDestiquts sont des palmiers, il f2Utajaute!' le tnwil d'entt'etien. consistant 1. 6liminer les branches aufur et 1. mesure qu 1elles meurent.L'arboriculture est une actiVid! i.ndi.Viduelle etessentiellement masculine. Elle r~!t une importance sociale considérableet cect peut se vtIir dans le cas du pa..lmier dont les dons seretrouvent dans taus les domaines de l'activité des villageois;------------------------(1) - Ibid.


- 6i -dans les clatures et les toitures des maisons, dans les pi!ges !et les ~su des p!cheurs. dansle 0'6$0'1' p.Lblic ceeee dans. l'habillement. cians la cosmétique, la thlrapeu.tique. l'alimentationet enfin, 4ans le système des symboles qui lient les hallDes encreeux: et les hoamcs il leurs dieux:.gibier2.2.2. L'6levageSelon les anciennes "ulatians", les populations de Kongopossfdaient des MilDR u x daDestiques : chiens, boeufs, DlNtOJl5, chèvreset pou.1es. Ils avaient ''!me DJlti1:Ud.e inncmtl'I'able" de boeufs et deIllJU'tcms. Le gros bétail ne se rercontnit qu'en des ngions limitëes :notalllœnt dans le district de Pcmbo, ê. Soyo, et par faibles effectifsil di.3't5n&:e de la capitale du. 'f'OY3UIle. ~lqt1@s armées avant le dEbutde la colonisation française, Berthelot OJ Chesnay qui a observé lespopulaticms du Nia'1'i en 1895 krivait :''Tous les villages ont une basse-cour asse: bien mntêeen pccres, canards, lIIJUtOJl5 et cabris ; les trcupeaux de 30 .1 40 têtesne sont pas rares" (1).r!gress~Ces chiifres correspondent à un élevage qui avait déjàavec: la dé~tion du pouvoir dans l'ancien 'l'OyauJle carseuls le roi et les c:.hefs ;rvaient droit au gros bétail.Les textes anci~ ne- comportent alJCIJneindicationecrcerœne les techniques d' êl.evage, Les premiers administnteurscoloniaux font remarquer que les animauX vivent en libert~ et doiventchercher eux-lDi!mI!s leur ncurrittrI'e. Des paysans nous ont cependantparlé de l'existence autrefois d'enclos où étaient ëtevës poTCS,chëvres, IJ:OUtons, nourris avec des tubercules et des œréales.(1) - :3erthelot IJJ ClŒSNAY : Le al:vs,de ~kabana ;rariJ, son sol, sesQ!Q mens , ses eeœ a.des.illBlîlietin dë la Société de Gê'ognphieCommerciale 1903, tomme XXV, pages :05 à ::~.


- 68 -La division du travail 5'~Te sur la base sexuelle et5Uivant 1& nature des animaJJX : les fl!!l!lDes ont la garde de la bassecourtaDdis que les ballDes (esctases JUrtClU1:) s'occupent du grosbéuil (boeufs. 1DOUtOl15,c:htv'res, porcs).te Wu.il intervient dans la c:onnitution de lacampensation ma:tT'ÎJŒmiale -La dot- dOIm.6e en k.hanp de l'ëpccsereçue, Le gros béuil sert à l'affimation du prestige et de larichesse des chefs.Enfin, le 'oEta.il ne sert pas seulement à satisfaire desfins k.orJaIIi.tlues et à afiirmet' des hi!ra:rchies. il est êgalementau service du saaf : I1CUS y t'eviendrons.Le travail effec:'tUI jusqu 1 ic:i a cansin! à d.êcrire lesdivers êlEmenu mis en oeuvre dans l'&Ctivit! agricole et à 'tendrec:aapte de leur connexion. La prësente section a pOUr objet d'examinerde manière beaucoup plus approfondie les prmeipes dcati.nants del'Ot'ganisation interne et l'artiOJ1ation du. système agric:ole avecl'éccnaaie globale.3.1. Ltorganisation interne.trets çaras:dristiques appani5SeIl.t çœme les principesde base selon lesquels fonctimme le 5'Ysti!me qui nous oc:cupe : lavariêd interne des s'tructures. leur multifonctionnalid et unerelation p8.niOJ1ière enere travail et symbolisme. relation à laquelleT1CU5 feront une place 11 pan, par Z&PP:>lt aux deux aceree carectërasetcces ,


- 69 -3.1.1, Les principes dcminants.3.1.1.1. La divenitê struc'tUraleLa van!t! inteTœ des struc'tUI'es appara.1t rrês nettement.l traveTS le recensement et la. description des types de dwap,des techniques de c:.h&sse et de pêche , Mais on a Egalement soulignEla diw:rsit! des produc:tions, en ee qui cancerne les espèceso.û.tivêes. CJeUlies, chassEes ou pêchëes, Il s'a.git dcnc d'unediveI'3:it! des techniques et des productions.Cettel:81"'ilCt!mdque du 5Y'teme tient 1 la va:ri!tê deskosystêmes sur lesquels se d.!roulcnt les divers procès de pTOduc:tiandkrits et T"fv!le 1'sptitude des proolJc:ta,a-s .l s'adapter auxconditions géoir'3phiques et Icologtques ! partir desquelles ilsextraient leurs myens li'aî.5'tence.Dans la œ5Ul'e où on est en prbence d.'une multitude deproductiaru ayant la mime ftmetion mais utilisEes ! des époquesdiffêrentes. ainsi que des tec:hni.ques conçues pour l'e."q)loita.tiondo'un type donné d ' kosystème mais qui ne sont pas toutes utilisEesen 1D!me temps (cas de la pëcœj , la diversit! stl\JC1;U]"3.1e peuts'interpr!ter çœme la d.isposition par le systeme d.'un ensemblede fOTCes productives sous-utUisEes. Cette pan sous-utilisEe desforces productives revfit êplemmlt la forme d.'un temps de travailTelati'Vellllmt çcaIr't et donc d'une scus utilisation de la fotte detravail (selon les infcmœltions recueillies au cours de notre ercuêee,la jour.n!e de travail agriçole. avant la pénétration capitaliste,n'~êdait jamais cinq heures) et des res30urçes na~elles.Elleçonstitue l'énergie libre du système dont nous examinerons plus loinle r6le dans sa reproduction et sa stabUitl!.3.1.1.2. La mu.ltifonc.tionalit~ des strot:'tUresAucun des consti'tuants du systeme agriçole lignager nejoue un role purerœnt ëccnœüque, bien que nous les ayons ccnsddërësdès le départ çœme des s'trucrures pt"Oduçtives. Ce qui apparatt A travers


- 70 •-1'analyse des procès de produaian et 1 raffectation de certainsproduits. c ' est l'exercice par chacune des 5'tr1JCU1reS de plusieursfonctions.Ainsi les deux rituels evoquts dans la. description dusous-5ysti1!me de 0Jlture. en même temps qu'Us OUYTent l •~ destravaux agricoles et visent la recherche de bcmœs rëcctees ,manifestent le chef carœ situ6 au centre des relatiaru avec laterre lignag!re et les anc!tres qui la dEti8l1Dmlt. Une fonctionpolitique (le renforcl!lllm't du )XI.MJir des chefs) est donc as5Ulléepar le scw:-systême de culture 5iz11Jltan6Dsnt ~ la fonctionidêologique (le culte des anc:&tres) et la fonction konanique(la re::heTChe de bœmes rëcctres) .Cette triple fonction se retTOUVe !gal~tdans le casde la chasse, de 1& pkhe, de l'Uevage, de la cueillette et del' arboricul.ture. Le c:hef. en relation avec la terre lignagêre et lesaecêcres, doit assurer la protection rituelle du chasseur. L.a.consœmaticm ntuelle du prsie-r poisson p@c.hf lors d '\.Ble cfirbniespkiale liée aux actes solennels accœpagnant la prise de possessiondu )XI.MJir au royaume de lCongo suggtre que le chef se situe ! larem::ontre de l'ordre naturel et de L'erdre social. Le bétail tntervtentdans la constitution de la dot et est !gaIement au seT'Vi


• 71•sensibles et tangibles d'une pan, et de 1'êalitês narorellesiJlmadrielles, de forces et de pouvoirs qui échappent à l'eapi'l'e-des sens d'lIUtre part. Ce mc4e de penser est iŒantestablelleDtdialectique, car 11 sa.isit la lutte et l'unit! des contraires cceeeessence du réel. 11 se distingue totalsœnt de l'antincmi.e radicaleentre \Dl amde J1&'tUrel. soumis 1 des lois ccnnaissables, et un lIIJntiesuma:curel, daaaine du mystère et de l'arbitraire diviJl, carectërâstique'des CODCeptions religieuses occidentales c!a5siques.La nature est cons1d1Tée dans ce 5nti!!mo ÇOllllle LlDe scurt:ede produits vitaUI: dont l'acquisition. requiert eœmaissance, savoir·faire et accard. des forces Kentratrices c.u Ilrdiennes. Toutes lestedmi.qu.es religieuses et IIILgiques sont dest.inées à a.gir sur cesforces ; ! les rëcœërer, à les &:IDest1.quer ou 1 les neuualiser.C'est pourquoi tcwees les fonDeS d.'activités analys&splUS haut can.tieDDm1.t et ccmbintnt 1 la fois et nêcessairellllmt desg~s et des conduites ''!aatêrielles'' p::lUI" agir sur les aspectsvisibles et. tangibles des réalitb Da"tlU'elles, et. des gest.es etdes conduites "S)111lboliques" pour agiT sur leur arrUre-fonds invisible(rites de 1.& fertilitE cD. sol, rites de chasse et de pêche, eec .) . LaS')'1IIbCllisation est iXml: co-subs't2nCielle de l'aetivit~ mat.êTielleil y a du symbolisœ dans le tnvail. dans la production.L'inve.se est également vrai. Il faut cœsaëërer CClllDe dutrs:vail, et CClllDe un aspect essentiel de chaque procès de travail,les 1IICIlIeI1ts et les CClllpOrtl!lœIl.ts symboliques qui y figurent et àrraver-s lesquels les prodlJct.axrs cherchent à agir sur les forcesimmatérielles qui contT61ent les rêalités narorel1es qu'ils s'efforcentde s'appioprier. D'une manière génitale, le ttavail, l'économique,le politique, le social se retrouvent dans le S')IIIlbolisme humain. Unregard sur les pratiques ccll~ives et les rituels dkrits plushaut va ncus pemetne de vérifier cette dernière affirmation.


• 72•Le rituel visant la rech.erche de 'bonDes récoltes parexsaple. c:ansisu l me't'tre en CUl'OJre un champ S8CT6 et; c:cmp::lTte'ainsi du trIEVall agrtc:ol•. De .eme, la prfp&rat1an des _tscOl1S'JllDfs lors de la ~e d' cuverture du œaps des 'travauxagricales et celle de preparation du pouan en c:. qui concerne la.pkhe. œc:essitent une quantit6 î.mportante de travail. Enfin. ona. vu que les chasses et les pkhes collectives s'accallpagnaient deri'tUels. réun.iuaien:r. p!Wl1eu:rs villages et c:ansd'tUaient a.iIlsiun important cimeo:t social. Dans la _sure 00. les activids desymbolisation sont RCCÇ8r6!ls par les c:hefs et les aines reprisentantla c:ouche sociale dœiNnu, ces rituels c:m:t pour fonction nonseuleme:n:t de ressenet les liens existant entre IDl!Dbres d'un clanrfparti! errrre plusieurs vil.laaes, mais aussi d' eDdonDi:r lescanttadictiaa:s et de d&toume'r IUClDe:IJ:tmemen:t au Ulins. les membT'es dela camunaud des tensions mstantes.3.' .2.2. CoatemJ. des techniques et $Y!Ilbolisadon.Il n'exist.e. dans le systeme sociO-allturel 6tudi., éllJO.mes't1"tJC'tUre particulièn aymt pour fonction essen:tielle la c:onnausancede la m8:tilre. L'ensaable des connaissances que les populations ontde la œtière s' in'têgren:t au sysUme symboliq;ue global et se Te'tTouven:taussi bien dam les philosophies. les iàfologies, les reprisenu'tiOll5religieuses 1tlJe dam les techniques et les relations politi1tlJes. Deplus, ces c:orma..U:sances sent 1 ];a. pcreëe de t.ous, bien que certainesd'entre elles soient dftemJeS par quelques indiVidus COlIlœ c'est. lecu dsza la m6decine et le travail du fer.Q.lant l la manipulation de la matière, elle se fait. aumyen d'un au'tillage simple, 'galement accessible 1 tcus , mais avecdes techniques dont. la silaplicit' n'est. qu'apparente, c.œme on a puIevcdr dam le cas de cueillette et. de l'at'boric:ulture.A l' intêrieurdes cadres d'finis par la division du tnvail, la plupart des techniquessant., elles aussi, ! la port'e de tous les producteurs.


- 73 -~kis.ccmne le: souligne Sahlins (1), cae technologie ne5 1apprfhe:nde pas uniquement l rravers ses propriétés physiques. ElleDe 5 'appTEbende pas non plus par 1& seule accessibilitf desproducteurs ll'outillage et aux techniques. Les produl:teursentutiennent avec les outils un upp:rrt sp!cifique. C'est ce t'a;lP01't,et non point l'outU. qui d'utmine la qualitê hi5torique d'unetedmologie.Or, dazJ.s le 5)"$t_ alll"ic:ole lignager.


- 74 -au meme titre ~ l'activité agr-icote, et qui. entretiennent uncertain nanbre de relations avec elle. Clest de ces relations que ceparag:raphe va nndre c:aapte, lIIlIi.s il importe. auparavant. d' examinerces ac:tivieës , du mins les plus importantes d.' entre elles.:5.2.1. Les auues activ1tEs êc.onaa.isues3.2.1.1. L'artisanatAu premier nng des techniques de transfamatien se situele lllétier du fer qui. est: une ac'tivité masOJline. Au Loango. lelllét&l est extT'lli t seron une lllétl'Jode turiiJœnta1re : deu:li:: cotJC.MSalternées de m:inen.i et de charlxm. de bois caablent un vaste trou creusédans le 901 ; trot autour, des grams sCKJfileu conditionnent l'arrivéede l'air". .En pllYs Nsuncli. !lil semble que des fours plus perfectionnésaient été employf:s pour traiter la létérite" (1). Le bas faLJTne8Uqui vient d'!tre d.krtt ne constitue pas le seul type de faur servantpour l'extTaCtion du œt&l : des haut.s fourneaux sont 6ga.l=entcons'trUits. L'!quipeœnt de la fOt'ge ccmprer:d un marteau, une enclumeet un scufflet en bois à membrane de peau et tu'y'êre, d'argile.Trois outi13 sont présentés CClllDe de fabrication anciennele cQUteau en forme de triangle rectangle, la hache et le petit pilonen fer œa.ssif servant à battre le mine1"3.i chsu:ffé et à façanner lelDII!t&l. La houe. la machette et les umes (lances ~ pointe de fer,en cudvre rouge ou en laiton) semblent 'êere des tutils d'5Ipt"IJnt.D'autres produits de l'art du IDl!tal sont la cloche, les bracetees ,les anneaux et les manilles.Le forget'On, maitre du fer, du feu et de l'eau. créateurdes armes et des outils, est datenteu:r d'un pouvoir qui. l'assimileaux chefs (et il peut être l'un des leurs), ainsi qu'aux prêtres etaux magiciens. L'exercice du métier de forgeron ?ennet donc â certainsmembres de la cOdlllUl18Uté d' accéder ~ un eer-cam nng social. :-1ais le(') - G. llAl.\NDIER. La vie QUOtidienne au Rovaune de Kongo. op. cit . •page 99.


- 7S -rang social n'est pas la condition requise pour ~~rcer ce métiercar "tous les hœlaes libres du clan JX'U'i8.ien.t 5'y livrer. moyennantcert&ÏDfls rtserves li'initiation" (1).Les m6taux sent au premier rang, mais les anisans traitentle=s aa't6riaux les plus variEs. La. terre, sous 1.& forme de l'argile,relM de l'aetivit' des fsmes. La poterie consiste dans la fabriationdes rkipients ml!naaers, de filtres 1 Hl et pces de traitement deseamt sllJDltres. de "erëscrs" cil sont C0n5eT"WS les coquillaaes-monnaie.Le bois, traitê par les sCJ1~eurs. sen à la fabrication des àiveTse,figurines d'usage rituel, _gi~ ou pro'tecteur ; il est employé1 1& ccmiection des ta:m!x:Jurs ; il 5 'ut.i1ise pour fabriquer les pâêcesd'un IlIJbilier nJd.imenui:re ou les objets daDestiques. Les pirogues1llDDQX)"1es, c-esx-ê-dâre d'une seule pUce de bois sont fabriquéesl partir de CertaiDes essences CCllIIDele Kap:ltier, tandis que lesradeaux sont soit des flotteurs faits de ra:phia huile. soit desusemblages plus CClIIlplexes de troncs de palmiers. Les mat'riauxvfgf'tauX. seTVl!l'lt êga1ement .l la confection des maisons. Un clayonagede bois. .l liga;eures faites de lianes, prend çpui sur des piquetsfichEs dans le sol. un. tressage de palmier ou un rl!l:Ç1issage depaille COUVTe cene uma'tUl"e. Les toi'tUres, reposant sur une charpente!fgère. sont en chsl.De. Enfin. les peaux sœmairement t'raides sontd.'1.m .emploi Etendu : peaux- de l60pard pour les sUges du roi et deschefs, pea.lD;: des tamb:Jurs, cuir employ-f CClllDe bouclier, lite.La cüversiU des prcduc.tions artisanales apparaît encoremieux dans le dCJMjne de la vanne-rie et du textile. Les ptêces devannerie sont confectionnEes il partir de lianes ëecrcëee et fenduesil s'agit gênênlement de paniers destinës au portage ou il la miseen 'réserve de certains prcdud'ts . n s'agit aussi d'instruments depêche (paniers spéciaux" nasses) et de nartes qui cons'tdtuent surtout---_._------------------(1) - Ibid. page 98.


- 16 -le lit de c:hacun. Cette activité. c:cmae le tissage parolit surtoutmasculine. excepté la fabrication des nattes qui est du ressort desfll!llll!es. L'art du tissage recau:rt A des fibres vêaê'ta.1es prc:wenantsurtout du palmier raphia, ais aussi d'autTes espèces "'gétalesc:œme le ''nsanda'' (Adanscnia diiitata L et FiOJ! psilopoga). IlpenDet la fabric:ation de divers genres ei'étoffes (vêtements, pagnes,couvertures). de tiuus--lll:lnn&ie. de cordes, de filets et de sacs.3.2.1.2. Le cClllllet'Ce.Les principaux: produits 6cMng!s proviennent de l'artisanatsel, fer J étoffes. peaux trait!es. coquillages A usage de .IDOt1Nlieet de pature. L'6:hBnge se fait soit direcument (tTOC) et concernealors essentiellement le sel, soit par reccu::rs aux espèces ~taires.Dans ce dernier cas, ce sont des petites pièces de fer forgé, puisdes coquillages qui servent de manaie.Les tr3DS8CtiOM 5' effeceuent sur des march6s dont lacréation exige une entente. en'tre chefs wuins. ccnsacrëe par lac:onsœmation de vin de palme et l'6c.hange de cadeaux (1). ~t auxlDl!canismes du cClllllet'Ce. l'khange des bims est canalisé en unesërâe de transaet.ionsëearcaes , impliquant e:xc:.lusi~t des COUplesde partenaires CCIIIIlet't:i..WX. En vertu d'acc:ords pr6alables. lectllllleT'Ce est conçu cœee une relation exclusive avec un partenairespkHique. Les affaires respectives des CŒIlIJDSUtl!s se traitentpar le canal de leurs représentants. La personne qui n'a pas dec:on.trats c:cmoerc.iJwx peut se trouVer dans l'impossibilité d'acquérirce dont il a besoin. et. ce à n'importe quel pr'ix. De mêDe. lem.a.rchandage qui. est pTatique eeceaaee, se prl!sente caame une relationparticularisée entre individus spkifiques, et non c:cnme une libreIIlI!lêe ouverte à tous et 011tous les coups sont 'Per::nis.{il - G. ~'IDŒR. Soc:iolO!ie ac'tUelle de l'.U:'igue noire, op. Cit.,Pâge 34 . Cet auteur aJoute que "1' llUlUgurations'effec:'tUait en présence des c:~:fs amis et de leurs sujets" etque "les lois du lll6T"Ch.é étaient promulguées 50lermellenent àl'occasion d'un repas COllectif", ibid.


- 77 -Les marchés a.insi créés ne sont donc pas compétitifse~ CTfateurs de prix: le but de l'~ra~ion d'fchange n'est pas derecueillir un gain. lié ! l'opéra~ion ene-eêee. Faute d'unecœcœrecce s,m!ttique et .i.nVwse entre ac.heteun ee entre vendeurs,les 6cbanges ne s'intègrent pas d.ans un systi!ml! de marché.3.2.2. L.'articula~ion du systeme aiticole avec l'artisanatet le CCIIIDerce.3.2.2.1. la similitude de l'qrganisation interne.peti~Si les transa.c::tions cŒmeI"tiales ne portent que sur unnaabre de produits, la plupart des besoins étant satîsfaitspar chaom. des pt'Oduc:teurs, on retrouve dans l'artisanat la diversitédes produc:tions et des techni.qlles constatee dans le systême agricole.Mais la diversité n'est pas la seule caractér-Istâque cCllllllJne aJ.C(serccnces "econaauques" ligcagêres. On reerccve égall!!llleTlt la lIILÙtifonctiœmalitédans le coamerce et l'artisanat•.En effet, en ce qui concerne 11art du métal par eJee=ple,certains des produits qui en sont issus panicipent ! l'affirmationdes [appoI"t5 sociaux : ainsi, la Cloche et les bracefets figurentparmi les insignes de la. chefferie, les anneaux et manilles servent! la fois de parure, de t.rësor et de marque e:t:primant l'importanceSOCiale, les natUs, lOTsqu'elles sont teintes, servene ! l'ornementdes maisons nobles et sont plus OU mirLs nQIlbreuses selon le stl'CUt socialdu propriétaire del'habitation.la symbolisation. se rerrœve également dans l'art dumétal: la fabricadon du marteau requiert l'apport d'offrandesaux ancêtres et la mise en action d'esprits spécialisés.~t au COIIIlIette, le fait que la crëaticn de lDarch6ssoit l'apanag-e des cheis correspond â une :IIlUliiestation de puissance,mais aussi à la nécessite d'éta.blir des centres de paci:ication. Lemarché est en ef:fe~ un lieu de paix, un lieu de refuge et d'asile.


- 78Les marçh!s sont aussi des lieux sacres : che: les Bakongo.çfr&l:Jnj,es finales de c:erta.ines mitiations se tenaient sur les lieuxdu aarcht!. de lDlbe que les stances de justice des maires les plusiJIIponantes. l'exkutian des cTi:lai.nels et des accu.ds de sarc.elleriey êiuit accOlIIplie (1). Enfin, le lIIB.t"Ch' crëe un. champ favorable àla diffusion des nouvelles et des influences culturelles. La.signification symbolique. poli'tique et sociale du lIIlIJ'Chê dëpaase doncson ampleur kancmique.les3.2.2.2. La cCIlIDll!mentarid des s~sLes relauœ1$ liant le sysdme agric:ole au reste del'éccru:mi.e ~t 8tn apprEhendles li travers les !changes entreles diverses stnletures et: la division socWe au travail.AIrexception de l'extTaction du minerai utilisêi dans letnvail des ~tauX et de l'argile qui sert pour la poterie, lesmatUres premiares n6cessaires à l'artisanat proviennent de lacueillette et de la chassa et donc: du sysdme lI(t'icole. Lranisana:tfournit l son tour à la chasse, la pêche, la cueillette etl'agriculture les insttuDents n6cessaires li leur acc:omplissement(couteaux, haches. boues, armes, paniers, nasses. cordes, filets.sacs, etc.). Il y a dcmc une liaison forte entre ces deux cat!goriesd'aet:ivitb.La. diVision !IOCiale du traveU vient: confi1'ml!1" ce'rteinterdfpmdatlce. En effet. bien qu'une certaine spécialisationçpa.ra.isse dans quelques productions artisanales exigeant. des qua.litl!sque tout producteur ne saurait posséder. la division du travail n'apas !t! jccssëe jusqu'â l' i..'\:5t:lt\.ttion de "spécialis1:es" se consacrentexc:lusiv=ent au travail des mêtaux. aux ac1:ivit!s textiles ou à lapoterie. Tout au plus, l'actividi agricole pouvait-elle être ~lêguêe ausecond. plan par ces catëgortes de prcdecteurs ,~---------------~-------(1) - G. BAUNDIER, 00. cit., page 3~S


- 79De aime dans le dcJraine du cœaaerce , il n' e.tiste pas SUTles lIIB:rcb6s ainsi formh de 1Dlltthands. L'échange, a l'intl!rieur de lacamnlMUtê villageoise et entre villages, a lieu sans l'inteTVentiende "JPêci.a.listes lIUtODl:llleS" : chaam y est a la fois vendeur etacqufreur.Finalll!!De1lt, l'absence de spk.i.alisatien et la ccmpl!mentaritl!apparaissent carme les principes d('ftljnsn:U d'aniOJlation de l'agricultureet des errres actiVitês 11.carac'têre k.oncmique.Il ressort de l'analySe descriptive des constd'cuarrts du5j'5tême agricole ligna.geT que l'adaptation de l'haune au milieu sefait paT la conception de tedmiques três diveTsifiées. Cette diversitédes techniques. qui va de pair svec la diveTsité des prodlJctions, tient1 la variétE des ëccsvseëœs auxquels elles s'appliquent. mais aussi,CCllŒle en le verra, Al'autencmie relative dont dispose le système quantA leur conception.Il ne s'agit pas stmplement d'une multi~licité des procédésde production. Les techniques utilisêes ne sent simples ni enapparence, ni dans leur ccrrt erar TEel. ~gr6 le carac'têre rudimentai::-ede 1 ~ outillage. le n:ppon que le pt'Oducteur ent'retderrt avec sesinstrunents de production confère iWX techniques une grande cœptexi.të .


- 80 -CeUe cœple:dt6 ca:ract:6rise 6ga.l.eme:nt la plupart des!truetures analys&s, dans la mesure ca. elles sont toutesmltifo:nctioœelles et cœpl6zlmtaires : les divers aspects de lavie se retrQl.lVent: dans çbpnme 4'elles. on peut wiT dans ceeteCCIIIplexité un. faet"-11' de stabilid du syst!me, au même titre quel'intêgratian des connaissances et: des pT'OC!dês techniques. laœn-sëperacdcn du savoir et: du syst:ême religieux. l'êquilibre entreac:tiv1:tês IlI&t'delle, et S)'IlIbolisation.Le syJtèlœ agricole 11iJl8iel" -sans doute cœee la plupartdesêccnaaies sans IIBChinisa- n'est dcD:: pas un syst!me 'Simple fondésur l'empirisDe et: la rccetce, ecame on l'a scuvent prêteDdu. Il restec:~t:.l vtIir ce qu'il ml en des autres traits canctêri5antles êconaDies de subsistanl:es, selon l'ic1êologie minante. ~.: savtlirleur pauvreté. le caraceêre destnrteu::r de leur système techniquema.h aussi l' incapac.ité de ces systêœs secte-cuiturcls â développerles forces pt'Cductives.


- 81 ~Les ecnstituan'tS du S)"Sti!me agricole lignager anal)"5ésau chapitre prfcedent ne prennen;t ll!Ul" signification que si on lesconsidaTe dans le temps, du fait de leur variance et de celle desprincipes qui les articulent. En effet, pendant l'évolution dusysAme. cet-tems de ses principes d'organisation prerment de plusen plus la fonae de l'opposabilité, jusqu'à engendrer descontndictions tendant Il le dëeruâre,Ce chapitre vise essentiell~t l'analyse descontrad.ictions liées au fonctiormeœnt interne du SYSt!me et dessolutions qui ll!Ul" sont apportées. Ces contradictions concernenten premier lieu l'accas aux ressources naturelles; aussi, lapnmi,are section sera-t-elle consacrée au S)"Sti!me foncier. Onexaminen ensuite celles qui se rapportent 1 la reproduction desaunes rappct-ts de production et des forces productives (section Z).Il doit Itre possible, au teme de cette analyse, de dégager larationalité du syst!me (section 3).Il s'agit d'étudie~ les formes et les ~ègles d'accès auxressources naturelles. Ces fOrmes et ces règles apparaissent AdiffêTents niveaux. àétenninés par le fonctionnement du svseêae social.


~ 82 -1. t , ~iveaux à'accb l la terre et stl'UCtura.tion du àomaine foncierLa. plupart des 6'tW.es œnsacrêes aux probl!mes fonciersJU%' notre champ à'ftude saulignent que L'eccês lla terre est lifel l'appartenance familiale et que la localisation des dfversesunit6s familiales d.!temine une distribution partiCJ.1Ure des terresa'PPropriées dans l'espace. Il nous faut doru: analyser la s'trUCtUrefamiliale, d!te1'Uliner l'unité f


- 83 -Branche du cjan, le lignage est fondé SUl' les rapports de parentéstriçtsent entendue et les rapports sociaux de production. Quatreg:raupes principaux.


• 84 -Le village cr::mposite ou hftéTtlgêne, au contraire, estconstitué de plusieurs fragments de lignages appartenant ! desclans difftrents. Il s'agit gên!ra.lement de villages haDogtnesau dIpart. sur lesquels sont venus s'installer des alliés (1) dugroupe lignapr fondateur. A l'intérieur du village, les difffrentsclans repr6sent6s sont dUtin,ps par des qu&nins ou des hameaux(lorsque le village ni est pas c:aIIp8C't) distinCts aymt chacune leurhangar COIIIIII.Dl c:ù se r~sent les hœmes (les "aînés") du lignage.Ce lignage mineur dispo5e d'une ceT'Ume marge d' autonaoie maisconserve des liens de dêpendance et est. so.Dis .. des obligations! l'6gard du chef du lignage ayant fond! le village.1.1.Z. La r!partition des teTTes1. 1.2.1. L'unit' fonc:i!re de baseBien qu'il soit la base de l'organisation sociale, leclan est une unité dâspersëe, tandis que les lignages et sous-lignagesqui le composent ont une localisation. D'autre part, du faitde l'klat~t des groupements. les liens entre les divers fragments~s finissent par se rellcher. La cellule foncière de basene peut donc pas se situer au niveau du clan lII&Je si certains wteursparlent de teTTe classique.Le terroir Villageois ne constitue pas non plus l'unitêfoncière fondalDl!n:tale. En effet, si dans le cas du Villagehaaogtne la rfsidence implique wtonllltiquement l'accès 1 la eerre,les choses difftrent s'agissant du village ccmposite. Dans cedernier cas, les !Dl!IDbres des diff6rents lignages mineUrs constitutifsdu village n'ont eccês 1 la terre et aux ressources qu'elle portequ'avec l'autorisation du chef du lignage fondateur et dans lesconditions fixées par celui-ci. La terre appartient donc au lignagefondateur. avant d'@tTe propriété villageoi.se.(1) ~ Il s'agit de l'allia.nc:e résultant de l'Echange de !~s.


- as •L'analyse cie principes fonciers nous ecrrerera en effetque ctest au niveau du lignage que se détenni.ne l'accês ! la terre.que se dglent lu transactions 5'y ntu.ehant et que s'exerce lecont:'l'Cle du demain. foncier.1.1.2.2. L'imbrication des terresNotonS d.'aboTd que les terres lignagfres cee des limitess'appuyant 8iY1II'lt tout sur les lignes catu:t'elles (bas,,:1n:I. SCIlIlIi!ts,ruisseaux, erc.) . Dans bien des as, \Dl bornage disent ccmpli!teau prfcise la d61imiution naturelle. Ce peuvent être des rêsidusde forge mis en tas ou certains arbres plant's ! cette intention,ou bien. des ~s 8JJX arbres de la fodt Cl).La 1lIÛtiplication des lignages a pau:r ccrrcl.Iadre unedispenion des terres et de 1'habitat. En effet,que l '!c:latementdes ~ts ait des causes êccncmiques (trop forte deœiit! de~tion) OU tfsulte de conflits .l caractère ''purement soc:i.al" J lesdissidents ott mtéTet l " installer loin d.e leur lignage d. 'origine.Cette installation se fait sur des terres prfalablement acquises.soit par le lignage d,'origine, soit par le nouveau groupe ainsiconst.1tuë , ou sur des rer-res appartenant à un autre lignage etsur lesquelles Us acqué1ront ])t'Ogressivsent des droits (2).---_._--(1) - Naus reviendrons SUI' la nature de ces droits.(2) - C'est ce que lllClnt.'rent G. BA<strong>LA</strong>NDIER et G. SAUI"T'ER ! proposdes Bakongo et B. QIII.LJT à propos de la terre Enkou. Dansce dernier as, chaque lignage est maUtialisê dans l'espacepar une forêt qui pene son nara.


- 86 •Dans tous les cas. il en l'buite un mettllmlent et une imbricationdes terres l1gnag!res. cette JJDbriation çparai.5sant surtout aur:ti.YeCl-deS' villages eaaposites (1).1.2. Les principes fonciersI.e pTinc:ipal niveau d'eccês A la terre et aux 1"eSSOU1'Cesayant ~t! dêfini. il convient de voir selon quelles lIDdalithsleffec'tUe cet accès, aussi bien lorsqu'il s'agit d'iDcl.1vidusappllrteœnt 1 l.me œœ unité fonc.i!re que lorsqu 1on est en prtsenc:ed'indiVidus ou de gt'OUplSISnt.s nlevant d'unit!! foncières diff!rentes.Dans la lIItsure cù les prillCipes fonciers IODt dêtermi.Dls par lavaleur d'usage. _15 aussi par la. valeur symbcl1que que lespopulations attachent .1 la terre. un l!XlIIDm'I pr!alable du sta:tutde celle-ci SI impose.1.2. 1. Le s'tat:Ut de la teTTe, .2.1 . t , La teTTe c.œme base matérielle de l'existenceChaque lignage a donc un daoaine cœpnnant un ou plusieurs"terrains" Il ni est ÇI8S nëcessai.re d' in5ister sur le fait que laserre consti'tUe avant tout un ensemble de donnfes kololliques.gêogra;Jhiques et sociales au sein desquelles le groupe lignagerexiste et 1 partir desquelles il pt'Oduit et reproduit les llIJ')"ensutEriels de son existence. De ce point de vue. l'importance dela terre est dêtertlliMe par la valeur d'usage qu'elle reprësentepour les lIIl!!IIbres du groupe lignager. c'est.-ê-dfre par les possibil1t!squ'elle leur offre de satisfaire les besoins soci.alJX. i.ntlividuels(') - Cette délimitation en filigrane. inapparente dans le paysagettpond. selon G. SWITER 1 deux pl"êoc:a.!p8.tions : "Il s'agitd'un cet! d'étayer la possession d'un dcma.ine au moyen designes œtériels qui puissent être opposés 1 toute reveruiicationœl fondée. Mais d'un autre ceeë , le détail du trad ne deitpas êere trop apparent. Le chef du groupement possesseur etl'héritier de ses prérogatives restent les seuls ~ le connaitre.Faute de quoi. la porte serait ouverte aux tentativesd'usurpation". (00. cit. pages 485 et 486)


~ Si -et collectifs, qui se rapportent ici essentielleDent 3 l'autosubsistanceet la. circulation de, producteurs directs.1.2.1.2. La terre cœme support symbolique des groupements.Le caraceêre ~te:minant de la nature éconanique de latette (en tant que myen et objet de production) ne saurait faireoublier ou nfgliger sa nature S')fttbolique. G. BalaMier insisteavec raison .sur les "liens de tOUS ardres exisunt entre le solet les lignages", le eeraeeëre "fondamental" de "la liaiscnaDt::etT'es~teTTe-ligna~" (1). La fixation. au .sol et l'utilisationdu terroir SOIltperçues CClllDe résultallt d'lm contrat pessë entreles ancltns et les "forces gardiennes" de la nature. C'estlWX ancitres (en fait 1 la col1eC'tivit! des premiers occupants) quela. tette a été attribuée par ce cannat. Cette demâêre constitue dece fait un trait d'union entre les vivants et les ser-cs.Si la terre et les ressources qu'elle porte sontCCD::L5i~T6e3 CCllllll!l ml. hérit.a.ge des arcêcres , le lignage ne se limitepas aux gfnératians présentes. L'existence d'une terre li~g~reappara.it dh Icrs cca. le JD:JYeTl d' assurer le d!velappement duliPle, notal!lDent parce que celle-ci constitue la srrccneed'accueil fondaalenule des gfnérations fut:ures.La valeur .S';'llbcHique de la tette apparaît ainsi CCIIIDelite 1 la "prcjectacn dans l'espace de notions abs'tT'llites COIlIDela parenté, la continuité des g&.frat:'ons" (2).(1) - G. BAlANDIER. Sociologie actuelle de l'Afrique xeare, op. cit, p.30S(2) G. SAI..TITER, op. cit., ?lige JE7


- ss -1.2.Z. Les rapports fonciers in~ra-lignagers1.2.2.1. Le caractère collectif de la propriété foncièreLa premi.!re cansfque:nc:e du sta:tut symbolique de la Terreen l'indivisibilitf de la prapriêtê fonci!t'e. Tous les auteursinsistent en effet sur le caractêre clJIIIIII..lnaUt.a.ire de la propriétéde la terre sur notre c..~ d'étude et d'une mani!re gfn6ra.leen Afrique Tropicale. Voyons ce que r8COlNt'e ce principe enexam;mnt britvsent ses fcmdements et les mkanismes de san application.tl faut d'abord. sig;na.ler un p~ COJ15u:tê parG. Sautter (1) et par de naabreux auteurs sut' l'ensemble de l'AfriqueNoire : la pelClulité des lirait" acquis. De noweaux droits peuvents r ê'tablir sur une PJrtion d'espace agricole J peur !'êpondre ! des besoinsqui n'exist.a.ient pas pl"6cédsDen:t. les anciens ne dUparaissen:t paspour autant. Le processus se rëpëeanc , il peut en rfsulter unevéritable acClJllll1ation de prfrogatives émanant d'iDdiVidus oude groupes àiHêrents sur la lIlême eerre. si les droi'ts antérieurementecaserecës ne ,'effacmt pas au profit des droi'tS postêrieurs, cesderniers 5'ajoutent aux: premiers mais eu les refoulant dans la sphèredes droits que l'on qualifie frêquelaDent d' emïnents. c'est-à-direceux qui ne c:caporteD.t pas l'usage ou le eeeerëie effectif de la terre.Oans la mesure cC. l'on peut parler de la per~té desdroits acquis. c:elle~i joue d'abord au bénéfic:e des ancêtrespremiers QÇcupants. Dans ces canditions, indiVidualiser la propriétéde la terre, c'est remettre en question ces droits éminents et rœprepar U. le rapport s)1llbolique qui lie l 'halme et le système social1 la terre (2).(1l - G. SALnrnER, Les structures agraires en .;frigue Trooicale,C.D.U., Paris. 1968.(2) - Il Umporte de preciser que c:e qui reste indiVis, c'est le iro1~de prooriété, la teTTe sur laquelle il porte pouvant ~rês b~en!tre, et 1i est effectivement. partagée, conme le souligne :'01. SORETin "Probjênes fonciers chea les i


- 89 -Ccmnent le principe de la. propriét! collective de la Terres'applique-t-il ? L'unit! foncière de base, avons-nous vu, est la..terre lipgêre p" et 1 1& t8t~ de chaque ligDage se trouve un chef.Jta6ral-.nt le plus 11f: des aWs. On aurait Pl s'attendre l ceque le c:hef de lignqe soit, en tant que représentant dU groupe,le vfritable d!tenteur de la tet-re, En fait, Un'enest rien.Les attribution" du chili sur ce plan se Umitent 1 lm rSle de iestionet l l ' aff i :noat ion de 1& scuveraineté du groupe SUI' la cene c:haqueEau que cela est eëceeeaire.1.2.2.2. Les droits d'usaseLe rOle de gestion exercé par le c:.hef de lignaie senppone 1 l'e:çloitatian de la terre et lies ressources qu'elle porte,Il cœstsee l distribuer aux: diverses unités de production les terresde OJl'CJfe nfcessaires. 1 cont:re;ler l'exploitation de 1 r ensembledes ressources du. fonds, notamnent en ce qui concerne les activitésde d1a.sR (1) et de pêche et le respect des jac.hêres, et min 1trancher les 1i tiges lies aux: droits des individus sur le produitde leur travail.S'agissant des d!'Oits directement liés .1l'exploi'tation,il faut d'abord. souligner que ceœc-ct sant exercés par des étrangersau Ugnale, mais faisan't partie des unids de production. Ensuite.la Terre, en tant que suppon _thiel des cultures, des Jl:'PUlationsanima1es et \'fg.tales, ne fait pas l'objet de droits privatifs. Celaappanît clairement au niveau de la chiUse, de la pêche et de lacueillette où. l'acquisition des espèces vêgëtaâes et animalesse limite qualitativeœrtc et quantitativement aux ncrrœs fi."téespar le chef du lignage proprietaire du lac ou de la portion de forêt.,de savane, OU de fleuve, sans que l'exploitation des ressources aboutisseà l'appiopriation individuelle de ces écosystèmes ou perciesdl écosystème , eae-ce par le chef lui-même.Cl) - En ce qui concerne la chasse, la pêche et la c4eillet!e, le cheide lignage doit être ccnsuleë avant chaque :J.t.i1isat.':on. Ain:si dansle cas de la chasse individuelle, tout cbasseur appartenant aulignage informe le chef qu'il désire partir en brousse et luidemande sa protection rituelle ainsi que celle des ancêtres.


• 90 -Ce p~ne revêtun caractère beaucoup plus ccœtexe ence qui concerne les cultures. QJand untpersome • travaillé sur unePOTt.iaD. de eerre, elle la posskle DCI1 seulement pour la d:ur!ede o.ûnae en cours, mais aussi les suivames. Or le $y3dme deculture. Ctllllle on 1\ a vu, manifeste l'absence d. 'un 'Véritable parcellaireet repose sur la jachère. Les droi't5 de cul'CUre ont dl autant lIIOWteœ.ance l se transfomer en ërercs dffUlitifs que les limites deschamps 5' effacent dès le retour de la j &chère 1 et que souvent. lesvillages se d'placent. ~ lorsque les t'CIII!Imantês sont fixes, lejeu des relations sociales, par la règle de la virilocalitê, obligeles Oll'tivatTices l chan;er de rfsidence. De plus. COIIDele bitTeIIII1"qUeT G. Sautter, "les cultivatrices ne sont lDIême pas tenuesd.'0p6rel dans les limites du daaaine foncier collectif auquel ellesse rattachent" (1).1.2.2.3. Droits individuels et droits colleçtifs.Les droits d'usage ne peuvent donc pas se c:ti.stalliser endroits privatifs et difinitifs, bien ~ les b'n!fic:iaires en soientdes individus.Des droiu individuels existent cependant. Ceux-ciconcernent, non pas le fonds lui-m@me, mais les produits du travailqui y a été inc01'p:)rê. Ainsi. les arbres plant's pAT' lm individuT'estent sa pt'opri'd mime si ce demâer a quitte le village. Demime, en certains lieux, loT'squ'une fenme meurt avant la rëccftede son champ, celui~i ne peut plus êere réccktë (1).La tendance de bien des auteurs 1 tout ramener aucollectif ou ! l'individuel a souvent ccndui't l envisager les droitsindividuels en les opposant il la propri't! collective de la ter-re.L'articulation des deux 'types de


- 91La distinction entre drci't5 individuels et droitsc:ollectifs repose en preeter lieu sur le t'I'tlvail qui engendre lespremiers c:œme on vien't' de le wu, et non pas.. CCIIIDe le penseG. Ssut'teT, sur les fonctions qu 1ils exprilœnt (1). Les f~iansS')'IlIbolique, politique et sociale ne sont pas exercées par le seulcontrele collect.if de la terre. Les produits du travail, objets dedrtli't5 individuels. interviennent l!p1ement. c:œme on le prêcfseraplus loin. dans les activités de symbolisation et, dans lennfon:ement des relatians politiques et sociales. De plus, ces droitso:nt :in!v1tablement endance 1 s'élargir de l'individuel au collectiftoute 1& descendance d'un îndividu hfrite, en rêgï.e gënëraje, desbiens ietssëe par lui. en paniculier des arbres qu'il a plantés.Enfin. l'accès au sol, s'il est individuel, est détel"1lli.n6 avant toutpar l'appartenance lignagare, c'est-l-dire par le collectif.Il faut donc refuser lm DOde de pensée, propre !l'espritocc.i.dental, qui oppJ,H l'ind.1vidu et la collectivité, et considérerque l'opposition des droits individuels et les droits collectifsest. dInIu6e de fondem=1t dans le cas qui nous occupe, ca. les droitsindividuels dépendent des relations sociales de l' ind.i.vidu et deson appanenance 1 un iT01JPe ayant une organisation sociale propre,00 l'individu et le fll"OUPfl sont cœapl6mentaires et indissociables.1.2.3. L'inaliênabilitê de la teTTeL'autte ccaeëcceace du statut S)I1Dbolique de la rer-re,cO'n'Ollaire del'indivisibiliU de la proprUté foro:ii!re, est soninaliénabilité. Celle-ci se définit comme l'impossibilitê de céderdéfinitivement, ! titre gracieux ou œërecx, la terre lignagère.(1) - Cet auteur note en effet que "drcft.s collectifs et dTOitspanaiés expriment des fonctions nettement distinctes. Au. niveaucollectif, le contrOle de la ter-re s'adresse au sol sacrai.tsë,au 5UppOrt de valeurs politiques et sccrafes . Au niveau desexploitations, c'est l'accès au sol cul,:ivable qui es': en cause"(ibid.,-page 136)


- 92 -Bien que la plupart des auteurs s'accordent à prëseneer l'inaliênabilit'de la terre CCllllle l'un des traits essentieb de la eennretTBditiarmelle africaine et o::ua- tm pI"1D:ipe SCIlJffrant de raresexceptions. Us font cependant 'Ut de ventes, locations et donationsde terres. UDe Certaine aliénation de la terre a donc lieu, maisà des condit.ions qu' il faut. préciser.1.".3.1. Exc:lusivisrae et endo-alienationLe priDcipe de l'inali6nabilité de la eerre s'apliquepar le fait que la cession dl!finitive de celle-ci exige l'accord d'unpourcentage a5Set ëfevë de membres du Ugoaie propriEuire. Or leligoage cœporte un nanbre infini. de DIllbres pui.squ'il est fonœ nonseulement des viftnts aW aJSSi dI!:s 1ID'bq1i.smt ea.ncmbre pratiquementillimid. Aussi, même si tous les DIllbres vivants consentent a. cëderla terre, leur pclU1"t:eD.uge â l' indt'ieur du lignage tendra toujoursvers tm•.. 0'00 l'impossibilité de céder la terre aux ëaranger-s,Mais cet exclusivisme ne s'applique qu'aux ërrangers au clan.n ccmvient donc de distinguer l' "exc-aliénatiou" qui ne saurait sedfvelopper qu'en rup'tUre avec toutes les 'trBditions et le sensprofond att.aehll à la propriété de la terre et l' "endo-aliénatian"qui est la vente interne, entre membres d'un lime aan ou la venteaux groupements alliês. Ceder la terre dans les ccnditions del'endo-a.liênatioc. n'est pas la peTdre tout 1 fait, l'aut.orisation deOJltiver n'Etant jamais refusfe aux: gens de lIII!me clan non plus qu'aux.alliês. De plus. le chef de lignage ne peut dëcdder de vendre uneportion de terredr qu' avec l'accord des aut.res rœmbres du lignaie.EnfiD, a:uand bien même toutes les précautions auraient ëtë prises,la cession d'un terTain risque toujours d'être remise en question.L'exclusivisme ne concerne pas que la cession des ter-rea.11 s'applique aussi! l'exploitation de la terre. Tout ë'tranger auligoage, par exemple, doit non secieeene dsmander l'autorisation dechasser ou de pêcher au chef, ;nais il doit être accompagnê par unreprësentarrc de celui-ci c.hargê de le ccntrôâer et de le prctëger.


- 93 -Lorsque des étrangers sont surpris en train de se livrer il la chasse,la pêche ou la cueillette sur une terre qui n'est pas celle deleur lignage, Us sant tenu.s de payer une amende équivalente il unesclave.1.2.3.2. Fmphytéose et donationMalgré la règle de l'ext:lusivisme. on voit sauvents'inst:aller, sur des terres encore inexploitées ou dEjil occupées.des étrangers au clan. Cette installation peut résulter soitd'une conquête militaire, soit d' "arrangeœnt.s" erree chefs.Dans le premier cas, la SOlIllÎ.ssion des hœmes vivant surle territoire conquis n'est jamais totale. La terre ccnc.dse nerecèle pas les ancêtres des nouveaux venus ; pour ceux qui setl"Ol..Nent U, qui détierment ce'rte terre et cant:rOlent sa fertilité,Us demeurent des étrangers. Aussi. les conquérants doivent-ils s'en~"ttre il 1'inter.rention des premiers occupants, solliciter la coopérationrituelle de leur représentant ou de leur "raaître de la terre".Mais la c:onquite militaire n'a lieu que dans de rares casccmpte tenu de l'iDœnsité des terres disponibles sur notre ç.~ d'étude.Le second. cas , par contre. est plus fréquent. L'autorisation estabsoll.Jnen:t nécessaire et doit être demandée clairement, que l'installationait lieu ~titre gracieux ou il tit1"e onéreux. Cette autorisationest d'autTe part, toujours personnelle et temporaire: il la IOOrtdu bénéficiaire (le chef du groupe migrant), les héritiers s'ilsveulent rester sur la terre, doivent la solliCiter de nouveau,Ensuite, les "loyers", car il s'agit généralement dans ce C3.S d'unelocation, sont très variables : ils peuvent aller d'une calebassede vin de palme offerte lors de la passation du contrat ~ lalOOitié dela récolte. ~is il semble bien que ce loyer, quand ilest effet:tif, aille en d.iminuant avec le temps, pour arriver iln'être plus que fictif: le locataire s t intêgre au groupe, il créeson propre lignage, il dev-ient "emphytéote". (1)(1) ~ M. SORET, op. cit., page 146.


- 94 -11 s'agit en effet d'une emphytéose, c'est-à-dire d'un ''Oail quipeut être perpétuel, contre une redevance pratique:nent fictive,l'emphytéote ayant tous les droits et les devoirs du véritablepropriétai.re" (1). Le propriéUire peut cependant revenir sur lecontrat après un juste prëevts,Ici encore, on le voit, la cession n'est pas définitiveet, dans la mesure où s'instaure nécessairenent une "alliance" entrele lignage propriétaire et le groupe locaeaire. il n'y a pasvéri'tablement dépossession. La même logique app8:rdt dans lecas de la "donation" (2), ctesn-ê-dfre la cession sans cont.repartie d'uneportion de terre à des étrangers au clm du groupe propriétaire.cefie-cr n'étant possible que dans.les zones à très faible densité depopulation.Finalement, c'est. l'absence de droits absolus etexclusifs qui. caractérisent les relaüon.s ent.re ind.ividus de mêmegroupe ou de groupes différents en ce qui. concerne l'accès à later-re et aux ressources. N'importe qui. ne peut pas se présentern':ilIIporte où et exiger sa part de terre à cultiver. Mais le droitde culture ne semble être aulle part l'apanage strict de quelquesi.ndividus. des seuls lignages dëtenrecrs , ou descendants des fondateursd'un village, ce qui. ccnfêre une grande souplesse au système foncier.On ne peut plus parler, dans ces conditions, de propriété au sensoccidental du reœe. ~ti.eux: vaut. considérer qu'il Y a souverainetédes lignages sur leurs terres.(lJ -;\. SORET, op. cit., page 148(2) - C. ROBINEAU, op. cit.• page 106


- 9S -~!L02.lç~g~:!...E~tiY!:~L..!~n:!_~_E~H!:!!!:~_!~~!!2!!~~_m!~Peur savoir si le! appdciadons faisant des êconaniesde subsistance des systêmes de pauvreté et de rapine sont fondéesou erronées, il est nécessaire de voir dans quelle mesure les besoinssociaux sont satisfaits dans le systi!me étudié, ce qui revientà 5'Interroger sur sa çapac.id à assurer la reproductionsiJmJltanée des fOl'1:l:JSproc:hJctives et des rappcr-t.s de productionsuivant lesquels ces forces productives sont mises en action.L'hcDme éunt la preatêre des forces produc:tives. nous privilégieronsla nproduction de la force de travail par rapport à celle desautres facteurs de production. Dans la mesure oil l'appuition del'Etat a affecté les contradictions lignagères et donné naissanceà d' autres contradictions. îl nous faudra voir également cœrmentsont satisfaits les besoins soci&ux dans ces conditions.2.1. La -reproduction de la force de travailCelle-ci est d'abord liEe à la satisfaction des besoinsde subsistaJu:e. Mais quand bien :JDêœ ces besoins seradent plei.nmentsatisfaits, le producteur n'a d'existence réelle. et donc nese reproduit que par rapport à l'unité de production et au groupesocial dont il est l'un des membres.Z. 1.1. La subsistanceZ.l • l . 1. La COUV'errure des besoins alimentaiTesLa grande diveTsité des pToductions évoquée plus haut,que ce soit dans le domaine de la cueillette, celui de l'agricultureprepreœnt dite, celui de la cbasse ou enfin celui de la pêche,nous permet d'affinner qu'il ne se pose pas de pTobli!me quantitatifdans l'alimentation.


- 96 -Le c.a.1endrier agricole a révélé deux llJJllIents importantsde récolte. En r!alitê celle-ci est étalée sur toute l'année:les conditians k.ologiques dans notre champ d 'lStude offrant despossibilité.5- de sœcessdcns O1l't1Ir&l.es pezmanentes, il n'est pasrare de voir les récoltes s'effectuer au jour le jour 1au furet a mesure des besoins. lorsque le produit le per.net (ignames etbananes par exemple).Certains auteurs font cependant allusion a une certaine précarâtêde l'équilibre vivrier due au manque de stockage et a une"dangereuse imprévoyance". Mais la place cccupëe par les produitsde OJeillette dans l'alimentation vient compenser la non-


- 97 -2.1.2. La. reproduction des unités de production2.1.2.1. ApprQpriation et affecta'tion du surplusLa plupart des auteurs affirment que les éconœdes desubsisunce sont des systl!mes "foncièrement hostiles à la formationde surpkus" (1). L' analyse du sysdme agricole lignager nous rœrrtrele cant:raire : l.U1e partie des biens pTOduits dans ce systèmeexcède les besoins de susbdatance et ce surplUS jcœ, ccmne on vale vcdr, un role central, dans la reproducttcn du systi!me. Celui-cise présente SOUS la fonDe de biens de conscumation courante(viande provenant de la chasse, poisson, vin de palme, autrespTOduits pl"tJV'eI18nt de la culture) et de biens de prestige (Ivctre,b~tail. auxquels il conviendrait d'ajouter certains produitsartisanaux tels que les houes. les pagnes. les nattes, etc.)Mais ce surplus ne reste pas .1 la disposition de ceuxqui l'cmt produit; il est acc:apa:ré par les chefs des groupespatrilocaux: et virilocaux et par les chefs des lignages. Ainsi.dans les sociétés patrilocales étudiées par P.P. Rey,le chasseurindividuel garde peur lui-même la tête , le cou, l'intestin,l'estaœc des ani.mau:I: abat'tus,Il donnera l son père la poitrine,les filets. les rognons et au chef de lignage le gigot (2).S'agissant de grandes chasses collectives, la tëte, le coeur et uneépallle ou simplSlent une !paule et un gigot découpés d'lm seultenant de chaque bête abattue 50Ilt rëservês au chef du lignagepère (au chef de clan). Pour les grandes pêches au lac ou aubarrage ainsi que pour la cueillette du vin de palme, la roitifde la production revient au chef de clan (3).(1) - Cf. nctaIlllent M. SAHLINS, ~e de pierre, âge d'abondance.L' éconamie des socifUs or1JD.1tives, êditlon GâI1J.lllara, Paris,1976, page 126.(2) - P.P. REY, op. cit., page lOB(3) • Ibid•• paie 1S7


- 9a -En ce qui concerne l'agriculture proprement dite. il y a égalementextorsion de surplus CCIlInele soulignent G. Balandier Cl) etG. Sautter (2). Les àleis des femœs reçoivent une certainequantité de produits agricoles de la part des cultivatrices qu'ellesencadrent, dont une partie est destinée au c.ief de lignage.Lr appiOpriation des biens de COI1SOIIDation courantepermet ai..n5i aux: chefs de subsister sans avoir â fournir le moindretnvail dans le dauaine de la pnxiu.:t.ion agricole et de seconsacrer à d'autres tâches, l'lDtamœnt il certaines activitésartisanales dent les ptoduits sont considérés conme des biensde prestige.Mais même ce dernier type de biens est produit en grandepartie par Les dépendants. En effet, il caté de l'exploitationconcernant les biens de cODSOIIIIIéltion courante. 5 reffec:tue au seindes lignages. un transfert de biens de prestige des dëpendants auxchefs. Il s'agit surtout de l'ivoire, des pagnes, des nattes, dubétail,de cer-tains moyens de pnxIuction (roues par exemple) .•. (3)Quant il l'affectatdcn du surplus , disons d'abord que lesbiens de consamoation courante ne servent pas qu.' il la subsâs'cance deschefs. Ils sont consClllllés également dans les grandes cërëeeraesréunissant plusieurs lignages telles que les chasses et pêc~sconecctves , les retraits de deuil et autres fêtes (4).(1) ~ G. B.AJ...MDIER. Socio1ode actuelle de l'Afrique Nodr-e , op. ctt , p. 331(Z) - G. SMIITER. De l'Atlantique au fleuve Congo. op. cit., page j03(3) - Ce qui ne veut pas dire que l'exploitation soit basée ici sur ladétention des moyens de production. Une fois qu'on leur aattribué le statut de biens de prestige, ces houes sontdéfdnit ivesœrrt retirées de la production et ceâa n'empêche pasles producteurs directs de s'en procurer d'autres.(-1.) La plus importante de ces cérémonies est le '~aki", Ins'tarutionen vigueur che: les balari-bassoundi et qui est souvent associ~eau retrait de deuil. Le malaki consiste pour .es invitésparticipantsà rendre au lignage organisateur du retrait de deuil,un cadeau d'une valeur doublée par rapport à celui qu'ils onteux-mêmes reçus à l'occasion à'un prëcëdent ma1aki tenu chez eux...(suite de la note -l., page suivante.)


- 99 -Certains biens de prest:ige sont thbaurisés en prévision des litiges,d'acquisitions ou de cëréssmi.es mais leur fonction essentielle estde perrœtrrre la ciroùa'tion des feumes et des esclaves. Il s'agitle plus SatNent de biens dotaux, c' esu-ê-dâre de biens intervenantdans la constitu't1Œl de la caupensa"tÏon llI&'t1"imoni.ale donnfe en!change de l'i!pouse reçue. Mais il; penœttent également de seproct.ae'r des esclaves. bien que l'esclavage r!5ulte gêMra.l.emantde canflits guerriers (prisonniers) (J,J, civils.2.1.2.2. Les fondements du pouvoir lignaserLes pt'Qdw:::tetIrS directs sont c1cnc soun:i.s 1 uneexploitation de la part des chefs des groupes patrilocaux et virilocauxet des chefs de ligNges et, on vient de voir que le surplusext.arqué avait pour fonction essentielle la cirçulation des femneset des esclaves. La question qui Vient d'abord 1 l'esprit estcependant ceUe de savoir pourquoi les chefs et, d'une manièregWra1e les "aînés" sont les seuls détenteurs des biens dotAUXet de prestige.A cette question. G. Balandier et P.P. Rey donnent deuxréponses différentes. mais non ccneradtccctres , et, aussi valablesl'une que l'autTe. Peur le premier. les "cadets" se trouvent ensituation d'infériorité, cêderrt le pas en tout et partout. sontSOlIDis 1 des obligations de dUérence et cie prestations vis-à-visdes "aînés" parce que ces derniers sont plus proches d.es ancêtreset donc: du "poi..Dt zéro qui est le IIlClIDeJ1t ces CCIIIlIm1c~nts" (1 J•Suite de la note 4. de la page précédente•.•. L'échange prend ainsi la for.œ d'une c:c:mpétition dans le sensde la déoonstntion de richesse. OÙ la famille qui amêne une autreà quia (quand la seconde n'arrive plus qu'a rendre un contre-donégal. ce qui rcmpt la chaine) affime ainsi publiquement sasupêrioritê, et lie pour longtemps la partie adverse. le profit del'opération s'exprimen surtout en prestage acquis, en capac;itéd'intervention accrue dans les affaires politiques et privées.(1) • G. ~~IER. La vie qootidienne au royaune de Kcug,o,op. cu.• page 250.


• 100 -Pour P.P. Rey, le pouvoir des "aînés" a pour fondement la rëctprccruë(l' k.hange) liant différents lignages et que nous avons évoquéeâ propos de l'exogaœie clanique et du cœeerce, Selon cet !Wteur 1en. dehors des prestactcns réciproques, les groupes locaux. se vouentune violente hostilité (rapt a titre ind.i.viduel ou guerre). Lareproduction ne peut 5' a.cccmplir que 5i l'antagonisme laissela place d'une façon ou d'une autTe à l'échange. C'est la structuremême du procès de reproduction qui implique cette nansformation de l'unen l'autre et qui détermine l'ainl! CODDetransformation.opérateur de cetteDe ces deux rëpcnses , on retiendra que du fait de leurexpërterce, les "aînés" sont les seuls à polNOir transférer. dans. toutes les sociétés lignagères, les biens de prestige, les hœmeset les feumes d'un ,Jl"OUpO à. lm. autre ; ils 50IIt donc les seuls âpavair dépasser l'hostilité entre les groupes locaux. et la transfonneren son contraire, la réciprocité.~isce n ' est pas là l'unique fond.e:Dent du pouvoir desçhefs et des "aînés". n faut également tenir çampte du rôlejoué par ces dentiers dans le daDaine foru;ier et dans les procèsde production imlIedia'tS. En effet. le pouvoir des chefs etdes "aïnës" repose en partie sur le fait qu'ils sont seuls capables,grke à la c:onnausal1I:e qu'ilscne du droit coutaeuer, d' ha:l'moniserles relatians entre tnE9bres d'un mèDe groupe et entre nmbresde groupes différents dans l'exploitation de la terre etdes 'ressources qu' elle porte. En outre, parce qu'ils sont plusproches des ancêtres considérés CClllDe les forces gardiennes de lanature. les "aînés" sont les seuls à pouvoir maitriser. grâceaux activités de symbolisation, les puissances immatérielles quicontrôlent les réalités matérielles que les membres du groupes reEorcent de s' apprcpt-ter .


- 101 --1.i\ins1, le pouvoir des chefs et des "aïnës" reposerait surles deux éléments suivants : meilleure connaissance des règles defoncti~t du système social et plus grande aptimde à maîcriserles réalités UD=atfrielles conditionnant la production. Ces deuxfondeœnts du pouvoir lignageT ont .1 la fois un contenu politique.un contenu konaaique et un contenu. S)'tIl.bolique. En effet, latl"aMifomation de l'hostilité en rëctprccttë suppose non seulementl'êc.hange de biens ëcceœdqces, mais le 'transfert; des biens deprestige, des hamles et des faomes d'un groupe à un autre s-accompagnetoujours de l'accauplisseumt de certains rites ide meme,les activi.tfs de $}1Dbolisatîon visant la ma1trise des;uissances inYisihles constituent souvent un IIPDen:t du procès deproduc:"tion. et les rituels agraires sont un mayen et une fomede consolidation


- 10Z -L'intensitê et la durée de lr~~loitation ne sont cependantpas les JDêmes pour l'ensemble des dépendants d'un lignage. UnhaIme peut, grâce au mariage. pa.r.reni.r il un minim.Jm d' indépendance.~s par la sui.te de puissance s'il s'agit d'un hoIlme libre. Parcontre. il l'exception d'un petd't nanbre de faJmes qui devierment chefsdes femoes il l'intêrieur des unftës de production et d'esclaves quiaccèdent il la chefferie, ces deu:I: catëgordes d'individus restentsoumises il l'exploitation ~te leur vie, les femmes il cause dela place que leur assigne la division sexuelle des tâches et lesesclaves parce qu'ils servent. de madn-dtoecvre il tout faire.Donc, les femmes et les esclaves constituent la couche socialela plus exploitée. Cette exploitation est d'au~t plus ùuportantequ'ils appartierment il des lignages de faible volume. Cependant.le surplus extorquê Jen penoetunt la régulation des lignages.assure la reproduction des uni.tës de production et la mise envaleur de la terre lignagère.2.2. La reproduction des autres facteurs de productionLes myens de production se repT'Oduisent en général sansgrosse diffioJ1.té. On a signalé que le fatt que certains d' entre euxfigurent parmi les biens do'taux (hcues par exemple) ne les rend pas~cessibles pour les producteurs qui conservent la possibilit~d'en fabriquer ou de s'en procurer d'auu"es. Par contre, lareprcœct.Icn des techndques et des écosystèmes sur lesquels elless' appliquen't rencontre quelques obs tacfes qu'il nous faut examiner.avant de voir conmen't ils sont 5Urmnt~s.2.2.1. La reproduction des 'teclmiCW!s2.2.1.1. La 'transmission des connaissances et du savoir-faireDe même qu'il n'y a dans le ~'tème agricole lignageraucune structure particulière visan't essentiellement la connaissancede la matière, il n'y a pas non plus de structure ayant pourattribution principale la transmission des connaissances et dusavoir-faire.


- 103 -Celle-ci se fait généralement pendant les actes quotidiens deproduction. Ainsi, en ce qui concerne Ilagriculture, la fonna:tion desjeuAes çultivatrices se fait,sur les chsraps et est assurëe par les-.s:n...·et surtout par les chefs des femœs. De leur côtë, les"aînés" apprennent aux jeunes garçons les teclmiques de dêbroussaillage,de chasse et de pêche,Il existe c.ependant des ëprerres d'înitiation que lesadOlescents .subissent lo:r$Q1J'i1s arrivent A l'lge de la puberté. Lesjeunes garçons quittent leur village et vont s' installer pourquelques mis acprës d'lm parent qui leur fera SUbir une sortede suge au cours duquel ils apprendront! exercer la :;üupart destiches de produc.tion que la division sexuelle du trnvail réserveaux I1cmues; mais Us apprendront ,nn-tout A connaît-re les pTOpTi~tésde c.hac1m des ccnstdtuants de leur environnement matériel. Çuan:t auxfilles. elles demeurent dans leur village d'origine mais viventseparees des autre:i membres de la cc:mmmsllté villageoise et reçoiventde la part de leur mère et des autres "aînées" les enseignf!lleflts relatifs! leur condition de productrice' et de future épouse.2.2.1.2. Système agricole et densité de populationLes méanismes décrits plus l1aut (circulation des ienmeset des esclaves) nassurent pas toujours la régulation des lignages.Il arrive SQ\Mmt. en effet, qtJ2!du fait d'une augmentahon de la population.le lignage se segmente, le groupe dissident allant s' installersur une nouvelle tet-re (1).(1) - La se~tation des lignages peut également être ~tée à laconcur-rence que se Hvrent les "aînés" quant au contrôle de lacirculation des fermes et des esclaves et aux pri.viUges quece contrôle leuT donne. Cependant. pour qu 'un aîné puisseconstituer un lignage indEpendan't il lui faut tm nombresuffisant de producteurs pour exploiter la nouvelle terre,c' ese-ê-drre qu'il faut. que son lignage ait atteint un volumetrès important.


- 104 •Il arrive également qu'au lieu de se segmenter, le lignage, lacœm.mauté villageoise, voire le clan tout entier émigre (1).L'émigration d'uœ partie ou. de. la totalité du groupe lignagern'a jamais conduit l la genèse d 'un eurre systême agricole : lemode de prcductdcn au sens strict et au sens large demeure le même.Cependant, malgré l'imDensité des terres dispc:mibles sur netre champd'étude, l'émigration n'est pas toujours possible. Il est intéressantde savoir cœsene le système se cauporte en pareil cas. On va le voiren examinant les principaux traits de l'agriculture Koukouya étudiéepal' B. Guillot.Le plateau 1Coukouya, ail se situe la Terre Enkou. est. leplus petit des quatre plateaux BaU:kf situés au Nord de Bl"azaville.Cette région aux sols constitués de ltpons sablo-argileux, estdœünëe topop-a:phiquement par l'opposition p1ateaux-eollines. Laperméabilité du sous-sol gréseux a pour ccœëœeece l'absencede rdvïêres , malgré l'abondance des précipitations (plus de 2 ID depluies par an). La végétation est IDB.7'quêe par la prédallinanc:e de lasavane lUe à l'mstence d'une saison sèche de quatre mis(de juin à septembre). Le plateau Koukcuya est un îlot de forte densitéde population (33 h/'kml) au milieu d'un vaste dëset-t humain (2 h/kmZpour l'ensemble de la région) (2). Cette forte densit.é de populationest souvent impltêe à l'allure de refuge donnée par le plateau,"bastion oature1 admirablement dê:1imité, facile .t occuper et facileA dl!fendre". en(1) • Certaines tradit.ions orales, ccnme celles dea gens de ~angu(L'une des provinces du royau:nc de Kon!fJ), rapportent leurspremêres migrations au manque de terres pour les cultures. àune insuffisance de vivres résultant d 'une trop forte pressiondémographique. En 1774, les missionaires établis dans le royaumede Kakongo signalaient la présence d'une "colonie" de quatremille Basolongo. tribu venue de la province de Soya en raison dusurpeuplement de cette derniêre. (cf. G. BA<strong>LA</strong>NCIER, La vieQUOtidienne au royaume de Kongo, op. cit., page 151).(2) La densité sur la TerTe Enkou s'êlêve à 37h/km Z)(3) B. GUILLOT, op. cit., page 2:


- 105 -Tenue d'assurer la subsistance d'une population dense.le sYstème agricole lignager. également ~ vigueur ici. s'est résolul JlIXii.fier certaines de ses stnx:tures J notazllDlmt les tecJm.iquesde prêparatian et de fertilisation des champs. lA distTibutiondes champs et des cultures dans le temps et dans l'espace.CCIIIDe on l'a signalé plus haut. B. Guillot distingue quarretypes de c:hamp sur la Terre Enkou, à côté des jardins de case et de laceinture d1arbTes fruitiers qu'on peut observer- dans chaque village.Il 51 agit en premier lieu des c:hamps bibucmJ effectués dans l!! butd'obtenir rapidement une récOlte après la saison sèche. Les solssont c.!IJisis en fonction de leur fertilitê et de leur proximité deshameaux.. La proximité ccnstaeue , selon B. Guillot, l'un de leurscaractères les plus marqul!s J et presque aucun d' entre eux n'estA plus de 1500 IDdes lieux habités. Ils sont souvent beaucoup plwprccbes , la tD::JYeIU1.8 se situant entre SOO et 800 m. Plus près ils risquentd'eue dévastés par les animaux domestiques et plus loin la dépense detemps lm eriëes et venues est trop impJrtante pour des surfaces aussiexiguês. QJant aux façons culturales. le c:hamp, qui a d'abord étéincendié, est dëbarrassë des cœœes et herbes de repousse. Ce travailest fait A la petite boue, vieille, toute usée et légère. Les herbessont mises en tas au centre de la parcelle. Le labour est effectué àla grande houe qui œsure 2S an sur 22 lorsqu'elle est neuve, Oneawene:.e au centre pour finir à 1 t extérieur. et un fossé de drainageest ainsi c:on.sti'tUé" Les tas d' herbe sont recouver-ts de terre et on 'fIDet le feu ; l'ensemble brOle lentement et la terre est proprementcaïcmêe, prenant cre teinte rouge brique caraccërastccue. Les buttesécobuées reçoivent quelques temps plus tard des oignons, des c:ourges,quelques pieds d'oseille et d'épinards (1). Le sarclage a lieu unmois et demi â deux mois plus tard, et; il est fait à la main ou àpetdte houe. Les herbes sont ptacëes dans les fossés séparant chaqueparcelle, ou mises en petits tas au bord du chmnp. Aprês la rëcctce,le c:hamp est laissé tel quel mais les iéc:hets sont mis en tas siune seconde c:ulture est prévue. Du fait de leur e:


- 106 -B. Guillot distingue ensuite les champs bipa, beaucoupplus ëtctgnës des hameaux, mieux groupés dans l'espace en blocs deparcelles bien.. crdentëes, Les cpërardcns culturales eœmencent sur ceschampsaprês la plantation des bibuanœet s' ëtendent sur deuxmois environ. Le travail est mené collectivement, au sein des bula,groupes de travail réunissant cinq il dix feumes se répartIssant latâche. avec à leur tête un chef de groupe, personne connue pour sasagesse et sa grande expérience. Chaque ferme choisit elle-mènesa parcelle, suivant différents cri.têres comne le temps de jachère,et surtout l'allure de la vêgétatian. Le travail est fait successivementsur chaque parcelle, ou simultanément sur quatre ou cinq accolées.L'emplacementa été prëatebreœnt incendâëe et les herbes derepousse sont coupées et mises A sëcher A llJême le sol qui a étéégalisé. Deux ou trois jours après les herbes sont enlevées pourne pas gêner le Jabour, qui cOIIIIIeIlCe aussf.tôt, Auparavant, le champest mesuré il l'aide de bâtons en pétiole de palmier et la part dechaque fenne soigneusement jatonoëe. Chacune a la charge d'unebande de terrain de la largeur chJ bâton et son travail est tenninélorsqu'elle a atteint ltautre bout de la parcelle. Lapropriêtairedu champ se voit assigner une part mins importante car il luiincombe de faire les buttes d'écobuage et de préparer les emplacerœntssur lesquels on plantera les bananiers. Les buttes ëccbuëes , quipeuvent être construites longtemps après le labour, portent desoignons, des courges. des calebasses et des épdnerds , Les bananierssont plantés au centre de la parcelle et en ligne sur de petits tasde cendres. Le reste du champ est pl.antë de voandzou. Le sarclage estpratiqué i.ndividuellanent, ou A deux: ou trois personnes, A la mainouà la petite houe. Les herbes sont rejetées A la périphérie,ou mises au pied des bananiers. Un seul suffit généralement, maisil peut être doublé parfois d'un second juste avant la récolte quifait généralement l'objet d'un travail collectif mais rœmsrigoureusement organisé.


