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N° 37 - 2013 - aspruj

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L’HÔTÂ


L’HÔT« La maison, le foyer » en patoisL’HÔT N o <strong>37</strong> – <strong>2013</strong>ISSN 2296-0856ASPRUJ - Association de sauvegarde du patrimoine rural jurassienCase postale 2017, 2800 Delémont 2L’ASPRUJ veille à la conservation de la culture traditionnelle et populaire, dont les différentes formes comprennent:la langue, la littérature, la musique, la danse, la mythologie, les rites, l’architecture, les arts, l’artisanat,les jeux, les coutumes (UNESCO 1989).


ASPRUJ - Association de sauvegarde du patrimoine rural jurassienComitéPrésidence :Pierre GrimmRue des Granges 82800 Delémont032 422 87 83pierregrimm@<strong>aspruj</strong>.chSecrétariat de l’ASPRUJ :Mary-Lise MontiniRue des Martins 252800 Delémont032 423 24 16mary-lise.montini@bluewin.chSecrétariat des assemblées :Myriam TheurillatRue des Bordgeais 352800 Delémont032 422 95 93myriam.theurillat@bluewin.chRédaction de L’Hôtâ :Isabelle LecomteRue de la Préfecture, 72800 Delémontisabelle.lecomte@bluewin.chMise en page :Hélène Boegli-RobertCh. de Bavelier 22812 Movelier032 431 14 34guedeboum@gmail.comFinances :Fiduciaire Henz & Schaffner SàrlRue Briscol 202853 CourfaivreMembres :André BessireGrand-Rue 462603 Péry032 485 12 13andrebessire@bluewin.chCharles CattinLe Champé2826 Corban032 438 87 81ch.cattin@bluewin.chToufiq Ismail-MeyerRue du Temple 752800 Delémont032 423 16 32info@tois.chMembres du comité de rédaction :Isabelle Lecomte, DelémontHélène Boegli-Robert, MovelierPierre Grimm, DelémontJean-Louis Merçay, PorrentruyL’ASPRUJ est membre fondateur de :– Musée rural des Genevez– Association pour la sauvegardede la Baroche– Association pour la sauvegardedes murs en pierres sèches(ASMPS)


SommaireEditorial...................................................................................................................4Isabelle LecomteLe patrimoine bâti et la profession d’architecte.................................................5Pierre GrimmLa Brebre (conte en patois)...................................................................................7Bernard ChapuisBoules, sapins et traditions de Noël à Cœuve..................................................13Didier ŒuvrayLoges......................................................................................................................20Pierre GrimmDes chemins didactiques à découvrir.................................................................33Yves Diacon, Raoul VoirolAutrefois une gare importante...........................................................................45Hélène Boegli-RobertTuilerie....................................................................................................................50Bouvier, Jean-Louis MerçayTravaux de drainage réalisés à Develier en 1941, 42 et 43.............................65Robert FleuryLaurent Boillat.......................................................................................................74Isabelle LecomteBelles affiches au service du tourisme (1900-1950)..........................................83Isabelle LecomteCouverture: la gare de Sonceboz le jour de son inauguration, détail de la photo de la page 49. Photo de la collectionde René Rimaz, Sonceboz.L’Hôtâ est publié par l’Association de sauvegarde du patrimoine rural jurassien (ASPRUJ). La revue est remisesans supplément à chaque membre qui s’acquitte de sa cotisation.La responsabilité des articles incombe aux auteurs. Prix du numéro: Fr. 30.–


EditorialLa photographie choisie pour lacouverture de cet opus <strong>2013</strong> est nonseulement riche en informations surun lieu, une époque et un art de vivre,mais elle offre aussi un heureux panoramadu contenu de ce numéro.Voyez l’église au fond de l’image,elle annonce les litanies de la Brebreet l’ambiance lumineuse des fêtes deNoël. Plus loin, suivez le sentier, ilvous invite à la découverte des logesou des bornes. Sur le toit de la gare,observez le mouvement onduleux destuiles, leur fabrication dépend d’unsavoir, d’un métier et d’une passionaujourd’hui en voie de disparition.L’Hôtâ s’est chargé d’en garder unetrace grâce aux méticuleux souvenirsd’un homme d’exception. La locomotive,elle, est susceptible de nous emmenerà Bâle sur les pas du graveurLaurent Boillat, et crée le lien avec lesCFF – commanditaire de nombreusesaffiches touristiques.Au centre de l’image, ces hommesqui ont œuvré à la construction de lagare me font penser à l’immense réseaud’hommes et de femmes de bonnevolonté dont a bénéficié L’Hôtâ :les personnes qui ont proposé ou rédigédes articles, prêté les documentsou les objets, pris les photographies,assisté les recherches, interviewé lestémoins, réalisé des illustrations originales,relu les copies, mis en page, imprimé,… Des hommes et des femmesque je suis heureuse d’avoirrencontrés et à qui je souhaite adresserau nom de l’ASPRUJ et en monnom propre de chaleureux remerciements.Isabelle Lecomte


