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Année scolaire 2012/2013无 锡MillenniumHotel Wuxi– Provincedu Jiangsu- Chine千 禧大 酒店Campus Du Havrecamille.beaune@sciences-po.orgCe rapport de stage peut être laissé à la disposition des étudiants, enparticuliers de ceux souhaitant partir avec CFP Asie.BeaunéCamille柯 米


SommairePage | 2Introduction ……………………………………………………………………….. Page 3I- Présentation du contexte ……………………………………………… Page 51) La ville ……………………………………………………………………… Page 52) L’entreprise …………………………………………………………………. Page 7II- CFP Asie – Inconvénients et avantages ……………………………… Page 81) Ne pas se reposer sur les intermédiaires ……………………………………. Page 82) Un programme intéressant du point de vue de l’échange culturel ………….. Page 11III- L’enjeu du stage : s’intégrer dans une grande entreprise chinoise … Page 121) Quelques barrières à mon intégration ………………………………………. Page 122) Les clefs de mon adaptation ………………………………………………… Page 13IV- Descriptif de ma mission ……………………………………………… Page 141) Veiller au bon ordre de l’Executive Lounge ………………………………… Page 142) Assurer une bonne communication avec les clients ………………………… Page 15V- Attitude à adopter en Chine en tant qu’étrangère …………………… Page 17VI- Réflexions sur la vie en Chine …………………………………………. Page 19Conclusion ………………………………………………………………………….. Page 21Annexe ……………………………………………………………………………… Page 23Budget ………………………………………………………………………………… Page 23Visa …………………………………………………………………………………… Page 23Inscription à la police à l’arrivée ……………………………………………………… Page 24Logement ……………………………………………………………………………... Page 24Rencontre avec l’entreprise …………………………………………………………… Page 25


IntroductionPage | 3Dès mon arrivée en première année à <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong>, j’avais décidé que ma troisièmeannée aurait pour forme un stage en Chine et ce pour plusieurs raisons. J’ai suivi les deuxpremières années du Collège Universitaire au campus du Havre et ai choisi comme langue leChinois, une langue qui pourrait me servir si je veux travailler dans la diplomatie oul’humanitaire (à ma connaissance, 30% de la population chinoise est rurale et vit dans uneextrême pauvreté, la Chine est l’un des six pays où il y a le plus d’individus qui souffrent dela faim dans le monde, il y a donc de quoi y développer un commerce plus équitable). Jevoulais donc aller en Chine pour ma troisième année afin d’avoir l’opportunité d’améliorermon niveau dans cette langue difficile.J’ai décidé de faire un stage plutôt que d’aller à l’université car, premièrement, lesétudiants ne parlant pas couramment chinois en Chine ne peuvent pas prendre d’autres coursque le chinois. Je vois une langue comme un outil et non pas une matière en soi, j’ai préféréme donner comme consigne d’étudier le chinois en parallèle de mon stage et en parlant avecdes Chinois. Mais surtout, je considérais qu’une expérience professionnelle en Chine seraitd’un meilleur effet sur mon CV qu’une année d’étude de plus dans une université, aussiprestigieuse soit-elle. En choisissant un stage plutôt qu’une année d’étude, je souhaitais meconfronter à des situations plus difficiles, devoir gérer la pression au travail, car il y a plus deconséquences lorsque l’on fait une erreur professionnelle que lorsque l’on rend une mauvaisecopie, et fréquenter des personnes plus matures qu’un étudiant, ce qui m’obligerait à devenirplus mature moi aussi. Mon objectif après mon master est de trouver un travail dans ledomaine de l’humanitaire ; pour ce genre de travail je pense qu’il faut faire preuve debeaucoup de maturité, de capacité à prendre le risque de se trouver en difficulté. Or, passer matroisième année dans une université me semblait offrir un sentiment trop sécurisant pour êtreréellement valorisant.J’ai trouvé mon stage à Millennium Hotel Wuxi, dans la position de Guest RelationOfficer, par le biais de CFP Asie, une organisation française dont le but est de faciliterl’intégration d’étudiants français dans des entreprises chinoises, dirigées par des Chinois,alors que la majorité des étudiants qui font des stages en Chine vont plutôt dans desentreprises étrangères. J’ai d’abord accepté ce stage qui n’a rien à voir avec l’humanitaire carj’avais un problème qui m’handicape depuis le début de ma scolarité et que l’on m’a encoretrop souvent reproché depuis que je suis arrivée à <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong> : je présentais très mal à l’oral.


Page | 4Je ne supportais la pression de devoir apporter une réponse correcte, avec le ton de voixcorrect et un langage corporel neutre à quelqu’un qui a des attentes exigeantes ; On m’areproché de tellement montrer que j’étais mal à l’aise que mes paroles, pourtant justes, en étaittotalement décrédibilisées. C’est pourquoi ce poste, qui exige que je satisfasse lesinterrogations ou les plaintes de clients exigeants puisque dans un hôtel cinq étoiles, m’asemblé un bon entraînement pour apprendre à répondre de manière efficace sans que le stressne se voit sur mon visage.Un autre objectif était de travailler dans une entreprise avec une culture totalementdifférente de la mienne. L’hôtel Millennium de Wuxi était par une écrasante majorité dirigépar des Chinois, et ses quelques autres employés étrangers l’ont quitté au cours de mon stage.Je pense donc qu’on peut considérer que j’ai travaillé dans un milieu exclusivement chinois, àun poste où le relationnel est particulièrement important. Il a aussi fallu que je sois capable detravailler (recevoir des ordres, transmettre des informations) dans une langue que je parlais àpeine (je n’ai commencé le chinois qu’en première année de <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong>), donc decomprendre vite avec peu d’éléments (le peu de mots que je comprenais). Mon objectif était,en plus d’améliorer mon niveau de langue, d’apprendre à m’adapter à un univers qui m’étaitcomplètement inconnu, le monde du travail chinois, et d’y obtenir des résultats que mescollègues et supérieurs jugeraient satisfaisants. Je compte me servir de cette expérienceparticulière pour, après mon master, travailler dans des pays en voie de développement, avecdes personnes qui n’auront absolument pas reçu une éducation à la mode occidentale commela plupart de mes camarades de <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong> étrangers, et d’arriver à créer des liens pour unecoopération fructueuse malgré nos différentes manières de faire et les problèmes dus à lalangue.Enfin, j’ai très vite compris qu’en Chine, en tant que stagiaire étrangère ne parlant pascouramment la langue, mon statut était un peu spécial et qu’à ça aussi, il faudrait que jem’adapte. Dans un pays où le respect de la hiérarchie est primordial, la place du stagiaire estpetite, peu importe le niveau d’études. De plus, la hiérarchie chinoise est habituée à une maind’œuvre docile, qui ne va pas taper du poing pour obtenir un poste à plus hautesresponsabilités, un plus haut salaire… En tant que stagiaire dans une entreprise qui n’est pashabituée à accueillir des employés sans expérience qui ne parlent pas couramment chinois, ilm’a été impossible d’avoir accès à toutes les formations que les nouveaux employés reçoiventhabituellement. Il a donc fallu que je m’adapte à ce contexte où le seul moyen d’évoluer dansmon stage était de montrer, jour après jour, une fiabilité dans mon travail, et de réitérer