- 107 -, .Le troisième type est constitué par les champs manzara dontle défr-icherœnt effectué en saison sèche (août) , ou plus sorventl- partir du 1s.- d!cembre .. se caractér-ise par lDl' enfouissement·sysdmatique de la savane en vert. Les herbes les plus encombrantessont coupées et étalées 11 l'emplacement du futur billon.Celui-ci est aussitôt construit, la femme avançant en ligne.Des IIIOttes de ter-re sont prëjevëes de chaque côeë et retournéessur 15 à 20 en de hauteur. Lorsque ce premier travail est achevé,les billons sont rechargés et augmentés. Ces billons ne sont pasrigoureusement rectilignes, mais toujours parallèles, et restentnol'1lla1e:ment indifférents 11 la pente. &.u- leur semoet on sêaedes graines de courges, diverses variétés d'ignames. La récolte descourges dure toute la saison sèche. et seules les graines sontramassées. Une autre cucurbitacêe (citmllus vulgaris, Schr'ad) ,dont seules les graines sont utilisées y est également plantée.Enfin, les mabVl.Wa constituent le dernier type de champ.L'opêratdon essentielle est ici la construction des buttes. LeschauDes sont d' abord coupés à la houe. au niveau des racines, defaçoo à constituer de grandes eottes plates. qu' on laisse séchersur place. On en dispose ensuite une partie en tas à plat sur le sol,herbe en dessus. Lorsqu'une hauteur suffisante est atteinte (70 à BO an),on les enveloppe avec les mttes restantes. plaquées sur le bord. herbeil l'intErieur. Avant de reccuvrrr le sœeet, on met le feu en plusieursendroits. L'ensemble est alors fermé vers le haut de façon ilassurer une lente combustion interne. Le feu couve trê's longtempset la butte s'effondre peu il peu, pendant 'es deux tiers de sahauteur. La température interne est très élevée et la ter-reproprement catctnêe, Après combustion, il reste de gros mamelonscylindriques, d'un dtamêtre souvent Imposant (2 J'ft en moyenne à labase), et assez ~levées (30 â 40 cm). On en compte environ 300 ill'hectare. disposés en ligne et distants de ~ il 5 cm entre leslignes, ce qui amène une concentration de la fertilité SUr un dizièmede la surface.


• 108 -Les graines de courges sont aussitôt semées, avec quelques ignameset des épinards. Un sarclage limité au pourtour des buttes.s:cc.ompa.gné d'une 'recharge de cettes-cf... est cpërë avant la rëccree,Les courges sont ouvertes au champ et seules les graines sont emportées.l'enveloppe pourrissant sur place.Quant â la distribution des divers types de champ (1),elle réalise un corupartimentage de l'espace en trois zonesvaguement concentriques. La première comprend quelques petitsmabvuma. presque tous les bibuomoset de vastes territoiresvierges de toute culture ; elle se termine vers 1500 m. EÏ1tre1200 et 2000 m, on rencontre quelques bipa. quelques bibuomo ettous les œnzara ; les mabvuma sont très rares. Plus loin. règnentles bipa et surtout les grands mabvuma. en blocs distincts perdusau milieu des jachères. Cette organisation obéit a deux: contraintesfondamentales : l'influence prédatrice des animaux daDestiques etles exigences des espèces cultivées. Les champs pOrtant les culturesdont les animaux domestiques sont friands sont relégués à lapériphérie du territoire tandis que la partie la plus accessibleest réservée aux cultures à la fois les moins exigeantes -celles quipermettent de revenir plus souvent au même endroit- et les moinssusceptibles d'être attaquées par les animaux domestiques. Cettedistribution peut sc.hêmatiquement être représentée de la façon suivanteCoZOMlonlill. j...,hère(1) - Il faut signaler, en plus des jardins de case, de la ceintured'arbres fruitiers et des quatre types de champ qui viennentd'être évcquês , les champs de forêt tenus par les holIIIIes. Ceux-ciétaient consacrés autrefois â la culture du palmier raphia maisils ne se sont développés que três récemment avec l'introductiondu tabac, culoure purement commerciale et industrielle.


- 109 -Les trois zones distinguées entretiennent un certainnombre de relations. En particulier, une augmentation de la populationobligeant a. une rêduction des tanps de jachère se traduit par uneextension de 2 au cMtriment de .3. D'autre part, il s'effectue untransfert de fertilité des zones 2 et 3 vers 1 et surtout vers leslieux d'habitation, les champs bibUClOO représentant. la techniquede réc:upéTation de ce transfert.L t khelonn.ement des culrures dans le temps se caractériseici par le maintien de la jachère conme JOOdedominant de reconstitutionde la fertilitê des sols. Mats la durée de celle-ci se tr~uvetoujours selon B. Guillot, elle dure de Z a 4 ans sur sols peuréduitedëgradës par la euteure, et de 6 li 8 ans sur sols très dêgradês (1).C'est la. le C4$g~éraL Cependant, lorsque la pression déoographiquese fait plus forte. conme c'est. le cas â KingambW, l'un desvillages de la Terre Enkou, la solution adoptée est le corapartimentagede l'espace en zones réservées â chaque type de champ. Ceci permetde rêdufre encore le temps de jachère et là cù il faut 6 â 8 ansde repos, 5 a. 6 ans peuvent suffire.population au syst~En rësoeë, les problèmes posés par la forte densité deagricole lignager ont été résolus dans lecas Kaukouya par deux rœyens : l'amélioration des techniques defertilisation- notamment par l'utilisat.ion systématique del'enfouissement en vert- et la réorganisation de l'espace agricole.Les principaux résultats ont été la rêduction des temps de jachèreet "d'assurer â la population une nourriture abondante et variée,sans période de soudure critique" (2).(1) - Rappelons que la reconstitution naturelle des sols de savanenécessite 10 ans de jacrëre envi'ron.:(Z) - B. QlILlJJT-;Oji~:-;page lOS


- 110 -D'autre part, il faut noter que cette situation n'apas affecté les l'apports fonciers dans le sens d'un dêvetopperentde' la propriété privée de la terre, ce qui infirme· la ·théot"ie.souvent fomulEe selon laquelle la forte densité de populationserait la cause première de l'appropriation privée de la terreen Afrique Tropicale. Au contraire la forte densité de populationa conduit les Koukouya à diminuer les temps d'occupation deschamps et des jachères, ce qui a rendu de plus en plus impossiblecette appropriation.De plus. cette évolution ne résulte pas d'une transformationde l'ancien mode de production au sens large et n'en a pasengendré d'autre. Les rapports de production antérieurs se sontmaintenus : en partic:u1ier 1 le IIJJde lignager de regroupementdes producteurs fondé sur la circulation des femnes et des esclavessous le contrôle des "aînés" a continué ~ fonctiormer.Enfin. la modification structurale du système ne sIestpas soldée par une dégradation des écosystèmes. Au contraire, letransfert de fertilité vers les lieux d'habitation a favoriséle développement de la ceinture d'arbres fruitiers qui, après ledêplacenent de chaque village devient une vërdtable forêt. La plupartdes auteurs soulignent d'ailleurs cette originalité des Batéké"Créateurs de forêts" (1).Par conséquent, non seulement la reproduction des techniquesest assurée, mais le système se révèle également capable de lesdévelopper, tout en conservant son essence.(1) - A..\UBREVILLE, CIDnatài forêts et désertification de l'.~rigueTropic e, Paris, Larose, 1949.


~ 1il -2.Z.Z. La reproduction des systèmes écologiques'2.Z..2·.1~Techniques ~icoles et risques de dégradation- Odës kôSist s. -Les presuera Européens qui ont débarqué au royaurœ deKongo ont souï.tgaë la fertilité des terres. En effet, notre champd'étude se situe dans la zone tropicale twmide où les conditionsde chaleur et d'humidité favorisent une intense vie bactériologique.Mais en lIIêate temps. ces conditions climatiques constituent undanger JXlU1" le SOl. une fais le couver-t; végétal détnrit , â causeIlOtam:IJeIlt de la très forte insolation et de la Violence des pluies.L'appauvTissement des formations végétales a pour effetde transfomer profondfJœnt le clîmat des sols. L' actdon calorifiqueet photo-chinique des rayons salaires augmente d'intensité,accE!l:llLl3Jlt notamDen.t l'évaporation directe au détriment de latranspiration qui favorisait les précipitations occultes (fortesrcsëes) , tandis que l'absence de couver-ture permet un tassement dusol, un colmatage des pores de ce dernier et surtout lm ruissellementrapide s'exerçant au détrilDent de l'infiltration.La dimiluJtion des ressources en eau qui en résultecemporte dâverses ccesëqeeeces allant du tarissement des sourcesà l'appauvrissement ou, tout au œtns J à la perte de régulari'têdu réseau hydrographique pris il la cClllpramission des conditions'd'existence d'importants peup1enents de poissons.La quantâtë d'eau qui s'abat annuellelllent sur les régionstropicales humides et surtout l' tntenst'tê avec laquelle cette eause prëcdpfte peut engendrer une très farte acetvrrë ërosrve,L'ablation du couvert véa:étal accélère cette activité qui prendla fol'1be d'une érosion verticale ou latérale suivant certainsfacteurs cœee la structure du sol, les karts de température oula pente du terratn,


- 112 -L' ërosdcn verticale correspond 11une élimination versles couches profondes des substances les plus mobiles du sol,substences qui- .s' identifien't fréquemnent avec les' ~l!me:ntsles plus utiles â la'vie v~g~tale (êléments minéraux et organiquessolubles). La phase cruciale du problème rëgressdf de l'érosionverticale correspond 11la destructicn de l'humus, lequel cèdesÎlmJ.1tan&nent devant une puissance accrue de destructionphotochimique par l'insolation directe. et devant une activitémicrobienne énergiquement stimulée.L'érosion latérale en vertu de laquelle les particulesprincipalement insolubles du sol sont arrachées de leur banc d'originePOUT être transportées au loin peut revêtir la forme d'une érosionsuperficielle, durav~t ou de l'érosion éolienne.2.2.2.2. Symbolisme et gestion des écosystèmesLes contradictions écologiques engendrées par le systêeetecJ:mique étudié trouvent leur solution au sein du systême lui-rntême.La régulation des ëcosysrëœs est en effet assurée par l'applicationdes techniques soit du fait de leur nature , soit grâce aux activitésde symbolisation qui accompagnent cette application et en définissentles rœdalItés.Notons d'abord que campte tenu des faibles dimensions dela houe et de la malléabilité du métal qui sert pour sa fabrication.le OJltivateur ne peut effectuer un labour profond qui entraîneraitun lessivage complet du sol. Ensuite. le cultivateur ne se contentepas de la fertilité initiale du sol. Il l'augmente par l'utilisationdt engrafs natureks , de cendres surtout qui constituent pour le solun gain important en sels. En outre. les débris végétaux âcalcinés ou épargnés par le feu se décomposent peu ~peu sousmoitiél'action des bactéries et des agents atmosphériques, contribuantainsi ~ augmenter la couche d'luanis ,


- 113 -~ ,"Lt existence sur un même champ de plusieurs espèces ayantdes cycles végétatifs différents. non seulement Evite la dotation'·unilatéral.e du SOl,. maïs. lui .assune. un couvert persanent durant toutela période d'exploitation du champ. La culture œlangée cOIIIpQT!Cencore d'autres avantages: protection mrtuel.Ie des plantes. racinesopérant à des étages différents, chaque racine expkodtant unniveau précis du sol.L' abandon du champ survient avec son envahissementpar la végétation spontanée et correspond au début de la périodede jac:hêre pendant laquelle la fertilité se reconstitue aux: fraisde la nature, jusqu'à ce que l'agroécosystème revienne à la formationvégétale initiale.Enfin. ce système agricole est la base d'une économie fermêeOU ayant très peu d'échanges avec l'extérieur, son but étant essentiellementvivrier. De ce fait. il se caractérise par un retourimédiat des dêchets à la terre. ceux-cd profitant surtout auxjardins de case. La faiblesse d'un tel prêfêveœnt net est de natureà favoriser la ccnservatdon de la fertilité des sols.Les prccëdës techniques ne permettent pas touj OUl'S ~ enecx-eêœs , de rëscudre les contradictions écologiques nées de leurapplication; c'est alors le symbolisme qui prévient ou rêsoud cescontradictions.Dans la mesure où. la terre et les ressources qu'elle pcrtesont considérées comme un héritage des ancêtres et constituent laprincipale st-ructure d'accueil des gënërations futures , l'appropriationde ces ressources est régie par un certain nombre de principesjuri±ques~ parmi lesquels celui de l'inaliénabilité de la terreévoqué à propos des rapports fonciers joue un rôle de premièreimportance.


- 114 -Le système social exerce en effet un contrôle strict sur lesconditions d'appropriation et d'uti1isat.ion de la terre. Une portionde terre ne peut êrre mise en culeure qu'après un. examen de l'allurede la végétation et de la struc'tUre du sol. En ce qui concernece dernier, le pied doit s'y enfoncer, ce qui suppose qu'une coucheimportante d'humus se soit d!!ij~des champs sont généralement effectués lformée. D'autre part, les dëpieceœnrstemps l'OUI" éviter l'êpuisementccmplet de la fertilid des terres et le temps de jacbêre estrespecté (1).QJant à la cuett.terce, dans la mesure oü cette activiténe joue qu'un rêl.e cCI1Iplêmentaire dans la couverture des besoinsalimentaires et compte tenu du caractère limiti!! des besoinsartisanaux, de la faible denartê de population (lOOins de 1 hab.1m 2dans la zone forestière). des conditions climatiques favorables, onpeut considérer qu'elle a des conséquences écologiques négligeables.Nous croyons cependant que des mesures de prëcautdon garantissantl'équilibre des ëcosyseëœs existent. qui se cristallisentsoit dans les règles régissant cette activit~~soit dans les croyancesque ÈS populations attachent aux: teclui.qJes de cueillette (2).Non seulement les ancêtres disposent d 'une certainepcf.saance, mais la nature apparût CODJllecœposëe d' espritset de "forces gardiennes". L'appropriation des ressources auxbesoins hl.mIains doit donc se faire de façon à ne pas irriter ces"esprits" et ces "forces gardiennes". D'où l'existence de rituelsvisant aussi bien la régulation sociale que jereproducttcn desécosystèmes.('1 - Selon L. DAVIN. "les lois bantoues interdisaient le retour despopulations sur les anciennes terres de culture avant qu'unepêrdcde de cent ans se soit écoulée". Cahiers de l' lSEA.novembre 1962, page 13.(2) - Sous n-avorscrouvë aucune ëtude dëcrdvant de façon dëtaflIëeles techniques de cueillette et faute d'avoir effectué un séjourprolongé dans les villages. il ne nous a pas l!!té pOssible d'étudierles croyances attachées à ces techniques. On nous a cependantsignalé 1 t exfstence d'arbres tabous.


- 115 -, "',- ' •.' !C'est â propos de la chasse et dela pêche que le rô.lerégulateur des actdvrtës de symbolisation sur les écosystèmes.. apparati le mieux. 'En effet" les techndques collectives de chasse et'de pêche cœpot-tent des risques de disparition de certaines espècesanimales. étant donné qu'il s'agit toujours d'empoisonner tous lespoissons d'un lac ou d'une partie de fleuve, OU bien de massa::rertous les animaux se trouvant dans une portion de forêt ou de savane.Ces techniques nécessitant des rites dont l'accomplissement est lefait de personnages particuliers (chef de pêche OU chef de chasse).elles ne peuvent être mises en oeuvre qu' avec leur accord et lenombre d'actes pouvant être ainsi posés se trouve réduit. La pêchedans le lac par exemple ne peut avoir lieu qu'une fois l'an. bien quela reconstitution dela population de poissons ne demande que six lOOis.L'existence d'interdits alimentaires frappant certainescatégories d'animaux: associées il des groupes sociaux déterminés donteUes constituent les emblèmes est également une des façons degérer les ressources 'naturelles et elle est de nature â favoriserla reproduction des systèmes écologiques.2.3. Apparition de l'Etat et reproduction du systèmeLe développement des contradictions sociales a aboutià la formation de l'Etat, c'est-â-dire "d'une autorité permanente.sëperëe de la société et placée au-dessus d'elle" (1) et â lanaissance des royaurtes Kongo, Tëkë et Lcango . L'apparition de l'Etatimplique des fonnes d'organisation sccdc-ëcononüque différentesde celles qui existent dans les sociétés lignagères ou claniques .(1) - J. SURET CANALE, .~ri9ue Noire Occidentale et Centrale,Ed. Sociales, Paris, 1968, tome l, page 126.


- 116 -2.3.1. Les structures étatiquesZ.3.1.1. L'organisation politiqueGeorges Balandier note il propos du royaune de Kongoqu'il est "le produit d'un dosage complexe de t'apports établis surla base de la puissance (dcmination directe ou mise en vassalité)et de t'apports fondés sur les affinités claniques et les alliances" (1).Cette assertion est également vraie pour les royaumes Téké et Loangooù. il la hiérarchie émanant des scuveratns , rëpord , et s'opposed'une certaine sardëre, la hiérarchie éDanant des ancêtres.A la tête de la superstructure étatique se trouve le roi,considéré COlIllle "le maître des hcmnes et des choses" (1) et ayantqualité de juge suprême. ~aisquelle que soit l'étendue des pouvoirsdont peut disposer ce dernier, l'essentiel reste l'appareil dontil est le chef et le symbole. Les pouvoirs royaux s'articulent eneffet, selon des modalités différentes d'un royaume il l'autre, il ceuxdes chefs régnant sur les terres dépendant du royaurœ. Ainsi, lepouvoir politique, centralisé dans les mains du roi, était distinctet. COlmle plaqué sur celui du chef couronné (mfumu mpu) qui est lechef de clan chez les Kongo ou du chef de terre (mfumu an ntsie)chez les Téké. Au royaume de Loango par contre, ce pouvoir égalementcentralisé entre les mains du roi est exercé au niveau de chaque"province" par un représentant du matrilignage royal.Z.3.1 •Z. La nouvelle stratification saçialeL'apparition de l'Etat accompagne celle de l'aristocratiequi en est 1 t instrument et la principale bénéficiaire, au détrimentdes hommes libres et des esclaves.Issue de la "noblesse de tribu". fondée sur la richesseet l'exercice de l'autorité ou résultant de la faveur du souverain,l'aristocratie regroupe trois catégories principales de personnes:(1) - G. BA<strong>LA</strong>NDIER, La vie quotidienne au rovaume de Kongo, op. cit, p. Z06


- 117 -celles qui appartiennent au clan royal et aux familles alliéesil ce clan et qui constituent la ''noblesse de tribu" ; les corps&llilitaires recrutés parmi les haœes libres ou les esclaves désomaisprivilégiés ; les fOnctionnaires qui constituent au sein del'appareil d'Etat l'administration spécialisée assurant la rentrêeet la comptabilité des revenus de l'Etat.Après l'aristocratie, vient la couche des tributaireslibres : c'est l'ensemble des personnes appartenant au groupementethnique dauînant. Ils peuvent posséder des esclaves et sontgénéralement soumis aux obligations militaires mais souventavec des droits restreints.Les esclaves, enfin, sent au bas de la hiérarchie socialeet ce sont les notables qui en détiennent la plus grande partie.2.3.2. Pouvoir étatique et production agTicole2.3.2.1. La subsistanCe des citadinsLa centralisation du pouvoir politique se traduit. auplan de l'occupation de l'espace, par la création d'agglaDérationscaœne Mbanza Kongo. Loango et Mbê, respectivement capitales desroyaumes Kongo , Loango et Têkë, Dans la mesure où ces villesregroupent une population bien plus importante que celle de n'importequel village (1), l'approvisionnement vivrier pose un problème.Bien qu'aucun auteur n'en parle. il a probablement exds té des champsautour des villes, en plus de ceux existant il l'intérieur. Maisceux-ct n'ont certainement pas pemds de nourrir entiêreaent lapopulation des villes, puisqu'en ce qui concerne les capitales situées(1) - DEGRANPRE (Voyage à la côte occidentale d'Afrt6ue, 2 tomes, lï86)notait à propos de la capitâle diî royaume de ango: "BanzeLoango a bien près d'une lieu carrée (1 lieue fait environ 4 Jan),ce qui fait près de quatre lieues de tour; et cependant un aussigrand espace ne renfenne pas au-delà de 500 entourages, contenant\.IDe population d'à peu près 1500 âmes" (rœne L, pages 68-69).


- 118 -sur la cOte, le problème etait résolu par l'échange avec lespopulations œ-L' intérieur (poisson et sel contre noix de palme,ignamesJ bananes, etc••• )2.3.2.2. L'intervention du roi et de ses représentantsaans la piôdûëtîon agricole.Celle-ci se manifeste d'abord au niveau du sous-systèmefoncier. Selon Pigafetta (1), la terre serait la propriété dusouverain qui accorde des droits d'usage a sa guise. W.G.L. Rand1es (2)précise cependant que le principe de l'inaliénabilité de la terrereste en vigueur. En réalité, les attributions foncières du roiet des chefs principaux correspondent a lm droit supérieuréminent sur les terres occupées par les lignages qu'ils contrôlentet a une intervention dans les différends relatifs au droit foncier.Outre cette intervention dans le domaine foncier. le roiet les chefs principaux jouaient également tm rôle important dans lesactivités de symbolisation. Plusieurs auteurs affirment en effetque le roi et ses représentants sont les maîtres de fait des rituelsagraires: ils dirigent les cerémonies marquant l'ouverture du tempsdes travaux agricoles et la recherche de bonnes récoltes, ilsdoivent assurer la protection rituelle du chasseur, etc••.2.3.2.3. Les privilèges aristocratiquesEn contrepartie de leur intervention dans la production,le roi et les chefs principaux devaient prélever une partie duproduit pour leur propre subsistance et exiger des producteurs directstme contribution matérielle a l'entretien de l'Etat. Parfois constituede coquillages-monnaie, le tribut était payé le plus souvent en nature (3).(1) - PlGAFETTA, op. cit.• page 67(2) W.G.L. RANDLES, op. cit, page 68(3) Le Père Laurent de Lucques rapportait a propos du royaume de Kongoque "les chefs de village sont obligés de leur donner (aux. chefsprincipaux) autant de poules. de porcs ou d'autres produits dupays selon leurs moyens" (P. Laurent de Lucques, Relations surle Congo, éd. J. Cuvelier, Bruxelles, 1953, page 113)(Suite de la note 3. page suivante.)


- 119 -Le surplus extorqué pouvaitêtre thésaurisé et servait.éventuellement de myen d'achat P'JUI' se procurer des produitsexordques ou de luxe, des feumes et des esclaves. L'une desconséquences de l'apparition de l'Etat est en effet le développementde la polygamie et œl'esclavage.Les halmes libres doivent des corvées (réparation descases royales, entretien des pistes. etc.) et des redevances (droitsrégaliens payés en ivoire. droits sur les esclaves, péages et autrestaxes) au roi, ou aux familles aristocratiques, ou aux deux à la fois.En conclusion, bien que n'affectant pas véritablementla structure du système agricole. l'apparition de l'Etat. parcequ'elle entraîne un accroissement du monopole des chefs sur lesactivités de symbolisation et de l'exploitation des producteursdirects, notaament des ferœœs et des esclaves, constitue un facteurd'éclatement du système. NêanrooÎJ\S. ces contradictions n'ont paspl, pour des raisons historiques que nous lNLlyserons plus loin,atteindre le seuil dl explosion du système pour donner naissanceà un autre système agricole.Le concept de rationalité déborde largement celuid'efficacité qui est par définition, une comparaison entre un objectifet un moyen nécessaire pour rêaliser cet objectif. L'efficaciténe constitue qu'un cas particulier du critêre de rationalitéou de "cohérence e'trectural.e" Cl).(3) - Suite de la note 3, page précédente.De même, selon les informations recueillies par P.P. Rey à Loango,. "tout producteur devait verser une dîme au roi 1 tous les matins,un envoyé du roi passait à travers la ville et se faisait remettrele "tsimene" J littéralement "petit déjeuner du roi", qui étaitune partie de la production de la veille en sel, poissons, vinsde palme. etc", op. cit., page 263.(l) 6Y. BAREL. Eléments d'analyse de la rationalité collective et essaidl~~licat~on à~a recherche sc~ent~fique et techriique.I.E~.E., Grenoble, 1968, page 46.


- 1.20 -La cohérence structurale suppose. pour un système quiagit conformément à sa rationalité. que l'ensemble de ses structures,soit orienté vers la réalisation d'une fin dominante. C'est doncpar rapport à une telle fin que devra s'apprécier la rationalitédu système agricole Hgnager, tant sur le plan-ntere qu'au niveau dusystème social global.Cependant. la cohérence structurale ne saurait constituer.selon nous. l'unique critère de rationalité. L'homme étant lapremière des composantes du système agricole lignager, corœne de toutsystème social. il conviendra d'apprécier sa rationalité égalementpar rapport à la reproduction (ou l'auto-production) des producteurs.3.1. La rationalité globaleLa rationalité globale de tout système revêt plusieursaspects (économique. techndque, religieux. etc). Il importe doncd'examiner l'ordonnancement des différents types de rationalité.de dégager la rationalité daninante et de préciser la place del'économique dans ce concert de rationalités. Mais auparavant. ilfaut préciser la fin daninante du svseëee qui nous occupe et voirsi on peut parler de cohérence structurale en ce qui le concerne.3.1.1. Fin daninante et cohérence structuraleQue le système agricole soit un sous-ensemble du systèmesocio-économique signifie qu'il Y a correspondance entre finalitéset stratégie d'évolution du premier et celles du second. D'autre part.le système lignager étant une société de classes, sa stratégied'évolution est incarnée par la couche sociale dominante. celleconstituée par les chefs et les "aînés" des lignages. La findominante du système agricole lignager devra donc se saisir à traversla stratégie des chefs de lignages.


- 1Zl -.. -Le surplus extorqué aux producteurs directs a pour fonctionessentielle de permettre la circulation des fermes et des esclaves.Or,·cœme·le note P.P. Rey Cl), cette ci~ation est utilisée parla classe dominante en fonction de deux critères : d'une part, larecherche d'une certaine accumulation de richesses (non pas en vue d'unprofit coame dans le système capitaliste, mais conme manifestation depuissance qui peut entraîner destruction ou consœmation ostentatoire),d'autre part, un groupe de dépendance d'une certaine taille (bornéeinférieureœnt et supérieursent). Tant que le cycle se ferme surlui-mêne, la circulation soit des haJmes, soit des biens estindifférente .1 l'accoenerdcn, puisque les échanges se font entreêquivalents, donc sans ~fice ; la principale source de richessesest donc la quantité d'halmes. Tous les chefs chercheront parconséquent .1 atteindre le max.in:I.mi de dépendants cClllpatible avec unevie sociale hanoonieuse.La richesse en halmes apparaît donc conme la fin dominantedu systême agricole lignager (2). Cependant, les lignages ne peuventpas s'enrichir indéfiniment en hcmnes. de même qu'ils ne peuventse maintenir au dessous d'un certain seuil. En effet, au-delà duncertain volume, la multiplication des conflits internes ou les problèmesliées à l'exploitation de la terre eng.nœ.rtle phënœêne de segmentationévoqué plus haut ; les lignages trop faibles finissent pardâsparaî'rre , faute de pouvoir soutenir la. concurrence des lignagesforts. Finaleœnt, la fin da:linante du système agricole lignager seramène à la recherche d'un optiJllJm dëœgraphâque, c'est-à-direà l'enrichissement du 1ignage en hcmmes jusqu'à un niveau maximumau-delà duquel l'éclatement devient inévitable.(1) - P.P. REY, op. cit., page 94(2) - Les propos recueillis auprès d'un certain nanbre de chefs etaînés delignages dans la région de la Bouenza confirment Cetteassertion. A la question que nous leur posions de savoir quelobjectif ils poursuivaient, tous les chefs interrogés ont donnéla mêDe réponse : "ce que nous cherchons, c'est le développementdu lignage (Kanda) par l'accroissement du nombre de ses membres"...(suite de la note 2. page suivante).


- lZZ -.,. "La fin daninante ayant été dégagée, il 5 1agit maintenantde voir si les diverses structures composant le système agricole. -agriculture proprement dite, cueillette. arboriculture, chasse,pêche, élevage- participent à la rêal.dsatdon de cette fin et quelleplace occupe le systène agricole lignager par rapport aux: structuressociales.Le premier point a déjà été abordé indirectement en analysantl'affectation du surplus. En effet. le surplus alimentaire provenantde l'ensemble des activités du système agricole et consommé lorsdes cérémonies regroupant plusieurs liganges ou leurs représentantscontribue de la sorte au resserrement des alliances grâce auxquellesla circulation des fenmes et des esclaves est possible. Mais à côtêde cette contribution indirecte du surplus alimentaire, certainsproduits provenant de la chasse et de l'élevage participent plusdirectement à cette circulation: ainsi l'ivoire et le bétail quisont non seufeœnt des biens de prestige mais interviennent égalementdans h composition de la dot. On peut donc consddêrer que l'ensembledes structures constituant le système agricole sont plus ou JOOinsorientées vers la réalisation de la fin dominante.En ce qui concerne la place du système agricole par rapportaux autres s rructures sociales, celui-ci ••1: incontestablementla structure daninante non seulement parce qu ril constitue la basede la plupart des activités mais aussi parce qu'il comporte en sonsein l'ensemble des structures représentant les divers aspects de lavie: comme on l'a souligné à maintes reprises, le symbolisme, lepolitique, le juridique s'y retrouvent. Quant aux autres stlUCtures"écOIl.OlDiques", artisanat et ccmmerce notaument, elles lui sontcomplémentaires tout en lui êtant subordonnées. Elles contribuentcertainement davantage. par leur contenu symbolique et par l'affectation(Z) Suite de la note 2, de la page précédente.•• Bien sür, cette fin dominante du système social, unanimement etfacilement avouée, camouflait les véritables desseins des chefslignagers et des "aînés" : la recherche de prestige et de puissance,l'ascendant sur les membres du lignage et le maintien de certainsprivilèges tels que la possibilité de subsister sans avoir à fOurnirle moindre effort.


• 123 -•de leurs produi.ts , à la réaki.satdcn de l'opt:imum démgraphique,mais cetoptimum est recherché d'abord pour la mise en valeuragricple de la terre ~ignagèn avant de l·a:~,re.pourlre:xerçicecaaaerce et de l'artisanat. Néamooins.la cœplémentarid de cesstructures et leur orientat.ion vers la réalisation de la findcarinante nous permettent de conclure à la rationalité de la structureglobale•du3.1.2. Drdormanc9JIe'Ilt. des rationalités et place de l'êconomiqueLe système agricole lignager a donc une rationalité correspondantà la rationalité collective du système social dont il dépend,le systême lignager en L'occur-rence. Le problème qui se pose estcelui du contenu de cette rationalité collective ou fonction depréférence.La fonction de préférence est l'crdcnnanceœnt dediffél'ents types de rationalités (éccnœrique , technique, sociale...)qui S'intègrent les unes aux autres en tant qu'objectifs et. myensl'objectif d'une rationalité devient le rœyen de l'objectif d'unerationalité de rang supérieur. Elle se définit. coume :"- Un ensemble de fins et œ trJjyens dan.inés par l'une deces fins ;". 1.Ul ensemble ail la domination dtune des fins n'a pas étépoussée jusqu'à l'expulsion totale des autres fins quisubsistent CaDDe myens auxiliaires et ccmme finssecondaires et qui peuvent même. le cas échéant. devenirà leur tour la fin daninante" Cl).Cl) - Y. BARa. op. cit.• page 59


- 124 -lors se dëfdnfr CCIIIIleLa fonction de prêférence du système lignager peut dèsune ccmbinaistm de fins et de IIIOyenSdcminée par 'l'une·de·ces fins (l'optiJlull d&Dgraphique) servantd'autres fins auxiliaires (la puissance et le prestige des chefset des etnës) qui peuvent devenir daninantes et marquer la finalitépremière qui les régit néanmoins.Cette définition soulève cependant deux: questions. Enpremier lieu, l'analyse de la dialectique de l'utilitaire et dusymbole a montré que dans le système étudié, la signification detoute action est totale, globale et ne peut atre découpée enaction êconanique et action nco-ëccncntque : le travail, la politique,la religion•.• , sant tous présents dans l'acte. Peut-an. dans cesconditions, parler d'une rationalité daninante, ccmme on a pudégager une fin dominante ?On a vu que la circulation des hl:mmes et des flmllesd'un groupe à l'autre assurait la continuité dans le temps des unitésde production". Ajoutons que la reproduction des unf.tës de productionn'est ici que la conséquence de la mise en oeuvre. par la classedominante, d'une atratëgde visant la reproduction du rapport deproduction détenainant qui l 'o-pose à l'ensemble des dépendants.Doit-on pour autant conclure à une dominance de la rationalité_que? (1)Nous ne le pensons pas. Rien ne prouve , en effet, quel'optinlJln dénDgraphique soit recherché avant tout pour la miseen valeur de la terre lignagère. Les lignages trop faibles finissentcertes par s'effacer, mais les raisons de leur disparition tiennentnoâns à leur incapacité de se procurer les lOOyens de subsistance(1) - Le concept de rationalité économique ne doit pas être compris commeune comparaison entre coût et rendement, ce qui le ramêneraità un calcul d'efficacité. ~us lui donnons le même sens qu'YvesBAREL pour qui "on peut parler de rationalité économique chaquefois qu'une intervention est l'élément nécessaire d'un complexeéconomique d'interventions ou de l'aspect économique d'un complexerm..ù.ti-fonct.icmnel d'interventions" (ibid•• page 38)


- ,2S -qulà leur intégration par soumission aux lignages forts, à partirdu procès d'échange. Le faible volume d'un lignage constitue•certes un obstacle à la réalisation de certains procès de production.mais cette contradiction est résolue grâce aux alliances que celui-cientretient avec d'autres lignages. En ce qui concerne les lignagesforts, ce n'est pas toujours l'impossibilité pour le groupe de seprocurer les biens nécessaires à sa subsistance sur la terre Idgnagêrequi pousse les chefs ! en d:i.mi.m1er le volume puisque. caume on l'avu, le prcbrëee posé par la forte densité de population est résolu,lorsque l'émigration d'une partie ou de l'ensemble du lignage n'estpas possible, par l'amélioration des techniques de prcductdon,Ainsi, dans un cas conme dans l'autre, L'enrfchi.sseeenten hœmes ne répond pas forcément! une nécessité économique. Lastratégie dlévolution du système semble plutôt privilégier la compétitionet les alliances politiques que les lignages entretiennent. Lesrelations politiques primant sur les considérations économiques.il serait mieux indiqué de parler ici d'une dominance de larationalité politique.Quant à la deuxième question qui est celle de la placede l'éconanique dans le fonctionnanent du système. on a déj1l: soulignéqu'il n'existait pas dans le système étudié de s'tructure ëconontccespécialisée. Ajoutons que la production. la circulation et laconsarmation des biens et services ne constituent pas une fin en soi.L'économique n'est ici qu'un moyen pennettant aux producteurs directset à la classe dominante d'assurer leur subsistance. Le but poursuivipar les aînés n'est pas l'accumulation des richesses matériellesmais la puissance et le prestige que procure l'importance du groupede dépendance et que cette aca.anulation accroit. La recherche del'optiImJm démgraphique ne saurait être ccmprise conme le signe d'unedcmi.nance de la rationalité économique. ou d' une priorité accordéeaux valeurs économiques et techniques. Elle confirme certes le caractèredéterminant de L'ëconcutcce, mais celui-ci reste subordonné au politique.


- 126 -3.2. La t'ationalité sur la plan de la reproduction des producteursLe primat accordé jusqu'ici il la reproduction de lastructure globale se justifie certes au regard du mode d'approchequi a été retenu. Mais cela ne doit pas faire oublier que le systèmeétudié n'a de sens que par rapport il ses parties, le procês deproduction social par rapport aux prads de production iltmédiats etles classes sociales par rapport aux individus concrets qui lescomposent. De ce fait. la reproduction des parties a au tœtnsautant d'importance que celle de l'ensemble du système. De mêmeque nous avons privilégié la reproduction de la force de t'ravaiIpar t'apport il celle des autres hct.ur. d. praductian • c Ililit 111reproduction du producteur qui constituera 1_ critère d'ci.ifpour l'appréCiation de la rationalité du système. Cette appréciationse fera en examinant d'abord la nature de ladomination subie parles producteurs puis le contenu du travail agricole et ce que permetce contenu.3.2.1. Exploitation et degré d'assujetissanent des producteursOn a vuque le pcuvotr des aînés reposait essentiellementsur le politique et l'idéologique et non sur l'économique. la productionn'étant qu'un IIJJyen pour renforcer ce pouvodr , Cela se vérifieau niveau de l'organisation du tt'avail : l'intervention de laclasse dominante. des chefs surtout dans les procês de productionimmédiats se limite en effet il l'accomplissement des rites defertilité. de pêche et de chasse. Le volllIle de la production et surtoutcelui du surplus est certes déterminé par les besoins liés à lacirculation des femmes et des esclaves que les ainés contraIent,mais l'intervention de ces derniers dans la production ne va jamaisjusqu'au contrale direct du travail, bien qu'ils ne soient pastotal.eeent indifférents au déroulement de celui-ci. puisqu r ils doiventau moins veiller au respect des équilibres écologiques et des droitsd'usage. Certains de ces prads de production sont en effet dirigéspar les chefs des fenmes dans le cas de l'agriculture. les chefs de


- 127 -chasse OU de pêche. Cependant. le rôte de ces chefs consiste surtout.l apprendre des techniques connue. aux producteuns inexpérimentésoU 'Acoordmmer" Ies- diverses tâches assignées aux indiVidus dansla mise en oeuvre d'une technique collective. Non seulement ces chefsse retrouvent au œœ plan que les autres producteurs une fois letravail teretnë, mais ils ne jouent aucun TÔle particulier ni dans lechoix des techniques. ni dans leur conception.Dans ces conditions. il n'y a pas véritablement contraledirect du travail, que ce soit de la part des aînés au de la partd'indiVidus auxquels on attribue IIDDeIltanément un pouvoirde fonction. On peut donc considérer que l'ensemble des producteursdirects dispose d'une grande marge d' autonanie dans la conception.le choix et l'application des techniques.3.2.2. Contenu du travail et auto-oroduction du producteurlh1.el'exploitation etidée courante est celle qui consiste A crodre queplus précisément le fait que les producteursdirects ne soient pas en mesure de décider du volume et de l'affectationdu surplus qu'ils produisent. dépouille ces derniers de touteautonanie et de tout 1X'1JVOir de contrôle et de décision. On Vientde voir qu'au cont-raire. si dans le système agricole lignager lesproducteurs directs sont effectivement exploités et dœunës , leurassujetissement A la classe daninante n'est pas total.•Dans la mesure où l'absence de contrale direct du travaillaisse aux producteurs une cer-taine marge d'autonomie 1cette dernièrea pour conséquence de donne-r au travail agricole un double corrtemr :il est d'une part une activité instrumentale c'est-à-dire extériorisante,et d'autre part une activité intériorisante. et l'analyse ducontenu des techniques nous a révélé une dorni..nation de la secondesur la première.


- 128 -En effet, ce qui est recherché avant tout dans le systèmeagricole lignager ce sont des bonnes cultivatrices, des bons chasseurs,des bons pêcheurs et, d'une manière- générale des producteurs .il"qualification. multiforme", et non pas de bonnes techniques. bienque le souci d'efficacité n'y soit pas absent. Plus précisément,la qualité des producteurs prime sur celle des techniques, d'oùla place privilégiée accordée à l'activité intériorisante et,l'intériorisation dans la mesure où elle signifie "travail del'individu sur lui-mêDe" (1), permet l'auto-production du producteur.Enfin,l'activité intériorisante est ce qui donnenaissance. depuis dl innaDbrables millEnaires, au savoir-faireincorporé. Possédant ce savoir-faire, les producteurs directsquelque soit leur assujetissement juridique et social disposent d'unecertaine autonomie et d'un certain pcuvotr de contrOle sur lamatière et sur la société.Le système agricole lignager, au tenne de l'analyse desdiverses contradictions liées a. sa dynamique interne, rëvële unegrande capacité dt adaptaticn et c'est le système lui-même quiapparait comme la solution à ses contradictions.En premier lieu, la contradiction principale du systèmequi est "celle entre la fonction détoographique de la circulation deshcmmes et le contrôle de cette circulation par les seuls chefs de·lignage"(Z) est résolue grâce aux relations p:>litiques que ces chefsentretiennent entre eux, pemettant ainsi la reproduction des unitésde production. Au sein de ces unités, la reproduction de la forcede travail est assurée grâce à la diversité des productions, a.(1) Y. BARa, Le rapport humain à la matière, tarne Z. page 412(2) - P.P. REY, op. cit., page 106


- 129 -l'étalement des rëccrtes et à l'abondance des ressources nécessairesil la subsf.stsnce, Il serait par conséquent totalement erroné deomsidêreT une talle éconaai.e CCIIIDe un- système de peirvretê..D'autre pan, la transmission des cormaissances et dusavoir-faire étant assurée, les techniques sont reproduites et,lorsque les circonstances l'exigent (accrodsseaent de la populationou simplement des besoins). il s'avère que ces tedm.iques sontperfectibles. De plus. au départ; de leur ccrcepctcn se crccveun scuci de reproduction des ressources naeuretfes, mais cela nesupprime pas tcus les risques de dégradation de ces ressources. LesCI'OyaJU:es et d'une manière générale le symbolisme viennent pallieraux carences inhérentes aux aspects madriels des techniques,notaoment lorsque ce symbolisme aboutit il l'instauration des règlesjuridiques concernant par exemple les tabous de chasse ou de pêcheet qui sont rigoureusement observées. La reproductdon des éccsystênesse trouve ainsi assurée et on ne peut pas, dans ces conditions,assimiler Ië système agricole lignageret d lune façon généraleles ëcœceres de subsistance à des systèmes de rapine.Enfin, l'ensemble des strcutures caaposant le systêœagricole lignager s'oriente vers la réalisation de l'optÎlIlL.lJl1dénDgraphique qui est la fin dcminante du système. Cette cohérencestrcuturale cœabinée avec la marge dl autonaDie dont disposent lesproducteurs directs quant il la conception, le choix et la miseen oeuvre des techniques, nous permet de conclure li.la rationalitédu système. Mais il ne s'agit pour l'instant que d'une rationalitérelative. non seulement parce qu 1elle concerne un système setrouvant dans des conditions historiques dëterminëes , mais aussiparce que sa preuve ne sera faite qu'une fois démontrée l'irrationalitédu système capitaliste par lequel on s'efforce jusqu'li. ce jourde le remtacer,


- 130 -ŒlAPITRE 3 :Q~c!:I~ QE)~ ~!E)'r QE)~ Q~!E- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - . . - -§T)'ÇllAYE!!S!Oli QU_srsrE:.iE 0Les contradictions analysées au chapitre prëcêdent ainsique les changements intervenus du. fait du développement de cescontradictions ont certes conatItuë une menace pour la surviedu système. mais d 'une manière génërafe, tant que sa diachroniecamprenait uniquement les phênanènes "libres" de l'histoire,cvest-â-dîre des phênanênes qu'il est impossible de rattacher â unelogique de système, l'auto-eonstruction l'a toujours eeportë surl'auto-destruction.La rencontre du système agricole lignager avec d'autressystèmes, ceux en vigueur dans les fonnations éconaniques etsociales eurcpëermes notanme:nt. a pour ccnsëquence une modificationdu rode d'articulation de. sa synchronie et de sa diachronie (1),cette dernière se composant de plus en plus d' êléDents relevantde la logique d'autres systèmes. Ce chapitre a pour objet l'analyseœcette articulation.Les données historiques dont nous disposons font reseonter:E changement du contenu de la diachronie du système à la fin duXV! siècle, lorsque les Portugais débarquent sur la cOte congolaise.La première section tentera de rendre compte de ce changement.(1) - Nous nous référons au couple conceptuel synchronie-diachroniedêfini pal' Y. BARa pour qui "le critère de la synchronie estla confo:nni.tê il la logique du système" et la diachronie "ce qui.dans la vie d'un système relève de la logique d'autres systèmes,ainsi que l'êvènementiel pur et simple". Cf. Y, BARa"Séminaire sur les systèmes sociaux", IREP, Grenoble, 1975-76.


- 131 -La deuxième colonisation eurcpêenne qui interviendraquatre siècles plus tard sera s~out caract~risée par la non-reproductionde -la force de travail et des écosystèmes (section 2), la pénétration_et le dlveloppaqent des rapports marchands capitalistes (section 3).LIintervention des formatians économiques et socialeseuropéennes dans la diachronie du système Kongo coumence véritablementavec 11e:xpédi.tion missionnaire organisée sous l'impulsion deJean II du Portugal au cours de l'aJulée 1490, huit ans après ladécouverte. Elle comprenait des missionnaires, des soldats enames, des paysans, des artisans et quelques fermnes. Troisvaisseaux chargés d'hœmes, d'objets et ornements sacerdotaux, decadeaux et de mat!riaux constituaient la flotte. C'était un modèler&iuit de la société européenne qui se trouvait ainsi exporté,afin de pouvoir façonner la société et la civilisation Kongo àson image. Nous analyserons trois aspects de cette première colonisationl'établissement du christianisme. l'introduction d'espèces animaleset végétales et la création d'un marché extérieur.1.1. La christianisationLrétablissement du christianisme au royaume de Kongos'insère dans le processus de négation des contradictions propresaux fonnations éconaniques d'Europe Occidentale. La résolutiondes problèmes posés par le capitalisme naissant, notamnent ceuxconcernant L'accœaûaticn primitive, nécessitaient en effet laconquête de nouveaux marchés et la disposition des forces de travailaux moindres frais.


- 132 -Dans la mesure où le mode de production daninant dansces formations ëccrcencues et sociales était il cette époque le noiede prodoction féodal, ayant pola' instance daninante l'idéologique sousla forme de la religion, leur domination éconani.que sur d'autresfotmations sociales devait passer par une dcmi.nation idéologique.1.1.1. Mécanismes et significationL' implantation du christianisme repose sur deux élémentsfondamentaux: les croyances des populations et le niveau dedéveloppenent des forces productives. Les missionnaires, du faitde la ccu.leur de leur peau sont assimilés aux parents défunts.D'autre part, ils sont porteurs d'une religion nouvelle, d'autantmieux accueillie, lors du contact, qu'elle parait d'uœextrêmeefficacité : leur richesse relative et leur puissance matérielle entémoignent. Aussi, le christianisme est-il essentiellement adoptéen tant que source depuissance.Les mécan.isrœs d'implantation ont surtout concerné lasubstitution de symboles chrétiens aux fétiches anciens et laconstruction d'églises aux chefs-lieux des provinces. Pigafettarelate la dest'ructdon par le feu des "idoles. diableries, masqueset tous les objets que l'on adorait et tenait pour dieux" (1),des'tructfon effectuée par les souverains à l'instigation des prêtres.Des croix et des images de saints apportées par les portugais sontdistribuées en lieu et place des idoles, des nnages et tous les objetsque le peuple avait auparavant tenus pour sacrés.Cependant, la foi catholique n'a pas entraîné unemodification radicale des croyances et des comportements. Ellen'eut qu'une action superficielle. Plusieurs modifications sonten effet Dnposêes aux symboles chrétiens : association du crucifix,(1) - PIGAFETTA. op. cit., page 97


- 133 -du chapelet et des "idoles de bois". assimilation des statues desaints â ces mêmes idoles ; utilisation de la croix pour renforcerles "fétiches" de chasse , etc. 108 croix devient un des "fétiches"les plus renaJlllés ; ccnfec'tdonnëe en réduction avec des pétioles depalmier, elle sert même de protecteur individuel contre les assautsdes esprdts errants.En quelques années, la première entreprise de christianisationaboutissait â un seet-ëchec, dû pour une part â la tœdica.tédes lOO)'ens dont disposaient les missionnaires ,mais surtout a descauses tenant .11 la conception que les populations avaient decette nouvelle religion.QJe signifiait le christianisme pour les Ba-Kongo ? ~ousavons déjà signalé qu'il fût adopté comme sou~e de puissance, ilconvient de précise-r ce point. D'abord, du fait de l'indissociabilitéde l'utilitaire et du symbole dans le système Kango, la supérioritéteclmique révélée par les divers objets apportés, ne pouvait pourles populations. qu'être directement liée ê la religion desétrangers. Dès lors, l'appropriation de cette technique supposaitla conciliation et la maîtrise préalables des "forces" quiconditionnent sa conception. C'est ce qui explique que les missionnairesaient pu provoquer, sans trop de diffîa..ùtés. la destruction desinstroments de la symbolisation. D'autre part, pour les scuverains,le christianisme est considéré coume un moyen rituel suppl&nentairepour renforcer leur pouvoir -Le pouvoir central surtout-; ils onttenté de l'utiliser cœme un instrument d'unifiCAtion.Finalement, le christianisme n'est pas conçu commeune religion exclusive des vieilles croyances. "il n'imprimeune marque durable que dans la mesure où il peut s'aUIer aux usagestraditionnels" Cl).(1) - G. BA<strong>LA</strong>NCIER, op. cit., page 258


- 134 -1.1.Z. ~esretombées de la christianisationLa première des conséquences de l' implan:tation duchristianisme se situe au niveau politique. La christianisation a eneffet orienté les affrontements et les compétitions internes :les luttes pour le pouvoir, opposent. au moins symboliquement.les "tœdernfstes" qui acceptent et utilisent la foi nouvelle auxdéfenseurs de la tradition.A côté de cette ccnsêquence politique, certainesretombées socfo-êconœaiques affectent plus directement le systèmeagricole. Il en est ami de l'opposition missiormaire il la polygamie.Les missiormaires ont en effet condamné les mariages qui ne tiennentpas compte de la parenté au ptutôt qui reposent SUI elle, (épouseshéritées d'un oncle maternel, épouses choisies par préférence,fille de l'oncle, soeur de la première femme), ils ont pourchasséles "concubines" pour instaurer la IOOnOgamie. En se conformantaux principes chrétiens. les souverains détruisaient de cette manièreles alliances résultant de ces multiples mariages. Or, l'équilibrevulnérable du royaume dépendait de ces relations qui font, de''p.Jissants'' au pouvoir menaçant, des "alliés" du souverain. Lastabilité politique exigeait d'abord une habile politique matr~niale.De plus, nous avons vu que l'agriaùture constituait l'activitéprincipale dans ce système et que la plus grande partie des travaux:agricoles étaient aux mains des fenmes. A cet égard, l'instaurationde la monogamie engendrait une incompatibilité totale entre lepouvoir et le christianisme. Aussi, les missionnaires se sont-ilsheurtés au front uni des honmes et des fenmes (1).(l) - Pigafetta précise â ce sujet que "les femues qui se voyaientséparées de leurs seigneurs, en vertu de la loi chrétienne,prenaient cela peur une injure grave et un affront, etmaudissaient la nouvelle religion" (op. cit., page 86)Ce qui confirme le caractère superficiel de la christianisation.D'ailleurs, l'emprise de l'idéologie dominante dans le systèmeest si forte que les fenmes vont jusqu'à refuser de renoncer àservir leurs époux.


- 135 -iUne autre conséquence concerne l'extorsion du sur-rrevai.l .Les habitants de Xongo devaient en effet assurer 11 leurs dépensl'entretien des prêtres, c'est la raison pour laquelle fut crééun imp6t d'Etat dont la percept.lon relevait de collecteursspëctartsës, Ces prélèvements affectés aux. évêques, 11 leursreprésentants et au clergé servaient 11 se procurer des vivreset 11 acquérir des esclaves pour leur service et leurs plantations.1.2. L'introduction d'espèces nouVelles1.2.1. ~es espèces introduitesPeu après avoir découvert le Congo, les Européens yapportèrent un certain nombre de plantes alimentaires et d'animauXdomestiques venus d'Amérique.Il semble que le mais soit la première plante introduiteau cours de cette preeuêre colonisation. Il a été importé d'AIœriqueen Europe au début du XVIè siècle et les Portugais l'ont ensuiteimplanté en Afrique Centrale. Seuls les Portugais vivant 11 Kangol'ont cultivé pendant plus cl'un siècle et il servad.t 11 nourrirles peres, Son adoption définitive par les populations Kongoreœnte au milieu du MIê siècle.MentiOMé par les anciens auteurs il partir du MIê siècle,le manioc, beaucoup plus profondément que le mais a "révolutdcnnë"l'agriculture lCongo. Il a été importé par les trafiquants d'esclaveset s'adaptant facilement à des sols et à des clUnats différents,inaccessible aux oiseaux dépr~dateurs, il a été très rapidementadopté et s'est substitué progressivement aux anciens alimentsde base, aux vieilles céréales surtout.


- 1>6 -D'autres plantes albDentaires introduites par lesEuropéens sont les haricots américains (phascolus vulgaris et pahscolusluna.tus), la patate douce, l'ananas, le goyavier, le cocotier, lacanne à sucre, l'arachide, le tabac. la vigne et les agrumes.Signalons enfin l'introduction d'animaux danestiques ccmme lechat, le canard de Barbarie, la dinde, l'oie et le pigeon.1.2.2. L'adaptation du systèmeLes transformations imposées au système agricole par1 r adoption de ces espèces sont d'une telle importance que certainsauteurs n'ont pas hésité â parler de révolution agricole Cl),en prêcisant toutefois que cette révolution concernait moins lestechniques que les espèces cultivées. Nous CTO)'tlIlS cependant quesi on peut parler de révolution agricole dans le cas qui nousoccupe, celle-ci concerne autant les espèces cultivées que lestEdniques.QJ' impliquait en effet 11introduction massive d'espècesvegetales nouvelles? D'abord une mdification de l'agencementdes cultures dans l'espace et dans le temps: si certaines espècesont remplace quelques espèces locales dans les assolements (2)-sans aller d'ailleurs JUSqu 1 à l'exclusion totale de ces dernièresl'adoptionde la plupart d'entre elles ~sait la conceptionde nouvelles associations. La deuxième implication se rapporte auxméthodes culturales. Bien que les caractéristiques écologiques deleur milieu d'origine soient assez proches de celles de noue champd'étude, l'adoption de ces espèces nécessitait nëaramins uneccnnadssance assez précise de leur écologie :il fallait notamment(1) - Cf. Auguste OiEVALIER : A~jlculture Coloniale, origines et évolutions,P..F., Paris, 1949.Cf. aussi G. BA<strong>LA</strong>NDI:rn et W.G.L. RANDLE.5. op. cat,(2) - Ainsi l'arachide a pris la place qu'occupait dans les assolementsle voandzou, le manioc celle de l'igname, le mai.s celle du milletblanc, etc ,


- 137 -identifier le sol qui convenait ~ chacune des plantes et observerpendant une période plus ou 1IlOÎIlS longue leur cycle vêgétatif.1)e-. plus, des changements pouvaient être apportés aux tecbrriquesde prëparatdcn des champs, de mise en terre, d'entretien et derécolte. L'adoption d'espèces nouvelles a donc entraîné bien plusqu'une simple IOOdi.fication du systèDe cuirurai, c'est une véritabletransfonnation qui a été opérée.La substitution des espèces ÛDpOrtées ~ certainescultures locales a entrainé un changement des habi'tUdes alimentaires.On est passé par exemple de la consommation de céréales ~celledu manioc prëperë, devenu avec la banane-plantin. la base de lanourriro:re quotidienne. Facile de culture cœme de conservation,le manioc assure â bon compte la sécurité aliJl!entaire. mais saconsCllllllltion préférentielle provoque un certain nanbre de maladiesde carence dont la plus fréquente est le Kwashiorkor. Si l'ontient ca:apte de la foule de cultures introduites en même te:ups que lemanioc et du fait que la substitution des cultures nouvelles auxcultures locales n'est pas allée jusqu' i! l'exclusion des anctennescultures. on peut considérer quel'accroissement de diversité quien résulte permet le maintien et peut-être même améliore l'équilibrealimentaire tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif.Selon Bernard Kayser(1). l'introduction du manioc a euJD.Il" conséquence une dégradation du svseëne de culture. A cause de soncycle végétatif très long (6 i! 24 mis) et de l'étalement de sar&olte (jusqu'à 5 ans), les populations. selon cet auteur, onteu tendance! prolonger le temps d'occupation du sol. La périodede jachère a donc diminué tandis que s'allongeaient les successionsculturales.(1) - B. KAYSER. op. cit., page 86


- 138 -Cette affirmation nous apparaît comme une simplificationde ce quIa pU être la réalitê lorsque le manioc a êtê introduit.Il faut. Anotre avis, tenir campee du fait que les successionsculturales ne se font pas au hasard et consddêrer que dans cesystème A pr~ce polyculturale Jla diversification croissantedes espêces cultivées signifie la mise sur pied d'associationsculturales de plus en plus cœptexes, Or, cœme nous l'avons vuplus haut. plus un systême est cœptexe , plus sa capacf.tê d'adaptationet donc d' autoreproduc:tion est grande, Il Y a donc lieu de croireque malgré les inconvénients que prêserrtai.t L' introduction du maniocet d'autres plantes. le svseëœ de culture a évolué vers unnouvel équilibre. (1)A 'travers l'adoption d' espêces importées, c ' est donc unegrande part du savoir-être, du savoir-faire et du savoir-gérerdu cultivateur qui se trouve profondéœnt transformée. La révolutionmentiormée par les divers auteurs et qui se dêroule a1,1% XVIi! etXVIIè siècles est donc bien une révolution des techniques agricoles,même si celle-ci ne concerne pas l'envirolUlement eatërfe.l(équipements, outils, matières, terre) et immatériel (rapportsfonciers, croyances) de ces techniques.Sê8nlOOÎllS, l'introduction d'espèces nouvelles ne menacenullement la survie du systèlœ agricole. Grâce A ses principesd'organisation, notanment parce que le systèlœ de cul.ture reposesur la cul.ture mélangée, il parvient A assimiler assez facilementles êlêments venus de l'extérieur et maîtrise parfaitement lestransfomations dues à cette perturbation.(1) - En fait, si le dëvetocçeeent de la culture du manioc et ladêgradation des systèmes culruraux sont des phénomênes réels,la relation causale qui les lie est en sens inverse de celuique lui donne Bernard Kayser. Nous verrons plus loin quec'est plutôt la dêgradation des écosystèmes et du systèmeagricole due au dêveloppement des rapports marchandscapitalistes qui pousse les paysans à se consacrer de plusen plus à la culture du manioc.


~ 139 -1.3. Vinstauration de l'êconomie de traiteLe but de la christianisation était, ccmne an l'a vu, lamodification radicale des croyances et des cauportements despop.ùatians. Ce conditionnement idêologique n't!tait pas une finen soi, elle ne constituait qu'un moyen pour atteindre une fin deTang supérieur : la pénétration et la damination ëccrcatcces,Les pcrtugata ont en effet créé un puissant marché extérieur,l'économie de traite trouve l~san origine. Celle-ci se définitg~ral~t cœme ''une ëconœde caractêrâsëe par la spécialisationde producteurs paysans dans les cultures d'exportation êchengéeacontre des produits manufacturés, les maisons de carmerce colonialesaccaparant le contTOle des échangea dans les deux sens". Cettedéfinition est insuffisante car si les maisons coloniales exercentun IOOnopole apparent -Ies pcrtugafs imposent en effet les règlesdu meTCantilisme dans notre cas- le capital pénètre et cOlIl:nEUlde leprocessus productif, imposant au producteur la nature des productionset la maniêre dant il doit produire.Cette définition de la traite pourrait faire croireque l'échange ne concerne que les produits provenant de l'agricultureet des activités qui lui sont directement liées. Il faut cependantdistinguer deux. types de traite dans la mesure CO pendant une trèslongue période (du XVIè au XIXê siècle), le premier objet du traficest l'esclave destiné â l'exportation. Ce n'est en effet que vers lafin du XIXè siècle que la traite des produits deviendra dominante.1.3.1. La traite des esclaves1.3.1.1. Mécanismes et t!volutionLe cceeerce des esclaves s 1 insère dans le cadre desprocédés d'acCl.llD.l1ation primitive du capital en Europe et en Amérique.Il s'agissait en effet pour les capitalistes de se procurer le plusgrand nanbre de "bras" devant fonctionner dans les plantations d'Amérique~~!!L~!'2!~!:_~~_S!!Y!!LÉ2!cée" . (1)(1) - H. BABASSANA., op. cit., page 14


- 140 -Ces causes externes, liées au fonctiormement du nodede production capitaJ. iste (M.P. C.), viennent se greffer sur d'autrescauses tenant A la. nature du système étudié. Le trafic négrier, eneffet, fournissait aux chefs lignagers l'occasion de se dëbarasserdes sujets indésirables en les vendant cœee esclaves. IJleurpenoettait en outre de se procurer certains produits européens. Pourles rois, le commeTCe des esclaves était surtout rendu nécessaire parle besoin de modernisation de l'Etat et du royaume suscité par lesmissiormaires, l'esclave apparaissant aux yeux des européens coumela seule richesse du royaume convenible hors des frontières.Si l'appêtit dévorant du surproduit résultant del'apparition de l'Etat n'a entraîné que le développement desprocédés de mise en servitude en usage dans les soctêtës Hgnagêres ,l'institution de l'esclave comme moyen d'échange privilégié apar contre favorisé le recours généralisé A un mode paniculierd'acquisition des esclaves : la ra2zîa. L'instauration du commerceextérieur place en effet la chasse à l' hœme au premier plan despréoccupations des souverains.Les esclaves provierment surtout des régions du Mpumbu(abords du Pool), du Kwango et du T'O)'8lJIlle Téké et sont acheninés âtravers des chaînes d'échange existant avant la traite, vers lestrois provinces côtiêres (Kakongo , N'goyo et Loango) abritant lestrois principaux pons, 00. ils sont vendus aux européens.L'~lution ultérieure de la traite aboutira â l'individualisationet à la constitution en royaumes indépendants de Loangoau XVlè siècle, de Xakongo et Ngoyo au XV1Iè siècle. Ces royaumesdisparaitront d'ailleurs par la suite avec la multiplication despoints de traite.La suppression du ccnmerce des esclaves survient â la findu xrXê siècle avec l'evênement en Europe des bourgeoisies industrielleset du capitalisme ccncur-rentdej , celui-ci constituant désormais lm freinâ la libération de la force de travail, â l'accumulation du capital,donc au développement du capitalisme.


- 141 -1. .:3 .1. 2. Ponction déIoographique et reproduction du sYStêmeagricole.Les estimations faites par le P. Rinchon (1) qui évalueà 13.250.000 personnes le nombre de ressorti ssants de Kongo dëpor-tësen Amérique eontrent l'importance de la ponction humaine réaliséepar le trafic des esclaves. Dans la mesure surt~t où ce traficportait sur les éléœnts les plus actifs et les plus féconds de lapopJlation Kongo -beaux adolescents pour les plantations de carmeà sucre, femaes pour la reproduction ou le plaisir des mitres. enfantspour la damesticité- et étant donné la brutalité qui l'a accompagnée,cette saignée démographique ne pouvait que paralyser le développementdes forces productives.La traite des esclaves signifiait en effet le départ oula mort des personnes les plus aptes à effectuer les travaux agricoles,ce qui, logiquement, devrait rendre précaire l'équilibre alimentaire etmême remettre en cause la survie du svscëse agricole. Des ruptures ontété enregistrées dans l'équilibre alimentaire (2) en liaison avecl'instabilité politique cTéée paT la christianisation et le commercedes esclaves, mais le svstëse agricole dans son ensauble a sUI'1IKmtêces obstacles et continué a se perpétuer. L'explication de cetteadaptation est à chercher dans la logique de fonctionnement du systèmesocial.Dans son étude des sociétéslignagèTes congolaises, P.P. Reymontre que la traite des esclaves ne remet rnllement en question leprincipe sur lequel repose la circulation des personnes dans cessociét ês : celui de l' q:ltiImml démographique. Selon cet auteur,"la dépopulation des sociétés Hgnagêres du fait de la traite desesclaves a rencontré les freins dus aux mécanismes de contrôle de la(1) - R.P. RINCHON: La traite et l'esclava e des Con olais T lesEuro ens. IstOlTe .l..a rtat10n :1 ln.J. ionso noa.rs en. l'Igue, arrs , 1. rarraeA. Vanelsche, 1929.(2) - Cette crise est d'une amoleur considfrable si l'on en croit lesobservations de Duarte LOpet. rapportées pal' PI~A : "sous lecoup de la nécessité, le pèTe vendait son fils, le frèTe vendaitson frère, tant chacun essayait de se procurer des vivres parn'iJr.porte quelle scélératesse" (op. cit., page lOi)


142 -circulation des hommes et surtout compensée par les mécanismes deréinsertion d'une partie des esclaves qui y arrivent" Cl). En effet,les chefs de lignages faibles ne pcuvafent pas se penœttre derëdai.re leurs dépendants en esclavage sous peine de se retrouverisolés, c'est-à-dire de perdre leur position de chefs. les chefsde lignages forts sanicitaient très probablement les mécanismes demise en esclavage des cadets mais ils ne pouvaient pas le faireau-delà d'un certain seuil. D'autre part. une partie des bénéficesrëefIsës en transmettant aux: nëgrders certains esclaves est affectéeà l'acquisition d'autres esclaves qui s'intègrent progressivementau lignage.Finalement. la traite n'engendre de dépopulation absolueque dans les sociétés situées au bout de la chaine (royaume Tl!késurtout). On peut donc considérer que dans l'ensemble. le seuilen-deçà duquel la faiblesse ntmIérique et la composition du lignage nepermettent plus la reproduction du systèml! agricole ne fut jamaisatteint.1.3.2. La traite des produits1.3.2.1. La nature des produits exportl!sLa période de traite des esclaves a vu également une traitedes produits fort active. Les produits exportés par les pcpuï.atâonsKongo proviennent moins de l'agriculture proprement dite que des autresactivités du système agricole : chasse et cueillette surtout. Au débutde la période de traite. les transactions portent essentiellementsur l'ivoire. quelques étoffes de raphia. des peaux. du cuivre etdu bois.CI) - P.P. REY, op. cit., page 279.


- 143 -Des factoreries installées dans les ports de la traite desesclaves constituaient le véritable centre ~ partir duquel sedéveloppaie la traite des produits. A partir de 1870, le nombrede ces factoreries s'accroIe tirês rapidement : d'une centaineen 1870, on en cœpee prês de 200 en 1875 (1). La nature desproduits livrés aux trafiquants européens change également: parmiles produits citfs ci-dessus seul l'ivoire est encOre exporté,les autres étant remplacés par la gonJDe élastique, l'huile de païse ,les ~stes, l'arachide et l'ivoire.1.3.2.2. Les conséquences écologiques.Les estimations faite~ par P.P. Rey à partir des chiffresfournis par Van Den Broeche et Degranprë donnent pour le produitde traite le plus ~rtant après l'esclave, l'ivoire, 250 a 300 dentspar navire. Il y a L1l1e douzaine de navires par an dans chacun desports et nous avons vu qu'il y avait 3 ports. Un calcul simple nousdonne environ 1 800 000 a 2 160 000 éléphants tués entre le début duMi! siècle et la fin du XIXè. Bien sae, ces chiffres n-ene qu'unevaleur indicative, mais ils perrœt'tent néaneoins de se faire uneidée du caractêre dest'ructecr de la traite.Aucun têmoignage ancien ne fait allusion, même de manièreincidente, à une régression des écosystèmes observés et la traditionorale rapporte la raréfaction de certaines catégories d'animauxau début du XXè siècle. Il est cependant pennis de croire que ladestruction des ressources naturelles consécutive â la traite desproduits a certainement perturbé les écosystèmes. Si la traditionorale ne rapporte la raréfaction de certaines catégories d'animauxqu f au début du XXè siècle, Cf est tout simplement parce que lesconséquences d 'W1e telle des'truct.âon n'apparaissent réellement qu' âterrœ . 11 convient toutefois de signaler la lOOindre intensitéd'exploitation des ressources naturelles du début du XVIi! siècle â lafin du XL'(i! par rapport au début du XXè siècle (2).(1) - ''Etat cœrœrcfal de la côte du Loango et du Congo", les missionscatholiques, année 1875, ciUipa:r P.P. REY.long(2) Nous 'revdendrcns beaucoup plus en détai:' sur les mécanismes et lesconséquences de la traite des produits lorsque nous examineronsl'implantation capitaliste.