Le patrimoine bâti et la professiond’architecteDans son activité régulière de surveillancedes projets de constructionparaissant au Journal officiel de la Républiqueet Canton de Jura, l’ASPRUJse heurte souvent à la mauvaise qualitédes projets de rénovation présentés.Plans inexacts, bâclés, incompletssont trop souvent au rendez-vous.Cette situation est particulièrementalarmante pour les projets de rénovationsitués en centre ancien de nosvilles et villages. Les personnes chargéesd’élaborer de tels projets n’onttrop souvent pas les compétences nil’expérience nécessaires pour les menerà bien. Des rénovations pointuessont traitées comme s’il s’agissait deconstruire une maison familiale. Lasubstance, la structure, l’âme de lavieille demeure sont complètementdénaturées, conséquence d’un manquemanifeste de sensibilité architecturale,de connaissances, d’imagination,de doigté.L’exercice de la profession d’architecteest libre dans le canton du Jura.Tout un chacun peut se parer du titred’architecte et en exercer le métier.Certes, la possibilité de faire appel àun architecte diplômé n’est pas la garantieabsolue d’une rénovation réussie,mais elle en est la condition première.En Suisse, les cantons de Genève,Lucerne, Tessin et Vaud ont édictédes dispositions légales régissant l’organisationde la profession et la formationdes architectes. Dans les cantonsde Fribourg et Neuchâtel, la loisur les constructions contient des dispositionsapplicables à l’activité del’architecte.Il serait souhaitable que le cantondu Jura suive l’exemple de ces cantons.Et si d’aventure une nouvelle constitutiond’un Jura réunifié voyait le jour,il faudrait tout faire pour qu’on y prévoieun article sur la protection dumétier d’architecte.Pierre Grimm


RemerciementsCe numéro n’aurait pas été possiblesans l’implication d’un très grandnombre de personnes à qui l’Hôtâdoit beaucoup :Des chemins didactiques àdécouvrirAntoine Glaenzer, archiviste cantonal,Porrentruy ;Nicolas Barras, suppléant de l’archivistede l’Etat, Berne ;Christophe Riat, maire, Develier ;Vincent Chételat, secrétaire communal,Develier ;Jean-Paul et Jean-Luc Miserez,géomètres, Delémont ;Bernard Studer, géomètre, BureauEschmann SA, Courrendlin ;Marc Chappuis-Fähndrich,conservateur du Musée de Develier ;Marc Monnin, à Develier et JeannineBabey, à Delémont, pour leurcontribution à l’examen du dossier.Tuilerie mécanique de CharmoilleJean-Louis Merçay de son aide rédactionnelleindispensable ;Marcel Douvé, dernier témoin de laTuilerie ;Monique Gassmann, qui en fut voisine,entre 1948 et 1956.historique sur les loges ;Antoine Glaenzer, archiviste cantonal,qui a mis à notre disposition à deuxreprises les plans cadastraux de Rocourtde 1842 et 1913.Autrefois une gare importanteRené Rimaz, Sonceboz ;Francis Boillat, Bienne.Travaux de drainages réalisésà DevelierMusée Chappuis-Fähndrich, Develier ;Jean-Paul Miserez, géomètre ;Jean-Luc Miserez, géomètre ;Bernard Studer, géomètre.Belles affiches au servicedu tourismeFrédérique Zwahlen, Mémoires d’ici,Saint-Imier ;Nathalie Fleury, Jean-Paul Prongué etFabienne Pic, MJAH, Delémont ;Anne Schild, MHDP, Porrentruy.Laurent BoillatFrançoise et Michel Girardin,Courfaivre ;Yvette Wagner, Delémont.Splendeurs et misères des logesd’AjoieDaisy Lüscher qui a prêté son concoursà la réalisation de cet article ;Jean-Paul Prongué pour son aperçu


La Brebre (adaptation française)Elle marmonnait donc. Non pas à la façon des vieux del’asile qui sont toujours à la recherche de ce qu’ils ont sousla main. « Mes lunettes ? Qui est-ce qui m’a pris mes lunettes? Je les avais laissées là et elles n’y sont plus. – Ma pipe ?Qui est-ce qui m’a de nouveau caché ma pipe. Ma sœur,vous n’auriez pas vu ma pipe ? »Lai BrebreÈlle bret’nait donc. Gnan pe c’ment cés véyes d’laiMâjon d’véyes que chneuquant aidé po trovaie ç’qu’èlsaint dos lai main. « Mes breliçhes ? Tiu ç’ât qu’m’é prismes breliçhes ? I les aivôs léchies li èt peus èlles n’y sont pus.– Mai pipe ? Tiu ç’ât qu’m’é eurcaitchi mai pipe ? Sœur,vôs n’airïns p’vu mai pipe ? »