Page | 5poliment des demandes de formation adaptée à mon handicap linguistique (et au leur, d’unecertaine manière). Du fait de l’incapacité d’avoir accès à l’intégralité des formations les plustechniques (sur l’utilisation de logiciel chinois par exemple), j’ai donc dû me trouver uneplace un peu spéciale dans cet hôtel pour être le plus utile possible.I. Présentation du contexte1. La villeWuxi est une ville de taille moyenne pour la Chine, d’environ six millions d’habitants etd’une superficie de 4 627 km 2 . Elle fait partie des plus grandes villes de la province duJiangsu, province limitrophe de Shanghai. En fait, Wuxi est probablement un exemple typiquede ces villes en Chine qui ne se sont développées que grâce à sa proximité avec la mer et auxterrains vagues l’environnant, facilement exploitables pour y implanter de grandes industries.Des clients de l’hôtel Millenium qui travaillent avec la Chine depuis des années m’ont confiéque vingt ans auparavant, Wuxi n’était rien d’autre que la campagne, tout y était à faire. Vingtans, c’est en effet l’âge qu’a le quartier dans lequel j’habite et travaille, New District enanglais. Avant la nouvelle année, je pouvais voir sur des bâtiments en construction de grandesaffiches souhaitant un « joyeux anniversaire » à ce quartier né en 1992, comme moi !A quoi ressemble une ville chinoise bâtie uniquement pour les besoins du développementindustriel ? Je sais que toutes les villes chinoises, Pékin et Shanghai incluses, donnentl’impression d’être constamment en travaux, des rues sont refaites, des tramways aménagés,des bâtiments (re)construits. Mais je pense que les carrés de terrains vagues réservés à laconstruction de nouvelles usines où gratte-ciels comme je peux en trouver partout dans monquartier sont plus typiques des villes industrielles. L’hôtel Millenium est situé juste entre unesérie de gratte-ciels – bureaux d’entreprises – et les usines du New District. Des fenêtres dudernier étage de l’hôtel, on peut voir cette étendue sans fin d’industries, d’autant plusimpressionnante qu’on ne voit pas la séparation de la terre et du ciel, brouillée par la pollutionqu’engendrent ces centaines d’usines.Dans les guides touristiques, Wuxi est vendue comme une cité à l’histoire très ancienne.En réalité, peu de ces places touristiques sont vraiment très anciennes. Il y a bien sûr le vieuxWuxi et son temple, ainsi que quelques parcs, mais la plupart des places touristiques, enparticulier celles du centre de la ville, ont été construite dans les années 1990-2000. J’ai


Page | 6ressenti une déception de découvrir une espèce de « vide culturel » lorsque, en allant mepromener au « Temple Chong’An », j’ai découvert que ce qui avait la forme et le nom d’untemple était en réalité un magasin de bijoux de luxe construit dans les années 2000, entouréd’un immense centre commercial encore en partie en cours de construction et dont uneénorme partie des emplacements pour magasins terminés n’étaient pas encore occupés.Partout dans la ville, il y a ce genre d’énormes centres commerciaux en plein air, avec desbâtiments sur plusieurs étages aux allures antiques mais qui n’ont pour but que d’accueillirdes magasins, et dont une partie non négligeable est encore vide de boutiquiers. Je me suisdemandée si les investisseurs de ces immenses temples du commerces ne verraient jamais leurinvestissement fructifié, si la consommation chinoise poussera un jour à une telle frénésie queces places deviendront rentables.La population de Wuxi est aussi typique d’une ville chinoise industrielle. Comme Wuxin’était qu’un « village » il y a une vingtaine d’années, un nombre relativement restreint de seshabitants sont vraiment originaires de cette ville et en parlent le dialecte. La majorité desemployés de l’hôtel Millenium sont ainsi originaires des provinces plus au centre de la Chine,dans des régions qui ne sont pas développées, et font partie de ces millions de travailleursmigrants chinois qui viennent chercher le travail là où il est, non loin des côtes maritimes. Cequi est un avantage pour moi, c’est que la plupart des travailleurs migrants, puisqu’ils ont dûse déplacer pour trouver un travail satisfaisant, ont pris l’habitude de s’exprimer dans unmandarin plutôt standard et ne parlent pas le dialecte de Wuxi, qui n’a rien à voir avec lechinois. Dans la rue aussi, même dans les petits restaurants, les gens que je rencontre ne sontpas originaires de cette ville mais ont été attirés par les activités que générait l’investissementindustriel.J’ai eu l’occasion d’aller dans ce que les Chinois appellent « la campagne » de Wuxi, enbordure de la ville, entourée principalement de champs destinés à des activités agricoles. Làaussi, j’ai été surprise de voir que les « villageois » vivent dans des immeubles hauts de plusde dix étages (mais sans ascenseur) alors que des collègues qui viennent de la campagne ducentre de la Chine m’ont montré des photographies de leurs maisons, qui sont bien desmaisons sans étages. Les « villageois » de Wuxi qui m’avaient invitée m’ont expliqué que legouvernement, ayant investi dans Wuxi en tant que cité industrielle d’avenir, n’avait pu serésoudre à laisser vivre les habitants des bordures vivre dans des masures, et avait doncconstruit des immeubles aux allures modernes destinés à les loger.


2. L’entreprisePage | 7La construction de Millennium Hotel Wuxi a été achevée en 2009, c’est donc un hôtelpresque neuf. Il est organisé en départements : le bureau du General Manager, le bureau desressources humaines, le bureau de la finance, le bureau Marcom (marketing etcommunication), le bureau Food & Beverage (qui gère les trois restaurants occidental, chinoiset japonais, la pâtisserie, le Lobby Bar, le personnel cuisinier et le personnel de service) lebureau Housekeeping, le bureau Réservations, le bureau sécurité, le bureau Oxygen Club (lecomplexe sportif de l’hôtel) et le Front Office dans lequel je travaille. Le Front Office estcomposé du Front Office Manager, des Duty Managers qui s’occupent de régler tous lesproblèmes compliqués rencontrés avec les hôtes, des Guest Relations Officer qui s’intègrentdans toutes les sections du Front Office pour s’assurer de la satisfaction des hôtes, duConcierge, de l’ Operateur (qui est en liaison avec les hôtes par téléphone, surtout pourrecevoir et communiquer les plaintes des hôtes déjà dans leurs chambres), de la Réception (oùl’on enregistre les arrivées et départs des hôtes, où les factures sont réglées), et l’ExecutiveLounge, section à laquelle je suis intégrée, où nous nous occupons des hôtes ayant desexigences spéciales, leur faisons profiter de procédures plus rapides pour l’enregistrement del’arrivée et du départ, d’un petit déjeuner moins bondé que dans le restaurant occidental,d’une Happy Hour dans le bar de l’Executive Floor…Malgré sa création récente, l’hôtel a déjà connu un certain nombre de changements.Depuis son ouverture, se sont déjà succédés quatre General Manager, un Belge, un Néo-Zélandais, un Chinois qui n’est arrivé que durant ce mois de février, un Hongkongais qui estarrivée début avril. L’assistante du General Manager était également une Belge avant que jen’arrive (c’est maintenant une chinoise), le coordinateur des différents restaurants étaitfrançais jusqu’à fin janvier, et le directeur de l’Oxygen Club était Birman jusqu’à fin janvierégalement. A partir de février, je suis donc devenue la seule étrangère travaillant à l’hôtel.Lorsque je suis arrivée, l’hôtel avait un grand bar qui pouvait aussi faire office de boîte denuit, l’Eleven98 (en chinois, 98 se prononce « jiuba », ce qui est aussi la prononciation du mot« bar »). Ce bar a fermé début janvier car il n’était plus rentable.Les affaires de l’hôtel tournent au ralenti depuis peu avant mon arrivée. J’ai pu voir dansles archives de l’hôtel que les années précédentes, excepté durant la période de Noël et duNouvel An international, le taux d’occupation des chambres variait de 75% à 100%. Cestemps-ci, il arrive souvent que nous n’atteignons pas 50% d’occupation des chambres. La