- 144 -De toute façon, s'il y avait eu dégradation des écosystèmes,celle-ci aurait été très l~tée, compte tenu de la nature desproduitsexportés et du contrOle exercé par la classe daninante sur lesmécanismes de traite, tant au niveau de la. production qu'a celuide l'échange, et, de ce fa.it, elle n'aurait pas pu constituer unemenace pour leur perpétuation. Et, ce qui est valable pour lesécosystèmes l'est également pour le système agricole.En effet, les différents biens destinés a l'exportationsont produits dans le cadre social, éccoœntcœ et technique que nousavons décrit au chapitre ter, excepté une partie des activités dechasse qui voit maintenant l'utilisation d'armes à feu introduitespar les Européens. Sur le plan de l'échange, les factoreries, d'unepart paient des redevances aux différents chefs locaux mais, de plus,elles sont véritablement sous leur dêpendance en ce qui concerne leursrelations avec les ethnies de l'intérieur qui fournissent les produits.Enfin, le produit de traite le plus Dnportant, l'ivoire, constitueun bien de prestige que les aînés n'acceptent d'exporte!' que dans lamesure ai), les biens eurcpëens qu'il procure peuvent asSLDDer les mêmesfonctions que lui. Aussi, la plupart des biens obtenus soit en échangedes esclaves, soit en échange des produits devtennerrt-Ll.s biensdotaux ou de prestige (1).Si l'instabilité politique créée par la çhristianisation etl'instauration de l'économie de traite aboutissent à la régression dupouvoir central et a la reccnstfnrtfon de sociétés purement Hgnagêres ,le système agricole, parce qu'il fonctionne sur une base lignagèreet que les chefs lignagers contrôlent les mécanismes de la traite,parvient a se reproduire, en dépit des perturbations causées par celle-ci.L'adaptation se fait ici grâce à l'autonomie du système qui lui permetde subordonner la réalisation des objectifs poursuivis par lestrafiquants a celle de ses propres fins et d'adapter en les modifiant,ses structures a cette nouvelle stratégie.(1) - Les marchandises reçues en échange des esclaves et des produitsexportés comprennent des biens de luxe -étoffes, tapis, verroteries,vaisselle- destinés aux maisons aristocratiques, des cotonnades,des boissons alcooliques, de la poudre, des vieux fusils à pierre,des miroirs, des perles et des sacs de sel.


- '45 -Avec l'avènenent des- bourgeoisies industrielles et ducapitalisme concurrentiel en Europe, a lieu la mise en place dusystème colonial favorisée par la désorganisation politique despopulations consécutive à la traite. Ainsi, l partir de 1883, lesrégions cdtières sont progressivement administrées par l'autoritécoloniale, le premier impôt est perçu en 1894, et les factoreriess'installent dans l'intérieur des terres à partir de 1897.Le but visé est l'abolition de la traite et la mise enplace du mode de production capitaliste; il ne s'agit plus en effetpour les capitalistes de ramasser quelques produits le long des côtes,il leur faut amener les populations l fournir les produits devantapparovisianner aux: prdx les plus bas certaines industries métropolitaines.Les factoreries installées à l'intérieur des terres n'aurontqu'une existence éphëeêre puisque pour l'administration, il s'agitde remplacer la concurrence marchande le long des côtes par desmonopoles d'exploitation l l'intérieur des terres. C'est ainsi quel'actuel territoire congolais fut partagé en 1899 entre 13 sccdëtësconcessionnaires.2.1. L'échec de la )?Tanière tentative d'implantation du M.P.C.dâriS l'agriculture.L'objectif poursuivi pal' les sociêtés concessionnaires estde remplacer le caoutchouc de cueillette pal' une production rationnelle.Il s'agit en fait de substituer le mode de production capitaliste aumode de production précapitaliste dans son ensemble. Cette substitutiondevait se faire par l'expropriation des populations et la mise en placesi.ul.lltanée d'une éconrmie de plantation. ~is c'est plutôt âl'inteqsification de l'économie de cueillette (1) que ces sociétêssesont Hvrëes•(1) - QJelques plantations ont cependant êté créées. Nous nous proposonsd'analyser ces tentatives dans la deuxième partie de la recherche.


- 146 -Le résul.tat a été une destruction importante de la force de t.ravaiI etdes ressources naturel.Ies• ~is du fait du monopole d'exploitation quiest acco'l'dê à ces sociétés, la première conséquence est la diminutiondes superficies disponibles pour :es populations2.1.1. La 'l'éduction de l'espace agricole lignager.L'établissement des monopoles d'exploitation eut lieusans qu'il soit tenu compte des rapports fonciers et. d'une maniè'l'egénérale. du mode d'exploitation des terres en vigueur dans le systêmeagricole. Le "statut général des indigènes par rappor-t aux sociétésconcessionnaires au Congo"(1) prévoyait en effet que les réservesattribuées aux indigènes comprendraient 1/10i! du territoireconcessionnaire, soit 1/100i! pour les habitations. 3/100è pour lescultures vivrières et 6/100i! pour les cultures commerciales.Les diverses études consacrées à la pénétration capitalisteau Congo ne dormertl pas suffisaument de précisions sur le IOOded'acquisition des terres par les sociétés. Cela tient sans doute aufait que l'administration ne s'était pas encore totalenent imposéeaux populations. au mment de l'acquisition. On peut cependant penserque dans la plupart des cas, en plus de l'accord donné parl'administration, les sociétés étaient tenues à des prestationsvis-à-vis des chefs locaux, comme le montrent les traditions o'l'alesrecueillies par P.P. Rey (2),Le nouveau régime foncier, dans la nesure ail il signifiaitl'instauration du mode de production capitaliste SU'l' 90 \ du territaireconcesatcnnafre et la substitution de l'échange aarchand à l'échangetraditionnel (puisque 6 \ du territoire doivent porter ges culturescommerciales faites par les populations), constituait un moyen de(1) - Cahïe'l's des charges, chap. XI : application de la loi aux indigi!nes.(2) - Selon ces traditions. les prestations faites au principal chef duclan Tsomdi par le représentant de la société "l'ongamo" se seraientmontées à "tm ballot d'étoffes, une caisse de machettes, deuxdames-jeannes de tafia. deux caisses de verroteries, deux damesjeannesde 20 litres de vin. deux fusils. plus me certaine quantitéde verres, assiettes, couteaux, cuillers, fourchettes". P.P. REY,op. cit., page 300.


- 147 ~destruction du système agricole Hgnaget-. Nous avons vu en effet(chapitre 1)le rôle pr:în:Jrdial joué par le déplacement des cultures.et l~ jachère.dans le système de OJlture. Le fonctionnemen~ du systi!meagricole supposait donc la disposition par chaque cCIlIIlI.m8.uté villageoisede grandes superficies afin d'éviter le retour fréquent des chaIIIpsaux lIêDes endroits , La réduction de ces superficies par la politiqueconcessiormaire visait donc la baisse de la productivitê et la faminequi en dêcculerait obligerait les populations à recourdr à l "échangemarchand ou â vendre leur force de travail pour subsister. Mais pourdes raisons que nous allons examiner 1cœeencesene d' exëcutdcn.ce projet ne reçut même pas un2.1.2. Nature du capital commercial et exploitation destructricedës ressources naturelles.2.1.2.1. Les obstacles a l'instauration du M.P.C.L'objectif visé par l'installation des sociétés concessionnairessupposait pour être atteint , que les trois conditions suivantessoient réalisées- Il fallait d'abord que. du fait de la réduction dessuperficies utilisables par les populations pour les activités agrdcc.les,la densité huoaine atteigne le seuil au-delà duquel la rotation descultures ne peut plus se faire ncrmaîeeent . DT la ponctiondémographique exercée par la traite des esclaves lorsqu'elle n'apas engerdrë la désertification, a ramené cette densité a unniveau très bas (t). Le système de culture s'est donc maintenu et apermis par U même la perpétuation du. système agricole.- Ensuite. le recours ~ l'échange marcband pcur assurerla subsistance supposait que celui-ci soit perçu comme tel par la classesociale dominante et soit accepté par elle. DT, les sociétésconcessionnaires n'onL fait que perpétuer l'activité des comptoirs(1) - La densité humaine s'élève a 3 hab./KmZ pour L'enseabl.e duterritoire congolais et a moins de 1 hab./Km2 pour les régionsforestières du Nord-Congo,


~ 148 ~catiers en échangeant la camelote Unportée d'Europe contre lesproduits locaux. Il n ' y a donc aucune raison pour les "aînés"de consâdêrer cet échange autrement que coome tm myen d'acquérirdes ''biens de prestige", coume cela s'était passé jusque U.- Il fallait enfin que la vente de la force de travaildevienne libre. Cette condition ne fut pas non plus réalisée, la ventede la force de t'ravaiI se faisant toujours sous le controle des"aînés". (1)Par conséquent , ni la t'ransfcraat.icn du Tégime foncder ,ni le développement des échanges, ni enfin l'emploi des populationssur les concessions n'ont porté atteinte au système agricole.L'adaptation du système agricole face à cette agressionest souvent ~tée ~ la faiblesse des moyens dont disposaient lessociétés concessiannaiTes qui étaient 'pour la plupart d'entTe ellespropriété de petits capitalistes cœmerçants , par suite du refusdu grand capital financier et industriel d-errtrer dans la manoeuvre.C'est vraâ que la fonction de la fraction de capital social qu'estle capital ccmmercial est d'intégrer les marchandises dans l'engrenagede la circulation capitaliste et que création du salariat etproduction des marc:handises ne relèvent pas de son domaine. Nouscroyons cependant que les conditions internes du système agricole ontété au rœins aussi déterminantes que la faiblesse du capitalcaJmercial pour l'échec de cette preedêre tentative de mise en placedu M.P.C. dans l'agriculture.(1) - P.P. REY note .fi ce sujet que "la société concessionnaire vivaiten bonne intelligence avec les chefs de lignage(...) qui lapTotégeaient et lui fournissaient main-d'oeuv-re et porteursCOllllle leurs hamllogues de la côte avaient jadis pTotCgé lesfactor-ies avec qui ils passaient le traité" (00. cit, page 304)


- 149 -C'est en effet parce que Ce système agricole repose surun rode d' occupation de l'espace laissant la plus grande partie duterroir inutilisée et. qu'il comporte un. SOUS-5)'5tàœ de culture basésur la faiblesse de la. densité hLmaine que les populations contiIwentil vivre caone auparavant, en dëpi.t de la rédlJction des superficiesimposée par le rëgdme concessionnaire. Ce qui pennet aux chefslîgnagers de continuer à contréller en totalité l'êchange des produitset la vente de la force de travail et imprime un caractèreinsuffisant aux. moyens dont disposent les sociétés concessionnaires.L' intervention ultérieure du grand capit.al ne déclanc.hera d'ailleurspas autanatiquement. c'est-il-dire par sa seule présence et samise en oeuvre, la création du salariat. Celle-ci ne deviendrapossible, CCIIIIle nous le verrons, qu'avec la perte d'autonomie dusystène engendrée par le recours il la force militaire effectuépar l'administration coloniale.2.1.2.2. L'intensification de l'êconomie de cueilletteIncapables de praoouvoir le dëvetcppeœnt d'une agricu1turecapitaliste, les sociétés concessionnaires se sont born~es à collecteret expor-ter vers la métropole des produits provenant de la chasseet de la cueillette. Considérant les avantages pl~sentés par lesteduriques de production Hgnagêres dont l'utilisation permet deréduire les coQts et donc de réaliser de hauts profits, elleschoisirent de s'en tenir à elles. L'intensité avec laquelle cesdernières furent utilisées fut cependant préjudiciable à 1 1 équilibredes écosystèmes. Il est donc nécessaire de les décrire pour mieuxsaisir le caractêre destructeur qu'elles ont acquis.L'activité des compagnies concessionnaires portaitessentiellement sur l'ivoire et le caoutchouc, mais elles ontégalement cœmerc ial.isë une quantité importante d'huile de palme etde palmistes. Les techniques de chasse à l'élêphant ont été suffisammentdécrites plus haut, point n'est donc besoin d'y revenir. Signalonssimplement l'utilisation croissante des fusils et la formation par lesfirmes concessionnaires d'équipes de chasseurs munis de peTrods spéciaux.


- '50 -végétalesLe caoutchouc était obtenu il partir de trois espèces- les arbres : les funtumia elastica ou irehs groupés enpeuplements assez denses ;les lianes : landosphia owariensis surtout. mais aussilandolphia Icleini et landolphia clitandra, poussant enzone sylvestre;les plantes à rhizanessavane.landosphia tholonii poussant enDes ëcutpes composées d'halll1es, de fenroes et d'enfantsétaient constitués dans chaque carmmauté villageoise. Le travailrelativement facile lorsqu'il s'agissait des irehs. obligeait lesrécolteurs il s'établir dans des campements pendant près d'tm mislorsqu'il fallait exploiter des lianes situées dans des fourrésmarécageux il plusieurs heures de marche du village. Le latex desIrehs était obtenu en abattant les arbres et en pratiquant une incisioncirculaire tous les SO cm, le liquide étant recueilli SUI des feuillesplacées au-dessous. Guant aux: lianes, ej.Ie, étaient cccpêes à sa c:m.sol FUis réduttes en 1ID!'Ceaux cl1environ 40 à sa en. qu 1on disposaitdans tm collecteur (bambou ou tige creuse) qui l'auenait dans unrécipient. La coagulation se faisait soit par ébullition, soit sousl'action d'un acide (jus de citron surtout) et le caoutchouc obterarétait présenté sous forme de boules d'environ 200 g.duLa production de l'huile de palme conmence par lacueillette des régimes dent on détache les noix parvenus à l'étatmGr.Les opérations suivantes sont la torréfaction, le broyage etla cuisson. La torréfaction et le broyage des noix, qui sont d'abordbouillies, se font dans un mortier et permettent d'obtenir une p~tetrès ëpatsse qui est ensuite versée dans une grande marmite pour êtreportée à ébullition. Une couche d'huile qu'on recueillera par décantationse fonne à la surface du récipient pendant la cuisson.


- 151 -La division du travail se fait selon l'âge et le sexe.Ainsi, tandis que la saignée des irehs, la coupe des lianes et desrégimes de DOix sont duressert exclusif des ha!mes, la coagulationdu. latex et les autres opérations concernant la production d' huilesant des tâches essent.iellement fêminines.Ces techniques, pratiquées à une grande échelle, amênentla disparition des espèces animales et végétales sur lesquelleselles s'appliquent.. Nous avons déj~ évoqué la ponction subie parla population d'éléphants. Cette situation a été aggravée parl'installation des compagnies concessionnaires. Bien que limité enraison du faible VO!lmle produit, (1) le cœeerce de l'ivoire engendratrès vite l'épuisenent des réserves révélé par la proportion, plusforte chaque année, d'escravelles et de petites pointes (inférieuresil 10 kg).L'utilisation intensive des techniques de production du caout.­chouc entraîna la disparit.ion des Lrehs et des lianes autour des villages.Les cueilleurs furent alors obligés de s'enfoncer de plus en plusloin dans la forêt. pour trouver de nouve Il.es lianes, celles-ci devenant.de plus en plus espacées, de plus en plus difficiles ~ trouver et deplus en plus petites.Deux solutions furent envisagées. La première, imposéepar l'administration dès l'installation des concessionnaires,consistait pour les sociétés à assurer pendant la durée de leurcontrat la plantation et l'entretien de 150 caoutchoutiers par tonnede gagne exportée. Ainsi, 153 500 pieds existaient au 31 décembre 1908et 354 B82 au 31 décembre 1909. lUl tot.al, on avait. planté plus d'unmillion de pieds dans l'ensemble du \byen-Congo (2).Cl) - Selon les chiffres fournis par C.C. VIDRO'VITŒ! (Le Conse au tempsdes s c 'es concessionnaires, 189B-1930, Par~s. Mout.onet Co. ye, 1 ,a me~ eure année fUt 1905. avec 196 tonnes,et la product.ion oscillait en année rœverme autour d'une centainede tonnes.(2) - C.C. VIDROVITCH, op. cit., page ~30.


- 1S2 -~isles sociétés concessionnaires ne plantèrent ces arbres quepour se confonner aux prescriptions administratives et non pour seconvertîr â l'konanie de plantation.Les plantations avaient ëeëfaites à la hâte. sans étude préalable. La plupart des agentss'étaient contentés de les faire nettoyer et dëbroussadHer justeavant les inspections de contrôle.L'autre solution envisagée consistait, en conservant lesmêmes sources de produit, c'est-à-dire les lianes et les arbresnaturels de la forêt, à fonner des saigneurs capables de récupérerle latex sans supprimer la liane ou l'arbre. Il s'agissait surtoutd'apprendre aux saigneurs à pratiquer sur les irehs des incisionsen "arêtes de poisson" de la base du tronc jusqu'aux: preadêres branches.Ainsi. les arbres pouvaient être séchés pour une langue période maisne rœuratent pas. L'adoption de cette solution aurait considérablementaUgJœnté les eoOts œprcdcctton du caoutchouc. ceux-ci devenanttrop êlev!s par rapport aux recettes. Aussi, les sociétés concessionnairesprêfêrerrt-elIes s'approvisiormer cœme par le passé.Le résultat de la politique concessionnaire est donc ladestruction à une grande échelle des ressources naturelles. des'tructdcndont les effets se feront sentir plus tard sur le système agricoleet sur le rode de vie des populations congolaises.Z.Z. Eclatement du cadre d'auto-subsistance et soumission du systèmeagnco!e au capita!.Outre la transfonnation directe du rode de production,les sociétés concessionnaires avaient !galement pour missiond'instaurer une économie de marché par la diffusion du numérafre .Cette partie du programme se heurta elle aussi au front uni dessociétés concessionnaires recherchant toujours le profit maximalet des chefs lignagers pour qui les salaires perçus par leurdépendants devaient avoir ceeee unique destination la réintégra'tiondans la sphêre des biens de prestige et dotaux.


- 153 -L'administration parviendra cependant, en réalisant cedernier objectif, il soumettre le système agricole au capital. ~hispour en arriver lA, il lui aura d'abord fallu dompter le systèmesocial.2.2.1. L'affaiblissement de la superstructure lignasèreTant que les sociEtés concessionnaires avaient le monopoled'exploitation, la présence de l'administration signifiait pour lapcpul.atdon ; i.Jnp6t de capitation, por-tage et prestations en nourriture.Ce sont ces t'rots formes d' intervention qui. errtraïneront l'affaiblissementdu système 1Ignager dans son ensemble.2.2.1.1. L'tmpôt de capitationInstituê au moment où s'installent les factoreries ill'intérieur des terres, c'est-à-dire en 1897, l'impôt de capitationest une saune il payer par chaque adult.e en état de travailler Irrvarfablementquelque soit la condition scctc-ëconcarcœ. Sa généralisationen 1900 visait la vente de la force de travail et l'accroissementde la production des marchandâses,Perçu en nature au début, l'impôt qui portait essentiellementsur le caoutchouc et l'ivoire aboutit très rapidement au tarissementdes ressources en ivoire jusque là thésaurisés ccmme biens deprestdge , C'est alors qu r apparut la nécessdtê pour les populationsde produire davantage de caoutc.houc afin d'acquitter l'impôt.L'obligation faite ultérieurement aux populations de payerl'impôt en argent correspondait à l'ambition déjà évoquéel'administration consistant à les amener progressivement, par ladiffusion du numéraire cette fois, à la mentalité marchande, puisà l'échange marchand et enfin à la production cœeœrcfal.e . Unevente accrue de la force de travail et des produits sutvra cettemesure, mais l'analyse des principaux rapports administratifs rorrrrentque cette vente ne s'est jamais faite au-delà du temps ou de laquantité de prodUits nécessaires à l'acquittanent de l'impôt.de


- 154 -L'augJDentation de la pression fiscale (1) et la baissedes revenus tirés de la vente de la force de travail et des produitsrendront cependant de plus en plus difficile cet acquittement. Dèslors, les recouvrements de l'impôt prennent la fonne de razzias. Ilsporteront ëgateœnt sur les biens non prévus par les dispositions légalesdéfinissant les moda1it~s de l'impat, tels qu'instruments deproducticn et myens de subsistance. Des fenmes et des enfantssont pris en otage par les agents de perception lorsque les rentr~esd'imp6t sont jugées insuffisantes. En outre, les villageois sontfrappés de lourdes punitions (emprisonnements et amendes) et le plussouvent les villages et les plantations sont incendiés. Enfin, cettecontrainte atteint son paroxysme avec l' hêloorragie en harmes et enanimaux qu'elle engendre parfois dans les villages.2.2.1.2. Le portageEn l'absence de myens de transport adéquats, le drainagedes produits vers la côte dut se faire en utilisant des hcmoes. Dêjaen vigueur pendant la première phase de la traite, cette ectdvi.tës'accTUt avec la pénétration du capital a l'intérieur des terres.Tant que le portage s'effectuait sous l'égide de la seuleclasse dirigeante du système lignager, cette activit~ avait unefaible intensité; le nombre d'hommes mobilisés était fixé en fonctiondes autres activités, et les liens de "camarader-ie" tissés errtredifférents chefs de lignage assuraient aux porteurs une parfaitesécurité par rapport aux dangers de santé et de pillage qu'ilspouvaient rencontrer pendant les voyages.Avec l'installation des compagnies concessionnaires etde l'administration coloniale, l'êva.cuation des produits nécessite unnombre plus g-rand de porteurs que les chefs lignagers refusent defournir. Cette fois encore. le recours à la force s'avère être lasolution qui s'offre à l'administration.(1)- Le taux de l'i.mpeIt, à l'origine de l à 3 F par individu sië.lêve a5 F en 1905, soit une augmentation de 66 \ et les hausses ultérieuresle porteront à 10 F en 1925 et lS Fen 1929 (Cf. P.P. REY, op. cit.,page 426).


- 155 -La première conséquence en est la destruction de la forcede travail provoquéepar la propagation des maladies infectueuses(variole et trypanosomiase) due elle-mi!me au passage répété desporteurs. Ensuite, le portage s'effectue surtout pendant la saisonsèche, c1est-à-dire au moment 00 doit avoir lieu le dEbroussaillagedes champs. Ces derniers n'étant plus préparés à temps, il en résulteun déséquilibre vivrier.2.2.1.3. Les prestations en nourritureLes razzias dont il a ëeë question plus haut ne se rapportentpas aux. seules rentrées de l'i..mpôt. Les dîfférents agents del'administration doivent en effet se procurer des moyens desubsistance. La ponction exercée sur les réserves villageoises devivres est d'autant plus importante que pour 5' imposer aux populations.et accœplir ainsi l'oeuvre de ''pacification'', l'administration doitentretenir des troupes armées (il s'agit généralement de tirailleurs).Or cette demande de vivres n'a pas été prévue lors de la p-réparationdes champs. Le résultat ne peut être qu'une accentuatdon dudéséquilibre vivrier signalé tout à l'heure.La contrainte administrative met les populations devantune altematdve dont les deux issues mènent à la catastrophe : oubien fUir, mais c'est être condamné à abandonner les plantations,à se nourrir de plantes sauvages, à tuer le bétail pour ne pas êtredécouvert à cause des cris ; ou bien rester, mais c'est devoir subirles exactions de la troupe, les impôts, le portage, le pillage, lesprestations en nourriture. Les populations choisissent généralementla fuite, mais cette solution ne fait qu'aggraver les problèmesengendrés par l'impôt et le portage.Les retClllbées de ces trois types d'intervention peuventêtre facilement appréhendées. D' abord et surtout. l'épuisement des biensde prestige signifie la diminution du pouvoir détenu par les "aînés" etconstitue par conséquent un fenœnt de désagrëgatdcn du systèmelignager. Ensuite, le déséquilibre vivrier provoqué par le portage


156 -et accentué par les ptestatdons en nourriture engendre des faminesd'une grande ampleur, telles que celle qui touche la région deMossendjo de 1914 a 1917 (1). Finalement, ce n'est pas seulementla destruction d'une quantité importante de la force de tnvail queces trois types d'intervention entraînent, mais aussi et surtoutl'affaiblissement du pouvoir des tenants du systême et donc dusystème lui-même.2.2.2. La subordination du système agricole au M.P.C.Le processus entamé par l'administration coloniale, les typesd' interventdon qui vtennent d'être analysés surtout. semblent avoirindiqué aux représentants du grand capital la voie a suivre pour sesoumettre le système agricole étudié et le système lignager danssan ensemble: l'utilisationde la force.Les deux. mécanismes qui permettront au capital de réaliserles conditions d'ÙUplantation du mode de production capitalisteconsistent a briser 1'œaeë des g:roupes de production et des groupes decoaœmation et à instaurer le lDS.I'CM entre producteur et consonmateur.2.2.2.1. La tnnsfonoation de la force de travail enmardïânaiseLa. séparation du producteur des fruits de son travailintervient avec le recrutement forcé de la force de travail destinéeà accomplir des travaux dits d'intérêt public, tels que la constructionet l'entretien des voies de communication.Si les capitalistes ont disposé jusque là d'une forcede travail abondante et bon marché grâce aux contrats qu 1 ilspassaient avec les chefs de villages ou de lignages. ces derniers.(1) - Cf. P.P. REY, op. cit., page 329


- 157 -compte tenu de l'affaiblissement résultant de la contrainte exercéepar l'admiJtistration, sont de moins en moins aptes à leur fournir cetteforce de travail. Db lors, l'administration coloniale choisit dese la procurer par la terce, une contrainte supplénentaire que lespopulations n'acceptent pas. Cette fois encore, la solution adoptéepar ces dernières est la fuite, mais il s'agit d'une fuite de courtedurée car les chefs lignagers doivent réaliser que la seule façon demaintenir leur domination c'est de reconstituer le stock de biensde prestdge et surtout de reprendre le contrôle de la circulation deces biens. La seule possibilité qui s'offre à eux pour réaliser cebut est de laisser leurs dépendants se faire recruter,En ce qui concerne les lOOda.1ités de recrutement. un arrêtéde 1904 fixa à 20 , la proportion de la population mile et adultepouvant @tre recrutée pour le portage ou les chantiers fOrestiers ;en 1921, cette réglementation fut modifiée et stipulait que le contingentde travailleurs pouvant être recrutés ne saurait en aucun cas excéderle tiers de la population mile. adulte et valide (1). La fixationde ces proportions rësulte sans nul doute d' une certaine perceptionpar ltadministration du seuil de reproductdbd.Htë du système agricole.Le recruteœnt fOTCê atteint son irrtenai.té maximale avec laconstruction du chemin de fer Congo-Océan, Ce qui distingue letravail effectué sur le C.F.C.O. des autres formes revêtues par letravail fcrcë , c'est. outre le volume beaucoup plus important durecrutement. le temps passê sur les chantiers. En effet. s'il fallaitli une personne un li deux mois de travail par an chez le concessionnairepour payer l'impôt (2), la durêe d'emploi des travailleurs sur leschantiers du C.F.C.O. varie de quatre mis li un an, tandis que le voyagealler et retour entre le lieu de recrutement et le lieu de travailvarie de un li, quatre mois suivant les rëgfcns (3).(1) - H. BABASSANA.. op. cit.• page 209(2) - Cf. C.C.VlDROVITCH, op. cit.• page 436 et 437.(3) - Gilles SAUTTER. op. cit., pages 245 et suivantes.


- 158 -Ici aussi, le résultat est une importante dearructdonde la force de travail (1) due à la fuite des villageois età ra famine qui en résulte, aux conditions de déplacement des personnesrecrcrëes , à des conditions de travail dëptorabtes (absence de1OOyeI1S de travail perfectionn.és et adaptés aux conditions topographiques),âune alimentation quantitativement et qualitativement défectueuseet à des conditions sanitaires scandaleuses.Les rëpercusstcns du recrutement forcé sur le système socialpeuvent être saisies à un autre niveau. Nous avons vu que c'est dansle but de reprendre le conrrôfe de la circulation des biens deprestige que les chefs lignagers se résolvent à laisser paTtir leursdépendants sur les chantiers. Seuleœnt, cœpee tenu des conditionsdans lesquelles s'effectue le recrutement et du fait de l'absence prolongéedes dépendants, les chefs n'ont aucune prise sur les conditions devente de la force de travail par ces dépendants. Dès lors. c'estaux capitalistes que revient le rOle daninant et les rapports qui nesont établis entre système lignager et sytème capitaliste doiventêtre compris cœee des rapports de subordination du premier au second.Par ailleurs, le séjour prolongé sur les chantiers etles somnes accumulées donnent naissance à un esprit d' indépendancechez les jeunes. la ''richesse'' accumulée par ces derniers constituantdésormais une menace pour les chefs. Les jeunes ont en effetla possibilité. surtout dans les ethnies oü les biens de prestigesont avant tout les anciens biens de traite donc des biens achetables,de se passer des bons offices du chef pour acquérir fenme. Les chefsdoivent alors engager une véritable course poursuite avec leursdépendants pour reprendre une partde du ccntrôl.e qu'ils ont perdu :obligés d'accepter la monétarisation de la dot, ils tenteront dereprendre ce centrale par l'accroissement progressif de celle-ci et(1) - Selon G. SAUTTER. 10 ZOO dêcês furent enregistrés de 19Z1 lj 1928.


- 1S9 -du voll.J11e des biens en cfrcufat âcn. Mais, C:0IIIIle le note P.P. Rey,cette tentative "n'est; plus qu'une défense a posteriori. bien plusfaible que le contrOle a priori antErieur" (1).Cette situation impose aux jeunes travailleurs des séjoursde plus en plus longs dans les entreprises s' ils veulent accumuler 1 t argentet les biens rëcieeës par le système Hgnager, La vente de la forcede tT3.vail qui était fcrcëe devient de plus en plus libre (2); lemarc.hê du t'I'ëLVllil est ainsi créé et les rapports lignagers deviennentlignagers marchands (3).2.2.2.2. La coonercialisation forc:êe des produitsLa création d'un marché du travail, c'est-à-dire lat'ransfcrmatdcn de la force de travail en ma:rchandise ne constitue.rappelons-le, que l'une des c:onditi-ons nëcessafres il l'instauration duM.P.C. Elle doit svaccœpagner de la tiransforaatdon des produitsen marchandises. mais celle-ci J c.œme la vente libre de la forcede travail ne peut se faire automatiquement. Seules l'inclination dusystème social et une certaine "rëcrgenfsaeton'' de la production parl'administration coloniale la rendent possible.Le régime des cultures obligatoires a son or~glne dans cetteréorganisation et se caractérise notamment par l'intervention directede l'admînistration dans la production villageoise, l'imposition de lanature des productions, des normes techniques et de la destinationdes produits. Ce régime aurait pu concerner uniquement les cultures(1) - Op. cit., page 417(Z)C'est ce phénomène qu'êvoquait le G.G. Antonetti quand il écrivait"cœmencë avec le recrutement forcé, le chemin de fer s'achèveratmiquement avec des travailleurs volontaires", cité parG. SAUTTER, pages 251-25Z.(3) - Hugues BErrRAND insiste avec raison sur la transformation desrapports Hgnagers en rapports marchands. Selon lui, ce n'est pasl'acceptation par les ainés de la rœnëtardsatdon de la dot qui.transforme les rapports lignagers en rapports marchands. mais c'estplut6t '~rce qu'ils acceptaient que des jeunes allant faire desprestations extêrieures au système lignager (forcées d'abord, libresensuite) pcdssent sans prestation lignagère acquérir fE!llllle".H. Bertrand, Le congotsfonnation sociale et mode de développementëconœtcce, MaS'Përo. aris. 1975. page 97.


• 160comœn:iales (celles alimentant les courants d'exportation notamnent)mais le dêscrdre créé par l' Interventdon administrative rend incertainela reproduction de la force de travail tant chea ceux qui ont étéextraits du milieu tradâtdorme.l que chez ceux qui y sont restés.Aussi s'applique t il également aux: cultures vivrières.- Les productions vivrièresLes premières directives de l'administration concernant la.promotion des cultures de manioc. bananiers, patates, mals etaccessoirement d'arachides et de courges autour des postesadministratifs remontent aux années 1910. Il s'agissait d'approvisionnerles ccmpagnies de tirailleurs mais aussi de remédier à la famine.Le progIanme d' întensification de la production fixé par la circulairede 13 février 1915 envisage le développement des cultures vivrièresà travers une întervention directe sur les plantations individuellesou familîales et la mise en place de plantations collectivesvillageoises.Les premières sont destinêes à éviter le retour oula poursuite de la fanûne endénique et serviraient par la suite âfournir directement le surplus nécessaire pour les chantiers duchemin de fer. L'intervention revêt ici deux formes : l'extensiondes champs individuels et des exhortations diverses. Il s'agit defaire passer la superficie des champs d'Lm tiers d'hectare à Lmhectare (1). Quant aux exhortations. il s'agit d'une propagandearmée que le chef de ctrconscrtpttcn prodfgue au cours desnombreuses tournées qu'il effectue accanpagné des gardes.Les plancations collectives villageoises sont directementaffectées à l'approvisionnemettdes chantiers mais leur mise en placevise également â transformer le IOOde de production et â impulserle dêveloppement des plantations individuelles. Elles se caractérisent(1) • En 1923. l'administration envisage l'extension des champsde la façon suivante : "Il est exigé de chaque chef de familleune plantation d'Lm hectare par ferrme et â cet effet des lianesde 100 mètres ont été distribuées", Rapport politique, 1923, citépar P.P. REY.


- 161en premier lieu par une organisation centralisêe : leur tailleest fixée centralement âquatre hectares par village et la destinationdu produit est l'exponation vers les chant.Iers et non l'autoconsommation.Elles se caractérisent aussi par une nouvelle organisationdu t'ravafl, : sur les champs collectifs doivent travailler deséquipes (:..bœwes pour le dêfrichement, feumes pour le nettoyage.1& plantation, l'entretien et la récolte) â une échelle inhabituelledans la production traditionnelle, celle du village.retrouvent sur1e 9Si toute la gamme des espèces cultivées traditionnellement seplantatiomindividuelles. les plsntations ccitecetvespar contre portent principalanent des féculents (manioc surtout.mais aussi ignames, patates, taros) et accessoirement du mais etdes courges. A cau de ces produits vivriers provenant de III culture,il faut également signaler l'importance de la production de viandede chasse et de l'huile de palme.Le quart seuieeeu de la production est laissêe a l'autoconsommation(1). Le reste, rêquisitionné pour la vente, est destinél la :n::nJI'Titure des troupes dans un premier temps, et, pal' la suite,l l'approvisionnement des chantiers. QJant l l'organisation desexportations vivrières, le chef de subdivision s'adressait directementaux chefs de terres, sitôt les ordres reçus. pour réaliser leprélèvement. Le chef de terre lui-même disposait d1un réseau dansles villages : des "femnes capita" organisaient la production etla prêparation du manioc.- Les productions commercialesLa politique des réserves indigènes et l'impôt decapitation n'ayant pas eu les effets escomptês, l'Etat colonialdoit rechercher d'autres formes de développement des productionscommerciales: c'est la prise en main directe de la production.(1) C.C. VlFROVrrŒ, op. cit., page ~83.


- 162 -L'ivoire ayant disparu, des chantiers de production decaoutchouc et de palmistes sont organisés dans les villages Cl). Onenregistre même une IOOdification du Dixie de production 1en ce qui concerne les méthodes de saignage des lianes quenotanmentl'administration enseigne maintenant CZ). Les populations seconsacrent d'autant plus aux productions commerciales que celles-cileur penoettent de payer l'imp6t. Plus tard. ce seront les besoinscréés par le système capitaliste qui les cbl.Igeœont à maintenirces productions.Z.Z.3. La nature du blocageDu fait des lftécanismes analysés cd-dessus , le systèmeagricole lignager se subordonne au s~tème capitaliste et laconséquence en est Lmblocage du premier. Nous entendons parblocage, non pas l'arrêt complet de toute évolution du système.mais l'apparition dune incohérence entre son évolution et sa logiquede fonctionnement.Dans le cas qui nous occupe, ce blocage tient au fait quele svscëse doit. contrairement 11 ses principes de fonctionnement(notanment 1 "autcsubsiatance} , satisfaire la demande en forcede travail et en produits exprimée par le système capitaliste. Il secaractêrise par l'êtouffement de la dynamique interne et lanon-transfonoation du mode de production.(1) - Il s'agit donc des produits de cueillette. D'autres productionsconmerciales provenant cette fois de la culture viendronts'ajouter aux palmistes, la production de caoutchouc étantsupprimée par suite de la baisse des cours.(2) - C'est ce qu'évoque le rapport Ongoroo de '921 : ''!>!ous sœeesallés de villages en villages portant un morceau de bois surlequel nous faisions la démonstration de la saignée en nousfaisant montrer une liane it proximité sur laquelle nouspuissions la démontrer", cteë par P.P. REY.


~ 163 -2.2.3.1. L'étouffEment de la dynamique interneLes facteurs de blocage, en ce qui concerne la dynamiqueinterne, se ramènent essentiellement à deux éll!ments ; appauvrissementdu système en hamnes et dêtoumeaerrt des contradictions internes.Si la ponction d'halllles due à la traite des esclavesn'a qu'une faible incidence sur le systême agricole, il nen estpas de même de la 'transforaatdcn de la force de travail enmarchandise. Cette fois, ccmme pendant la période de traite,ce sont les éléments les ~lus jeunes et les plus actifs qui partent.Mais il n'est plus possible aux aînés,', ccmpte tenu des conditionsdans lesquelles s'effectue cette ponc~ion (recrutement forcé),d'observer le seuil au-dessous duquel le système agricole ne peut plusse reproduire, seuil que les capitalistes ne peuvent dêtermineravec précision, bien qu'ils aient fué â 1/3 la propcrtdon deproducteurs pouvant être recrutés dans chaque village. Le résul.taten est une certaine ossification du systême, l'empêchant d'Evoluernonnalement.D'autre part, on a vu que la contradiction principaledu système est celle qui oppose les cadets aux aînés. Si cettecontradiction constitue pour le système un facteur d'ëctereœnr,elle !J. 1en est pas moins une des fermes de sa vie. En donnantaux cadets, par la création d'un marché du travail, la possibilitéd'échapper au contr6le des aînés, le système capitaliste détourneà son propre profit cette contradiction de son champ interne. Il enest de même des contradictions liées à la division du travail selonles sexes et le résultat est que les rappor-ts sociaux sont enpartie figés et les possibilités d'auto-transformation du système réduites.


- 164 -2.2.3.2. La non-transfonnation des techniques de productionOn aurait pJ s'attendre il ce que. pour re!Dl!dier ill'ossification et" il La perte d'Energie du système, soit mis enplace le mode de production capitaliste, les conditions de cette miseen place ayant Ed réalisées. Il n'en a rien été, cœrme le laisseapparaître le mode d'organisation de la production par l'a.dmi.ni.stration.Les DDd.i.fications du mode de production, ainsi que nousl'avons vu, concernent essentiellement les surfaces cultivées, leroode de prélèvement et la destination des produits, l'amêlioration destechniques de saignage des lianes et l'organisation du travail surles plantations collectives villageoises, un seul cas de distributiondes JOOYeO.Sde travail étant sigDalé il !otJssendjo (1). A l'exceptiondes surfaces cultivées qui seront dhonnais supérieures à cellesd'avant la pénétration capitaliste et la destination des produits(l'exportation de la plus grande partie d' entre eux), ces JOOdifîcationssont passagères. En effet, la production de caoutchouc est de plusen plus abandonnée â partir de 1922, il cause de la baisse des courset parce que d'autTes produits permettent dêsoraads aux populationsde payer l'imp8t. De mêmel'organisation de la production agricoleprend. fin avec l'achèvement des travaux de ccnarructIcn des voiesde cClllllUJlications CC.F.C.C. surtout) (2)Ces modifications n'engendrent pas automatiquenent latransfonoation du systêee agricole. Le systême poursuit les finsqui sont les aiermes et surtout la rEalisation de l'optiJmndémographique;la poursuite de ces objectifs devient pour les capitalistesun !lJJyen de maximiser leurs profits. Ce que le systêœ capitalisteréalise par ce type d'intervention, c'est le maintien du systèmeagricole lignager et son utilisation ~ ses propres fins. Quant aux(1) - Cf. P.P. REY, op. cit., page 372(2) - D'autres formes d'organisation de la production agricole serontmises en place lm peu plus tard, cœme on le verra plus loin.


- 165 -causes du recul administratif. elles doivent @tre cherchées dans lasituation résultant de la crise de 1929, mais aussi dans la naturedu système agricole lignager qui rendait la transformation destechniques très coûteuse.Les conditions d'implantation réalisées (transformation dela force de travail et des produits en marchandises), la stratégiedu systi!me capitaliste consiste âassurer san extension, c'est-à-direla réa1i~ation et la capitalisation d'une plus-value de plus en plusünportante. Cela suppose que cette plus-value soit produite. Si larëafdsatdon nécessite l'extension continuelle de la sphère de circulationdes marchandises (à l'intérieur ou .il l'extérieur des frontières),la production d'une plus-value suffisamnent importante pour êtrecapitalisée ne peut se faire que si le capitalisme rassemble ma.ssivementles hcmnes 111 r intérieur et autour des unftës de production qu'ilcrée. C'est 11 cet impEratif que correspond la créatdcn des villeset centres urbains secondaires, ceux-ci se situant le long ou àproximité des axes de drainage de la plus-value vers l'extérieur(C.F.C.O. notamment).Cette stratégie n'exclut pas l'utilisation d'autresformes d'extrosion du surtravail•.atnst, l'extorsion du travailpaysan constitue également une des prëoccupatdons des capitalistes.Celle-ci, déjà réalisée ~ travers le ravitaillement vivrier des villes,est accentuée par le développement des cultures dont le produit estdestiné soit à L'epprcvfsiormerœnt des industries locales, soit àl'exportation.


- 166 -3.1. L'exode ruralcauses et ~volutionLe dëvejcppeœnt urbain au Congo et d'une manière généraleen Afrique Tropicale est présenté avant tout carme un fait colonial.Les objectifs économiques poursuivis par le capitalisme et lesmoyens utilisés par lui sont en effet à l'origine de la fondationdes villes: outre l'établissement des chefs-lieux administratifset des points d'appui militaire, la mise en ~~loitation des ressourcesnarurelles (forêts et gisements miniers surtout), la création des voiesde carmun.i.cation (routes et; chemins de fer de pénétration et cl1 êvacuation)ont amené le dëvetcppeœnt de ports sur les cëees , de ports fluviauxaux points de rupture de charge, de noeuds ferroviai.res ou routiers, decentres de regroupement des produits agricoles. Mais la seuleprise en compte de la stratégie capitaliste s'avère insuffisante pourexpliquer le dêvetcppeaent urbain, ce phénœêne découlant de larencontre de deux. systènes socio-éconaniques différents.3.1.1. Antagonisme cadets-aînés et extension du syst!me capitalisteOn a vu âtravers l'analyse du processus de soumission dusystème agricole et d'une façon générale du système social au svstëœcapitaliste cœment les aînés ont accepté, sous l'effet de la contrainteexercée par l'administration coloniale, les rapports marchands,c tes't-â-dtre qu'une partie au lOOins du processus de reproductiondu systême passe désotmais par le marché capitaliste. L'acceptation desrapports œarchands , malgré le controle a postërtcrf exercé par lesaînés sur la détention de la monnaie par les cadets (mnétarisationet augmentation du montant de la dot) constitue néanmoins pour cesderniers un rœyen d'affirmeT leur Indêpendance, Aussi, les jeunesprf!!f!Tent-ils tenteT l'expérience capitaliste.Or, les salaires versés en :one ruTale sont toujours~TieuTS aux salaires urbains, ce qui Tend plus difficile et plus longla constitution de la dot. En outre, les possibilitf!!s d'embauche en


• 167 -milieu ruraï, apparaissent carme relativement limitées, et souventtemporaires (c'est le cas des chantiers de travaux publics, desexploitations fOrestières), donc peu satifaisantes. Si le ruralest décidé a. devenir un salarié. il préfêre donc gagner la villeail les occasions d'embauche lui paraissent plus nanbreuses 1 lespostes plus intéressants.C' est donc cet antagonisme. per-cé à bout par le systêmecapitaliste à travers sa stratégie d'extension, qui se trouve âl'origine du développement urbain au Congo dont les répercussionssur le systi!!me agricole ent:ra!neront peu a. peu SODextinction.3.1.2. La nature de l'êmigrationCe qui caractêrise l'exode rural, c'est d'abord sonampleur spectaculaire tant en ce qui concerne le nanbre œperscnnestouchées que le ryti'lœ auquel il s'effectue. Cela apparait clairementil travers l'examen de la croissance urbaine qu 1on ne sauraitimputer à la seule dynamique interne des villes (excédents des naissancespar rapport aux décès, dus il de meilleures conditions d'hygiêne etd'alimentation surtClUt) qui sont de créatdcn récente.Ainsi BrazzaVille voit-elle sa population multipliéepar ZS entre 1917 et 1972 tandis que celle de Pointe-Noire est en1972, lS fois plus importante qu'en 1945. En un peu plus de dixans, NKAYI (ex JACOB), inexistante en tant que ville en 1955, tripleses effectifs (10000 en 1960, 30000 hab. en 1972). Le tableausuivant pennet de se faire une idée de cette ëvctutdon :


- 168 -Evolution de la population urbaine au Congo (1)VILLES1917' 1945 1955 1960 1965 '1972BRAZZAVILLE 10 000 50 000 90 000 135 000 150 000 250 000roINTE-NOlRE , 200 10 000 32 000 54 000 90 000 150 000LOUBCMl 3 500 12 500 25 000Nl


- 169 -..simplement parce que leur action est conditionnée par elles. Il en estainsi des mtifs que divers auteurs qualifient de psycho -socdcâcguestels ~ le~ ~l.ntes ~titie.:isés'iitcitant les jeunes 'Ii laisser levillage aux aînés détenteurs du pouvoir de sorcellerie. la solidaritéfamiliale et clanique obligeant le citadin à prendre en chargeneveux, nièces, grandes soeurs et petits frères venus fairedes études ou l'apprentissage d'un métier. Il en est égalementainsi des IŒItifs qualifiés de socio-politiques tels que la fuitedevant les contraintes administratives (1) et le développement dumarché bureaacratIco-tn-Ibak de l'l5lploi. les villes apparaissantcomme des centres distributeurs de postes administratifs trêsnœbreux.Caupte tenu de l'ampleur cie l'exode. on aurait pu5'attendre a. une désertification du milieu ruraâ . L' analyse de1l'évolution de la population congolaise montre cependant qu'il n'enest pas ainsi.Evolution de la population congolaise (en milliers d'hab.)ANNEES 19Z0 1930 1940 1945 1950 195 1960 1965 1972POPU<strong>LA</strong>TIONRURALE 450 480 550 585 600 61 585 590 610-~ 1~ Pourcent. Z,Z 4 8,3 10 14,3 1 20,6 31 42,6Effectifs 10 ZO 50 65 100 13 Z15 Z70 455 1'"1UfAL 450 500 600 650 700 75 800 860 1065 1,Source H. BERTRAND, P. VfNNETIER. A. AUGER (op. cit.) et ONU(annuaire statistique 1974).(1) - Si su début de la période coloniale, le refus des pcpctaeIcnsde se soumettre au système capitaliste se traduit par la fuiteen brousse ou en forêt, la ville apparaîtra plus tard COIllDeun refuge efficace.


170 -Malgré la fragilité des données statistiques, le tableaulaisse néaIllDJÎl1S apparaitre que les effectifs de la population ruralesont presque stationnaires. tandis qœ la population des villesaugmente en pourcentage et en valeur absolue. Ce qui signifie quela quasi-totalité de l'émigration est al~tée par le surcroîtdémgraphique rural.penn'Enfin, cet exode est avant tout un eouvenent de j eunesles raisons évoquées plus haut. 11 faut cependant préciser quedans un premier temps, le flux migratoire ccepcrte une majoritéd'ha1mes. Ce phénaDène apparaît; à 'travers la structure déDKlgraphiqueurbaine: ainsi, avant 1936, on a pu calculer qu'il arrdvadt;.ilPointe-Noire 273 hcm:oes pour 100 femœs. proportion qui ne s'estmd.ifiée que lentement pendant les dix années suivantes : 241 hcm:oespour 100 femmes entre 1936 et 194', 190 hommes pour 100 femmes entre1941 et 1946. En outre, panni les imnigrants. daninent de 'rrês loinles adultes jeunes (classes d'âge de 20 .il 40 ans environ) (1).Par la suite, le courant migratoire cœprendra un nanbre croissantde fermes et d'enfants, les candidats à l'ênigration étant assurésde trouver des "structures d'accueil" à leur arrivée en ville• .ilsavoir des parents plus ou mins proches qui pout-rent les aider oules héberger pendant quelque temps. Le nombre des f~s égalera etmême dépassera celui des honmes parmi les nouveaux arrdvarrts car.aux ëpouses légitimes rejoignant leur mari, s'ajoutent nombre defenmes seules attirées pal' le "marché matriJoonial" que représente laville. ainsi que maintes jeunes filles venant poursuiVTe des étudesllupossibles en brousse, et il en est de même des jeunes garçons.Dès lors la stabilité démographique constatée plus hautne concerne que les effectifs ruraux. et non pas la composition desunités de production, dans la mesure oü ce sont surtout les jeunes.éléments les plus dynamiques, qui partent. La conséquence en est.penn'le milieu rural, une accentuation du phénomène d'ossificationévoqué plus haut.(1) - P. VENNETIER, "Le développement urbain en Afrique Tropicale;art. cit., page 19.


- 171 -3.2. L'impact de la deDande alimentaire urbaine sur le système agricoleLe DlJUVser1t migratoire, bien qu'il soit généralisé Al'ensemble du pays, affecte diffErenment les régions, selon leursituation géographique par rapport aux villes. tandis que les acnesles plus ëtodgnëes se dépeuplent de façon absolue. sauf dans certainsendroits bien localisés (1), on peut constater dans les régionspéri-urbaines et d'une manière générale celles qui assurent leravitaillement vâvrder des villes, une tendance a. la rétention desjeunes filles. futures productrices de valeurs d'Echange et une lentemonth ou lme stagnation de la population: ainsi entre 1960 et1972, la population rurale du Pool passe d'environ 20 \ de lapcpul.ation rurale totale à près de 2S \ (2). Si dans le premier casla dfpopulation -le départ massif des jeunes filles de 1S à 20 anssurtout- est le principal fa.c:teur de régression du système agricole,c ' est par contre la circulation des marchandises qui, dans le secondcas se trouve de façon daninante à l'origine de cette régressionnous y reviendrons.3.2.1. L'aœrition de la petite production marchande.La production de aarcbandîses par le systêee agricolelignager se fait bien avant que l'urbanisation soit véritablementeœcrcëe, On a vu, en effet. que le marché extérieur et les Chantiersetaient alimentés par l'agriculture Dla.TChande forcée dnataurêependant la c.olonisation. Ce qui distingue cette forme d'agriculturede la petite production marchande, c'est la nature de la contrainteexercée sur le producteur. Dans le premier cas, il s'agit pour leproducteur d'échapper aux sanctions administratives sans que lesproduits livrés sur le marché par celui-ci soient appréhendés cormnedes marchandises. Par contre, la production des biens destinés à(1) - Cas de la Sangha. oü la O1lture du cacao retient la plupart deshomnes.(2) - Cette région est la principale productrice de manioc a. destinationde la ccnsœmat.Ion urbaine (plus de 60 \ du manioc consonmé a.Braz:aville et Pointe-Noire selon l-h.1gues Ber-trand, op. cit.)


172satisfaire la demande alimentaire urbaine apparaît d'autant plusnêessarre au producteur que sa subsistance en dépend déscrnaîs , dufait surtout des nouveaux besoins suscités ou imposés par lesys'têIœ capitaliste. Deux catégories de ma:rç,h,andises ciI'CUlentdans le cadre de la petite production marchande : les produitsmaraîchers et les produits vivriers traditionnels.3.2.1. t , Le développement des cultures maraîchèresC'est en 1912 que le maraîchage commence à se pratiquer.mais il se développe surtout avec l'urbanisation. L'établissementdes jardins ma:raichers le long des principaux cours d'eau intra oupéri-urbains mais aussi dans les fonds humides en milieu ruraf a étéprovoqué par la présence d'une clientèle européenne grossie peuà peu par des "évolués" qui ont irDiifié leurs habitudes alimentaires.Les espèces cultivées ont une double origine. les semaillesétant faïtes avec des graines cOlllIlaJldées en France, aux grandesmaisons spécialisées. ou d'origine locale. C'est ainsi que viennent.sur ces jardins,salades. carottes, poireaux, choux, navets, oseille,haricots, persil, ~pinards,tomates, cresson, etc.En ce qui concerne les teclm.iques utilisées (1), ellesconsâseent d'abord en un défrichage coupant. l'appareil externe desvëgéteux, suivi d'un brûlds, Vient ensuite le travail du sol :cefuf-cd est retourné il la houe, les lIlOt.tes de terre sont briséeset plac~esselon une série de plates-bandes rectangulaires etparallèles. d' tnëga.Ies longueur, surëfevëes d'une vingtaine decentimët'res , larges d'un mèt.re au moins et ëtabfâes dans le sens dela pent.e. De profonds et larges sillons séparent ces plates-bandes,assurant le drainage des eaux de ruissellement et de celles Quisourdent au pied des versants. Les racines déter-rées sont mises en tas, ,(1) - Ces techniques sont décrites par P. ~IER dans les étudessuivant.es ;- "Banlieue noire de Brazzaville. La vie rurale et les rapportsentre la ville et la campagne il Bacongo". CO n" 38,AVTil-Juïn 195ï .- "La vie agricole urbaine à Poirrte-Sodre (Congo)"C.O. n" 53, Janvier-Mars 1961.- Pointe-Noire et la fayade marit.ime du Congo-Braz~ao.R.S.r.O.M., Pans, 968.


173 -recouvertes de terre et brOlêes. Le mélange calciné rêsultant decet êcobuage , auquel on peut ajouter des feuilles vertes. desrésidus et balayures dcmestiques. constitue il la fois l'engraiset lm amendement qui dorme un peu plus de légèreté au sol.L'arrosagese fait il partir du cours d'eau si le jardin se trouve en borduresinon, le jardinier tire l'eau d'un petit puits qui s'alimente illa nappe phréatique, très proche de la surface. Q.land lèvent lessemis, un toit fOlÉ de feuilles de palmiers étendues sur une claieles protège des fortes chaleurs. Enfin. si le besoin s'en fait sentir.un sa-rclage sera effectué avant la rëcofte,Bien que certains fonds 1u.mi.des abritent des "jardinsde fE!lllDes" ail celles-ci font pousser quelques-unes des plantespotagères qu'elles utilisent couran:ment, le maraîchage est. uneactivité essentiellement. masculine. Cela tient moins à la divisionsexuelle du travail agricole qu'au dëvetoppeeent des rapports marchands.En effet, comme le note P. Vennetier, la part d'autoconsommationétant assez faible. le maraîchage constitue une sourcede revenus rêguliers qui n'est pas il négliger. La vente des produitsllIll7'3.îchers aux: particuliers, mais aussi il, certaines collectivités(cantines IIl.ilitaires. internats des lycées. hôpitaux. etc) pennettaitil chaque producteur de Bacongo de se procurer en 1957 un revenumensuel allant jusqu'il 3; 000 francs Cl). Ce chiffre a son drrtêrêtsi l'on considère qui à la même époque Jla plupart des travailleursdu quartier en question ont un salaire mensuel inférieur à 900 francset la ville concernée est constituée de 82 \ de"sans travail".Le rœraîchage , en tant qu'activité régulière, aurait occupé331 personnes, en 1957 dans le seul quartier de Bakongo â Brazzaville.120 il 150 en 1959 il Pointe-Noire et 110 en 1965 dans la même ville C:).Ces chiffres sont négligeables au regard de la population totale deces villes. Ils attestent néanmoins l'existence d'une petite productionmarchande dans la mesure où il s'agit de producteurs ne pouvantCl) - P. 'lENNETIER. art. cit., page 140(2) - Ibid.


~ 174 -assurer leur subsistance qu'en passant par le marché. C'est cetteprogression des rapports marchands qui, en milieu rural , amêneles hcnmes de la région de Boko par exemple â consacrer A descultures maraichêres dont le produit doit être vendu au chef-lieuou même à Braz.zaville, les jardins destinés auparavant â desplantes quela coutume les autorisait à cultiver sans déchoir etse couvrir de ridicule, telles que la banane, la canne à sucre etle tabac.3.2.1.2. Le ravitaillement des villes en produits vivrierstTaditionnels.Parallèlement au maralchage destiné à satisfaire unepart infime de la demande alimentaire urbaine, d'autres activitésrelevant de l'agriculture se srrdëvetcppëes dans les villescongolaises. C'est le cas de la culture des plantes vivriêres(manioc, arachides, patates, taros, mats ••. ) et de la récolte deproduits consœsaab ïes (canne A sucre, vin de palme). Le dêveloppementde l'activité agricole en milieu urbain est rendue nécessaire parle décalage entre volume de l'immigration urbaine et possibilitésd'emploi offertes par le système capitaliste, la faiblesse desrevenus par rapport aux besoins de la grande masse des travailleurset enfin la difficulté, voire l'~ssibi1ité pour les citadinsde vivre en auto-subsistance. Mais la faiblesse des étenduescultivables tant à l'intérieur qu'autour des villes restreint cetteactivité qui ne résoud par conséquent qu'en partie -et ce uniquementtant que la structure urbaine le permet- le problème de la subsistancequotidierme des citadins. Les villes doivent donc recourir, pourleur ravitaillement en vivres, d'abord et surtout au milieurural, mais aussi à l'importation des produits d'origine étrangèrenotaJllllent eurcpéerme .


- , 7\ -Des march~sruraux se sont fermés où 1 j on retrouve toutela gaume des produits provenant de l'agriculture et des activités~ lui sont liées, mais aussi de l'artisanat. Mais c'est. lemanioc qui constitue l'êU!ment essentiel des transactions soustoutes ses fomes : foufou (farine de manioc). tubercules frais,tubercules rouis et séchés. chi.kcuangue (environ un kilo de maniocl'OUi, prëparê , enveloppé et serré dans des feuilles qui le tiennentau frais).SuI' ces marchés viennent 5' approvisionner deux: sortes declients : les commerçants qui achètent par grosses quantités etvont revendre sur les marchés urbains ; les particuliers qui viennentse ravitailler à meilleur marcM qu'en ville. Ces derniers achètentgénéralement une quantitê de produits supérieure à leurs besoins.L'excédent; étant ensuite écculê en ville.Crëës sous la colonisation, les marcMs ruraux ontperdu leur raison d'être avec le recul du controle et de lasurveillance exercée par l'administration sur les transactionsqui s'Y dëroujatenc , sans doute parce qu 1elle a estimé que leprocessus était suffis8IlIllent avancé pour qu 1il se PJUI'suive toutseul. C'est alors que les ccmmerçants possesseurs de moyens detransport ont cClJllleOCé à jouer un T'Ole de plus en plus grand dansle ravitaillement des villes. Il n'êtait plus nécessaire auproducteur de t'ranspcrter ses marchand.ises jusqu'au marché où devaits'effectuer la vente. Dans un premier temps, les ramasseurs ontcoumencê par venir dans les villages, chargeant les produits pourles porter au plus proche marché, où les femœs se rendaient, libresde toute charge, pour assurer la transaction sous -Ie contrôle del'administration. Ensuite, ce système a fait place au ramassage puret simple dans les villages, avec acheminement direct des produitsvers la ville. Les exemples sont nombreux des populations vivantloin des voies de cœnamicatIcn, qui ont construit des pistes pourfaciliter aux camions l'accès à leur village.


- 176 -Enfin, une autre fonoe du ravitaillement urbain en produitsvlVTiers traditionnels est constituée par les déplacements desruraux allant proposer leurs produits aux. citadins. Deux caspeuvent se rencontrer ici : le producteur se rend en ville où ilest hébergé par un parent jusqu 1 à ëjxdseœnr des marchandisesapportées, il le remerciera par des cadeaux en nature ; ou bien illaisse au parent ses marchandises ~ vendre et repart aussitôt, l'argentgagné est conservé et partagé ultérieurement, lors d'une réunionfamiliale.3.2.2. Les progrès de la P.P.M. en milieu rural.L'intense courant cœmercial ainsi créé s'est développéavec l'accroissement des effectifs urbains. La statistique de 1955 (1)chiffrait â 1'00 t environ la quantité de produits vivrierscœnercdal.fsës dans la région du Pool. En 1967) selon Alain Auger,le Pool aurait expëdté vers Bnz.zaville S1 6ZZ t de produits vivriers.La quantité de marchandises produite dans le cadre de la petitepoduction marchande aurait donc été II'I.Ùtipliée par 47 environ endouze ans dans cette région.Ces chiffres ne constituent que des ordres de grandeurétant donné qu 1ils ne concernent que les produits saum.i.s au contrôleofficiel excluant une quantitë au moins égafe de marchandises quiéchappe ft ce contrôle (Z). Il est cependant certain que la petiteproduction marchande a enregistré lm progrès cesae peut le montrerl'analyse du tableau cd-aprês, (cf. page suivante)Notons d'abord que du fait du décalage entre productionet consonmation, une partie des moyens de subsistance doit êtreimportée: il s'agit essentiellement de viande, de ponues de terre,de légumes et de fruits. La rubrique cœsnerce cœprend donc des(1) - Citée par P. VENNETIER dans "Banlieue noire de Brazzaville",art. cit~, page 147.(1) - Il s'agit ce marchandises accoapagnées par des ruraux allant rendrevisite â leurs parents en ville ou pour s'y installer. AinsiP. VE1't'ŒTIER (cité par H. Bertrand) chiffrait ft 8500 t lesarrivages accompagnés par voie ferrée â Pointe-Noire en 1967en sus des i400 t officielles.


- 177BI<strong>LA</strong>N DE lÀ PRO<strong>DU</strong>CTION AGR.!COLE VIVR1~':1.E DE 1962 A 1972 <strong>DU</strong> C(}'j~C Uniti r cnaeProduits 1962· 1963 196' 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 19i:1. PROOUCTlON . 46239C 473850 489980 506960 52390( 537900 555875 570763 589207 0277 62015-.'!.Inioc-tubU OJ l e1su_e-1'at8I:UMü.1'cm=e d. tllI'reLigum.. .l~ent.iruJ'l'Uitll divttaBC1&Zlu 1'lanuill.l1'imd. et. aJ,tteaProduiu UC'lqeII.CONSCHiAT10NDES !(!NAGES1. Au toconaamlla­.E:.2. DK.i.uiQcIgu:mesMaisL6Z1=u ez:: »i;UIDea.alim.ut.airesFruic. diVESB&D&nu plant..ainaVimde e e produit2. CClQImer c.ManiocIgn.es PatatesléStllZl..s el: lélumealimentairesFruits divltrs3ananes ?lantainsViand. e tarev q; l:?rodUl.';.5;364000 37500031000 32000-3700 36901100 600zoooo 21000'4000 1400027000 260001590 1560467693 479884343952291000230002100110007000900045212374173000BOOO3546513000002400022001200070009000 1451125233175000 i8000 ~10000 10000:i600 7&001EOOo 17000·3241 )64) 11300 1490/2600 2500386000 3980003-2000 350003600800240001400028000158036009002500015000280001400496162 510820370853 358840314000 29800024000240013000700010000~5312530973000800026000240014000800010000'4015198099000900012000' 1 2000,7450 7'10018000)80911501900: 3000)3801,,00\500410000 422000 I4J4000~448000 46looo 7S000"S5CC':38000 42000 44000 1 46000 50000 480J 4&cOO3900 4000 360J 3900 4200 sooJ 450ci1400 1100 1500 1500 1500 2100 180C2400016000290001600220013000SOOO\0000'55)5.;,5 :155015001 122000 260001 25000;16000290001800t 6306510000 t8'00119000i)7551900200016000 115OO0!29000 29000\1775 2363!12000 1S30019cOO':'796 i190°11600120007630190')02100:190026000 2600e15000 11500c290001 2900e2507' 2671noo,zsooc!80CC3200028571 !525300 540550 5601751573"'f586oo, 07540f'237Si368655 377485 369577!378640')59684 81867 918;~, ,307000 316000 304000'313000 289000S13000 23000l ' 128000 29000 300001 32000 35000, 34DOO 32000i 156645'1102000,10000110001: S03019000:1l2000 2100! 2000, 20001 22001 210012000 14000i 14000' 1400C). 14000'1140008000 80001 7000; 80oo! 8000 900010000 11000, 10000. IIOOOIIOOOO! IlOQC485 4771 640; 68:" 667; 7,;1. 11905981195029' 226320 25673f313e::'105000 1300oo! 134000' 16)000 61000166CG~113000 13000: Jt.OOO 15000,14oo0r l''OCC,120CO 120001 : :::-)i50cl200:);)4.51:: 1 .. ;731 - ~_12500 lo70CI 27,:,:180 2loOO ::1 le:SOLDE (1) (Il) 5303 -60)" - 6182 -3860 - rloOO - 2650 - 4300 - 2906 ... 3203 -4766 -)6(:'':ou.r ce Répu.blique Popu.laire du Congo, Go=.i.ssariat Cénéral z.l Plan, Direction de la Statis:->qUe et. cie la Cc:mptabilitê" fCOl:l.Omi'lIU. !Ira::o:aville. 1974,


• '78 -produits d' importation. Par conséquent. l'analyse de l'évolutiondes produits conmercia.lisés ne peut pas nous renseigner cot-rec'teœntsur celle de la petite prodJ.Jction ma:rcnsnde. L'analyse de l'autoconsomnation,par contre, est intmssante à cet égard. La partauto-consOlllDée de la production qui était de 74,3 \ en 1962est descendue à 70,1 \ en 1967 et à 63,2 , en 1972. La commercialisationdes produitsvivriers 5'est donc accrue. au dët.r-imerrt de l'autoconsommation: les causes réelles et les conséquences de cettesituation seront exa:m.inées plus loin.3.3. Le développement des cultures industrielles et d'exportation3.3.1. Espèces concernées et modes de diffusionLes premières tentatives de développement des culturescommerciales furent faites dès la fin du XIXè siècle avecl 'int:roduction du cacao et du cocotier. mais il ne semble pasque la population se soit consacrée à ces cultures à cette époque.C'est à partir de 1936 que, sous l'i.mp.ù.sion du Gouverneur génëral.Reste. furent distribués en grande quantité dans les villages desplants de cocotier (zone côt.Iêre du KouilDtl), de bananier (Mayanbe),de caféier ~Kouilou, xterf., Cuvette, Sangha), d'élaeis (LekOUlOOU,Likouala). de tabac (plateaux Badké) , des fèves de cacao (Sangha),et des graines d'arachides sël.ectIormëes (Niari, Bouenza) (1). Ladeuxii!sœ guerre lOOndiale devait. Ineerrœpre l'essor de ces cultureset ce n'est qu'en 1950 qu'elles revinrent à l'ordre du. jour.Bien que certaines espèces appartierment déjà à la gaanedes productions du systêœ agricole (bananier, ëtaets , tabac, arachide)où existent à l'ét.at naturel (café: coffea caniphora, type kouilou,Exlsa et Gros indénié), la plupart des variétés diffusées sont soitd'importation (cacao. cocotier, banane Gros-Michel type MJ.sa sapientium.tabac Maryland et Java, café Robusta), soit sélectionnées par lesstations locales de l'Institut de recherche pour les huiles et. lesoléagineux (IRfD)(1) - La prcroctcn des cultures cœmercdales s'effectue dans le cadredes ''paysannats'' qui seront examinés plus loin.


- 179 -3.3.2. L'intégration au Système agricoleLe fait essentiel ~ dans cette indgration, est l'accaparementdes différentes o..ù.tures par les hœrnes,à l'exception de laO1lture de l'arachide qui est du ressort exclusif des femnes. Sila culture de l'aTaChide destinée à la vente n'entraîne que quelquesUDdifications du système de culture antérieur, le dëve.lcpperœntdes autres cultures (cacao, café, tabac et banane natamnent) se faitpar la mise en place d'lm autre système de o.l1ture : le systèmede plantation.3.3.2.1. La o.l1ture de l'arachideRappelons que l'arachide est l'une des plantes importéesd'Amérique au 16ê siècle et que sa culture était donc pratiquéeavant la diffusion par l'administration coloniale de variétéssélectionnées destinées à la vente.Dans la plupart des régions du Congo. l'arachdde occupela première place dans les assolenents et sa culture s'effectue surbrOUs forestier, sur buttes ou sur billons en savane. L'exceptionest sur ce plan la plaine du Niari oü les arachides ont toujoursété cultivées à plat, sans aucune sorte de buttes, de billons oude planches, et c'est elle qui fut choisie pour la promotion de laculturearachfdâêre, Des essais systânatiques entrepris à la celluleagronaDique de recherches, jt.vneléeà l'exploitation de lac~gnie générale des oléagineux tropicaux (C.G.D.T.) de Loudimaayant déIJ::mtré que les meilleurs rendements étaient obtenus par laculture à plat, cette métnode fut conservée. Il en est de même ducycle de culture: les vardétës "traditionnelles" à dêvelcppemerrtlent n'étaient cultivées que pendant le premier cycle de la saisondes pluies (Octobre-Novembre) ; la diffusion des variétes hâtives n'aengendré aucune modification sur ce plan, les repousses sporrtanëes


- 180 -donnant seules lieu à une récolte à la fin du second cycte (Mai-Juin)Cl).Le fait nouveau est l'ampleur prise par cette culture.Selon une enquête effectuée par l'I.R.H.O. en 1962 (2), les arachidesoccupent à elles seules 4S \ de la surface cultivêe. ce qui est loinde la situation d'avant la pénétration capitaliste et a sursystème agricole un certain nanbre de conséquences qui serontexaminées plus loin.3.3.2.2. Le système de plantationleDans son étude sur la Terre Enkou, B. Guillot fait étatdes plantations de palmiers-raphia effectués autrefois par les hOllll1eset dont le produit servait à la fabrication des pagnes destinés auxéchanges. Mais il ne s'agissait que d'une activité marginale par rappor-tà l'ensemble du système agricole.Le système de plantation n'a réellement pris naissanceet ne s'est dëvetcppë qu 1avec le dêveloppe;oent des culturescœmercdal.es . Sen niveau de dëvetoppeœnt est fonction de l'évolutionde la culture pratiquée: ainsi. la culture du cacao étant la seuleil avoir connu quelque succès sur œ tre champ d'étude, c'est dans lazone cacaoyère de SOuanké que ce système est le plus avancé. Voiciles constituants du système tels que les présentent J.F.Vinc:ent (~)et C. Robineau (Op.cit.) dans les études qu'ils lui ont consacrées.(1 )- Cf. r.illes SAUTTER. ou. cit. pages 610 et 611. La non-adoption,par les fenmes de cette région. du second cycle de OJ.1tured'arachides cr~eillé par les services agroncmiques officielsserait due, selon cet auteur, à son rendement inférieur il celuidu premier- cycle et il son caractère aléatoire. D'autre part,l'arrachage et l'ëgoussage ët.ant gros consœmateurs de maind'oeuvre,le second cycle n'est donc possible qu'il condition deréduire les surfaces consacrées au premier cycle, dont lerendement est en général meilleur.(2) • Ibid., page 614(3) - J.F. VINCENT, La aL! LUre du cacao et son retentissement socialdâriS la région de SO~~, O.R.S.t.D.M., etCammissarlat au Plan, Brazzaville, 1961.