Ce qu’elle marmonnait, c’étaient des prières. En a-t-elledévidé des Avés ! En a-t-elle égrené des chapelets ! Les rosairessuccédaient aux rosaires. Elle cueillait pour ses lapinsl’herbe des talus en récitant les litanies des saints. Onl’appelait la Brebre.Tant de dévotion aurait dû la rendre parfaite. Mais hélas,la perfection n’est pas de ce monde. La Brebre partageaitnotre commune condition de pécheurs.Elle avait pour le bien d’autrui un penchant irréfléchiet, tout en marmonnant ses oraisons, elle chapardait.Le carrier, l’a surprise dans son verger. Elle remplissaitson tablier de prunes. « Je vous salue, Marie, pleine de grâces...»La femme du boucher l’a attrapée dans ses groseilliers.Elle grappillait et priait. Elle avait déjà un demi-bidon depetits fruits, rouges et ronds comme les grains de son chapelet.« Vous êtes bénie entre toutes les femmes... »Le garde champêtre l’avait chassée de son ouche, derrièrela chênaie. Elle avait déjà arraché deux radis. « Soyezbénie, Reine du paradis ! »De son côté, le boulanger l’avait boutée hors de sonbûcher. Elle se servait effrontément dans la réserve debois sec. Elle en avait une pleine brassée. « Priez pournous, Sainte Mère de Dieu ! »– Foutez-moi le camp immédiatement, cré nom deDieu ! lui a crié le boulanger saisi d’un céleste courroux.Il n’était pas jusqu’au curé qui n’eût à se plaindre de sesaudaces. Un jour – c’est pour vous dire –, elle attendit quele prêtre fût attablé à déjeuner après sa messe matinale. Lavoilà qui se faufile dans le jardin potager, enjambant lesplants de persil. A force de science et de patience, il avaitréussi à faire pousser cinq asperges. Un vrai miracle sousnos climats. Elle s’y rend et frrt et han ! vous les arracheincontinent.La Brebre avait une vache qu’elle menait brouter à lalonge, à la fortune des chemins. On la voyait dès le matin,son chapelet béni à la main.


L’entrée du galetas, par laquelle débutait l’exposition « Noël au galetas ». L’ordonnance des décorations plaçait d’emblée les visiteurs dansl’atmosphère de Noël. Photo Jean-Louis Merçay.Boules, sapins et traditions de Noël à Cœuve au XX e siècleCe n’est pas ici l’endroit pour détaillerles rites de la liturgie catholique.Mais on ne peut cependant parler destraditions de Noël dans un villaged’Ajoie, sans mentionner le rythmedes fêtes religieuses et sans faire référenceaux quelques connaissances quinous restent des traditions préchrétiennes.Car le solstice d’hiver est depuislongtemps, particulièrement dans lespays du Nord, l’occasion de fêtes oùl’on célébre les symboles de lumière,de vie, de victoire sur la mort et derenouveau. On peut évoquer notre sapinde Noël en le voyant arriver telquel des pays du Nord où sa traditionremonte à plusieurs siècles, notammentdans les pays germaniques. Maison peut aussi y voir un nouvel usagedu traditionnel mai local, dressé cheznous depuis la nuit des temps, pourcélébrer des fiançailles, une naissance,une victoire ou encore pour orner lechemin des puissants. Dresser un maide buis, de houx, d’épicéa ou de sapinblanc, mais toujours d’une essence à13


↑ Crèche dans un foyer deCœuve dans les années 30.Photo Maurice Locatelli.↑Crèche de l’égliseparoissiale de Cœuve.Elle porte une signature.Photo J. Hüsser Fils.→ Près du sapin de Noël, àCœuve, entre 1930 et 1940.Photo Maurice Locatelli,Cœuve.feuillage persistant, est bien antérieurà la naissance du Christ. Le sapin deNoël germanique et notre mai régionalsont deux traditions qui se rejoignentsans aucun doute et qui expliquentqu’au début du XX e siècle, dansnotre contrée, on commence à dresseret décorer des sapins dans lesfoyers pour agrémenter le temps de laNativité.C’est dans les années 1930, que lesapin de Noël arrive à Cœuve, sur lapointe des pieds. Quelques voyageursreviennent de France voisine l’esprit14marqué par un sapin vu chez des parents.L’usage se propage. Les foyersles plus généreux investissent dansl’achat de quelques boules et parfoisd’un oiseau du paradis qui sera placé àla cime de l’arbre. On complète la décorationde quelques noix ou quelquespommes emballées dans le papierdoré conservé d’année en année.Lorsque les cheveux d’ange ne sontpas à portée de budget, on dispose unpeu d’ouate sur les branches.Le sapin de Noël, considéré par leclergé catholique comme un symbolepaïen, est très longtemps interditd’église. Ce n’est probablement quevers le milieu du XX e siècle qu’il entredans celle de Cœuve (la couronne del’avent, très populaire dans les régionsprotestantes, mettra encore plus detemps et attendra pratiquement la findu siècle pour y trouver une place).Les sœurs de Saint-Paul sont semblet-ilplus ouvertes que les curés, puisqu’ellesappellent « Arbre de Noël »,déjà dans les années trente, la représentationqu’elles organisent, avec,comme artistes, les enfants en présco-