Page | 8clientèle de l’hôtel est très majoritairement composée d’étrangers envoyés par leursentreprises travailler pour de courtes périodes dans les usines du New District. Il s’agit surtoutde Japonais, mais aussi de Coréens, Allemands, Suédois, Américains, Italiens… La crisepolitique entre la Chine et le Japon à propos des îles Diaoyu a certainement dissuadé lesgrands entrepreneurs japonais d’envoyer leurs employés travailler à Wuxi – j’ai pu voir dansla rue qui mène à l’hôtel, ou beaucoup d’entreprises japonaises sont installées, unemanifestation antinippone, qui n’avait rien de très impressionnant comparés auxmanifestations françaises, mais qui avait quelque chose de dérangeant, avec ces manifestantsqui appelaient leur gouvernement à déclarer la guerre au Japon. La crise économique qui séviten ce moment aux Etats-Unis et en Europe est très certainement également l’une des causesdu chiffre d’affaires un peu pâle du Millennium Hotel ; si les entreprises occidentales qui ontimplanté des usines dans le New District de Wuxi doivent faire face à des restrictionsbudgétaires, elles décident sûrement d’envoyer moins d’experts occidentaux effectuer descontrôles et des formations dans ces usines. Me concernant plus directement, ce contexte demorosité économique a fait que j’ai moins eu le loisir d’explorer les différents services duFront Office : quand je suis arrivée, j’ai été placée là où la main d’œuvre manquait, àl’Executive Lounge. De nouvelles recrues auraient dû être employées pour contrer ce manquede main d’œuvre, mais finalement, il a fallu licencier deux personnes pour être en conformitéavec les moyens de l’hôtel.II. CFP Asie – inconvénients et avantages1) Ne pas se reposer sur les intermédiairesJe consacre dans ce rapport de stage un chapitre entier à mon expérience avec CFP Asie etleurs partenaires en Chine car je considère que c’est une partie intégrante de mon voyage, etque passer par ce programme m’a appris beaucoup de choses. La première leçon que j’aireçue est de faire un usage très modéré des intermédiaires. Je suis partie en stage à Wuxi enpassant par trois intermédiaires différents, qui faisaient partie du programme EasyPass China :CFP Asie en France, China Scholarship Council DongFang à Pékin, Mandarinedu (dirigé parM. Sandy Swun) à Wuxi. Le problème d’avoir ces intermédiaires pour nous guider dans nosdémarches est qu’on a tendance à se dire que c’est bon, ces intermédiaires sont payés pourque les démarches administratives se déroulent sans problèmes, on peut se reposer sur leurexpertise. Or, les situations varient d’un stagiaire à l’autre, il vaut donc mieux que le stagiairese renseigne lui-même sur les démarches à accomplir puis en informe les intermédiaires pour


Page | 9recevoir de l’aide. Par exemple, lorsque j’ai été déposé ma demande de visa pour la Chine lapremière fois, mon entreprise n’avait pas encore signé ma convention de stage mais onm’avait assuré à CFP Asie que cela n’avait pas d’importance, que je n’en avais pas besoinpour faire ma demande de visa. <strong>Po</strong>urtant, ma demande de visa a été refusée ; l’employée m’aalors expliqué que lorsque la durée du stage dépassait quatre mois, la convention de stage étaitobligatoire.Comme plusieurs étudiants français suivaient ce programme à Wuxi, j’ai également puapprendre des erreurs des autres. Beaucoup d’étudiants n’ont pas fini leurs stages, se sont« enfuis » de Chine sans rien dire à Mandarinedu et CSC Dongfang, ou ont rompu leurscontrats avec eux avant de reprendre l’avion pour la France. Les principales raisons étaientque les stages sur place ne correspondaient pas aux descriptions qui leur avaient été faites enFrance, mais aussi que la qualité des logements laisse à désirer (les fenêtres de très mauvaisesqualité ne permettent pas de chauffer les chambres efficacement). Lorsqu’il s’agissait de laqualité des stages, ce que faisaient souvent les étudiants étaient, souvent après s’être disputéavec leurs responsables dans leurs entreprises, de demander à M. Swun de Mandarinedud’intervenir. Je pense que l’intervention de M. Swun empirait plutôt la situation. D’abord, M.Swun n’est pas particulièrement fin diplomate (lorsque nous avons été rencontrer ensemble ladirectrice des ressources humaines et mon manager, il ne lui a pas semblé déplacé de raconterque j’avais eu peur en me rendant compte que ma carte bleue ne fonctionnait pas dans labanque partenaire de ma banque française…) et il ne semble pas tout à fait comprendre lesattentes des étudiants stagiaires en Chine (quelques étudiants m’ont témoigné que leursentreprises étaient à peine au courant de leur arrivée, et que par conséquent il n’y avait pas detravail pour eux). Mais surtout, je pense que du point de vue des entreprises, le messageenvoyé lorsque l’on passe par un intermédiaire est que le contact a été totalement rompu, qu’ilnous est impossible de s’adresser directement à eux pour résoudre les problèmes concernantnos stages, que nous considérons notre entente comme tellement mauvaise que nous refusonsde régler les problèmes nous-mêmes et que nous préférons laisser cette tâche à unintermédiaire. De plus, plus il y a d’intermédiaires, plus le risque qu’un message soit malinterprété est multiplié. C’est pourquoi je pense qu’il vaut mieux régler tous les problèmesconcernant le stage par soi-même, quitte à ce que cela prenne du temps. Par exemple, pouravoir accès à quelques formations supplémentaires durant mon stage, j’ai simplement fait letravail qui m’était attribué sans discuter, puis lorsque le moment me semblait opportun,j’allais voir le manager du Front Office pour lui demander quand je pourrais apprendre


d’autres choses – les moments qui me semblaient opportun étant généralement avant ou aprèsmon service, pour ne pas grignoter sur mon temps de travail.Je vais finir cette sous-partie en parlant d’un des intermédiaires qui aujourd’hui ne faitPage | 10 plus partie du programme, car il me semble capital qu’il ne revienne pas. Il s’agit du ChinaScholarship Council (ou CSC Dongfang), l’organisation qui se trouve à Pékin. CFP Asie s’estdétaché de ce partenaire qui ne respectait pas ses engagements autour du mois de Novembre ilme semble. En effet, cette organisation, a qui les étudiants qui partaient pour six mois avaientpayé plus de 16 000 yuans selon un contrat explicitant que le logement serait fourni, avait pristellement de retard dans le paiement de nos loyers que fin septembre, le propriétaire nous amenacé de couper l’eau et l’électricité. Le contrat stipulait également que les étudiantsbénéficieraient de quatre semaines de cours de chinois au début de leur stage ; le CSC a eu lavelléité de ne plus nous en fournir que deux car nous n’étant pas assez nombreux ou pas demême niveau, une partie des étudiants dont moi bénéficiaient de cours particuliers (finalement,tout le monde a bien eu le droit à ses quatre semaines de cours). Un étudiant a voulu rompreson contrat car le stage que le CSC lui avait attribué ne correspondait pas à la description faitedans le contrat et encore moins à ses attentes ; il avait payé à temps ce que le contratl’enjoignait à payer ; cependant, le CSC a essayé de lui faire payer une somme supplémentairepour rupture de contrat, ce qui n’était stipulé nulle part dans le contrat (il a finalement réussità partir sans payer de frais supplémentaires). De plus, au moment de renouveler mon visa (jesuis partie avec un visa F de stagiaire pour six mois, renouvelable de trois mois maximum), leCSC Dongfang me demandait 8 000 yuans pour recevoir une nouvelle lettre d’invitation.J’avais besoin d’une nouvelle lettre d’invitation car dans la première qu’ils m’avaient envoyé(avec laquelle j’ai fait ma demande pour le visa de six mois), les dates étaient erronées : ellesallaient de juin à février, je restais en Chine de septembre à début mai. Je n’avais jamaisentendu parler de ces 8 000 yuans supplémentaires quand j’ai accepté de partir avec ceprogramme, ils n’étaient sur nul contrat, et le CSC Dongfang ne me proposait de signer aucuncontrat stipulant que si je les payais, j’aurais cette lettre d’invitation (finalement, c’estMillenium Hotel Wuxi qui a accepté de me signer cette lettre sans me faire payer). Avec leCSC Dongfang, j’ai eu l’impression de me frotter à de la corruption à haut niveau : lorsque lesétudiants signaient un contrat, ils s’engageaient à payer, mais le CSC ne donnait pasl’impression de s’engager à fournir les services décrits dans le contrat. Signer un contrat avecle CSC ne nous apporte donc aucune protection (d’ailleurs, ils ne trouvaient même pas utiled’en signer un pour le versement de 8000 yuans supplémentaires). Je déconseille donc aux