- 181La plantation est ouverte par le défrichement d luneportion de forêt, sur berme terre rouge QJ. violette. durant lesdeux: saisons sèches (juillet-aoOt et janvier-février). La mise enterre des plants pris dans une pépinière intervient après le brûkLs ,L'opération suivante est le désherbage qui est en principe bisan:wel.Le remplacement de certains plants et l'entretien des cacaoyères sefont à partir de la troisième année. Il faut compter cinq à sixans avant que les jeunes arbres portent leurs premiers fruits (cabosses).La récolte peut alors conmencer, Illllis la production n'entre danssa phase intéressante que dans la huitième année. La proximâtë del'~teur fait que les cabosses arr-ivent à Illllturité tout au longde l'année, de la mi·aoO:t jusqu'au mis de mai suivant, l'interruptioncorrespondant à la saison froide. Le dépulpage des fèves aura lieuensuite au village par ferœntatdon dans des bacs remës , en bois,fmn'nis par le Service del'Agricu.lture. et il sera suivi dus6chage au soleil sur les claies mobiles du séchoiT' à cacaodéncmné "séchoir autobus".La plupart des opérations sont effectuées par les halIInes,les feumes n'apportant une aide à leur mari que lors du désherbageet de la récolte. Une organisation analogue se rencontre dans lesplantations de café et de tabac.Outre le caractère spéculatif de la production surlequel nous reviendrons, le système de plantation qui vient d'êtredëct-It se distingue du système agricole lignager étudié jusqu'icipar l'organisation du travail et le caractère pluriannuel des culturesconcernées.En ce qui concerne l'organisation du travail, il s'est............1" • ont t(. •}'............it ce que davers auteurs appel.ë "la euse au travail de l' honJne"mais il convient plutôt, compte tenu de ce que nous avons vu àpropos du système agricole Hgnager , de parler d'une participationaccrue de l'homme aux travaux agricoles. S'agissant toujours del'organisation du travail, il faut également signaler l'utilisation


- 18Zd'une main d'oeuvre salariée par certains planteurs: 4 \ d'entreeux ont produit de cette façon plus d'une tonne de cacao en 1974 (1).euant à. la nature des espèces cultivées, celles-ci.parce qu'elles sont arbustives et pluriannuelles présententun intérêt certain sur le plan de la conservation de la fertilitédes terres, si l'on ne tient pas compte, bien M, des diversesmaladies affectant les arbustes. Mais la pérennité des culturessignifie aussi une progression de l'individualisation des droits fonciers.malgré la persistance du principe de l'inaliénabilité de la terre.Bien que le système de plantation se différencie dusystème agricole lignager, il n'est guère possible de leconsidérer COUIlleune fonœ d'agriculture capitaliste. 11 correspondcependant à la première des trois fonnes caractéristiquesdu développement de l'agriculture de plantation définies parJ. Tricart et qu'il appelle la forme première (2).3.3.3. La contribution au développement de 13. petite productionmarchâIîdë •3.3.3.1 atdons à la raootiones et exportat1on.Selon le recensement agricole effectué en 1972-1973 (3),le nombre d'exploitations agricoles pratiquant à titre principaL descultures destinées au secteur industriel local ou â l'exportation se(1) - Atlas de la République Populaire du Congo, êdition Jeune Afrique,Paris, 1977.(2) J. TRlCART, ''Les systèmes africains de plantation", Les Cahiersd'Outre~r, Juillet 1957.Lâ fonœ ptonntêre est caractérisée de la façon suivante : eu-defâdes espaces consacrés aux cultures traidtionnelles, caféiers etcacaoyers sont pkarrcës dans la forêt. La parcej.j,e défrichée àcette fin est si lointaine qu'elle rend souvent nécessairel'installation d'lEI habitat temporaire; mais sa taille est limdtée.Les cultures commerciales sont en effet réduites en étendue(3-4 hectares par famille) et en importance dans l'équilibre duniveau de vie. Les deux stades suivants sont les fonnes fiévreuseet organisée.(3) - R.P.C., ~istêre de l'agriculture et de l'élevage: Recensementagricole 197:-1973, résultat~ provisoires.


- 183 -serait élevé à 100020, soit 72,53 \ de l'ensemble des a~loitationsagricoles recensées au cours de la même période sur le territoirecorigolais. One vu qu'a. l'exception de l'arachide et du tabac. lesculturesindustrielles et d'exportation étaient entièrement aux mainsdes hammes ; le nombre total des exploitations agricoles (137 883) (1)étant assez proche du naubre d'actifs agricoles de sexe masculin(139 920) (2), on peut considérer que c'est plus de n 1. de lapopulation agricole active masculine qui se consacre aux culturesindustrielles et d'exportation.3.3.3.2. Evolution de la production et de la cClllllercialisation.Malgré le taux élevé de participation des populations auxcultures cœmerciales, on ne peut pas dire que cel1es-


- 1&4-Ainsi, la baisse enregistrée dans la production de café,par exemple, tient a plusieurs causes : mauvaise qualité de lavariété cultivée (10 \ des plants ctassës en qualité ïnëërf.ecrej ;vieillissement des plants et mauvais entretien des plantations(négligence des planteurs due au prix jugé peu rémmêrateur etaux retards dans la collecte rendue difficile par la dispersiondes producteurs).Seule la culture du cacao a véritablement été développée.Commencée en 1952. les campagnes 1960-61, 1964-65, 1970-71, 1974-75ont fCJl1l'TÙ respectivement 750 t , 1000 t, 2000 t et 3 000 t de cacao.généralement d'excellente qualité. Cette progression rapide dela production est due aussi bien aux aptitudes êcologiques de larégion de la sangha (cliInat propice et sols rouges convenantpEfaitemeIlt a cette culture) qu'aux efforts fournis par les servicesde l'agriculture.Quant l la commercialisation, elle a enregistré un reculen ce qui concerne certaines cultures COIIIDel'arachide et la banane.Les exportations d'arachides de bouche ont cessé en 1970, et lestonnages utilisés par l'huileTie de nkayi sont tombés de 5000 t en 1964â 1400 t en '975 (1). De même les exp:trtations des bananes veTS laFrance qui avaient été de 8 t en 1955, 227 t en 1956, 984 t en 1958et 1327 t en 1960 (2), ont pris fin. Ces deux productions sontdésormais destinées â l'auto-eonsomnation et aux marchés urbains,Si l'on excepte le cas du cacao, il ne semble pas queles cultures conmerciales aient beaucoup contribué au développementde la petite production marchande, bien qu'un nombre important depersonnes s'y consacre. ~ dans le cas du cacao, il est difficilede parler de petite production marchande car 51 les produits sontexclusivement destinés â la vente, les revenus sont affectés âla satisfaction d'autres besoins que ceux de subsistance. En effet,(l) P. VENNETIER, Atlas de la République Populaire du Congo, op. cft, ,p. 3(2) - P. VENNETIER, Pointe-Noire et la façade rnaTitime du Congo,op.cit. .p, Z:


185 -la subsistance du planteur est assurée indépendamnent cie son c-crivitéagricole aercbende, tes plantations étant en quelque sorteassociées aloi. système vivrier traàitionnel dont la feome continue~ s'occuper.Ccmoe le souligne Kostas vergcpcujos , "le but de lapetite production marc.ha.nde n'est pas la mise en valeur d'un capitalet l'obtention d'un profit. mais la subsistance du travailleur etde sa famille" (1). Ce qui n'est pas le cas pour les culturesindustrielles et d'exportation que nous venons d'examiner. Par contre.les carnees cœeercaares contribuent au développement cie la petiteproduction marchande en ce qu'elles constituent l'activité petmettantde satdsfatre un certain nombre de besoins nouveaux A caractère deplus en plus vital.Ainsi. le changement du contenu diachronique du systèDeagricole lignager a pour conséquence son extraversion et le développementen son sein des rapports lJ.I8.rchands capitalistes.Le processus dtextraver-sdcn s'est effectué en deuxphases distinctes correspondant A deux agressions de formes différentesmais a.yant les mêmes fondements. La preniêre se caractérise par lecontrôle exercé par le système sur L'approvi.sdormenent du systèmecapitaliste naissant en forces de travail et en produits. L'autonomie(1) - S. AMIN et K. VERGOPOULOS. La question paysanne et le caoitalisme.An~hropoe - IDEP, Paris, 1971


- 186 -dont dispose le système au cours de cette phase lui permet desurmonter les difficultés engendrées par cette agression. Le rôlede l'autonanie est apparu surtout au niveau de la reproduction destechniques agricoles? avec l'adoption des plantes venusd'Amêrique.La seconde phase, par contre, voit le système perdre uneborme partie de son autonomie, perte résultant de l'êclatement ducadre d'auto-subsistance et de la pënërreetcn des rapports marchandscapitalistes. Le système n'a pas disparu pour autant; l'adaptations'est faite par lm conrrôte a posteriori des conditions de sareproduction, mais ce contrôle n'a pu empêcher le déclenchement d'unprocessus de régression dont le chapitre suivant va rendre compte.


- 18i -~!~_,_: ~~IgN)',! ~~ ~ÇO!,E_L!~~ ~_CQNÇL~S!O~ ~--- - - -. - - - - - . - - -- - --- - - . - - - - - - - - .Il ressort de l'analr-;e du dêVeloppement de la pectteproduction lNIrchsnde que deux fonctions essentielles sont désormaisassignées au systi!!!œ aertccte lignager : assurer la reproduction dela force de travail nëcessadre au systi!!!œ capitaliste et fournir desmatiêres premiêres aux industries capitalistes locales ainsi qu'~ cellesdes ëcrmat icns ëccnœncces et sociales cerrrrakes . C'est ce qui expliquela fixation par le système capitaliste de la nature et de la destinationdes produits, mais son intervention ne se limite pas a cela, Sesreprésentants agissent- en effet sur les rapports lignagers qui subissentd'importantes transformations (section 1) engendrant ê leur tour unedëceëence des techniques agricoles (section Z) (l), l'analyse de ceprocessus de rëgresstcn du système agricole et de l' instabilité qui Lecarac'tërdse devrait pennettre de conclure SUT la stabilité dans lessystèmes agricoles antécapitalistes (section 3),Ce phênamêne a déjà été abordé a propos de l'Lnstaurationde l'économie de traite (passage de l'organisation étatique à uneorganisation purement lignagère) et du système colonial (rupture del'uni.t~ des groupes de production et de consarmation). Il prend cependant,avec la progression des rapports marchands, une dimension toute particulière(T) - Ce phëncaëne n'est pas a sens unique, puisque corrme on le verra,la régression des techniques est également al'origine de latransformation des rapports sociaux,


- '88 -qui apparaît; surtout au niveau de ses conséquences sur le systèmeagricole. Les mkanismes de cette perversion portent essentiellementsur la seructare de l'espace agricole, sur celle des besoins et d'unemanière générale sur le 100de de fonctionnement du système social..1.1. La restructuration de l'espace agricole.La réorganisation de l'espace agricole a revêtu deuxfonnes principales : la création, ëvcccëe plus haut, des tilles etdes centres urbains secondaires et le regroupenent des vtl.Lages (1).En dénaturant les rappor-ts fonciers et en raupant l'êquilibre quiexistait entre les diverses régdcns de notre champ d'étude, elle aôtë au système agricole la plus grande partie de sa substance.1.1.1. Le regroupement des villagesUn des traits caractéristiques de l'organisation. lignagèreest la dispersion de l'habitat. malgré la nécessité bDposée par lefaible niveau de dével~nt des forces proàuCtives aux lignagesde.lIll!me souche ou si.mplenent alliés, de viVT8 gT'tlUpés. L'êparpillementdes populatioru constituait une entrave lI' implantation capitalisteaussi l'administration coloniale se prëccccpa-e-erte de regroupe'les hameaux quasi-familiaux en villages plus imponants.La première tentative dont nous ayons connaissance rercnteà 1913 et fut effectuée dans la boucle du Niari. Dans telle terre, le"ccmnandant" décida de rëduâre de .30 à B le nanbre de villages ; danstelle autre, de 58 à 17 j dans une troisième, de 27 ~ ~ (2). Au mêmemoment, vers ~dingou."les groupements s'organisent à peu près par-toue.(1) - Il conviendrait d'ajouter à ces deux formes l'occupation parl'administration, les missions religieuses et les entreprisescapitalistes de vastes pert.ions de teTTe utilisêes à des finsdiverses (c'est le cas des 30000 hectares octroyés aux colons, dansla vajï.ëe du Ntari , qui auraient pu ncarrf.r 35 000 personnes.(2)- Poste de Missamissioné, RapPOrt. pc;ur le mois de juillet 1913,Archives administratives de DohS1e.


- 189 -Les nouveaux villages groupés ne sont pas encore terminês , maisen pleine vere d'exécution... Cer-tains d'entre eux réunissent70 l 80 cases•.." (1). D'autres tentatives eurent lieu vers 1920 dansla région de la Likouala-Mossaka (2) J en 1921 dans la subdivision der.bssendjo (3), à partir de 1925 dans la région du Kouilou (4) eten 1931 dans la rëgdon de Beko (S) cil le nombre de villages passade 386 à cette date l 169 en 1935.Toutes ces tentatives se soldèrent par des échecs. Partout,les villages regroupés s'empressèrent en effet de s'éparpiller ànœveau, ~ l'exception de la région de Beke, oü selon r-expresstcnde G. Sautter, ils "se sont désset-rês plus qui ils n'ont véritablementéclaté" (6). Si l'on s'en tient aux documents administratifs, deuxraisons essentielles semblent expliquer ces échecs : d'une part lesrivalités interlignagères. le refus d'un chef de se soumettre àl'autoritê d'un autre chef; d'autre part les problèmes fonciers,les étrangers l la terre où s'installe le village n'ayant pas ledroit d'y faire des cultures. L'échec fut tel, à Madingou, qu'il fallut"dégrouper certains groupements dont les terres familiales étaientVTaiment trop ël.câgnëes du nouveau centre" (7).(1) - Subdivision de Ma4ingou-80ke-Songho, Rapport pour le !OOis d'août 1913,Archives administntives de Dolisie.(2) - Cf. Gilles SAUI"IER, op. cit.• page 240.(3) - Cf. P.P. REY, op. cit., page 381(4) - Cf. P. VENNETIER, Pointe-Noire et la façade maritime du Congo-a-a::.::avill,op. cit., page 187.(S) Cf. G. SAJJITER, op. cit.• page S40(6) G. SAJJITER, ibid.(7) - Subdivision de Madongou-Boko-Songho, Rapport pour le IllOis deseptembre 1918, Archives de ~ingou.


- , 90 -Mise en veilleuse avec les travaux du Congc-Ocëan , laconcentration des villages revint il L'erdre du jour avec l'entrée enservice du chemin de fer et la lD.l1tiplication des routes il partir de1935. En mt!me temps que des agglcm!rations se formaient spontanémentle long du C.F.C.O•• la population était amenée en bordure des routes.Cette fois les villages, dans l'ensemble ont mieux tenu ; du moinsles gens n'ont-ils pas cherché il s'éloigner des routes. En effet, lescontradictions évoquées ci-dessus n'ont pas disparu, mais plutOt quede rejotrdre leurs anciennes terres ou de s'installer sur d'autresterres, les fracti


- 191 -''Tant que les administrateurs ont prétendu, pour des raisonsqui nt avaient rien 11 voir avec les normes locales, déplacer les gensd'un coin de brousse 11 un autre, les villageois trouvaient l'idéesaugrenue, et ne s'exécutaient que contraints et forcés. Mais ilsont iDlnêd.i.atl!llllel1t saisi ce que la route allait leur apporter :mouv~t, distraction, facilités pour voyager et vendre leursproduits" Cl).De tous les él!lDen.ts avancés, seul le dernier peut à netreavis, expliquer en partie au moins, le phénaDêne étudié. En effet, sile muvement et la distraction peuvent susci. ter ou être considérés comnedei besoins, ceux-cf peuvent très bien être satisfaits sans que lespopulations aient besoin de changer d'habitat et a fortiori de s'installersur une terre qui n'est pas la leur. De même, quelles que soient lesfacilités offertes par les voies de cœm.mication œdemes , le besoinde voyager n'a jamais revêtu, dans le système étudié, un caractèrevital au point de justifier l'abandon par les populations de leur propreterre, surtout si l'on se rappelle la natur-e des liens unissant dansce système l'homme â la terre. Si les gens tiennent tant â profiter desfacilités offertes par la proximité des voies de comram.ication, c'estque quelque chose les y contraint : ce peut être pour un jeune, lebesoin devenu vital de gagner la ville afin d'avoir une certaineindépendance vfs-â-vi.s des "aînés'; ou pour une fenme la facilité d'écoulerses marchandises. Emigration en vue de vendre la force de travail,vente des produits locaux, mais aussi achat des produits importés, enun mot intégration â la sphère capitaliste, Lâ réside à notre avisl'explication de "l'attrait" exercé par les routes. Si cette intégrationapparaît comme une nEcessité vitale, c'est que les rapports marchandsont suffisamment pénétré le système lignager.(1) - G. SAIJITER, De l'Atlantique au fleuve Congo, op. cit., page 636.


- 192 -~.1.2. Débouchés de l'agriculture et disparités régionalesLes cultures industrielles et d'exportation n'ayant été quetrès peu développées sur notre champ d'etude, les marchés urbainsy canstituent le dëbœchë essentiel de 11agriculture. Il en découleune différenciation extrême entre les diverses régions selon lacommodité et le coat de leur liaison avec les villes. Ainsi lesarrière-paY5 urbains (Pool, Kouilou, Plateaux) et les régionsd'accès facile et peu coûteux du fait de la présence du chemin de ferou d'un réseau routier très dense (Bouen1a, Nian) connaissent un essorrelatif, tandis que les autres, celles situées dans les zones forestièresnotamment, rabougrissent, se replient sur elles~s. Dès lors, laseule solution qui s'offre aux populations de ces dernières régionsc'est l'émigration vers la ville (on y constate en effet le taux d'exodele plus élevé) tandis que. comme on l'a vu plus haut, c'est dans lespremières que la petite production marchande progresse le plus et quele système agricole lignager se vide le plus de son contenu.~.2. La dénaturation des rapports fonciers.Dans un système où. nous avons vu qu'il n'existait pas de"terre sans maî:tre". la concentration des villages le long des voiesde COJIIlllrlication, tout ecnme la création dlagglomérations urbaines,ne pouvait se faire sans contrainte policière que si les rapportsfonciers avaient subi quelques transformations. Celles-ci se résumenten œe remise en cause du principe de l'inaliénabilité de la terre.~.2.1. L'apparition de la rente différentielle.Les premières tentatives de regroupement des villages ontéchoué. avons-nous vu, pour une part à cause des problèmes fonciersque ce regroupement posait. Si les populations se scnt par la suiteagglomérées le long des routes, c'est qu'il leur est devenu possibled'effectuer des cultures en terre étrangère. Une solution a donc ététrouvée, en quoi consiste-t-elle exactement?


- 193 -A côté du regroupement des villages, il nous faut considérerla situation ronciêre dans les villes et centres urbains secondaires,puisque le problème sly présente ~ peu près de la même façon.En effet. pour cœpenser la faiblesse des revenus urbains,un grand nœnbre de citadins doit recourir ~llactivité agricole; ils'agit donc pour ces derniers de se procurer des terres pouvant porterdes cultures vivrières traditionnelles au maraîchères. Or, contrairementaux terrains vagues ccmpris entre des quartiers entièrement construitsque personne ne rëctere, puisqu'appartenant ~la ville, les terres despourtours urbains font l'objet d'une appropriation lignagère quel'implantation de la ville nia pas abolie. Deux solutions ont doncét! adaptées ; la location et la vente. Seule la première solutionnous ântêresse pour l'instant. la vente devant être analysée plusloin.Les conditions de location sont très variables, selon lanature de la cufrure, la fertilité du sol, mais aussi les relationspersonnelles pouvant exister entre demandeur et propriétaire. L'étudeeffectuée par P. Vennetier a Bakongo en 1957 (1) fait rœntion d'unpropriétaire qui n'admettait sur ses terres que la culture d'arachidesmye:nnant 150 â ZOO francs C.F.A. (Z), le demandeur obtenait un droitd'usage sur une parcelle d'environ lnm sur 10 ; le propriétaire fournissaitles semences. d'arachide, le locataire le travail, la récolte étantpartagée a mi-fruits. Un autre propriétaire demandait pour uneplantation de manioc seo Frs de location annuelle, ou une dame-jeanne(10 litres) de vin de palme si le solliciteur était un amie soit de300 a 350 Frs). En cas d'échec, le locataire avait droit gratuitementâ une autre parcelle i en cas de succès, la redevance était réduitel'année suivante a ZOO ou 150 francs. ~ même étude signale égalementle cas d'un propriétaire qui, profitant de la fertilité de ses teTTes,demandait 1500 a zooo francs pour une plantation de manioc.(1) P. VENNET!ER, ''Banlieumoire de Brazzaville", art. cit., page 131(2) - 1 franc CFA • D,OZ franc français.


- 194 -Les revenus obtenus de cette façon par cer-tains chefs deterre sont loin d'eue négligeables puisque P. Vennetier parle 'd'unchef qui a pu faire reconstruire tout son village en dur aux environsde Brazzaville. A Pointe-Noire au contraire, les prix fixb pour lalocation du sol sont minimes ; ces chefs de ter-re ne demandent guèrequ'une bouteille de vin rouge (135 francs en 1961), ou une dame-jeannede vin de palme (350 Prs) , Le Ini!me auteur signale que dans certainscantons, le versement de droits d'usage, devenus plus ou lIlOinssymboliques, ne s'effectue plus. L'autorité du chef de ter-re n'en estpas niée pour autant: aucun terrain ne peut être mis en culture sanssan autorisation (1).Le phéncmêne revêt en milieu rural un caractère beaucoupmins accentué que dans les villes, du fait d'une mindre concentrationdémographique. La rente différentielle a déjà fait son apparition dansles deux régions (Pool et Kouilou) abritant les deux villes lesplus importantes (Brazzaville et Pointe-Noire). A Bcko, pour l'étendue:d'un champ de forêt ccrrespondane ! la capacité d'entretien d'uœ fenme,on demandait vers 1950 de 150 à 250 francs, payables au lIDDE!I1t de larécolte (2). Dans cette région. la ter-re ne se loue qu'à des voisinsmais cette pratique n'en concentre pas ectns , dans les cas favorables,des reverais appréciables entre les mains des chefs de lignage, si l'onen juge par les affectatïcm.S qui leur sont faites.Nous avons désigné sous le terme rente différentiellele prix: d'utilisation de la ter-re dont nous venons de soulignerl'existence sans dire pourquoi. Des deux fomes de rente distinguéeshabituellement, la premi~re ·la rente absolue- est liée ! la quantitélimitée de la tene, tandis que la seconde -la rente différentielleestliée 1 sa qualité différenciée. inégalement répartie. On pourraitêtre tenté, s'agissant des loyers payés sur les ter-res des pourtours(l) P. VENNETIER, "La vie agrdcote urbaine à Pcmte-Sodre , art.cit. ,p. 71(~) G. SA1JITER, De l'Atlantigue au fleuve COngo, op. c;'r.., page 559


-- 195 -urbains. de parler siJnplement de rente absolue. Mais on a vu que leprdx de location dépendait de la nature de la culture, de la fertilitêdu sol et. faut·il ajouter. de l'emplacement de la terre par rapportaux voies de cClllIllJnication ou des villes. C'est donc bien d'une rentedifférentielle qu'il s'agit, bien que la concentration dêmographiquelimite la quantité des terres cultivables.En milieu rural non plus. on ne peut pas parler de manquede terre, malgré les densités relativement fer-tes constatées danscertaines régions. Si la terre revêt un caractère limité c'est à causede sa raréfaction artificielle réafdsëe avec le regroupement des villages.Ce qui fonde la Tente ici, ce n'est ni cette raréfaction relative,ni la fertilité des terres -Ies routes n'ayant pas été construitesen fonction de la fertilité des zones qu'elles allaient traverser- maisIecr inégale répartition par rapport aux circuits ccmmerciaux. Aussi,peut-on considérer que dans ce cas également, le prix d'utilisation dela terre est une rente différentielle.1.2.2. L'aliênation de la terre.A côtë des rentiers vivant uniquement des redevances qu'd.lsperçoivent personnellement et dont ils conservent le mantant; pour euxseuls (1). et Il l'instar de ce chef qui a reconstroit son villageen dur, plusieurs chefs de lignage utilisent les revenus liés aumonopole de la terre au renforcement de leur position de chef, enpratiquant "une véritable politique d'expansion" (2).La politique d'expansion dont il est question consistepour le chef de lignage à se procurer des terres nouvelles par achat.Les transactions foncières s'effectuaient d'jà avant la pénétrationcapitaliste (3), ce qui a changé, ce sont les principes qui les régissent.(1) P. VENNETIER signale L'exratence de tels rentiers dans la régiondu KouEou in Pointe-Noire et la façade maritime du Congo,op.clt,p. 16':".(2) G. BAUNDIER, Sociologie actuelle de l'Afrique ~oire,op.cit.,p. 366(3) G. SAt.JIiEl. cite le cas d'un chef de terre bakongo tenant la plupartde ses "terrains" d'un honme qui avait fah fortune avant 1914, enachetant du bétail sur place et en le revendant sur la rive gauchedu Congo (op. cit., page 488).


- 196 -Initialement, la terre ne pouvait être cédée qu'â des alliés: vendreune teITe n'était donc pas la perdre tout è fait; l'acquisition pouvait êtreindividud1e tandis que la vente devait être collective. c-est-â-dfrequ'elle ne pouvait se faire· sans l'accord de la majorid des uwembresdu lignage.Or. il se trouve maintenant plusieurs chefs ou membres delignages qui, acculés devant une nécessité argente (payer une detteercderme, s'acquitter d'une lourde amende coutumière, rembourserla dot envolée d'une soeur ou d'une nièce.••) n'hésitent pas à céderdes terres à des êll!ments ët.rangets au clan. La cession de la terre,effectuëe dans ces conditions. poce-rare ssleT définitive, puisquecertaines des limitations à sa libre disposition par les chefs ontëté levées et les mécanislaes sociaux (appartenance au clan) quipennettaient au lignage vendeur de conserver sur elle une certaineemprise ne peuvent plus jouer. En réalité, il subsiste des moyensde pression permettant la rêcupEration d'une teTTe, le plus puissantétant le recours ëIUX menaces œgiques : le fait de posséder des tombeauxsur une terre permet en certains cas un véritable chantage auprès desnouveaux détenteurs. Mais ces myens de pression tendent de plus en plusâ s'effacer avec le développement des rapports marchands et de lalŒJltalité mercantile.Il reste que la ter-re a acquis une valeur marchande qu'ellene pcssëdai.t pas autrefois. Faut-il en conclure qu'elle est devenueune mard1andise ccmme le fait par exemple J. Weber à propos de larégion cacaoyère du centre sud cameroun ? (1). Certes, la terrepeut être échangée sur le marché contre n'importe quel produit devaleur équivalente, mais la possession d'une valeur d'échange ne suffitpas â conférer â un bien le statut de llIElrclwldise. Pour qu'il en soitainsi, il faut que le bien considéré soit reproductible. Or, bien quela terre (et plus par-ctculiêreeent le sol agricole) soit de plus en plusle produit du travail hlzain acCUlmllé par les générations successives,elle n'est pas reproductible à volonté.(1) - J. i'IEBER. ''La Région cacacvêre du centre sud CameToun. Essaid'analyse d'une forme locale de production dominée", in "L'agricultureafricaine et le ca~italisme, sous la direction de Senur AMIN,Anthropos, IDEP, l 7S.


• 19i -•En effet. dans la mesure où la terre est un ensemble demicro-écosystèmes. un écosystème unique ou une partie d'écosystème.son évolution·est déterminée! la fois par la logique sociale etpar la logique de fonctionnement des écosystèmes. c'est-à-direpar un ensemble d'éléments et de principes dont une partie échappenttotalement au contrôle de l 'honme et du système social.Nous ne pouvons donc pas considérer la terre CCITIIIeeercrandtse, l'argtment évoqué ci-dessus justifiant d'autant plusce propos que le système étudié se caractérise....l;r' l'illlplantaticnc.plt.li.t•• :~.r le ~.ibl. praductivit' du tr.vail .11ectu~.ar 1•• 6co.y.tt.ea en vu. de leur appropriation.une1.2.3. Le nouveau rôle de la terre.sans être devenue une marchandise. la terre. parce qu'ellea ëtê "vaïcrdsëe" par le système capitaliste, n'en joue pas moins unrôle diff~rent de celui qu'elle jouait auparavant dans la reproductiondu système· social.En acquérant de nouvelles terres. le chef avait pour objectifsd'assurer â son lignage des ter-rains de culr-re, de prëcdser L'expansdondémgraphique de celui-ci. de remédier â son émiettement ou 11 celui duClan. de se ménager des amiti~s et des alliances. de gagner en prestigeet en pUssance.Avec le dêveloppement des T'apports marcbends , la Terreintervient beaucoup plus directement dans la perpétuation et lerenforcement des hiérarchies qu'elle ne le faisait antérieurement. Ona vu qu'auparavant la puissance d'un chef de lignage était fonctiondu namère de ses dépendants; la stratification à l'intérieur du systèmesocial était alo,s fondée sur des liens de dépendance personnelle etnon sur un lien avec la terre qui ~tait consddërëe uniqueaent conmesupport des groupements. le lieu où s'effectuait la reproduction du


- 198 -système social grâce aux actes de production et à la symbolisation.L'évolution du l'ale joué par la terre est d'autant plus importanteque. là CIl les rapports marchands tendent à se genéraliser. le lienavec la terre se subst.Itue de plus en plus aux liens de dépendancepersonnelle pour la détennination de l'importance sociale du chef (1).Cette évolution a.r.aait pu aboutir à l'expropriation tot.alede certains lignages, mais il n'en a pas été ainsi. Les ventes effectivesde ter-res sont devenues rares. les lignages cnignant de lll8lIquer duminirmJm nécessaire à la subsistance. La. location reste cependant deprattque courante dans les régions les plus pënëtrëes par les T'apportsmarchands. celles situées à proximité des villes surtout.lh1 IlOIJYe&U dkoupage social a pourt.ant pris naissance dansles sociétés rurales : une différenciation en lignages riches etlignages pauvres. reposant sur la loc.alisation plus ou llIOins avantageusedes terres pcssëdëes par rapport aux axes de ciro.ù.ation. alors que ladifférenciation antérieure en lignages puissants et lignages faiblesétait basée sur le nanbre plus ou .lOOÎJ1S grlUld des membres du lignage.Ce~~e situation évolue vers une diffirenciation en familles richeset familles pauvres, cCInP~e tenu des progrës que rêalise depuis quelque~emps la ~I'lll1SDlission des biens en lille partrilin&ire.On pour-raft; ip.lenent évoquer l'existence de "paysans sansterre" • Mais il fatr. prëcrser qu'en rêalitë , ces ruraux que l'onretrouve dans les lignages pauvres pcssêdent une terre Hgnagêre, Cequi fai~ d'eux des "sans-terre". c ' est; l' i.mpossibili~ê dans laquelleils se 'trouvent de valoriser leur propre terre il cause de sa mauvaiseIccafIsat âcn, cexee sit:ua~ion ne saurait cependant évaluer vers uneprolétarisation ~otale de ces ruraux du fait de la faiblesse de ladensftë de population (3 hab. au kmZ), la sctutacn adcptêe, lorsque lasit:uation devien~intenable le long des voies de communications existan~es,êtan~ l'ext~ion du rêseau commercial (2).(1) - Cres~ ~ cet~e subs~itu~ion que fait allusion G. BA<strong>LA</strong>NDIER Quand ilfai~ observer que "les compê~itions entre individus s'exprimenteatntenarrt plus à propos des 'ter-res qu'il propos des personnes" inSociologie ac~uelle de l'Afrique ~oire, op.cit., page 36ô.Cl) • C.=. page suivante.


- 199 -1.3. Caractère dominé de la stratégie lignagère et mode d'appropriationet d'affectation du surplus.1.3,1. Le recul de l'autosubsistanceLa baisse de l'auto-eonsœmation notée il propos de laprogression de la P.P.M., supposait que certains besoins satisfaitsjusque lA dans le cadre de L'eatosubarstance le soient désonnaispar l'importation de certains produits. C'est le cas notsmnent desconserves de viande et de poissons (sardines, corned-beef, etc.•.) etdu poisson salé et sêchë dont la ccnsœeatdon s'accroit à cause dela disparition du petit élevage traditionnel et de la raréfaction dugibier et du poisson. C'est aussi le cas des boisscns alcooliquestelles que le vin rouge, la btêre et m@me le whislcy qui viennentconcurrencer le vin de palme et les autres boissons locales. Par contrela ccnsœmation de certains produits COllme le café, le thé, le sucre,le lait et le pain (1) ne répond pas à des besoins préexistants : ellea tout simplement êté st~ée par les capitalistes qui ont DnpoSécertaines habitudes alimentaires aux populations.L'alimentation n'est pas le seul dclna.ine il avoir subiandes transfonoaticns, tant ce qui concerne les besctns eux-eêses quela manière de les satisfaire. Ainsi dans le àcmaine de l'habillement,les halmes ont adopté le cost1.lne européen avec sa hiérarchie devêtements (vestes, cheeuses , pantalons, sœs-vêeeeenesj . De nouveauxproduits sont utilisés pour la toilette (savon, shampoing, parft;ns, etc...)Les besoins de santé sont désomais couver-ts par l'achat des produitsphareaceurdques et l 'hospitalisation. Des tecM.iques nowel1es ont Héadoptées dans le danaine de l'habitat (cré'pis.ge des .arrs en ciment,sol bétonné, toit~res en tOles ondulées, etc...) et de l'éclairage(utilisation des lampes il pétrole, des bougies et des bmpes à pression).(2: - SClte Z de la page 198Cette solution a déjà été adoptée par prusieurs ruraux qui, ayantrefusé pour une raison ou une autre de se déplacer, ont reliéleur Village la l'QJCe de circulation le plus proche en ccnst-rui.sarrtune route, avec ou sans l'aide de l'administration.':1) - La ccnscesatdon du pain tend il se généraliser il l'ensemble de lapopulation. Le phënœëne revêt cependant un caractère paniClJlierdans les villes oü le pain se substitue de plus en plus au manioc.Suite de la note 1 palle 100


- 200 -Pour ce qui est des biens durables, outTe l'utilisationdes ustensiles de cuisine en tOle émaillée. les assiettes, platset verres en DlBtiêre iXa!5Bble qui ont pratiqtJll!lDl!mt éliminé lapoterie, il faut noter l'acquisition de certains biens â usagebesuc.oup plus sociologique qu'économique, car ils conRrent duprestige â celui qui les possède: c'est le cas des montres, stylos.appareils à transistors, bieytlettes, machines A coudre, etc.Ce bref examen des besoins rëvëte le degré de pënëtractcndes rapports marchands. Avec la transfOl'1lllltion des lOOdes de consoeeation,c'est l'ensemble du JŒXie de vie qui est touché, car très peu debesoins sont satisfaits hors du marché capitaliste. L'ancdenne ëconœdede subsistance a donc été profondéDent altêrée ,, .3.2. Tr.msfert de valeurs et "intensification" du travailagricole.Le système agricole lignager étant subordonné au systèmecapitaliste et n'ayant CCIIIIlledébouché essentiel que les IlIl1rchésurbains. les paysans se voient infliger' des prix agricoles très basau regard du travail qu rils effectuent (1). La paysannerie estd'autant plus ÜftpUissante à rfagir devant cette situation qu'il n'ya pas de véritable JmUVement paysan, qu'elle est "l'objet d'un clivageinterne qui le plus souvent juxtapose et compose les différenciationsde type lignager avec celles de type capitaliste-marchand"CZ).(1) - Suite de la note 1 page 199 .. •. Cette substitution est liée à la hausse des prix du manioc dueà La capacité de plus en plus réduite d'une population ruralevieillisS3J1te (â cause de l'émigration de, james et de la nontnnsmissiondu savofr-faâre) à répondre â la denande alimentaireurbaine.(1) - Ces prtx sont cependant trop élevés peur les urbatna compte tenude la faiblesse de leur pouvoir d'achat.(2) - H. BEC'RAND, qp. cit.. page lOS.


- 201 -Par contre, les prix des produits provenant des villesou de l'extêrieur sont excessivement êlevés pour des raisons tenantà l'êchana:e inégal d'uae ~ et aux: .conditions de cœmercial~sationd'autre part. Le prenter relève des relations entre formation ëccnœüqueEt sociale dcm.:inêe et formation êcananique et sociale dominante et tientau fait que les producteurs de la preatêre vendent des produitscristallisant un quantum de temps de travail plus ëkevë que celuicristalli5é dans les produits en prevenance de seconde (1). Ainsd ,pour subvenir A l'un quelconque des besoins décrits plus haut, lepaysan doit :fOurnir une plus grande quantité de produits, cœparatdvementà la marchandise qu'il acbête,Ce mécanisme, dont les effets peuvent déj il appréhendés auniveau des villes, en renforcé en milieu rural par les conditionsde cœmercdal.dsatdon. CCIl'Ille on peut s'en douter, les ccœerçants ettransporteurs jouent un rôke important dans les relations entre villeset c.m:pagn.e. Si le transporteur procède le plus souvent il la collectedes produit! ruraux achetés A très bas prix et revendus en villeavec un substaru::iel bénéfice, le cœmerçant s'oriente beaucoup plusvers l'installation en milieu rural des ~its de boisson, cafés etboutiques ail sont écoulés aussi bien les produits importés que ceuxfabriqués en ville.Entre ville et campagne, les prix vont du simple au double,voire au triple. Il s'effectue donc un transfert de valeurs du producteurrural aux possesseurs des ecyens de transport et conmerçants d'unepart, et aux forsatdons écOIlCllli.ques et sociales du centre, d'autre part.Mais les détenteurs des moyens de transport et les cc:mnerçants étanttributaires du système capitaliste, tant pour l'acquisition des moyensde transport, des marchandises cœmercdaldsées que pour une bonnepart de leur consomnation personnelle, il faut considérer que ce sontles capitalistes du centre qui, en dernière analyse, s'approprient laplus grosse part du surplus paysan.Cl) - Cf. â ce sujet A. EMMANUEL, L'échange inégal, Paris, 1969.


- 202 -La conséquence en est une "intensification" du travailagricole consistant non pas en une amélioration de la productrvacê maisen un allongment du temps "de travail (1) et un accrefsseeent dessuperficies cultivées. Rappelons en outre la pan.icipation accruede 1'hl:nne aux. travaux agricoles J ce qui souligne encore la contraintedue à l'ëcbange inégal., .3.3. Affectation du surplus et productivité agricoleA l'échelle locale, les transporteurs et les commerçantsne sont pas les seuls! accaparer le surplus paysan. Il faut y ajouterles menbres de la bourgeoisie bureaucratique qui, par divers mécanismes(impdt surtout). perçoivent leurs salaires grâce au travail paysan,les chefs et aînés des lignages qui confisquent une par-rte de cesurplus grâce à la dot et aux prestations des cadets.Malgré toutes ces pcrcejcns , de nanbrewe paysans arriventà disposer d'une partie du fruit de leuT travail, au-delà de ce qui estnécessaire à la subsistance. Si les profits rêalisés par les transporteurset les commerçants servent surtout à développer leurs activitésrespectives, l'utilisation que les chefs et atnEs de lignages et lesautres paysans disposant d'un surplus en font est loin de correspondreà un investissement en vue de l'amélioration de l~du travail agricole.productivité(l) - Actuellement, il n'est pas rare que les faunes quittent leurvillage à sept heures du matin pour n'être de retour qu'à dix neufheures. On peut se faire une idée de l'allongement du temps detravail à partir des propos que nous avons recueillis auprès desvieilles femmes qui évoquaient les souvenirs de la fin du 19è siècleoù leurs mères ne travaillaient que cinq à six heures parjour, temps de déplacement compris. Ajoutons que le reste dutemps était consacré, selon ces mêmes informatrices, à la danse,aux jeux ainsi qu'à diverses autres activités ne relevant pasddrectetent de la produc'tion : nous reviendrons dans la deuxièmepartie de la recherche sur ce prcb.lême d'utilisation du tempslibre.


• 203 •Si l'on retranche de l'ensemble des besoins recenséspr!c6demment les besoins alimentaires, les besoins vestimentaires.et les- besoins en biens mobiliers qui peuvent. être cmsddërëscœme les plus vitaux, on constate que c'est â l'achat de ce qu'onpeut qualifiel" de biens de pres'tige (bicyclettes. récepteurs de radio,IŒmtres. tourne-disques. machines à coudre, fusils) et à la constructiond'édifices en ëatërdaux durables (maisons et tombes) qu'est affectéeune partie du surptus paysan. Une autre panie est ut î Hsêe soit POUTl'acquisition des biens dotaux: pami lesquels figurent souvent machinesâ coudre et fusils (1). soit pour la constitution des cadeaux offensà L'occastcn des fêtes de retrait de deuil et des fêtes ''malak.i'' oùs'affiche la cœpétition des lignages (2), soit enfin pour le règlementdes divers conflits sous la fonue d'amendes coutumières.Parmi les biens acquis avec le surplus, seuls les fusilset les bicyclettes sont utilisés dans la production agricole (3), âcaté des houes, haches, machettes et paniers d'utilisation ancienne.Peut-on considérer l'achat des fusils et des bicyclettes coume desinvestissements productifs? A cette question, nous répondons par lanégative car ce qui incite le paysan il se procurer ces biens, c'est:avant tout le prestige qu'ils procurent, même si les fusils gméliorent-tout en favorisant d'ailleurs la disparition du gibier- le rendementde la chasse et si les bicyclettes facilitent le transport desproduits et le déplacement des producteurs (4).(1) - Rappelons que la dot continue â enregistrer une très forte hausse,ce qui perset aux "aînés" d'exercer leur COntrôle a posrërfcrtsur les "cadets".(Z) - G, BAU.NDIER qui s'est penché SUI' cette mstItution fait remarqueravec raison que la logique sociale ccntinue ainsi â prévaloir surle seul calcul économique, mais ne l'exclut pas puisque cet enj eufait apparaître l' instIrutdcn "conme un 1I'IOYen de capitaliser, unesorte de placement â terme" (op. cit., page 350)(3) - L'autTe bien directement utilisé dans la production est la machineA coudre qui constitue pour la catêgorie d'artisans appelés"tailleurs" le ncyen de production essentIel .(4) - Les enquêtes effectuées par divers auteurs ainsi que par nous-mêmeconfirment cette analyse. Ain5i. Y. [)f{)NI' dans son étude sur lesbud.!its familiaux dIJs 1e>villages du NiaTi (Centre ORS'ItJo1 de Brmville,)ui et 1965) constate l'importance dû nombre de fusils de chassepossédés par les habitants de la vàHêe du :-liari. bien que le gibiery ait déjà été exterminé. De même C. ROBlNEAU (op. cit.,pp.1Sl-1S2)considère COll'lne relevant de la consœeat.tcn cstentatcrre l'achat,constaté ~ Souanké, de plusieurs machines li coudre par une mêmefamille, de fusils de chasse dont le propriêtaire ne se sert paset de bicyclettes.


- 204 -Totalement dépouillés du fruit de leur travail â la foispar le système capitaliste et les chefs lignagers, les producteursdirects n'ont gu!re -Ia possibilité derwtsager une améliorationde la productivité de leur travail. Ceux qui disposent d'un surplus.parce qu'ils appartiennent généralement au groupe social incarnantla strategie lignagère, le destine â l'affirmation et au renforcementde leur prestige : ainsi qu '1 leur plaisir par la conscmmation dIalcoolnotarllllent (1). se d'tournant de tout investissement productif.Finalement; c'est une faiblesse extrême et générale dela productivité du travail agricole qui caractérise le DJ:mde ruralcongolais.Res'trucerratdon de l'espace agricole, dlnaturation desrapports fonciers. "intensification" du travail agricole, extraversiondu système agricole, tous ces phênaDênes devaient influer sur le roded'utilisation des techniques et sur leur reproduction. Caupte terw dela brutalité qui les a accœpagnës, l'adaptation â la nouvelle situationne pouvait guêre se faire dans de bonnes conditions. Ainsi, l'activitéagricole urbaine dont le développement a été rendu nécessaire par ledécalage entre volume de l'Unmigration et possibilités d'emploi offertespar le système capitaliste et par la faiblesse des revenus par rapportaux besoins de la majorité des citadins, s'est effectuée en recourants~tématiquemen.t aux techniques rœ-akes , alors que les conditions avaientchangé. Les ruraux de leur ceté n'ont pas hésité à s~lifier lestechniques pour faire face à 'me demande alimentaire urbaine sans cessecroissante. Aussi a-t-cn assisté à une décadence des techniques et àune d'gradation des écosystèmes.(') - R. <strong>DU</strong>MONT (L'Afri~ire est mal partie, Seuil, Paris, 1960,page 36) et C. Rb (QP. cre.; page 153) insistent sur laconsœeatdon excessive de""""15OISSOns alcoolisée! dans la région deSouanké , Selon les propos recueillis par C. ROBL'iEAll, ce phênarnêneserait dfi à un "manque d'emploi" de l'argent que les populationsobtiennent avec la production du cacao.


- 205 -2.1. L'exploitation du llIilieu urbain et suburbain. I...a plupart des activités relevant de l'agriculture OU lui!tant li!es se retrouvent a l'intérieur et autour des villescongolaises, Al' exception de la chasse qui a pris fin dès lesdebuts du dévelcppewent urbain, pour des raisons Wid.entes. Nousallons examiner successivement la culture des plantes vivrières,la pêche et la cueillette, cette dernière activit! se pr!sentantsurtout sous la fonue de ramassage de bois.2. , . t • Les culnn-es urbaines et suburbainesLa première caracteristique de l'agriculture urbaineet pët-i-urbatne, c'est la rœtndre drverattë des espèces cultivées,en cœparadson de Ce qu'on a vu a propos du systèlle agraco.le lignager.Aliœnt de base, le manioc occupe la première place. Onretrouve dans sa CUlture toutes les opérations déja décrites:d!:fTichage pendant la saiwn sëcbe , labour! la. houe, constitutionde buttes, mise en terre des boutures, désherbage et enfin récolte.l).&elques précisions s'imposent cependant. En premier 1ieu, lesboutures, en gënërai au nanbre de deux, peuvent être soit enterrëes-ejIes sont alors placees dans lm trou parallèlement ou crotsëee-,soit enfcncêes obliquement dans la butte. La seconde remarque concernela réccfte : celle-ci peut cœaencer neuf a dix mis après laplantation. Les tubercules obtesais ont lm diamètre de 5 a 6 cm,ïnffrieur ! celui du manioc de brousse (la cm au llIDins), où les terresrestent plus longtemps en jachère. Il faut noter qu'une plantationde manioc ne doit jamais être entamée :wmalement avant douze moisrêvolus ; la consommation s'!chelonne entre le treizième et letrentième mois. Des plantations entamées dès le deuxiême mois disparaissenttrès rapidement (1).-----------------------------(1) - On s'explique. ! la lumière de cette remarque, les famines enregistréeslors de la mise en place du système colonial. Contraintes deéournrr du manioc aux troupes et aux travailleut'S des chantiers,les populations ont dû déterrer les tubercules cês le dixfèeemis, ce qui d-une année a l'autre engendrait un déséquilibrea.liment.aire.


- 206 -La. culture, de loin daninante, du manioc, ne doit pas faireoublier l t existence de cultures secondaires : arachides, mals. patates.'canne l S".JCre, taTOS et divers 16gl.m1es. Les arachides sont seeëes audébut de la saison. des pluies sur lU1 terrain préparé en buteesrectangulaires ou en plates-bandes rectangulaires de quelquescentimètres de hauteur. Le cycle de l'arachide est court : la rëcottea lieu en jerrvter-fëvrier , ce qui laisse le sol en repos une grandepartie de l'année. Le mals ne se rencontre IUJ.11e part en peuplementscontinus. mais l l'état de touffes ou de pieds isolés au milieu d'autrescultures ; il en est de même des taros , Les patates douces. par contre,font parfois l'objet de plantation sur de grandes surfaces. Elles sebouturent en septembre. dans les bas-fonds humides préparésccmne pour les arac:hi.des, au bord des cours d'eau. Enfin la culturede la canne l sucre se pratique dans la plupart des vallées. parrepiquage en terrain l1l1D..ide.La t.ee.hnique la plUS répandue reste cependant celle descultures assccfëes, Sur les buttes! llIlUlioc, les fedlDes plantent enmême temps manioc, patates douces, et mais. Quelques mètres carréssont souvent réservés aux légumes (oseille, épinards). Les champssont dêlimités par un billon continu où s'alignent les pieds de taros.La faiblesse des étendues cultivables oblige les producteurs1 exploiter le mène champ plusieurs années œ suite. et de reccmnenceraprès une période de jachère insuffisante. Ainsi, sur les îles duStarùey Pool. on trouve tout na:tu:rel de planter du manioc !quatrereprises (celui-ci étant associé avec d'autres plantes. ,la premièrefois seulement) 1avant de laisser la terre se reposer pendant troisans. La conséquence en est une savanisation et un épuisement rapddedu sol (1).(1) - Gilles SAI1ITER a constaté ces phënœênes en ce qui concerne lesforêts de "Kittengué" et de "Chinois" au Starùey Pocl, qui sont"réduites" â l'état ci:! petites brousses" (?J!. dt., page -1.44)


- 207 -La perte de temps inhérente au déplacement empêche lesfenmes de faire leurs c:hamps à une distance de plus de 8 km. Il setrouve pourtant des feumes qui choisissent d'aller passer plusieursjours. vt'Iire des seeaines à la campagne, temps au cours duquel elleseffectuent les travaux de défrichement, de désherbage ou de récolte.Mais seules peuvent reocurir à cette solution. les femmes originairesdes villages environnant la ville. Si bien que dans l'ensemble, lenanbre de personnes pratiquant des cultures à L'dntërdeur ou à lapér-iphérie des villes diminue (1), ce qui ôte à plusieurs citadinsl'appoint de subatstances et de revenus que pouvait leur procurercette activité.2.1.2. L'exploitation du milieu aquatiqueL'activitê rurale des cdtadins ne se limite pas au travailde la terre. flle 5'exerce l!galement sur le IlIilieu aquatique lorsquela pTOXimité de L' océan ou d ' un cours d' eau important le pennet.Cependant, les probl~s liés à l'exploitation des eaux ne se posentpas de la même manière dans toutes les villes : ceux-ci sont fonctionde plusieurs facteurs pa:rm..î lesquels figurent l'importance des réservesde poissons, le nanbre de pêcheurs , l'intensité d'exploitation, etc.Ainsi la plkhe est très peu pntiquée à Laubcm:l et ~'kayi. malgréla présence du fleuve Niari à Nkayi par exemple ; la pêche en mer esttrès d.êveloppée à Pointe-Noire. mais les problèmes qu'elle pose onttrait à l'inorganisation des artisans-pêcheurs face aux capitalistespratiquant la pêche industrielle, Il la conservation et au transport.A. Brazaville par contre, plus prëctsëaene au Stanley-Pool où la pêchesupplante toutes les autres activités rurales des urbains, la situationsur le plan écologique est si préoccupante qu'il est nécessaire de s'ypencher. La seule source d'infonnation dont nous disposons â ce sujetest la minitieuse étude effectuée par Gilles Sautter (2).(1) - Cette diminution apparaît à travers les enquêtes menées parP. VENNETIER et J.f. VlNCENI'. Alors que le premier évaluait Il uncinquième environ la proportion de femnes travaillant la terre àBakongo en 19Si (P. VENNETIER,Banlieue noire de Brazaville,op.cit.p. 132), .r.r, VINI::ElI' l'estillle six ans plus tard, â environ un dixièmeCJ.F. vtNCENI'. Influence du 1lIilieu urbain sur la vie traditiormelledes femmes de Bakongo-BrazaVllle, IRSt, 1963J.(2) - Cf. G. SA1JITER, op. cit., pages 326 ~ 466


- l08 -2.1.2.1. La fausse diversité des techniquesCe qui eeeeceërrse l'exploitation des eaux du Stanley Pool.c'est avant tout l'extrême diwnitê des techniques, tant en ce quiconcerne les moyens de production que les procëdës utilisés. ~us avonsdéjà fait êtat des 17 genres de filets, 12 genres de lignes de pêche,3 genres de pièges. 12 modèles de nasses. 3 paniers de pêche différents.3 sortes de barrages, 8 types de lances-harpons, 12 types de lances àsonder dénanhrés sur le Stanley Pool en 1956. Si l'on tient compte dufait que le Stanley Pool s'étend sur 550 laD2 secreœne , il fautrecannaitre avec Gilles Sautter que la p8che mntre dans ce cas "unevariété de formes probablenent inêgalêe dans le Teste de l'AfriqueTropicale. rut' un si petit espace" (1).La IlIIl1tiplicité des techniques tient sans doute en partieà la nature du milieu et à sa richesse ichtyologique, mais elleest beaucoup plus liée à la diversitê ethnique qu'on peut observersur le Stanley Pool. Les personnes qui. avec le dëvetoppeeent deSluDville et Kinshasa ont progressivement peuplé ses tles et sest-tves, y ont apporté les méthodes en usage dans leur groupe d'origine.Mais, il s'agit en fait d'une "fausse diversité" des techniques.Fn effet, la convergence des hcmDes a conduit ~une vasteconfrontation technologique. Mais, loin d'~voir contribué ~ diversifierles techniques, l'adaptation, dans la mesure où elle s'est produite. afonctiOlll'l! CQ!llle un processus de sélection et d'élimination panni.celles-ci. Sous la pression de la deoande urbaine, les techniques derendement mêdi.ccre, mal adaptées aux conditions physiques du StanleyPool, ont été Uimin6es (2). D' autre part, toute une série de pêchessupposent un nombre élevé de persormes, une stricte discipline et uneforte capiLalisation de travail au P1"éalable, pOUr la fabrication desmoyens de production. Les cr tadins ou demi--


- 209 -du Stanley Pool, réduits a eux-mêmes ou a un tout petit groupefamilial, doivent renoncer a de telles pêches et s'en tenir a cellesqui se font seul au à deux et ne nécessitent qu'un l'Ilin.inRJIn de matériel.2.1.2.2. L' "overfishing" ou suroêcbe,Aprês la variété technique, c'est l'intensité qui caractérise1 ~exploitation du Stanley Pool, tant sur le plan de la productivitédes techniques que sur celui du rythme d'exploitation.En ce qui concerne le premier point. il félllt noter que leprocessus sélectif décrit ci-dessus s'est également accompagné d'unetransfonuation des tecJmi.ques dl!ji1 retenues pour leur "efficacité".Les pêcheurs ont en effet ressër-rë les mailles de leurs filets etles lattes cie leurs claies. Les mailles mesurent 2em de cêtë pource qui est des filets "la crise" et 3 cm pour les filets "pousse".Collant de surcroît; reearquabtesent au fond, les filets ramassent,au dire d'un pêcheur. "le père. la mère et l'enfant". Pour les claies,l'écartement des lattes ne dépasse guère un centimètre, contre deux iltrois dans la région de !otJssaka (l). De cette façon: presqu'aucun poissonne peut échapper aux pêcheurs, pas même les espèces de petite tailleet les poissons insuffissnment dëvetcppës,La transformationdes techniques a êtl!i rendue nécessairepar la rarêfactien du poisson et sa d.im..im.J.tion de taille, du faitde l'exploitatien intêgrale de la nappe d'eau par des effectifs tropimportants et ce en toute saison. La densiU de population calculéepar G. Sautter pour L'armëe 1952 qui s'élevait au voisingae de5hab./km2 d'îles et d'e~ confondues, correspondait à environ 3000personnes tirant l'essentiel de leurs ressources de l'exploitationdu Stanley Pool. Cette densf.të, faible dans l'absolu, acquiert del'llnpoTtance si l'en tient compte de la relative pauvreté en poissonde la nappe d'eau. D'autre part A la population vivant de façonpermanente surIe Stanley Pool, il faudrait ajouter les pêcheursprcëesstcnners ayant leur domicile en ville et la masse des pêcheurs(1) - Cf. G. SALnrnER, op. cit., page 445


- 210 •occasionnels (salariés, fonctionnaires, femmes dont les maris occupentlm. emploi quelconque en ville) qui contribuent pour une part appréciableIl raréfier le poisson.. Depuis 1952, le ncmbre de pêcheurs n'a pu ques'accroître encore, avec le développement urbain.Enfin, la concurrence, de plus en plus vive, a poussé lespêcheurs Il s'approprier les lieux de pêche, du ectns ceux qui seprêtaient Il une délimitation nette. Tout cela a amené les pêcheursIl s'employer çhaque année plus â fond â compenser par le nœb're lataille de plus en plus réduite des prises, doI"M: â accroître lasurexploitation. des eaux.L' "overfishing", c'est-il-dire l'exploitation. destructricedes populations de poissons, s'est encore aggravE au Stanley Pool parun phénanène ''biologique'' : l'envahissement du bassin congolais parla jacinthe d'eau (Eichhornia crassdpes) • Il s'agit d'une planteamazonienne introduite au Congo dans des conditions mal précisées,pour la valeur dëccratave de ses fleurs bleues. Ce phénanène constitueun V't'ai fléau, Il cause de la puissance de IllUltiplication exeracrdtnadrede l'espèce, cepabfe de coloniser aussi bien l'3llm1t, entrainée par lescoques des bateaux, que l'aval, par reœven de rosettes se fo:rmant Ill'extréDité des stolons , et partant ensuite â la dérive. La jacinthe,répandue ~is le haut du fleuve Congo jusqu'au Stanley Pool, nonseulement campTallet la navigation, mais encore et surtout risqued'asphyxier les poissons. Malgré les myens de lutte ëncrsœs (14 techniciens,9 gros bateaux, 410 travailleurs, des dizainesdemilliers delitres de 2·4 D hormone anti-eroissance) mis en oeuvre par les autoritésbelges installées de l'autre côté du fleuve, le flêaJJ se perpétuaet le seul espoir entrevu par lm. "Colloque sur l'Eichhornia Crasstpes"réunit Il Léopoldville en 1957 fut qu' "après une phase explosive",la plante finirait par perdre son "pouvotr d' agressivité et de dominance",et qu'un équilibre s'établirait avec les "commmautés biotiques"antécédentes.


- 211 -Rien ne permet à 1 'heure actuelle de dire si l' "cverfdsbmg"et la prolifêration des jacinthes se sont accentués, ni de mesurerles veritables conséquences qu'ont pu avoir ces deux phënceënes surles êc:o~t!mes du Stanley Pool. Il faut cependant noter que sousla pressdcn d'une demande urbaine toujours croissante en prctëtnesanimales, un nanbre de plus en plus grand de pêcheurs se détournentdu Stanley Pool.2.1.3. Le ravitaillement en boisCelui-ci rêpond a.un double besoin : d'une part la cuissondes aliments qui continue de se faire partiellement selon les méthodestraditionnelles, ctest-a.-dire a. l'aide d'un feu entretenu entre troispierres sur lesquelles les ustensiles sont posés ; d'autre partla construction des cases et la c16ture des parcelles.Traditionnellœent, la récolte du bois à usage domestiqueest du ressort des fenmes. Elle consiste en principe en un ramassagedu bois mort tcmbé des arbres ou amené par les crues sur les bergesmais lorsque celui-ci se raréfie, elle consiste en une cueillettedes branches sèches encore Hxées aux arbres. Avec. le développes:llellturbain, un ~tème de ramassage .9'est crëë, Celui-ci est contrôlépar des cœmerçants collectant le bois provenant soit des coupesrégulières effect1.loées spëcdafeœnt en vue du ravitaillement de la ville,soi't des arbres abattus en vue de l'établissaJ'lent d'une plantation.QJant au bois de construction. sa récolte relève des hcaneset sa consommation est très ~levée pendant la période de grosaccroissement urbain, CQlllle nous avera pu le constater li. :-acayi dans lesannées 60. Cette consœsaatfon décroît; de plus en plus, les maisonsétant actuellement construites en briques crues, cuites ou en ciment.Le ravitaillement des citadins a engendré le dêboisaJ'lentdes environs des villes. Déjà signalé par P. Vennetier en 195; àprcpos de Brazaville Cl) o~ les femmes devaient se rendre à plus de·25 km pour t'I'OUVer des arbres en assez grand nombre, le phénomène s'est(1) - Cf. ''Banlieue noire de Brazaville", an. cit., page 142.


• 212 -égaleœnt produit à Nlœyi où l'on a assisté en tœdns de diX ans il.disparition des forêts jusqu'à lm rayon de plus de 20 km autour de laville. C'est sans doute aussi le même phéncmène qui a imposé, âPointe-Noire, le recours à la forêt du Mayœbe pour l'appTivisionnementen bois de ccnsrrccctcn, la plupart des cases ëtana , jusqu'à ce jour,construites en planches ëcfatëes .la2.2. ExtraveTsion du svs'tème agricole et Teprcduction des techniquesen milieu rural.Les villes et leurs environs ne sont pas les seuls endroftsâ avofr connu lme d6gndation des ëccsvstëees, du fait de l'inadaptationdes techniques. Produisant désonnais pour les besoins du systèmecapitaliste. le système agTicole lignageT ne peut plus TeproduiTe sacomposante technique et. aucun système technique de Templacementn'ayant été mis surpied, la TêgTession des écosystèmes s'avêTeinëvâtabke , Trois facteurs sont à l'origine de la non-reproductiondes techniques et des ëccsvscëaes : la diminution du pouvofr deschefs, la de:œnde alimentaiTe urbaine et le développement des cuï.turescœœrcfaï.es .2.2.1. Effets de l'affaiblissement de la supeTstTUeture SUTles tedmigues2.2.1 .1. L' a.bancb:l des tedmigues collectivesL' analyse du système effectuée au preater chapit're a rëvëtéla pTêdaninance des pratdques collectives et le rôte joué par les chefsdans la reprodcctdcn des techniques il travers les activids de symbolisationet la mise sur pied d'appaTeils jUTidique et idéologique. Lasoumission du système lignageT au système capitaliste et ladiminution ccrck.latre du pcuvcfr des chefs devaient cependant changercet état de choses.


- Z13 -Il faut d'abord noter que les techniques collectives(chasse et pêche surtout) enregistrent un certain recul : ainsi lesgrandes chasses collectives, au filet notal!lDent sont tambêes endësuëtude, Certains auteurs expliquent ce phêncmêne par la diffusiondlinstnuents A usage individuel plus perfectionnés que ceux: utilisésavant la pénétration capitaliste. Ainsi. l'abandon des techniquescollectives de chasse, par exemple, serait Uoputable A la possessionde fusils de chasse par un nombre de plus en plus grand de personnesCette explication qui est en partie vraie pour la chasse -puisque danschaque village. la chasse est devenue l'apanage d'lm. petit nombrede gens 1 possesseurs d'un fusil ou spëcdal.i.stes de la fabrication desengins- ne l'est pas dans le cas de la pêche cil les techniques n' ontcormu aucune innovation décisive. En réalité, la décadence des techniquescollectives est imputable avant tout .ft la progression des rapportsmarchands capitalistes, plus prêcisêment A l'affaiblissement deshiérarchies lignagêres et A l'exode rural. Ne disposant plus que d'unpouvoir réduit exercé di:rectement sur un petit nanbre de dépendants,les chefs lignagers ne sont plus en mesure d'organiser les cérémoniesnécessitées par la mise en oeuvre de ces techniques.(1J•En conséquence, non seulement le ciment social queconstituaient les chasses et les pêches colleçtives s'effrite, maisencore le contr6le exercé par les chefs sur les écosystèmes ca étaientmises en oeuvre ces techniques perd son efficacité. En effet, s'ilétait possible aux chefs d'~ser A l'ensemble des personnesparticipant A une partie de chasse ou œpêche collective les normesselon lesquelles celle-ci devait s'effectuer (puisqu'il lui appartenaitde dnisir le lieu ca devait se dérouler la chasse ou la pêche etd'arrêter la partie lorsqu'il avait jugé les prises suffisantes), celane saurait être le cas aveç les chasseurs et pêcheurs individuels quide surcroît sont munis d'instruments plus meurtriers (fusils par a~emple).(1 ) - Cf. P. VENNETIER, Géographie du Congo-Bra=.aville, Gauthiers-Villars,Paris, 1966, page 75.


- 214 -2.2.1.2. L'appauvrissement des techniquesUne des manifestations de la décadence des pratiquescolleçtives est le dêclin des aaivitfs de symbolisation qui lesaccempagnent. En effet, les c.hasses et pêches collectives en vigueuraujourd'hui cœportent. des rituels plus réduits qu'auparavant. ~is lestechniques collectives ne scrrepas les seules Il faire l'objet d'unestmplification. Il est rare à l'heure actuelle de voir un c.hasseurindividuel par exemple. recourir aux dtvers rituels ~s au premierchapitre, et qui visaient la recherche du sœcës personnel. De même.des rituels COJlllle ceux qui lIIlU"C(U8.ient l'ouverture du temps des travauxagricoles ne sont plus observés nulle part sur notre champ d' étude .Les effets de la dim.i.m1tion du pouvoir des chefs dëbcrdentlargement les êl!ments qui viennent d'être ëvoqués , :-Ion seulementles ëccsvstëees exptcdrës initialsent sous leur ccrrtrôfe le sontmaintenant de façon "anarchique" 1mais encore une grande partie descroyances qui soustrayaient certains d'entre eux à l'exploitationhumaine sont tClllhées en dêsuê'tUde ; il en est d'ailleurs de même decertains interdits alimentaires.C'est donc l'ensanble des techniques qui se vident de plusen plus de leur ccntemi symbolique et, la simplification des techniquesn'est êvidelllœnt l'8S de nature à favoriser leur reproduction.2.2.2. Produc:tion llllU'Chande et inadéquation des techniquesantécapitalistes.L'extraversion du système ê'tUdiê signifie en premier lieuaccroissement du prêl.ëveaent net effectué sur les écosystèmes.Les produits destinés à L'epprovtsfonneœnt vivrier des villes ouà l'exportation emportent avec eux une bonne partie des êll!5M!:ntsqui auraient favcrdsë la reconstitution de la fer-ti I i tê des sols sousla forme de déchets. Mais beaucoup plus que le prëtëveeent net,c'est la rëductaon de la jachère qui a contribué à faire baisserla fertilitê des sols.


- 215 -2.2.2.1. La réduction de la jachêreEn l'absence de toute amélioration de la prccuctIvi.të, lesruraux: ne pouvaient satisfaire la daDande alimentaire urbaine et lecourant d'exportation que par·un allongement du temps de travail, ainsique nous l'avons déja. dit, mais aussi par une augmentation des superliciescultivées. Or, on a vu ëgareœnt que la surface agricole utile avaitëeë réduite du fait du regroupement des villages le long des routes.Le maintien de la production A un niveau supérieur A l'auto-consœmationne pouvait donc se faire que par un retour plus frëquerrt; sur lesmêmes terres, ctest-ê-dfre par une réduction du temps de jachère.L'ëceœ-eesene de la jachère est fonction de certains facteursccmœ la densité œpopufatdon , le degré œpënëtraticn des rapportsmarchands, la situation géographique (par rapport aux: villes). Ainsi,dans la zone de Pointe-Noire, la jachère forestière se trouve réduitea. une période qui ne dépasse pas souvent sept ans (1). Dans la valléedu Niari, la phase de jachère dure de trois A cinq ans (il s'agit lAd'une acne de savane située A mi-chemin entre Brazaville etPointe-Noire et jouant un r61e des plus importants dans le ravitaillementvavrfer de Ces deuJt villes). Enfîn, dans la région de Boke, les périodesde repos des sols de savane durent le plus souvent de deux A septans tandis qu'en forêt, le temps de jachère va de turit a. quinze ans.Rappelons qu'il faut environ d'ix ans pour que la fertilité d'un solde savane soit reconstituée et que la régénération pédologique n'estcomplète en forêt qu'au bout de vingt A vingt·cinq ans.La d1mimJtion du temps de jachère a engendré. conme ilfallait s'y attendre, une régression des écosystèmes. Ainsi, dans lazone de Pointe-Noire par exemple, la végétation forestière se caractérisepar l'abondance de para.soliers (Jo\Jsanga Smithii). essence A croissancetrès rapide, et la présence d'un taillis bas d'où émergent quelquesgrands arbres qui avaient été épargnés lors des cUfrichanents successifs.Pointe-Noire etop. dt., pagesla façade maritime du Congo,175 et 176.


- 216 -Dans la vallée du Niari où la formation végétale est la savane,ctest la multiplication des foyers d'érosion engendrant ~ leur tourla latérisation. Dans la région de Boko, des signes non équivoquesattestent les progrès de la savane, au détTi.ment de la forêt Cl).Il convient d'insister sur le fait que ce qui est ~l'origine de la réduction de la jachère forestière, c'est minsl'insuffisance des étendues cultivables que la contrainte due~ l'êconanie marchande. En effet, œlgré la rarëfactdon artificielledes terres due au regroupement des villages. les sols forestiersproches de ceux-ci et susceptibles de porter des cultures ne fontpas toujours défaut. Mais A cause de la grosseur des troncs, l'effortrequis pour abattre une vieille forêt paraît aux paysans disproportionnéau gain de rendement ~ espérer; quand ils ont ~ choisir, ilspréfèrent s'attaquer ~un recru plus jeune.La fertilité de la terre ne se reconstituant plus, c'estla o'ùture des plantes les plus exigeantes qui se trouve compromise.Le taux de boisement devenant faible, les cultivatrices sont obligéesd'effectuer l'essentiel des cultures en savane. où le sol est minsfertile. Le manioc et la plupart des plantes cultdvëes en sacanpagnie (arachide. mais) se contentant d'un ll1Î.n.i.JIUI\ de fertilité,elles substituent tout simplenoent le manioc de savane au manioc deforêt. Il en résulte une tendance ~ la ecncculture du manioc,tendance accélérée par la demande alimentaire urbaine qui portesurtout SUT ce produit •Mais la substitution des cultures de savane aux culturesde forêt est loin de constituer la solution idéale. En savane, lesteTTains plats (sommets de collines, replats, glacis colluviaux.planchers de cirques, secteurs alluviaux des fonds de vallées) seprêtent seuls ~ la culture. Implantées aux points hauts et aux points~~~~_!~~_~~~~_2esavane délaissent dans l'intervalle les versants(1) - G. SAUTTER a constaté ce phénomène dans les villages tels que Kanziet Cessé, où. "les cultivateut'"s manquent à ce point de bois où faireleurs "nsitou" (champs de fOTêts) qu'ils en négligent toute précaution:des recrus de six ans seulement sont remis en culture, les arbresabattus jusqu'au contact de la savane". (~. cit , page 514)De plus, selon le même auteur, ces e.xempês ne représentent que lecas limite d'une situation assez générale.