Splendeurset misères desloges d’AjoieIl s’agit des loges à bétail, bien sûr,pas des loges maçonniques.Mais au fait, qu’est-ce qu’une loge ?Voici la description qu’en donnentIsabelle Roland et Jean-Paul Pronguédans l’ouvrage Les maisons rurales ducanton du Jura, édité par la sociétésuisse des traditions populaires :Les loges destinées à abriter le bétailen estivage parsèment les pâturages.La plupart des exemples observésne sont pas datés, mais semblent remonteraux XIX e et XX e siècles, seulela loge de Sous-la-Chaux, dans lacommune d’Asuel, présentant le millésime1797. Il s’agit de constructionstrès simples, le plus souvent d’un niveausous un toit à deux pans, élevéesen maçonnerie ou en bois sur un soubassementde pierre. Une porte assezlarge, percée dans le mur gouttereauou, moins fréquemment, sous le pignon,constitue le seul accès pour leshommes et les bêtes, tandis que desouvertures relativement étroites assurentla ventilation. A l’intérieur,l’étable occupe toute la surface, lescrèches et les râteliers étant aménagéssur un ou deux côtés. A proximité dela construction, on trouve une fontaineou une citerne pour abreuver lebétail. Quelques loges abritant unehabitation pour le berger s’apparententaux fermes modestes de leur région.Voici donc le décor planté.Les recherches de l’ASPRUJLaissez-passer délivré àCharles-Auguste Broquet,vétérinaire aux Franches-Montagnes.Dans le cadre d’un inventaire généraldu domaine rural mis sur pied parle canton du Jura dans les années1990, l’ASPRUJ lance un inventairedes loges à bétail du Jura. Elle fait appelà des bénévoles. Dix-sept personnesprovenant des six districts jurassiensrépondent à l’appel. Elles sontconvoquées le 18 janvier 1994 à l’Hôtelde la gare à Moutier pour le lancementde la campagne d’inventaire.Sous la direction de Pierre Froidevaux,alors président de l’ASPRUJ, lesgroupes de travail sont formés, la formuled’inventaire arrêtée. L’ASPRUJfournit même une sorte de laissezpasseraux enquêteurs pour faciliterleurs démarches.C’est le début d’une opération quidurera plus de deux ans.Que reste-t-il de ces inventaires ? Ilsemble qu’ils ont été menés avec unzèle très variable selon les régions.Une trace subsiste toutefois dans lesarchives de l’ASPRUJ. Trois classeurscontiennent les inventaires réaliséspar Daisy Lüscher, de Rocourt.L’enquête de Daisy LüscherDaisy Lüscher a procédé à un relevéexhaustif des loges des communesde– Courtedoux, 10 loges– Roche d’Or 5 loges– Damvant 14 loges– Rocourt 13 loges– Réclère 7 loges– Grandfontaine 26 loges– Bressaucourt 3 loges– Bure 10 loges– Fahy 21 loges– Chevenez 55 logessoit en tout 164 loges.21


Le répertoire comprend des informationssur la situation générale de laloge, ses dimensions, son utilisation,ses caractéristiques architecturales,son état général, son mode d’alimentationen eau et le nom de son propriétaire.Chaque fiche est accompagnéede trois photos, en noir blanc leplus souvent, prises sous différentsangles.La plupart des loges sont en mainsprivées, onze loges appartiennent àdes communes, deux loges à des paroisses,deux au canton du Jura et uneà la Confédération.Les loges sont construites pour laplupart sur plan rectangulaire, ellescomportent un ou deux étages, sont le22Daisy Lüscher, dansson jardin à Rocourt.plus souvent recouvertes d’un toit entuiles à un ou deux pans. Les couverturesen tôle (six loges) ou en éternit(neuf loges) ne font qu’une timide apparition.Elles ont en moyenne uneassise de 64 m 2 , la plus petite occupant8 m 2 et la plus grande 299 m 2 .Leur état général d’entretien variedu niveau excellent à l’état de ruine.Quant au mode d’alimentation en eau,quand celui-ci est répertorié, ontrouve 63 loges recueillant l’eau depluie dans une citerne, 12 loges avecune citerne mobile, 8 loges alimentéespar une source et 3 loges reliées au réseaud’eau communal.Daisy Lüscher parcourait la campagneparfois le matin, parfois l’aprèsmidi.Elle était toujours accompagnéede son chien. Avant de partir, elle repéraitles loges à visiter sur une cartetopographique. Elle consultait égalementles administrations communalespour obtenir des informationscomplémentaires.« Je connaissais chaque chemin,chaque arbre », dit-elle. « Si cet inventaireétait à refaire, je le referais. Je n’aique des éloges à formuler par rapportau projet. Ce fut un temps phénoménalpour moi, une période très positive.J’avais un but. Ça m’a ouverte aupays, ça a élargi mon horizon. Lespaysans rencontrés étaient toujoursaccueillants. Même si ce que j’ai faitne sert à rien, je l’ai fait. J’ai exploré