étudiants éventuellement intéressés par le programme EasyPass China de partir si le CSC (quiparaît-il est proche du gouvernement) fait de nouveaux partie des partenaires.Page | 112) Un programme intéressant du point de vue de l’échange culturelLe programme EasyPass China a cependant des avantages non négligeables. Tout d’abord,le premier mois dédié aux cours de chinois, en groupe très réduit (voir cours particulier pourceux qui ont un niveau différent des autres). <strong>Po</strong>ur ceux qui n’ont jamais pris de cours dechinois auparavant – et qui travaillent sérieusement en cours – cela leur permet d’acquérirrapidement les bases pour se débrouiller dans un pays où très peu d’habitants parlent anglais.<strong>Po</strong>ur ceux qui avaient déjà un petit niveau avant de partir en Chine, cela leur permet derenforcer leur capacité à s’exprimer en chinois afin d’être éventuellement capable de travaillerdans cette langue.Le deuxième gros avantage est de travailler dans des entreprises pour la plupartexclusivement chinoise. C’est difficile, il faut réussir à dépasser la barrière de la langue,s’adapter à une manière de s’organiser et de travailler différente, il est donc d’autant plusméritoire d’arriver à devenir un employé comme les autres. La composition des entreprisesqui accueillent des stagiaires à Wuxi est soit uniquement chinoise, soit chinoise avec à la têtedu management des étrangers (européens ou américains). Je pense néanmoins qu’il reste plusfacile de s’intégrer et de faire un stage satisfaisant lorsque le stagiaire essaye de communiquerun minimum en chinois – il montre par là qu’il fait des efforts pour s’adapter, ce qui endemande moins à ses supérieurs et collègues, et il est plus facile de créer des liens en essayantde s’exprimer dans la langue maternelle de son interlocuteur. Lorsque l’on arrive à se faireaccepter comme un employé normal, l’échange culturel est particulièrement enrichissant. Mescollègues chinois auront témoigné d’un certain enthousiasme à m’apprendre comment remplirmes missions, mais aussi à répondre à ma curiosité sur leurs modes de vie (vis-à-vis dumariage, de la vie dans la campagne chinoise, du statut de la plupart d’entre eux en tant quetravailleurs migrants…). Etant tombée plusieurs fois malade durant mon séjour, ils m’ontaussi introduit à quelques principes de ma médecine traditionnelle chinoise (comment secaresser les oreilles pour ne plus éternuer et tousser, les orteils pour ne plus avoir le nezbouché…). Ces échanges sont vraiment ce qui aura donné à un stage difficile un côté agréable.


Page | 12III. L’enjeu du stage : s’intégrer dans une grandeentreprise chinoise1) Quelques barrières à mon intégrationLa première difficulté qui s’est posée à moi est bien sûr la barrière du langage. Monniveau de chinois n’était pas assez évolué pour me permettre d’avoir accès à toutes lesformations, notamment les plus techniques – apprendre à se servir de la totalité du logicielpermettant d’enregistrer et régler les notes des clients. <strong>Po</strong>ur cela, l’hôtel n’est pas vraimentpréparé à accueillir des étrangers ne parlant pas couramment chinois à des postes de moyenneenvergure. En effet, le niveau d’anglais des employés de mon niveau n’était pas suffisant pourm’apprendre à me servir de ce logiciel. Si après de gros efforts des deux côtés, quelquescollègues ont réussi à m’en expliquer les grosses ficelles, je n’ai finalement pas eul’autorisation d’effectuer les opérations impliquant de l’argent. Une collègue m’a expliquéque les nouveaux employés recevaient normalement une formation de un mois pour apprendreà s’en servir, qu’avec la barrière de la langue il aurait été très compliqué de me fairebénéficier d’une telle formation, que le manager du Front Office préférait donc que je meconcentre sur les autres aspects de mon travail. <strong>Po</strong>ur moi, ce fut l’échec de mon stage que j’aieu du mal à accepter. Il a cependant fallu que je fasse avec et tenter de faire mon stage lemieux possible.Un autre obstacle au bon déroulement de mon stage fut d’avoir pour prédécesseure uneétudiante, également du programme EasyPass China, pour qui ce stage ne fut pas du tout uneréussite. Cette étudiante s’était braquée dès le début de son stage lorsqu’elle a compris qu’ilne serait pas facile d’avoir accès aux formations, en refusant d’essayer de communiquer enChinois avec ses collègues, en refusant de faire le travail qui lui était attribué, en arrivantsystématiquement en retard et parfois même en n’allant pas au travail sans prévenir. Laconséquence pour moi et que pour avoir accès aux formations pour lesquelles elle s’était miseen colère (outre la formation du logiciel dont j’ai parlé précédemment, il y a aussi laformation plus large de Guest Relation Officer), j’ai du faire preuve de discrétion et deflexibilité dans mon travail, demander à avoir ces formations comme on demande un service.J’ai finalement réussi à avoir la formation pour laquelle elle s’était énervée en gardant desbons contacts avec mes supérieurs.


Page | 13Enfin, un obstacle que je me suis posée toute seule est mon manque de confiance en moi.Millenium Hotel Wuxi est une grande entreprise, nous sommes une trentaine d’employés rienque dans le Front Office, et le manager du Front Office a d’autres travaux importants à faireque de continuellement veiller au bien-être de ses employés. Ce manque de confiance en soiest donc un réel handicap lorsque l’on est qu’un employé parmi des dizaines d’autres, qu’ilfaut donc se prendre en charge soi-même plutôt que d’attendre des encouragements. Il me futd’autant plus dur de demander à évoluer dans mes fonctions que je me demandais sans cessesi j’en étais capable. La confiance est finalement venue avec le temps, lorsque dans descirconstances particulières je me suis retrouvée à gérer seule mon service et à faire preuved’autonomie, à mériter la confiance que mes collègues avaient placé en moi.2) Les clefs de mon adaptationLorsque j’ai compris les difficultés que je pourrais avoir à effectuer un stage satisfaisant,j’ai gardé en tête une idée précise de l’attitude à adopter : m’adapter aux besoins de l’hôtelplutôt que d’attendre de l’hôtel qu’il s’adapte à mes exigences. En théorie, le travail de GuestRelation Officer se fait dans trois départements du Front Office : la réception, le concierge,l’Executive Lounge. Si lors de ma formation j’ai en effet eu l’occasion d’apprendre à faire letravail relatif au concierge et à la réception, c’est surtout à L’Executive Lounge que l’hôtelavait besoin de main d’œuvre, c’est donc surtout là que j’ai travaillé. Je pense que ça auraitété une erreur de réclamer à tous prix de pouvoir faire exactement le même travail que lesautres Guest Relation Officer alors que ma présence était nécessaire dans un endroit précis.De plus, le système hiérarchique en Chine en Chine exige que les subordonnés fassent preuved’humilité face à leurs supérieurs. En travaillant dans l’Executive Lounge, j’ai donc eul’occasion de me rendre utile à l’hôtel tout en apprenant les autres aspects du métier de GuestRelation Officer.Il a également fallu que je fournisse énormément d’effort pour être capable decommuniquer avec les autres départements – le poste de Guest Relation Officer exige quel’on remarque les problèmes de fonctionnement dans le service au client de l’hôtel et que l’onen fasse part au département concerné. Ce fut particulièrement difficile au début alors quemon niveau de chinois était plutôt faible. Avec beaucoup de travail, j’ai réussi à l’améliorerpour être capable de me faire comprendre au téléphone et en face à face, suffisamment pourque le service aux clients soient assuré sans délai.