- 21i -dénudés eL inferLiles. Dans les cas limiLes, comme Kanzi eL Cessé, oùla pénurie de sols valables oblige les populations a ne pas se monLrerdifficiles, "les cultirres occupent la maigre savane des versants ,jadis réservée au pet.ât; élevage, a certaines formes de cueU1etteet a la chasse. Dès lors, la voie est ouverte a l'érosion r~Ietérdsatdcn. A terme, c'est l'activité principale des paysans quiest menacée de dispadtion.la2.2.2.2. Les aunes fonDes de la décadence des tecJmiquesLa simplification des tedutiques ne se limite pas a l'abandondes activités de symbolisation et à la rédactdcn de la jachère. Certainestechniques de cuï'ture,telles que l'écobuage qui requéraient du soinet du temps ont perdu du terrain dans la région de Beke par exemple,au profit de méthodes plus expéditives. Si jadis dans les fonds garnisd'une savane épaisse, les herbes arrachées à la houe, à quoi l'onajoutait si possible quelques branchages ou bouts de bois, étaientdisposées en petits tas recouverts de terre, puis brûîëes , lapréparation du champ ne ccnsdsje aujourd' hui qu 1 en un simple défrichagea la houe avant ou après le passage des feux de brousse.L'incapacité des techniques Hgnagêres a satisfaire defaçon durable les besoins du système capitaliste se révèle sur unautre plan, celui de la lutte phytosanitaire. Le développement dese:u.ltures cœmerciales a souvent provoqué la propagation des parasf.teset maladies des végétaux. Ce fut le cas Lot-s d'un essai de cuïturedu coton effectué par la société AL. KELE en 1925-26 dans lacirconscription de Djmnbala. La société distribua, sous l'égide del'AdminisL.ation coloniale, des graines aux villageois. ~is l'essaifut catastrophique (1) et la Société, qui avait négligé de se procu.erdes graines dês infectées , propagea dans la région des parasites dontles plants étaient auparavant; indemes .Cela a égalemenL été le cas plus .écemmenL dans la .égionde Souanké oü un insecte perasdre, le capside du cacaoyer (capsideSahlbe.ge1la singuralis) s'est mis à attaquer les plantations. (2)(1) C.a::QJERY-VIDROVITOi. op. cit., page ·fi4(2) - En 1963. lé chef du secteur agricole de la Sangha estimait qu'endeux ou trois ans les capsides avaient ravagé le Liers des plantations(Cf. C. ROBlNEAU. op. cdt , page 1.14)


• Z18 -Malgré les traitenents qui ont été essayés et mis en ceuvre, lesravages ont continuê. Selon C. Robineau, les mêthodes culturalesdes planteurs en seraient la cause essentidle : le trop faibleespacement des plants, qui entrave le d!veloppement des arbresarrivés à l'Sge adulte (vers six ans), favorise la prolifération desmoisissures. limite le rendement en cabosses, les désherbages réguliers,bisannuels, que l'on devrait faire et que, souvent, l'on réduit àun seul. au moment de la récolte des c&bosses ; les cabossesrëccreëes, fendues et vidées de leurs fèves evec la pulpe et quel'on laisse pou::rrir en tas à l'air libre dans un coin de la plantationau lieu de les enterrer, foyer idéal d'expansion des parasites etdes moisissures.En ce qui concerne ce dernier cas. la question essentielleest celle de savoir pourquoi les planteurs restent passifs face auxprogrès des capsides et de la lutte phytosanitaire il entreprendre.Est-ce un hasard s'ils attendent de l'administration aide financièreet matérielle, "cœme si les cacacyëres en danger n'étaient pasleur chose" ?('). Nous y reviendrons.Une dernière conséquence de la progression des rappor-tsmarchaI1ds mérite d têt're signalée: "1 'overfismng" affectant le StanleyPool pousse les pêcheurs, depuis quelques années déjà, il entreprendredes campagnes annuelles ou bisannuelles sur le "haut Congo", aussila surexploitation gagne-c-ekIe les pêcheries d'erœnt,C'est donc une décadence généralisée des teclmiquesantécapitalistes et une dégradation ûnportante des écosystèmesqu'entraîne le développement des rapports de production capitalistes.La perversion des rapports sociaux ne ccnstrcue cependant pas uniquementla cause de la décadence des techniques et de la dégradationdes écosystèmes ; elle est également un produit de ces deux phénomènes.(1) - C. ROBINEAIJ, op. cit., page 114


- 219 -Ainsi, la surexploitation destructrice des milieuxaquatiques du Stanley Pool a eu pour conséquence une eppropt-Iat âonindividuelle accrue des lieux de pêche, et ailleurs, la stérilisationdes sols accélêre la tendance a l'appropriation familiale et ~outindividuelle des ter-res les plus fertiles et les nti.eux placés parrapport aux circuits cœnercdaux, De même, les


- 220 -Si la démarche adaptée jusqu' â maintenant nous a pemisde cerner les causes. les manifestations et les conséquences dela dés'tabi Li.sation du systlme. la nat:ure de la stabilit6 que I1OI.LSlui avons reconrwe ëës l!-d!pan. ainsi que les conditions et leslDêcanismes par lesquels elle 5' exerce restent âprëcfser, La seulefaçon d'y procéder c'est d'aller au-deLâ de la si'tUation en questionet nous placer au niveau des concepts qui servent il la désigner. Lacomparaison de la nouvelle rationalité collective avec l'anciennedevrait perrœttre de connaître la base de cette st.abilité. tandisqu'en POUSS3D.t plus loin que nous ne l'avons fait jusqu'ici l'analysedu œcde d'adaptation du système étudié, ses conditions, ses mécanismesdevraient apparaître avec plus de neutetë et ce n rest qu'alors quela nature de la sUbilité pourraitêtre dêfinie.3.1. Rationalité et stabilitéL'état d'\.D1 systi!me, 4 tous les stades de son évolution,est détemi.nê pal' la place qu'occupent les diverses structures quile constituent. les unes par rapport aux autres, ainsi que par laplace que le mUme lui-mime occupe par rapport! son méta-système.C'est pourquoi sa stabilité ou son instabilit! doivent être appYéci~esen fonction de sa rationalité. ~is cette apprëcdatdon suppose avanttout la connaissance de la fonction de préférence du svseëre.3.1.1. La nouvelle fonction de trrëférence,Le changement du contenu diachronique s'est accompagné,ainsi que nous l'avons vu, de la fixation de nouveaux objectifs ausystème. Ceux-ci ont consisté pendant la période de traite! fournir la force de travail et les matiêres premières nécessaires! l'accurru..ùation capitaliste primitive. Ces deux objectifs ont nonseutenent été poursuivra peralêlleme:1.t aux objectifs initiaux dusystème, mais encore leur rëatdsat.aon était cœeandêe et cont.rôfée par la


- 221 -classe sociale dominante -celle formée par les chefs de lignages etd'une maniêre gEnêrale par les ainés- et ils ne constituaient qu'unIOOyen pour atteindre la fin jusque la dominante. à savoir l'optimLDndéllDgraphique. Si bien que la fonction de prëfërence du systèmerestait inchangée dans son essence.La soumission des rapports lignagers aux rapportscapitalistes devait cependant affecter plus profondément larationalité collective du système lignager. l'objectif majeur étantdésormais fixé et sa réalisation cont'rôfëe par le système capitaliste.Ce fut d'abord la "mise en valeur" qui a cons isté. pendant le règnedes cœpagnies ccncessfcrmarres , a exploiter systématiquementles ressources naturelles nécessaires a l'industrie métropolitaineet, pendant la période coloniale, à réaliser les conditions d'tmplantationdu M.P.C.Ure fois le H.P.C. Inataurë , le concept de "mise en valeur"est rebaptisé "développement". A Ji différence du premier. ce dernierobjectif n'est pas seulement celui des capitalistes puisqu'il estrepris par l r ensemble de la population. Le contenu de ce développementdfffêre cependant selon les groupes sociaux.Pour les capitalistes, le développement signifieaccrcdsseeent des forces de travail libres et extension de la sphèrede circulation marchande. Cette conception n'exclut pas le développementdes forces productives en soi. mais celui-ci n'est toléré etfavorisé que dans la mesure où. il permet de réaliser davantage deprofit.Les agents autochtones du système capitaliste -les membresde la bourgeoisie bureaucratique notasment- ne peuvent avoir unevision diffErente du dévelo~t. leurs privilèges socio-économiquesétant fondamentalement liés à la stratégie capitaliste. Plus lesprofits réalisés par le système capitaliste sont élevés, plus ~antest le volume de ces profits octroyé à ses représentants.


- .....,,,Pour les chefs Lrgnagers , le développenent économiquen'est pas une fin en soi, mais le eoyen de consolider leur positionsociale. Cette consolidation qui autrefois dépendait exclusivementdu vol\lDe du lignage est de plus en plus àêtel'lllinée par les biensmatériels possédés, CalIlle on l'a vu .11.propos du nouveau rôï.e dela Terre. IX!. fait de la régression de l'esclavage et de la polygamie,la fonction des biens de prestige qui, il l'origine, étaitessentiellement de permettre l'acquisition de femmes et d'esclaves,se réduit de plus en plus au seul prestige que leur possession procure.En outre J la production et la cireu.lation de ces biens étant contrOléespar les capitalistes, il faut considérer leur acquisition par leschefs lignagers et de façon générale la stratégie lignagère commeun moyen d-accroîereles profits capitalistes,~t 11 la grande majorité de la population comprenantsurtout les paysans pauvres, les U!ments prolétarisês ou en voiede l'être, elle ne peut concevoir le développement que COlll!le unprocessus visant l'amélioration de ses conditions d'existence, de sonmode de vie. L'analyse de la perversdcn des rapports sociaux deproduction a cependant montrê comnent la pccrsutte de cet objectif,parce qu 1elle s'effectue dans UI'I. contexte défini et dominê parle système capitaliste, aboutit il Ul'l.e altêration des forces productives.La stratégie d'êvolution de la formation êconamique etsociale congdkisere correspond cependant, ni il l'une des s'tratégiesinduites par les diffêrentes conceptions du dêveloppement, ni il lasamme de ces stratêgies. Elle est le produit de leur articulation.La nature réelle de la fonction de prëfërence sociale ne peut doncêtre correctement saisie qu'en considérant le JOOd.e de structuratdcndes objectifs poursuivis par les diffêrentes forces en présence.


- 223 -Par conséquent, le fait que l'ensemble de la forma~ionsociale soit dominée par le système capitaliste ne signifie pasque la fin daainante de la première se confonde avec celle dusecond. Cela signifie simplement que la fin poursuivie par laformation sociale congolaise est JX!Ur le svseëne capitaliste unII'IJY'!n d'atteindre son propre objectif. Or, si l'on donne a. lafin poursuivie par la formation sociale la même signification que luiconf!re la majorité de la population, c'est-a.-dire, répétons-le,le développement sccdo-ëconœdque ccmpris ccmne un processusd'apprentissage visant l'amélioration du mode de vie et l'épanouissementdu producteur direct (1), on constate que sa réalisation estincompatible avec celle de l'objectif capitaliste. Aussi, lafonction de préférence de la formation sociale congolaise, commecelle de 11ensemble des pays sous-développés, peut-elle se définirCOll'l'lle un ensemble de fins et de rooyens, daniné par l'une de cesfins (le développement sccto-ëccnœucce) sentant une fin daminante(le profit capitaliste) et qui ne permet pas d'atteindre l'objectif(le développement socio-éconanique).3.1.2. Ordonnancement des rationalités, cohérence structuraleet stabilité.Une des conséquences de la domination capitaliste es~généralisation du critère de rentabilité au sens capitaliste duterme, c'esu-â-dâre la recherche d'une efficacité purementéconani.que des actes de production. C'est ce que traduisent parlaexemple la diminution du nombre des espèces cultivées, la sélec~iondes outils de pêche et , d'une maniêre générale la simplificationdes techntques .(1) - ~ous reviendrons plus en détail sur cette conception dudêvetcppesent dans la derruêre partie de la recherche.


- 224 -Un autre conséquence de cette domination est le primatdésormais accordé aux valeurs éconaniques, CCllllle en témoignel'attitude des chefs lignagers et leurs dépendants peur qui, UMfois les besoins élfmentaires sati3faits. qu'ils soient dëtereunëspar les structures de consarmation Idgnagêres au par le systèmecapita.liste. l'objectif prioritaire devient. Call1le pour lesceprcaï.rsces , l'acct.mJ.1ation des richesses saeërïettes , notarrmentsous la fonne de biens de prestige (1).La rationalitê éconanique au sens capitaliste est doncdeverwe dardnante. QJelle est la nature de cette dominance t En d'autrestermes, quels rapports existe-t-il entTe cette rationalité économiqueet les autres types de rationalités (idéologique, politique, sociale)?Il y a une rationalité idéologique, une rationalité politique etune rationalité sociale propres au système capiuliste et correspondant! sa rationalité économique. Or la domination capitaliste sur lesystème lignager n'est pas allée jusqu'! la substitution desdifférents types de rationalité ~ système capitaliste a ceux dusystème lignager. Les rationalités du système lignager continuent eneffet! déterminer les ccmportements des individus, que ce soit auniveau idéologique (cas de la sorcellerie), au niveau politique etau niveau social. Mais ces rationalités qui sont celles d'lm systèmesocio-économique 011 la rationalité éconanique au sens capiulisten'est pas daninante. ne peuvent guère se chevaucher avec cettedernière. Il y a donc non-eClllp16lHmurid, et mime incOlllpatibilitéentre cette rationalité éconanique et d'autres types de rationalitéconsidérée ccmœ "irratiormels" par rapport a la logique capitaliste.On peut donc ccnsddërer que l 'lm des facteurs d'instabilité du systèmeque nous avons étudié est la non-complémentarité de ses rationalitésautrement dit, l'lm des éléments sur lesquels reposait sa stabilitéétait la complémentarité de ses différents types de rationalitê.(1) - ~us avons vu qu' eurre l' acet.mDJ1.ation des terres et des biensde prestige, une bonne partie des revenus était dépensée pourles loisirs et les fêtes. C'est cependant le premier typed'affectation qui est de loin la plus importante.


- 22S -D'autre part. on a vu , en définissant la nouvellefonction de préférence sociale, que bien que le but ultilne que lafonoation sociale cherche à atteindre soit le développementscctc-ëconœtcce, les fins diffénient suivant les classes sociales.Il faut. pr6:iser ici aussi. les liens existant entre ces fins. Sil'OIJ considère par exemple l'acquisition des biens de prestige parles chefs lignagers. on 5'sperçci.t que dans la mesure où ces bienssont produits par le système capitaliste. l'objectif poursuivipar ces chefs est. pour les capitalistes un moyen de réaliser desprofits. Mais en mêne temps, le fait que la majeure. partie du surplusextroqué aux paysans et aux éléments prolétarisés soit affectée à descëpenses improductives constitue une entrave à l'êlargissement dela sphère de production capitaliste. De ce point de vue. les relationsde dëpendance existant entre l'objectif des chefs lignagers et celuides œpitalistes peuvent être considérées Ct'ImIe relevant de l'opposabilité.Dans la mesure où les chefs lignagers ont, malgrê lecaractère dominê de leur stratêgie, la possibilltê de faire fonctionnercertaines structures a leur profit. c'est-A-dire conformément âl'ancienne fonction de préférence, la non-cor-respondance des fins quivient dl être évoquée implique une incohérence des structures.L'incohérence structurale apparaît plus nettement lorsqu'on comparela conception capitaliste du dêveloppement et celle des massesdésbEritêes. S'il s'agit pour ces derniAres d'orienter les structuresproductives -du. rœans celles qu'ils contrôlent- dans le sens d'uneutilisation du surplus aux fins de satisfaire leurs intérêts, d'autresstructures sant utilisées par les capitalistes pour rêaliser lemaximum de profit.On peut donc retenir, à côté de la complémentarité, lacohérence structurale comme deuxième élément sur lequel reposait la stabilitédu système agricole lignager. La base de la stabilité étantdéfinie, il nous faut examiner maintenant ses conditions et sesmécanismes, avant de dégager sa nature.


- ZZ6 -3.2. Stabilit~ et auto-reproductionLa brëve critique qui a été faite du concept ëcctcgtcce dela stabilité n'a pI3 permis de trancher en faveur de l'une ou l'autredes deux attitudes consistant a considérer la stabilité commel'absence de changement ou, au contraire. ccmne la présence dechangE!llent dans certaines lîmites. Néanmoins. dans tous les cas,la stabilité est apparue ccmne une forme de reproduc:tion systêmique, leproblème se ramenant au sens donné a cette reproduction.Le facteur essentiel de la reproduc:tion du système qui. nousoccupe est sa complexité. c'est-à-dire à la fOis la vari~té internede ses structures, leur Ill.Ùti-fonctionnalit~et leur redondance.Grtee a cette qualitf, le système pouvait s'adapter aux perturbationsinternes et externes dont il était l'objet en modifiant légèrementOU profondément ses structures. ~is l'adaptation par modificationstructurale n'a pu se faire qu'à certaines conditions. notaumentgrâce à l'activitê de symbolisation et à l'autonanie dontdisposait le système quant ~ la détermination des fins.3.Z.1. Symbolisme et stabilitéL'examen de la dialectique de l'utilitaire et du symbolevisait ~ montrer que les activités de symbOlisation pratiquées dans lesystème agricole lignager ne constituaient nullement le produitde banales superstitions. Elles étaient commandées par une visiondu mande qui considère la nature CCJllDl! composée de deux sortesde réalités distinctes mais complémentaires : les réalités matérielles,visibles et tangibles, et les réalités immatérielles constitués SUrtoutdes forces et pouvoirs ~ui échappent a l'empire des sens. Les réalitésDumatérielles étant considérées comme celles qui déterminent lesréalités matérielles que l'homme tente de s'approprier, la symbolisation,en tant qu'activité visant la maïtrise des forces gardiennes de lanature, devait jouer un rôle de première i..mportance dans le processus


- 227 -d'appropriation de cette nature. Ce rôte va de la conception destechniques, leur mise en oeuvre, ! leur reproduction ainsi qu'à celledes écosystèmes sur lesquels elles s'appliquent et des rapportssociaux.Les pratiques magiques, religieuses et rituelles peuventdès lors 8tre considérées comme des moyens essentiels d'adaptationaux perturbations internes et externes du système. Mais cespratiques ne constituent pas la seule forme d'intervention dusymbolisme dans la reproduction systémique. En effet, dans la mesureca la multifinctionnalité des structures manifeste l'existence d'uneredondance il l'intérieur du systèDe, on peut affirmer que l'adaptationde celui-ci se fait en grande partie par recours à cette redondance.Or, qu'est-ee que la redondance? Y. Barel nous dit qu'il y aredondance "chaque fois qu'une partie d'un système exerce plusieursfonctions, ou qu'une fonction est assœée ou assumable par plusieursparties" (1). Au sens le plus général du 'terne, elle peut être définiecomme la présence d'éléments analogues dans plusieurs parties d'unensemble. L'utilisation de la redondance suppose donc, avant tout, ladétection des analogies et d'éléments analogues, détection qui n'estpossible que grâce ! la faculté de symbolisation des membres ducorps social. Cependant, la symbolisation ne se limdte pas à cettp.détection. Elle consiste aussi il détacher ces éléments des structuresqui leur servent de support. Ce n'est qu'au terme de ces deux l':'IlJl1lentsdela symbolisation que les gt'Ol.pes sociaux peuvent orienter laIlOiification des atructures dans le sens désiré. En favorisant lamodification st!"UCturale en vue de l'adaptation du système, ilspennettent également le maintien d'une certaine cohérence entre lesdifférentes structures qui le composent.On voitdonc que le symbolisme joue un rôle de premièreimportance dans la reproduction de la base de la stabilité, et parcans~quent dans la stabilité elle-même.(1) - Y. BAREL. "Séminaire sur les svcëees scctaax", op. cit.


228 -3.2.2. Le rôle déterminant de l'autonomieLa prësence de structures IIIJ.1tifonctiormelles redondantespeut 5' interpréter CaIIIle la possesstcn par le systèDe d'une énergielibre, c'est-à-dire une énergie dant les emplois ne sont paspréprograD'lQês ou surplus d'énergie disponible pour des emploisalternatifs. Dans notre système, cette l!nergie se prësente sous laforme de portions de terroirs tncccœëes non seulement parce que lesystème agricole le requiert (jachères, çhasse, élevage. zonestaboues qui sont les lieux par excellence de la reproduction despopulations animales) mais aussi pour des raisons de sêcurd.tê(vide défensif, frontières doublées en géMral de larges zones deforêt ou de brousse qui constituent des marges protectrices). Ellese présente également sous la forme des techniques conçues pourl'exploitation d'lm type d'écosystème doral.t! mais qui ne sont pas toutesutilisées en même temps (cas de la pêche). Elle s'incarne encoredans diverses structures telles que le S0U5-systèDe de symbolisationqui peut servir. selon iee cfrconstances à atteindre une certaineefficacité des actes de production, à reprodarre les tuêrarchdessociales existantes, les techniques de production ou les syst!mesécologiques. On pourrait encore citer d'autres structures dans lesquellesl'énergie libre peut être décelée, telles que l'unité de production,le système de la dot, etc.L'utilisation de l'énergie libre aux fins d'adaptationne peut se faire que si un emploi de cette énergie est préféréaux autres. L'emploi choisi, dans la mesure oü il l'est pourpermettre au système de s'adapter, peut tout aussi bien correspondreau maintiend.l'l~jectifpoursuivi jusque là par ce système qu'àl'adoption d'une autre objectif. Ce choix doit donc: s'analysercomme un acte de finalisation; il suppose la variabilité des finset par conséquent celle de la rinalisation.


- 229 -Il est cependant clair que ce choix n'en seTait pas uns'il ëeate imposé au svstême, Pour que l'affectat.ion de l'énergieIntervienne réellement. dans le sens de l'adaptation, il faut. que lesystème ait le pouvoir de décider de ce choix, autrement di.t , il fautqu'il dispose d'une cer-tadne autonomie.L'autonanie d'un système est donc déterminante pour sastabilit~. CollInent se manifeste cette autonœue dans le systêmeagricole lignager et que recOUVTe cette notion 1Un aspect de l' autonanie du s)"!tême agricole lignagerest la possibilité, mise en évidence dans l'analyse de sa rationalité,qu'ont IfS producteurs directs de décider du choix et de l'applicationdes techniques, maü ce n'est pas le seul. Nous avons analysé lephtmomêne d'extraversion cœee la perte d'autonomie du système enl'opposant en quelque sorte à l'autosubsistance. Cette dernièrese caractérise en effet par le fait que le système produit essentiellemempour la subsistance du groupe, ce qui ne veut pas dire que les différentslignages vivent en autarcie, puisque, comme on l'a vu, la reproductiondes unités de produCtion et la dynamique mène du systè'ne reposent surl'6change. Par contre, on pourrait croire que les ensemblesconstituéspar des groupes lignagers liés par l'échange sont des ensembles fermés,cette croyance rësurtant de la constatation que la breche cuver-re parle système capitaliste a déclenché la régression du système Hgnager.L'idée de fermeture semble difficilement applicable ausystème lignager. D'abord, il n'est pas certain que la seuleOUVerture que les ensembles dont il est question aient connue soitcelle qui a résulté du contact avec le sysrëme capttalist.e. En effet,de nombreuses sociétés lignagêres africaines sont entrées en contaCtavec les sociétés lID.l.Sl.l.1.Dles plusieurs sfêcjes avant la pénétrationcapitaliste sans pour autant qu'enes aient rëgressë . En second lieu,le contact avec les européens n'a pas engendré iDIlIédiatement etautomatiquement la déstabilisation des sociétés


- 230 •Hgnagêres ; celle-ci n'a eu lieu qu'avec la mise en place dusystême coloni.:al. On ne peut donc pas parler de fermeture en ce qui concerne _systême lignager d'avant la colonisation puisque celui-cientretenait déjA un fort courant d'échange (traite des esclaveset des produits) avec les formatiorull sociales européennes et, plusparticulièrement avec le système capitaliste (1).Le systême lignager est donc incontestablement un systèmeouvert, mais cette ouverture ne saurait constituer la cause preatërede sa dEstabilisation. Sa régression n'a véritablement callDencl!l qu'apartir du IŒIlIeI1t où il a perdu son autoncmi.e. En d'autres termes,ce qui a.lJI:I&ravant avait fait du système agricole lignager un systêrnestable, c'est l'autonomie dont disposait son méta-système, autonœie quilui petmettait de maîtriser les transformations dues aux perturbationstant internes qu'externes ; si bien que la seule chose qui puisseêt.re qualifiée de fennée, c'est sa transformation.QJant A la nature et au contenu de cette autonomie. disonsqu'il s'agit surtout d'une autonanie de la finalisation ou autofinalisation,dans la mesure où le choix évtIqué A propos de l'utilisationde 1 'I!lnergie libre concerne directement la finalitl!l du systêrne.L'instnmmt principal grâce auquel le systême s'auto-finaliseet assure par lA même sa stabi1itl!l est constitué par son sous-systêmede tri de l'information et de décision. Ce sous-système est la mémoiredu système, c'est-A-dire "l'appareil capable d'appeler, occulter,trier. conserver toute information qu'elle vienne du passé, duprésent ou du futur. qu'elle soit interne ou externe au système" (2).(1) - L'idée de fermeture ne peut pas non plus s'appliquer aux écosystèmes,contrairement A ce que disent les écologues. Bien que ces derniersœgligent dans leurs analyses les importations et exportationsdes ëccsystêees , ceux-ci connaissent des flux de matières etd'énergie; ils doivent pour cela être considérés comme des syst!rnesouverts. Ce qui selon nous fait leur stabilité, ce n'est pas laëereeeore, mais l'existence de feedbacJe et d'autres mécanismesrl!lgulateurs permettant Al'écosystème perturbé de réaliser unetransformation fermée.(2) - Y. BAREL, op. cit.


- 231 -La mémoire est d'une certaine manière, l'ensemble des solutionsalternatives offertes par le système, pour le traitement d'un problèmequelconque. Dans le cas qui nous occupe. c'est la classe des chefslignasers et des aWs qui conti'tUe l'élénent central de l'appareilde IIlêft::lrisation.La relation entre autonomie et stabilité n'est pas à sensunique. Si la possibilité de choix et le pouvoir de décision permettent,par la manipulation des finalitês du systèDe. l'adaptation de celui-ci,cette a.daptation, dans la mesure oa elle se fait par mdificationatrucruraïe et même par apparition d'autres struc'tures , accrcîr lenanbre d'éléments susceptibles d'enplois alternatifs et par conséquentle nombre de solutions alternatives, l'importance du choix et du pouvoirde décision.La connaissance des relations entre rationalité et stabilitéd'une part, entre stabilité et auto-reproduction d'autre part, constituaitla dernière étape de la démarche qui devait nous conduire .11. la définitionde la stabilité.L'étude des principes d'organisation du système agricoleHgnager nous a révélé que sa stabilité était fonction de la diversitéde ses structures, de leur caractère multifonctionnel et redondant.Ces trois caractéristiques qui sont des aspects de la compï.exi.të dusystème -.11. condition de considérer celle-ci comme l'existencede relations multiples entre structures variées et variantes et non entreéléments invariants- constituent donc les conditions de sa stabilité.


~- -- ~ -~~ _.---- Z3ZL'analyse de la dynamique interne a IOOntTé que l'adaptation,dans la mesure où elle se fait par JD:Jdification s'tructurafe, ne peutpas être ccmprise CCIIIDe une activité de siJDple maintenance. Lechangement n'est pas exclu; la stabilité doit par conséquent êtreccnsddërëe cœme une stabilité dynamique.G:uant à la dtalectIqce de la synchronie et de la diachronie.on a vu que l'agression n'implique pas syt_tiquement la disparitiondes dêterminismes propres au système agressé. Bien que lesperturbations externes façorment en partie le lllJde de régulation dusystème, ce sont les conditiens internes qui sont en définitive ;détenDinantes poo:r sa stabilite. Le facteur déterminant, en dernièreanalyse, est l'autonanie reproductive du système, son auto-finalisation.Enfin, l'examen de la rationalité du système nous a permisde voir que la base de sa stabilité était constituée par la complémentaritéet la cohérence de ses structures.Ces considérations nous amènent à définir la stabilitécaaœ la faculté qu 1à un systi!!me de reproduire la cohérence deses seructures ,


- 233 -DeuM1tme P~rtie------_..-------tSYSTEMES AGRICOLES ALTERNATIFSE T_.._---------_PRO BLE MAT.._----1.._---------_ QUE 0 U 0 EvE_--_.._--_L 0 P_--_P E MEN T-


2:>4 -le d6atabilisetion du .ysttme agricole lignagar parla ayatt.a capitalista viseit l'inatauretion du mode de productioncapiteliete eur notra champ dl~tude. Si lae conditione dacetta inetauration ont 't' entiarement r'alie'a. (tranaformationde la forc. da travail .t de. produite an merchandieae et r.culcorollaire da llautoaubaiatance), l'objectif vie. n'a c.pendantpae 6t' imm6diatament attaint.le mise an plac. effective du made cepitaliste d.production eupposait l'intervantion du grend cepitel induetrielet finenci.r. la criee de '929 et la deuxiam. gu.rre mondialedevaiant cap.ndant retarder cetta intarv.ntion f ce n'eet qui'pertir da '947 que sa .ont v'ritabl.m.nt cr•••• , dana la domainade l'agricultura, daa unit'. da production cepitalistee. Auxinveetise.ment. des eoci6t~s et dae capitaliataa priv'a, .a sontajout'a caux de l'adminietr.tion coloni.le pui., par 1. suitecaux da. organieatione intarnational•• et da l'Etat n~0-colon1.~.l. cinquitm. ch.pitr••er. conaacr' • 1. pr~.ant.tionda cetta 10rma particulitre d'agricultura ainai quit l'examan daaprincipa. do.inan~a ealon l ••quala ella fonctionne, .n mattantl'accent sur le contanu daa techniqu.e. l••ixit~a cha~itr.tantera quant. lui de r.ndra compta dae e~traa for.a. d'org.nieatiand. la production agricola randue. n'caea.ire. per l'inatau_ration at 1. progr•••ion de. ra~porta da production capit.liat.a.On amorcera anfin dan. la sa~ti.ma chapitre la d'finition daaconc.pta, d.a critlraa. das conditions at d'un. probl~matique dud~valo~~.mant • ~artir d'~16mant. d'gag'. dana lae six prami.rachapitr•••


- 235 -Par agriculture capitaliste, nous dësdgnons une fonned'organisation de la production agricole fondée sur le salariat,utilisant une technologie particulière et sous-tendue par lepll1"adigme productiviste.i1L'instauration de ce type d'agriculture s'est effectuéesuivant des étapes et des mdalités que nous examinerons dans unepremière section. Le plus tmportant. au regard du thème de cetterecherche, est cependant le contenu des techniques mises en oeuvredans son fonctionnement ; c'est ce contenu que la deu:dème sectiontentera de dégager.Il convient de distinguer deux phases dans ce processus, enraison des conditions politiques différentes dans lesquelles a eu lieul'implantation des diverses unités de production; d'abord la colonisationagricole effectuée par les européens; puis l'intervention ducapital étatique néo-colonial dans la genêse et le développement deces unités. avec l' avènement de l'indépendance nœunale . En effet,si l'objectif dominant (le profit capitaliste) poursuivi parl'instauration de l'agriculture capitaliste demeure le mêmejusqu'aujourd'hui, les fins secondaires se modiiient dans la période


236 -nëo-ccjomal.e , notanment avec la constitution et le développementde la bourgeoisie bureaecratdcc-t'r ïbal.e, Avant d'examiner lapromotion de l'agriculture capitaliste par cette classe socialeet l!utilisation qu'elle en fait, voyons ccœeoe le capital ét'rangers'est implanté !1.1. La colonisation agricoleIl faut ~galement distinguer deux: étapes dans la colonisationagricole européenne : la période: allant de l'installation descœpagnies concessionnaires a la deuxième guerre mcndiale et celleallant de l':iJmlédiat après-guerre il la veille de l'indépendancede la colonie. Cette colonisation aboutira il un Echec dont nousessaierons de préciser la nature et les causes.1.1.1, Les étapes1.1.1.1. Les premiers essais de mise en valeur agricoleLes diverses tentatives, effectuées surtout par les sociétésconcessionnaires, ont principalement concerné des espèces arbustives(café, cacao, cotonnier. palmier il huile) auxquelles il faudraitajouter le manioc.Le café se rencontrait a l'état naturel sur l'ensemble duterritoire. Trois compagnies concessionnaires s'étaient essayées,sans résultat, il cette culture: l'AliJna.lenne, l'Ongomo et la C.F.H.C.(Compagnie française du haut Congo). Ces compagnies ne tentèrentjamais sur une grande échelle l'exploitation d'un produit de qualitéordinaire, auquel les acheteurs préféraient l'Arabica du Brésil.Le cacao avait également suscité les espoirs des colonsau début du stêcte, La graine avait été introduite en 188; par Brazzaau jardin d'essai de Libreville et les pjantat.Ions furent lancées


- ni -à partir de 1898 au Kouilou et dans le Mayombe en dépit de l'altitudepeu favorable à l'arbuste. Al' exception des cacaoyères du Kouilou, lesprem1êres expériences tentées par les concessionnaires, concernantcette plante, eurent lieu vers 1920. Elles furent le fait del'Ongomo, la C,f.S.O (Cœpa.gnie française de la Sangha-Cubangui)et la C.f.H.C. La méconnaissance des lois agronamdques semble être àl'origine de l'échec de ces expériences (1).Le cotonnier existait à l'état naturel dans le Kouilou-Niariet dans le tobssaka ; des champs de cotonniers existaient dêjâ avantla première guerre sur la concession des frères Tréchot (la C.F.H.C.)QJant au palmier â In.lile, on a dêjà évoqué toutes lesformes sous lesquelles il se rencontrait. La variété la plus recherchéeétait l'Elaeis guineensfs dont les régdzes avaient une teneur enhuile supérieure à celle des autres variétés. Sa culture fUt surtoutle fait de la C.f.H.C. Il faut signaler que l'option des frères Trëchotpour Cette plante fut commandée et confirmée par l'échec d'une séried'essais agricoles (2). Une autre société concessionnaire avaitplanté 2000 hectares en palmiers en , 929 près de Madingou.Enfin, un colon (Ottino) qui avait travaillé pour le cheminde fer Congo Océan en construisant un grand nombre de ponts et deviaducs s'était vu octroyé 8600 hectares en 1933 â Kayes, sur lesquelsil lançait en grand la CUlture du manioc. Les ctJamps étaient préparéset récoltés, avec un outillage manuel, par des travailleurs salariés.Un essai de préparation mécanique de la terre fut tenté. mais l'opérationrevint trop cher, et le colon en resta là.(1) - Selon C.C. VIDROVITCH, les cacaoyères étaient surchargées : ontrouvait jusqu'à 3000 pieds! l'hectare au lieu de 500 pieds,densité optimale selon les nonnes agronomiques. C.C.VIDROVI70i,Le Congo au temps des grandes camoagnies concessionnaires,1898-1930,Pâris, ~uton et Cie, La Hâye., 19~2.(2) - G. SAUTTER note en effet que 'ni les cotonniers, ni les roc.uyers,ni les caféiers et cacaoyers, ni les ricins essayés tour à tourpar la compagnie ou, sur ses instances, par les villageois, nedonnèrent de résultats encourageants" (cm. cit.• page 292).


- 238 -Dans l'ensemble, ces tentatives ont tourné court etles causes semblent être l'ignorance des pramoteurs en matièred'agronanie et l'absence des 1lIC}'el15financiers qu'auraient nécessitédes études agronaniques prfalables. Mais on verra que ces causesse trouv~ ailleurs, puisque les colons de la deuxième vague qui ontpourtant disposé de moyens financiers et matêriels éncrees ont subi lemême sort.1.1.1.2. La ruêe vers "la vallée heureuse"c'est à partir de 1947 que la formation sociale congolaises'est lancée dans l'aven'tl,Il"e du "développement". Dans une périodede crise des approvisionnements. la puissance colonisatrice (La France)cherchait à 5 r assurer à bref délai. sans d!bou:rs de devises fortes,une source importante de pt'Oduits agricoles. Cette impulsion s'estconcrétisée dans le plan dëcennaï. d'équipement et de déve.lcppeeent del'A.E. F.• conçu dans l'euphorie de l'aide Marshall, établi cœeee cadred'action pour les années 1947 à 1956 et adopté à B~zzaville par leGrand Conseil de la Fédération le 27 octobre 1948.C'est ainsi que la vallée du Niari fut choisie comme lieud'implantation principal d'une grandiose expérience de culture mécanique.Les terres de cerre rëgdon sont apparues aux: "spécialistes" CClDl)e lesplus aptes de toutes celles du Congo, peut-être même d'Afrique Centrale,à cette forme précise de mise en valeur. Les terres cultivables couvrantune superficie officiellement estimée à 200 000 hectares de terresencore disponibles. Sous l'influence des projets anglais démesurésdu Tanganyka, on misa sur l'aTaChide. Dans l'esprit des prœoteurs , ils'agissait d'atteindre 120 000 tonnes annuelles d'arachides décortiquéesexportables, obtenues en culture mécanique, fixées corrme objectif àl'expiration du plan décennal. Mais la culture mécanique a égalementconcerné d'autres plantes telles que le riz, l'arena (Urena lobata},accessoirement le soja. le tournesol et le mais.


- 239 -Un afflux de capitaux publics et privés ont pernis lacréation, dès 1946, dtune "Station de ~nùsation Agricole" (S.~.A.)à quelques kilanêtres du poste de Louiima, celle-ci étant chargée demettre au point et de lancer la culture mêcanique à base d-arachâdes ._Al'exception d'une cellule de recherches. la sution fut confiée, âpartir de 1950, 11 une société d-ëccnœue miXte, la "Compagnie Gênéraledes Oléagineux Tropicaux" (C.G.O.T.). Dotée de rëserves iJJ!portantes deterres entre la Loudima et la Louadi, la S.M.A. avait en expjoftatdon,en 1953, deux unrtës de cufture de 1200 (Maléla) et 700 hectares(Louadi) respectivement. Elle se voulait l' "entreprise pilote dela vallée du Niari", dotée "de la gamne la plus cauplête dt ëcurpeeerrtsagricoles, d'une expérience non seuleeerrt théorique mais égalementpratique, mettant ses prix de revient et ses métilodes ce t-rava'iIà la disposition de tous" (1).Etablie 11 9 km de Madingou, sur la rive gauche de la Nkenké ,une aut-re scctëtë d'êconomie mixte. l' "Institut de Recherches desCotons et Textiles" (LR.C.T.) devait disposer d'une concession de2500 hectares environ. A une échelle notndre que la S.~.A• -quelquesd 'b.~'ta


- 240 -de sélection et de première multiplication des variétés cl' arachidedestinées â j.a grande cul.cure, Notons. pour finir, l'implantationd'une autre société ~e à côtë du poste de Loudima : il s'agitde l'Institut Français des Agnnes Coloniawc" (I.F.A.C.), chargéde prtmJUVOir les cultures fruitiêres.En regard de ces entreprises qui toutes procèdent largementde la puissance publique, deux grandes exptoreactcns à fome de sociétésprivées se sont également installées dans la plaine du Niari. Lapremière est la société Industrielle et Agricole du Niari (S.I.A.N)il s'agit de l'entreprise d'OttinCI évoquée plus haut qui, cédéeaux Grands ~ins de Paris en 1949 et ayant abandonné ses chmupsde manioc. s'est tournée résoltnent vers la culture en grand desarachides. L'autre grande exploitation privée était celle de laSociété des Fibres coloniales (Sofice)'. émanation conjointe desutilisateurs métropolitains du jute et de ses succédanës . Ellesse localisait à Malolo et censacrait l'essentiel de son activitéà l'urena. Mais la mécanisation de la récolte (ramassage, décorticage),et le défrichage des tiges à l'échelle semi-industrielle quepostule la grande cul.tarre , lui ont posé de difficiles problèmes.La dernière catégorie d'entreprises est celle des colonsexploitants, propriétaires de leur exploitation, ou s'en occupantau nom dl une sccdëtë dont ils font partie. La plus Ur!portantede cette catëgorte d'entreprises est AlIbeville. L'exploitationa été mise sur pied, à partir de 1947, par un groupe d'ancienssaquâsards de l'Aube, au col de Bama, sur la route de Madingou àBoko-Songho, Elle portait sur 2000 hectares et se consacrait essentiellementà la 0.1.1ecre de l'aracmde et du ri:. Ayant constitué àl'origine une sorte de phalanstère, les fondateurs ont donné par lasuite à leur entreprise la forme juridique d'une coopérative. Lesstatuts prévoyaient, i.ndépendaDmen.t de la rëmmërataon du travail


- 241 -fourni, une répartition des bénéfices au prorata des apports decapital. Les autres exploitations appartenaient toutes ~ la catEgoriedes D::l'yeIlS ou des petits colons : il s'agit de la SociEtE Agricoleet Pastorale du Niari (S.A.P.N.) occupant 3500 hectares de laSociété Agricole de Madingou (~) installée sur 1400 hectares,Merles des Isles (3000 ha), Joffre (850 ha), Joussineau (SOO ha),Mariane Verger (1000 ha), Dias (450 ha), Perrin (1800 ha). Antichan (350 ha),Lambotte (240 ha), Caisso (350 ha).Ainsi, la colonisation massive de la vallée du Niarf,:na" des vastes espaces d'une terre en apparence fertile, constitueen premier lieu un processus d' exproprdaticn des populations locales.Les conséquences de cette situation ne tarderont d'ailleurs pas ~se manifester avec l'accrcdssesent dénDgraphique en:registré dans lavallée quelques années plus tard.~ . 1•Z. L'échec partiel de la colonisation1.1.2.1. Les obs~cles â l'~lantation de l'agriculture~italiste.L'enthousiasme qui a caractérisé la colonisation de lavallée du Niari fJ'a duré que rrës peu de temps. les diverses entreprisesétant ... proie â d'énormes dtificultês qui ont condait â un échecconstaté dès la fin des années 50. Trois ensembles de facteurssemblent être â l'origine de cette situation, si l'on s'en tientâ la littérature consacrée â cette "expérience agricole de grand style"(1).Le premder ensemble concernerait les problèmes d'ordretechnique liés aux conditions écologiques et à l'absence de travauxpédologiques et d'études climatiques suffisants. Ces problèmes devantêtre examinés de façon détaillée cans la deuxième section, contentons-nousde signaler qu'ils apparaissent sur-tout dans les dona.ines de la mécanisationet de la lutte phytosanitaire.(l) - G. SAUTI'ER. op. cit., page 639


Z42 -.-.Le deuxième ensemble a trait à l'équilibre financierdes entreprises affectées par les difficultês techniques. Bien queles facteurs favorables à cet équilibre ne soient pas absents(situation gEographi


• 243 •en échange de terres bordant la route ou voisines de la gare, uneétendue équivalente dans le secteur écarté qui séparait, au sud,.sa concession du pied des collines. La mésaventure de la SAFEL, que des"actes de malveillance" ont contrainte ~ renoncer a une partie de sa'concession initiale; vide d'hcmDes et de cultures cependant quand elleen avait pris possession, s'explique par le même mouvement (1).Voil~donc les trois séries de fu:teurs qui ont amenéplusieurs des princ:ipaux. exploitants de la vallée du Niari soit~ renoncer. soit il. mettre leur affaire au ralenti. Q.1e1qu.es exploitationsont cependant réussi à se maintenir et ~prcspërer, après de nDl1tip1eset coûteuses reconversions. Voyons vers quelles activités se sonttournées ce qu'on a appelé les "survivances du colonat européen" (2).1.1.2.2. La reconversion des exploitationsLes difficultés de trésorerie éprouvées par l'ensembledes entreprises de la vallée les ont amené à s'assurer des ressourcesmoins aléatoires a travers d'autres activités que la grande culturemécanisée de L'arachide, C'est ainsi que toutes les entreprisesqui ont survëcu ont diversifié leurs productions. Deux: groupes peuventcependant être d.istingués : d'une part les exploitations ayant contInuê~ faire de la culture en changeant l'espèce végétale sur laquelle celleciporte; d'autre part celles oi1 prédœdne l'élevage.(1) .. Selon G. SAUTIER, en 1961, toutes les grandes exploitations de lavallée ont éprouvé les effets de cette poussée revendicative.Cet auteur note en effet que "l'une d'elles, pour iJ".staller sesparcs Il bestiaux, a dO refouler des cultures villageoises misesen place sur son domaine. Le gérant d'une autre entreprise,s'esttmant pers~llementvisé, a jugé prudent de quitter leNiari, laissant une affaire en plein développement. Ailleurs encore,les empiètements des villageois ont contraint un éleveur ~éloigner ses bêtes, en les mettant au pâturage sur les collinesqui bordent la vallée". ibid.(2) - ~1.L. VIUIEN-RDSS1,"5urvivances du colonat européen dans la valléedu >l'iaJ'i (Congo)", CahieJ'S cl 'OutJ'e-;~r n"103,jui11et-septemOJ'e 1973.


-- ------------------ Z4~ -Dans le premier groupe, figure d'abord la SIAN quientreprend des cultures de canne a sucre â partir de 1953. sur sondaDaine de 20 000 hectares situé .\ mi-ctu!mî.n entre Braz:aville etPointe-Noire et jouxtant le chmin de fer Congo-OCéan. La reconversionde cette entTepTise s'est faite progressivement puisque, sur les3300 hectares cultivés pendant la c.ampa.gne 1956-57 au cours delaquelle la production a réellement ~rTé. on comptait 1350 hectaresde cannes. 830 hectares dl arachides et le reste en plantes de couvertureCl). Cette production qui est passée il 220 000 tonnes en 1963 et2n 000 tonnes en 1964 a continué il progresser. en corrélation avecles .superficies cnctvëes, jusqu'en 1969. Bien que la méoinisationsoit JX'U5sée au maxiIm.ml. la SIAN employait de façon pemanente pourses activités agricoles environ 2500 personnes en 1964 (2) auxquellesil faudrait ajouter près de 1500 manoeuYTes temporaires, recrutés pourles besoins de la campagne sucrière allant de juin il octobre. Lesactivités de cette entreprise ne se limitent pas A la culture : elleassure la transformation de la canne en sucre et produit égalementdeI 'huile d'arachide, de la farine il base de blé importé et desalÙDents pour bétail, toutes activités industrielles sur lesquellesnous reviendrons. Enfin, signalons que la SIAN est A l'origine de laville de Nkayi dont nous avons évoqué la croissance rapide en étudiantl'exode rural .La deuxième ent.reprdse ayant conservé l'agriculture ccnmeactivité principale est celle de J. Merle des Isles, située il 26 kmde Nkayi, sur la route nationale n" t , qui se consacre il la culturemécanisée du paddy sur 3700 hectares. Elle pratique il titre secondaire,l'élevage de bovins, de moutons et de porcs.(1) P. ~IER, ''La Société Industrielle et .l..gricole du Niari (S<strong>LA</strong>,N)(Congo-~raz:aville)", Cahiers d'Cutre-Mer, n" 61, janvier-mars 1963.(l)P. vENNEI'IER, "Au Ccngo-Breazavi.He : la SIAN en 1964", Cahiersd'Dutre~~r, n" 69, janvier~rs 1965, pages Sï à 90.


--------+--- -------------_._-~-------- ..-- ---- Z4S -Derruëre entreprise figurant dans le premier groupe,celle de Caisso, cultivant la p:llIIIIle de terre il l'ouest de Loudima800 tonnes 5W' les 1SAD consamnées annuellanent au Congo (1).COIIIIteEn ce qui concerne Ies entreprises pratiquant l'élevageactivité essentielle dans leur effort de reconversion, ellessont au nanb-re de trois = la SAPN, la scx:AMA. et l'exploitation Joffre,Elevant porcs et bovins. A la fin de 1960, les troupeaux Etaientrespectivement de 1400. 750 et 700 animauX (2). Il faut cependantmentionner l'existence de la SAFEL (Sociêtê Africaine d'Elevage),constituée en 1952 près de la gare de De Chavmmes et spécialiséedans l'élevage des bovins. La technique utilisée est extensive.Le Ranch qui stétend sur S4 000 hectares se divise en parcs femésde 1ZOOil 1500 hectares. Les parcs comprennent chacun une stationde déparasitage ; un caisson où l' an.ima.l se 'trouve emprisonnéet imlDbilis! par un système de panneaux bascularrts , qui facilitele marquage, les injections, la castration des mâles; un jeu deparcs d'attente et de tri, asscrtï.s de dispositifs pour faire avancer.et pour aiguiller les bêtes. L'équipement se complète d'un atelierpour les besoins courants de l'entreprise, et en per-tfcufIer peurl'entretien des véhicules et du matériel routier. Le bétail estrêparti entre les peres. en troupeaux de 500 â 600 têtes. Il pâturelibrement • et le rele des bouviers (environ une centaine) consiste!UTtaut â rassembler les animauX pour le déparasitage. les tris etles ''mutations'' de troupeau â troupeau. L'organisation technique destrois exploitations sus-cités est voisine de celle de la SAFEL.On voit donc que si l'on peut parler d'un échec de lacolonisation agricole, celui-ci n'est que partiel, non seulement parceque toutes les entreprises n'ayant pas renoncé, celles qui ontsœvëcu ont plus ou JD:]ins 'rêussI â se reconvertir et à se maintenir,TDais aussi parce que si on se rëfêre aux objectifs avoués OU non.~--------------------------(1) Chiffr. fourni par ".L. V:UIE


- 246pourSU1V1S par cette colonisation, on constate que certains d'entreeux ont ëtë atteints. En partIculfer, on a vu qu'une fois lesconditions d'implantation réialisêes, le système capitaliste cherchaita. s "ëtendre . Dans la mesure 00. l'exi5tence d'entreprdses ag-ricolessignifie pour la région qui. les abrite accroissement du salariatet recul corrollaire de l'organisation lignagê~, on peut considérerqu'il y a prog'resston des rapports marchands capitalistes. Nhl1moins,les objectifs secondaires, te1~ar'approvisionnementde la méitropoleen produits agricoles ou le "développeuent" de la Ione de colonisationn'ont pas été réia1isés.1.2. capital étatique n60-eolonial et production agricole.Çuelques errrreprdses ont donc réaliséi leur reconversion,Cependant. la plupart des entreprises qui n'ont pas encore renoncésemblent rësignëes a. passer la main, en Sall\l'3nt ce qui. peut l'êtredes capitaux investis. Or l'époqUe 00. souffle ce vent de découragementest celle 00. le pays accède al'indêpendance ncminale, la puissancecolonisauice estimant ~Je les conditions du développement capitalisteont étê réunies. Il appartiendra donc désormais a. l'Etat n60-eolonialné a. l'occasion de cette indépendanc.e, de prendre la relève desexploitants découragés.1. Z. 1. Origines et attributions des entreprises et fermes agricolesd'Etat.1.2.1.1. RéCUDération, nationalisation et création.C'est par l'un ou l'autre de ces trois processus que se sontconstitués les entreprises et fermes ag-ricoles d'Etat. Celles-ci sontSOuvent préisentêes dans les discours et textes officiels comme unproduit du processus rêvolutionnaire amorcé en aoOt 1963. Il fautplutôt chercher leurs origines dans les diverses stratégies misesen oeuvre.


-_._--- -._----_.---- 24; -CCI!IŒ! on vient de le voir. la plupart des entreprisesagricoles qui sont nées de la c.olonisation ëtatent en 1960,en trainou sur le point d'abandonner leurs activités initiales. Les activitésde rechange ~tantrestreintes et souvent peu r~1'a'trices. il ne'testait aux divers ~loitant5 qu'à t'I'OUVer \Dlacquéreur et l'Etatcongolais 6tait seul en œsure de racheter leurs installations.aidf par le gouvernement français dont il dépendait. encore. Maisce qui a fini par se passer, c'est soit une rëcupëraticn, coame çaa êtê le cas pour la plupart des stations de recherche agronœdqce (l).soit une nationalisation (Z).~is il cëtê des capitalistes. d'eueres forces sociales trouventleur compte dans la mise en place des enrreprrses et fermesagricoles d'Etat. Ainsi, l'existence de ces uai.tês de productionpermet aux IDf!IDbres de la bourgeoisie oureaacratique qui cont.rôlentl'appareil d'Etat nëo-cokoruaf de renforcer les bases de leur pouvoir.dans la eesure oü celle-ci permet un êlargissemen:t du marchébureau::ratico-tribal de l'emploi. Pour les "révolutionnaires" congolaispar contre, il s'agit d'édifier le secteur d'Etat considérê commegage de Hbératicn ëccnœnque, Aussi, les stratégies mises en oeuvrepar ces deux forces sociales ont-elles abouti à la création,à partir de 1970, de nombreuses entreprises et femes d'Etat.(1) - Ainsi. l' IRCI' devait être reutplacl! en 1964 par la "Fenne de la Nkenké"à laquelle le Fonds d'Aide et de Coopération devait accorder dessubventions pendant cinq ans. De Illêrae. la "Station agronomique deLoudima" devenait en 1963 la "Station Fruitière du Congo" et devaitbénéficier de l'assistance technique de l'IF,.\( (Institut Françaisdes Agrumes Coloniaw:) jusqu'en 1972.(2) - Cas de la SAr"1l. devenue SJNEl. (Société Nationale d'Elevage) en 1964,de la CFHBC devenue Rh"'PC (Régie >lationale des Palmeraies du Congo)en 1966 et de la StAN devenue SlACONm (Société Industiielle etAgricole du Congo) en 1970.


----------------- 248 -Soulignons enfin que les trois forces sociales que nousavons distingu!es n'agissent jamais isolément, leurs stratégiesrespectives s'artie:ulant sous la. dani.nam:e di! celle mise ercecvrepar les capitalistes. En effet, les na:tionali.sations par exempletraduisent ou concrétisent certes- un SOI.J:i. pour les autorités localesde maîtriser cer-tains secteurs de l'êconcmie nationale. mais lescapitalistes ne les tolèrent que dans la mesure où. elles ne panentpas véritablment atxeânte à leurs intérl!ts ; dans certains cas.elles sont tout simplement provoquées par eux (l). De même. la créationdl entreprises et fermes d'Etat, malgré les mobiles et les fOTCes quil'animent, ne s'oppose pas il la logique et aux intérêts capitalistes,cœee on le verra. Enfin. l'abandon ou l'obligation pour lescapitalistes de céder leurs installations rencontrent bien de la pandes deux autres forces sociales le besoin de rëcœërer des unités deproduction pour les utiliser il d'autres fins que celles poursuivies parles capitalistes.1.2.1.2, Le rale des entTepTises et fermes agricoles d'Etat1'"rois fonctions essentielles semblent êt're assignées auxentrepTises et fermes d'Etat. Il s'agit pour la grande majorit~ d'entTeelles d'8.SS\lI"eT l'appTOVisionnemtmt des pop.1l.ations en p'!'Oduitsvivriers (manioc. produits ssraïchers , viande). Les seules exceptionssont consti'tUées par la RNPC, la SIAmNm et la SOCOTON dont lavocation est l'approvi.5ionnement de certaines indUstTies en matièrespreecëres (2)et c'est Il la deuxiême fonction. La. tnJisième fonction(1) - Le cas de la SIAN est très significatif! cet ~8aTd. Selon lespropos Tecueillis lors de notre passage dans cette entreprise en 1976,la nationalisation de la SIAN semble st insërer dans un planhabilement conçu par le groupe des Grands M:lulins de Perds auquelappartenait cette entreprtse. En même temps qu'il adjoignait auxinstallations de la SIAN une autrre sucrerte devant pet-ter saproduction a plus de 100 000 tonnes de sucre par an, le groupepTatiquait une p:>litique de diversification visant a utiliseT lesressources tdrëes de ses ectivi.tës au Congo pour financer led~veloppement d'activit~s concurrentes (sucreTies) dans les paystTaditionnellement clients. De plus,le rnatêTiel des anciennesinstallations n'~tait plus Tenouvel~. les anciennes plantationsnon entTetenlleS et les nouvelles plantations faites avec lellli.n:iJmJm de soins. La si'tUation pourrissant et les diffic:ultéss'aggravant. des différends survenus entre cuvrders et vfl.grain(le reprëserrcant du groupe) ont amené la nationalisation le 24septembTe 1970.(~J Rappelons que SIACONGO est une uni.té irrtégrëe se consacrant! laproduction et a la uansfonnation de la canne ! sucre.


~------ -- --~--- _._--- -~~--- -- ~- 2'9 -qui est d'assurer l'encadrement technique des paysans est principalementconfâëe aux centres d'appui technique (C.A.T.) généralement85Similés â des fermes (').1.2.2. Mxle de fanctiomement et évolution1.Z.2.1. Le maintien des critères capitalistesL'existence des entreprises et fetme5 agricoles d'Etat étanten partie liée à un souci de libération et de développement ëconœniqces ,on aurait pu s'attendre a. ce que le unie d'organisation d'ensembleet interne de celles-ci soit totalement différent de celui quicaractérise les entreprises capitalistes. Il ~fit pourtant dejeter un coup d'oeil sur leur fonctionnement pour se rendre compteque celui-ci se fait selon les mêmes modalités que dans les entreprisesmises en place pendant la colonisation.En premier lieu. l'ÜDplantation des fermes se fait parl'exproptiation despaysans. lorsque les surfaces jugées nécessairespar les "experts" ne correspondent pas à celles d'un ancien domaine (2).Cl) ) Il s'agit d'installations pilotes chargées de faire des dêmonstrations,d'organiser des stages de "recyclage" des paysans, de leurfournir du matériel, des semences améliorées, des pesticides etdes insecticides et des conseillers techniques.(2) - C'est ce qui s'e:!ti~roduit dans la région de Madingou avec la créationde la Sociéte Cotonnière Congolaise. S'installant sur le domainede l'ancienne ferme d'Etat de la NkenJc:é dont on a vu qu'elle avaitremplacé l'IRCT. la société mixte roumano-congolaise devait exercerson activite sur 15 000 hectares. Or le domaine de l'ancienneferme ne s'étendait que ,ur 5000 hectares. La terre constituantl'apport de l'Etat congolais 4Ui a 51 i de prise œ.partIcipaedon,la Société n'a pas hesité a sAccager les plantations des paysans.Le Directeur de la région agricole, qui nous a dit être !coeurépar le cœpcrteaent capitaliste des rcœains qui voulaient avoirdes terres â n'tMporte quel prix, a obtenu, après constat dedëvastatdon des cultures, que les paysans récoltent quelques unsde leurs produits. Quant aux dëgats causés aux paysans par l'installationde la SOCOTON. estimés à 4 millions de francs, ce n'estsurtout pas de l'Etat qu'il fallait attendre une indenlnisation.


------------250 -En second lieu, toutes les fermes fonctionnent sur la basedu salariat et leur organisation interne caaporte les mêmes hfërarchfesque n'importe quelle entreprise capitaliste. Tandis que la seuleprésence d'une feJme accélère le processus de prolétarisation danssa zone dl implantation, jee producteurs dtreccs , au sein de l'entreprise.se voient toujours confies les travaux les plus dënuës de contenu (1).Troisièmement, la destination des produits pourrait fairecroire" une intraversian de t-ëcceœüe, puisque seule la SlAO)NOJexporte son sucre et ce, une fois les besoins internes satisfaits.Cepen::iant. la totalid de la production des entreprises et fermesd'Etat étant destinée au ravitaillement des iJ'Idustries et des forcesde travail regroupées par le système capitaliste dans les centres urbains,il faut considérer que clest avant tout pour les intérêts capitalistesqu'oeuvrent les entreprises et fermes agricoles d'Etat.Enfin, leurs options technologiques sont les mimes quecelles des capitalistes. Dans la plupart des ent~eprises et fermesagricoles d'Etat, les techniques emp10yEes sont celles qui avaientdEjl EtE essayées par les colons et qui les ont amené 1 la faillite.1.Z.1.2. L'atrophie des entreprises et fermes agricoles d'Etat./W vu des principes qui régissent leur fonctionnement, iln'est pas étonnant que les ent~eprises et fermes d'Etat sombrentdans un certain marasme carme le laisse apparaître un documentpublié par le DLinistêre de l'éconanie rurafe (2).(1)(2)Nous reviendrons sur ce point dans Le .ection lIuivllnteR.P.C., ~linistêre de l'Economie Rurale, Bilan de l'e~rience desFermes d'Etat, juillet 19ii. Nous retrouvons dâriS ce cumentle releVé de tous les facteurs de blocage des entrepriseset fermes agricoles d'Etat que la plupart des dirigeants desunités de production visitées en 1976 nOUS ont cités.


~----------- 2S 1 -Notons Q'abord qu'aucun des objectifs assignés à cesunitEs deproduction n'a été atteint. Le ravitaillement vivrier desvilles n'est assurée par elles que pour une 'três faible part etcontinue 1.dêpendre du systême agricole lignager en déclin. leurproduction Etant insuffisan'te par rapport aux besoins des citadins etles prix trop élevés par rapport aux revenus urbains. Le ravitaillEmentdes industries en eattêres preedëres agricoles n'est pas non plusassuré, soit parce que les entreprises agricoles reproduisent pasrégulH!rSlent les quantités nécessaires au fonctionnement des industries(cas de la R.N.P.C.), soit parce que ces entreprises ont pourdEbotJdIés des industries allX capacités d'achat eeerèeeene faiblesou mJl1es ccame c'est le cas pour la SOTEXCO(sccdëeë des Textilesdu Congo) qui devnit constituer le débouché principal de la scx:crroN.Enfin, 1 t encad:rement technique des paysans nt est pas rëarasë, fautede moyens l'impa.ct des entreprises et fennes d'Etat se limitant,cœme an le précisera, à la prcjëtarasaticn des populations et1. la dégradation des écosystèmes des zones d'implantation.Aussi. a-t-on assisté il l'enlisement des entrepriseset feTDes agricoles d'Etat depuis que cette politique a EtE adoptée.çertaânes d'entre elles n'ont jamais connu un seul lOOIlleTlt de prospérité.Leur existence a pour ccnsëquence principale d'acc'rcftre l'exploitationdes produCteurs directs nan seulement au sein des différentes unitésde production, mais il l'échelle de la formation sociale. p.lisqu'ellesvivent toutes de subventions.Quant aux facteurs qui sont il l'origine de cet enlisement,les dirigeants des différentes unités et le ministêre de l'écanomcierurale en citent essentiellement quatre. Il ya d'abord l'absencede politique générale de fonctionnement et de développement desentreprises d'Etat en gënëraj . En effet, bien que des objec'tdfsparfois précjs aient étë assignés il ces entreprises, C'est dans une


- 252 -certaine anarchie qu'elles ont ~voluê, leur action n'~tant pasprogrëlDlD!e dans un cadre défini. Non seulement l'organisation dela production et les ventes s' impTovisent au jour le jour, cœme nousavons pu le constater dans la plupart des feTœs visitées, maisencore le financsoent des investisssenu et l'octroi des subventionsne reposent sur auam crttêre précis.Ensuite, la quasi-totalité de ces en~eprises écoulentdifficilement leur production pour trois raisons essentielles. Enpremier lieu, auame étude de marché ne prëcêde ni ne suit lacréation des errrreprases, Le seul fait de constater par exempleque le lDlUlioc se fusait rare et cher dans les centres urbainsa suffi pour décider de la mise sur pied de trois fenaes de productionde lII811Îoc, l'une d'elles devant assurer sa trnnsfonoation en foufou(farine de manioc), les causes réelles de cette rareté et de cettecherté auxquelles il aurait fallu svat'caquer pour résoudre ceproblème étant soit inconnues, soit négligées. La deuxième difficultéd'écoulement de la production tient à la concur-rence desproduits apportés par les paysans sur le marché urbain: dans unprender temps, les activités des fennes d'Etat ont concerné defaçon daninante des productions concurrentes de celles des ruraux(produits maraîchers et manioc) ; les pr ix pretfccës , bien qu'ilssoient bas, restaient supérieurs à ceux des productions paysannes. Ledernier obstacle à l'écoulSlleIlt des produits concerne les structuresde conmercialisation, en particulier 1 t insuffisance et l'étatdéfectueux du réseau routier.Une autre cause d'enlisement des entreprises et fermesd'Etat est constituée par les difficultés financiêres qu'elleséprouvent. L'insuffisance des moyens financiers mis .1 la dispositiondes diff~rentes unités est considérée par tous les dirigeants,.1 cammencer par le Ministre de l'économie rurale, comme le facteurle plus important panni tous ceux qui ont vicié le dëvetoppetent de ces


- ZS3 -unités. A cette insuffisance s'ajoute des coûts de production tropëtevës que le document cité ci-dessus attribue uniquement au marchéextérieur alOTS qu'ils sent dus. pour une bonne pan a l'existenced'e:fectifs plé'thoriques au sein de toutes les entreprises d'Etat.c:ela étant la conséquence directe de la stratégie d'élargissementdu marché bureaucratico-tribal de l'emploi, mise en oeuvre par lacouche au pouvoir.Enfin. dernière série de facteurs bloquant les entreprisesd'Etat. l'approvi.sdcrmerent en lrDyeJ1S de production et autreséquipements et l'inadaptation du matériel utilisé.Les différents facteurs qui viennent d'@tre exposés nesauraient. a notre avis. épuiser l'ensemble des causes qui rendentinopérantes les entreprises et fermes d'Etat. bien qu'ils agissenteffectivement dans ce sens. Dans cet ensemble, une cause est certainementdéterminante i elle est à chercher dans la nature du svseëee deproduction.~~!~_~_: 9-OU1~_~~_E=S~~~~_!BIi=2~~~_~E!~!!!~E~~_~E~~~iY~!~!!~·L'implantation d'unités œprocucrdon capitalistes aincontestablement contribué au développement des rapports deproduction capita1~tes SUT' notre champ d'étude. De ce point de vue,on peut considérer que le système capitaliste a franchi une étapede plus dans sa stratégie d'extension.


--- -~------~------ 254 -La proléLarisaLîon eL le sous-développemenL consécutifsâ cette extension ont certes penuis un accroissement des profdt.scapitalistes. mais les entreprises agricoles privées et étatiquesont sanbré ou sont en voie de l'@tre. C'est ce qui nous il amenéa parler d'khec partiel. Celui-ci est souvent expliqué, surtouten ce qui concerne la colonisation agricole, par l'absenced'expérimentation préalable. Mais. compte tenu de ce qu 1 on a diten introduisant cerre recherche A propos des options teclmologiquescs.pitalistes. il convient de rechercher ce G.ui, en dernière analyse.se trouve a l'origine de cette situation, dans le contenu destechniques et d:u travail. Nous y prccëdercns en examinant successivementles cœposantes du système technique et l'impact de sonapplication sur la repTOduction des producteurs directs et dessystèmes écologiques.2. 1. Les cauposantes du sous-système teQuùqueIl n'est pas question ici de décrire de façon détailléeles diffé'teI1ts constituants du système technique cœme on l'a faitpour le système agricole Hgnager, une telle description ne présentantqu'un intérêt limité pour notre objet. On s'attachera plutôt âdégager et analyser les principes de structuration les plus llnportants.2.1.1. La spécialisation des extlloitations et des espaces2.1.1.1. La pTédaninanc:e de la lOOnonroductionAu nombre des espèces cultivées dans les exploitationscapitalistes on peut citer le café, le cacao, le c,ton, le palmierâhuile, le nemoc, le caoutchouc, l'arachide, les agnmes , le riz,le maïs, l'urena, le soja, la canne â sucre, auxquels il faut ajouterles bovins, les porcs et les poulets,eur l'élevage.


- 255 -Ce tableau pouTTait faire penser â une multiplicité desproductions. En réalité, on est loin de la diversité constatée dans lesystème agricole Hgnager , chaque unité de production se consacrantes.sentie11811eT1t 1: la culture ou a l'élevage d'une espëce donnée.Il faut d'aboTd noter que le-cAfé. 'le cacao ee le caoutchouc QUi ontfait l'objet des preejers essais de mise en valeur agricole ont étéaband.annês. QJant aux autres espèces. on a vu que la culture dupalmier a huile ~tait es.sentiellement le fait de la C.F.H.B.C.devenue la RNR:, celle du manioc le fait d'Ottino, celle de la cannea sucre le fait de la SIAN. celle du riz le fait de Merles des Isles,celle des agrœes le fait de la station fruitiêre de Louditna,l'élevage des bovins le fait surtout de la SAFEL ; on a vuégalement ccmœnt toutes les exploitations se sont ruées sur l'arachidelorsque fut lancée la culture mëcardsëe ,La production d'un petit nombre d-espêces végétales ouanimales apparatt donc comme le prem1er trait saillant del'agriculture capitaliste, chaque unité se spécialisant dans laproduction d'une espèce dcrmëe, Cette prédominance de la monoprodu.ctionqu'on retrouve éga18lleT1t àans les fetmes d'ftat pourrait êtreattribuée aux conditions écologiques des tones d'tmplantation desentreprises, cer-caans ëcosvseëees étant plus aptes que d'autres âporter telle ou telle espèce. Mais ce critère n'explique tout au plusque la daninance de certaines espèces et non l'adoption d'un petitnanbre d' espèces, le système agricole lignager nous ayant rœrrtréque la plupart des ëcosvstëœs existant sur notre champ d' études'accomod&ient parfaitement de cultures variées.La cause profonde de cette spécialisation doit plt.:tôtêtre cherchée dans le caractère spéculatif de la production. En effet,la préoccupation première de l'exploitant c'est de produire desmarchandises devant lui procurer le maxilrlJm de prof'It . La nature de la


- 256 -production est fonction de la possibilité qu'elle offre de faiTedes profits. De ce fait les conditions écologiques constituent certesune contrainte, mais celle-ci est dëterminée, Cette assertion estconfiImée par la stratégie mise en oeuvre par deux fennes d'Etat:III Station fruitièTe de Loudima et la ferme avicole de Loandj Hi. Nonseuïeeent; la première est passée d'une station de recherche agronaniqueâune entreprise agricole. IfISis elle oriente le plus gros de sonactivité vers la production des mangues d'exportation. bien que laculture des ananas, des safout.Iera et de plusieurs agrumes (Pomelo,mandarines, oranges, tangelo, citrons, avocatiers, etc.) soitégalement possible sur ses terres. Q.umt 11 la seconde, la fenne deLoandjili, elle était, lors de notre passage en 1976. en train derenoncer à l'élevage des poulets de chair pour se consacrer uniquementà celui des pondeuses alors qu'aucun obstacle écologique ne s'opposaità l'exercice des deux types d'êlevage (l).2. l. 1.2. Le ohénanêne de concentration-désertificationAprès la prëdcainance de la monoproduction. c'est laspécialisation des espaces qui caractérise 1 t agriculture capitaliste.Ici également. c'est le critère écologique qui est mis en avant pourjustifier cette spécialisation. On a vu en effet cœeeent la valléedu Niari a failli être transformée en un imnense ëccsvstëee arachidrersous prétexte que sa structure et ses sols se prêtaient A la culturemécanisée de l'arachide. Si cette tentative a tcumê court. uneconcentration de cultures hanogènes sur certains espaces a néanmoinsété réalisée : ainsi les plantations de canne à sucre dans lazone de Nkayi et les palmeraies du nord-Congo.Cl) - Le directeur de la ferme n'a d'ailleurs pas hésité A nousexpliquer que les pondeuses étaient plus rentables que les pouletsde chair.


- 257 -La spécialisation des espaces, celle de la vallée du ~iarien particulier. aurait p.1 entraîner le délais des rëgdcns les moins aptesaux: cultures de rapport. Cependant le processus de concentrationdEsertificationn'a pas ëeë poussé très loin sur notre champ d' ëtude ,sans doute • cause de l'échec essuyé dans la culture mfcanisée deL'arachide, La dEsertification du nere-conge est liée, avant tout,11 bien d'autres causes qu' 11 l'existence des palmeraies.2.1.2. M!canisation agricole et faible diversité des technigues2. , •Z. 1. La culture mécaniséeLe fait dominant est; ici l'utilisation de 'tracteurs etd'un outillage bien plus sophistiqué que celui utilisé dans le systèmeagricole lignager. Mais la mécanisation agricole ai.n.si réalisée n'estque partielle CC!1IIle on va le voir.La technique de préparation des champs est .sensiblementla mime dans la plupart des exploitations. Celle-ci commence, sur leschamps neufs. soit par une simple couchage des herbes. soit par unvéritable défrichement effec~ 11 l'aide de tracteurs A chenilles équipésen bulldozer l'orsqu'il s'agit d'une savane arbustive ou savanetrès épaisse. Suit le labour effectu! A une profondeur de 20 ! 30centimètres avec un tracteur attelé d'une ebat-rue A disques. Danscertains cas. ccee A la SlACONCD. ce labour est suivi par un sous-solageeffectué A 40 ! 45 centdeêt'res de profondeur et visant la destructionde l' impêrata considérée carme la plus redoutable des "eauvadses herbes".L'opération suivante est le pulvérdsage ou Row-Plaw consistant àdétruire les mttes de terre pour ameublir le terrain ; celui-ciest effectué avec un pul~risateur â disques et deux A troispulvérisages sont parfois nécessaires. Après le pulvérisage vientle rayonnage. également mécanique. qui consiste A tracer les sillons.La préparation des champs se termine avec l'épandage d'engrais.opération pw-~t manuelle.