Ancienne carte postale du site du Jean Gui.Des chemins didactiques à découvrirLa tendance qui consiste à relierun chemin ou un sentier existant àl’histoire régionale est d’actualité ence début de XXI e siècle. On cherche àrevaloriser le tracé de tel ou tel parcoursnon seulement en présentant labeauté d’un itinéraire mais aussi ensensibilisant les promeneurs à un faitou à une période historique.Ainsi, ce que l’on appelle «le chemindes Anabaptistes», de part etd’autre du vallon de Saint-Imier, estune offre touristique mise sur piedpar le Parc régional Chasseral. Cechemin, qui reprend en partie destronçons utilisés par les Anabaptistes,permet au promeneur de se plongerdans l’histoire de cette communautéreligieuse.«Le chemin du Pasteur Frêne»dont le nom date de 2012 est un ancienitinéraire, court, reliant Sornetanà Châtelat. Cette dénominationcherche à perpétuer le souvenir del’homme d’Eglise qui, par ses témoignages,joue encore un rôle importantdans la connaissance de l’histoire régionale.Par contre, le « sentier des Bornes», qui marque l’ex-frontière entreTramelan-Dessous et Tramelan-Dessus,n’est pas une appellation nouvellereliée à un sentier existant mais unparcours nouvellement créé en suivantl’abornement qui existait entreles deux villages avant la fusion de cescommunes en 1950.33


Le Chemin des AnabaptistesL’itinéraireCet itinéraire, en deux parties,ouvert en 2010, part de Soncebozpour relier Le Jean Gui puis Le JeanBrenin avant de redescendre en directionde Corgémont. Le second tronçonrelie Sonceboz aux Prés de Cortébertpuis à Chasseral. Cet itinéraireemprunte des charrières utilisées naguèrecomme chemins pédestres.Aujourd’hui, des chemins moins rapideset goudronnés sont à disposition34pour les habitants des fermes situéessur les hauteurs régionales.Les Anabaptistes 1L’anabaptisme apparaît dans les années1525, à Zurich, dans l’entouragede Zwingli. L’appellation d’anabaptistes(ou rebaptiseurs) est alors donnéeà tous ceux qui refusent le baptêmedes enfants pour pratiquer celui desadultes instruits dans la foi.On distingue divers mouvementsdans le monde. En ce qui concerne laSuisse, l’assemblée tenue en 1527 àSchleitheim, près de Schaffhouse, etCarte Jura bernoisTourismeSaint-Imier.les articles adoptés à cette occasionsont d’une grande importance. Ilspermettent à cette nouvelle Eglise dese positionner clairement :– retourner au texte biblique seulet original (sola scriptura),– suivre l’exemple de Jésus,– refuser le baptême des enfants,– refuser l’Eglise officielle,– former des communautésreligieuses sans magistrats,– refuser tout serment,– refuser toute forme de violence(refus du service armé, parexemple).


La gare de Sonceboz dans les années 1970. Photo de la collection de René Rimaz, Sonceboz.Autrefois une gare importanteJ’ai eu le temps de la contempler, dela détailler, la gare de Sonceboz desannées 1970 ! Nœud ferroviaire, lieude jonction des lignes Bienne-LesConvers et Moutier-Sonceboz-Bienne.Les correspondances étaient mauvaiseset il n’était pas rare de devoirattendre une demi-heure ou troisquarts d’heure au changement entrele train desservant le vallon de Saint-Imier et celui de la vallée de Tavannes.La poussette du bébé tenue d’unemain et le chien fou de l’autre, l’attenteme paraissait bien longue !Quelqu’un toutefois pouvait tirerparti de cette circonstance : le patrondu buffet de gare. On profitait souventde ces attentes pour boire unverre, un café, pour faire une petitecollation, ce qui amenait une animationbienvenue dans l’établissement.De plus, le buffet de la gare de Soncebozavait encore une autre particularité: pour des raisons de correspondancedes trains, il restait ouvertjusqu’à minuit trente. Ce qui faisaitque certains clients, évacués à vingttroisheures trente de leurs bistrotshabituels des environs, se retrouvaientlà pour jouir d’une heure de gloiresupplémentaire. De belles amitiés intercommunalesse sont constituées àces occasions !45


Construction de la ligne de chemin de fer Tavannes-Sonceboz, ici la grande courbe près de Corgémont. Photo de la collection de René Rimaz,Sonceboz.La gare de Sonceboz, comparéeaux autres gares de la région, est visiblementplus grande, plus imposante.Pour quelle raison a-t-on construit untel bâtiment dans un petit village ?Survol de l’histoire régionaleIl faut revenir à l’époque romaineoù le col de Pierrepertuis était déjà unpassage largement utilisé. Puis faisonsun grand saut et regardons le début duXVIII e siècle : Sonceboz abritait unimportant relais de diligences, laliaison entre le Seeland et la régionL’emprunt émis pour financer la construction de la ligne Bienne-Les Convers. Archives du Journalde Genève, 2 mars 1872.46