Page | 14Enfin, une expérience que je considère comme importante dans ce stage est la solidaritéentre collègues. Je traduisais notamment de l’anglais au chinois les exigences des clientsquand je voyais que certaines collègues, sous le coup du stress et à cause d’un niveau troppauvre en anglais, ne comprenait pas ce qui leur était demandé. Particulièrement lors duNouvel An Chinois, la solidarité entre collègues a été particulièrement forte. Dans monservice ou nous sommes quatre, nous avons besoin que deux services par jour soient assurés :le service du matin (6h-14h30) et le service du soir (14h30-23h). Or, deux des employées,étant originaires de provinces éloignées, rentraient dans leur famille pour le festival. Restaientma superviseure et moi, ma superviseure ayant originellement prévu de me donner deux joursde congé durant cette semaine de huit jours sans pose en se donnant à elle-même deuxjournées de seize heures – j’ai réussi à l’en dissuader. Durant cette longue semaine, j’ai donceu pour la première fois l’occasion d’assurer seule le service dans mon département, et deprouver à mes collègues comme à mes supérieurs que malgré mon handicap linguistique, j’enétais capable.IV. Descriptif de ma mission1) Veiller au bon ordre de l’Executive LoungeEtant attachée à l’Executive Lounge, une partie de mon travail était de veiller à ce quel’état de ce département corresponde au standard de l’hôtel. Ce département occupe la moitiédes deux derniers étages de l’établissement, son premier niveau comprend la réception del’Executive Lounge, où nous enregistrons et réglons les factures des clients bénéficiant de nosservices ou toute autre tâche administrative que les clients nous demandent (changement dechambre, échange de monnaie étrangère contre des yuans chinois, prise en charge deproblèmes divers…). A côté se trouve un restaurant dans lequel nous coopérons avec uncuisinier du département Food&Beverage pour servir le petit déjeuner des clients del’Executive Lounge avec un service plus rapide et des plats cuisinés à la demande, ainsiqu’une salle de réunion pour les clients qui en ont besoin. Au deuxième niveau dudépartement se trouve un bar, dans lequel nous proposons notamment à nos clients debénéficier d’une Happy Hour en début de soirée. La partie la plus basique de mon travailvarie donc en fonction de mon emploi du temps, si je suis du service du matin ou du soir. Lematin, il faut récupérer les clefs, l’ordinateur et les fonds de l’Executive Lounge placé audépartement Sécurité de l’hôtel et dans une salle sécurisée, puis je m’occupe de vérifier quetous les éléments du petit déjeuner sont bien en place, de servir le petit déjeuner aux clients,


Page | 15de préparer les chambres pour les nouvelles réservations de la journée (clés électroniques,registration cards, préparer des lettres de bienvenue et les livrer avec des fruits et desjournaux dans les chambres, vérifier que tout est en place dans la chambre), de procéder aurèglement des clients quittant l’hôtel, écrire et envoyer un rapport au Front Office Managersur les activités du matin, installer les clients qui le demandent dans la salle de réunion… Lorsdu service du soir, il faut principalement vérifier la liste des nouvelles réservations et, s’il y ena, préparer les chambres, procéder à l’enregistrement des clients, mettre en place la HappyHour, servir au bar, faire les factures relatives aux consommations des clients, préparer lasalle du petit déjeuner pour le lendemain, préparer le rapport à envoyer au Front OfficeManager le lendemain matin, rassembler toutes les factures, registration cards signées par lesclients durant leur enregistrement, et autres documents importants de la journée et les déposerà la Réception de l’hôtel dans le tiroirs correspondants (tiroirs classant les clients par numérode chambre ou tiroir destiné au département de la finance), enfin redéposer l’ordinateur et lesfonds de l’Executive Lounge dans la salle sécurisée et les clefs au département Sécurité.Ce travail me semblerait bien banal s’il n’était pas fait en Chine et en Chinois.Particulièrement au début de mon stage, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de me dire quelorsqu’on utilise une langue que nous ne maîtrisons pas parfaitement, nos « capacitésintellectuelles » se rabaissent presque à notre niveau dans cette langue. Il m’a fallu plusieursmois pour maîtriser tous les aspects de ce travail. Notamment, je suis tombée de haut lorsquej’ai appris que pour faire les factures relatives à l’argent liquide, il fallait que j’apprenne leschiffres en caractères traditionnels (par exemple, en chinois simplifié, le chiffre 1 s’écrit 一 ,mais celui que l’on utilise pour les factures s’écrit 壹 ). Lorsque quelque chose ne correspondpas au standard dans l’Executive Lounge, il faut que je téléphone au département approprié(électriciens, agents d’entretien, cuisines) qui pour la plupart ne parlent que chinois avecl’accent de leur province natale. De plus, si je ne peux pas me servir du logiciel pourenregistrer et régler les notes des clients, j’assiste mes collègues en assurant la traduction encas de problèmes et en présentant aux nouveaux clients anglophones les bénéfices del’Executive Lounge.2) Assurer une bonne communication avec les clientsEn tant que Guest Relation Officer, ma fonction est de m’assurer qu’aucun client nereparte de notre hôtel mécontent du service. Concrètement, cela signifie recueillir lesdemandes, les commentaires où les plaintes des clients, et agir directement où informer le


Page | 16personnel compétent. C’est là que s’est posée une difficulté qui a rendu mon travailintéressant : beaucoup d’employés qu’il me faut en général contacter ne parlent pas anglais :cuisiniers, agents d’entretien, mécaniciens. D’ailleurs, même les employés qui sont en relationavec les clients, et donc parlent un peu anglais travaillent en Chinois. Il a donc fallu quej’apprenne vite à m’exprimer suffisamment clairement en Chinois au téléphone pour faireappel à la bonne personne. C’est là aussi qu’il a fallu que je me suis rendue compte d’à quelpoint mon problème de confiance en moi m’handicape inutilement : lorsque mon interlocuteurpensait possible que l’on arrive à se communiquer une information un peu compliquée, nous yarrivions en Chinois.Il m’a été parfois difficile d’aider des clients chinois pour la seule raison que nem’ayant pas entendu parler, ils ne pensaient pas que je puisse répondre à leurs questions lesplus simples. Il fallait donc parfois que je prononce avec insistance quelques formules depolitesse en Chinois avant qu’ils ne comprennent qu’ils pouvaient s’adresser à moi. Parfoisaussi, je ne pouvais pas comprendre les clients chinois dont le mandarin n’était pas standard,il fallait donc que je passe par l’intermédiaire d’un employé parlant un mandarin standard(souvent un cuisinier se trouvait dans les parages) pour les comprendre – nous devions alorsfaire la traduction discrètement pour que le client ne se vexe pas. A l’inverse, lorsque desclients étrangers parlaient un Anglais trop rapide, il m’arrivait souvent de faire la traductionaux collègues un peu paniquées.Enfin, une des tâches les plus compliquées de ma mission, mais aussi des plusenrichissantes, est de gérer les plaintes et les clients difficiles. La consigne que l’hôtel donneaux employés est de ne jamais dire « non » aux clients. Consigne qui n’est pas facile àrespecter lorsque l’hôtel est à cours de ce que le client demande, ou lorsque le client demandedes privilèges sans raisons valables. Dans ces cas-là, il faut garder son sang-froid malgréparfois la colère du client, continuer à sourire et donner la réponse appropriée. Lorsque lasituation devient ingérable (cela ne m’est pas arrivé personnellement, mais j’ai vu descollègues se faire insultées par les clients), on fait appel au Duty Manager, qui est chargé degérer tous les incidents qui surviennent dans l’hôtel. Or, quand on fait appel au Duty Manager,c’est que l’on a en quelque sorte échoué dans notre mission de rendre le client satisfait duservice. Dans d’autres cas, je me suis retrouvée à devoir expliquer à des clients qu’ilsn’avaient pas le droit de faire telle ou telle chose – comme se servir seul au bar par exemple.Ce genre de tâches se déroulait en général sans problèmes, je m’arrangeais toujours pour avoirune alternative à proposer au client. Dans ces cas-ci, mes collègues me donnaient l’impression