--------- -----------------'SBLa mise en terre des espèces revêt trois fot'1llespeut-être un. plantage (cas des arbres fruitiers). un bouturage (cas de: cela carme A sucre et du manioc) cu un semis (arachides. coton, mais).Seuls les semis sont effeç'tUés à l'aide des machines. le plantageet le bcrturage êtant effectués à la main.L'entretien des champs concerne l'arrosage des jeunesplants, le traitement phytosanitaire et le sarclage. Les deux premièresopérations sont rëalIsëes en reee-Z'ent aux JOOyenSmêcaniques.A l'exception de la so:cm:JN qui eIIlploie des lDOyens méCaniques poureffectuer une partie du sarclage, cette opération se fait manuellement.Enfin, la récolte comporte elle aussi des séquencesrëalrsëes mécaniquement, ccmne ce fut le cas pour la culturemécanisée de l'arachide et CCIlIIle c'est encore le cas pour la canneà sucre à la S<strong>LA</strong>CONm et pour le mais à la SOCaI'ON.Malgré l'intervention des machines à toutes les 'tapes dusystème de culture, la mécanisation agricole n'est pas effectivecomme le laisse apparaItre le tableau suivant rêsumant les diversesopérations culturakes :1~~tions Préparation Mise en Entretien Fertilisatior.Récolte!Cultures cuuereresc~, ~~l de 1concernées c , e esCanne à sucre me M> ... M> M> et m.,,Agrume' me M> M> ~ ~ ,Coton et maï, me ... M_ et me M1. et me ~ et me'Manioc me ... ... et me \la""Arachides me ... me \1a Ma et m.me • mécanique.


- 259 -Le défrichage~ le labour, le pulvérisage et le rayonnagesont dom: les seules opérations entièrement mécanisées. La réalisationdes autres opérations nécessitant l' elD!>loi d'une main d'oeuvreimportante: ainsi, bien que la bécanisation soit crês pccssëe a laSlACONGO, cette entreprise" affecte plus de SOOO personnes, sur les 7500qu'elle canpte aux travaux de culture, d'entretien et de récolte;de même, la SOCOTON, qui de toutes les entreprises agricoles congolaisesest celle qui recourt le plus aux machines deit également faire appelà un grand nombre de eanoeuvres,2.1.2.2. L'unifonnisation des techniquesLe schbla tech:n.i.que qui vient d'être présenté se retrouvedans la plupart des entreprises agricoles dites modernes. Lesdifférences qu'on peut constater dans son application d'une entrepriseà l'autre tiennent surtout à la nature des espèces OU des variétésCUltivées et concernent essentiellement la mise en terre et la récolte.L'utilisation des techniques peu d.iversifiées apparaît; donc cœmel'un des principes essentiels de fonctionnement de l'agriculturecapitaliste.L'unifonnisation des techniques pourrait être imputée aufait qu'elles s'appliquent toutes au mêle type d'écosystœe. Cependant,bien qu' On assimile souvent la savane à un écosystème, celle-ci estloin d' être uniforme. Elle se cœpese au contraire de llIIJ1tiplesndcroêccsystëees Cl). Dece fait, si les options technologiques desentreprises agricoles étaient dAterminées par la nature du milieu~leur système technique serait au lmins aussi diversifié que celuidu système agricole Hgnager, La raison fondamentale de cetteunifom.i.sation des techniques doit donc être cherchée ailleurs.(1) - C'eSt à cette variété de formes qu'est due, en partie, ladiversité des techniques signalée à propos de la Terre Enlcouet des Bakamba de la vallée du ~iari.


- 260L'explication tient. selon nous, au fait que lesindustries produisant les llJ)yens de production utilisés (tracteurset outillage nctalllDent), dans la cesure où elles obéissent li.logique du profit, ne peuvenz pas tenir 03DPte de toutes lesvariables du milieu sur lequel les techniques doivent être appliquées.La rentabilité de ces industries n'éœnt assurée que si ellesvendent une quantité suffisarlIœJlt importante de leur production, ellesne peuvent pas se penuettre de produire pour chaque micro-écosystèmele type particulier de machine qui convient.laL'uniformisation des techniques est ëgaleœnt liée li.l'organisation capitaliste de la production au sein.lllll!me des unitésde production. Le souci d' accrcîure la productivité pousse lescapitalistes à réduire le système de culture l un petit nanbred'opérations. pratiquement les mêmes pour toutes les entreprises,quels que soient les espèces cultivées et le lieu d'implantationde l'entreprise.2.2. 1.' irrationalité des techniques capit.alistesLe sccs-syseëee tedmique décrit ci-dessus a une rationalitt!qui est, en principe 1 celle du systèdle socio-b:onanique auquel ilappartient, le systêœ capitaliste. CCIlIIIe l'a fait apparaîtrel'examen des phênomênes de spécialisation et d'uniformisation,l'ensemble des stTUetures techniques sont crderrtëes vers la maximisationdu profit. Mais nous allons VOiT que malgré cette cohérencestructurale, la fin daninante n'est pas rëalIsée. Néanrooins, lapoursuite de cette fin entraîne lm cet-tain nombre de conséquencessur la reproduction des producteurs directs et des écosystèmes.


- 261 -Z.Z.l. Rentabilitê et nroductivismeZ.Z.1.1. Les rendements agricolesL'utilisation. des machi..nes et d' engrais a certes permisaux capitalistes d'obtenir des rendements supér-ieurs i! ceux dusystême agricole lignager. Ceux-ci demeurent cependant trop faibles,voire insignifiants en cœçeratson de ceux obtenus dans d'autresparties du toonde et ne permettent pas la rentabilisation desexploitations agricoles.Ainsi, la culture du soja, du colza et du tournesol futrapidement condamnée par des rendesents dérisoires. La cultureaëcanâsëe du riz donne certes des rendements supérieurs aux 6quintaux à 1'hectare des champs villageois, mais ceux-ci variententre 0 et 1700 kg suivant les campagnes, la moyenne se si~tautour de 15 quintaux à 1'hectare, ce qui est i! peine suffisantpour penll8ttre aux entreprises qui se consacrent à cette culture dese maintenir. En ce qui concerne l'arachide, si les ''trultiplications''opérées i! Loudima sous le contrôle de l'loR.H.a. ont donné aupremier cycle 1952-1953. SUT 33 hectares, un rendement vrat supérieuri! 2,5 tonnes à L'bectare , les exploitations ne pouvaient tabler que surZ tonnes à 1 'hectare au premier cycle et 800 kg au second. Mais detels chiffres ont ëté l'apanage des entreprises "soignant" le plus laculture des arachfdes , Pour la majorité des exploitations, lesrendements étaient en deçà des 1000 kg consfdêrës cœme un 1I1in:imLDn.Quant à la canne à sucre, les premiers essais effectués en 1956-57 ontdonnE 71,1 tonnes i! l'hectare mais les rendements sont tombés â31,S tonnes à l'hectare en 1958 à la suite d'une sëcberesse qui atouché la région, ils ont néanmoins augmenté par la suite pouratteindre 55 tonnes à l'hectare en 196Z. Depuis la nationalisation,les rendements n'ont fait que décroître : ils se situaient en 19ï5autour de 46,6 tonnes! l 'hectare sur l'ancien danaine de la SIAj'~et 19,~ tonnes! l 'hectare sur celui de la SOSL'NL\RI. Dans tous les cas,on est loin des 70 i! 85 tonnes à l'hectare obtenus en Guadeloupe (1),on les conditions(1) - G. <strong>LA</strong>SSERRE, la Guadelouoe, Bordeaux, 1961.


- 262 -physiques et cl~tiques sont plus favorables (sols riches etprofonds, prêCipitations annuelles supérieures à 1200 mm. etc.).2.2.1.2. La course au dêfrichœentOn a insisté plus haut sur le fait que l'insuffisanced'études préalables ne pouvait pas expliquer totalement les déboiresessuyés par les entreprises agricoles capitalistes. Cependant la difficultéqu' éprouvent ces entreprises l atteindre le niveau deproductivité .1 mi!me de favoriser la rentabilisation de leursactivités semble tenir essentiellement à la non-maitrise des variablesécologiques.Malgrê la faiblesse de la productivité, les agriculteursant tout de mi!me été ccrrtratrrts de produire davantage Si ils voulaientéviter la faillite totale. L'augmentation de la production ne pouvaitse faire que par l'accroissement des superficies cultivées. Pourl'exploitant, talonné par les échéances .1 venir, il êtait en effettentant de préparer 100 hectare, de plus qui, avec un peu de chance,donneraient 120 tonnes d'arachides et sauveraient la mise. Aussi,le souci ou plutôt l'obligation de produire conduisit~elle à unecourse au défrichement, l' :iIrlDensitê des terres concëdêes aux diversexploitants favorisant cette stratégie.2.2.2. Rationalitê capitaliste, contenu du travail etreproduction des êCosysti!!mes .2.2.2.1. La mécanisation du travail agricoleLa rationalité capitaliste implique une organisationspécifique du travail au sein des unitês de pnxluction. Le principedominant de cette organisation est la sëparatdcn entre travail deconception et travail d'exécution, la part la plus riche et la plus


- 263 -déterminante êtant réserv~e à une êlite qui détient à la fois lepouvoir de conception et de décision. On peut se faire une idéede cette division du,travail à travers quelques données recueilliesil la fenne dlEtat de MllntsOllllba et à la SIAa.1NGJ.Il n'est pas nécessaire de s'étendre sur le travaileffectué par le personnel de direction et les cadres supérieurs(ingénieurs. techniciens supérieurs). Signalons simplement que dansle cas precis qui nous occupe. le statut privilégié des personnesconsti~t cette classe sociale ne se traduit pas nécessairement parun êpanouisSe!œnt au travail, soit parce que les s'tructures nécessairesà l'exercice de leur profession ~t défaut, soit, tout simplementpar manque de conscience professionnelle (1).Quant aux producteurs directs, ils se voient assignés lestravaux à la fois les plus pénibles et les plus abêtissants. A lafenne d'Etat de MantsOl.mlba. le bouturage du manioc est effectué pardouze à quinze personnes à l'hectare; le sarclage exige vingt--


- 264 -Dans cette dernière entreprise, on retrouve les troisopérations manuelles qui viennent d'être évoquées, mais il s'agitcette fois de la culture de la canne à sucre. La plantation cœpct-tetrois séquences. Travaillant 200 mètres par 200 mètres, le manoeuvrecœœence par poser les boutures en 'travers des nyons ; pe..ssant uneseconde fois, il les couche dans le fond, chao.me d'elles chevauchantlégèrement la précédente; enfin, en un troisième pe..ssage, il tronçonneles cannes couchées en boutures de deux. ou trois yeux, puis tire à lahoue un peu de terre dans le sillon. Chaque manoeuvre arrive à "travailler"1,2 km par jour. Conmenc.6e en dfbut d'année, la plantation setermine en avril et il faut attendre octobre pour effectuer un éventuelsarclage consistant tout simplement à arracher avec les ma.in.s les plantes"parasites". La maturité des carmes s'fchelonnant sur plusieurs moisen fonction des diverses variétés, la rëcokte cceeence au dëbut de juin.Elle fait appel à une sadn-d'cecvre suppl!mentaire, recrutée temporairementet venant parfois des régions asse1 éloignées. Les coupeurs ~tamenés sur le chantier à l'aube, une sirène sonnant le réveil tousles matins a. 4 heures. La t!c.he de chaque sanoeuvre consistait au tempsde la SIAN à couper six rangs de canne longs de 100 mètres, ce quicorrespondait à peu près à 2,5 tonnes de cannes. Avec la nationalisation,on a cru alléger la 'tâche des tnvailleurs en fixant la tâche à 2 tonnespar tête et par jour. Cependant, si l'on tient campte de la baissedes rendements, on s'aperçoit que peer obtenir les deux tonnes, chaquemanoeuvre doit couper une dizaine de rangs; sa tk.he s'est donc plutôtalourdie. La coupe elle-même consiste âtrancher le pied de la canne,effeuiller npidement la tige, faire sauter l'extr!!!mi.té supérieureou ''bout blanc" et poser la canne sur le sol, en travers des ancienssillons. Les coupeurs rassemblent ensuite les andins ainsi formésen tas réguliers, et des aides glanent les tiges oubliées dansl'am:mcelleœnt des feuilles. La séquence suivante de la récolteest l'enlèvenent effectué avec des cane-loaders.


~-~- .. -- -~~----- 265 -L'organisation du travail à la SlACONGO n'est que le caslimite d'une situation généralisée à toutes les entreprises agricolescapitalistes et caractérisée par la réduction du travail agricole àdes gestes aussi simples que poser les boutures, arracher les''mauvaises herbes". couper les cannes et les rassembler en tas. Dansla eesure ro ces gestes sont répétitifs. on peut considérer qu'ily a mêcani6atian du travail agricole.Corollaire de cette mécanisation, c'est cependantl'appauvrissement du travail qui est la ccnsëquence la plus grave dela rationalité capitaliste. On pourrait être tenté de comparer letravail des producteurs directs du sy5tême capitaliste avec lesgestes effectués dans le système agricole lignager. en particulier dansle cas de la çUeillette. Mais, comme qn l'a montré, la stmplicité destechniques ~ili5ées dans le système agricole lignager n'estqu'apparente, notallment à cause de l'activité d'intériorisation querequiert leur mise en oeuvre et des principes qui ccmnandent cettedernière. Or, en ce qui. concerne l 'crgani.satdcn capitaliste du travail,non seu1e1œnt le processus de détemi.na.tion des tâches et des gestesà ecccepttr échappe totalement au producteur direct, mais encore il n'estpas nécessaire, à la limdte, qu'il sache pourquoi il agit de telleou telle façon dans son travail. Ainsi. le travail agricole nes'acccmpagne pratiquenent d'aucun processus de symbolisation et setrowe totalement dépwrvu de contenu. De plus, l'extrême faiblessedes salaires perçus interdit tOJt auto-dévelappement des producteursdirects hors de l'entreprise (1).(1) - L'organisation du travail dans une entreprise COIlI'Ile SlACONGO esttelle que le manoeuvre qui n'a pas achevé sa tâche (les 6 rangsdu temps de la SIAN et les 2 tonnes actuellement) se voit annulertoute la Journée de travaiL Aussi, est·i1 fréquent de voircer-tains individus travailler de 5 heures du matin à 5 heures dusoir sans parvenir à terminer leur tâche. Même pour les pluscourageux, la fatigue causée par un tel travail, les salairesde misère (159,20 francs CFA par jour en 19(2) et les nœbreuxproblèmes qui les attendent dans leur foyer, ne permettent aucunesorte d'épanouissement ni ~ l'intérieur. ni en dehors de l'entreprise.


266 -On voit donc quel est le statut du producteur directdans la division capitaliste du tTavail : un être privé de saqualification <strong>DU</strong>ltiforme antérieure. rr' ayent aucune possibilitécl' euto-dévejcppeaent dans le travail, un êere destin! à accœplirdes gestes mécaniques et percevant un salaire à peine suffisant pourreproduire une partie de sa force de travail. l'autre partie étantreproduite dans le cadre de l'auto-subsistance. grâce au travailde la femue notannent.2.2.2.2. Les conséquences écologiquesL'irrationalité des techniques capitalistes se manifesteencore dans la repTOduc.t.ion des éccsystêees , En effet, la culture engrandes pièces homogènes a fait ·surgir du milieu ambiant une sériede "pestes" animales et vêgëtaï.es , tandis que la démldationartificielle de vastes superficies engendrait l'érosion et compromettaitla fertilité des sols.Des chenilles de papillons (Prodenia Li.tura, Laphygmaexempta) ont dessiné à plusieurs reprises des attaques subites etbrutales ; les champs de riz. d'arachides et de tournesol en ontsouffert. Selon G. Sautter (1), certaines exploitations ont eu desrécoltes entières de ri2 anéanties par la pyriculariose, peut-êtreimporth d'Europe avec les semences. Panni les champignonsmicroscopiques, il faut citer la cercosporiose et le colletotrichumconjuguant leurs attaques sur les champs dtarachides••.Certains spécialistes ont cru que cette prolifération étaiten relation avec la mise en culture de terres neuves. et que le risqueirait en s'attéIUWJ.t à mesure que le sol aurait reçu davantage de façons.Cl) - Op. cit. page 650.


- 267 -Mais ces prëvtstcns se sont révélées inexactes puisqu'en 19i6,c'est-à-dire plus de vingt-cdnq ans aprês que cette prolifération aitété constatée. tTOis maladies (le charbon, le mosalco et le rachetisme)s'attaqUB.ient encore aux champs de canne il sucre de la SIAOJNQ) etque 80 , de la production de la Station fTUiti~re de Loudima n'étaientpas rêco.ltës il cause des piqUres de la mu:he 1. fruits.Les herbes nuisibles aux espèces ClÛtivées ont elles aussiproliféd. Trois espèces se sant ecntrëes paTticuli!rement envahissmtesun. Pennisetum. un Pa.spa.1idum. une Polygonacée. Mais, tandis que cestrois espèces ont pu être éli.mi.nées. une autre mauvaise herbe arési5t~ aux traitements courants: le carex (Cyperus rotondus). A laSA.PN, il la SIAN, sur les terres d'Aubeville, des parcelles entièresont été envahies. et rendues inutilisables. Signalons enfin l'existencede l'éternelle Impénta considérée ju.squ'il ce jour CClIlIDe la bêtenoire des agrieulteurs du Niari.L'agriOJ.1ture capitaliste a affecté les ëccsystêmessur un.e autre plan: celui de la fertilité des sols. A la foisphénaœ:ne physique et ctrimique, le processus de dégradation de lafeTtilité se prEsente sous la forme d'un lessivage des sols dU àl'agencement des carnees et à l'érosion.Il est faul que la fertilité s'épuise au bout d'uncertain nombre d'aIUlées de culture, à IlIJins que le sol bénéficie desoins particuliers, et qu'on lui restitue. sous une forme ou uneautre, ce que les récoltes successives lui ont erûevé . Or. bienque des essais d'êpuisement entrepris sur les terres de la C.G.C.T.aient mis en évidence une chute de rendement à la quatrième ClÛture,c'est-à-dire au bout de deux ans. certains exploitants se sontcontentés de semer de l'arachide sur les mêmes pièces plusieurs annéesde suite. D'oô une dùninution des rêooltes. à la fOis cause etconséquence du productivisme évoqué plus haut.


- 268 -D'autre part, bien que les dEnivellations soient très faiblesdans les portions cultivées de la pléline du Niari. les grosses aversestallbant sur des sols totalement d!couverts ont déclenché un phénomèned'érosion typique de surface, dkapsnt la c:tU:he arable feuillet parfeuillet 1 de façon presque inapparante. dês que la pente devientperceptâbke, LI ail le profil s-acceneue , ou il l'occasion de pluiestorrentielles, les sillons de culture sont strrereusés ; ils serventde c:ollecteurs il l'eau de ruissellement suivant la ligne de plusgrande pente. Le tui.ssellement est favorisé par la ccuehe de terrecœpacte qui se constitue il 10-15 CD. de profondeur. Imputableaux passages répétés d'engins il disques. cette "dalle" a pour effetde bloquer l'Wiltration.Les terrains plats, nan affectés par l'érosion, ontcependant enregistré une altération progressive et parfois irréversiblede leur structure physique. tant il cause des labours qu r il causede la dëperdâ.tfcn des matières organiques. En effet, l'exportationdu calcium contenu dans le sol et absorbé par les récoltes scccessfvesd'arachides entraîne la séparation de l'argile et des matières humiques.Si bien que "de gramJleuse qu'elle était, la st.ructure du sol devientrapidement partiOJlaire en surface et polyédrique en profondeur" Cl).La conséquence en est une imperméabilisation croissante de la crochecultivable.Enfin du fait du lessivage des sols et de la d.:imim.ttionen valeur absolue des bases êc:hangeables, toute culture prolongéeacidifie le sol, c'est-à-dire fait baisser le ph qui est dêjà bas(voisin de 5). Or les sols du Niari sont riches en manganèse total,cet élément étant nor:malement fixé et inactivé au sein du complexeorganique. L' acidification de la terre a pour effet de le faire passer(1) - J.M. BRUGIERE,~Le problème de l'humus dans l'utilisation rationnelledes sols de la vallée du Niari en agriculture mécanisée(tt'IJyen-Congo)", in Deuxii!rne conférence interafrica.ine des sols,Léopoldville, 1954.


------------- 269 -SOUS fonœ ''hydrosoluble, échangeable et facilement rëductdb.le'' (1).Aussi a-t-on assistê il une "intoxication manganique" des cultures. lemanganèse dont la libération et la mise en solution sont favoriséespar l'acidification du sol étant absotte par les plants. Ceteeintoxication ssIe- surtOJ.t Hêe 1 la DOCivitê particuliêre de laj achêre nue ou -ce qui revient au mfme- de semis manqués au deuxièllecycle de l'annêe agricole (2).Pour reeëdîer l la dégradation de la fertilîtê, lestechmcâens ont d'abord préconisé une culture d'engrais vertdestiné a l'enfouissement tous les quatre cycles (3). Une crotalaireessayée l cet effet s'est révël.ëe en fin de compte "une mauvaise herbeexcessivement gênante et envahfssante" (4). La plupart des plantesproposées par la suite n'ont pas non plus donné satisfaction; lestylosanthes planté jusqu'aujourd'hui dans la plupart des entreprisesagricoles seDble impuissant l ramener la st.ructnre du sol au niveau initial.On a ensuite pensé ~ amendements calcaires, et si possibleca.lco-.mapsiens, " la fois pour reconstit:uer les sols et insolubiliserle manganèse. L'épendage de calcaire broyé a êtë suivi par un accroissementdu rendement et une amflioration de la qualitê des rëceftes . Maisle pTOblèDe posé par l'altfration de la s'tructure physique des solsest deœurê intact.(1) - G. !oWrrlN.''La décalcification des terres au ~iari. Action desamendements calcaires". in Olêagineu:x, avril 1959.(2) - G. MARrIN, ibid.(3) - L'un d'eux se déclarant persuadé que "la prod.uction pourrait selMintenir et Jllême s'améliorer grâce Al' enfouissement périodiqued'un engrais vert et en faisant appel tous les dix ans 1 unamfliorateur de fond corrme le manioc" (P. COLE'l). Guide du colondans la vallée du Niari, Paris, C.G.O.T., 195Z).(4) - R. GUIL!.EllIN, La mise en valeur de la vallêe du ~iari, Gouvernementgénéral dë l'A.E.F., jerwter 1956, pagë 41.


- 270 -Au terme d'une exp6rimentetion .y.t~m.tiqu., le .aul••pair de rendre eux terre. du Ni.ri le. qualit6. physique. quele culture leur fait perdre •• eituait du cet' de•••le organique.de fer. Par l'interm6dietre de complex•• organo_'errique., la feragirait ca.me pont entre 1•• matiare. humique. et llargile. Lasolution coneieterait•••10n ~. Martin •• trouver un produitorganique riche en fer dont l'application eu ch••p .erait completeepar apport d'emendement calcaire- (?). Cette solution.t.n"taitm.lh.ur.u••••nt que th6oriqu., l'emploi de ••1. organique. de fer~t.nt trop coOteux, surtout eux do••• qui eureient n.c••••ir•••c. qui caract'ri.a d'abord l'agriculture capitalistesur notre che.p dl'tud., c'eet le difficult' qu'elle 'prouve l eedjvelapper. On incrimine eouvent lee conditiona jcalogiquee pau%expliquer ce ph'nomane, 'tent dann' que cette far-e d'egriculturee connu un certain djveloppe.ent dene beaucoup da peye aouad'velapp'e."eie noue evone vu que l'explicetion du non-d'veloppementde l'eV%iculture cepiteliate da ne le cae qui noue occupeee t%ouveit en derniare en.lyee dene le contenu mime de. techniqueeutilie'•• 1 c'eet en effet l'impoeeibilit~, li'. l lalavique du p%afit, de p%oduire de...chinee et un cutilleve edapt~fl cheque mic%c'coeyetlme qui eet le v'riteble cauee dee d~boireerencantr'e de ne le vell'. du Nieri.Llenaly.e du contenu d.e techniqu.e cepitalistee ncuee r'v'l' le place feite au praducteur dir.c~ dene la mise enaeuvra de cee techniquee ainei que lee cona~qu.ncee qui en--------------------(1) _ G. MARTIN, -Etude de quelquea fecteure de le struc~ure desaole de la vell'e du Niari-, in Bulletin del'Inetitu~ de Rechercha Scian~ifique eu Convo,nO 1, 1962, peve 29.


271d'coulent pour •• propre reproduction. Dépase'dé de S8 qualificatiOnMultiforme antérieure, la producteur direct est réduit ~accomplir da. geeta. ~'cenique. inei9nifiente dene 5an trevail.Cet .pp.uvri.....nt du trevail •• doubla d'une i~po••ibilité pourle .'me producteur de ."panauiz hora du travail, du fait de lef.ibl•••• du .alaira qui lui .at allou'.L'analy•• du contenu de. technique•• 'gel.ment Mantr'comment l'application da. technique. capiteliat•• , • cau•• da.princip•• qui co.mandant cette application (sp'ciali••tian da •••pac••, pr'do.inanca d. le monoproductian, uniformisation da.technique.), • perturb' 1•• 'caey.taft•• et engendré le r'gre••ionda carteine diantre eux.


!'7Z ----- ------ - - - - - - - - - - - - -GLOBALE ET SOUS-OEVELOPPEMENT- - -- ----- - - - - ----- - - - - - - - - ---EH~P1T~E_6 1 ~N~A~R~M~N! ~U~A~,_S!R~C!U~E_E~O~O~IgU~L'implantation d'unit~e de production eet certee lemeilleur moyen de con.olider et d'~tendre la. rapport da productioncepitali8tes, meis cele n'exclut pe. le recoure à d'autreaformea da reproduction de caa rapporte. Ainei, en mime tempe qual'aqriculture capitaliete 'tait miae en plece, se poureuiveiantdea ectione commenc~ea avec l'eqriculture marchande forc'e etdiriq~ee ver. le. producteure non encore int'qr~a aux unit'ecapiteliatae. La t.r~a d'aqriculture capitaliete ne paut certaapa. a'appliquer aux divers.s formule. d'encedrement rural miseaen oSuvre, mai. l'~tuda qu'an en fere dane la premi're aectionde ce chapitra montrera que tràs peu da choaa lae diff~renciefinalament de l'.qriculturs cepitaliste proprement dite at queleur application a alle au••i contribu' , alt!rer lee forcesproductive••Un autre facteur de cette alt!retion est le reatruc_turetion da l'~conomia globala, notamment avec l'industrialiaatio,.t la misa an placa d'un ayattme co..srcial enti'rement branch!eur l'ext~rieur. On verre dene una deuxitme eection comment lenouveau made d'articulation de l'agriculture ~Cle rsste del'~conomie freine le d'veloppement de celle-ci.


- :;73 -D~a la mia. an placa du .yat.me colonial, ont dtdcr". d•• a.rvice. agricole••t aootachniqua., moyene d'.ction.de••utorit'. 'tatiquee en vue du d'veloppement rural. Ainei, ladirection g'n'r.1e dee .ervica••gricolea et zootechnique. deveit'tre repr'aent'. dena chaque r'gion per un. direction r'g10nelecoordonnant .t contrelent tout•• 1•••ctivit'. de productionenimele, v'9~te1e et de g'ni. rural. Chaqye r'gion devait Itreaubdivia'. en zen•• de mod.rnieetion, cheque zone en sacteurs etcheque aacteure en aection•• Lea agent. dea aervices agricolasevaiant pour mi.eion de dietribYer dea aemences et des plants etde prodigu.r dee cone.ile eu~ producteur••En plue da c.e .arvicee jouent un rele surtout.dminietratif, daa atructura. d'intervention ayant pour vocetiond. promouvoir la d'velopp.ment rural ont 't' cr".a. C'eat aue.in de ce••tructuree qu'ont 't' eppliqu'ea le. diversea formulesd'encedrament rural ime9in'•• ou emprunt'ee per las autorit'aadminietr.tives.1.1. L',nc,drem.nt de la c,tita production merch,nda aoricQleDu fait de la r6greeeion du 9y.t~me ligneger, lap.tite production merchende agricole ne pouvait se d'velopper queei le production et le circulation daa merchandi••• 6taientetimul'ee d lune menitre ou d'une eutr•• Quetre formula. ont 'té,eeayé.. pour ce faire 1 le. Soci't's de Pr'voyance et le, Centresde Coop6ration rurele dont on • d'j. perl', lea paysannats et lesay.t~mes ds contrats da métayage.


---------- ~ ------ 27.1 -1.1.1, Des 5091't', de Pt'voyence eux C,nt;.' deCggp6ratign RUtele.On a vu que 1. ca~.rci.li••tiDn d"produite .gricol.,n. ccnetitueit ~. llunique attribution d•• Saci't" de Pr6voyane••C.ll.a-ci d.v.i.nt 'g.l.m.nt proc'd.r • de, tr'v.u~ d. ;'ni' rutelet ,ncaur.g•• 1. production en echat.nt et di.tribu.nt du met'riel';;1co1& .t dea ••~.nc.a. Ain.i, d•• culture, nouv.lle., comme leriz den. 1. r6gian de Mo•••ndjo, ou 1., arachide. ,ur 1. pl.te.ude 5ibiti, ont 't' d6v.lopp6'. p'r d•• 'onctionnaire. el'ppuyent.ur 1•• 50ci't6, de Pr'voy.nc•• D.ne l',n••mbl. cependant. 1••,y.t•••• cultur.u. tr.ditionnel. ,ont re,t6, imper_A'bl••• unesction d•••oelft" de Pr'voy.nce trop dilu'e et inedept'e (1).D'autre part, le r'elieetian du pragremme de ceeeaci't'. d'pendait du degr' d'edh'aian de. papuletiane. Or, laewill.geaie ant langtemp. caneid'r' cette Ree.acistian mutuelle-,abligataire paur taue le. impasablee cam.e un argenie.e pereeitairepr'tex~a • le parceptian .au. une farme d'guie'e d'un auppl'.antd'imp~t, Rb petit i1ll.p~t- (2).Le r'pu~atian .itig'e de. aaci't'. (3) at la peu deperticipetian affactive dae ruraux ant e.en' leur re.plecenentper lea Centre. de Caap'retian Rural. (C.C.R.) en 1960. Meie leeC.C.R. bi.n que dat'e d'un budgat, d'un per.annel et d'un .et'rieldietincta de ceux de. di.tricts, ee r'v'l.rent bien vite dee arganis•••laurde et caQtaux. L.e preeeiane lacalee firent d'viercr'dite et v'hiculaa de leur de.tinatian initiel., ce qui pravaqueun••ituetian financi.r. d'e••treuee et les candamne • leur taure(1) _ G. SAUTTER, gD. cit. page 699(2) A. AUGER, -Natee .ur le. centre. urb.ine .ecand.ires suCanga-Brezzeville", Cahiere d'Outre-Mer, nO 81,jenvier-mare 1968.(3) _ Le refus de peyer lea trais frencs de catisetian • la Saci't'de Pr'vayance pravaque d'ailleure. de 1938 • 1942. desincidente inepir'e et .ntretenue par le eecte de. Mateauenistesdens la r'gian de Kinkala-Baka.


- 275 -1.1.2. Les paysannatsIl s'agit d'une fannule d'encadrement rural développéeen A.E.F. ~ partir de 1950 et très largement Insprrëe des aëtbcdesmises su podnt et prônëes par les Belges dans leur ancienne colonie.Le mt "paysannat" recouvrait, dans l'ancien Congo Belge, une grandevariété de fonaules agricoles ayant en COImIln les trois traitssuivants: intervention globale sur toute une conmuruwtt!, substit\.Jée1 l'appel aux "Irritia.tives individuelles" ; liberté d'action des''paysans'' sacrifiée au respect d'une ccmbinaison agr-iccje mise aupeint en fonction des cansid!Tations mi-agrananiques ; ur-ëccoceüccesenfîn lm remaniement ~tématique du dessin foncier et du plan culturalal'intérieur de l'espace expleité par la cammmauté. Mais la fomulela plus rêpaDdue était celle des "lotissements agricoles" combinée1 la "a.ùture en couloirs" (1).De la formule belge. ce qui a été reterw sur notrechamp d'étude. c'est l'idée d'une inte~ntion 1 la fois massive etsélective, associant le technique au social, sur certains villa.gesou groupes de villages. Deux sortes de paysannats ont vu le jour.D'l.D1e part les '"paysannats administratifs" composés de chOmeurs recrutésa Brazzaville ; ces derniers reçoivent du Fonds d'aide et de coopération(ex-fonds d'i.mrestissementpour le développement éconanique et social)le financement des dépenses d' infrastnICture et de matériel,d'encadrement, et de la lutte antiparasitaire et phytosanitaire.D'wtre pan les "paysannats libres" ccnsrttuës soit par des propriétairesindividuels de S " 10 hectares désireux d'expérimenter la culturemécanisée, soit par des simples villageois restés dans le milieutraditionnel ; ils ne sont assujettis " aucune consigne del'administration, qui se borne" fourni.r- une aide en encadrementtechnique, et pour le centrale antiparasitaire et phytosanitaire.Cl) - G. SAUTTER. op. cit., page 700.


- 276 -L'activité des pa~annatsreposait, dans les régions duNtard , de la Boumza et de la LkkO\llJJu qui ant abrItë la majoritéd'entre eux. essentiellement sur la OJlture seet-eëcarusëe, cetteexpression signifiant qu'une partie du travail est exécutée pardes ma.chines. et le reste par les cultintetas ou leurs familles. Ence qui concerne les ''paysannats libres" les participants le sont atitre entièrement volontaire et d..eJœurent chez eux, éparpilU!s dansles villages (1). Ils choisissent en accord avec les techniciensl'emplacement des blocs a défricher. La culture mécanique se rfduit,en rëaitcë, il la préparation du sol ; encore l'essouchenent initialse fait-il A la main. Tout le travail de semis. d'entretien et derécolte incombe aux paysans .La culture semi-eécamsëe 5 1est cep5liant trouvée confrontéeil un certain nombre de difficultés. NotCl15 en premier lieu que lespaysannats ne caapœnrmt que des honmes. Ensuite, la machine accélèrecertes les labours et rend ainsi possibles des semis précoces. gagede bons rendeDents. mais il est imp:lssible aux: cultivateurs desudvre au lIlême ryttlne. Le problême se pose surtout peur la rëcctee,les paysans ëtant cbldgës de se faire aider par leurs ëpcuses quiviennent forcément au détriment de leurs propres cultures en instancede récolte.La culture semi-mfcanisée bute, par ailleurs, sur unprobli!me de rentabilité. Le coOt du fonctionnement des paysannatsétant trop ërevë, on a dêcidé de faire payer d'avance auxcultivateurs une partie des mis dt Interventdcn méanique. C'estalors que, du coup. "les effectifs se sont dégonflês" (2) il Madingousurtout, où beaucoup de cultivateurs avaient pris 1 'habitude de vendreen cacneute une partie de leur récolte, affichant ensuite des rendementsridiculement bas, et s'en targuant peur ne pas rembourser leurquete-part des frais.(1) - Selon G. SAlIITER. le paysannat de Madingou aurait eu jusqu'il douzegroupements dans son orbite, op. cit., page 701.(2) - G. SAIJITER, op. cit., page i02.


277 -En outre, la culture mécanique consœeee la fertiliténaturelle du sol, ccmne on l'a vu â pI"OpOSde l'agriol1turecapitaliste. La solution consisterait â dwJler les terres avantla culture et â mettre les champs sous stylcsanthes après quatrecycles consécutifs d'arachides. Or les paysans n'Etaient pas en mesurede faire face â de telles d'penses.Enfin, deux autres problèmes œritent d'être signalés.Le premier tient l la dispersion des champs. Ceux-ci sant groupésen blocs d'lDle certaine importance, mais le ecëeië, passablementaccidenté, et l'impératif d'accessibilité depuis des villagesassez distants les uns des autres, abeu. issent l Ill.Ùtiplier lenœbre des blocs, ce qui rend encore plus coûteuse l'utilisation dumatériel. Le second problèoe dent au fait que les paysans acceptentde payer pour les ClÙtures mises en place au début de la saison despluies (le premier et le troisième cycle de la succession de quatre)l l'Inter cycle, ils sont réticents, et beaucoup préfèrent comptersimplBllellt sur les repousses spcntenées , qui leur garantissent,sans travail ni frais, une petite rëcckte, De ce fait, le matêrielne peut être utilisé l sa pleine capacité.Ainsi, les ''paysannats'', perce qu'ils fonctionnent selonla logique capitaliste, se heurtent, avec plusieurs années de décalage,lIlJX mêmes problèmes que les grandes entreprises qui avaient envahi lavallée du Niari. En 1963. la fonm.üe semblait avoir fait "long feu" (1),mais seuls les''paysannau libres" ont pu tenir jusque U.En effet, les "peysannats administratifs" n'ont eu qu'unebrève existence: attirés par la promesse d'un salaire substantiel,auquel s'ajouterait une indemnitê mensuelle de changement de résidence(1) - G. SAUTTER, op. cit., page 700.


- 278 -et des facilités diverses, les chBmeurs qui les composaient se sontplus amusés qu'ils n'ont travaillé, et l'expérience a rapidementfini en queue de poisson. Ce qui a fait conclure Ji une personnalitéqui s'est penchêe en 1960 sm' le problœ rural au Congo


- 279 -sur la s~ation de Mpassa. Le deuxième centre de diffusion ~tait lasous-préfecture de Boke Sangha, où par achat aux éleveurs de l'ancienCongo Belge J derrière la fromiêre toute proche, un certain nanbrede t1'Ol!peatJX se sont spontanéDent ccnstdtuës ,Ce qui a fait choisir la vache des lagunes, de faiblepoids et de tOUt petit fomat (ZOO kg contre 300 à 350 pour la Ndama),ce sant ses qualités de docilité, de rusticité, de résistance auxparasites et notaDment aux tiques; son caractère casanier aussi,qui limite au maxiJIIJm les problèmes de gardiennage. Le servicede l'élevage n'avait pas renoncé pour autant 1 répandre la Ndama dansles villages. ''Econcmiqueme:nt'', la race était bien plus Intéressante ;mais san caractêre moins facile, son grégarisme et sa sensibilitéaux tiques ont fait prévoir pour elle une solution particulière : cellede troupeaux: non plus familiaux mais villageois. Propriété colIectdvedes habitants, ces troupeaux seraient gardés en permanence par desbouviers fournis par la cœecœctë, et rêmunêrés sur le croit. Aunombre de trois par an, il était prévu de les constituer aux effectifsinitiaux de 100 à 120 bites. Le projet du plan quadriennal 1964-1968limitait à 1& préfecture du Pool "1 t implantation des troupeaux collectifsde 100 têtes". C'est une autre fOT1ll.lle qui. était prévue peur le Niaricelle de troupea.ux. de Z5 bêtes confiés 1 des DlJtuelles villageoises(groupant une trehtaine de producteurs) en métayage collectif, leremboursement conmenÇant la quatrième année (1).En développant ce petit élevage. les services officielsvisaient surtcut la culture et le transport attelé. On sepréoccupait en effet, depuis plusieurs années, de dresser des boeufsde labour à Mpassa. : on prévoyait de les diffuser, ainsi que descharettes, dans le cadre des paysannats. Aucun des objectifs n'a ëtëatteint, bien que les populations aient manifesté \.Dlréel enthousiasme(1) - Projet du Plan Quadriennal 1964-1968, commissariat gênéral au plan,pages 60-61 et 8Z-83.


- 280 -pour cet élevage. Il Y a eu en effet plus de demandes que depossibilités de les satisfaire, le nombre de femelles données ensembletendant â se réduire â trois, ce qui est insuffisant, et leremboursement pranis n'était ni toujours exigê. ni surtout obterwdans un délai raisonnable. D'autre part la folDlJle de troupeaux:villageois concernant la race Ndmœ ne PJUWit fonctiormer à l'échelondu village oQle sens cClrlIllJnSlJtaire est très faible. ma13 seulementau niveau du lignage. De plus; les troupeaux qui se sont constituésont été le fait des haimes, les femœs conti.Iwant d'assurer le grosdes t.TaV8UX agricoles. Des conflits ont. surgi. 5U1" le IIOiêle classiquedes diSi'Jtes provoquées par le cochon dévoreur de manioc. Certainséleveurs ont canstruit des parcs câôtnrës oQ les vaches sontmises à l'abri des tentations ; mais cela soustrayait des étenduesimportantes aux cycles culturaux 1 dans des régions oQ l'espaceagricole lignager se trouve déjà fort5lent réduit par l'installationdes concessionnaires. des entreprises agricoles capitalistes etd'autres organismes. Win. il senble qu'à t'revers cette ec'ttvf'tëqui se maintient encore, les éleveurs visent le nombre plus quele rçport, le prestige social de préférence A l'efficacid, ce quimanifeste une certaine persistance de la rationalité lignagêre,malgré la daninance de la rationalit.é capitalist.e : nous y reviendrons.1.Z. La tentative de constit:ution d'une bourgeoisie roraleL'intervention des autot-Ltës adminisuatives en vuedll. développement rural ne se limitait pas A l'encadrement de lapetite prodl.r.tion marchande i elle visait aussi la const.itutiond'une classe sociale sur laquelle devait reposer le "progrès agricole"et le "développement rural" au sens de l'idéologie dominante. DeuxfoI"ll1l1es agricoles ont été essayées! cette fin : le "culture enassociation" et le développement d'entreprises capitalist.es appartenant! des autochtones.


• 28' -1.2.1. La "culture en association".Cette foIIIILÙ.e désigne de grandes unités agricoles ouagrc-pëstorales dans le cadre desquelles les cultivateurs, suiVisde pris par des tedmiciens cœpëtents, et b6néficiaires deprestations diverses. notaDment en travail mêcanique. se trouveraienten contre partie SOlIDÎ.s a. un plan de travail strict, a. un aménagementdu sol rigide et a. un traitement égalitaire.La C.G.O.T. qui mit au point cette fonJJJ1e en Casamancea expérimenté une solution très voisine a. Loudima. En plus d'un'"paysannat d'entreprise", réservé a. ses propres salariés. elles'occupait d'un groupe de paysans "associés" au nanbre dune quarantainepour la campagne 1959/1960. Les lots, d'une superficie de 3 ha. secœpcsaderrt de parcelles, cultivées en alternanc:e dans le cadrede deux soles; l'une sous arachide (pour quatre cycles consécutifs).l'autre portant une couver-ture four-ragêre . Le sol était préparéJD!caniquement. et devait être chaulé par l'entreprise, qui fournissaitégalement les semences dt arachides et mettait en place le stylosanthes.Ces travaux et les semences étaient facturés aux associés suivant unbarème forfaitaire. ~t aux opérations d'entre'tien et de récolte,elles leur incœbaient directenent.Les responsables se déclaraient satisfaits de la formuleet affiTmaient que les frais engagés étaient intégralenent facturés,et couverts par les remboursements (1). Pourtant, certainsdes problèmes posés par la culture sem-eécani.sée demeuraient vivantsdans la mesure cil l'entretien et la récolte incombaient aux paysans.D'autre part, le statut de-i paysans "associés" n'est guère différentde celui de simples salariés privés de toute initiative, le plan detravail et donc la manière de produire leur étant ùnposées par la C.G.O.T.(l) - Selon G. SAUITER (en. cit, page 70S), le revenu net moyen des'paysans" de la c.G.o.T. se serait élevé, au cours de la campagne1959/1960, a un peu plus de 30.000 francs, déduction faitedes frais d'intervention, et compte tenu des récoltes de l'ordredtune tonne a l'hectare.


- 2:82 -1.2.2. L'apparition d'entreprises congolaises ''Ioodernes''.La fonwle d'associatdon lancée par la C.G.O.T. ne semblepas avoir fait école, puisque la société ene-eëee devait accorderplus d'intérêt à une autre : celle des "travaux à façon" pour desmyens propriétaires, destinée à pe1'1llettre l'apparition et le développementd'entreprises "œdernes" appartenant à des Congolais.Ces entreprises peuvent se définir selon les critères suivants,ëncncês par G. Sautter (1) : une large autonaDie vis-à-vis dela société villageoise et de la parenté de l'uploitant notanlDeJ\tsur le plan financier; 1 'hœme asSl.lDant les responsabilités,etsubstitué le cas êchêant dans ce rô.le a la feome ; le recours à unemain-d'oeuvre salariée, ou d'une façon ou d'une autre rémunérée, enccmplément de l'aide familiale ou asa place ; une action a pluslarge ëcœiie, ave::.plus de IlDnde, 5U1" une surface accrue ; enfin,condition de tout, un effort dêlibérément orienté vers la productionet la vente de surplus.Il ne s'est créé aucune ent.reprdse coafonee à ce schéma.Des ''rrDyennes prcprfëtës'' se sont cependant constituées a proximitéinmédiate des terres de la C.G.O.T. et sur la route de Sibiti. Lacond.ition de IOOyenne propriêtê supposait l'obtention d'un petmisd'occuper; il s'agit la d'un titre foncier, délivré par l'administrationlocale après enquête, et qui consacre le droit de fait du titulairesur un lot de terrain d'étendue spécifiée (2).Quant aux surfaces concédées t on est parti sur la basede dix hectares par exploitation dont cinq devaient porter desarachides et cinq de" fcurrages . Le fonctionnement pratique desexploitations est le même que dans la "culture en association" ;(1) - G. SAIJT'TER. op. cit.. page 709(2) - Selon G. SA1JITER, 31 de ces permis furent accordés a Loudima,de 1958 â 1961, op. cit.. page 710.


- Z83 -il s'agit d'une culture semi~anisée dans laquelle le monopoledes engins donne à la C.G.O.T. la haute main sur le déroulementdes cycles et l'organisation des successions agricoles.Les ''ncyennes propriétés" ne se sont d!veloppê:s jusqu'en1961 qu'à l'abri de l'aide IlI8.térielle et technique fournie par laC.G.O.T. La S.A.V.N. (Société d'Aménagement de la Vallée du Niari)qui s'est substituée! la C.G.O.T. au cours de cette année a plutôtorienté son action vers la repr-Ise et l'élargissement de la formulepaysannat.1.3. Le lI<strong>DU</strong>V'eIlIeIlt coopêratif.Les premiers groupements coopëratffs sont nés en 1964 et lemouvement n'a pas cessé de se développer depuis cette date. On comptaiten 1967. 156 seeieeës coopëratdves ava:.un effectif de 2198 adhérentsayant souscrit un capital social de 1Z 467 700 F CFA (1).Le recensement effectué en 1975 par le sûnistêre del'éconanie rurale dénClDbrait 343 groupements comportant 8482 membres.Ces groupements ont été constitués soit par le BDPA(Bureau deDéveloppement de la Production Agricole). soit par les organismesinternationaux (B.I.T. notamment). soit par le Service de laCoopération du Ministère de 1"ëconœnie rurale, soit enfin par lespopulations elles-m8mes, à l'instigation des agents de la coopération.La plupart des groupeuents ont été créés â travers L'une ou l'autredes deux fOl'1llLÛes d'intervention suivantes: l'action de rëncvartonrurale (ARR)et le développement rural intégré (DR!).--------------------(1) - "Congo-Brazzaville ~ An V de la Révolution",Jeune Afrique, n spécial, 1968.


284--=-..1.3.1. L'action de rénovation rurale.Créée par décret du 25 mai 1965, l'ARR visait Asubstituer A une action directe, l'intervention par l'intermêdiairede groupes de jeunes ch&leurs urbains implantés sur des tet-res viergesau abandortnés par des colons et ayant pour mission de les mettreen valeur. Dix huit villages coopératifs composés de 120 A 150 volontaireschacun virent ainsi le jour. Les coopérateurs devaient recevoirdans les centres de forœtion, une éducation politique, êconanique,technique et militaire. Dans le cadre de la production rurale,ils devaient doubler leur superficie de cul'tUre et ils étaient chargésde la prcxootion technique, politique, éconanique et sociale despopulations dans un rayon de 25 km. autour de leurs villages coopératifs.Ces villages, financés au départ par l'Etat avec une aide du P.A.M.(Prograome Alimentaire !obnd:i.al) et du PNUD (ProgullI.... des NationsUnies pour le Oêveloppenent) devaient atteindre l'autofinancement.permettre IIDll seul~tDans l'esprit de ceux qui l'ont créée, l' ARR devaitde résoudre de façon satisfaisante lesproblèmes de jeunes sans emploi, mais aussi de contrebalancerle désastret.D: effet de l'exode rural. De plus, on espérait qu'avecl'aide de l'état et l'encadrement dont ils benéficieraient, les villagescoopératifs deviendraient lm jour des SOTtes de plantations 1IDdê1es.Mais les coopérateurs n'ayant au;une prise réelle sur leur environnement,sur les villages voisins et l'enc.:odrement étant très lnsuffisant, lesvillages coopératifs se vidèrent progressivement. L'ARR fut dissouteen 1971 et les dentiers coopérateurs encore relativement nœbreuxintégrés dans l'administration agricole.La nouvelle politique rurale mise en oeuvre la màneannée ponait sur le regroupenent des villages et une importante opérationde vulgarisation et devait dormer naissance A deux projets,l'un dit d' "animation rurale" consistant essentiellement A essayerde donner aux paysans une voix et des moyens de pression sur le corps


7' l8Ssocial en général et l'encadrement administratif en particulier, l'autredit ''Brigade de ~rnisation rurale" qui est surtout une A.R.R.elle-même réncvëe cherchant a. garantir une întêgration effective entrejeunes cœpëraeeœs et Villageois. Cependant, ces nouveaux projets nes'app.1ient pas sur un muvement paysan mais prennent plut6t unefol'lDe bureaucratisée et centralisée, p..dsqut ils sont IlLis en oeuvrepar les services agricoles et :ootechniques ; aussi, tomberont-ilsdans l'oubli dès 1912.1.3.2. Le developpenent rural întégré.1.3.2.1. Origine, buts et dffinition.L'idéologie et la stratégie du developpewent ruralintlSgré trouvent leur origine dans le courant "volontariste" néau milieu des années 60 sous l'impulsion du ''Peace Corps" américainset de "volontaires du progrès" néerlandais, frarl.r;ais. allemands, suisseset br!umniques. Le "volontariat" se présentait cœme tm corps élaboréde dcctrine et d'actions s'inscrivant dans la politique d'aide despays occidentaux aux pays scus-dêvel.oppés, Il reposait sur les postulatssuivants;- Une action efficace de dlveloppement peut-être faiteen travaillant directement avec les populations paysannes ertes-eêeee- Cette action nécessite non pas des experts mais des"généralistes "dont les qualités premières doivent être le dynamisme,la facilité d'intégration au milieu, l'esprit formatif ;- Cette action doit être intégrée, c'est-à-dire prendreen cœpee tous les aspects du développement éconcmi..que et social d'unecœmmaud donnée, le moteur de ce dëvetoppeeent devant être le senscommunautaire et la fraternit6 villageoise.


- ZB6un pouvoir de rayonnement.- Postulat de la tâche d'huile les actions devaient avoirVéoergence du ''Volon't&riat'' s'expUque sans doute par unecertaine prise de cons.cience de l'êchec du d.fwloppemrmt par le haut.Ce n' est que dans les années 70 que les experts des organismesinternationaux et des minisdres des Services Gouvernementaux ontcCIIIDeTlCê As' tntêresser réellement aux actions ccncrêtes "ras du sol"rêsuftarrt de ce ~t et " y voir eurre chose que folklore ourêalisations pont:tuelles. Les êc.hec.s plus ou mins cauplets tplusou moins retentissants des cpëratdcns de dêwloppement l grande échellerendus patents draaIIltiquement par la sécheresse du Sahel ont fait quele "développsœnt întëgrë", le "dêwloppaœnt camunautaire". le "T'&Sdu sol", bref l'idee que ce sont les paysans qui doivent eux-mi!mesréaliser leur développement soit au centre des disœu:rs gouvernellllerl'tauxen Afrique. par exemple. et des organismes internationaux.Le développement rural intégré peut: se définir cœee unmde d'intervention. rural visant à pt'CIŒIl.MJir le développE!llll!l1t d'uneCœlllJlUWtê de base donnée dans tous ces aspects konaaiques et sociaux,l'accent étant bien sOr mis sur l'agriculture.La doctrine a reçu confirmation officie~.le en 1974 tant auniveau international (discours du Secrétaire Glnêral de la F.A.O.)que national, ee le développement 1'\J.I'8.l intégr' apparait depuis 1975cœme 1& solution miracle. Voyons ce qu 1il en est sur notre champd'étude.


---------._- --.- ZS71.J.Z.Z. Développement rural intégd et promotion coopél'3tive.L' applic:atian de la formule ''Dêveloppenm't rural Intégré"s'est faite 1 travers le "projet de développma1t du Pool",En 1967. le gouvernement Congolais a présentê au P.N.U.D.une requlte d'usist.lD;e pour \Dl projet intitull!!: "Rénovation rurale"dont le cad::re territorial devait ëere la vallee du Niari. te projet aêté a:pprouvf par le Conseil d'Admi.ni.stt'3tion en janvier 1968, maisen janvie-r 1970. une mission conjointe ~/BIT a fOl'DlLllê lm certainnaDbre de recClllll8!1dations pour Lme nouvelle or-ientatdcn du projet etpour le cb:lix dtun aut're site. Le plan d'apét'3tians établi sur la basede ces recClllll8ndations el: destin6 au ''Dl!veloppmslt rural de la rêgicndu Pool" a été signé le 30 sept_re 1970. Le choix de la région duPool cœme zcae du projel: siest fait en raison de l'infrastl"lJl:'tUreexistante, ma:i3 surtout de la proximitl!!: du maTch!! de consœmationqu'est Brazzaville.Le but du projet, tel qu'il est menticnnê au pland'opêratians, est d'aider le gouvernement 1 _HareT les conditionset le niveau de vie des populations rurales par l'augmentation de laproduction agric:.ole et du petit élevage ainsi que par l'instaUrationdes structures institutionnelles nëcessedres au dêvel~t ruralet omtribuant 1 l'accroissement de l'emploi. Selon les prévisions initiales.les objectifs 1 réaliser l court tenDe concernaient l'augmentation de laproduction de riz, de tabac. de maIs et de sorgho, le dêveloppemen:t dela piscio.ù.ture en étang et celui du petit élevage (volaille, pcrcs,chèvTes et IllJUtons) •Le projet devait s'orienter vers quatre types d'actionrecyclage et la form8:tion des "cadres ruraux, de monitTices et depaysans pilotes" (1). la diffusion des teclmiques agricoles et laleCl) - B.I.T., R.P. Congo. D!velOl'PelDent rural dans la ré,ion du Pool,Con B - 7, Ra:pp:lrt tëëlïïiiqiîiïïu i, Gëïîêve, Juin 19 1, page ~.


- lBB -distribution de semences, bêtail et matériel agricole j l'améliorationdes svseëees de cClllDeTCialisation et l'installation des points devente et d'achat aupT'!s des groupements d' agriculteurs ; l'améliorationet la création de nouvelles infrasttuc:tures dans la zone du projet.La r~alisation du projet se fait essentiell~nt ~tnWl's les groupements prêcoopéntiis (1). ceux--ei se constituentpar adh!sion volontaire : les paysans ~sirant fonder un groupementprécoopératif cu adhérer à un groupement mstant payent un droitd'adhésion et adressent une dsDa:nde de mathiel (bJues, bêches,eotcbêctes , 'l'ateaux) de semmces, de bétail cu de tedmiciens àl'organisme encadreur (le BIT). Sur les 94 groupements que cœptaitle Pool en 1916, 76 avaient EtE crêés par le BIT et se rêpartissaien.tentre six unions de groupements (2).L'activité prinCipale des groupemen:ts est à production desproduits vivriers, surtout marai


--- -_.. _-- 289 ,Cette formule d'encadrement permet-elle l'améliorat1ondes conditions et du niveau de vie des œmbres des groupements et,plus gënëraieaent, favtrrise-t-elle le développeœnt rural ?Notons d'abord que ni les myens de production, ni less~es, ni les services des tecreucdens , ni la cCJIIDe1"Cialisationne sont grandts. L'encadrement fonc:tiormeenrêalitê selon un systèmede crEclit remboursable au bout de tTOis ans. Ainsi. les revenus perçuspar les cccpërateurs sont affeçt~s avant tout au rembour.saœntdu crédit. De plus, pour être sOrs d'kouler leurs prccurcs, lespaysans sont obligés de les confier au BIT qui les achète à desprix tTOis fois lD:Jins ëievëe que ceux offerts l Brazzaville ; il Y adonc U une farme d'extorsion du travail paysan. Fnsuite ,l'organisanœqui prévaut dans l'ensemble du projet réserve deux jours parsemaine aLQt tTaV8IJX des groupeIDl!mts ; le dimanche étant rëservë à laprtëee et au 'repos et le samedi au marc:M. il ne reste pour lescultures vivrUres des cccpërereurs que deux jours, ce qui peutengendreT un déficit vivrier. C'est sans doute en prévision d'un teldéficit qu'une distribution des denrëes alimentaires effeç:tuéepar le PAM(ProgTalllllCl Alimentaire r.t:mdi.al) a ëeë dëcddëe dès l'lHaborationdu projet. fl'Bis cette' solution qui en effectivement appliquée,vise en réalid â faire adopter de nouveaux. IIDdêles de consamnationaux pop.ùations neaiee, les ren1ant de plus en plus 'trlbu'tai'res duma.rchê pour leur subsistance. Enfin, l'encadrement consiste aussi~ former des cadres ruraux. et ~ faire de l'alphabf:tisation fonctionnelle.Or, le contenu de l'enseignement dispensê est tel qu.'~la fin de leurfOIDllltion, les "cadres ruraux" pensent avant toot â aller faire valoirleur "qualification" en Ville, aussi l'application de la stratégie du"dêvelappement rural drrtëgrë" s'est elle avërëe COlllDe un facteurcl 1exode ronl.


- 290 -Toutss 1ss re~arqu.e qui viennent dl'tr. feites sur1•• groupement. pr'coop'r.tifs d'pendent du projst de d'veloppe.entdu Pool eont valeblee pour la plupert d.. group.menterecen.'_ eu Congo. AJoutone simpleMent qua selon le r.c.n••••ntde 1916 (op. cit'), 82 ~ d•• groupe••nt. et 8Q ~ de. meMbr••• ont concentr'. d.n_ l.e r'giona du Nieri, du Pool et d••Pl.t.aux qui approvi.ionnent Brazz.vill••t Point._Noire. D'autrep.rt, pour l'en.e.ble du Congo 12 ~ d.e .embr•••ont de a.xe~a_culin (1).Ainai, bien que l'.ncadrement rur.l eit .u pour butde feire particip.r d. façon plu••ctiv. .t plu. directe 1••payean•• l.ur propre d'v.loppe..nt, aucune dea for.ul••••••y•••nia donn' naiaaanca • un mode d'organia.tion .ocio-'cono.iquafavor.ble • l'euto-d'v.loppa••nt (2) dea productaurs dir.cts.Per contre, ce type d'intarvention a contribut au renforc.mentde le diviaion s.xuelle d.s tlchee den. la u.- où l.a ectivit'.introduit•• ont aurtout 'tt confi'ea aux ho L'ancadre..ntrural. d1autra part .ccru 1•• difftr.ncietion. r'gional••, celuicine portent qua .ur le. zan•• approvi.ionn.nt 1•• c.ntr••urb.ins ou 1. mercht ext'ri.ur. Enfin, un noMbre plu. grand d.pay••n•• 'tt inatrt • 1. circulation ..rch.nd. et .oumie .u.od.l. ds coneo...tion occid.ntal. p.r ca type d'interv.ntion.-----------------(1) - Lee pr090rtione sont invera'e. dana 1. P~o~ et la Koui~ou(12 ~ d.a cooptrataurs aont da. fammes), le no.bre degroup...nt••• coneacrent .ux cultur•• vivri.re. den. ce.rtgiona ttant tr.s tl.vt.(2) _ L••ena de ce concspt .er. prtci.t dane le procheinchepitre.


191 -~!:!!~~_~ J ~!~!!~~~!_!~!!!_!i!!:~!~~!!L_:~~!!!~!_!!_!~~~!~!~~!~_~~2~2~!!_:!e!~!!!!!!.~2~!~!!·Do_inaticn du co••e~c. et de l'arti••nat par l'agr1­culture et cQmp16.antaritt de. traie activitt., tala sent 1••princip•• qui articulaient la ayat". agricole li9nagar au ra.tade l'6cono_1. 119n.gAre. La .yet'•• agricole lignager nl.at p••la ••ul • It:. touche par le d'veloppament da. reppor~••archand.eapitaliata. , la com••rc& et l'arti.anat traditionnels ont tgalamantanregi.trl un recul. L'implantation capitaliate ne s'aat pa.concr'tia'e uniquement par la mi•• an placa d'un .yate.s agricoleparticulier J un ayatlme commercial et un ayat.me industrial ont'galamant 't' cr66e. C~m••n~ e. pr6••nt. l"r~icul.tian de. troisstru~~ur•• (1' d.n. ce nauv••u cant.x~. car.ctAriaA per 1. da.in.­ticn du ay.~'.' c.pitlli.t. sur l'.n••mbla d. 1. for.ation sccial.C'.at 1 l'.~eman d. Catte que.tian qu'aet can••cr" 1. pr'a.nt•••cti~n.2.1. La cemmercialisation de, prgduita .gricola,La dr.in'9a daa produita 'vricol•• vere la. cantre.urbain••t l'.xt'ri.ur, 'inai que l·'c~ul•••nt de. produitad'arigina mAtrapolitalne nAcaaaitait, autre la r.9rg.ni••~ian d.l'.ap.c., le mi•••ur pi.d d'arg.ni•••••pAci.li•••• L.a circuit•• t arg.n1•••• d. cam.'rci.li.atian crA'. ont influ.nc' l'Avolutianda l'agricultura d.n••an .n••mbla.{" - C.t" a.ction ....in.r. 1•• ral.'icna .~iatant antrel'ana.mbl. d. l'agricultur. -c'••~-~-d~ra eu••i bi.nl'agriculture capitaliata proprement dit., 1•• farmead'aqricultura rel.vant d. llencadrament que l'egricultur.1ignaglr. an d'clin- la cammarc' at l'indu.tria.


- 292 -2.1.1. ('tf.versign d. l"cano_i. et .tructur.tiand. 11"R.e.Le. d.rn1t:•••t.ti.tique. r.ppart". d,n, l'At1•• d.1. R'publiqu. papul.iz. du Conga (1) font 't.t d. 795 ka d. vai"f.rrt,. (dont 510 paur 1. CFee et 285 paur la voie Co.1109),SOOO k. d. raut•• (dORt 550 bitum" et 4450 nan r.vltu.) .t 3105 k~d. voi•• n.viq.bl••• Non ••ul•••nt l'.ppr'ci.tian d. ce. chiffre•• uppa•• 1. ca.p.r'i.an 'v.c ceux d'.ut:•• pey., ..i ••ncar. et.urtaut il, n. p.rmatt.nt d. ..1.iz ni 1. fonction princip.l. du.yet••, de. vai•• d. ca_munie.tian, ni .on imp.ct .ur l"volutiand. l'.qricultur•• Mi.ux v.ut, pel con"qu.nt, .'int.r••••r • 1.structur' du : ••••u de. vai•• d. communic.tian.L'infr••tructur. d. tf.n.part .pp.r.lt comme org.niB•• utour d. d.ux .x•• p.rt.nt de Br.zz.vill. (voir cart. p.ge.uiv.nt.). Llun cri.nt. v.r. 1. nord, r.li. Br.zz.vill. 6 Ou•••op.r 1. route n.tional. n 8 2 puia 6 Sou.nk. p.r la route du c.c.opart.nt d. Ou••eo J c.t ax. r.li••n mlm. t ••p. Brazz.villa auSud C•••roun .t 6 l'.mpir. c.ntrafric.in notamm.nt, p.r 1. r ••••ufluvi.l con.titu. p.r 1. S.ngha, 1lOub.ngui .t 1. Congo. L'.utr.,r.li.nt Br.zz.vill. 6 1. cet. a.t can.titu. p.r 1. chamin d. f.rCanvo-Oc••n (CFCO) .t 1. route n.tianel. nO 1. L. r ••t. d. ltinfra_.tructur. co.prend 1. ch••in d. f.r d. le Camilog conn.ct. au CFCO.t p.rm.tt.nt l'6vacuatian du m.nv.n'•• g.ban.ia, 1•• multipl••• f~lu.nt. d. l'Oubangui at du Can90 dont cart.ina na .ont navi­Gab~•• qu'u•• p.%tia da l'enn.a, 1•• pi.ta. ao..aireB rali.nt 1~9div.r••• r'gion•• l'un. au l'.utre d•• routaa n.tion.laa ou auxvoi.e f.rr••••-----------------------(1) _ Op. sit., page 46


-~------ 293 -Ou....lm1C)'"/,1J III1. w 1,11,~1a20QIun !II. PriDdpala l'oia tennua et fiuviala


- 294 -Le. deux •••• qui viennent d'.tre d'crlta n'.nconstituant an f81~ qu'un ••ul campartant deux pointe da ruptured. cherg., Brazzaville et Painta-Naize. Il s'agit de l'anciennevoie "d'rel_ qui, dens l'Afrique Equatoriale Françai•• , ••auraitaux pey. d. l'int'riaur un d'bauch' sur la cet. atlantique at •dann' au Cango un r~l. d. tran.it. L'Agence Trans'quatarlale d.Communicatian. (A.T.E.C.l, farm'. en 1960 par 1. Congo, la R'publiqueCantrafricaine et le Tchad, • 9'r' catte vais jusqu'en 1910.ann'. d. e. natianall••tian at d. .a trenefor-atlan an AgencaTranacongolai•• d. ComMunicatiane (A.T.C.l.8ien que travera' sur tout. •• langueur par cet ••• d.pre.lare lmpar~.nc., le Cango .at re.t' pr••qu'.nti'r.~.nt .ncl.v'.Il ns s'sQit p•• , bien eOr, d'un i.alem.n~ vie-'-vi. du .erch'.andiel, puisqu'.ucun vill.Q. n'.et , l'sbri d. l'exode rurel, d.epraduc~ian. ca~rci.l.e et d. 1. caneamm.~ian de. produite ~.nufectur'e,toue ph'nam'nee .enife.t.nt lter~icul.tian du .y.t'm.liQn.ger .v.c le ey.t'•• cepiteli.~e. C'e.~ p.r~i.ll.~.n~ un.nclevem.nt vi.-'-vi. de. villee, cert.in.e r'Qian. '~n~ malreli'e. , cee derni'r•• (1). Mai. c'ee~ .urtout un iaolem.nt de.div.r••• r'9ione. 1•• un•• per r.pport .u. eutre•• Aucun. voietr.nev.re.le. int.rr'vion.le. n'e.i.~•• Entr. 1. r'9ion Nord .t1. r'9ion Sud, pourt.n~ conti9ul••ur plu.i.ure c.n~eine. d.kilo.'tr••, il n'••i.~. qu'un point d. pe.e.qe. c.r%.four routier.---------:-(1) _ Ain.i. le dietrict d. May•••• bien qu'il f•••• perti. de 1.r'qion du Pool••ource princip.le d'epprovieionn•••nt vivri.rd. Br.zz.vill•• n. perticip. que d.n. un. proportion tr'.f.ibl. , c.~ .pprovi.ionn•••n~, du f.it d'un. f.ibl. dotetianen voi•• de co~unic.tion inh'rent., .n perti•••u reli.f .t~ le netur. du sal (tr'••ebleu••). L"miqretian n'y eetcep.ndent p.e ~oin. ective pui.que 1. di.tric~ n. compt. que0.1 hebit.nt .u kila.ltre cerr', t.ndi. que le den.it. pourl'ene.mble du Pool ."l~v. l 5.1 h.b/km2.


- 295 -fluvlel, ferroviaire : Brazzaville. Le pey. set ainai form~ dedeux _"elavs. princi~al••, la. %'9iO"5 Nord et Sud, reli'es.ctuellament ~ar la ••ule capital., ca. r'giona 'tant .ll.s-~'m••d'coup,•• an eu tant da eoua-enclav•••econdair•••;.....L'enclavament ••t Bouvent i.put. eux condition_'cologiqu•• (structure physique et climat) et • la faible denait'd. population. Il faut pourtant conatater que ca. facteura perdentleur cerectlre limitatif lorsque de. 1"t6rlt. prIel. 80nt en jeu 1alnei, ni 1•• obatacl•• physique., ni le f.ibl•••• du peuple••ntn'ont a.plch' la construction du chemin de fer Coml1og devantpermettre ll'y.cu_tion du meng.nAse gabonaia • 11 en ••t de mlm.pour le bituaa98 de le -route du Nord- relient 8re&zeville • Ou•••centrepriee de pree~ige pour le bourgeoiaie bureeucretico_tribele.La cauae fondamantele de ll.nclevamen~ tient plutet au carect.rea.~reY.r~i da ll'cono~ie et • le n.ture du pouvoir en pl.c••2.1.2. Sy.!!m•• d. c9mm'rci.li••~io" et 'volutiondl l'agricultur.petit. comm.rc,nt._L"tud. de l";onom1e d. traite noue a r'v'l' que lanon-r'aliee~ion d. l'obj.ctif e••ign' .ux compagni•• conc•••ionna1r••(1. m1•••n valeur d•• t.~~itoir•• conc.d'.) '~ei~ li••• n p.rti•• 1. ne~ure du capital co...rci.l don~ .ll.e 't.ianti.au••• Cell.a-ci ont par contr. perf.it.ment rempli 1. fon;~ionqui '~it r'ellement la leur 1 a••urer la ci~cul.tion dee marchan_di••••En .ff.t, aprA. ls. quelqu.a tent.tiv•• d. mi.a anvel.u~ .ignal'.e plu. h.ut, le plup.r~ de••0;1't'a concee.ion_n.ire. sa .on~ r.convertiee dena l'import-axport, l'import


- 296 -essentiellement. Actuellement, trois d'antra ellee •••urantd'ailleura a ell•• aeul•• plue da la maiti' de. vanta. da. praduit~importa. aur 1. marcha cangalaia 1 S.C.K.N. (Saci6t6 Commarcial.du Kouilou Niari), C.C.5.D. (Compagnie Commarciala da 1. Sangha etde l'Oubangui), t.F.A.D. (tampIvni. Français. pour l'AfriqueDecidantala) , all•• aont pralong'•• par da. boutiqu•• et parfoisda. petit•• chatn•• d. mev.aina tenu•• par de. Portugai., ainaiqua par un commarce par.lltls africain non convolais conatitu6 surla bas. da circuits .rti••n.u~ trt. valt•• (S'n'ga1aia, H.ou•••••etc) diffus.nt tout•• aort•• de produit••rti••".u~particulier).(pagn•• anUne da. forMa. d'intervention da ltadmint.tretioncoloniale dene l'egriculture ~ut l'org.ni••tian de la collecteet de la co.m.rcialia.~ion da. produita. Ote 1937. furen~ cr" ••lee Saci't'a Indiginee d. Pr'voyanc. (S.l.P.) devenuee plue tardSoci't'e Africein.e de ~'voyanc. (S.A.P.). Trente-cinq S.A.P.couvraient l'en•••bla du territoire, chequ. dia~rict 'tan~ do~'d'une S.A.P. plac'e aoue l'autorit' directa du chaf d. di.~rict.Elle. 'tai.nt aeeiet'.e et contrel'•• finenciirem.nt par un Fondacommun d•• S.A.P••t dev.ient proc'der idee treveux de 9'nierur.l, encourager le production, or9.nieer le collecte et lecommercielieetion. Cependent, cee aoci.t'e nlint.rveneient denela commercialieetion qu'.n cae de d'feillence du co..erc. priv'.Av.c llevAn.m.nt d. l'ind'p.ndance na.in.l••n 1960,1•• S.A.P. furent re.plec'•• par l.e C.ntre. d. Coop'retion Rural.{C.C.R.} .t 1. Fond. Co..un de. S.A.P. p.r la Soci't' NetioneleCan901aia. d. D'veloppe••nt Rur.l (S.N.C.D.R.). Le. C.C.R. onth'rit' dee ettribution. dee S.A.P••ei., contrair••ent A ca.darniir.e, il. eaaurant en priarit' le commercialia.tian de.produite e9ricole., la recoure eux ae%Vice. du caœn.rca priv'n'ayent lieu qu'exc.ptiann.llem.nt.