Figure 3 : carte topographique J. Cuttat, 1 : 25 000, 1872.Figure 2 : vue aérienne de la tuilerie dans les années 1950.La cheminée a disparu, à gauche en haut de l’image, le cheminqui mène à l’église. Fragment de carte postale ;fonds Jean-Claude BouvierTuilerie mécanique de CharmoilleDe terre, d’eau et de feuBref historique des tuileriesrégionalesSi l’on se réfère aux cartes topographiquesdu XIX e siècle et de la premièremoitié du XX e siècle, on découvredans le Jura historique une activitéremarquable concernant la fabricationde tuiles et de briques, notamment :– en Ajoie et environs (selon la cartetopographique J. Cuttat, 1 : 25 000,1872) : Courgenay (au sud-est, les Oncherattes),Alle (sud, Essertio), Charmoille(Vieux Chênois) – par ailleurs,le lieu-dit la Toulière est à l’origine unlieu d’extraction de tuf, d’après Vautrey,ce qui n’a rien à voir avec la productionde tuiles ;– Lucelle (près de l’étang), Bonfol (auNord), Levoncourt (Ziegelhütte,1910), Altkirch (Les Moulins), Por-51


Figure 4 : reconstitution d’après une vue aérienne, dessin réalisé parMonique Gassmann.Figure 5 : reconstitution faite de mémoire par Jean-Claude Bouvier dans lesannées 2000. Dessin de Jean-Claude Bouvier.rentruy (1904, Fattet Joseph,Château ;Schaltenbrand J.-A. Briques et Tuiles,Oiselier), Chevenez (tuilerie Gigon).– en d’autres lieux : Tramelan-Dessous(Trame), Tavannes (Birse, aval),Courtelary (1896, Suze), Laufon (actuellementexploité), Pieterlen (actuel),Orvin (1930, route du Jorat).On le constate, les traces de cetteactivité artisanale sont nombreuses.Dans la plupart des cas, il ne s’agissaitque de fabriques de très petite taille,et de faible capacité de production.Contrairement à ces dernières, la dimensionindustrielle transparaît dansle qualificatif « mécanique ».52– La tuilerie mécanique du Bémont,par exemple, s’était ajoutée à une scierieexistante. Dès 1902, elle fonctionnagrâce à une machine à vapeur.Mais, en raison d’un excès d’accidents,le permis d’exploitation de cette tuileriefut suspendu en 1907. La scieriequant à elle poursuivit son activitéjusqu’en 1920.– La tuilerie mécanique de Bonfol estinscrite à partir de 1904 sous la raisonsociale de Tuilerie Joseph Fattet. Bienavant cette année-là elle avait été unepoterie, les parages se caractérisantpar une grande richesse d’argiles. En1914 va naître une nouvelle activité, lafabrication de céramique industrielle– des planelles (carreaux) connuessous le nom de Klinkers –, qui connaîtraun grand développement dans lesannées 1950 sous le nom de CISAS.A., avant d’être mise en faillite en1999. Quant à la manufacture PoterieChapuis et Cie S.A. (1939-1948), ellefut rachetée par Bachofner et devintCéramique d’Ajoie S.A., et fut mise enliquidation en 2011. Le Musée de laPoterie, créé en 2004, perpétue la mémoirede cette industrie à Bonfol.– Tuilerie mécanique de Charmoille :le début de cette activité est le fruitd’une association, Gassmann-Lhom-


En 1900, Develier et Develier-Dessus comptent 632 habitants et la commune conserve son caractère essentiellement rural. Les travaux de drainagesdes années 1940, précèdent un changement qui va s’étendre jusqu’à nos jours. C’est à partir de cette époque que le village se développe en directionde Delémont. (La population de Develier s’élève aujourd’hui à 1400 habitants). Photo de 1902 : au premier plan on découvre le Restaurant du Raisin,tenu à l’époque par Xavier Bibler Reinhardt. La partie supérieure des travaux de drainages faisant l’objet du présent article se situait au sud-estdu Restaurant du Raisin et des immeubles situés en contrebas. L’état de la route principale qui conduit le voyageur de Delémont à Porrentruy ou àLucelle via Bourrignon, donne une idée de l’évolution de cette voie de communication en un siècle.Travaux de drainage réalisés à Develier en 1941, 42 et 43Secteur La Communance + Bas du Village – Limite de Delémont,une réalisation aujourd’hui oubliée.Lorsque la Seconde Guerre mondialeéclate, le 1 er septembre 1939, laSuisse importe la moitié de ses besoinsalimentaires. Pour faire face à lapénurie qui menace, l’Office fédéralde guerre pour l’alimentation avaitmis au point, à partir de 1935 déjà, unplan visant à augmenter le rendementagricole du pays. Friedrich TraugottWahlen 1 , agronome et politicien, directeurde l’Office fédéral de guerre,est l’auteur d’un plan qui portera sonnom en devenant le Plan Wahlen.Le but principal du Plan Wahlen, misen place en 1940, doit permettre d’atteindreun niveau d’autosuffisance alimentaire.Afin d’augmenter le rendementagricole de la Suisse, les mesuresvisent notamment à faire passer lessurfaces cultivables de 180 000 à500 000 hectares ! Pour atteindre cet65