Page | 17d’être rassurée que je sois là en tant qu’Européenne parlant couramment Anglais. Il arrivaitmême parfois qu’elles m’envoient au-devant de clients chinois difficiles, ces clients osantmoins s’attaquer à moi du fait que je ne sois pas chinoise, j’arrivais à les raisonner plusfacilement.V. Attitude à adopter en Chine en tant qu’étrangèreLorsqu’on arrive en Chine avec un faciès européen, il faut se faire à l’idée que l’ondevient un objet de curiosité, qu’on ne peut passer inaperçu nulle part, et que plus l’oncomprend le chinois, pire c’est, car on comprend toutes les remarques qui sont faites sur notrepassage, faites par des chinois qui ne s’imaginent pas que l’on va comprendre qu’ils nousobservent en commentant à voix haute, ou qu’on est peut-être lassé d’entendre tous les jours« Hello ! Nice to meet you ! » par des passants alors que l’on va travailler. Il faut cependants’en accommoder. Cette curiosité vis-à-vis des étrangers devient plus agréable lorsque l’on adu temps et que des Chinois dans les magasins, restaurants, bus… s’arrêtent pour discuter,proposer de nous emmener visiter leur environnement … Le petit groupe d’étudiants françaisdans lequel je suis faisant partie du programme Easypass China s’est ainsi fait invité à unmariage dans la campagne environnant Wuxi. C’était assez intimidant, les mariés passantbeaucoup plus de temps avec nous qu’avec la famille qu’ils avaient invité, allant mêmejusqu’à manger à notre table (ce qui nous obligeait à goûter à des plats « originaux » enessayant de ne pas laisser transparaître sur notre visage ce que nous pensions du goût…), onse serait cru dans un documentaire.Les étrangers sont tellement des objets de curiosité en Chine que chaque année,l’antenne de télévision de la province du Jiangsu met en scène une compétition de chant desétrangers de la province. Les étrangers présentent leur candidature au bureau de JiangsuBroadcasting Corporation, qui envoie des employés écouter les candidats chanter et vérifierqu’ils passeraient bien à la télévision, puis les étrangers retenus sont invités dans les sallesd’enregistrement pour chanter une chanson chinoise décidée par l’antenne de télévision ;enfin, tous les étrangers retenus sont invités deux jours à Nanjing, la capitale du Jiangsu, pourapprendre la mise en scène et enregistrer la vidéo finale, qui sera diffusée à l’occasion duNouvel An Chinois. Sans avoir rien signé, je me suis laissée embarquée dans cette émissionavec d’autres étudiants français par M. Swun qui avait postulé pour nous. Et alors qu’aucund’entre nous ne savait chanter, que le seul intérêt que nous avions était nos visages européens,


nous nous sommes retrouvés à effectuer cette performance parmi une petite centaine d’autresétrangers, accoutrés de costumes traditionnels chinois à paillettes !Page | 18La politesse et la conscience de sa place dans la hiérarchie sont aussi deux qualitésimportantes pour réussir son intégration dans la société chinoise. J’ai été témoin de l’échecd’étudiants français à s’intégrer dans leur entreprise, dû selon moi en partie au fait qu’ils secomportaient comme si leurs entreprises leur devaient un bon stage. Lorsque l’on fait un stagedans une entreprise chinoise, il faut s’accommoder au fait que le stagiaire n’occupe qu’unetoute petite place, montrer beaucoup de bonne volonté à travailler, et demander à avoir desformations tout en prouvant que l’on travaille déjà avec enthousiasme pour l’entreprise, sansjamais s’énerver. Il en est de même pour les autres aspects de la vie en Chine. Le programmeEasypass China ne couvrant que six mois au maximum, il a fallu que je paye les deux mois deloyer restant. Etant consciente que la personne a qui l’on paye les loyers a tendance à gonflerles prix en espérant que les étrangers que nous sommes ne s’en rendraient pas compte, je mesuis montrée particulièrement aimable quand il fût question de demander le montant du loyer,je n’ai pas attendu qu’il me le réclame pour le payer, et accessoirement, j’ai beaucoup parlédes difficultés financières de ma famille (en dramatisant un peu). Au final, il m’a fait payé400 renminbi de moins que le montant du loyer « officiel » - celui qu’il présentait aux autres.De même lorsqu’il a fallu que je fasse une demande de prolongation de mon visa – le visa Fpour les stages en Chine ne pouvant pas dépasser une durée de six mois. La réponse despoliciers de l’immigration lors de ma première demande était un refus net, ils m’ont mêmeaffirmé qu’il était impossible de faire une prolongation pour ce genre de visa à Wuxi. Maréaction sur le coup a été de demander précisément ce qu’il fallait que je fasse pour obtenircette prolongation, toujours sans m’énerver (même si j’avoue qu’après leur refus, je ne mesentais pas particulièrement à l’aise). Au final, un des policiers m’a laissé un numéro pourl’appeler et m’a beaucoup aidée par téléphone à rassembler les documents qu’il me manquait.Un étudiant étranger qui ne parle pas couramment chinois effectuant son stage dansune entreprise chinoise où peu d’employés parlent vraiment anglais couramment doit aussis’attendre à quelques déceptions vis-à-vis de l’évolution de son stage. Il faut savoir rebondirsur ces déceptions. Si j’ai pu obtenir d’être formée aux différents aspects du travail dans unhôtel – encadrement des VIP en tant que Guest Relation Officer, tâches des concierges, desréceptionnistes… – je n’ai finalement pas été autorisée à me servir seule du logicielpermettant d’enregistrer les clients, d’enregistrer leurs factures, d’enregistrer lesréservations… alors que j’avais reçu une formation simplifiée pour effectuer les opérations les


Page | 19plus basiques. La raison de ce refus était que lorsque les employés font une erreur, ils payentde leur salaire la compensation dû à l’hôtel ; le manager du Front Office considérait qu’il étaittrop risqué pour moi qui ne comprenais pas tout ce qu’on me disait en chinois d’effectuer cesopérations seules. Après avoir essuyé ce refus – ce qui fut assez dur, j’ai eu l’impressiond’échouer en n’arrivant pas à être une employée absolument comme les autres – j’ai doncdécidé de me concentrer sur la première raison pour laquelle j’avais accepté ce stage en hôtel :les relations avec les clients, qui me permet de maîtriser mon manque de confiance à l’oral.VI. Réflexions sur la vie en ChineJ’ai essayé de vivre cette expérience plus comme une Chinoise moyenne que commeune expatriée. Je n’ai pas vécu exactement comme une Chinoise, tout d’abord parce quec’était impossible avec un physique européen de passer inaperçu dans une ville qui est loind’être aussi internationalisée que Shanghai, mais surtout parce qu’en passant par leprogramme Easypass China, j’habitais dans une chambre individuelle – la majorité deschinois qui ne sont pas encore mariés et qui ne font pas partie de la nouvelle classe moyenneaisée habitent dans des dortoirs d’entreprise, où ils dorment à environ six par chambre.Cependant, pour ce qui est du reste, je pense avoir plutôt adopté le mode de vie chinois. Je mesuis adaptée à des conditions de travail plutôt difficiles : passer des horaires du matin (6h00-14h30) aux horaires du soir (14h30-23h) dans la même semaine en faisant en sorte que lafatigue ne se voit pas face aux clients et ne m’empêche pas de travailler en utilisant unelangue difficile, ne pas avoir mes jours de congés les samedi et dimanche comme les autresFrançais, accepter de n’avoir que très peu de vacances – la loi chinoise prévoit de un à troisjours pendant les fêtes principales, que les chinois rallongent en une semaine en travaillant lesweekends aux alentours, mais dans le domaine du service, les employeurs ne sont pas obligésde nous donner ces jours puisqu’il faut toujours qu’il y ait du personnel qui travaille, et lesjours de vacances publiques ne sont pas rattrapables, c’est ainsi que j’ai accepté de « perdre »les trois jours auxquels j’avais théoriquement droit pendant le Nouvel An Chinois pour quedes collègues puissent rentrer dans leur province natale revoir leur famille. Un autre élémentauquel il me fut difficile de m’adapter est le climat. La Chine est coupée en deux par la rivièreYangtze en hiver, au Nord de celle-ci, les appartements sont chauffés, au Sud, ils ne le sontpas. Wuxi se trouve juste au sud de la rivière Yangtze, et n’est donc pas chauffé en hiver, cequi est assez difficile à vivre lorsque les températures descendent à -5°C et que les fenêtres,de très mauvaise qualité, laissent entrer le vent. Les habitants de Wuxi utilisent généralement