- 297 -Créé par ordonnance du 4 mai 1964, l'O.~.C.P.A. (Office Nationalde Commercialisation des Produits Agricoles) se substitua à la SNCDR. tandisque les C.C.R. devaient !tre remplacés par les Centres Pr~iresde ClDIIeT'Cialisation (C.P.C.) dans les villages, et par les CentresSeccmdai.res de Cawet'Cialisation (C.S.C.) dans les chefs-lieux desous-préfectures. L'CN:PA fut doté du memapole de la collecte et de lavente des produits agricoles sur les ma:rc.hés de gros intérieurs eta l'9PCJ'rtation (1).Enfin, tttlis organismes il caractère IJIJ1tifonc.tionnel ontëtë crHs en juillet 19ï7 : il s'agit de l'Office des CulturesVivrières (O.C.V.L l'Office de DEveloppement de l'Elevage (O.D.E.L.)et l'Office du caf6 et du cacao (O.C.C.), chacLm d'eux assurant ala fois la production, la vulgarisation des techniques nouvelles.l'encadrement et l'aide technique aux exploitations familiales. lacaœnercialisation de la production, etc (2). Il semble que l'CN:PA quiconti.ro.&e dlexister VtIit son rOle réœJit il l'exportation d.u. café etdu cacao achsrlnés il Brazzaville et Pointe""'loire par l' O.C.C •La carmercialisation interne des produits locaux, agricolesDOtaamI!lnt, est le fait surtouc de petits cClllll8rçants -cranspor-teurs,Leur activité concerne l'approvisionnement vivrier des villes enpro:lui.ts fabriqués divers (boissons en particulier) •2.1 •a, 2,J.' impact sur l'agriOlltureUne telle politique de cœmercialisation des produitsagricoles ne peut avoir sur l'agriOJ1ture dan3 son ensemble que desccnsëcceeces néfastes. En premier lieu, l'orientation. de la plusgrande partie des structures de cœmercialisation vers l'extérieur,en accélérant l'intégration il l'êconanie lII)ndiale et en renforçant la(1) ~ Produit du UJJUVeIDI!J1t popu1a±re d'aoQt 63, cet office d'Etat devait.avec l 'OF'NACl]of (Office National du eatmerce) CT6é au mêlœ Ib:IDent.se substituer aux grandes maisons coloniales d'import~export.(2) - R.P.C•• Ministère de l'Economie Rurale : ~ouvelle Politique AgTicole,juillet 1977.


- 298 -danination impérialiste, signifie la condamnation à eeree de l'agriculturenationale. En effet, l'agriculture dlexportation pone essentiellementsur un pro:iui.t, le cacao. Or il s'agit d'une production pour laquellele Congo n'est favorisé. ni SUT le plan des quantités produites. ni surcelui des çanditions· de production. et d'évacJation, par ra:ppJrt aJ.Dtautres pays producteurs (Cameroun, CCte d'Ivoire, Etc).En outre, bien que la priori'té soit acccrdëe au cœeerceextérieur, l'approvisionnement vivrier des villes qui lui aussi sertavant tout. des intédts capitalis'tes, CCJI1S'titue nélU1lŒlins l'uniqueS(X.I!'CO de 'revenu peur la plus grande partie des nJ1"8UX et des petitscCIIIœT'l;8nts. à tel point que certains aut.eurs CCIIIDe P.P. Rey ont vudans cet'te acdvitl! l'avenir de l'agrtOJlture congolaise. La. créationde l'Office des cutecres vivrières, dans·.la mesure où celui-ci secharge de la CCAIIDI!TCialisation des produits aura pour conséquence depriver une partie au mins des gens qui se consacraient .l cet'teactivité de leur unique source de n:vemJ.Enfin. le fait prédanioant au niveau de la CClllllerci.alisationdes produits agricoles est l'extz&me faiblesse, dfj! soulignfe àpropos des firtœ5 concessionnaires et des c::oumerçants-transporteurs,des prix payés aux paysans. Les organismes éta'ti.ques ne contTibuentpas Imins .! dép:luiller les paysans du fruit de leur tnvail. A tiered'e:œople, en 1976 l'ON:PA achetait le cafE aux paysans .! 60 F le kge't le revendait 1300 F, le kg de cacao ftait ache'té 120 F et revendu1200 F. le kg de paddy achet! 58 F aux paysans et Tevendu 140 F auxconsœma'teurs urbains (1). Il eee clair qu'une telle exploi'ta'tion dutravail paysan. loin de penœnre le dev'eloppemen't de l'agriOJltu:re-le surplus extorttU' étant, soit exportE, soi't affecté .i Ltenrretdende la bourgeoisie bureaucratique- accélère au corrtradre sa régressionet le saus-dêveloppement des pt"Oduc.'teurs directs.(1) - Nouvelle Politique Agricole; op. cit., page 1.


- 299 -2 ..2 .. L' articulation de l'agriculturc .!I l'industrieLa relation de l'agriculturc .!Il'industrie se caractërdsedans les écOnaa.ies c.apitalistes dëvercppëes par une dœination de laseconde sur la p.remière, dcmination, reposant sur l' intEgration del'agriculture l l'industrie (fourniture de machines. outillage,pestIctdes, insectic.ides, engrais et transfoTmation. des produitsagricoles par l'iDWstTie). Les 6concmies sous-développées connaissentelles liUSsi une dcmination. de leur a.griculture par l'industrie missous des fomes différentes. Il çonvient donc de prëcâser la formepartio.ùiêTe rev@tue par cette danination sur rorre champ d'ê'tUd.e,mais un recenseDl!nt pTEalable des diverses iIKlustries agro-alimentairesqui y ont été implant6es s' impose.2.2.1. Les industries agricoles et alimentaires2 ..2.1.1 .. Le Vide sumentL' êconaDie çongolaise se caractêrdse par la quasi-ineXistenced'industries travaillant en eecne de l'agriculture. En effet, il n'ya produr:::tion. ni d'outillage léger, ni de matériel lourd, tracteurs.cbarrœs , lIIJYeJ1S de transport. Seules fonctionnent quelques unités deproduction. d'aliments de bétail, mais les produits sont destinésprioritairement il l'exportation, malgré l'existence d 'tale fortedl!mEDie paysamle. cœee le laisse apparattre le tableau suivant,concernant les produ:t1ons et les ventes rêa.lisêes pendant la période1972-1975 par l'unité intégT& a la SlACONQ) et située pourtant dansla région ail se pratique la plus grande partie de l'êlevage congolais


- :lOO -Productian et vente d'aliments de bétail il la SIAOJNro(Unité : torme)ANNEE 1972 1973 1974 1975Production 3340 3284 2'64 3945Ventes auCongo 185, , 190,37 894.7S 415,9251Exportation1 94,46 94 .21 58,66 89.46Source : SIAmt«DSignalons êgalement l'installation près de Madingou d'uneusine de ca1


~---- ---~-------- 301 -rémunérateur (prix environ trois fois lIlDins élevés en 1972). Le marchéde l'O.C.A.M. est allé en se rëtrrëci.ssarrt 1 ccnsëccence logique del'implantation d' industTies sccrdêres COIlCUJ'Tentes par le groupedes Grands HJulins de Paris dans de naabreux pays (Camero1.Dl t.Haute-Volta, &!nfga1, Cête d'Ivoire, e'tC..), ces implantationsayant été fina:ncêes par les profits réaluê3 par l'ex-SIAN. LaTchad,production. en progression cceseeme depuis la création de l'entreprisea atteint son maxjna. en 1967 avec 96 000 termes de sucre brut ; elleenregistTe cependant une baisse depuis 1970 : elle n'a été que de28 600 tonnes en 1974 et de 31 SOO tonnes en 1915, cette baisseétant due aux difficultés 6voqu&s plus haut.Les açtivith de la SIACCNro ne se limitent pas â laproduction de sucre. L'entreprise cœporte égalment une huileriepouvant tniter 6000 tonnes d'anch.ides décortiqu.6es par an, lamatière preatëre étant achetêe aux. paysans (1). La SIAOJNro cœprendencore une importante minoterie transfOl"lllUlt en farine du blé i.mp;>rtêde France et prolongh d'une boulangerie industrielle ainsi que del'unité de production d'al.iments de b~tailAprès l'industrie du sucre t!voquêe plus haut.vient le textile avec lecœplexe de la Sotexc:o (SocHitê des textiles du Congo) utilisantle coton produit par la scctëeë Cotonnière Congolaise. mais sur-toutcelui importê du Tchad. Cette entreprtse éprouve des difficult~sénonœs : en 1970, son d6ficit se -mntait dêjl 1 240 millions defrancs alors qu'elle n'avait d.éDIlrn1 qu'en 1969. L'industrie textileest êgalement représentée par l'usine dl im:pressian des tissus, tmpreco,qui est une entreprise privée.--------------------------------(1) - Cette unité de production fonctionnait au tiers de sa capecaeëlorsque nous L'evons visitée en septembre 1976, à cause d'un relâchementdes paysans dans la fourniture des aT8Chi.des.


- ---- - -------- ------_..-- 30Z •La R.~.P.C.(Régie Nationale des Palmeraies du Congo).entreprise d'Etat dode de cinq lUlitês de production d'huile de palmeliées 1. ~es propres plantations (Kunda. r-tlkékc, Lébar:go) ou auxpa.lmenies naturelles (Sibiti, Kammo), a des difficultés permanentesd'approvisionnesœnt en fruits.; les cinq unités de productionfonctionnent au-dessous de leurs capacitfs et l'entreprisebat de l'aile depuis sa créatdon, La prcœcctcn d'huile de palmeest principaleœnt vendue 11.D1e entreprise classfe genfnlementpanri les industries chimiques. la 5avcongo qui est une sociétéprivée .l participation de l'Etat congolais et qui fabrique dessavons.La SIAT (scctëtë Indunrielle et Agric:ole des Tabacs)fabrique tabac. cigares et cigarettes, l partir de m61anges detabacs imp:Irtés et locaux . Vieille industtie prdvée (groupe Job­Bastos) établie l Brazzaville depuis 1948, elle a jusqu'en 1910approvisionné en cigarettes l'Afrique cenrrate, 00. se fait sentirdésarmais la concurrence, des WiineS installfes depuis cette dateau Gabon, en R.C.A.- et au Tchad. 5œ1 chiffre d'affaires était en1910 de 1600 millions CFA (dont la moitié l l'exportation), avecun résultat bt"Ut d'exploiution de 630 millions CFA (1). Bienqu 1elle n'ait aucune difficulté panic:ulière depuis sa création. laSIAT n'a jusqu'à présent rien investi dans l'inàustrie locale.L'inàustrie des boissons camprend deux grosses brasseries1. Pointe-Noire (Kronenbau:rg) et Brauaville (PriDus, en fait Heineken),produisant de la btëre 1. partir d'éléments importés (sauf l'eauet une partie de la production de riz de J. Merle des Isles utiliséepour l'amidon). Elle CanplCial W5si des fabriques de sodas et de siropsainsi que des unités de lUise en bouteille de vânsen général, d'Espagne ou d'Italie.(l) - H. BEImWID, op. dt., page ZZOimportés du Portugal


- 303 -Enfin, derrdêre entreprise situêe en principe en aval del'lgric:ulture. une fabrique de c:haussures installEe 3 Pointe-Noire(groupe Bata) produisant a.rmuelleœnt 1.000.000 de paires de:chaussures. dOnt 75 , en a1i.r (importation). le reste ttantpartagé ent~caou~d1ouc et plastique (import.a.tion aussi).2.2.2. Le JŒXie spécifique de d.am:i.nation de l'agriculturepar 1 t industrie.Le recen.sement qui vient d' AtTe effectue soulêve lm cet-tainnombre de questions. En particulier 1;1 quoi tient la quasiinexistence d'industries d'azoont ? Les industries d'aval s'lIrtiaùentellesà l'agriaù.ture et a::IIIIJI:t se prësente ceere artiaùation tDans quelle mesure et dans quel sens crtenee-e-en.e l'évolu'tion del'19ricu1ture ?La meilleure façon de rfpoDd.re }; toutes ces questionsc'est de c:erner la véritable nature et la raison d'être des industriesconc:ent.fes. Notons d'abord que toutes les industries recenséesen aval de l'agriculture produisent des biens industriels ayantfait l'objet d'tmportation auparavant. Il s'agit donc d'industriesd'import-substitution au sens oü nous avons d'fini. ce demder concepten introduisant cette recherche (1). Or, la cause profonde de leuriJIIplantation tient am:: limites rencontrées par les êc.onami.escapitalistes dêvelappées dans l'acCl.lllJ1ation du çapital. il lasupfriorité des opportunités de gains offertes par ceeee implantationdans les ëccœeres sous-dêvelopp6es et aux dEbouctJês que repr-esententces denuêres pour les pT'Oduits IIIII!ttopolitains. En installant ce typed'industries. les capitalistes visent donc le recul des limites al'acoml1]ation du capital. en venant utiliser une main d'oeuvrebon maI"Ché et en s'assurant des d4b0uchés pour leurs propres produits.qu'il s'agisse de produits intermédiaires ou de produits finis.---------------------------------(1) - Les huileries de la R.N.P.C. se rangent également dans cettecatêgprie d'industries, bten que l'huile de palme ait êté l'unedes pTDductions dlJ syst!llle agricole lignager avant la pénétrationcapitaliste. Les quantités produites par ces huileries ne sont pasdestinées directŒent à la COl\5ClllllB.tion lDBi.s a la fabriOltiande savons par la S&vcongo.


- 304 -La concrêtisatian de cette politique sur notre champd' étude repose sur une imbrication 'rrês étroite entre capitalccamercial et capd tal, industriel. Les trois entreprises ct:llliieTCialescftées plus haut (S.C.l.N., C.C.S.O.• C.F.A.O.). filiales de groupescapitalistes très importants, .detie:nnent elles-mêmes de nanbreusesparticipations dans les activids i.ndustrielles locales (notaumentdans Impreo:o et dans l'indu5ttie des boissons). 5i bien que lesindustties locales sont en m6œ temps. et parfois mime principalement.des succursales cOIIIIlef'Ciales stables. garantissant l'ëeeneeeee desproduits import6s et permettant d'observer, de cccvr-tr, de créerde nouveaux marchés (1).Cependant. ce schéma J valable pour les entreprises privées.ne s'applique pas aux entreprises d'Etat, bien qu'elle;s soientégalement des industries d'import-substitutian. En. effet. lesentreprises d'Etat ne sont les filiales d'aucun groupe capitalisteet ne ccmnercialisent que leurs propres prod:uçtians. Il faut donc tenircaapte de cette différenc$ essentielle pour apprfcier l'impact desdivers types d' i.rJdustrie S1.a'l'agriculture.L' implanution des industries agro-alimentaires, en tantqu'industries d' import-substitution. caDpOrte deux sortes deconséquences : d'une part. les eo:treprises travaillant l partirde produits importfs n'offrent pas de dQlouchés I101lVe8UX ll'agriculture mais, au ccceratre, suppriment les anciens en toodifiantles ecees de consoamation l leur avantage (btëre et vin supplantantle vin de palme. farine et pain supplantant le lIIlUÛOC); d'autrepart, les industries utilisant des eatdêres preenëres locales,lorsqu'elles ne les produisent pas elles-memes (cas de la productionsccetëre) , drsposeat généralement d'un roonopole d'achat et pêsenttant sur les prix que les fournisseurs sont tres vite découragés (2).(1 )(2)- Cas des B.A.B. (Boissons africaines de Brazzaville) fabri~nt desboissons gazeuses et écoulant les produits de Canada Dry. Casêgalegent de Sovinco qui, tout en effectuant la mise en bouteilledes vins européens, assure la vente de ceux d.1jl mis en bouteilleen Europe.- Note 2 page suivante...


- - ----_..". ------ >05 -repcseradtAinsi. la danination de l'industrie sur l'agriculturedans le cas qui. nous occupe, non pas sur la fournituredes moyens de produc.tion et la transformation des produits agrfcol.es ,mais- plut8t Sur une strategie visant .t Oter l- l'agriculture laplupart de ses d.Ebouc:hés. ~1ais. autant cette assertion est vrai.e pourl'agriculture ccnsddërëe globalement, autant elle doit être ruencéeen ce qui concerne les entreprises agricoles capitalistes : on a vuen effet que l'implantation des fenDeS d 1Etat Slipprimait des d.ébouc.hesà la petite production marchande agricole ; de ce JXIint de vue,les entreprises agricoles d'Etat appliquent la même politique que lesindu5tries agre-alimentaires, plutat qu'elles ne la subissent. Ona vu également que les exploitations privées importaient leurslOO)"mSde production. taut cœme les fenoes d'Etat d'ailleurs;dans ces conditions. la domination subie par les eatreprtses agricolesçapitalistes est le fait des industries du cenere qui leur fournissentles lOO)"mS de production et, paur les exploitations prdvëes , achètent ettransfoImBnt leurs produits, et non pas le fait des industries'agro-alimentaires locales..(2) - Note 2 de la page précédente•..On ~laitdéjà, deux ans seulement aprês sa création, d'unprogI


- 306 -Le travail effectué jusqu'ici visait essentiellement lasaisie des causes et des mécanismes de déstabilisation du système agricolelignager ainsi que la mise en évidence du _-rôle joué par les systèrœsagricoles mis en oeuvre avec l' implan'tation et le dêveloppementdu mcxie de produ:.tion capitaliste dans le développenent de la criseaffectant l'ensenble de la formation sociale congolaise.S' il est difficile, du fait de l'ouverture caractérisantle tMme abordé, d'apprécier correctement la distance séparant le stadeatteint par cette recherche de l'objectif qu'elle s'est assignée au départ," savoir le choix des critères et la définition des concepts permettantde penser le développement, un certain nanbre d'outils théoriquessusceptibles de canposer l'appareil conceptue1 recherché ont néaI1lllOinsété dégagés, même si ces outils n'ont pas été systénatiqlB1ent recensés,ni leurs relations soumises " une étude approfondie. On va tenter dansle présent chapitre de franchir un pas de plus dans la réalisation decet objectif en essayant d'une part de redéfinir et de res'tructurer leconcept de développement et, d'autre part de préciser les critères etCertaines des conditions du processus que ce concept désigne.Cependant, la poursuite de cet objectif ayant été considéréedès le départ carme une négation du paradigme productiviste de lalibération autanatique par le progrès technologique sur lequel se fondentles théories et stratégies dominantes du développenent, il semblenécessaire de préciser auparavant la nature et les implications théoriqueset idéologiques de ce paradigme.


- 307 -_L,'id& cen:tralo.du paradigme productiviste, cœme an l'adljà souligné. est que la croissance êconanique, permise surtoot parl'industrialisation et entretenue par le progrès technologique. est lemoteur du développement scctc-ëccnœncœ qui assure C-panouissement etprogrès des virtualités. dos libert's et des pcuvoirs de daninatian. del'h(Jlllle sur la nature et êventuellement sur la société. Cette idée mani~feste une telle force de prégnance qu 1il est nécessaire d'en rechercherles fondements. A quelles croyances. à quelles "significations imaginairessociales" (1) se rattachent la genèse et la perpétuation d'une t.elleconception lïnl!iaire du dtveloppement ? ~s aussi, quelles forces sodalesen sont les promotrices et le5 porteuses ? Tenter de répendre à toutesces questions revient à faire en quelque sorte la généalogie du dëve loppement.L'hùtoire du concept de développement révèle cependant desincertio.nes concernant la linéarit' et le mkanicisme contenus dans lepandipe productivist.e, ce dernier subissant de plus en plus de secouasesà la mesure de sa ferce de pregnance. On peut par conséquent se demanders'il y a r6ellement remise en cause du paradigne et à quels niveauxde la réalité sociale a lieu cette remise en question.1.1. Mythologie productiviste et g!néalogie du développementLe premier él!ment constitutif de ce qu'on pc1Jrrait appelerla''myt.hologie produ:tiviste" est incontestablement l'idée de progrès assimiléeà la croissance illimitée de la produ:tion et des forces produ:­tives considérée c.cnme le but central de la vie humaine. L'émergence decette idée co1ru:ide et converge avec la montée du raticna.lisme occidental(1) Cf. Cornelius =R!AD!S. L' insti::ution ima~re de la société,Le Sëûil. Pans, 1


- JOB -posant que l'usage propre de la Raison est la condition nécessaireet suffisante pour que les hœmes deviennent ''mattres et possesseursde la Na'tUI'e" (Desc:a.rtcs). En outre ces "signifiçations imaginairesscctaies" sont les ccmposantes de la philosophie des LlDIlières et lesproduits d'une époque historique 00. 1 'Qc:cident se met au centre dumnde, à la fois dans s~maniêre de penser, de vouloir, et dans sonesprit de conquêtes. C'est ainsi ~ l'''id601ogie du progrès " s'érigera.en "idéOlogie du développement" avec le dêveloppement du svseèœcapieatrsee.1.1.1. Le rationalisme réducteur1.1.1.1. L' "illusion asymptotique" et le fantasme du contrOletotal par la technologieL'idêologie du progrès postule qu'il n'y a pas de limitesaux pouvoirs et aux possibilités de la RaiSŒ1. ce qui. implique deuxchcses , D'abord la perspective, née de la ncuvelle représentation durm::mde ceraceërtsëe par le passage du mnde clos A l'Univers infini,d'une progression indifinie de la connaissance. Ce qui. est infini étantinépuisable. il n'est pas possible d'atteindre la connaissance absolue.mais on doit polNCir s'en approcher sans cesse. De 13 la curieuse ddëe,aujourd'hui encore pa.rug6e par la plLqBrt des scientifiques, d'une''progressian ~.,t.iqu•• (1) de la cormaissance vers la vérité absolue.D'autre part, derrière cette illusion de la progression.~de la connaissance gît le fan't.a5lœ du contrOle total, de lavolonté ou du désir maltT'isaIlt tout objet et toute circonstance. L'idéede ccnrrere total ou lIli!!me, de maîtrise totale constitue le moteur cachédu d!veloppement technologique moderne et diss:iJrule l'idée non discut.éede puissance sur laquelle s'appuie ce développement. Mais, qu'est-ce quela PJissance ? Puissance pour quoi faire ? Puissance pour qui. ?(1) Cf. Cornelius OSI'ORIADIS, RéflexiOll5 sur le "dëvekoppeaent" et la"rationalité", in.~ du développement,OUYTage collectif pub l sous la directlonde Candido ~ES, seuil, Paris, 1977


- 309 -L'humanité occidentale a vécu perk:W1t des siècles surle postulat implicite qu'il est toujwrs possible et réalisable d' atteindreplus de puissance. Le fait que. dans tel dana.ine partiCUlieret dans tel but,partiOJ.1ier, on p:JUVai.t faire "plus," a ét6 vëcu cœmesigni.fiant que, dans tous les daDaines pris ensemble et pour tOUS lesbuts illBginables, la "puissance" p:nIVait être agrandie sans limites.La condi.tian opérante dans ce fantaszœ est llidée de séparabilité. Eneffet "CentrOler" ou ''Mattriser'' les choses consiste, dans la penséeoccidentale (1), 1 isoler les facteurs séparés et circonscrire avecprécision les "effets" de leur action. Cela marche jusqu'1 un certainpoint, mais au-delil de certaines limites, on s'aperçoit que la sépara...bilit6 n'est qu'une ''hypothêse de travail" il validitê Locale et limitée.L'expérience a ecnerë, notaJlJIlent lpartir de la crise ëcclogique,que les fragœntJ de ''puissance'' su:cessiveœnt conquis restenttoujCll.Jn locaux, limit6s. insuffisants et, très probablement. intrins6queœntinc:onsis'tantJ sinon c.arTémlmt inc:aupatibles entre eux.AucLme "conquête" technique œjeure n'êchappe il la possibilité d'êtreutilis& autrement qu'il n'était visé l l'origine, éUJCUI'JS n'est dépourvued'effets laûraux. "tndësrrabtes", aucune n'évite d'interférer avecle reste -eœœe, en tout OlS. pa.m,i celles que produit le type detechnologie développée en Qc:çident et qualifiée de aeme. A cet égard.an peut con.c:lure avec Cornelius Castoriadis que "la pJissance accrueest aussi. ipso facto. imp.ri.5sance accrue. ou mSme "lnti-puissance",puissance de faire surgir le cœrrradre de ce que l'CIl visait" (2).-------------------------(1) L'utilisation d'expressions conme ''huDsnité occidental.", ''pensêeoccidentale" ne doit pas dissimuler le fait que l'idéologie en causeici est un courant de pensée prljpagé aux XIVe sièçle par les philosopheset les sc:ientifiques et porté par la bwrgeoisie dont l'émergenceet l'expansion se r@alisent il cette époque.(2) C. CASTORIADI5, R!flexions sur le "développement" et la "rationalité"op.cit., page ZZ3


-- -~- - ------------- ----~._-- 310 -1.1.1.2. La réduction matilématiglle de la réalité et leJ!!Ytile euphorique de la croissanceLr idéologie du prorris pose la Raison carme. sœverainealors que cette demdêre n rest qu'un me:ment Œ.I une dimension de lapensée. De plus. elle entend par Raison la rationalisation et, laRaison par excellence étant la mathématique, la rationalisation devientsynonyme de quantification. Le ratiClUllisœ occidental sur lequelrepose l'idéologie du progrès est donc dooblement réducteur. Luicorrespondent des a.ttitu:les. valeurs et; ncnœs, une définition socialede la réalité et de l'être. de ce qui cl:q)te et de ce qui ne cCIlIpte pas.Bri~vement parlant, ce qui compte dans cette conception, est ce quipeut être compté, quantifié, lœsurf.En effet, l'apprfciation du progrès se fait sONent âl'aide d'indices de croissance et dt indâcateurs de niveau de vie• Deuxtypes d' in.stnmmts servent généralement :2 œsurer le progrès skes indicessynthétiques et les indicateurs significatifs. En ce qui concerneles premiers, il s'agit d'apprécier le niveau de vie 1 travers un seulindicateur, exprimé dans \.me unité monétaire haoogêne et ramené ~ lamoyenne individuelle. Ils c~-renne:ot notmllnent le pT'OdW.t national brut(P.N.B.) par tête, le reverw par tête, global cu par catégories socdcprofessimmelles,cu par rfgians. avant ou après transferts et i..JrIpatsdirects, la ctnsarlllELtion par tête (d'acier, d'ëtecœtcteë, d'autanobiles;de rffrigérateun, etc ,} Les seconds sont des indicateurs diversifiésexprimés en terses physiques dont le principe de la eesure rfsulte dela constatation de l'existence de corrélatioos significatives entre leniveau de croissance et certaines consCllllllltiCl'lS ou cenains ccmporterrents.Sur ces bases, on apprécie le niveau de vie :1travers un ''panier d'indicateurs"penœtuntd'apponer une apprfciatiœ fondêe sur quelques élêmentsquantitatifs (par ~le le naubre de ltIII!decins, de lits ou derécepteurs t!lêphoniques par cent cu mille habitants, le taux d'analphabétisme,le taux de dêlinquance urbaine, le niveau de pollution industrielle,etc.) .


----------------------_.--------- - ----- -- --- 311 -•Ce n'est pas le lieu ici de rappeler la foule de critiquesqu'appellent de tels concepts à la fois socialement \'ides de sens etdangereux (1). Il est cependant utile de souligner l'ambiguid de cettea:pproche tenant à ce qu'elle cache sous une apparente précision mathé­_tique. de nœbreuses incertitudes Quantit:atives mais surtOUt conceptuelles.Ainsi, certaines distorsions tiennent. par exemple, â l'illusion dela ooyenne : un indice JDDyen peut cacher de profœdes disparités sectorielles.t'égiœales ou sociales ; d'autres tiennent à l' ÎD\'lossibilité de distingUerla part du Produi't ou du Revenu qui est. réellement consacrée à_UareT le niveau de vie, donc. de l'approcher dans sa réalité quotidienne,ce qui a comw.t â qualifier "d'indices 6cTans t1 les Indfcatecrs synthétiquescités ci-dessus : en effet. ces iftCÜ.cataa&s qui cachent des situaticnsextT@sœment diverses sous un indice monolithique font plus souventécran qu'ils ne tI'3dui5ent la réalité sccto-ëccnœaqœ,un autre point important doit être souligné: le glissementfréqueoment opërë par tous les utilisateurs des indices (tnëcrtcteos ,planificateurs et surtout pouvoirs politiques) de la mesure il la nonne.L'indice ou l'indicateur qui ne constitue au surplus qu'un outil staers­'tique en SC1JVeIlt transfomê en objectif éconanique ou même en finalitépolitique. Dès tees, le progrès ne Se définit pas par rapport à un étatdé:fini 8't d'fini'ti:f 4 at.teindre œi.s plut6t par la croissance des quantités.Le progrès assimilé à la croissance quantitative devient un DnlvemCln:tavec une direc'tion fixe, une ccurse sans fin. et. bien entendu.ce JrDlNeIlIImt lui1ême peut êrre mesuré sur un axe oQ. les lleIbres ducorps social occuperatent à tout wtant, une abscisse l valeur croissante.(1) Pour plus de prêc:ision sur ce POint. se référer aux é'tUdes suivantesPâerre VERGESPierre VERGESAlain BIR<strong>DU</strong>''Une interprétation stI'\JCtUrale des cœeosantes duniveau de vie". Développemsnt et Civilisatic.ns n" 36.Dêceabre 1968.; "Indicateurs socdaua et mode de vie".ReCherche sociale n" ~Z. Juillet~~t '972.: ''BesOUlS. iridicateurs de niveau de vie et développement".I::ével~ et Civilisations n" 36, Déc.re 1968.B. :-wmJRY et :-1. PELE::Sure dû mveau dë vie et de développemsn't".Econanie et Humanisme n" 242. Juillet-Août1978.


~--- -_.__ ._ .._----31 Z -1. l . Z. De l'idéologie du progrès .1 celle du développemen't1. 1. Z. 1. Cenrparatisme et définition du rood.êle de refErenceLa "mythologie pt'Oductiviste" et l'idéologie du progrèssene nées, cœee déj! indiqué , avec l'Emergence de l'occldenulocentrismeet de l'esprit de corqoêces qui l'a accaopagné. Or, la dêcccvertedes autres pantes du monde a été égalesœnt, pour l'OCcident, cellede cultures et dDnc de visims du u:mde différentes de la sienne. EnpartiCJlier. il a réalisé que le "progrès", l "'expansion". la "croissance"n'éuien.t pas des virtualités inttins!ques. inhérentes à toutesociété tu.maine. dent on aurait p.1 ccnsidêrer la réalisation (ac:'C.W.isation)CCIIIDeinévitable, ms des propriétés spécifiques -et possédantune "valeur positive rl - des sociétés occidentales. Aussi, l'OCcidents'est-il défini et proposé comme modêle pour l'ensemble du monde. Ildevait affirmer qu ril a.vai t dêccuve'rt le rœde de vie approprié pourtoute société huas.ine.Ainsi, posait-on que les sociétés lXCidentales étaientdes sociétés "développées', entendant par là qu'elles étaient capablesde produire une "croissance euto-errtreteeœ", L'état ncl'UlSl d'une société,ce que l'an cansidéTait cœme l'état de ''maturitl'' et que l'ondésignait par ce terme a.pparemmen~ a11an~ de soi • était la capaci~éde croître indéfinimen~. Les aunes pays ee secdêtés ëeatere na'tUre1­le!œnt considérés ccmme "arrfërës", mÏJ\S lIIÛrS ou mins développés,leur siD.la..tion canpe.rah1e à celle des pays développes à l'aube de leurdéveloppement (Rostow)et leur problème principal défini ccmme l'exfsten:.ed'obstacles au développement.o'oü la diffusion à partir des années 50, d'une nouvelleidéologie, celle du déve1"ppemeitt mettant en avant la nécessité d'amenerces pays à la fameuse "'étape du dëcorraçe".


- 3131.1.2. Z. Transmission de la. croissance. dualisme et développementiIlduitLa nouvelle idéologie se présente sous la. forme d'unethéorie de la "tœdemtsatdcn" concrê'tâsëe par 1.D'1e stratégie de nans­Illissian de la croissance des pays dëvetcppës aux: pays sccs-dëvetcppës,des impulsions internes relaymt et amplifiant ces impulsiŒlS externes.Cette stratégie repose sur le transfert de capitaux et de teclmologiesdevant pe:.ttre la crëat.tcn des conditian3 du "c1êcollage", la constitutiond'un secteur moderne et la transfonnation des sociétés préexistantes.Consida!!!ra:nt que l'absence de croissance dans ces pays étaitdue à l'abs~e de croissance -ce qui n'est ~re une taUtologie. puisquela croissance est perçue coume un processus autceatalytique, en cesens qu'il suffit qu'Lm pays entre dans la croissance pour qu'il continuede ~ttre de plus en plus rapidement-, on a posé que des tnjecctcns decapitaux étrangers destinés ~financer 1 finfrastructure lourde (ports,chsmin de fer par aemple) et la création de "pôles de dëveioppesent''étaient les conditions nécessaires et suffisantes pour les wmener ~ l'étapedu "ëëccrtege". En réalité. ces conditions ne se limitent pas Ucar il ne faut pas perdre de vue que la stratégie de la ''modernisation''.CCllJlllel'idéologie du prcgrês sont ccnsubstancielles d'un système socdoéconomiqueparticulier. le système capitaliste en l'occurence. Les conditionsdu "~ollage" sont aussi celles de l'~lantation capitalisteet, en fmt partie non seulelll8nt les investissements relatifs à la miseen place de l' infTa:5tructummais aussi et surtout la transfonuation dela force de travail et des produits en marchandises. Les divers systèmescoloniaux: mis en place en Afrique. en Amérique Latine et en Asie visaientla réalisation de ces conditions.La. constitu'tion du secteur moderne concerne en premier lieul'industrialisation. Cela tient d'une part au fait que la crcissaœe réaliséepar l'Decident est avant tout une croissance industrielle et d'autrepart au llI)'the de la société industrielle selon lequel les sociétés


--- ------- --- ----• 314 -qui ont atteint le stade industriel vont dès lors réduire leurs antagonismes,leurs confli~ et ieurs inégalids extrêmes, assurer aux: individusle maxinIJm de bonheur que puisse apponer une scctëcë, en brefrësœdre progressivement les problèmes sociaux et lilmIalns fondamentauxqui ont pu se poser au cours de Fhi.noire. Quant à la stratégie d'industria.lisatialette-eëœ, elle a consisté en une politique d' i.JDpoTtsubstitutionqui peut se définir cœee "la subs'titution d'une produc.tionnationale à l' importaticn de biens industTiels destinl!!s à sa'tisfaire desdemandes intérieures existantes et suffisamœnt amples déjl pour justifierla ren'tabilité des investissements, ce qui signifie la productionde biens de censamoation manu.:fac'tU1"ds" (1). La we en oeuvre de cett.epolitique s'insère dans le processus de nêgaticn externe des contradictionsdu DDde de production capitaÙste. Ce sont en effet les lilnitesrencontrées par les êconcmies capitalistes développées dans Ir ac.c:umulatiandu capital et la .sup4riotid des opportunités de gains offertesdans les ëcœœies sous-d!veloppée.s et les dIboI..chês que reprësencertces demfêres pour les pt'Oduits lII!uopolitains qui ont call1llmdé l'împ1a.lltationde ces industries. L'installation de ce t=ype d'industriespenœt aux capitalistes de reculer les limites â l'ac.Cl.EIJ1ation du capital.m utilisant une main-d'oeuvre bon lIIoU'Chf et en s'assurant desdébouchés pour leurs produits, qu'il s'agisse de produiu intermédiairesou de produits finis.La. transfo~tiondes sociétés prëexrstanœs repose essentiellementsur la IOOdBmisation de l'agricultun qui se fait soit eninstaurant de nouveaux systèDes agricoles, soit en DJJdifiant les syst.èDestraditionnels. La. fonDe daDinante de cette lIOiernisation est la révolutionverte : il s'agit d'un processus visant â généraliser l'usage dessemences améliorées par une sélection génétique des plantes en fonctionde leur aptitude à utiliser l'énergie solaire et à profiter des subsidesfournis par les combustibles, les hauts rendeœnts et la maturation----------------------------(1) C. PALLOIX, L'économie mcndiale ca italiste et les firmes multinatl.rot ans, 1;, CIne ... page .J


-_.._•..__. - ._.•...- J15 •précoce étant les caractéristiques essentielles des céréales obtenuespar ce processus. Cette modernisation vise principalement un double bat;d'W18 part répondre! la demande alimentaire engendrée par la prolétarisationliée! l'industrialisation et d'une manière générale au développementdes rapports de production capitalistes ; d' autre pan permet-crel'accroissement du surplus agricole devant être mobilisé et investidans l'industrie afin d.e favoriser la crcdssance auto-entretenue de l' ëccnaniesous-développée.Le passage de l'idéologie du progrès à celle du dëvelcppementne correspond donc: en rien à un changement de contenu : dans lesdeux cas, c'est la croissance qui est à la fois moteur et fin. Il traduitpar contre le règne d'un fonctionnalisme naH assimilant le développementà un. êlargissement "missionnaire" du prcgrês, l'extension! l'khelle planétairedtune vision du monde et d'une concepticm de la vie propres à uneculture (la culOJre occientale) et âpanio.ùières.une classe sociale (la bourgeoisie)i .z. Crise du développement et incertitude paradigmatiquelIn des faits _ja11's de l'histoire éccnanique contemporaineest que l'application de la stratégie de la modernisation n'a pas donnéle principal résultat qu'on en iWrait pu attendre. Plutelt qu'a un "dëvefcppeeent;i.ndui.t", c'est au "développement du sous-dévekcppeeent" qu'on aassiste dans les pays sous-développés. Ce ph!nanène dont. on a essayé, aucours de la première étape de cette recherche, de rendre cœpte dans lecas précis de l'agriculture congolaise ne se limite cependant. pas auxpays sous-développés. Conséquence de l'universalisation du modèle occidental,il affecte également l'Occident considéré comme dêvel.oppé.C'est donc le phënœêne global qui a reçu le nan de "crise du développement"qu'il faut considérer. On va 'tenter, dans les lignes qui suivent.de mont.rer d'une pan camœnt. toute explication de ce phénanêne qui ne seréfêre pas au paradigme sous-tendant l'idéologie et le mythe du développementaba.J.tit il la fo:rnRJl.ation dl alternatives qui ne s' ëcat-rerrt pas de


316 -la logique dont on voudrait se soustraire et d' autre part que la "crisedu développesœnt" est en œme temps celle du paradigme proc:iw:tiviste etque la solution de la crise réside avant tout dans la négation de ceparadigme.1.2.1. Carences explicatives et fausses altérités théoriques1.2.1.1. Le système explicatifIl n'est pas utile d' testseee sur les a.rgtJIœnu g&u!nlementmis en avant pw.r expliquer le non-developpeœnt des pays scœ-dëvejcppës ,arguments du genre "mentalités arriérées'. "résistance des structurestraditionnelles", "insuffisance des conditions du take-off". "conditionsécologiques défavorables", etc. De tels propos traduisent tout au plusla pr±mitivité de ceux qui les tiennent. Il est par contTe intéressantd'examiner les explications fournies par certains auteurs en réaction âl'idéologie daninante.On a vu que l' import-substitu'tion et la révolution vertesant les canposantes principales de la stratégie de la modernisation.A suivre des auteurs CCIDIle Samir Amin, Olristian Pa.lloix et autres adeptesde la thi§orie de la d6pendance, la. p:JUtique d'import-substitution reaconereraftlm blocage dO. a deux facteurs essentiels. D'une part, l'impossibilitéde reecnter le processus de p'l'tlduc:tion liée a l'ép.ri.sementrapide dans L'ëccnœnie sous-développée. de la capacité d'abscrptdon decapital et de secteurs de production dynamiques. c'est-a-dire ceux devantproduire les pièces détaehées importées ainsi que ceux pt'Oduisantles machines nécessaires II la fabrication de ces pièces. D'autre part,les bourgeoisies locales ne conscmnant qu'une part infime de la production,l'essor des industries d'import-substitution dépend essentiellementde la dema.nde intérieure des masses rurales et urbaines dont les revenussont tri!s bas. Aussi, le t.aUX d'expansion de ces industries, après ê;uisementde la demande préalable. est-il limité, puisqu'elles n'agissentpas sur les facteurs déteIJri,nant cette demande, notamment sur le niveaudu revenu agricole.


- 31iCe qui est en cause dans cette explication, ce n'est pasle principe JIê:ne qui ccmmande l'implantation de ce type d'industries.mais leur incapacité â assœœr la fonction que leur assigne ce principe.Plus pTêcisément#: le vica premier de la politique d'UDport-substitutionest de ne pas permettre aux pays qui l'adoptent d'entrer dans la phase decroissance auto-entretenue.Quant il la deuxièDe composante, la révolution verte, elleaurait échoué cu serait en train d'échouer il cause de la. faible capacitédes pap.ùations rurales il se procurer les moyens de produc.tion (engrais.pesticides, insecticides. pétrole. etc.) , de la dépendance due il l' importationde ces mayens et la polarisation sociale sur laquelle se fondecette révolution. Ici. ce sont les rapports sociaux de production (dépendancevis-il-vis de l'impérialisme. enstence d'une élite "prerméableau progrès" et constituée par les agriculteurs les plus riches. faiblessedes revenus paysans) qui sont mis en avant. On ne s'arrête pas un instantpeur se demander si l' êchec ne vient pas du conterai des tec.hniquesproposées (bien que plusieurs auteurs fassent allusion au ryùJnelent deleur diffusion 11 ail les rapports sociaux sont trenaïorsës , par exemple lorsquel'importation et la distribution des moyens de production se fait sousl'êgide de l'Etat) et du principe fondamental qui conmande la mise enoeuvre de cette révolution verte, et si technologie et rapports sociauxne constituent pas qu'une unité.On retrouve le même type d'explications dans les analysesconsacrées il la crise du dëveroppeœne en Occident, en particulier dansles critiques traditionnelles de la Gauche. On critique le système socialétabli et le développement l'éalisê jusqu'ici non pas paree qu'ils sefondent sur une croissance d'un type donné, avec W1 ccntemi spécifique,entraInant des conséquences hunaines et sociales déterminées (surtoutun sous-d!veloppement humain). mais parce qu'ils ne réalisent pas asse:de croissance pour subvenir aux besoins de tous les membres du corps socialcu parce qu'il s'agit d'un "développement pervers' cu "par inégalités",en ce sens qu'il distribue inéquitablanent les "froits de la croissance".Sur un autre plan, on se lamente sur les conditions de 'rravai.Iet leurs consêquences sur l'équilibre individuel et social sans s'interrogersur le contenu de ce rravaak , c'est-A-dire, une iois de plus, surle principe fondamental qui le définit. le détermine et le façonne.


---------------- 318 -En conclusion, ce système expliçatif. malgré l'&PPJrt importantqu'il représente pc1U" la déaysthification de l'idéologie dallinanteet pa.U" l'orientation de l'action. reste insuffisant parce qu'il ne vapas au fond des choses J ne soumet pas à la critique systéDatique le paradigmequi sous-tend l'idéologie et le .mythe dgnioants du dëvetoppeœne.l.Z.l.l. Approches alternatives du développement et per5i5~tance du paradigme pTCductivisteLes analyses q,Li viennent d'·~tre expœëes ont conduit diversauteurs à formuler des stratégies alternatives. Deux d'entre elles semblentavoir exercé et continUent d'exercer une rëene fascination dansles milieux tiers-mondistes sans paur autant. que leur adoption et leurapplication se soient génêralisfes.Il 5'agit dl abord de la stratégie des "i.ncUstries industrtalisantes"défînie par le prcresseur G. Destanne de Bernis (1). Le nne enerarnene,JlIOte\lT QJ passif jœë par certames industries dans quelquespays (France, Mexique, GJinée, CameraJJ'l) amène cet auteur à considérerque certaines industries " industrialiJent"alors que dl autres n' industrialisentpas. Ces industries indust'rialisantes sont définies CCDlDecelles"dont la fonction konœique fondamentale est d'entTa1Der dans leurenvironnement localisé et daté un noircuseaent systématique (JJ une 1IlOdifications-tructurelle de la matrice inter~i.ndUstrtelleet des transfomationsdes fonctiœs de production. grâce à la mise à la disposition.de l'entière kouanie d'enseoiùes nouveaux de machines qui accroissent laproductivité de l'un des facteurs ou de la produc'tivité globale et, entout cas, un accroiss58Ilt de la maitrise de l'haIme sur sa productionet son prodJ.it U(Z).(1) G. DESTANNE. DE BERNIS, "Industries indu.strialisantes et contenu d'unepolitique d' Intëgratdcn régionale'Economie Appliquée. Tame XIX, nO 3-4, 1966(Z) Op. cit., page 419


- 319 ~Ces indus'tries acraterrt 'trois caractërasctcues principales.D'une part, elles sont de grandes diJœnsions, ce qui excjut que, saufexceptton, elles ~issent être cons'trui.tes dans le cadre de pays isolésen d'autres tenues, une industrialisation rapide doit pour se réaliser.s'inscrire dans le cadre d'une politique d'intégration régionale. D'autrepart. ne peuvent figurer w rang des industries industrialisantes que cellesqui se situent dans le secteur des biens de productIon, Ces industriesrendraient plus indépendant le pays en voie d'industrialisation dans la.mesure oü il pounait choisir seul son rythme de fabrication dl capreaten termes réels et dens la toeSJre où la ma!trise des preedêres phases dlprocessus de production permettrait une utilisation plus rapide du progrës'technique et une adaptation plw rigoureuse aux constellations localesdes dcrmëes nawrelles. Enfin. toutes ces industries sont hautementou très hautsent capitalistiques Cl).La. stratégie des industries industrialisantes se veut unerêponse aux dilE!JlDes souvent rot'Illllés à prcpcs des pays scas-dëvetoppës"dfvelappement par l'industrie OU dfveloppement par l'agrieulture" ;"création d'industries ou am/!liontion du niveau de vie de la population".Les industries industTialisantes moderniseraient l'agriOJlture en permettantdes "progrëa en outillage" (outillage agricole propreeerrt dit,· engrais,matières plastiques, ciment, etc.) , à condition qu'il y ait d'abordou siJll.ù;tansumt "progrès ou ora:anisation". c ' eat-ê-dfre "TemOdêlationdes sttuet:ures de production prêa1able à toute iDtroduction de techniquenaJvelle" (2) (scolarisation, alpha.betisation. amf1io1"ation du systèmede sand. transfonnation des st'ructures et des rapports sociaux prëexistants.etc.) . Ces mêmes "progrès en organisation"penœctraierrt déjâun accroissement de la productivité agricole et dOnc un accroissement dela production de biens de consommation d'origine agricole et une élévationdl niveau de vie.(1) Art. cit., page 42i(2) Art. cit.• page ~40


---- -----~-------------------- 320 -Ainsi, l'implantation d'industries industrialisantes dansles pays sous-développés permettrait 1 ces derniers de ''brOler un certain.naobre d'étapes" et dv'env'isager de t'attraper les pays dêvelo~s"(1). Remarquons d'abord que le fait que ces industries soient définiespar réfêrence au dêwlopp8Dent réalisé par l'():cident entraîne deuxsortes de consêquenc.es : d'une part l'adoption de cette stradgie êquivaudrait1 pousser plus loin l'universalisation du mdèlc occidental et,d'autre part, les pays développés étant mieux placés dans la conceptionet la mise en oeuvre des industries de pctnee (puisque c'est de celaqu'il s'agit), les pays scœ-dësetcppës se trouveraient engages dansla "course sans fin" et "l'illusion asymptotique" d.êjâ évoquées. le"rattrapage" ou "la rêdw:tion d'brts" (C. Palloix) apparaissant deplus en plus mythiques.En cutte, cette stratégie semble viser l'élêvation du niveaude vie. ce qui. cœpte-terw de ce qu' on a dit plus haut sur cedernier concept mêle son caractère quantitativiste et rêductiormiste.Or, ce qui apparaît dans sa fo:rmulation, c'est que l'élêvation du niveaude vie. trot çaame l'accroissement de la productivité, qu'ils résultentdes "progrès en orgwsation" ou directement de l'implantation de cesindustries, est recherch6e avant trot parce qu'elle permet une acoêlérationdu processus d'industrialisation devant engendrer 1 9OJ1 'tOUr"l'autonaDie" du pays et d'autres éléva.tions du niveau de vie et de laproductivité qui favoriseront de nœveau l'accélération du processusd'industrialisation et ainsi de suite.On le voit, il s'agit, en implantant les industries industrialisanteSde faire entrer le pays qui adopte cette stratégie dans laphase de croissance SlltD-entTetenue, c'est-à-dire illiJoitée. en estdore pas sorti de la mythologie productiviste dont se nourrit le paradigmedu même nan.(1) G. DESIANNE DE BERNIS, art. cit., page 42~


----------Jl1 -Une construction théorique analogue Se retrouve chez SamirPmin bien que les fondelœnts diffèrent quelque peu. Cet auteur part d' uneanalyse de la "nouvelle division internationale dlJ. uravaiI" (1) devantsuccêder 1 celle de la première phase du système impérialiste qui s'est"temdnée par la vtctofre, dans les pays sous-développés. du trWJUVe'IIIe'nt delibération nationale sous direction bourgeoise. Cet ordre économique international.nouveau résulterait d'une nw@ruÜ.cation de la bourgeoisie despays sous-développés qu'an peut" rfsuner de la. façon suivante: imposerun relèvement ,réel des prix des matières premières exportées par ces payspoJr disposer des IIDYeru5 supplémentaires penoettan't defou:mi.r par l' imparutiondes technologies svançëes, de financer une I1.OUV'elle étape de1 t industrialisation caractérisée par l'exportation massive ven les centresde produits lIl8nUfacturês par celles des périph.4!ries qui bénéficientdes ressources naturelles favorables et d'une main-d 1oeuvre abondante ilbon œat'ChE(d' cü la -revendication de l'accès aux lIIlLrchés des pays développéspoor ces produits industriels).La revendication en question, si elle aboutissait, ne consti'tueraiten rien, selon S• .Amin, une nouvelle étape le long d'une lignede développement conduisant progressivement à un êpanoui.ssement de formationscapitalistes achevëes, analogues â celles des centres développés.Cela tiendrait au fait que la nOI.Müle division du travail, se fondantsur l'expoT'tation par la périphérie de produits manufactur~s .l bon marcJ1.éperpr!tucn.it et aggraverait l'échange i...nêgal, "le développement du systèmemndial resterait donc fondamentalement inégal, la demande externe resteraitla force DDtrice iJIIpulsant ce type de développement tcujours dépendantet, dans ce cadre de la. dépendance rëacvëe, le retard de l'agriculturedevrait aussi se perpëcœr'' (2).(1) S. ;.MIN, "Dêveloppement autccenerë, autonOmie collecti~ et ordreéconanique international nouveau : quelques réflexions".in L'Occident en désarroi ~tu:res d'un orystème ëccnc­~. Dôsner seue la ccc tuen dé XâVler GlŒFFE etJeiIi='"Loois REIFFERS. Bordas. Paris. 19i8.(Z) S. AMIN. op. cit., page lïl


-------~---- - -- ------ - ------- ------- -- -~ - - - --------- 322 -A cette perspeçtive offerte par la nouvelle division internationaleinégale du travail. â lêKl'Jelle on SOl.lllet les strat!gies int.ernesdes pays scus-dëvetoppëe , S. Amin oppose celle d'un développementnational, autocentTé et populaire reposant sur la dl!marche Inverse qui"consiste 1 définir d'abord les objectifs internes et l soumettre les relationsexternes aux exigences de ce développement, quitte .1 "distendre"considérablement les rapports avec le systi!me impérialiste lOOI\dial.La 5cratêgie correspondant li.cette nouvelle perspective,stratégie que l'auteur qualifie d"'authentique, l la fois d'indépendancenationale et de progrès social" repose MdemDent sur l'industrialisation.Les distorsions caractérisant les pKys sous-développés et la dépendancerenouvelée dans laquelle ils sont,enfe'l'mfs viendraient. selon lui. de ceque d'une part"! l'inverse des pays du centre où la !'évolution agricolea précédé la révolution industrielle. les pa)'! de la périphérie ont importéla seconde sans avoir amorcl! la première étape" et d' autre part; "l' industrialisationdu Tiers M:mde n'a pas ëeë envisagée pour servir au progrèsde l'agrtculture ; l'îndustTie y est parasitaire, au sens qu'ellenourrit son a.cCLIILÙ.ation en ponctiOl'lrWlt le monde rural sans contrepartiesoutenant le décollage de l'agri


------- - ------ 323 -On retrouve ici, comme dans la stratégie des industriesindlJstrialisantes, le mythe industriel caractéristique du pa1"aàigmeproductiviste. Le progrès de l'agTiculrure. l'élévation du niveau devie. l'àmiHioration du mrxle de "vie, bref le d6veloppment (même si onlaisse ce concept dans le flou) ni apparatt possible qu'avec l'industrialisation.L'agrio.ùrure industrielle semble êere considérée cami!! laseule fotme cl.'agrieulmre progressive, de 1IêDe que la société industriellesemble reprisenter l'unique cadre d'un genre de vie supérieur.deux straUgies 1Mais il Y a autre chose : la référence constante. dans lesau développement réalisé par l'OCcident, référence attestéepar l'utilisation fréquente de tenœs CCIIIDe "retard" et "rattrapage".On s'oppose à la strategie daDinante. non peur faire autrechose. mais peur faire ce que le $}'Stême capit.aJ.iste r6alise mal dansles pays qu'il daIrine. C'est ce que traduit l'epxl'ession "renverser lavapeur". On constate que le déwloppeml!J1t capitaliste s'effectue dansles pays sous-développés dans un sens inverse de celui dans lequel ils'est réalisé au "centre" (processus de "d&'eloppeœnt" entamé dans lespays sous-dêvel~s directement par la "l'évolution industrielle" importéeau lieu que ce soit par la ''rfvtllution agricole" cœme en c\:cident).La tendance étant l l'uniformisation, on propose tout simpleœnt d' inverserles données du problème et le processus lui-éle (c'est-à-dire dereprendre, en les Inveraant, les données déjl Inveraêes par la s'tratëgdei.mpérialiste. du dêvelClpJd1l!Jlt de l'Occident) ce qui rerient tout simplesœntà realiser le meièle occidental.De plus. bien que S~ Amin prëctse que l'industrie remodelée,au sens ail il l'entend. ne peut trccver ses modèles techacfogdques nidans le passé technologique. ni dans les technologies actuekles du centre(1). le "transfert de technologie" est rejeté ou rekeguë au secondplan par lui non pas d'abord à cause du contenu de ces technologies, maisparee que le problème à resOlJdre est l' Inverse de ce qu'il fut au centre .(1) Op. cit.• page 174


324 -~tansenfin que ces strategies ont beau être conçues envue de servir les intérêts des masses populaires coame le clament leursauteurs. ou raisonne dans cette conception non pas ;l part.ir des problèmesconcrets auurue1s ces masses se trouvent confrondes.... ni de leur visiondu ccnce, mais à partir de "secteurs" et "d'industries" ''modernes'',â partir de "s tructures ëconcedqœs".t .2.2. Les ~vianœsrévélatrices de tendaru::es1.2.2.1. Hypertrophie technique et at!Ofitie de la baseL·i.dAe sous-j acente dans les lignes qui précèdent esttout système explicatif qui se fonde sur l'analyse des macrostruetureset se limite à elle est forc;Ement tronqué et aboutit nécessairement âla formulation de fausses alternatives. Vouloir expliquer la crise dudéveloppeœnt en se tenant par exemple l 1'analyse du système .impl!rialisteou ;}quecelle des phénaDl!œs cœme l'ossification ou l'e:ncla.vementdu milieu rural, l'insuffisance ou le blocage de l'industrialisation,la dcmination de l'agrio.1lture par 1'indu5trie. ne peut amener qu'A despositions mécaniques du genre: "l'imptria1ÎS1111l!! fait dans les pays sousdéveloppésl'inverse de ce qui s'est passé en OCcident : donc. il fautInverser le processus pour remettre les choses .l l'endroit". Il faut .lnotre avis panir de la bue -base culturelle et base naturelle. êco­Iogdque--, saisir .l ce niveau les lIIiU1ifestations concrètes des phénanênesétudiés pour rEIIIm1ter ensuite la chaine des déterminations jusqu1aux paradigmessur lesquels se fondent les stTadaies aén!ratrices de ces phênœènes,Les manifestations les plus criantes de la crise du développementsont incontesublment les dâvers fléBl.J:[ souvent évoqués pourcaractërdser le sous-développezœnt : famine, analphabétisme, haute IOOrtalitéinfantile, grandes endéDies, faiblee productivite! de la terre etde l'homme qui la travaille, etc. Si on s'interroge sur l'origine et lescauses profondes de ces fléaux, on se rend vite cœpte qu'ils résultent


----- - --~---------------- 325 -------de la destruction par le systême capitaliste des éqUilibres antérieurset,de l'impossibilité, due A la domination ûnpérialiste, pour les populationsde surmonter ces fléaux. Cette ~55ibilité est liée, pour lagrande ma.sse des producteurs drreccs , à la dépossession croissante deleur autonanie, c'est-à-dire à la perte grandissante du pouvoir definalisation.du pouvoir décision et du pouvoir de centrale et à la polarisation.centralisation, concentration de ces pouvoirs entre les maiLsd'une élite. Un regard sur les pays dits développés révèle que les producteursdirects de ces pays sont eux-aussi victimes de cene dépossession,ce qui peut Sembler aller de soi, puisqu'ici et là-bas, c'est lesystème capitaliste qui œl1e le jeu. Mais si on se rappelle que dansle sys'tèDe agricole lignager qu'on a étudié, les producteurs directsdi.sposent d'une certaine marge d' autonanie bien qu 1ils soient sClUlJliseux aussi à une daDination et à une exploitation de la part d'une élitedirigeante constituée par les "aînés" et les chefs des lignages. on estamené à chercher plus loin la cause profonde de cette dëpcssessdcn et.par voie de consêquence, celle de la crise du développement.Or,l'étl.l:ie de l'altTiOJlcure capitaliste implantée au Congoa mis en évidence ce phénanêne de dépossession en le liant à l'appauvrissementet la mécalùsation du travail et de la vie résultant d'une partde la spécialisation fan.d6e sur le principe de la correspondance entrestructure et fonction et. d'aune pan de 1'unifotmisation des fOnDesd'organisation, de production, de ccœœeetdcn, de pensée, bref de 1'00­moa:énéîsation socio-o.llnIrelle et dvilisationnelle née de la réductionmatMmatique de la réalité, c'est-à-dire du rationalisme réducteur donton a VU qu'il constituait, avec les IDyt.hes du progrès et de la. croissance,le princ:ipal fondement du paradigme productdvts'ee, C'est doncavant tOUt à ce paradigme qu'il faut imputer la crise du développement.Cette dernière assertion peut se vérifier sur un autreplan. Une manifestation également importante de la crise du développementest constituée par les dégradations causées aux ëccwsrëees età la biosphère aussi bien dans les pays développés que dans les pays


~_.- - -----_.- 326 -sous-développés. L'analyse la plus courante rapporte ces dégradations4 la recherche par les capitalistes du profit maximum et IIUX besoinsd'accl.lllJlation du capital. La nécessité d'accroître sans cesse la productivitédu travail et du capital pousse les capitalistes 4 mettre enoeuvre des ncuvelIes technologies. L'application de ces technologies engendrecependant des effets ëëvaseeeeces impliquant des ceces que lescapitalistes ne peuvent pas prendre en cceaœ sous peine de voir leursprofits baisser. Raisonnement cohérent et juste mais insuffisant, puisqueles problèmes relatifs .1la dégradation des écosystèmes ccns'tatësdans les pays capitalistes sslent se poser de la IIÎ!llIe manière dans lespays où les rapports de production ont été transfotmés par la révolutionsocialiste. Le mérite revient lBarry Cœmoner (1) d'avoir mentr! quela critique de l'usage capitaliste de la science s'avère ~fisantepour rendre caopte des causes et des origines de l' échec de la technologiedans le daDaine écologique. Selon cet auteur J le fadscc écologiquede la technologie lII:ldeme est une conséquence de la nature fragmentairede ses bases sl:ientiiiques et de son i.ncapacité .1le systême sur lequel portent ses interventions.appréhender globalementLa prat.i.ql.» sdentifique daDinante repose en effet sur lanécessité de faire coincider la tIche partiOJlière qu'une technologiedoit accClDplir avec certains secteurs bien dflimités de la connaissancescientifique et technique. Cette nkessité est due au


- 327 -A la racine de la crise écologique on retrouve la fallacede la sl!parabilitE ëvcquëe plus haut. Encore une fois, c'est le rationalismereduç.teur et donc. le paradigme productiviste qui explique lacrise du développement.1.2.2.2. Pourrissement du paradigme et nécessité de lanEgationLa crise du développement 'revêt; Inccrrtestaakeaent; une dimensionphénc:ménale. l'atrophie de la base ~l'hypert:rophietechniquequi la caractérisent concernant directement l'existence phênanénale desscctëtës, la vie des individus. Sa nature est cependant double : c'estune crise 1 la fois phénanênale et générative. Elle est générative dansle sens 00 elle affecte les structures gênératives qui assurent l' autoperpEtuationdes sociétés, c'eat-â-dfre l'ensemble des rêgles , principes,IlO:nDeS qui camoandent l'auto-organisation et la reproœctton sociale.L'inquiétude et l' incertitude ne concernent plus seuleJlleI1tles JMladieS du système, les excès du productivisme (caractère perversou inégalitaire du developpement, cOTlSalID8.tiormisme. etc.j , mais le systèmelui-mi!me et les paradigmes qui le sous-tendent. La crise du développement,c'est aussi l'effondrement des "pos-tulats et des significationsimaginaires ccrrespcndantes, " l' ~ranlement des institutions incarnantces significations.L'idéologie du progrès, p.1Îs celle du développement avaientpraai.s le bonheur et la plénitude mais 1 la mythologie du bonheur a succédéune probfëaatdque de l'existence (cœment affronter la faim, L'anakphabétisme.la haute mortalité infantile). S'il n'est plus possible dereveni.r aux équilibres existant antérieurement dans les sociétés aujourd'huisocs-dëveioppëes , on ignore tout de la façon dont on pourrait tendrevers de nouveaux équilibres.


------- ------- 328 -La critique et la rEforme du dêveloppeueut se déplacent deplus en plus du dcma.i.ne de l'Evaluation matérielle 1de l ' univers techniqueet ~ysique oil eUe s'est caaplue jusqu'ici pour se situer au niveaude l'Evaluation sociale, ecrate, curecrei.te, coume le IIIJntre l'utilisation,de plus en plus courante, de tenDeS tels que lOOde de vie, bienêtre,qualitf de la vie, etc. ~ dêvelappement. tel qu'il s test effectuéjusqu'! lMintenant. est de plus en plus perçu camœ un déplaisent indêfini,infini. sans fin (aux deux sens du ece fin). La crci.ssance étaitconçue non seulement cœme le producteur. mais IJRIN. "Le développemen't de la c:rise du développement", in LeMythe du développement. op. c:it., page 254


-- _._._--_. --~--------- 329 -~~~!~_~~~g~!!2Q_~~~r!~_~_e!~i~=.E!~~~!i~!~!!_!!_!!!!~~!!!!QQ~_cg}~~A=_~~!~~~!_La no'tion de dEveloppo!lllW'n't, a:prè!l l'analyse ~i vient d'en êtrefaite, çpsrait bien incertaine, obS01Te. mythologique et pauvre. Faut-ill ........ pour autant ? NoJ.s ne le pensons pas. car ce que l'analyse avoulu mettre en évidence, e-ese ce que cette notion avait jusqu'alors à lafois de mythologique, de rfducti.onniste. de tII1tiU et par cons4quent deDIltilant. Et, c'ese de cela qu'il faut la dëbarasser,Il s'agit dcnc. d'abord de -res'tructnrer et de refornuler leconcept de développtmtnt. La tentation est grande, de procéder ~ unes~le inversion du paradigme produe:t.iviste en posant que puisque le paradigmeproductiviste SO\.JIœt le dévelopPement qualitatif au développementquantitatif, le dfveloppement social a:u développement êconamique. le développementhumain au développement technologique et à la croissanc:e, il faud:rait"renverser la vapeur" et subordonner le quantitatif au qualitatif, ledêvelappeœnt éconcmi.que au dêveloppalEllt social, le dêvelappeœnt technologiqueet la croissance au dfveloppement }urBin. l!ais cette inversion nepeut avoir de sens que si l'on sait ce que .sant le dével~ement social etle dêvelappement humain.Or. si on peut. il partir des expériences réaliséesjusqu'ici se faire une idh sur le dêveloppeaEnt technologique et ledêvelappement kancmic{ue. les notions de dêveloppement social et ledéveloppement lltInai.n sont toujours creuses et vagues. On ne procêdera doncpas ici il une telle inversion. On va par contre essayer de définir lesdifflrents axes dans lesquels le concept de développement peut être restructurf.Z.l. L'ascêse conceptuelleL'exercice concepU1el auquel on va 5~ livrer,se j~ti!ie parle fait que nous scmnes persuadés des possibilitês de dêveloppemetlt...,


- 330 -de l'hCIllœ et de la. sccrëtë (1). Nous d1oisissons de nous sitl.l!r. danscet exercice, au niveau.réflexif des cenc:epts de secœïd erdre, c'està dire qui ~liquent toujours une 1'kursian de l'objet (le dêveloppeneut)au sujet (l'hcmœ, la scctëeë) , denc qui nkessite l'introductian du- --prefixe auto. Le concept central, le


331 -est souvent tirê de l'observation des ph!nCllllêne$ biologiqœs. Un crganîsae'biologique se dêYeloppe lorsque se produit l.I1eUevatian et \.ne extension"de ses unitês CClIlStit._tives (raci.ne, tronc, bnmches,. feuilles s'il s'agitd 'tm arbre ; IœDbres fonctims, 5'ils'agit d'un animal). Ce'dêveloppements'effectue en gênêra.l dans l'hanaùe totale des parties et---~---~~-~~~- ~---_.~~~-correspond en fait l. un êpanauisseœnt des potentialids de l'organisme.Le teeœ développem:nt Evoque donc la mise 1 jour et le dêploieœnt dece qui Etait cacbë, l'explicitation de œ qui Etait i..q:llidte, contenu.La nature du dê""loppement apparaît diis 101'5 ceaaœ le passage du virtuelau riel, du potentiell l'ac:tuel et le ci.twloppement anthropo=socialpeut se dêfinir caIIII!I l'actualisation ou la l"Ealisatim des potentialitb et_des virtualidsdes IŒ!lD'I'eS du corps social et de la sociEtE erie-eêse,Le dfwloppement ~lique une prise en considfntion de la bese-cneureï ïe,naturelle - c'est! dire de ce qui est latent dans lm. groupe (sa langueson teDpêlBüD!ilt 1 sa culture. san autancmie, les faculth intellectUelles,physiques et spirituelles des individus qui. le CClIpOSeI1't), et·.qui. doi'têere _lioTf.nomeAinsi défini. le dfveloppetœllt implique la dêfinition d'uneappartenant.l l'essence de ce qui se dfveloppe. De lIlême quel'organisme qui se développe progTeSse·,wn 5& 'mturitê Il biologique,le dlwloppeuellt anthrcpo-social s'explique par le fai't de poursuivreune fin, DCD. pas en tant que ''no:nœ na'tUrelle de l'@tre cansi~rElI (1)lIl8is c:DIIIœInonœ socialement ~te:rm:inêe. Or, qui dltermine la nonneau sein d'I.ne seetëeë ? C'est ici que le prEfixe "auto" prend de l'~rténce• ApprEhender le dfvelappem:m.t ant:h.rcpo-social carme un autodfveloppeuentc'est considlrer la fixa.'tian de la.finali'tê du dfveloppeœn'tcœme relevan't des individu5, des groupes sociaux et de la socdëtëconcernés. De ce fait, l'auto-dfveloppement est avan't tout une auto---------------------------(T) C. CASTORIADIS, ''Dêwloppement et Rationalitë", in le ~tyt:h.e dudêveloppemen't - op. ci't. page 212.


-----------_. --- ---------------- 332 -finalisation. Il faut cependant prëctser qu'en réalité 1 il ne peut êtrequestion d'une fiDalitf du dfveloppeueut snthropo-social, mais plut6td'\m faisceau ou d'une hién1rchie de finalités, dans laquelle la finalitéinférieure est un royen d'o:éc:uticn de la finalid de rang supérieur.COIJIDe le souligne Yves BARéL. "dans un syst_ vivant la ou les finalitésde rang supérieur sont i.nddtetminfes et variables : dès lors il sepeut, il est même indispensable, que certaines des finalités de ranginférieur saient précises et invariantes. Qœ1s que soient .Ie contenuet la variatian de la finalité supérieure ou finalité libre, les finalitésinférieures ou finalités Hëes doivent être réalides ll (1).Dire auto-déwlappeDm1t signifie dœc: détetmination desfins et de leur hiérarchie par les individus et iTOLPes ccncemës •Cependant, cette recherche se voulant en partie normative, Œl va s'essayer~ la fO'IIIlÙ.aticn de ce qui, selon nous, doit ëere amsidfré CCIlIII!l lafinalitêi libre du déwloppement anthropo-social. La conception dudéwloppement mise en avant id place l'hOllllle au centre de ce dêwluppezœntOr l'hcDme est un être matériel, plœa' dam un océan de matière etentretenant des relations avec lui·1Ilê:Ire ainsi qu'awc les autres êtreslT"atériels. C'est sur ces relations qu'à notre avi.5, doit porter enpremier lieu le d6wloppesœnt snthropo-social. Aussi, faisons-nous de·l·amlHiol"3tion du rapport humain à la matière la f.i.na.lité première del'311to-développementt finalité incantestableœnt ouverte.2.1. t , 2. Approche et app-réciation du processusLa première implication de la c:onception qui vient d'êtreexposée cœcerœ la maitTise théorique des phénanèles liés ! ce processusde changement social qu'est l'au'C.o-d6wlcppeml!Il.t. Concevoir l'auto-(1) Y. BAREL - Le rapport hUl!'lai.n A la matière, tome 2 ; sociétés contemporaines,rapport! la matière et travailRecherche écologie du travailAction ccocereëe DGRST-IPEPS...QlRSJuillet 1976, page 212.