objectif, qui sera réduit de 150 000hectares en 1942, la Confédérationimpose notamment la mise à dispositiondes terrains en jachères et desparcs publics. Les zones impropres àla culture doivent être assainies.A Develier, les premières mesuresvisant à assurer l’approvisionnementde la population en denrées alimentairessont prises par le Conseil communaldans sa séance du 12 mai 1939.Elles sont fondées sur la circulaire du15 avril 1939 de la Direction de l’Intérieurdu canton de Berne. Une premièrecommission du ravitaillementcomprend deux membres, Ariste Oryet Jules Meyer. Elle est chargée deveiller à l’application des premièresdispositions à prendre (cartes de rationnementet liste des bénéficiaires).La commission est renouvelée le 15janvier 1940. Ariste Ory est nomméprésident ; il est entouré de MarcelNusbaumer, Jules Zuber et Paul Saucy.Lors de la même séance, le Conseilnomme la commission chargée depréparer les cantonnements en cas demobilisation ; elle comprend les membressuivants : Adolphe Greppin,voyer communal, Charles Chariatte,agriculteur, Paul Greppin, fils d’Eugène,Albert Herzog, bûcheron. Pourleur part, Alphonse Monnin ancienchef mineur, Paul Greppin, fils deJacques et André Brossard sont spécialementchargés des cuisines. A Develiercomme partout, le Conseil66communal se voit attribuer une foulede tâches supplémentaires liées à lasituation particulière créée par leconflit qui ravage l’Europe et lemonde.C’est dans cette configuration politiquetrouble et chargée d’inquiétudeque l’assemblée communale de Develierse réunit le 25 janvier 1941. Ellediscute au point 5 de son ordre dujour du drainage des parcelles de laCommunance. Ce projet rejoint parfaitementles objectifs fixés par le PlanWahlen auquel il n’est pourtant paslié. (Le procès-verbal de cette assemblées’en tient simplement à la décisionprise, sans fournir d’autre précision.Il s’agit en réalité d’assainirl’ensemble de la plaine marécageusesituée entre la zone bâtie de Develier,côté Est, et la limite de Delémont, depart et d’autre de la route cantonale).L’assemblée désigne à cette fin unecommission de cinq membres pourétudier ce dossier et désigner un hommecompétent pour l’établissementd’un avant-projet qui sera soumis àune assemblée ultérieure. Sont nommésmembres de la commission :Marcel Nusbaumer 2 , maire, ainsi quePaul Keusen, agriculteur, GustaveChappuis, Jacob Lobsiger, cantonnierd’Etat, et Louis Chappuis, aubergiste.Pour sa part, Paul Saucy, secrétairecommunal assumera le secrétariat.Une assemblée des propriétairess’ouvre immédiatement après la clôturede l’assemblée. Les vingt propriétairesprésents décident d’approuverle principe de la création d’un syndicatde drainage.La commission se réunit pour lapremière fois le 27 janvier 1941, à20 heures, à la maison d’école. JacobLobsiger est nommé vice-président. Ilest décidé qu’en cas d’absence dumaire, Paul Saucy, secrétaire, pourraprendre part aux discussions et participeraux décisions. Le président estchargé de se mettre en relation avec legéomètre officiel, Hermann Brunner,de Courtételle, pour l’élaboration duprojet de drainage après une visite surle terrain en présence de la commission.En l’absence du président, la commissionconduite par Jacob Lobsigervisite les lieux le 1 er février 1941 déjà,en présence de M. Brunner qui établiraun avant-projet. Le coût de cetavant-projet sera modeste, car M. Peter,ingénieur des routes, a confié à M.Brunner l’établissement de plans etd’un devis relatifs à l’élargissement dela route reliant Develier à Delémont.Finalement, le coût de l’avant-projetde drainage se limite à une contributionde 50 francs. D’entente avec legéomètre, la commission définit lazone à drainer de part et d’autre de laroute cantonale. Deux canaux serontconstruits à droite (sud) de la routecantonale, dont un à partir du jardinde Gustave Chappuis et l’autre à l’ex-