leur climatiseurs pour pallier au froid, très gourmands en électricité et pas très efficaces, oùs’habillent énormément y compris pour dormir – j’ai opté pour la deuxième solution, qui anéanmoins le désavantage de nous laisser respirer de l’air froid.Page | 20La plupart des étrangers visitant la Chine ne soupçonnent pas sous quelle pressiontravaillent certains Chinois. En effet, dans la plupart des entreprises, lorsqu’un employé faitune erreur qui fait perdre un peu d’argent à son entreprise, l’employé dédommage l’entreprisede son salaire. Cette règle a pour effet pervers d’inciter les employés à cacher leurs erreurs.Au Millenium Hotel Wuxi, il est possible de faire ce genre d’erreurs en enregistrant ou enfaisant régler aux clients leur facture, mais aussi si les clients mentent sur leursconsommations dans le minibar de leur chambre et que les agents d’entretien n’ont pas eu letemps de vérifier la chambre avant le départ du client – dans ce cas, la règle est que l’employérembourse à l’hôtel la valeur de la boisson consommée par le client au prix de vente (environdix fois supérieur au prix d’achat par l’hôtel). Généralement, afin d’éviter à l’employé depayer de son salaire, nous remplaçons la boisson consommée par le client par une boisson del’Executive Lounge et prétendons que c’est un client qui avait droit gratuitement à cetteboisson qui l’a consommé. Si ce genre de petites tricheries est sans conséquence pour l’hôtel,je me demande si cette règle de dédommagement de l’entreprise par l’employé ne peut pasamener à des situations dangereuses dans des usines, des chantiers…En mangeant avec des relations et collègues chinois, un fait m’a choqué : le gaspillagede la nourriture. Selon les chiffres de la FAO, en 2010, la Chine faisait partie des sept paysréunissant les deux tiers des affamés du monde 1 , en 2012, la FAO comptabilisait encore 158millions de sous-alimentés en Chine 2 . Cependant, la culture vis-à-vis de la nourriture en Chinedicte de ne jamais refuser un plat que l’on nous tend, même si on n’a absolument pasl’intention d’en manger – ce serait faire perdre la face à notre hôte, il vaut mieux accepter ceplat que l’on nous tend sans en manger, quittes à ce que la nourriture soit jetée. Cette cultureinfluence tellement les habitudes des Chinois que même dans la cantine des employés duMillenium Hotel, les employés prennent tout ce qui leur est proposé, en trop grande quantité,et ne mange finalement qu’un tiers de ce qu’il y a dans leur plateau. Une de mes collègues quivient de la campagne chinoise m’a expliqué que petite, elle avait souffert de la faim ; pourtant,elle ne pouvait pas s’empêcher de gaspiller la nourriture lors de ces repas.1 http://www.fao.org/news/story/fr/item/45232/icode/2 http://www.fao.org/hunger/hunger-home/en/


Page | 21Au début de mon séjour, alors que mon Chinois était encore très basique, j’ai puprofiter des vacances de la fête nationale pour partir aux Montagnes Jaunes avec quatre autresétudiants français. Nous étions partis dans le cadre d’un voyage organisé avec d’autrestouristes chinois. Le guide ne parlait pas un mot d’anglais, je ne sais pas comment nous nousserions débrouillés si l’une de nous ne parlait pas quasiment couramment chinois. Nous avonsdonc vécu des vacances à la chinoise. Les Montagnes Jaunes sont un lieu très touristiquechinois où l’on emprunte des escaliers pour arriver au sommet de la montagne, on dort dansdes dortoirs la nuit, puis on redescend les escaliers jusqu’au pied de la montagne. Les dortoirsétaient exigus et équipés de lits superposés de métal étroits avec des matelas très fins, mais lafatigue de la trentaine de personnes qui dormaient dans chaque pièce était telle que cela n’aaucunement dérangé. Tandis que le groupe de touristes chinois marchait très vite jusqu’audortoir, puis jusqu’au pied de la montagne le lendemain, le groupe de français était toujours àla traîne, à prendre le temps de photographier le paysage. En revanche, arrivés aux magasinsde souvenirs au pied de la montagne, c’était les Français qui attendaient les Chinois, quitenaient absolument à ramener un souvenir par personne. Du point de vue français, il y avaitun côté consumériste dans cette façon de voyager : grimper et redescendre la montagne le plusvite possible, acheter les souvenirs, rentrer. J’imagine que du point de vue chinois, la manièrede voyager française a semblé particulièrement molle !ConclusionJe suis dans l’ensemble plutôt contente du déroulement de mon stage. Il ne m’a pasdonné envie de travailler dans l’hôtellerie, mais mon but initial n’était pas de chercher à yfaire carrière. Le secteur du service ne m’attire pas car il n’y a pas assez de projet, on dépendentièrement de la demande de la clientèle, j’aimerai plutôt travailler dans un domaine où letravail créé du développement. En revanche, je pense que la plupart de mes objectifs de cetteannée ont été atteins. L’un de mes objectifs était d’être poussée à oublier ma timidité et monmanque de confiance en moi face à des clients exigeants. Il me fut difficile au début de monstage d’aller au devant des clients avec le sourire et de ne pas me décomposer lorsque desclients se plaignaient. Cela ne me pose plus de problèmes aujourd’hui, et j’ai l’espoir que jegarderai cette attitude apprise lors de mon stage dans chaque situation où je devrais aller versdes inconnus ou des personnes qui m’impressionnent.Un autre de mes objectifs n’a été qu’à moitié rempli : parler quasiment courammentchinois à la fin de mon séjour. Je suis capable d’avoir des conversations qui peuvent être assez


Page | 22profondes avec des Chinois qui n’ont pas d’accent régional trop marqué (sur nos façons devivre, nos rapports à la religion…), mais il faut pour cela que mes interlocuteurs aient lapatience de reformuler leurs propos, l’usage d’un dictionnaire électronique est parfois d’unegrande aide, et mes phrases sont certainement ponctuées de nombreuses erreurs. Disonsqu’avec mon niveau actuel de chinois, je ne serais absolument pas capable de travailler dansun domaine où la maîtrise du langage est importante comme le droit, mais je suis capable derecevoir et donner des instructions et des explications. En revanche, cette incapacité à parlercouramment chinois m’a apporté une autre capacité, dont j’estime qu’elle pourra être utile sije dois à l’avenir travailler dans des environnements ni francophones ni anglophones : lacapacité de comprendre vite ce que l’on attend de moi avec un minimum de mots ou enobservant l’expression corporelle de mon interlocuteur.Mon troisième principal objectif était de réussir mon intégration dans un milieu quim’était totalement étranger. Ceci n’a pas été facile, entre la barrière de la langue et la barrièreculturelle, j’ai appris lentement à faire mon travail. Malgré ma bonne volonté à apprendre, j’aidu accepter le fait que je ne pouvais pas tout faire, que ne parlant pas couramment chinois, jene pouvais pas recevoir les formations les plus compliquées dans leur totalité. Il a fallu que jeme trouve une place en jouant sur mon seul atout : mon anglais, que je parle plus courammentque la majorité de mes collègues, ainsi qu’un niveau de chinois suffisant pour que je puisseassurer la communication entre employés de l’hôtel et clients anglophones. Je pensecependant avoir fait la preuve de mon intégration durant le Nouvel An Chinois, où pendantune semaine j’ai été seule responsable du service du matin de l’Executive Lounge,département qu’un sondage récent effectué par les Ressources Humaines plaçait en tête deslieux où les clients trouvaient que le service était le meilleur. A force de patience et de travail,j’ai donc finalement trouvé une place dans une équipe exclusivement chinoise.Etant donné que je souhaite travailler dans l’humanitaire à l’avenir, je n’ai pas choisice stage pour en faire un aperçu d’une éventuelle future carrière. Cependant, il m’a donné dela matière à réfléchir pour le domaine dans lequel je voudrais travailler. J’ai été interpellée parle manque de société civile en Chine ; dans les villes moyennes comme Wuxi, lesorganisations non gouvernementales n’existent pas, les quelques activités de volontariat (j’aiparticipé le temps d’une journée à une opération de reboisement de la vieille ville) sontorganisées et encadrées par des agents du gouvernement. Ce stage a aussi confirmé mon enviede travailler notamment dans le domaine de l’insécurité alimentaire : le témoignage de macollègue sur la faim qu’elle avait ressenti en étant petite en même temps que le constat du