IIIMveloppeDent COIlIIB un processus d'actualisation des potentialitesindividuelles et sociales visant l'am6liannon du rapport hu:nai.n 1la· matiaTe s1.1'POSe qœ' les prcble.œs et les phênallênes qui 5'y rattacl1.en:tsoient abord6s en tenœs de systèlœs glcbaux.On peut reprendreici. ,en la systêmltisant, la IDI!thode utilisée pour l'l!'tUde du sysdœagricole lignager, 1 savoir l'approche êcologique qui niest qu'unepartie de 1 t approche systEmique.Le rapport 1 la atiêre étant lIl. enseuDle COIlplexe. ccmprmumtau DJ:)ins deux plUes (1 'hc.ame et la nanrre) , le cadre concepcœtproposE est œlui des interrelations entre ces deux systèmes i10bauxet S't'IUCturllis que sont. le biœphare (en tant qu'enseatlle des f:cosyst!sœ5partiels) et la seetëeë (cm tan:t qutenseœte des, systê'mes sociaux parti­OJliers). Ces relations dialectiqœs sont 1 la fois quantitatiws etqualitatives, sous leW"S aspects madriels , énersétiques, infonna:ti.onnelsou syuboliques.L'aspect ma:tEriel du rapport hl.lrllin lla matièTe concernele tnYai!. Ce demter peut s'analyser caqœ me d!pense d'Energie,qui petmet d'apporter au sysdme social tme quantité de ma:ti!Te,d'énergie et d'infomatian égale ou supérieure l celle qui a été dtpen5éepour assurer la reproductian du sySt.!lœ, sa stabilisat.ion et effectuerce travail. L'ens_le matiare/ênergie est. utilisé pour reproduire laforce de tnvail (ressources aliment.aires) d'une part et pOUl' pe1'1Det.t.rela crfat.ion d'lm. surplus (1 partir des _t.iares preaüêres) en,~t..;mtl'efficacité de la force de travail humaine. La atiare et l'&lergiesont cbtenues en effectuant me catëgcrâe de travail souvent qualifiéede travail productif qui correspond 1 la llIise en oeuvre d'm feed-backpositif ou feed-beck de croissance et. Sl.qt..el on oppose le travail dit~roduct.if au sens où il ne participe pas directement lla croissancedu syst!lœ, mais .l la stabilisation. des stl'UCt~s sociales. Cettedernière catEgorie de travail correspond 1 la mise en oeuvre d'm feedbackdgatif ou de stabilisation, sa fonction étant d'assurer la régulationdu syst!lœ social.


--.---- ------- ------_._--._- --------- 334 -Il ~orte de souligner que le travail, 51il représente lerapport madrid. revêt cependant un doib'le cantem; . Il est il lOt foisextériorisation im:ttuœntale et activité intériori..sante. L'ind~orisatian,en tant qu'actim du producteur sur lui.-lIêœ)estce qui donne naissanceau savoir faire inccrporë penœttant aux pTOducteurs directs deœnserver une certaine marge d'autonaaie en dêpit de l'exploitationet de l'assujetissement politique qu 1 i.1& peuvent slJbir.L'aspect matériel. S)'1JiJolique ou infonoationnel du rappoTt.l la matii!re ccnœme les sciences. les techniques. les religions,les jeux, la politique, etc. Cet ensemble infOrmationnel sert globalementdans la. mi!me perspective que l'ensemble matériel et ênergftique, ilaméliorer les conditians de reproducticn de la force de travail et ilaugsentet- sm effic.adté. Mais il sert aussi A assurer l'6quillbrepsychologique et social des individus (grâce aux activités religieuses,aux rites, aux idêologies) et d'une I!l8l1itte gfnérale la. stabilité dynamiquedu système socia.l.Dês lors, la mai trise thêorique du processus d' autodtveloppeœntpeut se faire .1. tTawrs une mdêlisation sociale dœrtnous pt'OpOscm l'approche mfthoàologique ponant.sur les points suivants:1. Stroc"tUration des deux aspects du rzçport il la matii!n qui viennentd '~tn6voqub (travail et 5yÙ)olisme).z. Analyse de l'infrastruçture : diversitE écologique et structuresde produation, articulation des sttuc::tures productives ;3. Organisation et contenu du travail: temps de travail, dialectiquede l'int6rioriS8tion et de l'extEriorisation ;4. Flux de matièn et d'ênergie ; nature du préli!vement. i.Iq:lortance dupréli!venent net


- 335 -5. Répartition. affectation et mode d'utilisation de la mati~reet de l 'ênergie prélevées sur les écosystèmes et la biosphère;6. Conséquences sur la reproduction de la force de travail etdes écosystêmes7. RaIe du symbolisme dans la détection et la prise de consciencedes potentialités individuelles et collectives8, RaIe du symbolisme dans la stabilité dynamique du syst~me :équilibre entre feed-backs positifs et feeQ-bacKS négatifs.Tels nous semblent être les principaux axes de la modllisationou de la théorisation de l'évolutio~ interreliée dessystèmes sociaux et des systèmes écologiques et au-delà, duprocessus d'auto-développement.La deuxième implication théorique de la conceptiondu dévèloppement définie ci-dessus COncerne l'appréciationdu processus dl auto-développement. Les considérations quiprécèdent nous permettent d'énoncer les critères suivants. surlesquels doit reposer cette appréciation.On dira qulil y amélioration du rapport humain à lamatière chaque fois que l'auto-re~roduction sociale sera marquéepar les tendances suivantes :1. Procès de travail caractérisé par une domination de l'intériorisationsur l'extériorisation instrumentale ;Z. Diminution du temps de travail;3. Baisse du prélèvement net de mati~re et d'énergie favorisantla reproduction des fcosystèmes ;


---- ----- -- - --_ .._--------------- 336 -4. Prélèvements de matière et d1énergie affectés a la satisfactiondes besoins exprimés par une proportion sans cessecroissante de producteurs directsS. Systè~e symbolique global de plus en plus favorable a l'équilibrepsychologique et social des producteurs directs.On voit donc que l'auto-développement relève beaucoupplus de qualitatif que du quantitatif. Mais on ne peut pas s'entenir ~ l'énumération des critères. car le plus im~ortant, c'estla définition des conditions ~ermettant aux producteurs directsde s'engager dans ce processus. Avant de tenter cette définitionil convient de rendre compte des conceptions du développementproches de l'auto-dEveloppement.2.1.2. Auto-développement et aDDroches voisines2.1.2.1. Le "développement a la hase"Il se dEfini t comme "la prise en charge, partielleou totale, par les communautés ou les groupements de communautés,de responsahilitEs et d'actions directes correspondant ~ leursbesoins 9ropres, aux prioritEs qu'elles apprennent a étahlir enprenant progressivement conscience des prohlèmes qui affectentleur niveau de vie et leur bien-~tre" (1).Cette stratEgie r~sulte d'une remise en cause despolitiques dans lesquelles trop d'importance avait Eté donnéea la croissance, et pas assez a l'homme, considErE comme(1) s , SrCAULT. "Le dEveloppement "au ras du sol", revue Tiers­~onde, Tome XVIII. nO 72, Octobre - dEcem6re1917, page 10S.


------_.337l'''objectif ultime" du dë ve Ioppement • Elle s'oppose égalementaux politiques se limitant à faire participer les populationsaux programmes décidés à l'Echelon des capitales, quel qu'ensoit le champ d'application. L'objectif qu'elle vise est de fairesurgir les initiatives des populations, de les faire agirdirectement pour améliorer leur propre sort. Sa mise en oeuvrerevêt essentiellement la forme d'actions décentralis!es. concrètes,! l'échelon périphérique, celui des communautés villageoisesou urbaines. Elle est rendue possible par l'utilisationd'un personnel choisi par la communauté, formé et recyclé surplace, et devenant partie int~grante et moteur de ce développement.Z.1.2.2. L'écodêveloppementLe mot écodéveloppement fut lancé par Maurice Strongen 197Z à la conférence de stockholm. A l'origine, l'écodéveloppementse voulait une stratégie de développement, fondée surl'utilisation judicieuse des ressources locales et du savoirfairepaysan applicable aux zones rurales isolées du Tiers­Monde. En quelque sorte, l'existence des vestiges d'une êconomietraditionnelle écologiquement équilibrée fournissait à cesrégions une occasion de ne pas s'engager dans la croissancedéprédatrice des ressources et du milieu, de récuser les modèlesvenus da dehors et plus particuliêrement capitaliste et socialiste.Mais en 19ï4. une interprétation plus générale etplus riche du concept d'écodéveloppement a été formulée auSymposium sur les modèles d'utilisation des ressources tenuau Mexique. La déclaration de Cocoyoc, adoptée par les participantsinsiste sUr la nécessité d'aider les populations à


- 338 -s'éduquer et â s'organiser en vue d'une mise en valeur desressources spécifiques de chaque écosystème pour la satisfactionde leurs besoins fondamentaux. De Il. il n'y avait plusqu'un pas â franchir pour postuler, comme le fait le Rapport"Que faire ?" (1), un développement enr\ogène et dépendant deses pr cpr es forces (self-reliant). soumis 1 la logique desbesoins de la population entière et non de la production érigéeen fin en soi, enfin conscient de sa dimension écologique etrecherchant une symbiose entre l'homme et la nature.L'écodéveloppement n'est pas un retour en arrière.Bien au contraire, "il se veut un outil de prospective et d'explorationd'options de développement remettant en questionles tendances lourdes qui prédominent actuellement" (2).2. L 2.3. Participationnisme et autosestionLe participationnisme rev@t des formes différentesselon qu'on se trouve dans les pays sous-développés ou dansles pays développés. Dans les pays développés, il s'a~itsurtout d'une participation des travailleurs à la prise dedécision au sein de leurs unités de production. Dans les payssous~développés il s'agit de susciter la participation despopulations 1 la réalisation des programmes décidés par lesexperts internationaux ou par les gouvernements locaux. Leproblème fondamental qui est â l'origine du participationnismeen milieu sous~déve1oppé est celui de l'appropriation culturelle(1) Que Faire? Rapport Dag HammarskjOld, LlPPSAI.A ,1975(2) Ignacy SACHS, "Ecodéveloppement : une ap~roche de planification",Economie Rurale n 124, mars-avril 1975.page 17.


339 -du changement technologique qui est "la ma i t r i se par le svs t êraesocio-culturel dans son entier, 4ui permet de rendre l'innova~tion intelligible" (1). Les 'tenants du participationnisme considèrentque la prise en charge du changement technologique nepeut se faire que par la participation intfrieure sur quoi sefondent l'intelligibilité et l'intfgration de l'innovation auxobjectifs sociaux propres du groupe. Ce processus implique uneconstante éducation non pas comprise par référence A des conditionnementsexternes mais par rappor't aux ~ersonnes composantle groupe.L'autogestion !leut se définir comme "la gestiondirecte des unitfs de production ou d'une collectivitf par ceuxqui y produisent ou y vivent" (2). Elle repose sur l'idée d'autodétermination.Elle suppose l'appropriation collec'tive desmoyens de production et la constitution de groupes autonomesde producteurs, de consommateurs, d'usagers et de citoyens.Elle implique enfin la prise de décisions ~ tous les niveauxdirectemen t ,Z.Z. Les conditions de l'auto-d~veloppe~ent~ l'agriculture congolaise.applicationLe plus important, avons-nous dit, est la définitiondes conditions de l'autod!veloppement, bien que la négationthéorique du paradigme dominant et la dffinition de crittresalternatifs du développement s'imposen't comme première ftape.(1) Roland COLIN,(Z)J. ATTAL!.x, GUIL<strong>LA</strong>UHE"Politique de participation et déve Loppeeen ttechnologique", Dévelopoement et civilisationsn" 49-50.septembre/dfcembre 1972, page 16L'anti-économique, PUF, 1975, page l41.


-- --~-------------- 340 -On va tenter de définir ces conditions dans le cas prEcis dudéveloppement rural au Congo en prEcisant d'abord les donnéesdu problème et en essayant ensuite de saisir les dimensionséconomique et politique.2.2.1. Les données du croblème2.2.1.1. L'économie extravertieLe développement des rapports de production capitalistess'est accompagné, comme on l'a vu. de la perversioncorollaire des rapports sociaux préexistants. L'implantationcapitaliste supposait d'abord une restructuration de l'espacequi s'est traduite par l'enclavement du milieu rural engendrantdes disparités régionales. La restructuration de l'espacesupposait à son tour la dénaturation des rapports fonciersmarquée par l'aliénation de la ~erre et ayant pour conséquencel'apparition de la rente diffErentielle e~ la tendance â unnouveau découpage social en milieu rural caractérisée par unedifférenèiation en lignages riches (ceux possédant des terressituées â proximité des voies de communication) et lignages pauvres.La mise en place des rapports de production capitalistessupposait ensuite une transformation du système des besoinset le recul de l'autosubistance. ce qui s'est traduit parl'adoption du mod!le occidental de consommation â des degrésdivers par l'ensemble de la population.Le phénomène dominant. au niveau global, estcependant l'ossification du milieu rural. La cause pr Inc i.pa Le enest l'exode, la fuite des éléments les plus jeunes et les plusactifs/liée â l'articulation du système lignager avec le système


------- - -341 -capitaliste et résultant de l'insuffisante réorganisation capitalistedes campagnes. Le contrecoup de cette fuite, c'est àdire l'apparition d'une forte demande alimentaire urbaine exerceune influence très relative (compte tenu de l'emplacement descentres urbains et de la 9Buvretê de l'infrastructure de trans·port) et accentue les différences entre les régions.Les cultures d'exportation n'ayant pas été développées,le marché urbain constitue le débouché essentiel de l'agriculture.Les bas prix payés aux ruraux, du fait de la faiblessedu pouvoir d'achat des citadins et de l'échange inégal ont pourconséquence une faiblesse extrime et générale de la productivitédu travail agricole et de la terre et les revenus ob~enusne permettent guère d'envisager une accumulation conséquente.Si l'accroissement de la demande urbaine entraIne une augmentationde la production, et surtout des échanges, c'est, l productivitéet mode d'organisation constants, essentiellement grlce àune augmentation du temps de travail et un accroissement dessurfaces cultivées.La faiblesse des revenus oblige les citadins àdévelopper l l'intérieur et autour des centres urbains unecertaine activité agricole qui aboutit rapidement à ladégradation des sols et l la disparition des espèces animales(overfishing du stanley Pool).Après les déboires rencontrés par les exploitantspTivés, l'agTiculture capitaliste est essentiellement représentéepar des fermes d'Etat dont les activités concurrencentde plus en plus celles des ruraux et qui sombrent malgré toutdans un ceTtain marasme économique. Les différentes unitésde transformation des produits agricoles qui ont été implantées,


- 342 -loin de constituer des débouchés pour le5 produits locaux, supprimentau contraire les dEbouchés préexistants en modifiantles modes de consommation de la population.Enfin. des formules d'encadrement rural et un importantmouvement coopératif ont été développés dans les régionsapprovisionnant les centres urbains surtout, mais il n'y arien qui ressemble, dans les différents groupements, â uneforme d'organisation autonome des paysans, puisque le5 productionsainsi que le 5yst~me de commercialisation leur sont imposés.2.2.1.2. Les avatars du système lignagerNous avons laissé le système agricole lignager dansun processus de régression caractérisé, par la perversion desrapports sociaux et la décadence des techniques, mais il n'estpas mort pour autant. tes rap~orts l1gnagers ont conservé unebonne partie de leur vigueur, en dépit de leur utilisation etde leur appropriation au service des ra~ports marchands.En effet. ni les mentalités. ni la logique, ni larationalité lignagares n'ont disparu. En ce qui concerne lesrapports fonciers par exemple. il n'existe pas au Congo, malgrél'apparition de la rente différentielle et de la ~ropriétêprivée de la terre, de prolétaire libre de tout moyen de production.puisque tous les éléments extraits du milieu ruralgardent la co-propriété de la terre de leur lignage d'origineet peuvent s'y installer à tout moment.ta persistance de la logique lignagare se manifesteégalement sur le plan de la division du travail et de l'utilisationdu temps libre. La division sexuelle des tâches s'est


------- ------------ -------- -----._--meint,nue e1: sr.et mA~. ranfore'_ dens la masure a~ la plupartda. tlch•• ou d.8 ectivit4. nouvall•• ont 4t4 con'i'•• euxhom..s. "-lg;4 l!utili••tion da la part juaque lA soua-a.play'.da la force d. trevail •••culine par la syetA.e capitaliate(a.gricultur- de plantat.iDn,. pay••nnata, caap4rativ•••_ industria,etc,) 1•• ho.... diapa••nt ancara dena de nombreux ville9'. d.beaucoup d. temPI libre (l).2.2.2. Le l.madel.tian de. '1:19&1:91'" prqductive.L1eato-d4vlloppe.,n1: ••t irr,.lisable '1 l'en.embled•• Itruc1:u;•• 'conomiqu•• r••tan1: branch'" 8ur l',xt'rilur.Il ••t conditionn' an premier lilu par llur ori'ntltion ver. 1••,ti.flction d•• b••ain. intern•• d. li formation 10Cill••L. d6v.lapp••ent .gricol••t d'une meniAr. g'n6rela,la d6valoppe..nt rur.l .ont aouvent .ubardonn6. eu d'v.lopp.~ntdu merch6 intern., et c.lui-ci .u doubla proc•••u. d'urb.nia.tianet d'indu.tri.lieatian (2). Cap.ndant, an a vu que malgr6 un.induatrialia.tian non n6,lig.ebla .t l'exietene. d'un. farted."nd. eli.enteire urbain., 1. monde rural •• carect6ri.ait par1. pauvr.t' et un. cert.in. atoni•• C1 ••t qua la domin.tiane.erc6e p.r 1•• vill•••t l'indu.tri••ur l'.,ricultur•••plcha1. d6v.lopp.m.nt de c.tte derniar••------------------(1) S.lon un••nqult••ff.ctu'. par R. <strong>DU</strong>MONT (L'Afriqu. noir•••t_.1 p.rii., Sauil, Paria 1973) dan. un village d. plant.ur.d. ca 6 et d. cacao pra. d'EWO dan. la cuv.tt. cangol.i~.fl'hom.a .dult. con.acr.rait an _oyenn. A ~aa planta_tion. ,. haur•• par aamain., plus un. haura 'ux culture.vivriar.a, 1. r ••t. du t.mpe 6t.nt con••cr' a la ch•••• , 1.plch., la cu.illett., a qualqu•••ctivit6. non agricolee(conatruction ou r6per.tion de. c•••• ) meie .urtDut eu.viait•• aux vai.in. at aux loiairs (d.n•••• j.u., etc.).(2) R. 81<strong>LA</strong>Z, "T.chnolagi•••t .tr.t'gi•• d. d'velopp.mant.gr.ira-, Tior._Mond., Ta•• XIV n D 54, avril-juin1973.


- 344 -Le merch' n. p.ut pa., ~ notra avis, constitu.r1••oteur principal du dtv.loppe~ent anthropo-soci.l. Maiel'euto-d'v.loppe.ent n'••t pa. synon~. d'aut.rci., que ce .oitau. micro-niveeux ou .u niv.au d. la 10rm.tion eoci.le, L'.utodtvelopp•••nt.e.tn.c••••ir...nt un prac•••ue ouv.rt au••i bienau plan d' 1. 1in.li••tion qui' celui d•• structur•• con.titutive.,Le. individue .t l.s group•••ntreti.ndront 10rc'••ntd•• r.l.tion••v.c d'.utra. individu. et d'.utree group,•• pp.rt.n.nt , la ~••• 10rmation .ociale ou , de. 10~.t10ne.oc1.1•• d1ff'r.nt••• C' ••t pourqu01 noua r.1.onn.ron. en t.~.de erieri" .yx ',h.ng.' in'r' et inter-r'gionay! p.r r.pport.ux 'ch.nge. int.rnation.ux. Cette po.ition •• ju.ti1i. d'.utentplu. qua l'un d•• princip•• d. l'.uto-d'v.lopp.ment, co." on1. v.rr. plu. loin, e.t la diy.;.it' .t qu., d. tout. façon,toue le. group•••t tout.. la. r'gion. n. p.uv.nt p.. e. livr.r.ux m'm.e production••L. d'velopp•••nt d.. 'ch.ng.. intr••t int.r-r'gion.u.suppo.e d'.bord qua 1. p.Y. eoit d'eencl.v'. Plutet qued'.ngloutir d•••om.'. 'nor-.e dan. l'••• de tr.n.it .td"vacuatioft, 11 canvi.ndr.it, d.n. 1. cedr. d'un••tret'gi.d'intr.v.r.ion d. l"cono.i., de d'velopp.r 1. r ••••u d•• voi.ad. co..unic.tion intr. et int.r-r'g10n.l•••L. d'v.loppe••nt d. c.. 'ch.ng.. .uppo.. 'g.l.~.nt1••i •••n plac. d••tructur.s co...rci.le••olid.e .t .fficac.s.Un commerce int.rn. n. p.ut r'.l~eGent a. d'v.lopp.r qua ai l'on.'.tt.qu. fr.nch•••nt ,ux fir... comm.rci.l.e priv'.' quid'ti.nn.nt 1. monopole d•• importation. at d•••xportations. Cnp.ut 9"tonn'r d'autre p.rt, d. l'opportunit' d. plu.ieureargani•••• ,t.tique. d. co~.rci.li••tion d•• produit. agricole.,.li••ntair•••t d. prs.i.r. n'c•••itt, loraqu'on s.1t par .~.mplfque 1•• v'hicul.e d. l'ONCPA pertent g'n'r.l••ant vide. var.l'int'ri.ur du p.y••t r.viannent plein., tandi. que ceux d.l'CFNACCM p.rt.nt cherg'. at revienn.nt vid•••


- 345A cet' d. l'intrsv.reion 'conomiquB dent la d'fini­~on d•• diff'r.nte •••• r'.ult. d. l'an.ly•• du made de fonctionn.ment .ctu.~ .t de l"'conemi. t en p.ut 'nancBr d'autrasconditions d. l'auta-d'v.lepp•••nt d'ceulant • le faia d. lad'~init1Qn m'.s ds c. ~oncspt at da cartaina princip•• d'orqeniaationet d. at.bilit. du .y.t~•• agricol. lignag.r.Il faut d'abord pr'cl.ar qua la n'gatian du par.digmapraductivi.t. n8 eignifi. pee ebandon d. tout. activit' produc_tive. L'a.'lior.tion du r.pport • le .ati~rs .u~~osa la djv.lo~p••entd.a forcs. ~roductiv.'t • condition d. n. p•• perdra d.vu. que la prami.r. dae forcsa productiv.e qui doit .'autod'valopp.r••t l'ha••• st que 1. d'v.loppamant d.e autr.a forc.sproducti~. doit Itra eubordonn' • cst auta_d'valapps.snt.Si an analysa l'auto-d'valappa.ant comm. un proca.auanon e.ule.ant da tr.n.for..tian ..ia eu••i d'adaptation au~syat~.ss .cologiquss. on sat .man' • con.id'r.r qu'il doit rapoaeeur l'utilisation d.a r •••ource. loc.lee .t on rejoint ein.i l'undaa princip•• fond••• nt.u~ d. l"cod'velopp•••nt. Cele impliqua1. pluralia.e technologique et la diver.it' d•• atructuree depreductien.Mais le nsture M'" de l'auto-d'veloppem.nt impo.eque cette div.r.it. eoit ramen'a au niv.au d. 10 co.p~sxit' t.llaqua noua l'.von. d,fini. an introduisant catte rach.rche. En cesanat .11. signifia ;ompl.~ant.rit' at int.qration da. div.raeastructura. de production. Ell. lignifi. aurtout que le aystlmetachnologique fonctionna sur deux princip•• _la an 'videnc. dansl'etude du ayat••a agricol. lignag.r ~ .aveir 1 connais.anca.,outillaga et proc'd'. technique. • la porte. de toue lee product.ursdi:ec~e .t int'gretion daa connaie.encas sur la mati~r••


- 3_6 -L'.gricu~tur. 1ndu.tri.~~. (tout co... Itindu.tr~)fonctionne aine1 qu'on l'. vu, aur da. princip•• total...ntappas'_ pul.qu·.lle na •• dlvaloppe qua ~r.c•• la .'par.tiancroi•••nta d•• concepteurs et da. ax'cutanta. Ella n'. donc pa.da place dan. un. etrat'gia d'.uto-d'v.lopp.~.nt.Un. tendance technologique qui n'. rian • avoir avecun quelconque retour au p•••••'.et d'valopp'. ca. dar"i':••ann6•• an r'.ction au caractl:••'e.nique da l'agriculture etde l'induatria do.in.nt••• Il a-agit d'un an•••bla d. technolo_gi•• fonctionnant aur da. princip•• ai_ilair••• caux qu'onvient d"noncar et qui ont reçu 1_ nom d. ·bio-t.chnolo;i.~ etla tendance .11.-••••• pour no. la -biologie.tian da ll'cenomie~~e bielogie.tion e. d'velopp. en r'ectiAn • le _'cenie.tien et• l'ertifici.lie.tian cerect'rietiqu•• du ey.t••• 'cenA.iqu••tt.chnAlogiqu. do.in.nt. L. bielegi••tien 'cenomiqu. r.pe.. .ur1••euci d'adm.ttr. d•• Itre. viv.nt. et d. f.ir. jou.r d••prec•••u. d. la ••ti.r. viv.nt•• l'int'ri.ur d•••y.t....t.chniqu.. .u li.u d. _is.r eur dee ey.t•••e technique. conçueet conetruite enti.re..nt ou preequ. de mein. hum.in.e etertificialle..nt ieel'. da leur cente.te neturel.C'.et .n .gricultur. qu'.pp.r.i•••nt pour l'in.t.nt1•• m.nif••t.tion. 1•• plu. import.nt•• d. r.l.v. du .'c.nique.t d. l'artifici.l, p.r 1. bielogiqua .t 1. -n.tur.l-. Sur 1.plan aimpl•••nt t.chniqu. l'.gricultur. bielogiqu••• d'finitd'.bord "'g.tiv.m.nt par un r'fl••• d. m'fianca at da raj.t •l"gard daa .ngrai. chimiquaa et dee pe.ticidee dont l'utilie.­tian intanee • poe' et contin~. • poeer de gravae probl.m••------------------(1) C'aet ici qu'apperai••ant un. fo~le da probl•••e (apprApri._tian technologiqu., cr'etivit'. formetion, apprantia.age,etc) que naua aborderone den. des recharch.a ult'riaur•••


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--------------.. 348 -an8~y8.8S sur notre champ d'6tude, c'est-~-dirs de_ industrie.d'im~Drt_.ub.titution. n'ont pe. non p~ue leur placa dana un•• trat'918 d'auta_d'valopp•••nt.Quant au' type dtunit'" de production corra.pondant~ catte 8tr.t'918, le .y.t.~. coopjratif r ••ta mal;r' tout lamode d'organi••tion la plu. apte. par••ttr. la d'valoppamantrural en mima tempe Qua l'auto-d'valoppamant da. producteurs,a condition qua 1•• caop'rativ•• aoient 1. produit d'un_ d'ci.loret d'une organi••tion 8utono•• da. pay••n. et non la f.it d.l'Etat ou d'arq.ni.~•• internationaux. L'auto-d'tarmination .tl'8uto-o:'98"1••t10" pay••nn•• n. peuvent pa•••nar • l'8utodjvalopp...ntai la pouvoir 'tatiqua r ••t••ubordonn' .uxint'r.te cepit.lietae, bien qu'ell•••oient un _oy.n de r.mia.en ceue. de l'apperei~ d'Et.t n'o-coloni.l.2.2.3. L. d!m,r.ion politiqueOn , vu plu. heut qua l'euta-d'v.lopp.m.nt .et .v.nttout une auto_fin.lia.tion. Vayon' d'un peu plue prt. 1. eignific.tion.t laa i.plic.tion. d. c. dernier concept.Auto-finelia.tion eignifi. autonomie dan. 1. fixa_tion da. fine. Cel. euppo•• d'abord la pg••ibilit' da choi.i;.ntr. plueieure alt.rnativee, m.ie 'u••i .t aurtout le lib.rt'd. choieir, c'aat-a-dira la pouyoir dl d'cid.; de ce choix.M.i. 1. ou lee fin. chaieiae ne le eont que p.rc. qu'elle.doiv.nt Itr. r'alie'e••t c.tt. r,.lieation n' ••t po••ibl. que.i elle set contrel'•• En ce aana, l'auto-finali••tion .uppoe.'galem.nt un pguyoir d. cont;Ol,. ~l.uto-d'v.lopp.ment••t doncdlabord un probl.~•• d. pouvoir (pouvoir d. d'cieion, pouvoirde contrel.). Meie pouvoir d. qui. vi.-a-vie de qui 7 Pouvoirpourquoi 1 Pour r'pondre • ca. qu.ation., on va .x.min.r un ca.concr.t li~ .u fonctionn.ment du eyet.~e .gricol. li9neg.r.


- 349 -On • vu qu'.ussit~t spr'. a~oir ·d'cou~art· leCon90, 1•• portu9aie y ont introduit une foule dl ••p~C••~'g'tale••t .•niaalee venu•• d'A.6rlqua. On a vu '9ale.ant qued. tout•• 1•• aaptc•• introduit.a, c leet le ••niac qui a 1.plu. rlvalutionn' 1. made de via daa population. tant par larapidite avac laqualIe il a 'tA adapt', par 1•••odification.qU'il. impo•••••ux habitudea .limentaira. que p.r la faitd'avoir .arqu' 1•• r.lation. intar-ethniquas (1). Laa sourc••docu..ntetz•• dont an • pu di.pa.ar • ca auj.t randant ca~pt.d. catt. r6volution technique at culturelle due a l'introductiondu .aniac .ana .n pr6cieer le. cau••• profonda•• Pourquoi le~anioc a-t-il 'tA adopt6 si rapida.ent 7 Qu' ••t ce qui lui vautla pra.iare place qu'il a pris. dan. la r69ime alimantair. 7A quai tient .on i.pact cultural 7On a tant6 de r6pandre au~ deux prami.r•• quastionaa•••ttent .n •••nt un cartain no.br. d. con.id6ratione li'.aaux propri't6e de l'a.paca (facilite d. culturs, productivit',61av'., r'colt. 6tal'••ur plu.iaur••nn6••, etc). Ca. conaideretionsna per••ttent pa. da r'pondra a la troi.iam. qua.tianpa. plu. qu'.ll•• n. conatituent da. veritablae rApan••• pour1•• d.ux pre.iar••• Tout aU plu., peuvant-slla. conatitu.r d••hypoth••••, .t an p.ut bi.n sOr .n e••ttra d'autr••• On peutsuppoaer, p.r .~e.ple. que catt. e.ptca v'getal. fut l'incarn.tiondu be.oin de mod.rnitl expri.1 p.~ 1•••auv.~ain. Kon9Dpd'a~ .on imp.ct cult~r.l .~r la. eutree athnies. On p.utegal...nt .uppDe.~, CO". le ~ait P.P. Rey, q~a du fait d. s.facilit6 d. culture, l'adoption du ~anioc 8ngendreit un.r~duction du te~p. d. travail d.e fe~•• qui ont la char98 de1. plue 9rande parti. de. travaux eqricale., ca qui .~pliquar.it.a diffuaion rapid•• Meia c. ne sant l' qua das hy~oth••aa qui----------(1) Carteinea athnie. dannent en .ffat t l'une da ••• vari't'.le nom da bikan90 (einqulier kikcn9c) dlriv' da calui d. leprami're ethnie qui l'. adapt'e dena cette zane (l'ethnieKon901. Calle. dae athnie. qui ont un quelconque li.n 96n6eloqiqueevsc l'ethnie Kon90 quelifiant cette vari6t' d.·veri't' da••nc'tra.~.


- 350 -peuvent Itra infirm'•• ou co"11%m'•• par de. recherch••approfondie. aur CI aujet. recherche. qUI noul compton. bienentreprendra un jour.L'avlnture du ••nioc n••'errita capandant p••au 11'•• al'cl•• On a au l'occ••ion d'an vivra un 'pi_odean 1976 a 1. farme d'Etat d. ~."t.Qumb. en .fflctuant l'enqu,t.relative' catte rechercha. Il noul .ambla "'c••••ir. da relatercet 'pi.ode car on croit pouvoir y trouver da. 'l'Ment. d.r6pon•• lUX qua.tian. po•••• ci-da••u••On 1 vU qUI catte f.~• • 't' cr6'. en 1970 ln vu.de faira facl • 1. rer.t' croie.ant. du ••nioc dane 1•• vill••congol.i•••• La pre.t'ra op'ration .fflctu'. par 1. farmadiri;'. lU d'part par un françaia ••cand' par un congolai., futd'acheter .ix d••••pt v.%i't•• d. __"iac qulan t%auv. d.n. unr.yan d. tr.nte kila.lt%e••utaur de le ferme, le ve%i.t'd'laie.'. '~ent cu%ieue.~ent 1. kikango. 1. f••eu.e -veri't.d.e .nc'~re.-, eaue pr't.x~. qua .an r.nd•••n~ e.t trap f.ibl••L. f.rœe. qui e fan~tiann' .u d'but 8V.~ llautill.g. dee p.yesn.r.~rut'e n'••nrsgi.tr' .u~un. diffi~ult' lar.qu'.u caur. d. 1.trai.ia•• enn'., il • ~od.~i.' .an .quip••ent (.~h.t d.tr.~t.u~. nat....nt). L•• t.~hniqu•• d. production ant •••i.pa.'•• dl. 1. d'pert p.% le. -r••pan••bl••- d. 1. f.rme qui,.ux dir•• d•• p.y.en. -n'an. r.~u.illi .upra. d'.ux .u~un.infar••tian ~an~.rn.nt 1. cultur. du menia~·. On n. revi.ndrap•• ici eu% 1•• diff'r.nt•••'qu.nc•• d. ~ cultu%. d. meniac.Di.an••i.ple••nt qua 1. te~hniqu. iapa.'. p.r 1. dir.~t.urcon.i.t.it a .nfan~.r den. un t%OU dont 1. prafa~deur nl.v.itp.e 't' pr'ci.'. un. bautu%. d'environ 20 c. de langueur. L.bautu%••••t .nfonc'. oblique••nt .ur 1. moiti' d••• langueur.


------------ l51 -L•• pay.ane qui ont l'habitude de voi~ leurs 'pouaes proefderdi"'ra•••nt aot du mal. aeeeptar catte nouvelle façon da-'.~r.-.~ la 'on~ ra.arquar .~ directeur.qui,Laur r'pondqu'enfauir ca.pllt•••nt deux bouture. par trou at • ~•• 1.aal. ca... 1. 'on~ 1•• pey••nn••, lui reviendrait trop ch.:.De. lor., 1•• pay••n••'info~nt da plu. an plue supre. d.laure 'pou••• at •• mettant a appliquar, ~r certsine. planta_tiane de la ,.~. la technique pay••"n. dont il_ aont convaincusqu'ella ••t la meilleure de. deux. Bien aar, ila le font' l'insuda. ·r••pon••bl•••• Il. rUI.ni avec eux an ..ttent dan. un ml..trou un. bouture • ml•• la .o~ et une autra plantf. obliqua••nt.Pu!•• arriva la mo~."t da la r'colta. Avant qu'on l.ur da.andeda proc.dar • eet~e r.colt•• la. p.yaan. (prolttariat.) .epr•••nt.nt devant le direct.ur et .on adjoint, leur d•••nd.ntde la••uivr. pour comparar 1•• rande.ente da. pl.ntationeeultiv••••v.c 1. t.chniqu. ·mod.rn.· et c.ux dee plant.tionecultiv••• an c.chatte, .vec 1. tachnique paya.nn•• L. rtcoltaviant v.ri.i.r 1. conviction payaann•• Accul••• la. ·r••pon••blesctd.n~. C'••t 1. t.chniqu. paya.nn. qui aat utilia'e ju.qu·'prteant t 1_ f_:-. d'Et.~ da Mantsou.ba.Bi_n sar. la victoi.. ra.port•• t catt. occ.sionp.r le. p.y••n. prol'taria•• ne r.ltva p•• du f.tichi••a. Ell_ala.plique par 1. 'ait auivant. Si le. p.ya.na u~ilia.nt deuxboutur•• plu~et qu·un•• c'••t juata pour fair. f.c. , ll.l's_toira 1 ·.i une boutura pour%i~ ou .'ehe, llautra donner.quelqua cha•••• En out%a. la. ·%••pon••bl•••• form'. an occidant.dan. d•• in.titut••g%Onomiqua. où on cultive 1. manioc surpepier. ttsi.nt convaincu. qua 1_. racine. qui d.vanaient en.uite


l52tubercule. provenaient des yeux qu'on peut vair aur lebouture (il a'agit d'endroit. 00 ~t.i.nt fix6•• lee feuill••).La conviction pay.ann. r6.ultant d. plu.i.ur~ eiael••'d'exp6rience 'tait que 1•• racina. n'apparai•••iant qu'auxdeux axtr'mit'. da la bouture. En plantant obliquement (pourpermettra. 1. boutura d'absorbar l 1azata da llair, nouaexpliquait l'ing'nieur .9rana~. da la ferme 1orm' • ~antp.lli.r00 l'on cultiva la manioc aur papiar), l'une da. axtr'mit'.fini••ait par s'char et da toute façon na pouvait rian -donnar-.Enfin, 1•• arbuate. pou•••nt • partir da. boutura. plant'••oblique.ent 'tai.nt facil•••nt eMport'_ par.la vent.On noua excu.ara da 1. langueur de ce r'cit, qua1•• payeene ne noue ont livr' qu" la condition d'intarromprel'enregietrement M.gn'tique de le convera.tion (1). En r'elit.,noue n'avona v'cu cet 'pieode qu'eu moment aD, interrogeent la.p.yaana, noua evone co••ia 1. Neledreeae de laur eignifiar quela ver.ion qui noua aveit 't' fournie la veilla par laa-reepaneebles- ~teit diff'rente, noua avona f4illi faireconn.iseanee av sc le -col.r. peyaenn.-. Qu.nt aux reaponeablaaqua noua eo.aea all'. ravoir la lende.ein. ila ae eont bien adreffarc'a de noua conveincre qua l'adoption da la nouvellatecM"iqua (an feit 1_ techniqua payaenne en viguaur dapuia da.·eilcla.) 'tait 14 r'aultat d. -longua. et pati.ntee recherchee fteffectu'.e per le aervic. d. recherche de la ferme.(1) Signalone qua noua 4vane dae liene de perent' svec la plupertdee persannea qui ont pria part l c.tte conversation. Cam.equai. la confiance set d'abord une confiance de clas.e, carnl~tiona_naua pae • laure yeux un ~apprenti-baurgeai.­bureaucrate·, c'eet-l-di:a un candidat. le bourgeoisieburesucr.tique 7


- 353".>On peut noter. les pointssuivmts d.ans cet êpisode du .manioc.Si les paysans n'ant pas acceptë la 'technique qu'on VQU..lait leur ~oser.ils n-Iant pas non plus ma:ni.fes'tê la lDDindre appositiœ à 11intrt'lductiœde tracteurs dans la fel'tllC, sa:n:s doute parce que cette introduction alUgeaitleur t!dI.e. Ce fait porte l croire que les paysans acceptent certains61EJœn:ts de la modemiU. à conditions que ces êlêments n'aillent pas ll'encontre de Ieura int'rêts, Mais le fait cœ les psysans aient refus' latedmique qU'crl leur imposait est d'une grlDlde importance et ml!rite qu'an5 'y arrête,D'où vient l'obstination des paysans à refuser les tedmiquesimpos~s par les Tesponsables de la fenœ SCU9 les ordres desquels ilstnvaillent ? L'explication tient, à notre avis, au fait, maintes foissoulign6. que les producteut'5 directs du système agric;ole lignager (et lestravailleun dont il est question dans le rfcit en sortent l peine) malgréItexploitation et la oominatian qu'ils subissent, disposent d'une certainemarge dl autCll1ClllIÎe dans la-conception et la mise en oeuvre des tedmiques.Cette lIIlrge d'wtcnOllie çanstitue peur eux tm cantre pouvoir faisant faceà celui des dëtenteura du. pouvoir politique. d'oO le refus de s'en séparer.Un autl'e 6lfœnt d'expliçation tient au fait que le manioc est non seulementl'ali.Zllent de base. mais il est aussi le 5)'I!bole de toot lm passl histoTique.detout un ordre instaurf pu les anœtres qui ent favoris6 soo introdu.ctiatet sa diffusion. Ccame il n'est pas possible de séparer le manioc de sestethniques de culture. la tentative des "respm.s&bles" de la :feme deMantsCllJlbll ne pouvait qu'apparaitTe intoltt'3ble.Au-delà de la validité des.aplications qu'on vient de fournir,ce qui. apparait fortement dans l'épisode relad cf-dessus c'est un problêmede pouvoir. pouvoir de ccnœptfcn, de dëcr stcn, de cantrôle et audeU.pouvoir politique.


Un autre évènement survenu quelqœs années plus tôt dans larégion du Pool o::nfi:rme cette assertion. Il s'agit de ce que hs adminisu&­teurs coloniaux ont appelé "la guerre de, arachides". A. la suite d'un motd'oron lancé par la secte des ''mat3onanistes U en lutte centre l'administrationcoloniale, toote la population de cette région refusa d'adopterles nouvelles varinês sUectiarmées diffusée, par l'administration. Lemt d'ordre stipulait en autre que seule "l'aTChide des eaeëeree'' (enfait celle introduite en mS. temps que le manioc) devait être cultivée.Inutile de parler de la rigueur avec laquelle ce III:lt d'ordre fut observé,On le 'roi t , l'enjeu de ce, ëvëœeents , CCIlZIIIe de tous les precessussociaux et de l'auto-


- 355 -se tT'OllVenécessaîremmt dans le renveraeœnt de la bourgeoisie d'autrepart. Une fois ces deux classes dffinies, an 5 'arnmge peur insérer lereste des IDelfbres du cmps social dansl'1.D!lQU l'autre cfasse de façonil avoir deux pênes bien rets qui vent se Hvrer dans lme bataillé sansaDDiiUité. La difficulté apparait quand il faut trouver une petite placepour les paysans dans lime ou l'autre classe. On s'aperçoit alors qu'ilspossèdent leurs myens de production et sont malgré tout exploités parles capitalistes. La seule fa.;an de dêpasser l'aIlbiguite est de demanderaux paysans d'ftre les slliés de la classe ouvrière qui les émancipera.Ce œme mfca:nisme p::Ilitique conçu en occident est très vitetransférE aux pays saus·dfveloppês ~ qu'on apprend qœ lA-bas aussi,des milliers de gens !migrent 'Vers les villes en vue de vendre leur forcede travail. Ce sant en principe ces nouveaUlt prolétaires, qu'an euraât;belllJCClJP de malI d!finir cœme des prolétaires libres (puisque ccmœ anl'a w dans le cas du Congo, ils gardent la co-propriété de la tel"l"elignagare). qui doiwnt libfrer les paysans et toutes les autres couchesexploitees du joug iJrIp4!rlaliste. Seu1c=œnt. en 5'aperçoi't que ces prolftlliresn 1 ~ui.anntpas assez vite la ccn:sdenœ de classe ; en a be~ de malA les organiser en syndicats et en parti d1avant-aarde, 1 les œcaniseren quelqte sorte. La solutim consiste alOTS A poser ~ l'iJrIpfrialisœ'WDaI1t du "centre", les populations des pays sous-dfwloppés serent êmancrpëespar la classe owrdëre e..tI'Op&nne quand eUe aura canqtJis le pouvoir.De cette fa:;an, tmtt est centralisf : le muvement de libération est dirigépar un centre miqœ (les syndicats des pays ~wloppês).Mais les paysans et les oUVTiers des pays sous-développésvivent dans une rEalitë ceraceërâsëe par un faisceau de dcmi..natians irréductibleA la division de la société en deux ou trois classes principales.En nous situant par exemple au niveau du milieu rural, congolais. ou se rendvite cClq)te qt2 définir la ccntndiction pt'incipale comne étant cekle qui.oppose la paysannerie dans son ensenble au capital et 1 la ville qui lesyubolise est une &tonne réduction et que ccns rruaee œe stratépe politiquesur cette base peut conduire à des mêcamptes.


- -------- 356 -Que t:ouvonl-nOUI en effet de nI cette paysenneri••Si l'on .'en tient eux cet'gori•• util!.'•• jUlqu'ici on peutdietinguer 1•• cedet. qui lont exploit•• plr 1•• etn6. et 1••eepiteliat••• Mei. e1 on regard. bien. on .'aper;oit qUI permi1•• cedet., 11 y • d••••cllve. et d•• f ••m•• ,plrmi 1••e.cllv••, ~ y • d.' ho~. It de. f ....., d••••• 1•• e1"'.'nll.lrcant pee 1••a•• type d. pouvoir eur 1•• cad.t. quI 1••et"•• , etc. L•• 'ventu.ll•• It:I"9i•••••ttra ln oeuvradoivent donc rlpa••r lur CI fliec.eu de do_inltian. en 1_eon.idl:."t dan. tout••• COmpllxit. at non pe. In proc'dant• uni r'duction.San. "'gliglr l'importanci d. 1 1 0 r g l n i ••tionr'volutiannair., ll.ttention dlvrait Itr. port'. lur CI' farce.auta-tr.nafarwetric•••anif.at'•• p.r de. action. t~'. d~v.~••aqui n. .ont cert•• p•• or9.ni•••••y.t'••tiqu nt a un ••crOniv.au,.ai. Qui .anife.t.nt n'an-oina 1 aauc! d. rupture.v.c 1•• aod•• d'org.ni••tion doein.nt••t d'.ctu.li.ation de.pot.nti.lit•• individuell•••t coll.ctiv••• Si lion can.id~~.l'auto-d'v.lopp•••nt non p•• co~.. un proc•••ua a .ngag.r unefoie 1. pouvoir conquit ••i. ca... un••tr.t'gi. d. conquit. etda ranforca.ant d. ca pouvoir aaua toua ca. aepecta (pauwcir dad'cieion, pouvoir d. cont~el., pouvalr politiqu., pouvoir'cano-iqu.), on a'ap.rçait qua ce. actian...nif••tant da.d'vience••u.c.ptibl•• de ."ri9.~ .n tend.nc••


- 357QJNCLlISIQNIl r8 semble pas utile, auterse de cette recherche, de recenserles diff~rents résultats obtenus, ceux-cd arariri."Objet d'un rappel illa fin de chacun des chapitres ëecërës . Il faut cependant écarter la prétentiondl avoir ëpcdsë un thi!me aJ..lIqllel la nature des problèmes qui leconstituent imprime nëceesadreeent un caractère ouvert. Par ccnsëquent, aulieu de dresser un bilan, on va plutôt aDl)TCer la définition du noyau problématiqueautour dl..quel tourne la conception du d!veloprerrent qu'on afinalement définie. Trois ordres de proàlèœs th~riques,semblent être primrdiaux dans cette conception.intimement liés.1. Tous les efforts effectués le long de cette recherche ont SUrtout visé ilDmltrer que le développement par imitation n'est pas vêritablement led!vel~t. C'est un jeu de thé4tre, une mascarade qui débouchenêceâsafresent sur une situation crisique, avec tous les draœs qui lacaractérisent.Il est apparu de plus en plus nécessaire de reprendre leprobll!me du d!veloppeDent il partir du coeur de la réalité humaine, c'estil dire du système de Valeurs a~uel elle adhère, ce systi!me étant constituépar l'ensSlble des représentations que les b::mœs se font d'ewc.-uêœset du monde, C'est gdce au svsrëee de valeurs qu'ils peuvent preposerdes explications, tracer des vetes , indiquer un ordre et agir dans uncertain sens. Un système de valeurs s'intègre nécessairemmt dans unchamp culturel dynamique. IllCUVaIlt et canplexe et c'est il l' in:t~rieur dece champ que se posent les problèmes du développement. En effet, laconviction acquise au cours de cette recherche est que le développementne peut être concrètement défini !X'Ur un peup le que par ce peuple. dansle langage de sa culture. Si l'on entend par culture la série de réponsesque les meui:lres d'un ~ concret donnent aux problêmes qu rils posent11 tous les niveaux et dans tous les secteurs de leur vie individuelleet collective, on est condui t il attacher l' :iJlIportance la plus grandeaux critêrea qui dëterminent le champ culturel au sein du:ruel il fautréintégrer les critères technologiques et idéologiques.


---~---------~-~ .3sa -te dëvetcpceœnt, avons-nous vu, est un processus de chsngementsocial, un 1l'<strong>DU</strong>V'eIIImt et non lŒ1 état. Ce III:IUV'eDIent prend fonne de façondifférente dans le temps et dans l'espace 1 en fonction des variables écologiqueset culturelles. On peut considérer la culture et le système de valeurscœme censtft:l.U!s de différences spêcifiques et de différences associées.Les différences spécifiques sont celles qui appanierment ~l'essence mêmede la culture ou du système de valeurs consddérës, c'est sur elles que reposela disti.nc:tian de la culture considérée avec les autres cultures.Les différences associées peuvent ê'tre soit les constituan:ts d'un synèmede valeurs potentiels, soit des diffénmces diachncniques. c'est il diredes différences relevant d'eaœes ~dmes de valeurs ou d'aucun. ~têmede valeurs. mais qui tiennent cependant tm rtIle dans le systêDe de valeursconsidéré. La dynamique du développement peut dès Ion se ccnœvcfr camneIr actualisation et la synduunisation des valeurs potentielles et des valeursdiachroniques il partir des valeurs spécifiques. Le problèœ est alors desavoir l! quelles conditions cette actualisation et cette synchrani.sationpeuvent intervenir.Il faut noter qu'il n'y a o.ù.ture que lorsque l'enserrble desréponses qui la constituent est reconnu cœme approprié par le groupe hunainconsidéré et tend li s'organiser en cohérence par rapport au ~tène devaleurs de ce groupe. D'autre part, ce n'est que dans la pleine possessionde sa culture qu'un groupe peut se vouloir responsable de son dMloppsentOn. peut bien sOr avancer. 0JllI0e on l'a fait jusqu'ici, que la condit:ionpremière et le facteur dëteraânant de cette lIppropttation c'est l'autancmiedu groupe. de ses membres et surtout des producteurs directs. Hais cetteaffimation est insuffisante. Le plus i.mportant, nous semble-t-il, est ladétection, la connaissance et la prise en cceeee des critères en fonctiondesquels les nenbres du corps social et notaJm'ent les producteurs dfrectaintêgrent telle ou telle valeur dans leur univers culturel.


- 359 -2. La culture et le dëvetcppeœnt étant réponse aux problèmes hLDnains, lesfacteurs d6tenninant le dynamiSlll! culturel et le processus de dëvetoppementdoivent être cherchés avant tout dans l'I!volution du système desbesoins. Dans le cas concret qu'on a é'tUdi!, le systène des besoinsSiarticulait principalement autour de la recherche de l'optÎJlUD dfmographiquequi constituait la fin daninante et de l'mto-subsistanee. Avecl'instauration du systœ capitaliste, le dEvelcppesœnt des besoinss'opère sous la contrainte de la valeur d'échange et de la recherchedu profit max:im.:m par les capit:a1istes. Le capital êtant actuellenmt laréalitê daninante, on pourrait, CcmJle le font les marxistes, poser quela condition première pour l'orientation du système des besoins versl'auto-dêveloppement est le ~érisseœntde la valeur d'!change. Cependant,dans la mesure oQ on peut d!celer dans la fomation sociale desmicro-stratêgi.es mises en oeuvre par des néments s' opposant ~la fois~ la d6termination lignagère et ~ la détermination capitaliste des besoins,il convient de chet'Cher les facteurs de tnnsfoTmation dusystème desbesoins _ trene'ar.etian orient'e vera l'euta-d'veloppement _ ~.nace••icra-.tret'9i•••3. La culture, telle qu'elle a !t! d6finie plus haut, a une dimension technicoêcor:u:mique.Répondre 81DC prcbtêœs fwmains suppose en effet une certaineconnaissance de la matière et l'ex:is'tenCe de myenspermettant de lamanipuler. Hais, caDpte term de ce qu'on a dit de la technologie daninante,le problème qui se pose dcd est celui de la technologie alternative. Cettedernière ne peut, l notre ms, ê'rre d6finie et développée que par l'êtuie:de ce qu'on pourrait appeler la "culture technique et ëccncafque spontanée".Il s'agit de l'ensemble des cClln&Îssances et des conduites intellectuelleset ges'tUelles que les producteurs directs acquièrentspontanêlœnt, dans la resolution de leurs probtëœs, L'êtude de la genèsede ces pratiques et de cette culw:re passe par celle de la crêatdvttëet de l'apprentissage de cette culture, et donc du systi!Tœ de fomstion.Elle suppose l'ïnvent:a.ire des conduites ee mécanisnes réels de la penséedans le travail et les conduites ëcœœdcues , Cette culture s-cpposenécessairenent ~ la connaissance rationnelle, scientifique, parce qu'elle


- - ~--- ~--- ---- - -~ -- - --~----_.-------- 360 -est "çoSi1lJbiologique" en ce sens qu'au lieu de poser, carme le fait lesvsrëre scientifique dcmina.nt, que la meilleure façon de comprendre uner~alitê complexe .c'est d'en isoler les divers constituants, elle considèreque la réalité fondamentale est la Vie, chaque lUl!men.t Vivant. et singulièrementl 'hoJDne , étant tnetos dans le grand ensenble cosatque auquelil participe ; ainsi les e~lications sant" chercher dans la globabilitê;il faut partir du tout pour rendre ccmpte des parties.Ce qui .!pp8:rait " travers cette esquisse du noyau problématiquede l'auto-développement, c'est la nkessitfi de SOUII'ettre les systèlœsthéoriques awc. systèmes ccnerets • En effet, l 'çprofondissement des questionsthéoriques qui viennent d'être soulevées n'est possible qu'a conditionde reposer sur des ëeœes minitieuses de cas concrets a l'intérieur, dessysti!mes sociaux et des populations concernés. En outre, cet approfondissaœnt.dans la mesure 0.1. il vise la dl!mystifiation et la nëgattcn dusysti!lœ th60rique dominant, l'evllt nëeessetreeeee lD1 caractère conflictuelc'est une lutte thfiorique.Il est fvident que la lutte thêorique ne peut pas à elleseule permettre la libération des pays sous-dlveloppfs et l'autodéveloppementdes producteun directs. Elle doit s'articuler aux deux:autres formes SCU5 lesquelles s~ présente la lutte des çlasses, à savoirla lutte politique et la lutte ëccnœuque, La lutte des classes consti'tUeen. effet le facteur dftenninant de cette libération. Il ~rte cependantde souligner la place stradgique de la lutte thêorique, car, elle seuleest capable de conférer a. la lutt.e économique paysazme et prolétariennesa véritable diJœnsion qui exige une conscience politique.


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T A BLE DES MAT [ E RESPAGESINI'ROtocl'IONPROOERE PlJrrIE : <strong>LA</strong> STAIIILITE DANS LES SYSl1'>1ES AGRIalLES 31ANTECAPITALISIOSChapitre 1 : Le~ti!lDe agricole lignaser : s'tnl:tures~tuantes et procè,..--ae j)fôë1ïJëtionots34Section 1: L'agricul'tUre prop!eœrlt dite361• 1. L' i.nfra.strocture1.1.1. Les forces oroductives mat6rielles1. , . 1•1. L' uni. t6 de pro:fuction1.1 . 1•Z. Les D:Jyens de production1.1.2. Les a~osystêmes1.1.2.1. Les espèces cultivées1.1. 2.2. I.es types de champ1.2. Le sous-SV'Sti!lDe de culture1.2.1. L'organisation du. travail1.2.1.1. Le calendrier liTicole1. Z. , .2. La division du travail1.2.Z. Les arrations culturales1.2.2.1. Le choix des sols, .2.2. Z. La' préparation des champs1.Z.2.3. La mise en terre des espèces1.2.2.4. L'errrretden des champs1.Z.2.s. La récolte3637373939394144454547494949515152


------------1.2.3. L'agencement des cultures1.2.3.1. Dans le temps1.2.3.2. Dans l'espacePAGES535354Section 2 : Les autres constituants du systême agricole2.1. Les activités basêes !Ur l'acquisition 562.1 . 1. La e:ueillette S62.1.1.1. Les espèces cueillies S62.1.2.2. Techniques et principes d'acquisition 572.1.2. La chasse S92.1.2.1. Les chasses collectives S92.1.2.2. Les techniques individuelles 612.1.3.Lapkhe 62Z. 1•.3.1. Les tedmi.ques 622.1.3.2. Unités de production et importancescctaie de la chasse et de la pkhe 642.2. La daDestication des espèces végttales et animales 6S2.2.1. L'arboriculture 652.2.1.1. Les espèces domestiquées 6S2.2.1.2. Contenu des techniques arboTicoleset signification socio-économiquede l'arbcrdculture 662.2.2. L'élevage 67


PAGESSection 3 : L' articulation des structures 683.1. L'organisation interne 683.1.1. Les principes daDinants 693.1.1.1. La diversit~ structurale 693.1.1.2. La .llI11tifonc.tionnalitE des structures 693.1.2. Travail agricole et symbolisation 103.1 .2.1. La dialectique de l'effieacieë etdu symbole 703.1.2.2. Contenu des techniques et symbolisation 723.2. Agtio.ùtun et êconami.e globale 133.2.1. Les autres activitês êccnamiques 743.2.1.1. L'artisanat 743.2.1.2. Le camwerce 163.2.2. L'articulation du système agricole avecl'artisanat et le commerce 773.Z.2.1. La similitude de l'organisation interne 773.2.2.2. La. compl&lenta'I'ité des structures 78Chapitre 2~ interne, facteurs d'éclatementet ' âdâputl.on dû SYStèlîlê 81Section 1 : Le scus-système foncier 811.1. Niveaux d' accès l la terre et stroc'tUration dudomaine foncier 821.1.1. L'organisation familiale 82


PAGES1.1.1.1. Clans et: lignages· 821.1.1.2. Le village 831.1.2. La répartit:ion des terres 84.1.1.2.1. L'unité foncière de base 841.1.2.2. L'imbTication des teTTes 851.2. Les principes fonciers 861.2.1. Le statut de la terre 861.2.1.1. La tet-re çœme base matérielle del'existence 861.2.1.2. La terre c:cmDe support symboliquedes groupements 871.2.2. Les rapports fonciers întra-lignagers 881.2.2.1. Le caractère collectif de la propriétéfoncière 881.2.2.2. Les droits d'usage 891.2.2.3. Droits individuels et droits çol1ectifs 901.2.3. L'inaliénabilité de la terre 911.2.3.1. ExclusiviSllle et endo-aliénation 921.2.;.2. Emphytl!ose et donation 9;SeCtion 2 Capaeitésproductive" rappor-ts de productionet reproouction dü systêfDe9S2.1. La reproduction de la force de travail 9S2.1.1. La subsistance 952.1.1.1. La couver-ture des besoins alimentaires 9S2.1.1.2. Les autres aspects de la subsistance 96


- --_.-..- --'~--'- --_._-._--- -..- ..PAGES2..1 • Z. La reproduc:tion des unités de production 97'Z.l . Z.1. AppLOptiation et affectation du~l~ 972.1.2.Z. Les fondemmts du pouvoir lignager 992.1.2.3. Exploitation et IepIOduction des unit!sde production. 1012.2. La reproduction des autres facteurs de produ;tion 1022.2.1. La reproduc.t1on des teclmiques 102Z.Z.1.1. La transnission des connaissam:eset du savoir-faire 1022.Z.1.2. Systême agricole et densité depopulation 1032.2.2. La reproduction des syst!mes kologiques 111Z.2.Z.1. Techniques agricoles et risquesde dégndation des I!cQ$Yst!mes1112.2.2.2. Syutolisme et gestion. des écosysti!!mes 1122.3. Apparition de l ''Etat et teptoduction du système 11S2.3.1. Les seeœeœes êtatiques 1162.3.1.1. L'organisation politique 1162.3.1.1. La nouvelle stratification so


PAGESSection 3 : La rationalitl! du système 1193.1. La rationalité ilobale 1203.1.1. Fin dœùnante et cohérence structurale 1203.1.2. Ordonnancsent des rationalités et placede l '~onœique 1233.2. La rationalité sur le plan de la reprcdacetcndes pt'Oducteurs 1263.2.1. Exploitation et degré d'assujetissementde:li producteursH63 . .2.Z. Contenu du travail et auto'1"rodu::tiondu producteur 127Chapitre iDialectique de la synchronie et de ladiâëhïîJiîie et extraversion dû systl!iîîë 130Section 1Le c1:lan2eœn.t du contenu de la diachroniedû systêDîë 1311• 1. La dttistianisa:tion1.1 .1. Mkanismes et significa.ticms1•1•.2. Les retanbées de la. christianisation1311341341.2. L'introduction d'espèces nouvelles1.2.1. Les espaçes introduitesl •2.2. Lradaptation du systène135135136


- --------PAGES1.3. L'instauration de l'éconanie de traite1.3.1. La traite des esc.laves1.3.1.1. Mêcani.smes et êvolution1391391391.3.l.2. Ponction dézlJgraphique et reproductiondu système agricole 1411.3.2. La traite des pTOduits 1421.3.2.1. La nature des produits exporeës 1421.3.2.2. Les conséquences écologiques 142Section ZImplantation capitaliste et ''blocage'' dusxsdriië agncou - 1452.'. L'échec de la preeaêre tentative d'implantationdu M.P.C. dans l'agriculture 1452.1.1. La rEdul:tion de l'espace agricole lignager 1462.1.2. Nature du capital cœmercial et 147expIaitation destructrice des ressourcesnaturelles2.1.2.1. Les obstacles A l'instauration du MPC 1472.1.2.Z. L'intensification de l'éconaniede cueillette 149Z.2. Et;latement du cadre .'_....."...i ....nc. e"tsoumission du système agricole au capital 1522.2.1. L'affaiblissement de la superstructurelignagêre 1532.2.1.1. L'tmpat de capitation 1532.2.1.2. Le portage 1542.Z.1.3. Les prestations en nourriture 155


----------PAGES2.2.Z. La subordination du système a.gricoleau MPC 1562.2.2.1. La traJu;fonœ.tion de la force detnvail en marchandises 1562.2.2.Z. La coa:mercialisa.tion fcrcëe desproduits1592.2.3. La nature du bocage 162.2.2.3.1. L'l§touffeaent de la dynamique interne 163Z.2.3.2. La nan~transfotm!ltion des techniqueSde produ:tion 164Section:5Genèse et dêveloppement de la petite productionmarchâridë 1653.1. L'exode roral : causes et évolution 1663.1.1. Anugonisœ cadees-aînës et extension dusy3t!me capitaliste 166:5.1 •.2. La nature de l'mgration 1673.2. L'impact de la demande alimentaire urbaine surle système agricole ~ 713.2.1. L' apparitian de la petite productionmarchande 171:5 •.2.1.1. Le d!veloppement des culturesmaratchêns 1723.2.1.2. Le ravitaillement des villes enproduits vivriers traditionnels 1743.2.2. Les progrès de la P.P.M. en milieu rural 1763.3. Le déve10ppsent des cultures iJxiustrielleset d'exportation 1783.3.1. Espèces concernées et œdes de diffusion 178


•PAGES3.3.2. L'intégration au système agricole.3 •.3.2.1. La 0J.1ture de l'arachide3.3.2.2. Le système de plantation3.3.3. La contribution au développement dela petite production marchande17817918018Z3.3.3.1. La participation des populationsA la promot.ion des 0Jlturesindustrielles et d'exportation 1823.3.3.2. Evolution de la production et dela cClllDet'Cialisation 183Chapitre 4ReSréssion du SYStème miCOle ~et'et conclusion sur la 5 tiit! essysti!mës agricoles anteê.apiiâlistes 187Section 1 : La petvenion des rapportJ sociaux 1871.1. La 1'estTU:turl1tion de l'espace agricole 1881.1.1. Le regroupement d•• wi.1.1Ag.. 1881.1.2. ~s de l'agric:ulture etdisparités rfgionales 192, .Z. La déna:turation des rappons fonciers 1921.2.1. L'apparition de la rente différentielle 1921.2.2. L'aliénation de la terre 1951.Z.3. Le nouveau rôle de la terre 1971.3. Caractêres daminés de la stratégie lignagêreet mode d'appropriation et d'affectation dusurplus 1991.3.1. Le recul de l'auto-subsistance 1991.3.2. Transfert de valeurs et"intensification"du travail agricoleZOO


--_.-----------PAGES1.3.3. Affectation du surplus et productivitêagrdco.le 202Section 2Décadence des techniques et dégradationdl' .e..y.t....ZQ42.1. L'exploitation du milieu urbain et. suburbain 2052.1.1. Les OJ1tures urbaines et suburbaines 2052. t .2.L.'.xplaJ.t . 't1an du -.ll1.u. • qu.tiqu. 2072.1.2.1. La fausse diversité des techniques 2082.1.2.2.''L'cvrnish.ing''ou surpkhe 2092.' .3. Le ravitailll!mSlt en bois 2112.2. Extraversion du système agricole et Eeptoductiondes tec.hn1ques en milieu roral 2122.2. 1. Effets de l'affaiblissement de lasuperstructure sur les techniques 2122.2.1.1. L'abandon des techniques collectives 2122.2.1.2. L'appauvrissement des techniques 2142.2.2. Prod1.Jc.tion lIIlIl"Ch8J1de et inadlquation destechniques antéca:pitalistes 2142.2.2.1. La r!cU:tion de la jac.hêre 2152.2.2.2. Les autres fomes de la décadencedes techniques 217


......PAGESSectien 3 : C9nclulian sur l~ Itabilit' d~n! l~,syst~~aa aqricolsa 8nt.capitelist~s 2193.1. Rationelit' at ttebilit. 2203.1.1. La nouv'lla fonction da pr'f'ranca 2203.1.2. ardonnenca~ant dea rationelit'a,coh'r.nc. atructurela at atebilit' 2233.2. Stabilit' at auta-ra~roduction 2263.2.1. Syaboli••• at atabilit' 2263.2.2. La r~la d'tarminant da l'autonomie 228D.uxitm. Perti. 1SYSTEMES AGRICOLES ALTERNATIFSET PROBLEMATIQUE <strong>DU</strong> DEVELOPPEMENT 233( __aitra 5 1 L'agriculture cepitalist.S.ction 1 , Le procI"H' da ~iaa ,n plac! del'egriculture capitel1,te1.1. La coloni.ation agricola1.1.1. L•• 'tapaa23523S2362361.1.1.1. Laa pra.i.ra aaeaia da _i.ean valaur agricola 2361.1.1.2. La ru'e vera Rle vall'aheureua.- 2381.1.2. L"chec partiel da la colonieation 2411.1.2.1. Lee ob.taclae • l'i.plantatiand. l'egriculture capitaliete2411.1.2.2. La raconvaraion daa a~ploitationa2431.2. Capital 'tatiqua nlo_coloni.l etprOduction egricol. 2461.2.1. Originea at .ttributiona de.antr.pria•• at f.rma. agricolaed'Etat 2461.2.1.1. Rlcuplration. n.tioneli••tion.t cr'etion 246


- ------ ------PAGES1.2.1.2. Le rel, da••ntr.~ri~e~ etferme. agrical•• d'Etat 2481.2.2. Mod. d. fonctionnement et 'volution 2491.2.2.1. L. maintien de. crit.;••c.~it.li.t•• 2491.2.1.2. L'atrophia da. entr.pri•••et farma. agricol•• dlEt.t 250Section 2 1 ContInu dl' technique, agr1cole,capitaliata, _t lau••d'v.lgpp.mant 2532.1. La, co.po••nt•• du loua••yattma technique 2542.1.1. La .p'ci.lt••tian de••xploitation._t d•• "pac.. 2542.1.1.1. L. pr'da.tnancl d. 1•• onoproductton 2542.1.1.2. La ph'no.tna da concantrltiond,••rttficatian2562.1.? M'clnt••tian Igricola _t faibledivarait' d•• techniQu•• 2572572.1.2.2. L'uniformisation da. technique. 2592.2.1.1. L•• rand.manta 'gricolee 2612.2.1.2. La caur~e eu d"richement 2622.2.2. Rationalit' cep~t.liate, cantanudu travail et rapraductian dae'coeyet.~.e 2622.2.2~'~ La m'cenis.tian du trevailagricale 2622~2~2~2. Laa cane'quenc•• 'calogiquee 266


---- -~~--_._-----_.PAGESCh,pitn Ej2722731.1. L'.nc.d%.m.n~ de la petite p:aductian..renaoda 8gricole21J1.1.1. D•••aci'~'. da P%'vay.nci lUXcintra. dl ecopAr.tian ruzele 2741.2. Le tent.tive de con,titutian d'unebour;lailil rur.l.2aO1.2.2. L'apparition d'entrepris••coo;0111••• -MOdern••- 2821.3.2.2. D'velopp•••nt rural 1nt'9%'.t pra.otion caop'r.tivi 287~.ctipn 2 1 Bal.tipn••ntr, egricyltyr•• çO~M';C''$ indy.,;!, en 6conoMi. cIRitali.t.dg'in" 2912.1. Le co•••:C111i'.t100 de. produitsIgricol.. 2912.1.1. Extravlrltan da l'.coDomie Dt.tructuretian d. ll"plce 2922.1.1.1. L' i n1r a. t r uct ur . de tren.part 2922.1.1.2. L'inclav•••nt du milieu rurel 2942.1.2. Syet•••• d. ;0...:c111i••tion st'valutian d. l'.9ricultur. 295


PAGES3.1.2.1. 50c1't6. priv6.s, arglllnismee6tetiqu•••t petitscommerçante 2952,1.2.2. L'impect au; l'e9riculture 2972.Z•. L 1erticulation d. 11.9ricul~r••l'indu.trie2992.2.1. L•• industri•••gricol•••t.1111111"t81r•• 2992993002.2.2. L. ~ad. ep6ci1ique d. do~i".tiQnd. l'egriculture ~r l'industrie 303Chapit;, VII 1 Y'f' une nouv,ll. prQbl,~.t;9u,du d'v.lqppement 306Section 1 1 L. paredigM8 PFodystivi.ts 1 grigine,.contenu et impliceti9"' 3071.1. Mythologie productiviate _t 96"6.1091.du d'Y.1Qpp.~.nt 3071.1.1.1. l'-illusian asymptotique- .tle 1.nt.... du cantrel. tatelpa; le technologie1.1.1.2. L. ;6ductian ..th6metique d.la ;6.11'6 et la mytheeuphorique d. la c;oi•••nca30B31D1.1.2. De llid'alagie du prag:'. a c.ll.du d'v.lappe..nt 3121.1.2.1. Ca.pereti••• et d"initiandu mad.l. de r"6rence 3121.1.2.Z. Tren••ie.ian de la croise.nc.,du.lie.. .t d'veloppe~entinduit1.2. Crise du d'velapp.~ent et incertitudep.redigmetiQueJ13J1S


-POGES1.2.1. Carenc•• explicativ.8 et fausse.alt'~it~. th~ariqu.. 3161.2.1.1. Le ayet••• explicatif 3161.2.1.2. Approche. alternative. dud'valapp...nt et par.tatane.du par.diQ•• praductiviateJ,a1.2.2. le. d'vianc•• r'v'letric•• d.tend.nc•• 324t.2.2.1. Hypertrophie technique etatraphi. d. la ba.. 3241.2.2.2. Pourri•••~.nt du par.diQ"et "'c•••it' d. la n'9atlon 3272.1. L'••c••• conceptuelle JZ92.1.1. Le concept d'auta-d'velapp•••nt 1d'finition et i.plicatiane th'oriqu•• 3302.1.1.1. Nature et fin_lit' de l'autod'velopp...nt3302.1.1.2. Approcha et .ppr'ciatton duproc•••ue 3322.t.2. Auta-d'velopp•••nt et approche.voiein.. 3362.1.2.1. Le -d'velopp...nt • 1. b•••• 3362.t.2.2. L'tcadtv.lapp•••~t 3372.1.2.3. Perticip.tionnie.e .ta"togeatian 3382.2. L•• condition. d. l'auto-dtvelapp...nt 1epplication • l'agricultur. cangolaiea 339340340


.'-"",~._------~-_ ...PAGES2.2.1.2. Lee evatars du eyetèmeliqnaqer 3422.2.2. La remodelatian de. structureeproductive. 3432.2.2.1. Lt1n~r.v.r.1on 'conomiqua 3432.2.2.2. La n'c•••i't' de labiologieaiian3452.2.3. La dimeneion pQliti~u. 3482.2.3.1. L'enjeu de l'auta_d6valap_p•••nt 3482.2.3.2. L•• farc•••u~a-tran.form._tric.. 354Ccnclu.ig" •Biblip9upni••3S7361\

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