Belles affiches au servicedu tourisme (1900-1950)Figure 2 : grand coffret peint, coffret et boîte àmusique, objets promotionnels en bois réaliséspar Laurent Boillat pour Pro Jura. (Coll. F. etM. Girardin-Boillat). L’idée de commercialiserdes objets-souvenirs pointe le bout de sonnez dans l’équipe de Pro Jura en 1938 : « nousengagerons les artisans jurassiens à fabriquerdes objets-souvenir de notre pays, soitpoteries, tissages, sculptures etc. pour comblerune lacune regrettable ». C’est le caquelonminiature qui fut le premier à être produit. Lesobjets en bois sont fabriqués à Tramelan sousla direction de Laurent Boillat à partir de 1943.Photo I. Lecomte.Figure 1 : Kasper Ernest Graf(1909-1988), Mont Soleil surSaint-Imier, 1941, litho,63 x 90 cm,Imprimeur Fiedler, La Chauxde-Fonds,Musée de l’Hôtel-Dieu, Porrentruy.Graf figure parmi lesillustrateurs spécialisés dansl’art de créer l’illusion dumouvement : le funiculairedévale véritablement lapente. Une technologieinscrite dans un écrin desapins, aux allures demontagne, qui pointent leurflèche vers le soleil couchant.L’activité économique qu’est le tourismeentre-t-elle dans la maison ? Apremière vue, le tourisme est un ensemblede services offerts (voyager,dormir, manger, se divertir,…) fortéloigné de ce qui fait un foyer en général,un foyer jurassien en particulier.Le tourisme y laisse pourtant sestraces par le biais des produits dérivésnécessaires à sa promotion, la plupartd’entre eux ayant un point commun :le support en papier 1 . En effet, ce sontles cartes postales 2 (et avant elles lespetites lithographies), les timbres, lesvignettes, les menus, les cartes pédestres(fig. 3), les guides touristiques, lesréclames dans les journaux et les photographiesde vacances qui témoignentde l’intrusion des vacances dansle quotidien. De façon plus réduite, ilfaut aussi compter avec les souvenirsde vacances (fig. 2) qui vont des poupéesfolkloriques aux chalets en boisen passant par les cadeaux publicitairesofferts par les hôtels (stylo bille,boîte d’allumettes, petite cuillère, sucreemballé, et même filet à commission).83


Le Tourisme en Suisse -survol 384Figure 3 : Pro Jura, carte touristique desFranches-Montagnes, 1933. © Mémoiresd’Ici, Fonds Pro Jura. Cette carte fournit unsuperbe exemple d’illustration réalisée avecune économie de moyens : trois couleurs (lenoir, le vert et le blanc) suffisent à rendrel’atmosphère, la profondeur et l’énergieverdoyante du lieu grâce à un simple camaïeude verts (vert émeraude, vert bouteille et vertolive). Le lac se réduit à une surface vierge etimmobile alors que les sapins, traités en aplat,découpent l’avant-plan de l’image de façon trèsgraphique, tandis qu’à l’arrière du paysage ilsse laissent deviner plus géométriques, voireabstraits.A partir des années 1890, seule uneclientèle fortunée qui représente 5 à10% de la population peut se permettrede visiter la Suisse (en réalité principalementles Alpes) durant les vacancesestivales. La Suisse a perdu sonmonopole touristique de lieu romantiquequ’il faut avoir visité durant lescongés d’été et se voit soumise à laconcurrence internationale, celle de laFrance (Chamonix), de l’Allemagne etde l’Autriche. Dès lors, les acteurs dela vie touristique sont contraints des’unir afin d’être particulièrement attractifs.C’est ainsi qu’en 1882 se créela Société suisse des Hôteliers (SSH).En 1892, le Club Alpin Suisse 4 , quiexiste depuis trente ans, publie le premieralbum des cabanes. Dès 1902,les CFF commencent à s’intéresser sérieusementau marché du tourisme.La première guerre mondiale ébranleencore davantage le marché des loisirs: non seulement la guerre a amoindrile pouvoir d’achat de la classemoyenne mais qui plus est, la Suisse,obsédée par la question de la surpopulationétrangère, instaure des mesuresde contrôle tracassières à l’égarddes étrangers.Au cours des années 1930, la propagandetouristique surfe sur l’actualitéinternationale incertaine et vendla Suisse comme le « pays des vacancesdes peuples » ou « the playgroundof the world ». Pendant la SecondeGuerre mondiale, le public ciblé estdorénavant le touriste suisse, puisqueles frontières sont fermées. En 1944,les nuitées passées par les touristessuisses s’élevaient déjà à 86% du total,ceux-ci s’adonnant avec enthousiasmeaux sports d’hiver (fig. 1). De nouvellesroutes sont alors construites etl’Etat devient partie prenante en légiférantdans trois domaines distincts :l’amélioration de la promotion dutourisme, les facilités accordées aucrédit hôtelier et la limitation de laconcurrence.Dans les années cinquante, on assisteà un boom économique du secteurgrâce à la généralisation descongés payés et la rapide démocratisationdes vacances (commence, parexemple, la possibilité de faire ducamping) 5 . Les trois régions qui bénéficientde cet engouement sont le Valais,les Grisons et le Tessin. Dès 1948,la compagnie Swissair entame unecampagne publicitaire plébiscitant laSuisse. A partir de 1953, elle s’adresseaux familles et joue sur l’idée de sécurité(celle des avions mais aussi celledes stations de ski suisses) en mettantau centre de l’image un bon gros saintbernard.Le tourisme dans le JuraLe 19 juillet 1903 est créée la Sociétéjurassienne de développement àl’initiative de la Société de développementet d’embellissement de Moutier,qui avait réuni autour de la table lescommunes, les bourgeoisies et toutesles personnes susceptibles d’êtreconcernées par le tourisme dans leJura. Ses objectifs tiendront en troisgrands axes : d’abord, faire connaître

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