gaspillage énorme de nourriture en Chine m’a conforté dans l’idée que l’insécurité alimentaireest un problème inacceptable mais artificiel, pour lequel il doit être possible de trouver dessolutions.Page | 23Annexe‣ Budget :Il y a un certain budget à prévoir pour partir en stage avec le programme de CFP Asie. J’aid’abord payé 350€ pour avoir une proposition de stage, après avoir rempli un dossier sur mesformations, expériences, motivations… Puis 550€ pour avoir les documents nécessaires à lademande de visa. Puis j’ai payé 32 850,00¥ à Dongfang International Center for EducationalExchange (China Scholarship Council) pour six mois de loyer, les cours et l’assistance de M.Swun et de son équipe de Mandarinedu à Wuxi. Depuis, le CSC a été écarté du programmepar CFP Asie car trop d’étudiants s’étaient plaint de leur manque de sérieux, désormais lesétudiants payent M. Swun. Si le CSC devait revenir dans le programme, je déconseillefermement à quiconque de participer à ce programme. <strong>Po</strong>ur les étudiants de troisième année,il faut prévoir de payer les deux derniers mois de loyer – j’ai payé 1800€ par mois. Il fautaussi savoir que tous les stages proposés ne sont pas rémunérés. Le mien l’est à hauteur de2000¥ par mois, ce qui m’a suffit pour subvenir à mes besoins, loyer exclu – sauf quand jesuis tombée malade et que j’ai payé l’équivalent de 200€ à l’hôpital international de Wuxi, leshôpitaux chinois étant plutôt effrayants pour leur manque d’organisation, incapacité à parleranglais, erreurs dans les diagnostics et dans les prescriptions de médicaments…‣ Visa :Concernant le visa, il faut savoir que le visa pour faire un stage en Chine, le visa F (qui estaussi le visa business), n’est valable que six mois maximum. Il faut ensuite le faire renouveler,pour trois mois maximum selon la loi chinoise. Cependant, la France étant réticente à laisserdes ressortissants chinois obtenir des visas, la Chine fait de même, et les employés dans lesbureaux d’immigration ont pour consigne de décourager les demandeurs de prolongation,quitte à mentir en disant qu’ils ne sont pas aptes à délivrer la prolongation. De plus, d’après M.Swun, pour les prolongations de plus d’un mois, il faut que le chef du bureau d’immigrationdonne son accord, les simples policiers ne sont pas aptes à les délivrer, même si le demandeurest en règle. Il faut donc s’armer de sang-froid, expliquer calmement sa situation dans le but« de donner aux policiers envie de nous aider » selon plusieurs de mes connaissances


chinoises, savoir que les policiers pourraient n’accepter notre demande que la veille de la dated’expiration du visa, et éventuellement préparer ses arrières (avant de partir, prendre un billetd’avion modifiable).Page | 24‣ Inscription à la police à l’arrivée :Dès l’arrivée en Chine dans la ville de résidence, il faut aller dans un bureau de police sefaire inscrire. J’ai fait l’erreur de faire confiance à M. Swun, de penser qu’en payant ceprogramme relativement cher je n’aurais pas à m’inquiéter de ce genre de procédureadministrative tandis que M. Swun connaissait mieux les règles vis-à-vis des immigrés enChine que moi. Sauf qu’il n’a pensé à me faire inscrire à la police de Wuxi qu’un bon mois etdemi après mon arrivée. Par conséquence, lorsqu’il a fallu faire ma demande de prolongationde visa, alors que l’un des documents à apporter était le certificat de résidence délivré par lapolice, M. Swun m’a expliqué qu’il faudrait que je mente à la police, que je dise que j’avaisd’abord étudié le chinois pendant un mois et demi à Shanghai avant d’arriver à Wuxi, endonnant l’adresse d’un hôtel à Shanghai dans lequel j’avais séjourné un weekend. Il est doncimpératif pour les étudiants souhaitant faire un stage en passant par ce programme de rappelerà M. Swun dès le jour de l’arrivée d’aller se faire inscrire à la police, pour éviter de seretrouver en situation d’illégalité.‣ Logement :Le loyer est compris dans le prix que l’on paye à l’organisme d’accueil, aujourd’huiMandarinedu à Wuxi. <strong>Po</strong>ur les étudiants souhaitant partir avec le programme de Mandarineduà Wuxi, renseignez-vous sur la ville dans laquelle votre stage se déroulera, car certains stagesse déroulent dans des villes environnant Wuxi, et renseignez-vous sur la nature de votrelogement : s’il s’agit d’un dortoir d’entreprise, ils sont pour la plupart gratuit pour lesstagiaires, demandent parfois une contribution aux employés normaux mais qui est largementen dessous des 500 yuans par mois. Ainsi, si Mandarinedu vous assure qu’il faut payer 2000yuans par mois pour habiter dans un dortoir d’entreprise, soyez assurés que ce n’est pas vrai.<strong>Po</strong>ur ceux qui habiteront dans des appartements individuels, vérifiez que tous leséquipements fonctionnent, qu’il n’y a pas de trous dans les murs et demandez à les faireboucher s’il y en a. Les appartements fournis sont souvent des logements qui viennent à peined’être construits et qui ne sont pas forcément tout à fait fini. Wuxi se trouve juste au Sud de lalimite Nord-Sud qui sépare la Chine dont les appartements seront chauffés en hiver de celle


où les appartements seront laissés avec le seul recours du climatiseur, il vaut donc mieux nepas avoir de trous dans les murs qui laissent rentrer le froid encore plus qu’il n’y est déjàinstallé en hiver.Page | 25‣ Rencontre avec l’entreprise :En arrivant à Wuxi, il ne faut pas hésiter à demander à rencontrer le futur maître de stagede l’entreprise afin de vérifier qu’il y a bien une mission qui attend le stagiaire. Si à l’issue del’entretien il semble au futur stagiaire que vraiment rien n’a été prévu pour lui dans cetteentreprise, il faut demander en urgence à l’équipe de Mandarinedu de lui chercher un autrestage. Quelques stagiaires à Wuxi se sont retrouvés dans des entreprises qui n’étaient pasvraiment au courant de leur arrivée, et donc qui n’avait pas de mission de prévue pour eux.<strong>Po</strong>ur éviter de se retrouver dans cette situation, certains étudiants, à qui des étudiants arrivésdepuis plus longtemps leur avaient raconté qu’il n’y avait pas de travail pour les stagiairesétrangers dans l’entreprise qui leur avait été attribué, ont demandé à changer d’entrepriseavant que leur stage ne commence, et ont fini par obtenir des stages intéressants en rapportavec leurs études. Si cette démarche risque de vous demander du travail administratifsupplémentaire avec <strong>Sciences</strong> <strong>Po</strong> et des négociations avec M. Swun, je pense qu’il vaut mieuxpasser par cette phase plutôt que de perdre du temps dans une entreprise qui n’a pas besoin devos services.

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